Vous êtes sur la page 1sur 19

L’Ethique du Service Public

Trésorerie Générale du Royaume

Pr. Rabha ZEIDGUY


14 novembre 2019

1
Sommaire

Introduction
I. Qu’est ce que l’éthique?
A. L’éthique et les notions voisines
1. L’éthique et la loi
2. L’éthique et la morale
3. L’éthique et la religion
4. L’éthique et la déontologie
B. Définition de l’éthique
II. L’éthique : cadre référentiel d’action du fonctionnaire
A. Les valeurs éthiques traditionnelles du service public
B. Ethique et performance sont-elles conciliables?

2
Introduction

Pourquoi une formation sur l’Ethique du service public?


I. Objectifs généraux
1. Clarifier le contenu de la notion d’éthique du service public
2. Sensibiliser les participants à l’importance de l’éthique dans le service public
3. Inciter les participants à penser l’action publique par référence au cadre éthique du
service public
4. Baliser le chemin au module Déontologie du comptable public

II. Objectifs spécifiques


A l’issue de la formation, les participants doivent être capables de :
1. Distinguer la notion d’éthique des notions voisines
2. Etre conscient de l’importance de l’éthique dans le service public
3. Connaître les composantes du cadre référentiel éthique du service public
4. Penser l’action publique en se référant au cadre éthique du service public.

3
I. Qu’est ce que l’éthique?

 L’éthique est à la fois un nom et un adjectif


Souvent confondue avec des notions voisines, d’où l’intérêt de l’en distinguer
A. Ethique et notions voisines
1. Ethique et loi
 De par son caractère coercitif, la loi exerce une contrainte sur la personne. Il s’agit
d’une démarche descendante, d’un commandement dont le non respect est
sanctionné par l’autorité publique.
 A l’opposé, l’éthique suscite l’adhésion des personnes à des valeurs et principes
 L’application de la loi est fondée sur la contrainte, alors que l’éthique est dictée par
le devoir
 Un lien entre les deux subsiste, car souvent l’éthique sert à interpréter la loi.

4
I. Qu’est ce que l’éthique?

2. Ethique et morale
 La morale est un ensemble de principes et de devoirs qui s'imposent autant à la
conscience individuelle qu'à la conscience collective dans une société donnée, à un
moment donné, d’où son caractère pratique.
 La morale se définit comme la science du Bien et du Mal.
 Elle repose sur la notion de devoir.
 Bien que l’éthique puise dans la morale, elle s’en distingue.
 L'éthique transcende la morale.
 L’éthique est la science qui a pour terrain d’étude la morale : « Science de la morale
et des mœurs »

5
I. Qu’est ce que l’éthique?

3. Ethique et religion
 Il existe bien un lien entre éthique et religion, mais on ne peut parler de confusion
entre les deux.
 L’éthique puise dans la religion : interdiction de tuer, de voler…
 La religion demeure de l’ordre de la conviction, alors que l’éthique est plus liée à la
détermination d’une logique d’action fondée sur des principes qui poussent la
personne à agir avec responsabilité.
 Alors que l’éthique est évolutive, la religion est pérenne.

6
I. Qu’est ce que l’éthique?

4. Ethique et déontologie
Le terme « déontologie » vient du grec « ontos », qui signifie « devoir » et
« logos » qui veut dire discours.
Terme inventé par le philosophe anglais Jeremy Bentham (1748- 1832)
Désigne l’ensemble des règles de bonne conduite que s’impose une profession pour
régir les rapports entre ses membres et avec les tiers.
Comme les règles de droit, les règles déontologiques ont un caractère général. Elles
s’appliquent à tous les membres de la profession ou du groupe.
Dans son action, le fonctionnaire n’est pas tenu de réfléchir au sens des valeurs qui
fondent le cadre déontologique qui lui est applicable. Ce qui compte, c’est la
conformité de son action à la règle déontologique. Il ne s’intéresse pas aux
conséquences de sa décision.

7
I. Qu’est ce que l’éthique?

 L’éthique, au contraire, pousse le fonctionnaire à s’interroger sur le sens des valeurs


qui motivent son action, sur les conséquences de celle-ci, avant d’opter pour la
conduite la plus responsable.
 L'éthique renvoie à la responsabilité de chacun devant sa conscience, alors que
la déontologie renvoie à un ensemble de règles applicables de manière uniforme à
un groupe.

8
I. Qu’est ce que l’éthique?

B. Définition de l’éthique
L’éthique est une réflexion philosophique sur les valeurs qui fondent nos actions. Elle
s’interroge sur les finalités et les valeurs de l’existence
 La réflexion éthique se fait à un double niveau : un niveau général, collectif, qui recoupe
les grands questionnements de la Morale relatifs à la conception du Bien, du Mal,
du Juste…et un niveau individuel.
Au niveau collectif, la réflexion éthique se traduit par un ensemble de valeurs d’ordre
général qui constituent des objectifs à atteindre, des devoirs et qui forment ainsi un
idéal partagé. Ces valeurs constituent un socle qui fournit des raisons d’agir
acceptables par la société.
 Au niveau individuel, la réflexion éthique est plus concrète. Elle porte sur les dilemmes,
les conflits de valeurs, que l’intéressé doit résoudre en toute responsabilité, c’est-à-dire
en assumant ses choix.
9
I. Qu’est ce que l’éthique?

 L’éthique est une démarche qui vise à rendre l’individu capable d’agir de manière
responsable en s’appuyant sur des valeurs et en établissant des critères lui permettant
de juger les motifs et les conséquences de son acte.
Cela implique que celui qui prend une décision ait un choix, qu'il soit libre de ses
choix et capable d'anticiper les résultats de ces derniers.
« Se comporte d'une manière éthique celui qui s'efforce d'être juste en toute
circonstance».

10
I. Qu’est ce que l’éthique?

Max Weber (juriste, économiste et sociologue allemand 1864-1920. Fondateur avec E. Durkheim de la sociologie) dans
« Le savant et le politique » distingue entre éthique de conviction et éthique de
responsabilité :
- « L'éthique de conviction est fondée sur des principes intangibles, sur
l'affirmation de valeurs qui donnent un sens à l'action, sans examiner les
conséquences du choix opéré ;
-L'éthique de responsabilité s'interroge sur les fins, les moyens et les conséquences
des décisions et des actes ».
Bien qu’elles se distinguent, les deux formes d’éthique ne peuvent s’ignorer, car le
recours à l’éthique de conviction seule peut conduire à la tyrannie, puisqu’elle ne
s’inquiète pas des conséquences des décisions prises. De même, l'éthique de
responsabilité ne peut occulter les valeurs qui la fondent et qui rendent l’action
socialement acceptable.

11
II. L’éthique : cadre référentiel d’action du
fonctionnaire

A. Les valeurs éthiques traditionnelles de la fonction publique


Comme toute profession, la fonction publique est porteuse de valeurs dont certaines se
trouvent dans le Statut Général de la Fonction Publique (Dahir du 24 février 1958)
 Ces valeurs sont celles du service public, dont le socle est constitué par l’intérêt
général
 Les valeurs traditionnelles qui fondent et motivent le service public sont notamment :
- La légalité
- La continuité
- La neutralité
- La gratuité
- La discrétion
- L’égalité
-Le respect de la hiérarchie
-L’adaptabilité
12
II. L’éthique : cadre référentiel d’action du
fonctionnaire

B. Ethique et performance sont-elles conciliables?


 L’apparition du Nouveau Management Public (New Public Management) dans les
années 1980 aux USA (Reagan) et en Grande Bretagne (Thatcher) s’est notamment
traduite par le désengagement de l’Etat (vagues de privatisations) et par l’application
au secteur public de règles de management propres à l’entreprise.
 Le Maroc s’est engagé dans cette voie depuis les années 1990, comme en témoignent
les diverses réformes visant la modernisation des services publics ( Programmes de
modernisation de l’administration, Loi organique relative à la loi de finances du 2
juin 2015, entrée en vigueur le 1er janvier 2016.
 Rentabilité, efficacité, efficience, transparence, sont aujourd’hui érigées en valeurs
du service public, d’un genre nouveau.

13
II. L’éthique : cadre référentiel d’action du
fonctionnaire

 Ces nouvelles valeurs marquées par la culture du résultat sont parfois difficilement
conciliables avec le socle historique des valeurs qui fondent l’action publique.
Les tendances individualistes induites par le Nouveau Management Public risquent de
mettre à mal le caractère distinctif du service public, à savoir : l’intérêt général.
Certains auteurs n’hésitent pas à parler de crise des valeurs du service public.
La recherche de la performance à tout prix peut conduire vers des comportements
opportunistes.
La promotion de l’éthique du fonctionnaire en tant que cadre référentiel de l’action
publique peut contribuer à réduire de tels risques.

14
Exercice

15
Exercice

Constitution du 29 juillet 2011


Titre XII. : De la Bonne Gouvernance
Principes généraux
Article 154 : Les services publics sont organisés sur la base de l’égal accès des citoyennes
et des citoyens, de la couverture équitable du territoire national et de la continuité des
prestations rendues. Ils sont soumis aux normes de qualité, de transparence, de reddition
des comptes et de responsabilité, et sont régis par les principes et valeurs démocratiques
consacrés par la Constitution.
Article 155 : Les agents des services publics exercent leurs fonctions selon les principes de
respect de la loi, de neutralité, de transparence, de probité et d’intérêt général.
Article 156 : Les services publics sont à l’écoute de leurs usagers et assurent le suivi de
leurs observations, propositions et doléances. Ils rendent compte de la gestion des
deniers publics conformément à la législation en vigueur et sont soumis, à cet égard aux
obligations de contrôle et d’évaluation.
Article 157 : Une charte des services publics fixe l’ensemble des règles de bonne
gouvernance relatives au fonctionnement des administrations publiques, des régions et
des autres collectivités territoriales et des organismes publics. 16
Exercice

Les principaux piliers de la gouvernance :


- L’Intégrité : système de règles d’éthique et de valeurs encadrant l’action
publique : lutte contre la corruption
- La transparence : l’accès à l’information (exacte et mise à jour)
- La participation de l’ensemble des acteurs de la société dans
l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques
- La responsabilisation et la reddition des comptes pour une gestion
optimale de la chose publique
- La culture professionnelle/méritocratie
- La protection de l’environnement et développement durable

17
Exercice

Le projet de loi relatif à la Charte des services publics


 Adopté en Conseil de gouvernement le 4 juillet 2019
 Exigence constitutionnelle (Art. 157)
 Le projet de loi vise le renforcement de la suprématie de la loi et le respect des droits des
usagers.
Le projet énumère les règles de bonne gouvernance encadrant l’organisation des services
publics : le respect de la loi, l’égalité d’accès aux services publics, l’équité dans la
couverture territoriale la continuité des prestations, la qualité, la transparence, la
reddition des comptes, la responsabilité, la probité et l’ouverture.
 Il traite également des règles ayant trait à l’efficience des services publics au niveau de
l’organisation et de la gestion.
 Il définit la relation entre les services publics et les usagers en prônant l’ouverture, la
communication, l’amélioration de l’accueil, la simplification des mesures et procédures
administratives et leur dématérialisation.
18
Merci de votre attention

19

Vous aimerez peut-être aussi