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« L’EXPERTISE DE GESTION»
Réalisé par :
Diae ACHICHA
Encadré par :
Professeur Saida GUENBOUR
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Introduction :
« La société est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes mettent en
commun leurs biens ou leurs travails ou tous les deux à la fois en vue de
partager les bénéfices qui pourront en résulter ». Cette définition de la société
est posée par l’article 982 du Dahir formant Code des obligations et contrats
(DOC), et il en résulte que les associés d’une société sont animés par l’affectio
societatis, constituant un élément intentionnel et qui implique la volonté de
collaborer à l’objet social d’une manière égalitaire. 1
2020, p.29
2
La procédure judiciaire de l’expertise de gestion ne concerne que les sociétés par
actions et la SARL, elle ne peut être étendue à d’autres types de sociétés
auxquels ne peut s’appliquer que l’expertise de droit commun.4 Elle trouve son
fondement concernant d’une part la SARL, dans l’article 82 de la loi 5-96 qui
dispose dans son 1er alinéa que « Un ou plusieurs associés représentant au moins
le quart du capital social peuvent, soit individuellement, soit en se groupant sous
quelque forme que ce soit, demander au président du tribunal, statuant en
référé, la désignation d'un ou plusieurs experts chargés de présenter un rapport
sur une ou plusieurs opérations de gestion »5 .
D’autre part concernant la SA, elle est prévue par l’article 157 de la loi 17-95 qui
dispose également dans son 1er alinéa que « Un ou plusieurs associés
représentant au moins le quart du capital social peuvent, soit individuellement,
soit en se groupant sous quelque forme que ce soit, demander au président du
tribunal, statuant en référé, la désignation d'un ou plusieurs experts chargés de
présenter un rapport sur une ou plusieurs opérations de gestion ».6
Ainsi, pour bien saisir notre sujet et l’importance de l’expertise de gestion dans
les sociétés anonymes marocaines, la problématique que nous posons est celle
de savoir qui sont les intervenants dans cette expertise et également de quelle
manière se déroule-t-elle ?
Afin d’y répondre, nous traiterons dans un premier temps les conditions mises en
place pour la recevabilité de la demande d’expertise, et dans un second temps,
nous développerons le déroulement de la procédure de l’expertise de gestion.
4 Mohammed EL MERNISSI, « Traité marocain de droit des sociétés », édition LexisNexis, 2020, p.645
5 Article 82 de la loi n° 5-96 sur la société en nom collectif, la société en commandite simple, la société en
commandite par actions, la société à responsabilité limitée et la société en participation
6 Article 157 de la loi n°17-95 relative aux sociétés anonymes
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Plan :
Introduction
Problématique
Conclusion
Bibliographie
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CHAPITRE I – Les conditions de recevabilité de la demande d’expertise
de gestion
L’article 157 de la loi 17-95 dans son 1er alinéa dispose qu’« un ou
plusieurs actionnaires représentant au moins le dixième du capital social
peuvent demander (…) ». Cet article pose la première condition de
recevabilité de la demande d’expertise et qui est relative aux personnes
ayant qualité pour agir pour procéder à cette demande.
En effet, seuls ont donc qualité pour agir les actionnaires détenteurs d’une
participation minimale au capital social. Il s’agit de permettre à une
minorité d’actionnaires d’obtenir des informations sur la gestion qui ne
sont pas les informations normales que doit fournir une société.
L’exigence de la détention par un ou plusieurs actionnaires du
pourcentage de 10 % est une condition impérative et la demande qui n’y
satisfait pas doit être repoussée.
Ainsi, sont donc exclus les obligataires, les titulaires de certificat
d’investissement et les créanciers sociaux. De plus, l’existence d’un pacte
d’actionnaires contenant une clause compromissoire n’empêche pas le
recours à l’expertise de gestion dans la mesure où la société n’est pas
partie à ce pacte.
En outre, les demandeurs de l’expertise doivent représenter au moins le
dixième du capital social, et pour atteindre ce seuil les actionnaires
disposent de la possibilité de se grouper et les modalités de ce
groupement restent à l’appréciation des intéressé.
En France, le seuil pour pouvoir demander une expertise de gestion est
fixé à 5% pour les actionnaires minoritaires et les associations
d’actionnaires (Article L225-231 Code de Commerce).
De plus, l’appréciation de la condition de la détention du dixième du
capital est faite lors de l’introduction de la demande même si au cours de
la procédure cette condition n’est plus réunie. 7
Concernant le cas des actions indivis, la question semble avoir été
tranchée par la jurisprudence en recourant au principe d’indivisibilité des
titres à l’égard de la société. Les copropriétaires d’actions se voient donc
empêchés d’exercer séparément leurs droits sociaux, et l’action ne peut
être intentée qu’avec l’accord de tous les indivisaires.
En cas de démembrement des actions, la question qui peut se poser est
de savoir qui du nu propriétaire ou l’usufruitier pourrait agir. L’usufruitier
exerce seul le droit de vote lors des Assemblée Générale Ordinaire dont la
7 Mohammed EL MERNISSI, « Traité marocain de droit des sociétés », édition LexisNexis, 2020, p.646
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compétence est de statuer sur les questions relatives à la gestion de la
société, alors que le nu propriétaire exerce son droit de vote lors des
Assemblée Générale Extraordinaire. Ainsi, si l’expertise doit porter sur des
questions qui relèvent de l’assemblée générale extraordinaire, l’associé nu
propriétaire dispose donc de la qualité pour agir.
L’expertise de gestion doit donc être dirigée contre la société et les
représentants légaux de cette dernière doivent être dûment appelés à
l’audience.
8 Mohammed EL MERNISSI, « Traité marocain de droit des sociétés », édition LexisNexis, 2020, p.647
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CHAPITRE II- La procédure de l’expertise de gestion
Aux termes du 1er alinéa de l’article 157 de la loi 17-95 la demande doit
donc être présentée « en référé », ce qui suppose, par voie de
conséquence, que les conditions d’un véritable référé soient réunies et, en
principe, l’urgence. Quant à la compétence territoriale du tribunal, elle
déterminée par référence au lieu du siège social conformément aux
dispositions de l’article 11 de la loi 53-95 instituant les juridictions
commerciales.
7
Section 2 – Le déroulement de l’expertise
11 Mohammed EL MERNISSI, « Traité marocain de droit des sociétés », édition LexisNexis, 2020, p.648
12 Mohammed EL MERNISSI, « Traité marocain de droit des sociétés », édition LexisNexis, 2020, p.647
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Le juge fixe la rémunération des experts à titre provisionnel qui ne seront
payés qu’en fin de la mission par la société ou par le demandeur
notamment pour le dissuader de faire une demande inconsidérée
conformément aux dispositions du 3ème alinéa du même article.13
L’expertise de gestion, étant donné qu’elle se déroule comme une
expertise judiciaire, doit respecter le principe du contradictoire et avoir
donc un caractère contradictoire. En effet, l’expert doit accomplir sa
mission en présence des parties (le demandeur et les dirigeants) dûment
convoquées. L’expert peut se faire communiquer tous les documents
sociaux en rapport avec les opérations visées dans l’ordonnance de
désignation.
Si l’expert se trouve dans une situation de difficulté due soit à une attitude
peu coopérative des dirigeants ou si ces derniers lui opposent le secret
des affaires, l’expert peut toujours en référer au tribunal, soit pour lui
préciser sa mission, soit pour le mettre à même de mener à bien cette
mission. Dans certains cas, la société peut avancer comme argument le
caractère confidentiel de certaines informations pour refuser de les
communiquer à l’expert en se fondant sur l’article 50 de la loi 17-95
précitée qui prévoit que « les administrateurs et toutes personnes
appelées à assister aux réunions du conseil d’administration sont tenues à
la discrétion à l’égard des informations ayant un caractère confidentiel
reçues au cours ou à l’occasion des réunions après avoir été avertis par le
président ». Cependant, cet argument n’est pas recevable car va dresser
un obstacle à la mission de l’expert qui serait dans l’incapacité d’obtenir
les informations nécessaires pour établir son rapport.14
Ainsi, conformément à l’article 406 de la loi 17-95 précitée, les dirigeants
ou toute personne au service de la société qui auront, sciemment, mis
obstacle aux vérifications ou contrôle de l’expert de minorité ou qui lui
auront refusé la communication de toutes pièces utiles à l’exercice de sa
mission sont punis d’un emprisonnement d’un à six mois et/ou d’une
amende de 6.000 à 30.000 dirhams.
Enfin, une fois que le rapport d’expertise est établi, il est communiqué au
demandeur, au conseil d’administration ou au directoire, au conseil de
surveillance et au commissaire aux comptes. Il est également annexé au
rapport du commissaire aux comptes en vue de la prochaine assemblée
générale ordinaire pour être mis à la disposition des actionnaires.
Le rapport d’expertise constitue seulement une simple mesure
d’information, et il appartient d’une part, à l’assemblée générale d’en tirer
les conséquences, le cas échéant, par la révocation des dirigeants ou de
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certains d’entre eux. D’autre part, il appartient aussi au demandeur de
donner aux conclusion de l’expert la suite judiciaire qui lui semble la plus
appropriée, telle que l’annulation de certaines décisions ou la mise en
cause de la responsabilité civile ou pénale des dirigeants.15
Conclusion
15 Mohammed EL MERNISSI, « Traité marocain de droit des sociétés », édition LexisNexis, 2020, p.649-650
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Bibliographie
Ouvrages :
• Mohammed EL MERNISSI, « Traité marocain de droit des sociétés », édition LexisNexis, 2020
• Brigitte HESS-FALLON - Anne-Marie SIMON., « Droit des affaires » 2001
Revues :
• Abdelali BELHAJ, « L’expertise de minorité en droit Marocain », 2018
• Hassan OUATIK, « L’expertise de gestion : dans le droit marocain et français »,2023
• Saida GUENBOUR « LE DEVOIR DE LOYAUTE : UN VECTEUR DE LA MORALISATION DE LA VIE DES
AFFAIRES », 2020, p.29
Textes de loi :
• Loi n° 5-96 sur la société en nom collectif, la société en commandite simple, la société en
commandite par actions, la société à responsabilité limitée et la société en participation
• Loi n°17-95 relative aux sociétés anonymes
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