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Le fonctionnement de la société
anonyme à directoire et conseil de
surveillance
Partie 1 : Le directoire
Chapitre 1 : l’accès aux fonctions
Section 1 : Nomination
Section 2 : le statut juridique des membres du directoire
Chapitre 2 : le fonctionnement du directoire
Section 1 : Les fonctions du directoire dans l’ordre interne
Section 2 : Fonctions du directoire dans l’ordre externe
Al. : Alinéa
Art. : Article
Cass. : Court de cassation
Com. : Chambre commerciale
Ed. : Édition
L. : Loi
Op., cit. : Ouvrage précité
P. : Page
Trib. : Tribunal
Introduction
La société anonyme archétype des sociétés de capitaux, son capital est divisé en actions et
constitué entre associés qui ne supportent les pertes qu’à concurrence de leurs apports. Elle
constitue par là une société de capitaux et, plus précisément, une société par actions puisque
les associés détiennent des titres négociables (valeurs mobilières qui, parce que fongibles, sont
susceptibles d’être cotées en bourse). De même une société commerciale (par la forme) à risque
limité puisque les associés n’ont pas la qualité de commerçant et ne sont tenus que dans la
limite de leurs apports 1.
L’étude du présent thème revêt un intérêt théorique consiste en la découverte du cadre juridique
régissant le fonctionnement de la structure dualiste de la société anonyme. Ainsi qu’un intérêt
pratique consistant en savoir cerner les objectifs poursuivis par le législateur en mettant en
œuvre un régime stricte dont l’obéissance impérative, traduisant par cela l’ampleur et le poids
de cette création convenant aux grandes entreprises.
Cette structure est dite dualiste, parce qu'elle distingue de façon plus systématique que la
précédente les fonctions d’administration et de surveillance. La structure nouvelle de la société
anonyme que nous étudions dépend pour son fonctionnement sur deux organes nouveaux, le
directoire et le conseil de surveillance, construits suivant un système de relations différent de
celui qui commande à la formule classique. Les pouvoirs dont dispose chacun de ces deux
organes pour assurer le fonctionnement et la bonne marche de la société sont définit par la loi.
Dans cette perspective il est pertinent de poser la problématique suivante :
1André AkamAkam, VoudweBakreo, Droit des sociétés commerciales ohada, Ed. L’harmattan, 2017, p. 539.
À quel point peut-on parler de la nature contractuelle de la société anonyme, en présence des
règles impératives définissant les pouvoirs incombant aux organes auxquels elle compte pour
son fonctionnement ?
Dans la structure dualiste, il revient au directoire d’assurer l’administration de la société (1),
sous le contrôle du conseil de surveillance (2).
Partie I : Le directoire
Une société existe essentiellement pour son objet, de même, l’organe de la société. Certes, la
réalisation de l’objet de la société suppose la mobilisation de ses organes en vue d’en assurer
une bonne marche. L’organe chargé de la gestion de la société, aux termes des fonctions qui
lui sont déterminées par loi, est le directoire. Dans cette perspective, il convient de se pencher
dans un premier lieu sur les modalités et conditions d’accès aux fonctions (Chapitre 1), pour
aborder en deuxième lieu le fonctionnement dudit organe (Chapitre 2).
Section 1 : Nomination
Le directoire est un organe homogène et autonome, dont la puissance est nécessaire pour
l’accomplissement des fonctions qui lui sont assignées. Pour exercer ses fonctions, il est
indispensable d’agir entant que membre du directoire. Pour ce faire, il faut procéder à la
nomination par l’organe compétent à cet effet (sous-section 1), qui se suivra par l’acquisition
de la qualité de membre, dont on étudier le statut dans un second lieu (sous-section 2).
Sous-section 1 : La qualité des membres
Pour être éligible à l’accès au directoire, il est primordial aux membres de se conformer à des
critères à la fois qualitatifs (A) et quantitatifs (B).
A- Les critères qualitatifs
La différence du rôle dévolu aux deux organes explique la différence qui existe entre les
conditions d'éligibilité. Le conseil de surveillance est voué à comporter uniquement les
actionnaires personnes physiques ou morales. Par contre, le directoire ne peut comporter que
les personnes physiques abstraction faite de leur appartenance à la société.
De ce fait, ces conditions se rapportent à la qualité d'actionnaire (1), à la qualité de personne
morale (2).
1- la qualité d’actionnaire
Le directoire est en principe un organe ouvert, ce qui favorise l'accès de certaines compétences
et qualités, ces dernières peuvent être recherchées chez des hommes qui n'appartiennent pas
nécessairement à la société. Ce qui implique la dispense de l'obligation d'être actionnaire pour
les membres du directoire ressort de l'article 79 al 3 L. 17-95 aux termes duquel « les membres
du directoire peuvent être choisi en dehors des actionnaires ». On conclut d'après ce texte que
le législateur marocain, comme son homologue français, n'exige pas la qualité d'actionnaire
comme une condition pour devenir membre du directoire.
Ces membres peuvent être alors nommés en dehors des actionnaires ou parmi eux. Le
législateur par cette liberté avait en fait pour but de laisser accéder à la direction de la société
en plus de ces personnes étrangères, les salariés de la société elle-même et surtout ceux qui ont
certaines compétences et potentialités.
En effet , en disposant que les membres du directoire « peuvent » être choisis en dehors des
actionnaires , l'article 79 al 3 laisse au conseil de surveillance entant qu’organe compétent
pour nommer les membres du directoire, le choix entre un directoire composé uniquement des
personnes étrangères à la société, ou un directoire mixte ( composé d'actionnaires et de non
actionnaires ) et d'ailleurs rien n'empêche le conseil de surveillance de réserver le directoire
aux seuls actionnaires de la société . C'est pourquoi la doctrine estime à juste titre qu'une
restriction de choix devant le conseil de surveillance doit avoir lieu afin de garantir l'ouverture
du directoire sur des membres extérieurs. Et si le législateur fait de la dispense de la qualité
d'actionnaire une obligation et non simplement une faculté, il consolidera cette révolution, lui
donnera un aspect réel2.
2- La qualité de personne morale
Aux termes de l’article 78 L. 17-95 “les membres du directoire ou le directeur général unique
sont des personnes physiques”. Il ressort que les personnes morales sont exclues du directoire
Le fondement de cette interdiction tient à la volonté du législateur d'assurer une meilleure
gestion de la société en la dotant d'un directoire cohérent et efficace.
B- Critères quantitatifs
Le nombre des membres du directoire est déterminé par les statuts, sans qu’il dépasse le nombre
maximum de cinq, ou sept dans le cas où les actions de la société sont inscrites à la bourse des
valeurs. Si ce nombre est dépassé, la sanction sera la nullité de la nomination en surnombre.
Cette sanction entraine en elle-même, à défaut de texte contraire la restitution des
rémunérations et la nullité des délibérations du directoire 3.
Ce texte précise d’autre part, que dans la société anonyme dont le capital est inférieur à 1
500 000 DH les fonctions attribuées au directoire peuvent être exercées par une seule personne
qui prend le titre de directeur général unique. Il résulte de ces dispositions que dans les sociétés
anonymes dont le capital social est supérieur à un million cinq cent mille dirhams, le directoire
doit être constitué de deux membres au moins.
2KaisBEN SADA, la société anonyme à directoire et à conseil de surveillance ( étude comparative France-
Tunisie), mémoire de master en droit privé, université de Perpignan.
3Le Cannu, Paul,SA à directoire et conseil de surveillance, Libr. générale de droit et de jurisprudence,1979 p.
42.
Sous-section 2 : Mode et conditions de nomination
A- Mode de nomination
C’est le conseil de surveillance qui nomme les membres du directoire et qui confère à l’un
d’eux la qualité de président4. Il est interdit la nomination des membres du directoire par
l’assemblée ou dans les statuts. La nomination des membres du directoire peut intervenir aussi
bien au moment de la constitution de la société qu’en cours de la vie sociale. Lorsqu’une
personne exerce les fonctions dévolues au directoire, elle prend le titre de directeur générale
unique5.
B- Conditions de nomination
-Capacité juridique : Les mêmes règles régissant la capacité des administrateurs sont
transportées aux membres du directoire. Donc, n’étant en réalité que les mandataires des
actionnaires et non des commerçants, aucune capacité juridique particulière ne leur est
imposée. Il faut cependant tenir compte des obligations pécuniaires que peut entrainer
l’exercice de ces fonctions, en conséquent, un mineur non émancipé ne peut être
administrateur.
Incompatibilité et déchéances : Il est rigoureusement interdit aux membres du conseil de
surveillance de faire partie au directoire aux termes de l’art 86. Mais la loi ne s’oppose pas à
ce qu’un membre du conseil de surveillance démissionne pour être nommé au directoire, cette
solution peut même présenter l’avantage d’assurer la continuité de la direction en faisant entrer
au directoire une personne qui connait déjà les affaires de la société6. Par ailleurs, les cas
d’interdictions et d’incompatibilités prévues pour les administrateurs sont généralement
applicables aux membres du directoire.
Déchéance : Il s’agit de la perte du droit d’être administrateur comme conséquence d’un
événement révélateur d’incompétence.
-Nationalité : à moins que la nationalité étrangère touche à l’objet ou au secteur de l’activité de
la société, celle-ci ne fait pas obstacle à l’accès aux fonctions de membres du directoire. L’écart
des étrangers de la composition du directoire est susceptible dans certains cas tenant à l’objet
de la société, l’exemple est celui des sociétés qui exploitent certains services concédés par
l’Etat ou de branches d’activités ayant un intérêt national.
Les membres du directoire voient leurs fonctions cesser par leur démission, leur révocation, ou
par l’arrivée du terme de leur mandat. Les statuts peuvent retenir une durée comprise entre
deux et six ans, une durée de quatre ans s’appliquant par défaut.
Quelles que soient les causes provoquant la cessation des fonctions du président du conseil
d'administration, celle-ci doit faire l'objet des mêmes formalités de publicité que la nomination.
1- La démission
Que l'on fonde le droit pour le président de démissionner de ses fonctions sur sa qualité de
mandataire ou sur la contrepartie au principe de la révocation ad nutum, il est incontestable que
le président dispose du droit de mettre un terme aux fonctions qui lui ont été confiées.
La démission peut être volontaire ou forcée. L’administrateur peut toujours se démettre de ses
fonctions. Il n’a pas à motiver sa démission ; mais s’il quitte le conseil par suite d’un désaccord
sur la conduite des affaires sociales, il a tout intérêt à faire part de ses raisons, pour se prémunir
contre une éventuelle action en responsabilité. La démission doit résulter d’un acte positif de
l’intéressé qui se manifeste par une déclaration lors de la réunion du conseil ou par une
notification à la Société. C’est un acte unilatéral, qui n’a pas besoin d’être accepté et qui ne
peut pas être rétracté. Il produit effet dès qu’il a été porté à la connaissance de la société. Mais
la démission ne doit pas être donnée dans l’intention de nuire, ni à contretemps, sous peine de
dommages-intérêts.
La démission est forcée lorsque l’administrateur est frappé d’une incapacité, d’une interdiction,
d’une déchéance ou tombe sous le coup d’une incompatibilité.
Si le principe de la libre décision de démission est clairement admis, ce sont les modalités de
mise en œuvre de cette démission qui peuvent poser problème. Compte tenu de l'importance
des fonctions exercées et de l'intérêt pour la société d'une continuité dans l'accomplissement
d'un tel mandat, il est admis que les statuts peuvent aménager les conditions de la démission
en imposant par exemple un préavis dont la durée pourrait être de quelques semaines, voire de
quelques mois. En pratique, la démission peut se matérialiser soit par l'envoi d'une lettre
recommandée adressée à chaque administrateur, soit par une déclaration faite lors d'une séance
du conseil d'administration ; elle sera alors mentionnée au procès-verbal. De telles modalités
Dès lors que la démission est considérée comme donnée de manière intempestive, elle est
susceptible d'entraîner la condamnation du démissionnaire au versement de dommages et
intérêts. Même si, pour écarter toute condamnation à des dommages-intérêts, la jurisprudence
prend parfois le soin de relever que l'intéressé avait respecté un préavis, d'autres décisions
aboutissent à la même conclusion, en l'absence de tout préavis, en considérant qu'il s'agit d'une
faculté existant en contrepartie du principe de la révocation ad nutum. Cette position
jurisprudentielle nuancée incite fortement à imposer dans les statuts un délai de préavis dont le
simple non-respect par le président fondera le droit à l'octroi de dommages-intérêts au profit
de la société.
2- La révocation
Avant, les membres du directoire n’étaient révocables que par l’assemblée générale des
actionnaires, sur proposition du conseil de surveillance. En exigeant l’accord de ces deux
organes, le législateur permettait à l’assemblée de jouer un rôle d’arbitre en cas de conflit entre
le directoire et le conseil de surveillance. De cette perspective, les membres du directoire se
trouvaient dans une situation nettement plus favorable par rapport aux administrateurs dans la
forme traditionnelle, en ce qui concerne la stabilité de leurs fonctions et l’indépendance de
leurs actions vis-à-vis des actionnaires et du conseil de surveillance puisque leur révocation
supposait à la fois l’accord du conseil de surveillance et de l’assemblée générale.
Avec la loi 20-05, les membres du directoire sont désormais révocables par l’assemblée
générale ordinaire, ce qui crée une dissymétrie entre la nomination et la révocation et renforce
l’indépendance du directoire. Cependant, les statuts peuvent prévoir la révocation par le conseil
de surveillance. La révocation doit être décidée sur juste motif, sans quoi elle ouvre droit à
dommages et intérêts, et que les membres du directoire dont la révocation est envisagée doivent
pouvoir exposer leurs arguments en vertu du principe du contradictoire.
a- La nécessité d’un juste motif
La notion de juste motif doit recevoir le même sens que dans les autres sociétés. Un simple
changement de majorité ne saurait constituer un juste motif, mais des fautes de gestion ou une
mésentente entre les membres du directoire de nature à compromettre l’intérêt social pourraient
constituer un juste motif. Le changement d’organisation de la société et le passage à
l’organisation à conseil d’administration constituent un juste motif, sauf fraude, même si le
changement de mode de direction n’est pas véritablement une révocation.
La chambre commerciale de la Cour de cassation retient ainsi « qu’un grave désaccord sur le
mode de gestion de la société et une forte mésentente opposaient les deux membres du
directoire » ; elle relève aussi « que ces circonstances ne permettaient pas un fonctionnement
collégial de cet organe et étaient de nature à mettre en péril la bonne marche et la pérennité de
la société ». La Cour retient que cet état de fait est de nature à compromettre l’intérêt social et
est donc de nature à constituer un juste motif de révocation.
Au cas de cumul d’un contrat de travail et d’un poste comme membre du directoire, et si
l’emploi correspondant au contrat de travail est réellement distinct des fonctions de membre de
directoire, la révocation de ces dernières fonctions n’a pas pour effet la résiliation du contrat
de travail10.
Les membres du directoire peuvent obtenir des dommages-intérêts en cas de révocation sans-
juste motif. Alors que dans la société à conseil d’administration
Lors de leur nomination, et dans l’acte de nomination, sont fixés le mode et le montant de
rémunération de chacun des membres du directoire par le conseil de surveillance. Celui-ci doit
déterminer la rémunération de chaque membre, et non pas allouer un montant global que les
membres du directoire se répartiraient entre eux.
Comme pour le président dans la structure traditionnelle, la formule de l’article 82 exclut la
discussion de la rémunération par l’assemblée générale. La rémunération de chacun des
membres du directoire ne doit pas rester fixe jusqu’à ce qu’un nouveau directoire soit nommé.
Le conseil de surveillance, étant souverainement compétent, peut modifier la rémunération en
cours de fonction des membres du directoire pour tenir compte de l’évolution de la situation de
la société, mais la modification ne peut avoir un caractère rétroactif peu importe si la
rémunération a déjà été payée ou non12.
S’il est vrai que la rémunération des membres du directoire est fixée librement par le conseil
de surveillance, il n’en demeure pas moins vrai que ce dernier doit veiller à ce que la totalité
de chaque rémunération soit fixer en prenant en considération les fonctions de chaque membre
du directoire et la situation économique et financière de la société. La règle autorise une
discrimination entre les membres du directoire.
La société anonyme est dirigée par un directoire nous dit l’article 78, cet organe est investi des
pouvoirs les plus étendus pour agir en toute circonstance au nom de la société ajoute l’article
102. Nous sommes en présence d’une définition tellement vaste qu’elle équivaut presque à une
absence de définition13. En effet, il reste possible de caractériser les fonctions du directoire
négativement, par les limites assignées à sa compétence (B). Mais cette démarche en elle seule
n’est pas suffisante, Il faut d’abord réfléchir sur la notion de direction et les notions voisines
(A).
A - Définition positive
Globalement, les fonctions de directoire sont définies en termes de pouvoir pour diriger la
société et pour agir en son nom, il faut au directoire le maximum de pouvoir. Ce principe suscite
immédiatement deux objections. D’abord, il ne montre qu’une face du rôle du directoire, qui
est aussi investi de devoirs. Ensuite, il est paradoxal qu’un organe nommé, contrôle est
éventuellement révoqué par d’autres organes soit censé diriger la société. Il semble plus logique
d’admettre que ce sont les affaires sociales qui sont dirigées, surtout si, par affaires sociales,
on entend l’activité économique de l’entreprise14. La doctrine soutient que dans la conduite des
affaires sociales que le directoire réunit les pouvoirs qui sont répartis dans la société anonyme
de type classique entre le conseil d'administration et son président. En d'autres termes, le
directoire réunit ou concentre aussi bien les pouvoirs de direction que les pouvoirs
d'administration.
Il est vrai que le directoire joue le rôle du chef de l’entreprise : il commande à l’activité
technique et commerciale, et en partie à l’activité financière, dans ce dernier domaine il est
certes limité par l’assemblé des actionnaires pour certaines décisions, mais le champ de ses
possibilités et encore très vaste, il peut émettre des emprunts des bons de caisse, contracter des
crédits etc. En plus, c’est au directoire que reviennent les attributions sociales, administratives
et judiciaires.
Pour la doctrine, l’objet social est l’entreprise pour laquelle le contrat de société se constitue.
Cette détermination de l'objet social permet de délimiter le cadre de l'activité sociale et par la
suite la compétence des organes de gestion. En ce sens que tout acte accompli par un dirigeant
social au nom et pour le compte de la société, et qui ne rentre pas dans le cadre de l'objet social
peut engager la responsabilité de son auteur à l'égard de la société et des associés. Dans certains
cas de figures, il est difficile d'établir l'atteinte à cet objet social, notamment dans le cas de
cession globale d'actif par la vente du seul fonds de commerce de la société, ou la décision du
conseil d'administration ou du directoire d'autoriser une cession d'action ayant pour
conséquence de transférer le contrôle de la société à un autre groupe aboutissant entre autres à
la modification du mode d'exploitation de l'objet social.
A l'égard des tiers, la société est engagée même par les actes du directoire qui ne relèvent pas
de l'objet social selon l'article 102, sauf si elle prouve que le tiers avait connaissance de ce
dépassement, ou qu'il ne pouvait l'ignorer. Cette inopposabilité est de nature à assurer la
protection du tiers de bonne foi. Mais au cas où l'acte est manifestement sans rapport avec
l'objet social, l'acte serait nul dans tous les cas.
Il est évident qu’il faut s’en tenir à l’objet social décrit par les statuts, sans quoi, il ne pourrait
remplir son office : limiter la compétence du directoire et des organes de gestion dans la société.
Dès lors, il convient de ne pas se priver par un objet trop restreint de possibilités d’adaptation
à la réalité économique. Les actionnaires ont le plus souvent intérêt à définir l’objet social le
plus vaste.
Les limitations les plus fréquentes à l’activités du directoire sont donc, dans l’ordre interne, les
pouvoirs des autres organes de la société.
Il est, en effet, évident que les personnes occupant les fonctions du membre du directoire sont
dans des positions leur permettant d’utiliser les fonds ou les biens de la société à des fins
personnelles contraires à l’intérêt social ou relevant de conflits d’intérêts. Pour ce, lesdits
contrats font l’objet de procédures de contrôle spécifiques.
Ces conventions sont classées en trois catégories :
– Les conventions interdites sont celles qui créent le plus de risques pour la société.
Il s’agit des emprunts ou découverts consentis par la société et des cautions, avals et garanties.
Cette interdiction concerne toutes les personnes physiques membres du directoire et de conseil
de surveillance de la société, auxquelles s’ajoutent les conjoints, ascendants, descendants et
toute personne interposée. La sanction est la nullité absolue de la convention qui peut être
soulevée même d’office par le juge. La société peut opposer cette nullité aux tiers s’ils sont de
bonne foi. L’emploi par le législateur de l’expression « à peine de nullité » signifie que les
opérations ci-dessus irrégulièrement contractées sont purement et simplement nulles. Cette
nullité est d’ordre public et constitue une nullité absolue, aux motifs que les dispositions légales
n’ont pas seulement pour objectif de protéger les intérêts des actionnaires et des créanciers
sociaux mais également « de moraliser l’administration des sociétés par l’interdiction de
pratiques risquant de nuire d’une manière générale au crédit de celle-ci et aux rapports
commerciaux. Bien entendu, si la convention, frappée de nullité, consiste en un prêt, le
15 ibid., p. 75.
bénéficiaire devra restituer à la société les sommes empruntées. Il s’agit là de la première
sanction relative à la conclusion de ces conventions interdites.
Des sanctions pénales seraient également applicables en vertu de l’article 384 qui prévoit des
sanctions pénales contre les dirigeants qui, de mauvaise foi, auront fait, des biens ou du crédit
de la société, un usage qu’ils savaient contraire aux intérêts économiques de celle-ci à des fins
personnelles ou pour favoriser une autre société ou entreprise dans laquelle ils étaient intéressés
directement ou indirectement.
Les conventions dites « réglementées ». Elles sont soumises à une procédure
d’autorisation et de contrôle. Sont concernées les conventions passées entre la société, les
membres du conseil d’administration (y compris le président), ceux du directoire ou ceux du
conseil de surveillance, ainsi que les conventions passées avec un actionnaire détenant plus de
5% du capital ou des droits de vote doit être soumise à l'autorisation préalable du conseil
d'administration.
La procédure de contrôle est très lourde et a été précisée de façon que les actionnaires soient
en mesure d’apprécier les conséquences de ces conventions pour la société. Elle se déroule en
cinq étapes :
– information du conseil par l’intéressé dès qu’il a connaissance d’une telle convention
(information complète et indiquant les modalités essentielles)16;
– autorisation préalable du conseil par un vote auquel l’intéressé ne prend pas part17 ; le conseil
doit motiver sa décision en justifiant sa décision par l’intérêt de la convention pour la société
et en en précisant les conditions financières ;
– rapport spécial du commissaire aux comptes19 à l’AG ordinaire d’approbation des comptes
précisant les noms des intéressés, les principales conditions des conventions conclues et
l’intérêt de ces conventions pour la société ;
– approbation lors de l’AG ordinaire des comptes, l’intéressé ne prenant pas part au vote et ses
actions n’étant pas décomptées pour le calcul du quorum et de la majorité.
Au cas où l’assemblée des actionnaires refuse d’approuver une convention autorisée par le
conseil de surveillance, la loi n’aligne pas formellement la responsabilité des membres du
conseil de surveillance sur celle du conseil d’administration.
Si la procédure n’est pas respectée, la nullité de la convention peut être encourue. La nullité est
relative, car elle ne peut être invoquée que par la société et si la convention a eu des
conséquences dommageables pour elle. Elle est encourue si le conseil n’a pas approuvé la
convention, soit parce qu’elle ne lui a pas été soumise, soit parce qu’il a refusé de l’autoriser.
Elle n’est pas encourue si la convention a été approuvée par le conseil mais que le reste de la
procédure n’a pas été respecté. La nullité peut être couverte par un vote de l’AG sur rapport
spécial du CAC expliquant les raisons qui ont conduit à ne pas demander l’autorisation.
Cependant, la responsabilité du dirigeant concerné peut être mise en cause en cas de dommage
causé à la société, si la procédure n’a pas été intégralement respectée.
– Les conventions libres sont celles qui portent sur des opérations courantes conclues à des
conditions normales20. Le caractère d’opération courante définit une convention portant sur
l’activité habituelle de la société ce qui est, éventuellement, un champ plus restreint que celui
de l’objet social.
Sous-section 2 : Les pouvoirs spéciaux du directoire
Les pouvoirs propres du directoire, dénommées encore “les pouvoirs spéciaux”, sont
considérés par la doctrine comme étant des “ fonctions définies ponctuellement” au profit du
directoire. Par contre le pouvoir de décision est défini comme étant une fonction générale ou
comme “ un pouvoir général”.
A- Fonction d’information
Vis-à-vis des actionnaires et de leurs assemblées on peut énoncer à la charge du directoire une
obligation d’information sur toutes les questions importantes de la vie sociale.
La fonction d’information présente deux faces inséparables : devoir vis-à-vis des organes de
contrôle, elle lui confère l’initiative, la création dans les affaires qui font la vie de la société.
Le directoire est chargé de présenter toute une série de rapports sur la gestion en général ou sur
une telle opération comptable ou financière. Le plus important de tous les rapports légaux et
sans conteste le rapport général de fin d’exercice. Nécessairement écrit, il doit exposer de
manière claire et précise l’activité de la société pendant l’exercice écoulé les progrès réalisés
ou les difficultés rencontrées et les perspectives d’avenir. Ce rapport de gestion a pour but
purement informatif. À cette fin, ledit rapport doit contenir tous les éléments d’information
utiles aux actionnaires pour leur permettre d’apprécier l’activité de la société au cours de
l’exercice écoulé, les opérations réalisées, les difficultés rencontrées, les résultats obtenus, la
formation du résultat distribuable, la proposition d’affectation dudit résultat, la situation
financière de la société et ses perspectives d’avenir.
Le directoire est en effet chargé de présenter un rapport sur certaines opérations, qu’il propose
lui-même dans la grande majorité des cas : rapport sur l’augmentation du capital, sur la
suppression du droit préférentiel de souscription et la réduction du capital.
Le directoire ne peut en aucun cas décider à lui seul ces opérations, mais souvent l’assemblée
lui délègue le pouvoir de les exécuter. Fréquemment elle lui laisse une certaine marge de
manœuvre dans la fixation des modalités.
1- Augmentation du capital
C’est sur la base du rapport du directoire que l’assemblée générale décide de l’augmentation
du capital. Ledit rapport doit indiquer les motifs et les modalités de l'augmentation de capital
proposée. Le directoire peut, par une délégation du pouvoir par l’assemblée générale réaliser
l’opération d’augmentation de capital en une ou plusieurs fois, d'en fixer les modalités, d'en
constater la réalisation et de procéder à la modification corrélative des statuts.
Lors d'une augmentation de capital, les actionnaires peuvent bénéficier d'une attribution de
droits préférentiels de souscription. Il s’agit d’un droit donné aux actionnaires, lors d’une
augmentation de capital, de souscrire des actions nouvelles en priorité et/ou à un cours
avantageux21. L’octroi de DPS permet à l'actionnaire de ne pas maintenir au même niveau sa
part des éventuels dividendes. Les DPS lui offrent le choix de participer à l’augmentation de
capital, à hauteur de sa participation actuelle, ou de vendre ses droits s’il ne souhaite pas y
participer. La suppression de ce DPS est désormais possible. À ce stade intervient encore une
fois le rôle du directoire dans la mesure où l’assemblée générale y procède en statuant sous
peine de nullité sur le rapport du directoire qui doit indiquer les motifs de la proposition de
suppression dudit droit.
Lorsque l'assemblée générale extraordinaire procède à la suppression du droit préférentiel de
souscription elle peut déléguer au conseil d'administration ou au directoire le soin d'arrêter la
liste des bénéficiaires au sein de cette ou de ces catégories et le nombre de titres à attribuer à
chacun d'eux22.
2- Réduction du capital
Le directoire peut réaliser l’opération de réduction de capital sur de pouvoirs par l’assemblée
générale extraordinaire.
vie-limitee
Le directoire est habilité à apporter des modifications statutaires dans la mesure où ces
modifications correspondent matériellement aux résultats effectifs d’une opération
d’amortissement.
C- Disponibilité au contrôle
Étant un organe contrôlé par le conseil de surveillance, le directoire doit être disponible à cette
surveillance par l'établissement de certains rapports à l'intention du conseil. En premier lieu le
rapport trimestriel établi à l'intention du conseil de surveillance23, et en second lieu le rapport
établi par le directoire, sur la gestion et sur les comptes de l'exercice, qui doit être remis à
l'organe de surveillance aux fins de vérification et de contrôle et ce après la clôture de chaque
exercice et dans un délai de trois mois24 .
Ainsi, les tiers doivent savoir que les opérations qu’ils contractent avec la société, lorsqu’elles
ne sont pas interdites, font l’objet d’une autorisation du conseil de surveillance, qui leur est
opposable. L'absence d'autorisation est selon l’article 104 al 6 inopposable aux tiers, à moins
que la société ne prouve que ceux-ci en avaient eu connaissance ou ne pouvaient l'ignorer.
Le statut des membres de ce conseil emprunte largement à celui des administrateurs, en dépit
de la différence des fonctions : la mission de cet organe se limite au contrôle de la gestion par
le directoire.
Les membres du conseil de surveillance doivent être au moins au nombre de trois et de douze
personnes au plus. Ce nombre peut être augmenté à quinze si les actions de la société sont
inscrites à la cote de la bourse des valeurs 29, et en cas de fusion, le plafond peut être porté à
vingt-quatre, vingt-sept ou trente. On remarque le rôle primordial que représente les membres
du conseil de surveillance. A cet égard, il convient de discuter dans un premier lieu les
modalités de nomination des membres (section 1), afin de s’attarder dans un deuxième lieu la
cessation de l’activité du conseil de surveillance (section 2).
Section 1 : Nomination
Selon l’article 87 de la loi 17-95 relative aux sociétés anonymes30 les membres du conseil de
surveillance sont nommés par les statuts, et au cours de la vie social par l’assemblée générale
ordinaire. La durée de leurs fonctions ne peut toutefois excéder six ans dans les deux cas.
D’après l’article 86, aucun membre du conseil de surveillance ne peut faire partie du directoire.
Sous-section 1 : Conditions de nomination
La loi 17-95 institue pour les membres du conseil de surveillance des règles analogues à celles
prévues par les membres du conseil d’administration en ce qui concerne : la qualité
d’actionnaire et le nombre d’actions dont ils doivent être propriétaires, la nomination et la durée
des fonctions, et ensuite la révocabilité à tout moment par l’assemblée générales
extraordinaire31.
Chaque membre doit être propriétaire d’un nombre d’actions de la société déterminé par les
statuts. Ce nombre ne peut pas être inférieur à celui mentionné par les statuts pour donner la
possibilité aux actionnaires d’assister à l’assemblée générale ordinaire. Il est à souligner que,
la possession d’une seule action suffit pour remplir cette condition. Si au jour de la nomination,
un membre du conseil de surveillance n’est pas propriétaire du nombre d’actions requis, ou il
cesse d’en être propriétaire, il sera réputé démissionnaire d’office en perdant sa place du conseil
de surveillance. Il peut régulariser sa situation dans le délai maximum de trois mois (art 84, al
Les membres du premier conseil de surveillance sont nommés dans les statuts ou par
l’assemblée constitutive en cas de constitution avec appel public à l’épargne. En cas des
nominations intervenant au cours de la vie sociale, doivent être nommées par l’assemblée
générale ordinaire. En cas de fusion ou de scission35 la nomination peut être faite par
l’assemblée générale extraordinaire. En cas de vacance d’un ou plusieurs sièges, le conseil
procède à des nominations provisoires, qui seront ratifiées dans la prochaine assemblée
générale ordinaire. Dans le cas de diminution du nombre des membres du conseil au-delà de
trois membres, le directoire doit convoquer l’assemblée générale dans un délai de trente jours
32M.EL MERNISSI, traité marocain du droit de société, Ed. LEXISNEXIS, 2019, p.568-569.
33Explication, interprétation. Il se dit en parlant d'Explications grammaticales ou étymologiques sur le texte d'un
ouvrage. L'exégèse du Code ou des arrêts, Le commentaire des textes législatifs ou de la jurisprudence. L'exégèse
historique, L'interprétation des textes historiques.www.lalanguefrancaise.com
34[1] Ibidem, p.570.
35La"scission : Est une opération par laquelle les actionnaires d'une société décident de séparer leurs branches
d'activité en sociétés distinctes. https://www.dictionnaire-juridique.com/
pour compléter l’effectif du conseil de surveillance. Il est nécessaire de soumettre la
nomination des membres à la publicité légale.
La loi permet de procéder à la nomination d’une personne qui n’est pas actionnaire. Le nouvel
élu dispose d’un délai de trois mois, à compter du jour de sa nomination, pour procéder à
l’acquisition des titres sociaux. Le même délai de régularisation est accordé à un administrateur
ou à un membre du conseil de surveillance qui perd la qualité d’actionnaire (article 84).
Si à l’expiration de ce délai, le dirigeant concerné n’a pas acquis le nombre d’actions requis, il
est réputé démissionnaire d’office ; mais le défaut de régularisation n’a pas d’effet rétroactif et
la nomination produit ses effets pendant toute la période. Lorsque l’acquisition d’actions est
soumise à agrément, le nouvel membre du conseil de surveillance, doit comme tout actionnaire
se soumettre à la procédure requise.
Après la nomination des membres du conseil de surveillance, on pense à la durée de leur
mandat ainsi que leur rémunération.
Comme pour le conseil d’administration, des représentants du comité d’entreprise assistent
avec voix consultative à toutes les séances du conseil de surveillance.
Le conseil de surveillance élit en son sein un président et un vice-président qui doivent être,
sous peine de nullité de leur nomination, des personnes physiques. Les prérogatives du
président du conseil de surveillance sont limitées. Il est chargé de convoquer le conseil et d’en
diriger les débats. Il ne représente aucunement la société vis-à-vis des tiers et on est loin du
rôle dévolu au président du conseil d’administration, cumulant cette fonction avec celle du
directeur général.
Sous-section 3 : Rémunération
Le président et le vice-président du conseil de surveillance peuvent percevoir une rémunération
dont le montant est déterminé par le conseil. Les autres membres du conseil de surveillance
peuvent recevoir en rémunération de leur activité des jetons de présence dont l’assemblée
générale détermine le montant global annuel, sans être liée par des dispositions antérieures.
Leur répartition entre les membres du conseil est déterminée par ce dernier. En outre, les
membres du conseil peuvent percevoir des rémunérations exceptionnelles pour les missions ou
mandats qui leur sont confiés 36.
36Philipe MERLE, Anne FOUCHON, droit des sociétés commerciales, Ed. DALLOZ, 2017,20ème édition, p.572-573.
Section 2 : Cessation de fonctions
La cessation de l’activité des membres du conseil de surveillance désigne l’arrêt de leur
fonction pour des raisons spécifiques. Ils n’auront plus la possibilité d’exercer leur mission en
tant qu’organe de contrôle. Il est primordial de savoir tout d’abord la durée des fonctions des
membres de ce conseil (sous-section 1), pour arriver par la suite aux raisons de leur révocation
ou cessation de leurs fonctions (sous-section 2).
Sous-section 1 : durée des fonctions
La durée des fonctions des membres du conseil de surveillance ne peut excéder trois ans
lorsqu’ils sont nommés dans les statuts et six ans lorsqu’ils sont nommés par les assemblées
générales. Toute nomination pour une durée supérieure serait nulle. Sauf stipulation contraire
des statuts, les membres du conseil sont rééligibles. Généralement un renouvellement est
organisé afin de garantir la permanence du contrôle, tout en respectant le délai maximum.
Les fonctions de membre du conseil de surveillance prennent fin à l’issue de la réunion de
l’assemblée générale qui statue sur les comptes de l’exercice écoulé et qui se tient dans l’année
au cours de laquelle expire le mandat du dit membre 37 .
En cas de vacance d’un ou plusieurs sièges du conseil de surveillance, par décès, démission,
inaptitude ou par la survenance d’une incapacité, le conseil peut entrer deux assemblées
procéder à des nominations à titre provisoire.
Sous-section 2 : Révocation
Les membres du conseil de surveillance peuvent être révoqués à tout moment d’une manière
discrétionnaire pour ne pas troubler la bonne marche de la société. La révocation est dédiée à
l’assemblée générale38 dans les mêmes conditions que pour les administrateurs. En effet, la loi
20-05 a mis fin à cette anomalie de la loi 17-95 qui a consisté à conférer le pouvoir de
révocation à l’assemblée générale extraordinaire, alors qu’aucune modification statutaire n’est
en cause.
On se pose la question suivante relative à la révocation : est ce qu’elle peut intervenir sur
incident de séance 39?
La loi nous répond en indiquant qu’elle ne prévoit pas cette modalité de révocation que pour
les administrateurs et les membres du directoire 40. Il est à souligner que les rédacteurs de la loi
17-95 ont commis une confusion lors de leur transposition de l’article 160 de la loi du 24 juillet
1966. Il s’agit d’une confusion entre les membres du directoire et les membres du conseil de
surveillance. Ils ont prévu la révocation sur incident de séance des premiers et ont passé sous
silence les secondes, alors que c’est l’inverse qui est prévue par la loi française. L’article 118,
41Kais
BEN SADA, la société anonyme à directoire et à conseil de surveillance (étude comparative France-
TUNISIE), mémoire de master en droit privé, université de PERPIGNAN.
42La Réforme de l'entreprise est le titre d'un rapport commandé en juillet 1974 par le président
Valéry Giscard d'Estaing à une commission présidée par l'ancien ministre Pierre Sudreau. Son titre
exact est Rapport du Comité d'étude pour la réforme de l'entreprise. Les propositions faites par
cette commission sont recensées dans cet ouvrage, communément appelé Rapport Sudreau.
43Ibidem, droit des sociétés commerciales, p.571.
Le mandat d’un membre du conseil de surveillance a lieu à l’issue de la réunion de l’assemblée
générale ordinaire des actionnaires ayant statué sur les comptes de l’exercice écoulé et tenue
dans l’année au cours de laquelle expire le mandat de ce membre. La méthode de calcul de la
date d’expiration des fonctions est alors même que celle prévue pour l’arrivée du terme des
fonctions d’un administrateur.
Le régime de démission des membres du conseil de surveillance ne présente aucune
particularité, quand elle est volontaire, comme on l’appelle aussi la renonciation au mandat ;
doit être notifiée et toute renonciation nuisible à la société peut donner lieu à une réparation.
Après avoir évoqué le statut juridique du conseil de surveillance, à savoir la nomination et ses
conditions, ainsi que la cessation de l’activité des membres du conseil de surveillance ; il est
lieu de s’attarder sur le fonctionnement de ce conseil.
44Hassania CHERKAOUI, Pierre BEZARD (préfacier), la société anonyme, 2ème édition, Ed.2011, NAJAH EL
JADIDA, p.139.
Sous -section 1 : Organisation du conseil de surveillance
Les statuts déterminent les modalités et les délais de convocations aux séances du conseil.
Toutefois, il doit normalement se réunir au moins quatre fois par an pour l’examination du
rapport trimestriel que le directoire doit lui soumettre, et le cas échéant, une cinquième fois :
Pour vérifier et contrôler les documents qui lui sont présentés par le directoire dans les trois
mois de la clôture de l’exercice qui seront soumis à l’assemblée générale ordinaire annuelle.
Et pour rendre connaissance du rapport du commissaire aux comptes.
En effet, l’article 91, alinéa 4 de la loi 17-95 rend applicable au conseil de surveillance, les
règles de fonctionnement du conseil d’administration prévues aux articles 50 à 54 de la même
loi.
Il peut être prévu par les statuts, l’utilisation des moyens de visioconférences pour participer
aux délibérations du conseil de surveillance, sauf lorsqu’il s’agit de vérifier et de contrôler les
comptes annuels (art 50, al.3).
La loi n’exige pas la convocation du commissaire aux compte aux réunions du conseil pour
examiner les comptes annuels. Mais rien n’interdit au conseil de le faire.
Il est tenu au registre de présence signé par tous les membres participent à la réunion et les
autres personnes qui y assistent en vertu d’une disposition de la loi 17-95 ou pour toute autre
raison.
Il peut être constitué au sein du conseil des comités techniques chargés d’étudier certaines
questions dont la composition et les attributions sont fixés par le conseil. Il est permis de se
demander si ces comités ne font pas double emploi avec la mission première du conseil de
surveillance, qui est de contrôler la gestion du directoire. La création de ces comités peut
cependant se révéler utile lorsqu’il s’agit de taches nécessitant de longues investigations ou des
connaissances techniques approfondies 45.
Il est à souligner que, le président a un rôle très limité. Il n’est pas le représentant légal de la
société. Il est chargé de convoquer le conseil et d’en diriger les débats. C’est lui qui donne avis
au commissaire aux comptes des conventions passées entre les dirigeants ou les actionnaires.
Les conventions portant des opérations courantes et conclues à des conditions normales doivent
lui être communiquer la liste et l’objet aux membres du conseil de surveillance et aux
commissaires aux comptes 46.
Sous-section 2 : les attributions générales du conseil de surveillance
Son pouvoir de contrôle porte également sur l’opportunité des actes de gestion du directoire,
mais ce contrôle ne doit en aucun cas, constituer une immixtion dans les attributions du
directoire, ni une entrave à son action. Ne pouvant s’immiscer dans la gestion de la société, les
membres du conseil de surveillance qui ne peuvent être considérés comme des dirigeants de
droit. Le contrôle s’exerce sur tous les aspects de la gestion du directoire, qu’ils soient d’ordre
comptable, financier, technique, ou commercial.
Le pouvoir d’appréciation du conseil de surveillance résulte des moyens précisés par l’article
104. Le conseil de surveillance opère des vérifications qu’il juge opportunes et peut se faire
communiquer les documents qu’il estime utiles à l’accomplissement de sa mission (article 104,
al.7). Une fois par trimestre au moins, il reçoit un rapport du directoire sur la marche des
affaires sociales. Dans les trois mois suivant la clôture de chaque exercice, le directoire lui
présente les comptes sociaux qui doivent être soumis à l’approbation de l’assemblée générale.
Les commissaires aux comptes lui font connaitre, en même temps qu’au directoire, les
contrôles auxquels ils ont procédé et leurs résultats.
Cependant, le contrôle est donc essentiellement un contrôle a posteriori. Les sociétés tenues
d’établir des documents prévisionnels, doivent les communiquer au conseil de surveillance. En
outre, lorsqu’une procédure d’alerte est déclenchée, à défaut de réponse satisfaisante du
directoire au commissaire aux comptes, le conseil de surveillance doit être réuni et délibérer
sur les faits de nature à compromettre la continuité de l’exploitation.
Bien que le conseil de surveillance exerce ses fonctions collégialement, chacun de ses membres
a le droit de demander au directoire tous renseignements et documents qu’il estime utiles à
l’exercice de sa mission de contrôle, compte tenu de la responsabilité personnelle qu’il peut
encourir48.
Fort des informations qu’il a reçues et des investigations auxquelles il a procédé, le conseil de
surveillance présente à l’assemblée annuelle ses observations sur le rapport de gestion du
directoire, ainsi que sur les comptes de l’exercice. On peut déduire que ces observations
peuvent n’être que verbales. Cependant, l’article 141 alinéa 5 énumère parmi les documents
mis à la disposition des actionnaires au siège social, les observations du conseil de surveillance.
Il s’agit bien d’un rapport écrit dont les actionnaires peuvent prendre connaissance.
48Philipe MERLE, Anne FOUCHON, droit des sociétés commerciales, Ed. DALLOZ, 2017,20ème édition, p.572-
573.
49Hassania CHERKAOUI, PIERRE BEZARD (préfacier) société anonyme, p. 115-116.
rapprocher le conseil de surveillance du conseil d’administration. A cet égard, on va traiter les
attributions légales (sous-section 1), et ensuite les attributions statutaires (sous-section2).
Cette liste d’attributions particulières conférées par la loi, permettent au conseil de surveillance
de jouer un rôle non négligeable dans la gestion de la société, qui peut être encore allégués par
les statuts.
Sous-section 2 : attributions statutaires
Ces larges pouvoirs attribués au conseil de surveillance ne lui permettent pas toutefois d’ester
en justice ; ce pouvoir reste de la compétence exclusive du directoire.
Conclusion
L'importance, la nouveauté et par la suite la spécificité de ce nouveau couple d'organes se
vérifie à travers une séparation nette entre la direction et le contrôle ce qui assure en outre à
maintenir un équilibre entre ces deux organes. Cette rénovation se vérifie aussi bien sur le plan
organique qu'au plan fonctionnel.
En effet, le directoire est un organe collégial, homogène et autonome dans l'exercice de ses
attributions, il se charge de la direction de la société et qui est investi, dans la limite de l'objet
social, des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances en son nom. Alors que,
le conseil de surveillance exerce, lui, le contrôle permanent de la gestion des affaires sociales
par le directoire. Ce contrôle serait mieux exercé par un comité restreint que par une assemblée
pléthorique de plus en plus désintéressé de la gestion quotidienne des affaires sociales.
Cependant, et même s'il s'agit essentiellement d'un contrôle à posteriori, lorsqu'il vise la valeur
commerciale, il risque de frôler l'immixtion dans la gestion et risque même de mettre l'équilibre
préconisé.
Bibliographie
Les ouvrages :
M. EL MERNISSI, traité marocain du droit de société, Ed. LEXISNEXIS, 2019.
André AkamAkam, VoudweBakreo, Droit des sociétés commerciales ohada, Ed. L’harmattan,
2017.
Philipe MERLE, Anne FOUCHON, Droit des sociétés commerciales, Ed. DALLOZ, 2017.
Hassaniacherkaoui, Pierre BEZARD (Préfacier), la société anonyme, 2ème édition, Ed Najah
El Jadida, 2011.