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CORONAVIRUS

Comment limiter
son impact
sur vos finances
Par Éric Lewin
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CORONAVIRUS
COMMENT LIMITER
SON IMPACT
SUR VOS
FINANCES

La pandémie de coronavirus est une tragédie. Elle a jeté les bases de remises en cause person-
nelles et sociétales profondes. Elle montre aussi l’extrême vulnérabilité d’un monde globalisé
et a révélé au grand jour des carences sanitaires qu’il faudra résorber sans tarder, quand les
lendemains recommenceront à chanter.

Le Covid-19 n’épargne aucun pays et a d’ores et déjà amené des mesures historiques de confine-
ments. Il a surtout débouché sur une crise profonde, à la fois structurelle, systémique, économique
et financière, dont nous n’avons pas encore vu le bout.

Aux Publications Agora, notre rôle est de vous aiguiller autant que possible. Notre mission est
de vous permettre de sauvegarder vos économies, votre patrimoine, voire mieux. Nous avons
connu d’autres crises, celles des subprimes et de la zone euro notamment. Des crises moins
« tentaculaires » certes, mais dont nous avons su tirer des enseignements.

Nous savons qu’il ne faut pas insulter l’avenir. Nous avons aussi la prudence chevillée au corps
et avons conscience de la nécessité d’appréhender les choses avec humilité.

Dans cet esprit, convenons qu’il est bien trop tôt pour tirer tous les enseignements du coronavirus.
Pour autant, la pandémie de Covid-19, pour spectaculaire et bouleversante qu’elle soit, ne rebat
pas toutes les cartes sans aucune exception, à commencer par le statut de valeur refuge de l’or,
qui reste intact.

L’or reste une valeur refuge


On dit beaucoup de choses fausses sur l’or, la première étant de le considérer comme une matière
première. Sauf qu’en réalité, il convient d’appréhender la relique barbare comme une réserve
de valeur, comme une monnaie de thésaurisation. Ce qu’elle a en fait toujours été, même si elle
ne circule plus comme monnaie désormais.

En effet, l’or se comporte comme une réserve de valeur et c’est ainsi qu’il faut comprendre son
cours. Schématiquement, l’or est stable et ce sont les monnaies papiers qui perdent de leur valeur.

D’une façon générale, l’or reste un placement intéressant en raison de ses caractéristiques bien
différentes de celles d’investissements plus classiques tels que l’immobilier, l’assurance-vie et le
livret A. Qui plus est, valeur refuge traditionnelle, l’or est un outil de diversification de portefeuille
à ne pas négliger, étant un placement physique.

De fait, il sera facile de revendre son bien, le métal jaune étant liquide. Par ailleurs, l’or vaudra
toujours quelque chose, ce quel que soit le pays dans lequel on se trouve.

De la même manière, il est envisagé par les professionnels comme une assurance de protection contre
les effets de la crise, indépendamment de la gravité de celle-ci. Et pour cause : dans les périodes
troubles, le métal jaune profite de son statut de valeur refuge et voit sa valeur augmenter.
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Pour autant, cette monnaie particulière ne doit pas dépasser une certaine part de votre porte-
feuille d’investissement. En fonction de votre sensibilité au risque, de votre profil d’investisseur, le
métal jaune doit représenter de 5 à 20 % de votre patrimoine. Une fourchette relativement large,
mais à laquelle il convient de se conformer.

Jouez la guerre des monnaies !


La guerre des monnaies, ou guerre des devises, est la bataille à laquelle se livrent les pays
prétendant ainsi améliorer leur compétitivité. L’arme utilisée est en l’occurrence la dévaluation.

Par le biais de leur politique monétaire, certains pays diminuent délibérément la valeur de leur
monnaie nationale par rapport aux autres monnaies, le but étant d’exporter moins cher pour
rester attractif. La Chine se l’est vue reprocher plusieurs fois en 2018 et l’année dernière, le yuan
ayant été dévalué à plusieurs reprises (malgré les dénégations de Pékin, cette réalité est peu
contestable) dans le cadre de la guerre commerciale avec les États-Unis afin de réduire l’impact
de ce conflit sur l’économie de l’Empire du Milieu.

En fait, quand certains pays maintiennent artificiellement leur monnaie à un niveau relativement
bas malgré une bonne santé économique, on parle de dévaluation compétitive.

L’idée est la suivante : plus la devise baisse, plus cela dope les exportations… et plus cela freine
les importations de produits étrangers au profit de produits concurrentiels nationaux.

Comment, vous, investisseur, pouvez-vous profiter de cette bataille ? Les plus avertis joueront des
paires de devises sur le marché des changes (FOREX).

Les couples Eurodollar, Dollar/Livre Sterling et Dollar/Yen restent les plus liquides, mais attention
car ce marché est très risqué et comme le souligne à juste titre l’AMF : « Sur le Forex, la mise en
place d’effet de leviers peut vous faire perdre jusqu’à 400 fois votre mise. »
Vous voilà donc prévenu !

Pour les épargnants qui n’ont ni le temps ni les compétences nécessaires à la bonne approche
de ce marché, il est possible de jouer les devises en passant par des fonds actions non couverts
contre le risque de change, ou via des trackers actions investis sur des marchés étrangers (qui
ne sont pas non plus couverts contre le risque de change).

Enfin, pour préserver votre pouvoir d’achat en dehors de nos frontières, il est intéressant d’ouvrir
un sous-compte de devises auprès de votre banque. Ainsi, si vous avez 100 000 € de liquidités
sur votre compte, vous pourrez ne convertir une partie en francs suisses ou en couronnes norvé-
giennes, des monnaies historiquement fortes, voire en dollars américains.

La dépréciation de compte en euro sera auquel cas « neutralisée » par l’appréciation de votre
sous-compte en devises.
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Tenter de profiter de l’effondrement des cours de Bourse


La pandémie de coronavirus a amené un très violent décrochage des marchés actions. De
nombreuses sociétés évoluant dans des secteurs particulièrement exposés (aéronautique, BTP,
hôtellerie, tourisme…) ont bu le calice jusqu’à la lie et les renoncements aux objectifs annuels se
sont multipliés.

Citons parmi eux ceux de quelques poids lourds de la cote comme Saint-Gobain, Vinci, Total,
TF1 ou encore Icade.

L’exercice des prévisions est devenu, sinon impossible, en tous les cas périlleux et tout dépendra
en fait de l’évolution sanitaire de la pandémie.

Pour autant, il reste une constante boursière : certaines sociétés réagissent mieux que d’autres
dans des phases de reprises, postérieures à un effondrement boursier. C’est notamment le cas
des valeurs dites cycliques ; vocable qui désigne les entreprises qui vont profiter plus que les autres
de la relance de l’économie et d’une stimulation de la consommation. Elles appartiennent aux
secteurs de la banque, de l’industrie, mais il peut aussi s’agir d’équipementiers, de constructeurs
automobiles, de groupes aéronautiques ou de sociétés du BTP.

Particulièrement malmenées aujourd’hui, elles se relèveront d’autant mieux demain…

Plus largement, dans une phase dynamique, mieux vaut se focaliser sur les valeurs de crois-
sance, lesquelles peuvent être issues des « TMT » (technologies, médias, télécoms), du luxe ou
des cosmétiques.

Autre réalité dont il faut tenir compte : après une crise boursière, les « smallcaps » (« petites
capitalisations ») surperforment généralement les grandes valeurs. Elles pourront donc,
temporairement, occuper une place privilégiée dans votre portefeuille.

Dans des périodes tumultueuses comme celles-ci, on peut en outre lire tout et son contraire, aussi
convient-il d’être aux aguets et bien informé.

Redoublez de prudence et méfiez-vous des « miroirs aux alouettes », qui ont tendance à se
multiplier quand les placements traditionnels ne rapportent plus, voire font perdre. Tous les
internautes voient régulièrement sur leurs écrans des publicités pour le FOREX, mais gardez bien
en tête qu’un grand nombre de ces sites sont frauduleux.

Pour les autres, l’effet de levier qui est proposé peut envoyer au tapis n’importe quel intervenant,
d’autant que ce marché est très fluctuant et est le premier touché (à la hausse comme à la baisse)
par une information majeure.

D’une façon générale, tenez-vous à l’écart des produits à effet de levier trop élevés, c’est-à-dire
supérieur à 5. À moins d’avoir de solides compétences dans ce domaine ou d’être accompagné
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par un professionnel aguerri, qui connaît tous les tenants et aboutissants et dont le gagne-pain
ne consiste pas à se rémunérer sur le nombre de vos transactions…

Enfin, soyez réactif, surtout si vous manipulez de tels produits qui multiplient les hausses et les
baisses. C’est donc à double tranchant… et à partir de là, vous êtes dans l’obligation de suivre
de près votre trade pour réduire le risque de déconvenue.

Diversifiez votre patrimoine sans le disperser


Selon le dicton populaire, « il ne faut jamais mettre tous ses œufs dans le même panier ».
Cette règle de bon sens s’impose également pour la gestion d’un patrimoine et pour celle d’un
portefeuille. Afin d’optimiser vos chances de dégager des gains indépendamment du contexte
boursier, gardez bien en tête ces quelques conseils :

1. Constituez vos lignes progressivement, au gré des opportunités, et non pas en quelques
jours. Cela signifie que vous allez conserver des liquidités le temps nécessaire pour trouver les
bonnes occasions.

2. Privilégiez les valeurs que vous pouvez suivre facilement. On reproche souvent au petit
actionnaire son nationalisme boursier, mais il est judicieux de s’intéresser aux entreprises qui
tiennent leurs actionnaires régulièrement informés par voie de communiqués de presse, surtout
en ces temps de pandémie.

3. Pour le choix de vos actions, investissez dans différents secteurs d’activité, en fonction de
leur sensibilité à la conjoncture. Les professionnels répertorient les entreprises selon leur potentiel
de bénéfices et leur résistance dans les moments de doute. Dans une phrase de morosité, préférez
les valeurs dites défensives, dont la solidité du chiffre d’affaires et des marges rassure.

4. Ayez toujours du cash dans votre portefeuille, ne soyez pas surinvesti, ce pour au moins trois
raisons :

|| il faut savoir vendre et prendre ses bénéfices lorsqu’un titre est « à son prix », c’est-à-dire
lorsque le cours de la société reflète bien son niveau de valorisation des bénéfices futurs ;
|| vendre signifie également se mettre en sécurité, ce qui est important lorsque la Bourse
est ou paraît moins porteuse. « Être liquide » (l’expression est souvent utilisée par les
professionnels) en période de turbulences est tout de même le moyen le plus sûr de ne
pas perdre, alors que ne pas vendre est le moyen le plus probable de perdre davantage ;
|| vous devez être prêt à saisir les opportunités qui, tôt ou tard, se présentent lors des flé-
chissements de marché. L’argument selon lequel les liquidités sont stériles est erroné. Au
contraire, avoir des liquidités disponibles est une preuve de bonne gestion.

Qui n’a pas vendu n’a pas de plus-values ! Le dosage à adopter dépend de votre profil de risque,
plus ou moins audacieux. Il existe quatre grands types d’actifs permettant de moduler votre
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investissement : les actions européennes et internationales (risque élevé, mais fort potentiel de
performance), les obligations (risque modéré, avec une volatilité moyenne, cinq fois moins forte
que celle des actions) et une réserve monétaire (sans risque).

Cette technique de dosage du portefeuille dépend aussi du niveau de performance que vous
recherchez (plus fort avec les actions). Vous devez en outre l’adapter en fonction de l’évolution
de la conjoncture, plus ou moins favorable aux actions ou aux obligations.

Sachez par ailleurs qu’il existe des fonds profilés, proposés par toutes les banques aux épargnants,
qui comportent des allocations d’actifs types avec plus ou moins d’actions, d’obligations et de
produits monétaires.

Enfin, cette stratégie de diversification permet de ne pas subir une perte trop importante si, au
moment d’une forte baisse des actions, vous deviez désinvestir tout ou partie de votre portefeuille
pour des raisons diverses.

Éric Lewin

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ont un facteur de risque plus élevé que la moyenne, n’y investissez pas plus d’argent que vous ne pouvez vous permettre de perdre. Ils ne
devraient pas représenter plus de 25 % du total de vos investissements. Le marché étant parfois peu liquide, n’investissez pas dans des lignes
trop importantes. Les performances passées ne reflètent pas forcément les performances à venir. Avant d’investir, nous recommandons à nos
lecteurs de consulter un conseiller financier indépendant ou un courtier.

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