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Cours TCF Klibi
Cours TCF Klibi
Cours de
THEORIE DE LA COMPTABILITE
FINANCIERE
3e année sciences comptables
Préparé par
Année universitaire
2006 - 2007
I
Plan du cours
THEORIE DE LA COMPTABILITE
FINANCIERE
INTRODUCTION GENERALE……………………………………………….. 1
CHAPITRE I : EVOLUTION DE LA PENSEE COMPTABLE……………. 3
Introduction ………………………………………………………………………. 3
Section I : Les premières formes de la comptabilité : la comptabilité préhistorique
4
et antique………………………………………………………………………….
I.1. Le comptage préhistorique ………………………………………………….. 4
I.2. La comptabilité à travers les civilisations de l’Antiquité …………………… 5
(positive)…………………………………………………………………………… 49
51
II.2.1 La valeur – pertinence de l'information comptable…………………………
II.2.2 Le contenu informationnel………………………………………………… 51
II.3. Utilité ou utilisation de l'information comptable ? Le rôle de l'hypothèse de
l'efficience des marchés financiers………………………………………………. 52
III.2 Gestion des résultats et typologie des motivations des dirigeants …………. 58
III.2.1. Les motivations contractuelles …………………………………………… 58
III.2.2. Les motivations liées aux coûts politiques ……………………………….. 58
III.2.3. Les motivations boursières………………………………………………. 59
BIBLIOGRAPHIE…………………………………………………………………
60
INTRODUCTION GENERALE
Pour atteindre ces objectifs, le cours sera structuré autour des chapitres suivants :
1
Chapitre I : Evolution de la pensée comptable
Chapitre II : Histoire de la comptabilité tunisienne
Chapitre III : Théories comptables
Chapitre IV : La normalisation comptable
Chapitre V : Le cadre conceptuel de la comptabilité financière
Chapitre VI : Structure du cadre conceptuel tunisien
Chapitre VII : Théorie positive de la comptabilité financière
2
CHAPITRE I :
EVOLUTION DE LA PENSEE
COMPTABLE
(Histoire de la comptabilité)
Introduction
3
de Luca Pacioli), à l’ère industrielle. Enfin nous passerons à l’étude de l’histoire de la
comptabilité contemporaine où le besoin a été ressenti pour la première fois de bâtir une
comptabilité basée sur une normalisation efficace et une théorie reconnue et bien
structurée.
Il est évident que dans ce cadre de développement, nous ne pouvons pas parler d’une
comptabilité telle que nous l’envisageons ces jours-ci (une comptabilité à dimension
informationnelle). Il s’agit plutôt de parler d’une forme de comptabilité ou plus
précisément d’un dénombrement ou d’un comptage préhistorique. En quittant la
préhistoire, l’Homme a ajouté l’écriture aux chiffres. C’est avec l’apparition des
civilisations, en commençant par la civilisation sumérienne et son célèbre roi
Hammourabi que la comptabilité a commencé à évoluer pour mieux refléter l’évolution
des besoins des Sociétés en mutation.
Les découvertes archéologiques montrent que les plus anciens véhicules (supports) de
« l’information comptable » étaient les parois des grottes, les os d’animaux, les
planchettes de bois…etc. A cette époque (des milliers d’années avant notre ère qui
commence avec la naissance du Christ), les nombres n’avaient pas encore une
conception abstraite. C’est avec des traits verticaux que l’homme des grottes voulait
peut être se souvenir de sa gloire lorsqu’il tuait un gibier ; chaque trait vertical renseigne
sur un gibier chassé. Il s’agit donc d’une comptabilité à dimension mémoriale qui avait
pour but de rafraîchir la mémoire humaine ; par définition faillible. L’étude de la
préhistoire nous enseigne en même temps que l’utilisation des trait verticaux a laissé sa
4
place pour l’utilisation des cailloux qui ont donné naissance au terme calcul qui a hérité
son équivalent en latin calculus (petit cailloux).
Les Sumériens ont légué à l'humanité les concepts de loi, de gouvernement et de vie
urbaine. On leur doit également un système astronomique et mathématique qui permit
de diviser le temps et l'espace en degrés ce qui allait, plus tard, aboutir à nos heures, nos
minutes et nos unités de mesure linéaire. Sans oublier la poterie et le développement de
la roue à des fins de transport. Leur plus grande invention fut l'écriture. En effet, c’était
avant 4000 ans avant notre ère qu’ils ont inventé la première forme d’écriture reconnue,
appelée l’écriture cunéiforme et c’est par cette invention que l’humanité a passé de la
préhistoire à l’histoire (selon la classification des historiens).
Selon certains historiens ils ont inventé l’écriture pour les besoins de leurs
comptabilités. Ils exerçaient les métiers d’agriculteur, de banquier et de commerçant. Ils
« avaient la manie de l'écriture : les documents comptables, les contrats, les
inventaires, les reçus, les lettres, les textes de lois sont consignés sur des tablettes de
diverses formes et dimensions »1
1
Histoire de la comptabilité, Paris PUF 1998.
5
déjà inventé la lettre de crédit, et ils n'hésitaient pas à s'engager dans des contrats de
sociétés où la répartition du capital et la distribution des bénéfices futurs étaient
consignés »2. Ils confectionnaient des tablettes à l’aide d’argile pour pouvoir graver les
écritures. Mais il fallait suivre une formation à « la maison des tablette » pour pouvoir
confectionner les tablettes d’argile. Cette formation était réservée aux enfants de
familles aisées.
Les archéologues ont découvert des tablettes d’argile allant de six à dix colonnes. Les
fouilles ont permis de découvrir des tablettes semblables ce qui signifie qu’ils en
faisaient des exemplaires. Mais il était difficile de faire la différence entre la copie et
l’originale. Les augmentations étaient inscrites en haut et les diminutions en bas. Le
solde de fin de période était visible. L’exercice était annuel. Les tablettes de plusieurs
colonnes indiquaient en plus du solde de clôture celui de début de période. Le solde
pouvait être nul, positif ou négatif. Un solde négatif signifiait qu’il a eu un emprunt qui
sera remboursé à une date ultérieure. Toutes les opérations donnaient lieu à
l’établissement de pièces comptables. Comme le souligne C. Cossu, "Dans un
découpage de temps en exercices annuels, les opérations donnent lieu à la création de
pièces comptables, de récapitulations par comptes et la fin de l'exercice est marquée
par l'établissement de documents de synthèse (bilans physiques) vraisemblablement
contrôlés par un inventaire matériel".
Selon Boissier, en Égypte de l’antiquité «les papyrus d'Abousir qui furent trouvés dans
le temple funéraire de Néferirkare sont, à l'heure actuelle, les plus anciens papyrus
connus puisque la grande majorité des fragments remonte au règne d'Izézi (soit vers
2390 avant notre ère) ... Le contenu de ces archives concerne la vie quotidienne du
2
Histoire de la comptabilité, Paris PUF 1998
6
temple et son économie : on y trouve aussi bien des tableaux de service du personnel
que des inventaires mobiliers et immobiliers, des comptabilités ou des lettres. Les
documents de comptabilité occupent une large place dans cet ensemble.... Les
comptabilités d'Abousir se présentent soit à la forme de tableaux, soit à la forme de
comptes plus succincts ou, néanmoins, l'organisation en tableaux est sous-jacente, à tel
point que certains éléments de ces comptes peuvent se trouver brusquement disposés à
l'intérieur d'un quadrillage. On possède ainsi des tableaux de revenus mensuels,
journaliers ou décadaires, des comptes d'étoffes, de viandes ou de grains, des comptes
de virement, d'offrandes, des comptabilités saisonnières, ou des comptes de livraisons
particulières faites au temple funéraire de Néferirkake par des individus »
A cette époque, toute la vie publique et privée se déroulait sous l’égide des temples, ce
sont eux qui constituaient le centre de la comptabilité. Ces temples resteront très
longtemps le lieu privilégié des échanges et deviendront dans la Grèce ancienne les
premières banques de dépôt réunissant pratiquement tous les éléments de la technique
comptable moderne y compris les chèques et les virements directs de compte à compte.
Les premiers banquiers qui étaient généralement des changeurs de monnaie, aient un
livre journal et des éphémérides (calendriers dont ont retire chaque jour une feuille)
détaillant les opérations quotidiennes. C’est ainsi que recettes et dépenses étaient
inscrites les unes au dessous des autres dans un ordre chronologiques donnant lieu à un
jeu d’addition et de soustraction. Il existait également des comptes synthétiques
résumant les opérations au cours d’une période donnée.
7
1.2.4. La comptabilité romaine
Les historiens de la comptabilité sont presque unanimes sur la rareté des documents
comptables laissés par les romains de l’antiquité.
La comptabilité romaine est surtout marquée par la comptabilité domestique3 qui nous
est la plus connue, mais d'une manière générale, que ce soit en matière de comptabilité
commerciale et bancaire ou en matière de comptabilité publique, les techniques étaient
très sensiblement identiques, comme semble-t-il dans toute l'Antiquité d'ailleurs.
3
Où chaque chef de famille est tenu de tenir une comptabilité retraçant les différentes opérations
ménagères effectuées.
8
moyen – âge a connu un regain de la vie économique et la re – naissance de la technique
comptable. A cette époque, il y eu l’interaction de cinq facteurs fondamentaux qui ont
influencé l’évolution de la technique des comptes (Cormier, Magnan et Temblay,
1993) :
L’année 1494 constitue une date importante dans l’histoire de la comptabilité, non pas
par ce qu’elle marque le début de la comptabilité à partie double, mais parce que c’est
9
l’année de la publication (grâce à l’invention des techniques de l’impression), en Italie,
de premier ouvrage de comptabilité. Cet ouvrage est intitulé « Summa de Arithmetica,
Geometria, Proportioni é Proportionalita ». Il se divise en deux principales parties à
savoir : l’arithmétique et la géométrie.
• La comptabilité ;
• Le tarif, c’est à dire les usages commerciaux, les poids et mesures et les
monnaies des différents pays.
Î Les livres comptables sont arrêtés soit en fin d’année soit au terme d’une période de
plus d’un an ou encore lorsque le livre est entièrement rempli.
Î Pour chaque compte on détermine soit le bénéfice soit la perte, ce résultat n’étant pas
arrêté pour l’ensemble des comptes. Le compte profits et pertes ne figure pas au journal
mais au grand livre.
Î Le report des soldes est effectué d’un grand – livre à un autre bien que Pacioli
semble faire allusion à des balances d’entrées et de sorties.
10
Section IV : L’évolution de la comptabilité et la révolution industrielle (19e siècle)
C’est à partir du 19e siècle que se trouvent réunies les conditions rendant possible le
développement des règles et de principes comptables. En effet, on a assisté a un essor
industriel considérable, dont les principales caractéristiques sont les suivantes (Cormier,
Magnan et Tremblay, 1993) :
11
Section V : L’évolution de la comptabilité à l’époque contemporaine
Cette époque remonte aux origines de la crise économique de 1929. Elle est marquée
par deux faits qui ont contribué à l’évolution de la comptabilité telle qu’on la connaît
aujourd’hui. Ces deux faits sont : la normalisation (la réglementation) comptable et
l’émergence d’une théorie comptable grâce au développement de la recherche
comptable.
1. La normalisation comptable (voir chapitre IV) : la période de 1930 à nos jours est
caractérisée par le développement des institutions ayant un intérêt dans la progression
des principes et pratiques comptables. Les préoccupations majeurs ont été : la
réglementation des pratiques comptables, la structuration de la comptabilité en tant que
discipline. Dans la plus part des pays la comptabilité des entreprises est aujourd’hui
normalisée, ce qui signifie qu’elle s’appuie sur une terminologie et des règles
communes, et produisent des documents de synthèse dont les présentations sont
identiques d’une entreprise à l’autre.
De nos jours les principaux débats tournent autour de l’harmonisation internationale des
principes comptables et notamment la nécessité ou non (cas de la France) de définir un
cadre conceptuel qui servirait de cadre de référence à la formulation des nouvelles
normes aux pratiques comptables et à l’évolution des pratiques existantes. Ce débat a
été soldé en 2005 par l’adoption des normes internationales de l’IASB (les IFRS) par les
grandes sociétés européennes cotées sur le marché financier.
12
que l’adaptation de la comptabilité à l’informatique remette sérieusement en question sa
méthodologie et ses fondements même.
13
CHAPITRE II :
HISTOIRE CONTEMPORAINE DE LA
COMPTABILITE TUNISIENNE
Introduction
Un système comptable doit traduire le système économique d’un pays. Par ailleurs,
chaque système économique, donne le privilège à un acteur bien particulier ; par
exemple, dans une économie à orientation socialiste le privilège est accordé à l’Etat. En
revanche, dans une économie à orientation capitaliste, le privilège est accordé aux
investisseurs privés. La comptabilité doit orienter l’utilité des informations qu’elle
produit soit pour l’Etat soit pour les investisseurs privés.
L’objectif de ce chapitre est de se placer du coté d’un investisseur tunisien opérant dans
le marché financier tunisien et voulant asseoir ses décisions sur la base de l’information
comptable, et ce en mettant l’accent sur l’évolution des circonstances économiques sur
ces 20 dernières années. La relation qu’on examinera donc, est la suivante :
14
Section I. Evoluation du marché financier depuis sa création
Comme dans la majorité des pays nouvellement indépendants, l’Etat tunisien avait pris
dés 1957 la charge d’encadrer le peuple surtout en mettant l’accent sur le principe de la
gratuité de l’enseignement. A cette époque, toute politique économique devrait être
envisagée en donnant le rôle principal à l’Etat. Cette conception avait marqué le début
de l’ère socialiste du pays, qui s’est soldée par un échec donnant ainsi le coup d’envoi à
une ère libérale – ou plus précisement proto-libérale – qui a favorisé la création de la
bourse des valeurs mobilières de Tunis (BVMT) en 1969. Mais, la prédominance de
l’Etat et des banques a subsisté en ce qui concerne le financement de l’économie. Cette
période a été caractérisée par :
• Une rémunération très avantageuse des dépots auprés des banques qui étaient
réglementées, protégées et exonérées d’impôts.
Durant cette période, la bourse était perçue beaucoup plus comme un bureau
d’enregistrement des transactions qu’un miroir de l’économie ayant sa place dans le
financement des entreprises.
Les années 80 ont marqué une nouvelle relance du marché financier tunisien.
Riches d’un héritage de succés économique favorisé par la libéralisation des années 70,
les années 80 auraient dû voir une économie plus solide et plus développée. Cependant,
dans la première moitié des années 80 on a assisté à une déterioration de l’économie
tunisienne qui a atteint son paroxisme en 1986 qualifiée “d’année noire” avec une chute
historique de la production réelle (-1.86%) et avec à la cléf une crise de paiement sans
équivalent dans les annales de la Tunisie indépendante1. Pour remédier à cette situation
critique qui a engendré des crises sociales et politiques, un Plan d’Ajustement Structurel
(PAS) a été adopté en 1986 sous l’impulsion du FMI. L’objectif de ce plan est de
“contenir la déterioration de la situation et rétablir les conditions de la relance”.
1
Ayari Ch. (2000)
15
Les réformes adoptées touchent plusieurs aspects dont la dynamisation du marché
financier. En termes plus concrets, la nouvelle reglementation, qui avait pour but de
mettre à jour la loi n° 69-13 du 28 février 1969, attribuait à la bourse le pouvoir de
contrôler toute information publiée concernant les sociétés faisant appel au marché
financier, ainsi l’actionnaire ou l’épargnant pourrait disposer d’informations continues
et fiables. L’année 1988, a connu la promulgation de deux textes de loi concernant les
sociétés d’investissement qui ont favorisé la création des SICAF (Sociétés
d’Investissement à Capital Fixe), des SICAV (Sociétés d’Investissement à Capital
Variable) et des SICAR (Sociétés d’Investissement à Capital Risque). Ceci en ce qui
concerne la loi n°88-92 de 2 août 1988, la loi n° 88-111 a concerné l’émission des
emprunts obligataires dont le but est l’ouverture du marché obligataire, jadis réservé aux
banques.
I.2 - Les années 90: Une place de choix pour le marché financier
Si durant les année 1970 et 1980, la Tunisie avait le choix d’opter pour un système
économique “façonné” par des considérations internes du pays, les années 1990 ont
imposé à la Tunisie l’adoption d’un système économique libéral, une situation qui a
rendu obligatoire le passage d’une économie socialiste, parfois capitaliste “hésitée”, à
une économie ouverte basée sur un marché financier développé. Pour s’y faire, un
ensemble de mesures a été adopté pour être à la hauteur du nouveau contexte. De ces
mesures on invoque, le programme de mise à niveau des entreprises, la loi relative aux
entreprises en difficulté, la privatisation de plusieurs sociétés publiques, la libéralisation
des prix et de la concurrence…etc. Par ailleur, la Tunisie a adhéré à l’Organisation
Mondiale de Commerce (OMC) et a signé un accord de partenariat avec l’Union
Européenne le 17 juillet 1995.
16
En ce qui concerne le marché financier, et pour atteindre les meilleurs standards
internationaux, une réforme majeure a été adoptée, avec la promulgation de la loi de
novembre 1994 portant réorganisation du marché financier, qui est venue compléter le
train des réformes démarrées en 1988. Cette loi a créé la nouvelle autorité de régulation
; le Conseil du Marché Financier (CMF), de même, elle a insisté sur l’obligation mise à
la charge des sociétés qui font appel public à l’épargne de fournir “tous renseignements
et documents nécessaires à la négociation ou à l’appréciation de leurs titres dans les
conditions fixées par le règlement général de la bourse”. Shabou (1998), considère cette
loi comme un renforcement de l’efficience du marché financier tunisien.
D’autre part, des mesures fiscales ont été prises pour inciter les épargnants à choisir la
bourse, en effet:
• Les dépôts auprés des banques sont devenus fiscalisés, les taux d’intérêt relatifs
ont baissé comme conséquence de la baisse du taux d’inflation.
• L’impôt sur les bénéfices des sociétés a baissé de 80% à 35% (plus récemment à
30%).
Cette formulaton nous mène à poser la question suivante: le système comptable tunisien
a -t- il suivi l’évolution de l’économie tunisienne et ses conséquences? C’est l’objectif
du paragraphe suivant.
17
Section II. Le paysage comptable tunisien lors de ces 20 dernières années
Au début des années 80, avec la montée en puissance de l’initiative privée, issue de
l’ère proto – libérale des années 70 et la volonté de l’Etat à se « désincarner » de son
rôle de planificateur économique, un besoin de mise au goût du jour du système
comptable tunisien a été éprouvé. Dans cette période, l’Ordre des Experts Comptables
de Tunisie (OECT) a été créé (en 1982). Il avait pris en charge la tâche d’élaborer des
normes comptables supposées répondre aux difficultés rencontrées par les entreprises.
Ces dernières n’hésitaient pas à appliquer des normes comptables internationales, ce qui
a amené quelques praticiens à parler d’un « shopping comptable ».
1
Sans qu’il fasse l’objet d’une obligation légale
18
II.3- Le paysage comptable tunisien durant les années 90
Au début des années 1990, des réflexions sérieuses ont été engagées pour élaborer un
nouveau système comptable qui répondra aux nouvelles ambitions économiques où le
marché financier est appelé à jouer un rôle du premier ordre dans le financement de
l’économie tunisienne. C’est dans cette logique que le Nouveau Système Comptable
(NSC) a été élaboré.
Le NSC tunisien, est très proche du référentiel comptable international conçu pour les
besoins des investisseurs financiers opérant dans les marchés boursiers développés.
Donc, théoriquement le NSC est en avance par rapport à son contexte : son élaboration
est elle donc hâtive3 ?
Selon Colasse [1997], le nouveau système comptable tunisien, s’il a choisi de s’aligner
sur le référentiel comptable international de l’IASB pour viser les besoins des
investisseurs financiers, il a su, en revanche, impliquer d’autres utilisateurs tel que
l’Etat, les dirigeants…etc, et ce en gardant l’essence du PCT de 1968.
3
Moalla. N. (1997).
19
CHAPITRE III :
LA THEORIE COMPTABLE
Une théorie ; c’est l’ensemble d’opinions, d’idées sur un sujet particulier (théorie
sociale, artistique…). C’est une connaissance abstraite et spéculative. Une troisième
définition qui semble plus proche de ce que nous allons appeler théorie comptable,
stipule la formulation suivante : système conceptuel organisé sur lequel est fondé
l’explication d’un ordre de phénomènes.
20
• D’expliquer, et aussi d’enseigner sans ambiguïté les différents aspects de la
pratique comptable (rôle explicatif).
Ce triple rôle de la théorie comptable fait qu’elle est aussi utile aux comptables, ainsi
qu’aux utilisateurs des documents comptables : elle est le cadre conceptuel de référence.
Le référentiel qui, d’une part, permet aux comptables d’apprendre et d’exercer leur
métier et qui, d’autre part, permet aux utilisateurs de l’information de comprendre et de
se faire une opinion sur les documents qui leur sont présentés.
Dans ce cadre on cite deux principales approches pour la formulation d’une théorie
comptable ; à savoir l’approche pragmatique (non théorique) et l’approche scientifique
(théorique).
Il s’agit d’une approche qui n’a pas d’assises théoriques. Selon Belkaoui (p. 41), « le
pragmatisme philosophique est une doctrine selon laquelle les concepts théoriques sont
évalués sur la base de leur utilité pratique. Appliquée à la comptabilité, l’approche
pragmatique implique le développement de concepts en accord avec la pratique
comptable et utiles dans des situations réelles. Le choix des techniques et concepts
comptables sera sujet à des tests d’utilités et de réalismes. Ces techniques et concepts
sont considérés comme utiles quand ils facilitent la gestion interne de l’entreprise, ou
quand ils facilitent la prise de décision des lecteurs externes. En d’autres termes, une
théorie qui n’a pas de conséquences pratiques est une mauvaise théorie ». En effet,
selon cette approche, lorsque les entreprises font face à un problème, le normalisateur
établit une norme en choisissant la plus généralement admise. L’usage de la seule
approche pragmatique dans un contexte de vide conceptuel privilégie la prolifération
(multiplication) des pratiques comptables et risque de sacrifier la cohérence des normes
produites. Donc, l’absence d’un critère précis d’utilité, d’une identification complète
21
des lecteurs et de leurs besoins, rend l’application de l’approche pragmatique totalement
subjective. Ces inconvénients semblent être dépassés par l’approche scientifique ou
théorique.
22
l’observateur, il y’a une forte probabilité que la pensée comptable soit influencée par les
préjugés et les intérêts de ces observateurs.
Conclusion
23
CHAPITRE IV :
LA NORMALISATION COMPTABLE
Introduction
Devra –t- on confier cette tâche à un marché libre, au secteur privé ou au secteur
public ?
Ce chapitre présente une discussion des mérites et des utilités de chacune de ces
approches. Avant cette discussion, le chapitre présente la définition et les objectifs de la
normalisation comptable, trace le développement des principes comptables et détermine
les entités intéressées par les normes comptables.
I.1. Définition :
24
Elles peuvent être aussi définies comme la façon précise de comptabiliser ou de
présenter des opérations susceptibles de faire l’objet des différents traitements
comptables.
Outre la sécurité qu’elle apporte au même titre que les préparateurs des états financiers,
la normalisation comptable fournit aux contrôleurs une référence objective leur
permettant d’apprécier la validité des solutions comptables adoptées par l’entreprise.
Sur un autre plan, en fixant d’avance et de façon précise le traitement comptable à
appliquer aux différentes situations, la normalisation comptable fait obstacle à toute
complaisance contrôleur – contrôlé. Elle préservé l’objectivité émise par les contrôleurs
sur les états financiers de l’entreprise et consolide énormément leur indépendance vis-à-
vis de la direction et de tout autre personne ou organisme intéressé.
A l’égard des utilisateurs des états financiers, la normalisation comptable vise un triple
objectif :
25
1. permettre les comparaisons des performances et des situations financières inter –
entreprise et inter – exercice en uniformisant les méthodes comptables. Ce besoin est
plus éprouvé par les investisseurs pour les quels le critère de comparaison constitue une
base objective dans l’orientation de leurs placements.
3. protéger les intérêts des tiers (actionnaires, créanciers…) contre les altérations
comptables : minoration ou majoration des résultats, actifs, dettes…permettant
d’atteindre des objectifs opportunistes.
Cette période est marquée par l’influence et l’intervention des dirigeants des entreprises
pour la formulation des procédures comptables. Cela consiste en fait dans l’adoption des
solutions comptables ad hoc (appropriées) aux controverses comptables.
26
• l’accent était plutôt mis sur la détermination du profit imposable et la
minimisation des impôts,
• tout problème complexe était évité et toute solution pratique était adoptée.
Cette deuxième phase était marquée par la création des différentes organisations
chargées de réglementer les normes comptables.
C’est durant cette période que l’American Institute of Certified Public Accountants
(AICPA)1 créa le Commitee on Accounting Procedure (CAP) entre 1933 et 1959 : ce
comité publia ses recommandations concernant les principes et les pratiques
comptables. Cependant le CAP n’a pas véritablement répondu aux attentes de la
communauté financière car il n’avait pas le pouvoir d’imposer ses normes et ne
disposait pas de cadre conceptuel. Son approche était fragmentaire et la formulation des
normes manquait de base théorique. En fait, la démarche du CAP a été principalement
orientée vers l’élimination des pratiques comptables critiquables. Cet organisme a
échoué et a été remplacé par l’Accounting Principles Board (APB) entre 1959 et 1973 :
cet organisme avait pour mission de définir les principes comptables fondamentaux
pour l’élaboration des normes. L’APB était similaire au CAP dans sa composition
puisque ses membres étaient des experts comptables membres de l’AICPA. L’APB,
comme le CAP, a été confronté à des critiques importantes de la part des professionnels
comptables et des utilisateurs de la comptabilité. Les premiers estiment que les normes
étaient trop laxistes et manquent de bases théoriques alors que les seconds reprochaient
à l’APB son manque d’indépendance vis-à-vis de la profession comptable et de ses
clients.
1
Cet organisme a été crée en 1887.
27
• les organismes chargés de réglementer les normes comptables n’ont pas eu
recours à une théorie comptable quelconque,
28
L’approche de normalisation est différente d’un contexte à l’autre en fonction de son
appartenance au secteur public ou au secteur privé. Dans n’importe quel domaine, tout
organisme mandaté pour énoncer des lois, des règles ou des normes doit être
indépendant vis-à-vis des différents groupes de pression dans la Société. Comme la
normalisation comptable influe directement sur le bien être de tous les individus dans la
société, du fait qu’elle peut faire varier dans une direction ou dans l’autre le bénéfice
des agents économiques, il est tout a fait souhaitable de se doter d’un organisme neutre
pour élaborer les normes comptables.
L’approche du marché libre dans la formulation des normes comptables repose sur
l’hypothèse de base que l’information comptable est un bien économique soumit aux
lois de l’offre et de la demande. Donc selon cette logique, ce qui détermine la qualité de
l’information comptable est l’équilibre entre sa demande (par les usager) et son offre
(par les producteurs). Il en résulte de cette logique un montant optimal d’informations
produit à un prix optimal. A chaque fois que l’information est requise à un bon prix, le
marché produira ladite information si le prix est supérieur au coût de l’information : le
marché constitue donc le meilleur mécanisme pour décider des types d’informations à
divulguer, des usagers de l’information et des normes comptables à utiliser pour
produire ladite information.
29
• l’exercice d’un monopole sur la production de l’information comptable par
les dirigeants,
La normalisation par le secteur privé repose sur l’hypothèse postulant que l’intérêt
public en comptabilité est mieux servi par ce secteur.
Ceux qui favorisent cette approche invoquent les points forts suivants :
• les organismes privés semblent être concernés par les intérêts de tous leurs
électeurs,
• les organismes privés semblent attirer comme membres ou comme employés des
gens qui possèdent des connaissances techniques nécessaires pour développer et rendre
effective la procédure de normalisation comptable.
Ceux qui s’opposent à cette approche, invoquent les points faibles suivants :
• le secteur privé n’a pas le pouvoir et l’autorité du secteur public pour rendre
effective la réglementation comptable.
• Les organismes privés sont souvent accusés de réagir trop lentement aux
controverses et d’une manière générale aux crises.
30
III.3. la réglementation par le secteur public
Sans aucun doute, la réglementation par le secteur public a atteint un niveau élevé
d’acceptation et fait part des traditions internationales et des structures légales de
chaque pays.
Ceux qui favorisent la réglementation des normes comptables par le secteur public
mentionnent les arguments suivants :
Ceux qui sont à l’encontre de la réglementation par le secteur public mentionnent les
arguments suivants :
31
III.4. l’approche mixte
32
CHAPITRE V :
LE CADRE CONCEPTUEL DE LA
COMPTABILITE FINANCIERE
Introduction :
33
susceptible de conduire à des normes solides et d’indiquer la nature, le rôle et les limites
de la comptabilité financière et des états financiers » (FASB 1976).
Le cadre conceptuel américain est fondé sur les travaux du comité trueblood qui avait
pour charge de réfléchir aux objectifs de la comptabilité. Au fait, pendant des siècles,
les comptables ont fait leur métier sans que les objectifs en aient été explicites. Avec les
dits travaux, l’objectif essentiel des états financiers est l’utilité de l’information
comptable (Saada 1995).
La comptabilité est une invention humaine, elle est naît d’un besoin. L’information
qu’elle produit doit répondre à ce besoin, ainsi elle sera utile et de cette utilité dépend sa
raison d’être.
Cependant, la réalité n’est pas stable et statique, elle évolue d’une période à une autre,
sa représentation doit donc évoluer aussi, faisant ainsi de l’adaptation – s’un système
d’information donné – une des caractéristiques incontournables pour que ce système
soit en harmonie avec la réalité qu’il décrit.
34
Section II : Cadre conceptuel : utilité et éléments constitutifs
Dans la définition même qu’il en donne, le FASB assigne comme fonction principale à
un cadre conceptuel « de conduire à des normes solides et d’indiquer la nature, le rôle et
les limites de la comptabilité financière et des états financiers ». C’est donc l’instrument
intellectuel qui lui sert de guide pour produire, par déduction, des normes : il s’agit donc
d’un générateur de normes ou la constitution de la comptabilité.
Sur cette fonction principale, se greffe des fonctions dérivées : une fonction explicative,
une fonction évaluative et une fonction prédictive. Dans la mesure où il est la matrice
des normes qui régissent la pratique comptable, il permet a posteriori d’interpréter celle
– ci et, aussi de l’évaluer. Par ailleurs, lorsqu’un nouveau problème apparaît, qui n’a pas
fait l’objet d’une norme de traitement, il permet de prédire la solution de ce problème.
Ces différentes fonctions d’un cadre conceptuel en font un outil précieux non seulement
pour le normalisateur mais aussi pour les utilisateurs de l’information comptable pour
lesquels il peut être un instrument d’interprétation des comptes des entreprises, pour les
contrôleurs de ces comptes pour lesquels il peut être un instrument d’évaluation de ceux
– ci et enfin, pour les préparateurs de ces mêmes comptes dans la mesure où il peut les
aider à trouver des solutions aux problèmes non encore résolus par la normalisation.
Outre ces fonctions, qui peuvent être celles de n’importe quelle construction théorique
destinée à soutenir une pratique, le cadre conceptuel du FASB en assume d’autres,
implicites et plus spécifiquement liées à l’histoire de la normalisation et au contexte
américains. A la suite des contestations dont avait fait objet les organismes de
normalisation qui l’on précédé, le FASB avait en quelque sorte reçu pour mission de
faire des normes mieux élaborées et plus cohérentes que celles émises antérieurement,
et de les élaborer en toute indépendance, en résistant aux pressions qui,
traditionnellement, se manifestent aux Etats – unis lorsqu’une nouvelle norme est
annoncée. Dans ce contexte, la publication par le FASB d’un cadre conceptuel apparaît
35
à la fois comme une solution technique au problème de la solidité et la cohérence des
normes et comme une solution au problème de l’indépendance de l’instance de
normalisation. Doté d’un cadre conceptuel défini a priori, le FASB dispose d’un
instrument qui lui permet de légitimer ses choix d’un point de vue scientifique et de
résister aux pressions qui auraient pour effet de l’amener à produire des normes
incompatibles avec ce cadre. Dans cette perspective, on doit considérer qu’un cadre
conceptuel n’est pas un instrument purement technique, c’est un instrument ayant
également une dimension institutionnelle et quasi – politique.
Un cadre conceptuel doit se structurer autour des éléments suivants (Leo Paul lauzon,
1994) :
• Définir les termes, les postes, les symboles et les états financiers utilisés ;
36
CHAPITRE VI :
ETUDE DU CADRE CONCEPTUEL
TUNISIEN1
Section I : Objectif du cadre conceptuel, utilisateurs et objectifs des états
financiers
I. 1. Objectif du cadre
• Les dirigeants.
• Les fournisseurs de capitaux qui sont les investisseurs, les prêteurs et les
« subventionneurs ».
1
Le contenu de cette partie est téléchargé du site www.procomptable.com
Ce cours n’entend pas reprendre les définitions prévues par le cadre conceptuel tunisien. L’étudiant doit
au préalable lire lesdites définitions.
37
• Les autres partenaires de l’entreprise tels que les salariés et leurs syndicats,
les fournisseurs et autres créanciers ainsi que les clients et autres bénéficiaires des biens
et services produits par l’entreprise.
Selon le système comptable tunisien les utilisateurs privilégiés sont les investisseurs et
les bailleurs de fonds.
3. Renseigner sur :
II.1. Définition
Les caractéristiques qualitatives sont les attributs que doit revêtir l’information
financière qui rendent, l’information fournie dans les états financiers, utile.
38
Le cadre distingue quatre caractéristiques qualitatives à savoir l’intellibibilité, la
pertinence, la fiabilité et la comparabilité.
II. 2. L’intelligibilité
L’information fournie par les états financiers doit être compréhensible par les
utilisateurs.
Le cadre suppose que les utilisateurs aient une connaissance raisonnable des affaires et
de la comptabilité.
II.3. La pertinence
Une information est pertinente lorsqu’elle est de nature à favoriser une prise de décision
adéquate pour les utilisateurs.
• Une valeur prédictive c’est à dire qui aidera les utilisateurs à prévoir
des résultats et des événements futurs.
II.4. La fiabilité
Une information fiable est une information fidèle, neutre et vérifiable et n’inclut pas
d’erreurs ou de biais.
39
• La vérifiabilité : elle est matérialisée par des pièces justificatives qui
peuvent être contrôlées à tout moment.
II. 5. La comparabilité
L’information comptable doit être comparable d’un exercice à un autre à fin de suivre
l’évolution de la situation financière de l’entreprise à travers le temps et l’espace.
• La continuité de l’exploitation.
• La comptabilité de l’engagement.
40
Les états financiers sont préparés selon l’hypothèse que l’entreprise continuera son
exploitation et poursuivra ses activités dans un avenir prévisible. Dans le cas contraire
les états financiers doivent être préparés sur une base différente.
Les transactions et événements sont pris en compte dès qu’ils se produisent et non pas
au moment des encaissements ou payements.
Les conventions comptables sont des règles concrètes qui guident la pratique
comptable :
1. Convention de l’entité.
3. Convention de la périodicité.
7. Convention de l’objectivité.
41
IV.1. Convention de l’entité
L’entreprise est considérée comme une entité comptable autonome et distincte de ses
propriétaires. On doit établir une nette séparation entre le patrimoine de l’entreprise et
celui de ses propriétaires.
On doit utiliser une seule unité de mesure pour enregistrer les transactions d’une
entreprise.
Selon cette convention le coût historique (valeur d’origine) sert de base pour la
comptabilisation des postes d’actifs et de passifs de l’entreprise.
42
6. Convention de rattachement des charges aux produits
Selon cette convention lorsque les revenus sont comptabilisés au cours d’un exercice,
toutes les charges ayant concourues à la réalisation de ces revenues doivent être
déterminées et rattachées à ce même exercice.
Les transactions et événements pris en compte en comptabilité doivent être justifiés par
des preuves. S’il n’y a pas de preuves, les bases d’estimations retenues doivent être
fournies pour la vérification et l’appréciation des méthodes appliquées.
Les méthodes comptables utilisées doivent être permanente d’une période à une autre.
Ceci permet la comparaison dans le temps de l’information comptable et favorise les
prédictions financières. Toute fois lorsqu’une nouvelle méthode comptable permet de
mieux refléter l’image fidèle, elle doit être adoptée.
Cette convention établit que les états financiers doivent fournir toutes les informations
nécessaires pour ne pas induire en erreur les lecteurs. Les états financiers doivent
fournir des notes et des tableaux explicatifs.
Les états financiers doivent être préparés avec prudence. La prudence est la prise en
compte d’un certain degré de précaution dans l’exercice des jugements nécessaires pour
préparer les estimations dans des conditions d’incertitudes.
Les états financiers doivent révéler tous les éléments dont l’importance peut affecter
les appréciations ou les décisions.
43
IV12. Convention de la prééminence du fond sur la forme
Les transactions et événements doivent être enregistrés et présentés en accord avec leur
substance et la réalité économique et non pas seulement selon leurs formes juridiques.
44
CHAPITRE VII :
LA THEORIE POSITIVE DE LA
COMPTABILITE
Introduction :
A la fin du XIXe siècle et au début du XXe, les écrits comptables consistaient surtout en
une description des méthodes comptables en vigueur. Il est arrivé à quelque reprise que
des auteurs tentent d’expliquer l’existence de certaines pratiques comptables, mais
aucun d’eux ne visait à élaborer un ensemble structuré de principes expliquant les
pratiques. Après la promulgation, aux Etats-Unis des Securities Acts de 1933 et 1934,
dont le but était de réglementer les entreprises par actions ayant des titres cotées en
bourse, et de créer la Securities and Exchange Commission en 1934, les théories
comptables en cette époque ont porté davantage sur la dimension perspective. En
d’autres mots, il s’agissait d’indiquer aux firmes de quelle façon il fallait présenter les
informations. C’est alors que la théorie comptable a adopté une approche normative,
c'est-à-dire une manière de montrer ce qui devrait être fait. On se préoccupait alors très
1
Rappelons que cet auteur considère que la théorie descriptive est une théorie de la comptabilité alors que
la théorie normative est considérée comme une théorie pour la mise en œuvre et le développement de la
comptabilité.
2
Cette section est tirée de l’ouvrage de Cormier (2001) « comptabilité anglo-saxonne et internationale ».
45
peu de la validité empirique des hypothèses sous – jacentes aux prescriptions
normatives. Les théoriciens de cette époque voyaient la nature et le rôle de la
comptabilité ainsi que les effets des diverses pratiques comptables sur le prix des titres
comme étant des éléments tout à fait évidents en eux-mêmes ; ces évidences ou
postulats servaient de base à une déduction logique des normes.
A la fin des années 1960 et au début des années 1970, les écrits comptables font écho
aux premières études empiriques en comptabilité susceptibles d’évaluer l’utilité des
données comptables. L’étude de Ball et Brown (1968) a eu un impact considérable
parce que les conclusions remettaient en cause les hypothèses sous jacentes aux normes
et aux pratiques comptables qui, jusqu’à alors, avaient été jugées évidentes. Par
exemple, l’une d’elles démontraient que le contenu informationnel des informations
comptables provenant des rapports annuels était beaucoup plus faible qu’on le croyait.
Des études menées dans le cadre de l’hypothèse des marchés efficient et cela, depuis le
début des années 1960, donnaient des résultats contraires à ce que les comptables
croyaient jusqu’alors comme, par exemple, cette conclusion que les marchés boursiers
ne sont pas systématiquement induits en erreur par des modifications de pratiques
comptables non accompagnées de changement économiques.
Sur le plan académique, nous faisons la distinction de deux parties principales lorsque
nous parlons de la théorie positive : l’étude de l’utilité ou l’utilisation effective des
informations financières et la théorie politico – contractuelle.
Dans ce qui suit, nous étudions les spécificités de ces deux parties.
Au début des années 30, suite à la crise qui a touché le marché financier américain, des
réflexions sérieuses ont été engagées pour répondre à la remise en cause de l’utilité de
3
Cette section et celle qui va la précéder sont tirées des travaux de recherches doctorales de M.F. KLIBI.
46
l’information financière. Ainsi, les organismes de normalisation ont pris la charge
d’élaborer, sur la base d’un cadre conceptuel, un ensemble de normes qui serviront
comme une référence pour produire une information financière qui devrait être utile : il
s’agit de l’approche déductive issue d’une théorie normative.
A la fin des années 19604, l’accent mis par les recherches empiriques sur l’utilité de
l’information financière (le bénéfice en particulier) n’était pas surprenant, en ce sens
que ces recherches, en ce temps, voulaient être un observatoire de l’utilité de la dite
information (Lev (1989)). Les recherches empiriques, considèrent le marché financier
comme un standard pour mesurer l’utilité de l’information comptable (Market Based
Accounting Research (MBAR)).
L’objectif de cette section est de mettre en relief les deux construits empiriques de
l’utilité de l’information comptable, à savoir la valeur – pertinence (value relevance) et
le contenu informationnel en les séparant des mesures normatives à savoir la pertinence
et la fiabilité.
4
Malgré que les réflexions menées pour l’amélioration de la qualité de l'information cfinancière ont été
engagées au début des années 30, l’approche en terme d’utilité pour la prise de décision apparaît pour la
première fois en 1966 dans le « Statement of Basic Accounting Théory de l’American Accounting
Association » (Voir Saâda (1996). P 226 et Knoops (1999)). Deux ans après, Ball et Brown (1968) et
Beaver (1968) proposent leurs méthodes pour mesurer d’une manière empirique l’utilité de l’information
comptable.
5
American Accounting Association (Association américaine de comptabilité).
47
décisions par les utilisateurs de l’information financière d’une manière générale, vient
par la suite le FASB6 (Financial Accounting Standard Board) pour désigner des
utilisateurs privilégiés de la dite information à savoir, les investisseurs financiers.
L’objectif de la comptabilité n’est plus donc, la reddition des comptes, mais plutôt la
prise de décisions sur la base d’une information comptable utile (Statement of Financial
Accounting Concepts (SFAC) n° 1). Le SFAC n° 2, largement inspiré des travaux
publiés dans le rapport du comité Trueblood, énonce les caractéristiques qualitatives de
l’information comptable ; il s’agit de la pertinence, la fiabilité, la comparabilité et le
seuil de signification (ou importance significative). Toutes ces caractéristiques n’ont pas
le même poids dans la détermination de l’utilité de l’information comptable : elles sont
hiérarchisées. La pertinence et la fiabilité, étant les caractéristiques fondamentales de
l’information comptable.
Dans ce qui va suivre, nous allons approcher brièvement ces deux ingrédients de
l’utilité de l’information financière.
Plusieurs investisseurs, créditeurs et leurs conseillés ne croient pas que les dirigeants
consentent à divulguer dans les états financiers des informations renseignant sur des
problèmes qui touchent l’activité de l’entreprise ou sur une performance pauvre. Ils ont
tendance donc, à publier des informations promotionnelles. La fiabilité repose sur
l’absence de biais ou d’erreur notable de l’information communiquée et la
représentation fidèle de la réalité. Cette représentation fidèle dépend de la validité et de
l’absence d’erreur dans la description de la recherche de la substance, de la vérifiabilité,
de l’objectivité, de la prudence et de l’exhaustivité.
6
C'est l'organisme de normalisation américain.
48
II.1.3 Fiabilité, pertinence et l’ambivalence de l’utilité de l’information comptable
Des définitions présentées dans les deux paragraphes précédents, on peut tirer deux
remarques :
- Malgré leur importance capitale et leur place de choix dans la hiérarchie des
caractéristiques qualitatives des informations comptables, la fiabilité et la pertinence
donnent à l’utilité un aspect ambivalent. Par exemple, le principe de la prudence et le
principe de l’objectivité dotent l’information comptable d’une fiabilité telle que décrite
par le cadre conceptuel, mais l’ôtent automatiquement de sa pertinence.
Les recherches comptables empiriques qui se basent sur le marché financier (MBAR),
considèrent ce dernier comme un standard de la qualité de la dite information. Selon
cette approche, deux variables sont construites. D’une part, il y’a les variables
financières : le prix boursier ou/et le rendement boursier7 (observé ou anormal), d’autre
part, il y a les variables comptables (fondamentales) tels que le bénéfice (le bénéfice net
de l’année ou le bénéfice anormal) et la valeur comptable des capitaux propres. La
relation entre les deux "types" de variables (boursières et comptables) dont la
significativité est mesurée à l'aide des outils statistiques représente un moyen pour
mesurer empiriquement l'utilité de l'information comptable.
Selon Knoops (1999), la relation entre les informations véhiculées par les états
financiers et les variables boursières peut être examinée de différentes manières. Il en
identifie trois:
7
Lorsque la variable en question est le prix boursier, on parle du modèle de prix (price model). Si la
variable en question est le rendement boursier (variation des prix boursiers normée par le prix du début de
la période), on parle du modèle de rendement (return model). Voir Ota (2001) pour plus d'éclaircissement
sur ces modèles.
49
L'analyse du rendement: c'est faire des investigations sur la relation entre la réaction
anormale des prix des actions et les informations comptables inattendues.
Lo et Lys (2001), ajoutent une quatrième approche pour analyser la relation entre les
nombres comptables et les variables boursières, c'est:
Dans cette partie du cours, notre concentration sera retenue par l'étude et l'analyse
comparative des deux premières relations (approches) car elles matérialisent
respectivement les deux construits empiriques, objets de notre étude, à savoir: le
contenu informationnel et la valeur – pertinence. Ces deux relations sont définies
comme suit:
Dans ce qui va suivre, nous essayerons de définir chacun de ces deux construits.
50
II.2.1 La valeur – pertinence de l'information comptable
Barth et al (2001), estiment que la première étude qui a utilisé le terme valeur -
pertinence est celle de Amir, Harris et Venuti (1993)8.
En 1995, Ohlson avait formulé son modèle (plus connu sous le nom du modèle de
Ohlson ou modèle d'évaluation) qui mesure le degré de l'association entre le prix
boursier d'une part et la valeur comptable des fonds propres et la valeur actuelle des
bénéfices anormaux futurs d'autre part. Depuis cette date, le concept de valeur –
pertinence (mesurée par le pouvoir explicatif de cette association (R2)) est devenu de
plus en plus utilisé dans la littérature comptable anglo-saxonne.
Malgré qu'il soit très utilisé durant ces dernières années dans la littérature comptable, le
concept de valeur – pertinence n'a pas fait l'objet d'une définition formelle et précise.
Les tentatives de définition portant sur ce concept, font généralement référence aux
modèles empiriques qui le sous – tendent. Selon Barth et al (2001), un nombre
comptable est considéré comme valeur – pertinent s'il à une association avec la valeur
marchande de la société qui l'a publié. D'autre part, Lo et Lys (2001) définissent la
valeur – pertinence de cette manière " la question centrale qu'on doit poser c'est, si et à
quelle limite les nombres comptables sont capables de résumer les informations utilisées
par les investisseurs et qui sont capturés par la valeur boursière des titres". Selon Ota
(2001), les études qui ont trait à la valeur – pertinence, analysent la relation empirique
entre la valeur des actions (ou le rendement) et différents chiffres comptables dans le
but d'asseoir l'utilité de ces nombres dans l'évaluation des fonds détenus par l'entreprise
et les revenus futurs qui pourraient être générés par les dits fonds. En termes plus
précis, cette approche examine l'association entre la valeur marchande et les mesures
comptables tels que le bénéfice et la valeur comptable des fonds propres.
8
A cette étude nous ajoutons celle de Lev et Thiagarajan (1993) qui a utilisé le même terme en 1993. De
notre part, nous avons relevé que la valeur – pertinence a été utilisée bien avant par Lev (1989) (p. 157).
Holthausen et Watts (2001) évoquent l'étude de Beaver et Dukes publiée dans l'Accounting Review en
1972, en attestant que celle-ci a été la première à utiliser le même concept.
51
d'un échantillon de sociétés sur une fenêtre de temps; de part et d'autre d'un événement
identifiable, comme l'annonce du bénéfice, des dividendes, la prévision du bénéfice ou
le changement des méthodes comptables (Beaver 1998). Nous pouvons comprendre de
cette définition des études de réaction, que le contenu informationnel des nombres
comptables est mesuré par le changement anormal des prix des actions (ou le volume de
transaction) accompagné par l'un des événements cités, ce qui peut attirer l'attention sur
l'importance des dits nombres (Dontoh et Ronen (1993)). Cette définition, comme celle
avancée pour présenter le concept de valeur – pertinence, renvoie au sens pragmatique
du terme contenu informationnel, en ce sens qu'il est défini à partir de la mesure de
l'influence de la disponibilité d'une information sur le comportement collectif des
investisseurs dans le marché financier.
Dans les paragraphes précédents, nous avons examiné les deux construits (normatif et
empirique) de l'utilité de l'information financière. Sur le plan normatif, pour qu'une
information comptable soit utile à la prise de décisions économiques, il faut qu'elle soit
pertinente et fiable. Sur un plan empirique (ou positif), pour qu'une information
comptable soit utile, elle doit être valeur – pertinente et a un contenu informationnel. La
52
question qui se pose, est ce que les études empiriques parlent de la même utilité dont
"parle" les organismes de normalisation? Holthausen et Watts (2001), affirment que si
l'information comptable est pertinente et fiable, il n y a aucune raison pour qu'elle ne
soit pas utilisée par les utilisateurs. Cette affirmation est juste, seulement dans le cas où
le marché financier serait efficient9. Ceci nous mène à présenter une définition plus
empirique de la notion de l'utilité.
Lev (1989), définit l'utilité en se basant sur la notion du message. " un message (rapport
financier par exemple), est supposé véhiculer des informations s'il cause auprès du
receveur un changement de la distribution de la probabilité (croyance) de la variable
aléatoire en question. Un tel changement, aboutira à une action (achat, vente et/ou
conservation). Si cette action est attribuée (événement autour de la publication des
informations comptables) aux dites informations, alors ces dernières seront considérées
utiles", en d'autres termes, la variation des prix reflète la conséquence des actions des
investisseurs.
Le schéma suivant peut conclure ce qui a été avancé par les paragraphes précédents.
9
Bien entendu, la définition de l'hypothèse de l'efficience des marchés financiers et plus large que ce que
laisse entendre le sens que nous avons accordé à la dite définition. Pour nous, l'efficience désigne la
rationalité des investisseurs.
53
II.4. Conclusion
La théorie politico – contractuelle est l'un des deux courants de recherche constitutifs de
la théorie positive de la comptabilité. Comme nous l’avons dit, la théorie positive de la
comptabilité, contrairement à la théorie normative, essaie de valider d'une manière
empirique, à l’aide de méthodes scientifiques, des hypothèses qui se rapportent à des
phénomènes comptables. La théorie politico – contractuelle s'intéresse aux déterminants
contractuels, économiques et politiques des choix comptables faits par les entreprises
(Cormier, 2001).
10
Nous remarquons qu'il s'agit de la même hypothèse qui fonde la théorie de l'agence formulée
initialement par Jensen et Meckeling (1976). En effet, nous croyons que Watts et Zimmerman (1986,
1990) avaient adapté la théorie de l'agence – qui est une théorie financière – pour avoir ce que nous
appelons aujourd'hui la théorie politico – contractuelle de la comptabilité.
54
Plusieurs stratégies peuvent être suivies par les dirigeants pour accroître leur bien être
en augmentant la valeur de leur entreprise. Pour les recherches en comptabilité, l'accent
est mis sur la stratégie de publication des informations comptables. L'une de ces
stratégies est la publication de résultats comptables gérés qui ne reflètent pas forcément
la valeur fondamentale de l'entreprise, mais reflètent ce que les dirigeants veulent
communiquer aux investisseurs.
Les premières recherches qui s'insèrent dans ce courant ont essayé d'étudier les choix de
méthodes comptables et leurs implications sur le niveau du résultat désiré par le
dirigeant (conforme à ses motivations).
A partir des travaux de Healy (1985) et de DeAngelo (1986), les recherches ont
commencé à étudier les accruals (et plus précisément la partie discrétionnaire ou
anormale de ces accruals) qui permettent de mesurer l'incidence globale de tous les
choix comptables effectués par les gestionnaires sur le résultat. De ce fait, les accruals
sont plus susceptibles de refléter la gestion stratégique des résultats d'une entreprise que
l’étude de la dichotomie "changement de pratique comptable / aucun changement"
(Cormier et Magnan, 1995). Les accruals sont obtenus à travers la différence entre le
résultat net et les fonds générés par l'exploitation. Pour mesurer la partie non
discrétionnaire des accruals, certains chercheurs ont développé des modèles, dont
chacun présente aussi bien des avantages que des limites. La manipulation des accruals,
comme le note Schipper (1989), étant moins observable, il devient difficile pour les
investisseurs et les analystes de la détecter.
Plusieurs stratégies peuvent être adoptées par les dirigeants des entreprises dans un
objectif opportuniste. La gestion des résultats en constitue une de ces stratégies sur
laquelle nous mettons l’accent. La gestion des résultats est un domaine qui s'inscrit dans
le cadre général de la manipulation des comptes (Breton et stolowy, 2000).
55
suit, nous essayons de définir et de cerner le champ de la gestion des résultats en la
distinguant des autres catégories de la manipulation des comptes.
Dans son acception générale, la gestion des comptes est le fait de "façonner" les
informations véhiculées par les chiffres comptables conformément aux motivations et
aux stratégies des dirigeants tout en respectant les normes comptables. Le respect des
normes comptables est primordial lorsqu'on parle de la gestion des comptes car
autrement on traiterait plutôt de gestion réelle des comptes ou de fraude.
Dans une firme, la comptabilité repose sur un cadre légal et sur les stratégies élaborées
par les dirigeants. Si quelques transactions ne sont pas sujettes à la manipulation,
d'autres accordent aux dirigeants de larges champs de manœuvre tel que: l'évaluation
des stocks, les provisions, les charges reportées, la dépréciation de l'actif ou la
capitalisation des charges financières.
Comme déjà avancé, la manipulation des comptes désigne le champ de recherche qui
englobe le lissage des résultats, le nettoyage des comptes et la comptabilité créative.
Il est généralement admis que la variabilité du niveau des résultats publiés constitue un
signe de non-stabilité de la performance de l'entreprise. Il s'agit d'un risque mal perçu
par les investisseurs financiers et qui peut les amener à mal apprécier la valeur de la
firme. Le lissage des résultats est un comportement des dirigeants qui désigne l'effort
consistant à réduire la fluctuation inter – temporelle des résultats publiés (Moses, 1987).
C'est le concept qui désigne la situation où un nouveau dirigeant débarque dans une
société à fort taux de rotation des dirigeants et qui est ouverte sur un marché de travail
très concurrentiel.
Dans cette situation, le nouveau dirigeant tendrait à transmettre toute information sur
l’entreprise qui donnerait lieu à une mauvaise appréciation de la performance dégagée
par son prédécesseur. Cette mauvaise performance de l'entreprise serait supposée
56
résultante du travail de l'ancien dirigeant. Cette situation permet au nouveau dirigeant de
nettoyer les comptes actuels de l'entreprise dans l’objectif de s'emparer des gains futurs
qui peuvent en résulter.
La comptabilité créative est un concept utilisé dans une perspective professionnelle (par
les journalistes) pour désigner toutes les catégories de la manipulation des comptes
(gestion des résultats, lissage, nettoyage des comptes…).
Schipper (1989) définit la gestion (stratégique) des résultats comme une intervention
délibérée du dirigeant dans le processus d’information financière externe dans le but de
s’approprier des gains personnels.
Selon Healy et Wahlen (1999), la gestion des résultats apparaît lorsque les dirigeants
recourent à leur jugement lors de l'établissement des états financiers et ce, dans le but de
modifier les informations comptables. Une telle modification servira à induire en erreur
les différents partenaires de l'entreprise (ou une catégorie de ces partenaires) en matière
de performance économique de l'entreprise et/ou pour influencer leur relation
(contractuelle) avec les fournisseurs de capitaux.
Ces deux définitions, qui sont à notre connaissance les plus citées par la littérature
comptable, mettent l'accent sur un ensemble de caractéristiques. Nous pouvons alors
dire que la gestion des résultats :
57
• vise à influencer l'impression de ceux qui lisent les états financiers quant à la
valeur de la firme ;
La littérature qui traite de la gestion des résultats comptables fait la distinction entre
trois catégories de motivations qui animent les dirigeants. Il y a les motivations
contractuelles, les motivations liées aux coûts politiques et les motivations boursières.
Lorsque nous parlons de coûts politiques, nous désignons les coûts découlant d’une
réglementation directe ou indirecte tels que les lois et règlements gouvernementaux
limitant les situations de monopole et d’oligopole.
Vu cette pression qui vise essentiellement les sociétés de grande taille, ces dernières
sont incitées à gérer les résultats à la baisse afin de montrer une image pessimiste de
leur situation. Donc, plus la taille de l’entreprise augmente, plus les dirigeants seront
incités à gérer les résultats vers la baisse. (Jones, 1991 ; Magnan et al., 1999).
58
III.2.3. Les motivations boursières
L'utilisation des chiffres comptables par les investisseurs et les analystes financiers dans
l’évaluation des titres constitue une motivation pour les dirigeants à gérer les résultats et
ce, dans le but d'influencer les cours sur un court horizon.
Les motivations boursières reposent sur un postulat de base : il y'a une relation sûre
entre les chiffres comptables et les cours boursiers de l'entreprise. Car autrement, les
dirigeants des entreprises n'acceptent pas de gérer à la hausse les résultats comptables
s'ils savent d’avance que les investisseurs n’utilisent pas ces chiffres pour évaluer les
cours boursiers.
59
BIBLIOGRAPHE
(Indicative)
Dumontier. P & B. Raffournier., « L’information comptable pour qui ? pour quoi ?, revue
française de gestion » (1989)
60