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L’empire du cash
Comment les fonds d’investissement rachètent le
monde
Fabrication numérique : Le vent se lève...
ISBN : 978-2-7082-5480-0
Sommaire
Glossaire
Introduction
L’art de faire fortune avec l’argent
des autres
La tyrannie du cash
Dans l’univers feutré de la finance, on préfère user d’euphémismes plutôt
que de dire la vérité nue. L’activité qui consiste à entrer au capital
d’entreprises non cotées en Bourse dans l’espoir de réaliser une juteuse
plus-value à la revente est désignée sous le terme neutre de « capital-
investissement* », private equity en anglais.
Les acteurs du secteur pratiquent de manière intensive la technique du
« LBO* », pour leverage buy-out, ou rachat par endettement. Nous
définirons précisément cette méthode, mais disons pour résumer qu’il s’agit
d’acquérir une entreprise par le biais d’un emprunt, en espérant que
l’activité de la société rachetée permettra ensuite de dégager suffisamment
de « cash » (liquidités) pour le rembourser. Le risque pour l’entreprise est
évident puisque son endettement augmente dans des proportions parfois
vertigineuses.
Cette obsession pour le cash n’est pas une vue de l’esprit, les
professionnels la revendiquent même avec une franchise décapante. Noël
Goutard ne donnait pas dans la langue de bois. Ce « grand patron » français,
mort en 2020 à l’âge de 89 ans, a régné sur l’équipementier automobile
Valeo pendant treize ans, avant d’intégrer comme associé le fonds
d’investissement LBO France, de 2000 à 2006. Au cours de sa carrière, il a
souvent défendu les « vertus » d’un management à la dure, quitte à
malmener ses équipes{2}. En janvier 2007, dans le cadre d’un séminaire
parisien très justement intitulé « LBO : le management par la tyrannie du
cash », il donnait la marche à suivre pour réaliser un bon investissement{3}.
Les questions que je me pose sont extraordinairement simples : est-ce que je comprends l’industrie
ou le business ? [...] Est-ce qu’il y a un bon management ? [...] Et troisièmement, à coup sûr, est-ce
que ça produit du cash ? [...] Le cash est le dénominateur commun : quand je parle de cash, tout le
monde comprend. [...] Il y a un solde positif ou pas, il y a de l’endettement ou pas, c’est comme le
budget familial : tout le monde comprend. Le cash représente donc effectivement une tyrannie qui est
imposée aux sociétés de gestion par les investisseurs qui attendent du cash en retour. Mais il faut
aussi du fun : pour prendre un peu de plaisir et bien dormir la nuit, il faut faire de la stratégie, il faut
avancer et progresser sans relâche.
Cinq ans après le rachat, la dette de l’entreprise frôlait les 200 millions
d’euros...
Le sort de Courtepaille s’est joué à la barre d’un tribunal de commerce,
en septembre 2020. L’entreprise a été rachetée par Buffalo Grill, lui-même
aux mains d’un fonds d’investissement britannique, TDR Capital, pour la
modique somme de 17 millions d’euros. Ou comment racheter un de ses
concurrents directs pour une bouchée de pain. Cette bonne affaire a, comme
souvent, sa part sombre : le rachat prévoyait le licenciement de 264
salariés{6}.
En France, chaque année, plus de 200 entreprises subissent un LBO{7}. Il
est évident que tous ces rachats ne conduisent pas à la même déroute que
celle qu’a connue Courtepaille, la plupart de ces entreprises affichent même
de bons résultats. Néanmoins, la « tyrannie du cash » a bel et bien un coût
social. Écoutons ce qu’en disait, en 2007, Noël Goutard :
Très souvent, le LBO se traduit par des restructurations et des licenciements, dans le cadre d’une
meilleure gestion du bilan et du compte d’exploitation, et le personnel et les syndicats souffrent
parfois énormément. [...] Mais, en même temps, comment s’élever contre un système qui se traduit,
in fine, par une bien meilleure gestion des entreprises, par une production de richesses importante,
par un retour sur investissement et des résultats taxables impressionnants{8} ?
Au numéro 345 de Park Avenue, l’une des artères les plus huppées de
New York, se dresse un imposant building de verre et d’acier. Ce gratte-ciel
sans charme particulier, semblable à des milliers d’autres, abrite le siège du
plus puissant fonds d’investissement de la planète : Blackstone.
À l’intérieur, un petit groupe d’individus prend des décisions dont les
répercussions se font sentir à l’autre bout du monde, sous la houlette de son
dirigeant, Stephen A. Schwarzman. En un an, ce dernier gagne l’équivalent
de 4 000 années de SMIC, soit 76 millions d’euros de rémunération, hors
dividendes{9}. Le fonds règne sur un océan d’actifs*, comprenant
entreprises, logements, bureaux, participations* dans le secteur du pétrole et
de l’eau, etc.
Blackstone est né en 1985, à l’époque où s’écrit la légende dorée du
private equity*. Le président Ronald Reagan déroule alors sa « révolution
conservatrice » construite à partir d’une poignée d’idées fortes : une foi
quasi religieuse dans les vertus du secteur privé, censé assurer la prospérité
du peuple américain, doublée d’une aversion tout aussi profonde pour les
syndicats et l’État. Durant cette décennie où le « business » est roi, où la
fiscalité et les régulations pesant sur les entreprises fondent comme neige au
soleil, les premiers fonds d’investissement modernes voient le jour. Et
débutent leur ascension. En 2019, l’ensemble des fonds employait environ
9 millions de salariés aux États-Unis, à travers les entreprises qu’ils
contrôlent{10}. En Europe, ce chiffre atteindrait 12,2 millions de personnes,
soit l’équivalent d’un pays comme la Suède{11}.
Leur fringale d’acquisitions n’épargne aucun secteur : PME, immeubles,
maisons, infrastructures, cliniques, clubs de rugby ou de foot, aéroports...
En France, le capital-investissement* se développe durant les années
Mitterrand (1981-1995), sur fond de désengagement de l’État de la sphère
économique. Un groupe a joué – et joue toujours – un rôle efficace dans
cette implantation : France Invest, qui regroupe les poids lourds français du
secteur, mène un lobbying intensif auprès des pouvoirs publics.
L’association cherche également à promouvoir son activité en organisant
régulièrement des déjeuners dans les salons du luxueux Pavillon Gabriel,
dans les jardins des Champs-Élysées, où sont conviées des personnalités
influentes. En 2019, on pouvait par exemple y croiser un ancien directeur
du quotidien Le Monde (Éric Fottorino), un grand dirigeant patronal
(Geoffroy Roux de Bézieux) ou un ex-ministre du Budget (Éric Woerth).
Ces activités se doublent d’une production scientifique qui vise à la fois à
gommer la brutalité sociale dont les fonds peuvent faire preuve, et à mettre
en valeur des retombées économiques largement contestables. Sous le
quinquennat d’Emmanuel Macron, ancien banquier d’affaires acquis à la
cause du private equity, France Invest a bénéficié d’une oreille attentive,
comme nous le verrons dans ce livre.
Au fil des ans, leur poids économique a rendu les fonds incontournables.
Les grands dirigeants de la planète n’hésitent plus à leur dérouler le tapis
rouge, dans l’espoir qu’ils fassent pleuvoir des milliards de dollars sur
l’économie. Mais cette emprise grandissante inquiète aussi. Syndicalistes,
chercheurs ou ONG s’alarment du pouvoir excessif de ces mastodontes,
capables désormais d’influencer le quotidien de millions d’individus : les
fonds peuvent fermer une usine d’un trait de plume, alimenter la flambée
des prix de l’immobilier ou peser sur les politiques fiscales des États. La
multiplication de montages de type LBO* contribue à augmenter
l’endettement des entreprises, dont le niveau atteint des sommets
vertigineux. Surtout, par les techniques qu’ils déploient, par leur propension
à transformer n’importe quelle « cible » en source de profits, les fonds
d’investissement contribuent à accélérer la marchandisation du monde.
En janvier 2012, lors d’un meeting au Bourget, un candidat à la
présidentielle, nommé François Hollande, se lançait dans une tirade passée
depuis à la postérité : « Je vais vous dire qui est mon adversaire, mon
véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti [...] et
pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance. » Lancée
en guise d’attaque, cette tirade est une esquive. Désincarner son ennemi
avant la bataille est un prélude au renoncement : comment lutter
efficacement contre un monstre impalpable ? Comment donner à voir ce
que l’on ne peut même pas nommer ? Pourtant, les agents de la
financiarisation ne sont pas des entités abstraites et « sans visage ». Nous
verrons dans ce livre que les fonds d’investissement sont dirigés par des
individus de chair et de sang, prêts à tout pour accroître leur empire.
L’objectif de cette enquête n’est pas de porter un regard moralisateur sur
les pratiques des fonds, mais bien de comprendre. Il s’agit de faire la
lumière sur les agissements de mastodontes qui aiment à se dépeindre en
sauveurs de l’économie alors que, bien souvent, ils en sont les parasites.
Nous sommes partis à la rencontre de ceux qui opèrent dans ces fonds, pour
cerner leurs motivations et analyser leur idéologie. Nous avons donné la
parole à ceux qui subissent au quotidien les effets de leur emprise – salariés,
syndicalistes, locataires, contribuables... – et qui tentent d’y résister, partout
dans le monde. D’une certaine façon, une partie de notre avenir dépend de
l’issue de ce combat.
C’est une histoire qui n’est pas enseignée dans les manuels scolaires. Qui
sait, aujourd’hui, que le pionnier du capital-investissement* était un
Français à la mine soignée, soupçonné d’avoir travaillé avec les nazis
pendant la Seconde Guerre mondiale ? Et que le leveraged buy-out moderne
(LBO*, ou rachat avec effet de levier) a été inventé aux États-Unis, dans les
années 1950, pour racheter une compagnie maritime ? L’origine des fonds
d’investissement est peu étudiée, de même que la manière dont ils ont
conquis une partie de l’économie. Pourtant, ces géants financiers ne sont
pas des créations spontanées du capitalisme, et leurs pratiques n’ont rien de
« naturel » : elles ont été forgées par des individus – hommes d’affaires,
avocats, anciens banquiers –, et se sont épanouies dans un contexte
idéologique particulier, celui du néolibéralisme débridé des années 1980.
Voici comment.
« Je travaille à la Kalachnikov »
Chasseurs de dette
Une fois qu’ils ont pris le contrôle, ils procèdent sans état d’âme,
poursuit le dirigeant avec amertume :
Ce sont des prédateurs qui repèrent l’animal malade en queue de troupeau. Ensuite, ils revendent la
bête à la découpe ou la saignent. Une entreprise a forcément des actifs, que ce soit des marques, ou
des mètres carrés de magasins. Dans le cas de mon entreprise, ils comptaient fermer douze sites et
virer 600 salariés, pour faire grimper l’excédent brut d’exploitation (EBE){58}. Ce sont des mecs qui
ne savent faire qu’une chose : compter. Qui leur revend la dette ? Des banques, bien propres sur elles,
qui préfèrent vendre pas cher plutôt que de tout perdre{59}.
La descente aux enfers racontée par Jean-Louis Alfred est loin d’être une
trajectoire isolée. Il existe peu d’études documentant les effets délétères de
la financiarisation sur le quotidien des salariés. Dans un article académique,
la chercheuse en sciences de gestion, Isabelle Chambost, offre un condensé
saisissant de ses propres enquêtes. Tous les représentants syndicaux qu’elle
a rencontrés travaillaient dans des entreprises contrôlées par des fonds de
capital-investissement*. La plupart dénoncent les mêmes effets pervers :
obsession pour la rentabilité financière, éclatement des collectifs de travail,
dégradation de l’activité syndicale.
Pour nombre de représentants des salariés, l’entreprise sous LBO devient le chaînon d’une
mécanique financière qui lui serait totalement exogène. Les conséquences et les traductions des
montages financiers ressenties dans le quotidien sont nombreuses : raccourcissement des horizons de
gestion, perte de l’autonomie décisionnelle, éloignement des directions. [...] Les objectifs de
performance deviennent des leitmotivs, énoncés parfois en termes de « culture du résultat », dont les
représentants du personnel ont parfois des difficultés à saisir les tenants et les aboutissants{67}.
Autrement dit, les salariés des sites concernés ont sûrement des soucis à
se faire...
Les fonds d’investissement, quant à eux, ne risquent pas grand-chose. La
restructuration bouclée en juillet 2021 leur a même permis de réaliser une
affaire juteuse, passée sous les radars médiatiques. Toute la dette des
créanciers n’a pas été convertie en capital. Le reliquat, soit environ un
milliard d’euros, a été transformé en nouvelles obligations émises
par l’entreprise, au taux exorbitant de 8,5 % d’intérêt par an (huit fois plus
qu’une assurance vie). Autrement dit, il suffit à un des fonds de détenir, par
exemple, 100 millions d’euros de ces nouvelles obligations pour encaisser
tous les ans un chèque de 8,5 millions d’euros. Le tout sans avoir à
débourser un centime supplémentaire...
Dans cette affaire, l’attitude du gouvernement interroge. Après tout, il
s’agit ni plus ni moins de la prise de contrôle par des financiers anglo-
saxons d’une entreprise employant 19 000 salariés, alors même
qu’Emmanuel Macron célèbre les vertus de la « souveraineté industrielle »
face aux caméras, au nom d’un « monde d’après » qui tarde à advenir. Dans
le dossier Vallourec, l’Élysée avait une occasion rêvée de joindre le geste à
la parole, comme le souligne un représentant syndical :
Avant la restructuration, l’État détenait 15 % du capital de Vallourec. Autant dire qu’il avait les
moyens de bloquer l’opération. Au contraire, il a laissé la porte ouverte à Apollo, tout en acceptant de
voir sa participation réduite à la portion congrue. Et si jamais nous faisons face à un coup dur dans
les mois à venir, il aura beau jeu de nous répondre : « mon bon Monsieur, nous ne pesons plus rien,
que pouvons-nous faire ? »{72}
Les fonds jouissent donc d’une paix royale, même lorsqu’ils déploient
des méthodes flirtant avec les limites de la légalité. On retrouve le nom
d’Apollo dans une autre affaire sulfureuse. Géant industriel français,
Verallia produit des emballages de verre pour les boissons et les produits
alimentaires (bières, boissons gazeuses, vins, etc.). En 2015, il est revendu
par Saint-Gobain au fonds Apollo qui l’introduit en Bourse en 2019. Une
opération relativement courante qui aurait pu ne jamais attirer l’attention.
Mais, à l’été 2020, l’entreprise annonce 130 suppressions de postes en
France, dont 80 sur le seul site de Cognac, alors même que Verallia se porte
comme un charme. Un petit groupe de responsables politiques, experts et
avocats{74} commencent alors à mettre leur nez dans les affaires du fonds, et
ils ne tardent pas à mettre au jour un écheveau opaque de sociétés offshore,
dont l’objectif ne fait aucun doute : s’assurer que le « cash » généré par
Verallia échappe, au moins en partie, au fisc français. En langage châtié, on
appelle cela de l’« optimisation fiscale ».
Un exemple ? L’introduction en Bourse de Verallia a été réalisée par une
holding* détenue indirectement par le fonds Apollo et installée au
Luxembourg, HPH. En 2019, ladite HPH a réalisé un bénéfice mirobolant
de 2,7 milliards d’euros, grâce au fruit de la mise en Bourse. La loi
luxembourgeoise faisant bien les choses, la holding n’a payé qu’un peu plus
de 202 000 euros d’impôt sur cette somme... Soit un taux d’imposition
ridicule de 0,007 %{75}.
Ce n’est pas fini. Maxime Renahy est un ancien financier passé par
l’univers feutré des paradis fiscaux. Au milieu des années 2000, il a fait ses
armes dans l’île de Jersey, où il a pu observer de très près les circuits du
blanchiment de l’argent sale et de l’évasion fiscale, avant de tout plaquer
pour mettre son expertise au service des syndicats.
En décortiquant les comptes de Verallia et d’Apollo, il s’est rendu
compte que les circuits financiers ne s’arrêtaient pas au Luxembourg.
En janvier 2020, un transfert astronomique de plus de 559 millions d’euros est effectué depuis la
filiale luxembourgeoise HPH vers celle qui la possède aux îles Caïmans, AP VIII Horizon Holdings
L.P., elle-même créée par le fonds d’investissement Apollo. Depuis février 2020, les îles Caïmans
sont pourtant l’une des dix-sept juridictions classées sur la liste noire des paradis fiscaux de l’Union
européenne{76}.
Leurs bureaux sont situés dans les quartiers d’affaire des grandes
capitales, à Paris, Londres ou New-York. Mais cette visibilité est tout sauf
un gage de transparence : les dirigeants de fonds d’investissement préfèrent
le secret des tractations à la lumière des médias, et ils ne parlent pas
volontiers de leur profession. Rares sont les salariés, même ceux qui ont
quitté le secteur, à vouloir s’exprimer. Le plus souvent, leurs témoignages
se limitent à des banalités, où ils se félicitent de soutenir l’« économie
réelle » et d’apporter une aide précieuse à des entrepreneurs en mal
d’argent. Comment fonctionnent, de l’intérieur, les géants du private
equity* ? Quel est le profil de leurs dirigeants ? Par quels mécanismes
d’accumulation construisent-ils leur immense fortune ?
Et le même d’avouer :
Lorsque nous n’avons pas le choix, oui, nous poussons le chef d’entreprise à annoncer un plan de
licenciements, ou des fermetures d’usines. Dans ce cas-là, il ne faut pas mollir. Bien sûr, l’aspect
humain est important. Mais quand vous devez prendre une décision dure, il ne faut pas y regarder à
deux fois : le pire est de laisser la situation se dégrader.
Un patron philanthrope
Prenons l’exemple de Maurice Tchenio, sorte de « parrain » du capital-
investissement*, né en 1943. C’est probablement l’un des tout premiers
hommes d’affaires européens à avoir compris le potentiel de développement
du secteur. En 1972, lorsque le jeune homme à peine trentenaire se lance
dans les affaires, il a déjà plusieurs cordes à son arc : diplômé en France
d’HEC (promotion 1965) et aux États-Unis d’Harvard Business School
(1970), il dispose d’un carnet d’adresses bien rempli et d’une solide
connaissance du marché américain. Avec un de ses anciens camarades
d’Harvard, le britannique Ronald Cohen, il décide de créer le fonds
d’investissement Apax Partners, avec pour ambition de réaliser des
opérations de fusions-acquisitions entre la France et les États-Unis.
À l’époque, le private equity en est encore à ses balbutiements, mais le
grand décollage des années 1980-1990{98} prouvera aux deux hommes
d’affaires qu’ils ont misé sur le bon cheval.
Depuis sa création, Apax Partners a investi dans de nombreuses
entreprises, dont certaines très connues des Français – l’opticien Alain
Afflelou, le parfumeur Sephora, ou la marque Aigle –, sans jamais faire de
vagues... Ou presque. Le seul accroc dans ce CV immaculé se produit en
octobre 2009, lorsque la presse s’intéresse aux méthodes pas toujours
tendres du fonds d’investissement. L’histoire est rocambolesque. En 2006,
Apax a pris les commandes de l’entreprise Morgan, célèbre marque de prêt-
à-porter. Les choses n’avancent pas assez vite pour le fonds, qui voudrait
revendre l’entreprise rapidement en dégageant une plus-value. Morgan a
déjà sous-traité une partie de sa production en Tunisie, pour des raisons
évidentes de coûts de fabrication. Mais le fonds juge les économies
insuffisantes : il décide de rompre brutalement ses relations avec le sous-
traitant et ses 800 salariés, pour transférer la production dans un pays où la
main-d’œuvre est encore plus économique (et moins bien traitée), la Chine.
Les Tunisiens, qui travaillent avec Morgan depuis près de dix ans, ne
l’entendent pas de cette oreille. Dénonçant une rupture contractuelle
abusive, ils prennent langue avec un avocat français, Jacques Boedels, qui
entame un bras de fer juridique{99}.
Boedels propose à la direction d’Apax de régler la situation à Paris,
devant un tribunal arbitral, une instance privée qui permet de trancher
certains litiges sans passer par un juge. Le verdict tombe le 30 juillet 2009 :
Apax est condamné à verser 10 millions d’euros au sous-traitant tunisien.
Mais cela ne marque pas la fin de l’affaire pour autant, comme le raconte
l’avocat des plaignants, plus de dix ans après :
Apax avait le plus grand mépris pour ces Tunisiens qui avaient osé le défier, lui, le puissant fonds
d’investissement français. Comme il refusait de verser les dommages imposés par le jugement, je suis
allé m’adresser directement au président du Tribunal de commerce de Paris, à qui j’ai raconté toute
l’histoire. Le président était atterré. Il a décroché son téléphone, et a expliqué au dirigeant d’Apax
qu’il était incompréhensible pour une entreprise de cette taille de s’asseoir sur une sentence arbitrale.
C’est un des rares cas où le droit permet au tribunal de commerce de prononcer la faillite du
récalcitrant. Apax a fini par céder. Il n’avait pas d’autre solution{100}.
À quoi bon augmenter les impôts, lorsque l’on peut compter sur
l’altruisme avisé de nos hommes d’affaires pour faire régner la « justice
sociale »...
Ou encore :
Fillon n’a pas été embauché pour s’occuper de dossiers mais pour ouvrir son carnet d’adresses,
élargir le champ d’action des investisseurs. Je sais qu’il a accompagné Antoine Flamarion lors de
plusieurs voyages au Japon{125}.
Les liens d’amitié entre François Fillon et son « cher Vladimir » sont
réels, de même qu’une certaine proximité idéologique{126}. Quant aux
voyages au pays du Soleil levant dont parle notre second interlocuteur, il se
peut qu’ils aient porté leurs fruits : en 2019, Tikehau a ouvert un bureau à
Tokyo, puis conclu un important deal avec T & D Insurance Group, grosse
compagnie d’assurance nippone qui lui ouvre l’accès au marché des fonds
de pension japonais.
L’entregent de l’ancien candidat présidentiel ne s’arrête pas là. Dans un
livre étonnant, voué à la gloire de François Fillon, le journaliste Tugdual
Denis raconte :
[L’ancien Premier ministre] aide au développement de Tikehau, il détient la clé pour accéder à ceux
qui gèrent les fonds souverains. Il permet, quand l’équipe [du fonds d’investissement] va à
Singapour, de lui faire partager la loge du Premier ministre lors du Grand Prix de Formule 1. Il a
facilité l’intégration à l’International advisory board [conseil international consultatif] de Tikehau de
l’ancien Premier ministre italien Enrico Letta, ainsi que d’une ancienne conseillère de Barack
Obama, Avril Haines. Tikehau utilise parfois François Fillon en vedette américaine ; en marge de la
signature d’un deal, il peut se livrer à une conférence sur les enjeux macroéconomiques ou
géopolitiques{127}.
L’eau a coulé sous les ponts depuis la création des premiers fonds de
LBO* au milieu des années 1970. À l’époque, d’anciens banquiers
d’affaires fascinés par l’effet de levier découvrent que, comme au poker, on
peut gagner gros en misant peu. Quarante ans après, les règles du jeu restent
identiques, mais les fonds d’investissement ont poussé les murs du casino :
désormais, ils ne parient plus uniquement sur des entreprises, mais
convoitent aussi clubs de foot, cliniques, biens immobiliers ou réseaux de
distribution d’eau. Bref, tout ce qui s’achète et se vend. Pour prendre la
mesure de la diversité de l’empire des fonds d’investissement, il suffit de
jeter un œil aux portefeuilles d’actifs* qu’ils détiennent. Celui de
Blackstone est sans contexte le plus équilibré : 32 % de ses actifs
concernent le private equity et l’énergie (gaz, eau...) ; 30 %, l’immobilier ;
25 %, le crédit (prêts accordés aux entreprises) et 13 % les activités de
hedge fund* (investissements spéculatifs){137}.
Mais en s’aventurant dans des contrées parfois inexplorées, les fonds
d’investissement y importent leurs techniques de gestion et leurs objectifs
de rentabilité. Ils contribuent à accélérer la marchandisation du monde, avec
des conséquences parfois dramatiques, pour les citoyens et les usagers.
Le fonds met 230 millions d’euros sur la table pour rafler 12,5 % des
droits commerciaux rattachés à l’équipe, ce qui lui permettrait de négocier
des accords dans le monde entier pour vendre des droits de télévision et des
produits dérivés. Les joueurs s’inquiètent : quelles seront les contreparties
d’un tel engagement ? Exigera-t-on des All Blacks qu’ils courent la planète
pour multiplier les matchs d’exhibition ? N’y a-t-il pas un risque
d’appropriation culturelle, par une firme capitaliste anglo-saxonne, de
valeurs ancestrales ? Du côté des instances dirigeantes du rugby, on invoque
plus classiquement la nécessité de renflouer les caisses, structurellement
déficitaires et encore asséchées par la pandémie de Covid.
Les ressorts de cette polémique en disent long sur les investissements du
private equity dans le sport. L’attrait des fonds pour le rugby est
relativement nouveau, mais il en va tout autrement pour le football
professionnel, sport business par excellence. Les premières conquêtes
remontent aux années 1990, lorsqu’une poignée de fonds commencent à
racheter des clubs en pagaille, avec pour objectif de monétiser tout ce qu’ils
peuvent (marketing, produits dérivés...), avant de revendre au plus offrant et
de réaliser, si possible, une grosse plus-value. Le fonds britannique ENIC
(English national investment company) ouvre la voie. En 1999, son
dirigeant, Daniel Levy, exposait ses ambitions sans fausse pudeur :
Notre idée est de posséder un club, et un seul, dans chaque championnat professionnel européen.
Notre savoir-faire repose sur le football anglais qui est, de loin, le football le mieux organisé au
monde en ce qui concerne le marketing et la création de revenus supplémentaires. La plupart des
clubs en Europe, aujourd’hui, n’ont pour seules ressources que les droits télévisés et les entrées au
guichet. Ce que nous proposons aux équipes que nous rachetons est d’appliquer, chez elles, les
recettes qui ont fait le succès du football anglais. En Grèce, en France, partout en Europe, les gens
doivent avoir conscience que le football a changé et qu’il faut désormais le considérer comme un
business{139}.
Une pincée de patriotisme et une bonne dose de mercantilisme. Pour la
vision sportive, on repassera...
Depuis plusieurs années, la France est l’un des terrains de jeux favoris
des fonds d’investissement. Voici une liste non exhaustive des clubs dans
lesquels ils sont entrés, à un moment ou un autre : Girondins de Bordeaux
(King Street), Olympique lyonnais (IDG Capital), Paris Saint-Germain
(Colony Capital), LOSC Lille (Elliott Management), SM Caen (Oaktree),
Toulouse FC (Redbird Capital), Canet RFC (Athlon CIF), etc.
Il serait évidemment absurde de rendre les fonds d’investissement
responsables de la financiarisation du foot professionnel, gouverné par
l’argent roi depuis des années. Néanmoins, leur arrivée en force marque
peut-être une nouvelle ère dans l’histoire des clubs{140}. Dans les années
1930, ces derniers évoluaient sous la houlette de grandes entreprises
françaises, comme Casino (propriétaire du club de Saint-Étienne) ou
Peugeot (propriétaire de Sochaux). Les années 1980 voient l’arrivée
d’homme d’affaires, comme Bernard Tapie (Olympique de Marseille), Jean-
Michel Aulas (Olympique lyonnais) ou Louis Nicollin (Montpellier). La
décennie suivante est marquée par l’entrée en lice de grands groupes de
médias (Canal + au PSG) et de milliardaires (François Pinault à Rennes).
Les années 2010-2020 seront-elles celles des fonds d’investissement ?
Pour l’essentiel, deux facteurs expliquent l’engouement actuel des géants
financiers pour les clubs de foot : la perspective de réaliser une plus-value à
la revente, d’une part ; et un contexte économique particulier, de l’autre.
« Les fonds savent qu’ils trouveront toujours, demain, des acteurs prêts à
débourser de grosses sommes pour leur racheter les clubs, souligne Jérémie
Bastien, économiste du sport. Je pense notamment à ces investisseurs moins
intéressés par la rentabilité directe que par des gains en termes d’image, à
l’instar du Qatar avec le PSG{141}. »
Le Paris Saint-Germain est bien le meilleur exemple de ce qu’un club
peut susciter comme convoitise. Au printemps 2011, le fonds souverain
qatari rachète le PSG au fonds d’investissement américain, Colony Capital.
Depuis, il a englouti plus d’1,3 milliard d’euros en rachats de joueurs aussi
flamboyants qu’hors de prix (Kylian Mbappé, Neymar, etc.). Il faut dire
que, pour le Qatar, le sport est la pierre angulaire d’une politique de soft
power destinée à redorer une image de marque passablement écornée par le
reste de ses agissements (violation des droits de l’homme, financement
supposé du terrorisme, désastre écologique et humain de la Coupe du
monde de foot 2022, etc.). Il est évident que l’exemple parisien est un cas
extrême. Néanmoins, les fonds d’investissements font le pari qu’à l’avenir
il y aura toujours de plus en plus d’investisseurs – États, milliardaires, etc. –
prêts à signer des chèques astronomiques pour acquérir des clubs de foot.
L’autre facteur expliquant cet engouement est plus conjoncturel. En sport
comme ailleurs, la logique des fonds d’investissement tient en une phrase :
racheter à bas prix, revendre plus cher. Et en ce moment, le prix des clubs
européens navigue justement en basses eaux. Avec la crise liée au Covid,
leur valeur totale aurait chuté de 15 % en 2020{142}. Par ailleurs, les clubs
européens ont un besoin urgent de cash, encore accentué par l’effondrement
des recettes liées à la pandémie : selon certaines estimations, les vingt
principaux clubs européens auraient perdu 2 milliards d’euros pour la
saison 2020-2021 en droits télévisés et en tickets invendus. Et quelque 360
clubs nécessiteraient au moins 6 milliards d’euros d’argent frais sur deux
ans, sous forme d’endettement ou de recapitalisation{143}.
C’est dire à quel point il est urgent de freiner l’irrésistible ascension des
fonds d’investissement, nouveau fer de lance de la financiarisation du foot
(et du sport en général). D’une certaine façon, l’Allemagne a anticipé la
situation avant tout le monde, grâce à la loi dite du « 50+1. » Depuis 1998,
cette règle stipule qu’aucun investisseur privé ne peut détenir plus de 49 %
des parts d’un club de foot, que ce soit en ligue 1 ou en ligue 2. Pour
Jérémie Bastien, économiste du sport, ce type de législations, aussi
imparfaite soit-elle, peut servir de point d’appui :
Il faut contrôler davantage l’actionnariat des clubs, en limitant l’entrée des fonds de capital-
investissement et, plus globalement, de tous les actionnaires posant problème. Les rachats par effets
de levier, par exemple, mettent à mal l’économie du football, en creusant l’endettement des clubs qui
doivent consacrer de plus en plus de leurs ressources à rembourser les prêts. La règle allemande du
50+1 devrait être, a minima, étendue au niveau européen{149}.
Comment vivent les locataires après être passés dans le giron des fonds
d’investissement ? Mal, visiblement. En 2018, trois ONG américaines
publient une enquête fouillée{155} sur les pratiques des géants du private
equity, qui pointe de nombreux effets pervers : hausse annuelle vertigineuse
des loyers (souvent deux fois supérieure à la moyenne dans la même zone),
augmentation du nombre d’expulsions, frais exorbitants, etc. La faute, selon
les auteurs, aux taux de rendements exigés par les fonds. Maricella Castillo,
mère de deux enfants, raconte le calvaire qu’elle a vécu, avant de fuir son
logement, détenu par un fonds d’investissement :
À
Mon mari est un ancien soldat, désormais invalide. À son retour de l’armée, nous avons emménagé à
Sacramento (Californie), où nous avions grandi. Aucune famille ne devrait vivre ce que nous avons
enduré pendant cette période. En moins de trois ans, notre loyer a grimpé de 400 dollars, pour
atteindre 1 600 dollars par mois : impossible de nourrir ma famille à ce prix-là. Nous avons dû faire
face à de nombreux problèmes de maintenance. Nos tuyaux fuyaient, notre four est resté en panne
durant un an et demi. J’aime cuisiner : comment voulez-vous que je fasse à manger à ma famille avec
un four en panne ? Quant à notre clôture, elle était dans un tel état que je n’osais même pas faire
jouer mes enfants dans la cour ! Notre douche était en train de pourrir faute de ventilation{156}...
Au fond, les dégâts sociaux induits par les LBO (restructurations, dépôts
de bilan...) sont le prix à payer pour obtenir de tels niveaux de rendements.
Lorsqu’un riche investisseur confie son argent à un géant du private equity,
il s’attend à bénéficier d’un taux de rentabilité défiant toute concurrence,
sans trop se soucier des pots cassés.
Cette quête sans fin de profitabilité peut porter atteinte à la santé de
l’entreprise rachetée parce qu’elle subordonne le moindre investissement à
la loi du court-termisme, mais aussi parce que la culture financière des
fonds peut déstabiliser des PME fonctionnant selon un mode de
gouvernance plus « familial ». Bien sûr, tous les LBO ne se concluent pas
en déconfiture. Mais, en règle générale, les dépôts de bilan s’expliquent par
trois types de raisons, selon Jean-Étienne Palard, chercheur en sciences de
gestion :
Les faillites peuvent être liées au fait que l’entreprise cible n’avait pas le potentiel espéré. Elles
peuvent aussi s’expliquer par un effet de levier [endettement] trop important, qui fragilise
l’entreprise. C’était le cas pour Vivarte, par exemple{182}. Enfin, il ne faut pas sous-estimer les
problèmes de personnes. Lorsqu’un fonds d’investissement entre au capital d’une entreprise, il n’est
pas rare de voir de nombreux managers quitter le navire car ils ne se retrouvent plus dans la nouvelle
gouvernance de la société. Cela entraîne des pertes de compétences parfois considérables{183}.
La dette, pour les fonds d’investissement, est bien plus qu’un simple
instrument de gestion. C’est une arme qui leur permet d’instaurer une
discipline de fer au sein des entreprises qu’ils rachètent. Cette arme leur
permet également d’étendre leur influence au cœur du capitalisme, jusqu’à
concurrencer deux de ses institutions les plus incontournables : la Bourse et
les banques elles-mêmes.
Commençons par la Bourse. Pendant des décennies, ce temple de
l’économie de marché faisait figure de terre promise pour de très
nombreuses entreprises – du moins pour leurs propriétaires – qui jouaient
des coudes pour pouvoir y entrer. Ce n’est plus le cas. En France comme
aux États-Unis, le nombre d’entreprises cotées a fondu comme neige au
soleil, tandis que le nombre de sociétés détenues par des fonds grimpait en
flèche. Au pays de l’Oncle Sam, par exemple, on comptait 8 000 entreprises
sous LBO en 2017, soit deux fois plus qu’en 2006. Dans le même temps, le
nombre de sociétés cotées en Bourse a chuté de 16 %, à seulement
4 300{184}. Même tableau en France où le nombre d’entreprises cotées a lui
aussi chuté d’au moins 15 %. À l’inverse, le private equity finance
désormais davantage les entreprises que la Bourse : en cinq ans, le secteur
aurait injecté 65 milliards d’euros dans des entreprises françaises, contre
seulement 15 milliards pour la Bourse{185}.
Plusieurs raisons expliquent ce grand mouvement de bascule. Les jeunes
entreprises hésitent de plus en plus à entrer au CAC 40 ou à Wall-Street,
échaudées par l’instabilité des marchés financiers et par les coûts
nécessaires aux introductions en Bourse. Elles préfèrent se tourner vers les
fonds d’investissement, dont les poches regorgent de cash. Par ailleurs, le
rêve du jeune entrepreneur ambitieux n’est plus d’atteindre la taille
suffisante pour entrer en Bourse, mais plutôt de se faire racheter à prix d’or
par une grosse entreprise...
Ce basculement exacerbe les rêves de grandeur des fonds
d’investissement. Une fois par an, le gratin du private equity se donne
rendez-vous dans l’un des hôtels les plus luxueux de Berlin,
l’InterContinental, pour un sommet baptisé SuperReturn. Investisseurs,
gérants de fonds et analystes y viennent pour étoffer leur carnet d’adresses
et échanger sur leur vision de l’avenir. En février 2019, la grand-messe du
secteur a tourné au numéro d’autocélébration{186}. « Nous sommes en train
de remplacer les marchés de capitaux », s’est félicité l’un des participants,
comme pour entériner le changement de pouvoir en cours au sein du
capitalisme...
Les fonds pourraient bien ne pas s’arrêter là. Non contents de
concurrencer la Bourse, ils s’attaquent désormais à la toute-puissance des
grandes banques pour s’asseoir eux aussi à la table des créanciers du
monde. Depuis plusieurs années, les établissements bancaires prêtent de
moins en moins aux entreprises, mettant en avant des contraintes
réglementaires instaurées aux lendemains du krach de 2007-2008 : dans la
foulée de la crise des subprimes, le Comité de Bâle, réunissant autorités de
supervision bancaire et banques centrales, a cherché à accroître la solidité
des banques, dans l’objectif revendiqué d’éviter une nouvelle déflagration
mondiale. Ainsi, les accords dits de Bâle 3, signés en 2010, obligent ces
dernières à augmenter leurs niveaux de fonds propres – l’ensemble de leurs
ressources – par rapport à la totalité de leurs prêts. C’est ce qu’on appelle le
ratio de solvabilité. Devant ces nouvelles règles, les banques ont préféré
réduire le volume de leurs prêts aux entreprises, laissant le champ libre aux
acteurs pratiquant le « shadow banking » (ou finance de l’ombre).
Contrairement aux établissements bancaires, ces acteurs ne sont pas soumis
aux contraintes réglementaires de type Bâle 3, et peuvent prêter aux
entreprises comme ils l’entendent.
Les grands fonds d’investissement s’en donnent à cœur joie, prêtant à des
taux d’intérêt juteux. Blackstone, Apollo et les autres lèvent ainsi des
milliards de dollars de fonds de dette privée, pour financer, essentiellement,
deux types d’opérations : LBO (rachats par endettement) et croissance
externe (rachats d’entreprises par une société désirant grossir).
En mars 2019, par exemple, Blackstone propose ses services à un autre
fonds, l’Américain Advent, qui cherche alors à financer le rachat par
endettement d’une grosse filiale appartenant à un géant de la chimie
allemand, Evonik. Pour mettre la main sur cette filiale qui fabrique le bien
connu Plexiglas, Advent doit débourser 3 milliards d’euros. Blackstone
propose de lui prêter la moitié de la somme, soit la bagatelle d’1,5 milliard.
Un record historique pour un fonds. Si l’offre du mastodonte de Stephen A.
Schwarzman est acceptée, cela signifie qu’il coiffe au poteau des banques
aussi prestigieuses que Goldman Sachs ou Barclays, elles aussi dans la
boucle pour financer le LBO. Mais, finalement, Advent décline la
proposition. Selon les initiés, ce refus serait lié au taux d’intérêt pratiqué
par Blackstone, deux fois plus élevé que celui des banques{187}. Le fonds de
Stephen A. Schwarzman s’est montré trop gourmand pour emporter le
morceau...
Mais ce revers n’inverse pas la tendance observée depuis plusieurs
années. D’ailleurs, un mois avant la proposition de Blackstone, un autre
géant américain du nom d’Ares avait fourni un prêt d’un milliard de livres à
un groupe de télécoms britannique, Daisy. Et l’un des concurrents directs de
Blackstone, Apollo, que l’on a déjà croisé dans ce livre{188}, n’hésite pas à
défier les banques d’affaires sur leur terrain : en 2020, les activités de crédit
du fonds d’investissement représentaient 200 milliards de dollars au total –
dix fois plus que douze ans plus tôt –, répartis dans des secteurs aussi variés
que les prêts aux entreprises, les crédits hypothécaires ou les prêts
immobiliers.
Il est évidemment trop tôt pour tirer des conclusions définitives. Même si
les patrons du private equity nourrissent des rêves de toute-puissance,
légitimés par la rapidité de leur ascension, il leur reste du chemin à
parcourir pour devenir les nouveaux banquiers de la planète. Mais si cet
avènement devait avoir lieu, il va de soi qu’il marquerait un tournant dans
l’histoire du capitalisme moderne, irrigué par les banques depuis au moins
deux siècles...
En attendant cette hypothétique passation de pouvoir, Blackstone se paye
le luxe de damer le pion aux établissements bancaires cotés en Bourse :
début mars 2020, la valeur totale de ses actions atteignait 69,2 milliards de
dollars, contre 69 milliards « seulement » pour Goldman Sachs et
65 milliards pour Morgan Stanley. Ou comment une firme née dans les
années 1980, employant à peine 3 000 salariés dans le monde, a fini par
égaler – du moins sur le terrain boursier – des banques d’affaires
centenaires.
La folie des LBO
Le scandale Toys’R’Us
Le LBO porte en lui-même les germes de ses excès : lorsque l’appétit des
fonds se nourrit d’argent magique, issu d’un endettement sans fin, à quoi
riment les appels à la modération ? Une autre affaire illustre la folie du
système. Il n’est pas question cette fois-ci de « dividend recap », mais d’une
pratique consistant pour les actionnaires à prélever des bonus exorbitants,
alors même qu’ils savent l’entreprise en route pour le dépôt de bilan.
Précisons que cette technique n’est pas l’apanage des fonds
d’investissement, mais que ces derniers s’y sont illustrés plus d’une fois.
Tout le monde connaît Toys’R’Us, la célèbre marque de jouets
américains, fondée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale sur une
intuition de son créateur, Charles Lazarus (1923-2018). À l’époque, ce
dernier en est persuadé, les années 1950 seront celles des enfants. Son
enseigne voit le jour en 1957, avec son fameux « R » retourné qu’il a écrit
ainsi pour donner l’impression que c’est un enfant qui l’a dessiné. Dans
l’Amérique du baby-boom, aiguillonnée par les promesses de la société de
consommation et une confiance sans faille dans l’avenir, la marque créée
par Lazarus voit sa popularité s’envoler. Soixante ans plus tard, le
changement d’ambiance est brutal. Nous sommes en septembre 2017, le
fondateur vit ses derniers instants et Toys’R’Us dépose le bilan, plongeant
64 000 salariés dans l’angoisse. Au total, la moitié d’entre eux finiront
licenciés...
Cette déconfiture tient en bonne partie aux errances stratégiques de la
direction, prise de vitesse par le virage Internet et la concurrence des géants
de la grande distribution, mais pas seulement. En 2005, un trio de fonds
d’investissement – Bain Capital, KKR et Vornado – a mis la main sur
l’enseigne. Coût total de l’acquisition : 6,6 milliards de dollars. Fidèles à
leur habitude, les fonds n’ont déboursé qu’une fraction de la somme,
empruntant 5,3 milliards par le biais d’un LBO. Voilà donc l’entreprise
entravée par une dette géante, qu’elle devra rembourser à raison de
400 millions de dollars par an. Nul doute que ce fardeau a contribué à
fragiliser le géant du jouet.
Ce n’est pas tout. Quelque temps après la faillite de 2017, de nombreux
créanciers de l’enseigne se regroupent au sein d’une fiducie, le TRU
Creditor Litigation Trust, avec la ferme intention de récupérer une partie de
leur argent envolé. Après de longs mois d’enquête, ils déposent une plainte
devant la Cour suprême de l’État de New-York, le 12 mars 2020. Dans ce
document de 111 pages, ils tirent à boulets rouges sur ceux qu’ils tiennent
pour responsables du naufrage, à savoir un petit groupe de dirigeants, pour
la plupart liés aux fonds d’investissement{201}. À partir de 2014, écrivent-ils,
l’enseigne est aux mains de six administrateurs : deux d’entre eux sont
employés par Bain, deux par KKR et les deux derniers par Vornado. Le
1er juin 2015, les administrateurs nomment un de leurs proches, David
Brandon, PDG de l’entreprise.
Les plaignants sont formels : selon eux, tous ces dirigeants auraient
manqué à leurs devoirs. Depuis le LBO de 2005, les fonds propriétaires
exigeaient de l’enseigne de jouets qu’elle leur verse de généreux « frais de
conseil ». Chaque année, les six administrateurs de Toys’R’Us décidaient
sans sourciller de reconduire les enveloppes. Dans la mesure où ils étaient
directement employés par les fonds, on imagine qu’ils avaient tout intérêt à
garder le robinet ouvert.
Problème : selon les plaignants, ces frais sont doublement injustifiés.
D’abord, parce qu’ils ne correspondent à aucun travail réellement effectué
par les fonds ; ensuite, parce qu’ils représentent des sommes rondelettes,
alors même que l’entreprise navigue déjà dans le rouge. Entre 2014 et 2017,
près de 18 millions de dollars auraient ainsi atterri dans les caisses des
fonds par ce biais.
Les plaignants accusent également le PDG de s’être bricolé une
rémunération sur mesure, sans rapport avec les prix du marché. En
avril 2017, alors que l’entreprise se dirige tout droit vers l’abîme, sa
principale préoccupation semble être d’octroyer, à lui comme aux hauts
dirigeants de Toys’R’Us, le plus gros bonus possible (75 % de leur salaire
de base, selon la plainte). Ainsi, trois jours avant le dépôt de bilan, il aurait
fait virer sur leurs comptes bancaires la totalité des bonus, soit 16 millions
de dollars. Et le tout aurait été validé, là encore sans l’ombre d’une
hésitation, par les administrateurs nommés par les fonds d’investissement.
À l’heure où nous écrivons ces lignes, le procès, censé ouvrir le
er
1 novembre 2021, ne s’est pas encore tenu.
L’ombre des subprimes
« Qui paie ses dettes s’enrichit », dit un fameux adage. Depuis trente ans,
les dirigeants des grands fonds d’investissement s’emploient à démontrer
qu’il est tout aussi possible de s’enrichir en endettant les autres. Le LBO* a
permis l’émergence d’une nouvelle élite financière. Mais, en prenant le
pouvoir par la dette, ces gérants ne se contentent pas de soigner leur compte
en banque : ils modifient en profondeur la gestion des entreprises, soumises
au bon vouloir d’actionnaires insatiables. Loin d’être des créations
spontanées, ces techniques de prédation s’inscrivent dans un cadre
conceptuel, échafaudé dans les années 1970 aux États-Unis, qui leur tient
lieu de légitimité scientifique.
Jean-Étienne Palard, docteur en sciences de gestion résume :
Les grandes idées financières viennent souvent des universitaires. En l’occurrence, les travaux de
Michael Jensen [professeur d’économie financière, né en 1939] et William Meckling [professeur de
management, mort en 1998] ont eu une influence majeure sur le monde des affaires. Leur « théorie
de l’agence », définie et approfondie dans plusieurs articles au cours des années 1970 et 1980, fournit
une justification aux opérations de LBO. Selon leur approche, la dette n’est pas seulement un
instrument de financement mais un outil de contrôle des dirigeants : en endettant les boîtes, on oblige
ces derniers à prendre des décisions qui vont dans le sens des actionnaires. La dette devient un outil
politique, facilitant la confiscation de la valeur créée par un tout petit nombre d’individus{206}.
Désintoxiquer l’économie
Financer autrement
Actif financier : titre ou contrat généralement négociable sur un marché financier. Des actions ou des
obligations, par exemple, sont des actifs financiers.
Capital-investissement (private equity en anglais) : activité consistant à prendre des participations
(c’est-à-dire acheter des actions) dans des entreprises généralement non cotées en Bourse. Il
peut s’agir de financer le démarrage d’une entreprise (capital-risque, ou venture capital) ; son
développement (capital-développement) ou son retournement (capital-retournement), c’est-à-
dire le redressement d’une société en difficulté.
Fonds vautour : surnom péjoratif donné à un fonds d’investissement spécialisé dans le rachat à bas
coût de dettes émises par des entreprises en difficultés, avec pour objectif de prendre le contrôle
de l’entreprise en convertissant ensuite sa dette en actions. Ces dettes à bas prix sont dites
« décotées » (distressed debt). Les plus gros fonds d’investissement de la planète ont souvent
des départements spécialisés dans le distressed.
Hedge fund : fonds d’investissement dit « alternatif », moins régulé qu’un fonds classique, qui va
chercher des rendements très importants par des méthodes de spéculation boursière risquées.
Holding : société ayant pour vocation de détenir des parts d’autres sociétés afin d’en assurer la
direction et le contrôle.
Investisseurs institutionnels : parfois baptisés « zinzins » dans le langage populaire, il s’agit
d’organismes collectant l’épargne des particuliers, pour les placer sur les marchés. Ces
investisseurs peuvent confier leur argent aux fonds de capital-investissement, dans le but de
faire fructifier leur épargne. Parmi les « zinzins », on compte notamment les fonds de pension,
collectant l’épargne des futurs retraités.
LBO (leverage buy-out) ou rachat par endettement : acquisition d’une entreprise par le biais d’un
emprunt. Le but étant que l’activité de la société rachetée permettra ensuite de dégager
suffisamment de « cash » (liquidités) pour le rembourser.
Private equity : voir Capital-investissement.
{1} Tous les termes suivis d’un astérisque sont définis dans le glossaire, p. 171.
{2} Lire par exemple : Annie Kahn, « Quand les patrons vantaient les bienfaits du management par le
stress », Le Monde.fr, 21 octobre 2009, ou Cyril Azouvi, « Stress : jusqu’où un chef peut-il mettre la
pression ? », Capital.fr, 27 mars 2008.
{3} « LBO : le management par la tyrannie du cash », compte rendu rédigé par Pascal Lefebvre,
séminaire organisé le 12 janvier 2007 par Les amis de l’École de Paris du management, p. 11.
{4} Entretien réalisé en août 2020.
{5} Entretien réalisé en février 2021.
{6} Chiffre cité par le tribunal de commerce d’Évry, dans sa décision du 25 septembre 2020 [en
ligne].
{7} Xavier Demarle, « La France du LBO a maintenu son rang cette année », Les Échos.fr,
16 décembre 2019.
{8} « LBO : le management par la tyrannie du cash », op. cit., p. 6
{9} Chibuike Oguh, « Blackstone CEO Schwartzman took home $610.5 million in 2020 », Reuters, 1er
mars 2021.
{10} Lorenna Buck, Kanchan Samtani, Sara Kuller, Vinay Shandal et Russell Kellner, « How private
equity can catch up on diversity », BCG, 3 juin 2021.
{11} « Private equity at work », rapport publié par Invest Europe en mai 2021 [en ligne].
{12} Sources : communiqués de presse, rapports annuels.
{13} Le groupe audiovisuel public PBS, par exemple, l’intègre dans sa liste des « innovateurs qui ont
fait l’Amérique » : « They made America » [en ligne].
{14} Master of business administration : diplôme très prisé des dirigeants d’entreprise et des cadres
supérieurs, comprenant un enseignement en management, marketing, finance, etc.
{15} « Harvard Business School’s Baker Library receives papers of professor Georges Doriot »,
article publié sur le site de Harvard (www.hbs.edu), le 23 avril 2012 [traduction par l’auteur].
{16} Spencer E. Ante, Creative Capital. Georges Doriot and the Birth of Venture Capital, Harvard
Business Press, 2008 [traduction par l’auteur].
{17} « Harvard Business School’s Baker Library receives papers of professor Georges Doriot », op.
cit. [traduction par l’auteur].
{18} David H. Hsu et Martin Kenney, « Organizing venture capital: the rise and demise of American
research & development corporation, 1946-1973 », Industrial and Corporate Change, 2005.
{19} Spencer E. Ante, op. cit.
{20} Spencer E. Ante, op. cit. [traduction par l’auteur].
{21} Fabrizio Calvi et Marc J. Masurovsky, Le Festin du Reich. Le Pillage de la France occupée
1940-1945, Paris, Fayard, 2006.
{22} Fabrizio Calvi, « Les secrets des grands espions : l’“Alchimiste”, collabo et businessman », Le
Point, 19 décembre 2015.
{23} Henry Rousso, Pétain et la fin de la collaboration. Sigmaringen, 1944-1945, Paris, Éditions
Complexe, 1984.
{24} Fabrizio Calvi, art. cit.
{25} Lire notamment l’entretien de Fabrizio Calvi, « Le chiffre total du pillage de la France est sans
doute plus proche des 1 200 milliards d’euros d’aujourd’hui », par Adrien de Tricornot, dans Le
Monde.fr du 21 mai 2014.
{26} Paul Camacho, agent du Fisc américain pendant vingt-cinq ans et spécialiste du blanchiment
d’argent, évoque les troubles activités de Doriot au détour d’un article historique publié le 1er
septembre 2019 dans la revue spécialisée Acams Today: « The birth of Ofac and the rise of global
sanctions ».
{27} En février 2021, KKR gérait 252 milliards de dollars d’actifs dans le monde, selon les
informations publiées par le fonds.
{28} Société ayant pour vocation de détenir des parts d’autres sociétés afin d’en assurer la direction et
le contrôle.
{29} Marc Levinson, The Box. Comment le conteneur a changé le monde, Paris, Max Milo, 2011.
Toutes les données concernant le LBO réalisé par McLean sont empruntées à cet ouvrage de
référence.
{30} George Anders, Merchants of Debt : KKR and the Mortgaging of Americain Business, Hopkins,
Beard Books, 2002, p. 7 [traduction par l’auteur]. Les informations concernant les débuts de KKR
sont tirées de cet ouvrage.
{31} Terme polysémique qui renvoie notamment au renouvellement théorique du libéralisme à la fin
des années 1970, sous l’impulsion d’économistes comme Milton Friedman. Politiquement, le
néolibéralisme est incarné par Ronald Reagan aux États-Unis et Margaret Thatcher en Grande-
Bretagne, qui mettent en œuvre ses grands principes – recul de l’État, lutte contre l’inflation, baisse
de la fiscalité pesant sur les plus riches, dérégulation financière, etc. Cette doctrine cherche à
délégitimer les théories de John Maynard Keynes, économiste britannique prônant au contraire une
intervention des pouvoirs publics dans la sphère économique.
{32} Sur l’histoire américaine du capital-investissement, lire notamment l’article de l’économiste
Bernard Paulré, « Le capital-risque aux États-Unis, 1959-2001 », 2003 [en ligne].
{33} Steve Coll, « Henry Kravis turns buyouts into empire worth billions », The Washington Post,
4 décembre 1988.
{34} Lire, notamment, George Anders, op. cit.
{35} Lire la remarquable enquête de Susan C. Faludi, « A buyout’s bitter fallout », Tampa Bay Times,
6 juillet 2006.
{36} Ibid. [traduction par l’auteur].
{37} George Anders, op. cit, p. 11.
{38} Ibid., p. 12.
{39} Ibid.
{40} Ibid., p. 9.
{41} Yves Montand participe, le 22 février 1982, à l’émission « Vive la crise », sur Antenne 2. Ce
moment charnière de l’histoire de France, qu’il n’est pas question de développer ici, a été analysé par
de nombreux chercheurs et journalistes. Lire notamment François Denord, Le Néo-libéralisme à la
française. Histoire d’une idéologie politique, Marseille, Agone, coll. « Éléments », 2016, et Mathias
Bernard, Les Années Mitterrand. Du changement socialiste au tournant libéral, Paris, Belin, 2015.
{42} Marlène Benquet et Théo Bourgeron, « Accumuler le capital. Sociohistoire du capital-
investissement en France, 1982-2017 », Actes de la recherche en sciences sociales, « Économie
politique de la financiarisation », no 229, 2019, p. 46-71.
{43} Fabien Foureault, « L’organisation de la financiarisation. Structure et développement du champ
des fonds d’investissement en France », Revue française de sociologie, Presses de Sciences Po, vol.
59, 2018, p. 37-69.
{44} Le rôle et les missions de ce lobby sont décrits dans le chapitre 4.
{45} Sur la crise des subprimes, lire p. 121 du présent ouvrage.
{46} Marlène Benquet et Théo Bourgeron, art. cit.
{47} Marie-Annick Depagneux, « BSN Glasspack : la cour d’appel annule le plan social », Les Échos,
12 octobre 2001.
{48} Franck Dedieu et Géraldine Meignan, « Ainsi font, font, font les fonds d’investissement »,
L’Expansion, 1er septembre 2005.
{49} Jacques Barraux, « Entreprise familiale : la prochaine étape », Les Échos, 27 février 1997.
{50} Fabien Foureault, op. cit.
{51} « Le jackpot de l’ex-PDG de la Halle », Le Parisien, 9 avril 2015. Marc Lelandais a toujours
démenti le chiffre.
{52} Entretien réalisé en mai 2015.
{53} « Georges Plassat, l’homme du grand défi », Reuters, 30 janvier 2012.
{54} Tous les chiffres cités dans les paragraphes concernant Vivarte sont issus de rapports d’expertise
confidentiels sur les comptes de l’entreprise, réalisés entre 2004 et 2015 et consultés par l’auteur.
{55} Cf. chapitre 1 et glossaire.
{56} Un covenant est une clause insérée dans un contrat entre créancier et débiteur. Lorsque le
débiteur ne respecte pas ses engagements (bris de covenant), le créancier peut exiger le
remboursement total de l’emprunt.
{57} Entretien réalisé en mai 2015.
{58} Indicateur financier permettant de mesurer la capacité d’une entreprise à dégager de la rentabilité
grâce à sa seule activité. Une entreprise avec un EBE négatif n’est pas rentable.
{59} Entretien réalisé en mai 2015.
{60} Entretien réalisé en décembre 2020.
{61} Lire, notamment, « Vivarte a bouclé la restructuration de sa dette », AFP, 29 octobre 2014.
{62} « Le jackpot de l’ex-PDG de la Halle », Le Parisien, 9 avril 2015.
{63} Chiffre issu de rapports d’expertise confidentiels sur les comptes de l’entreprise, réalisés entre
2004 et 2015.
{64} Cf. chapitre 1.
{65} Chiffre issu de rapports d’expertise confidentiels sur les comptes de l’entreprise, réalisés entre
2004 et 2015.
{66} Entretien réalisé en mars 2021 (pour cette citation et les suivantes).
{67} Cette citation et les suivantes sont tirées de : Isabelle Chambost, « De la finance au travail. Sur
les traces des dispositifs de financiarisation », La nouvelle revue du travail, 30 octobre 2013.
{68} Anne-Laure Peytavin, « Private equity : la ruée vers l’investissement distressed »,
Wansquare.com, 25 juin 2020.
{69} Entretien réalisé en août 2021.
{70} Information relative aux rémunérations 2018-2019 du directoire, document daté du 22 février
2009, publié sur Vallourec.com [en ligne].
{71} Entretien réalisé en février 2021.
{72} Entretien réalisé en mars 2021.
{73} Entretien réalisé en mars 2021.
{74} Il s’agit notamment de Fabien Roussel, député PCF ; Maxime Renahy, enquêteur ; et Eva Joly,
avocate.
{75} Expertise confidentielle datée du 4 février 2021, réalisée par un expert aux comptes, en
possession de l’auteur.
{76} Maxime Renahy, « Verallia licencie mais envoie pourtant des centaines de millions d’euros dans
les paradis fiscaux », Le Média, 9 septembre 2020.
{77} Entretien réalisé en février 2021.
{78} Ibid.
{79} Entretien réalisé en octobre 2020 pour cette citation et les suivantes.
{80} Earning before interest, taxes, depreciation and amortization. Indicateur anglo-saxon proche de
l’excédent brut d’exploitation qui sert à mesurer la capacité d’une entreprise à dégager des profits
grâce à sa seule activité, indépendamment de sa politique de financement.
{81} Ensemble de bonnes pratiques en matière sociale et environnementale, au caractère faiblement
contraignant car reposant très largement sur la bonne volonté des entreprises.
{82} Concept clé dans l’économie néoclassique (libérale), selon lequel un individu obéit toujours à
des logiques rationnelles, visant à maximiser son profit.
{83} Entretien réalisé en juin 2021.
{84} Pour simplifier, un taux de rendement de 20 % signifie que lorsque l’on investit 100 euros, on
récupère 120 euros l’année suivante. Bien sûr, cela ne signifie pas que les clients des fonds
d’investissement empocheront la totalité de ces 120 euros, les fonds prélevant de confortables frais
sur les bénéfices, comme on va le voir plus loin.
{85} Entretien réalisé en mai 2021.
{86} Cf. chapitre 6.
{87} Ibid.
{88} Chibuike Oguh, « Blackstone CEO Schwarzman took home $610.5 million in 2020 », Reuters,
1er mars 2021.
{89} Anders Melin, « Elon Musk’s outrageous moonshot award catches on across America »,
Bloomberg, 4 août 2021.
{90} Fanny Guinochet, « Les salaires des patrons des grandes entreprises ont diminué de 14 % en
2020 », FranceInfo, 12 novembre 2021.
{91} Entretien réalisé en mars 2021.
{92} Ibid.
{93} Ludovic Phalippou, « An inconvenient fact : private equity returns & the billionaire factory »,
University of Oxford, Said Business School, working paper publié le 10 juin 2020.
{94} Adam Corlett, Arun Advani et Andy Summers, « Who gains ? The importance of accounting for
capital gains », Resolution fondation, mai 2020.
{95} Andrew Ross Sorkin, « Private equity’s favorite tax break may be in danger », New York Times,
23 avril 2021.
{96} Entretien réalisé en mai 2021.
{97} Chiffres tirés du classement Challenges des 500 plus grandes fortunes françaises, pour l’année
2020.
{98} Cf. chapitre 1.
{99} Renaud Lecadre, « Des Tunisiens sapent la délocalisation de Morgan », Libération, 13 octobre
2009.
{100} Entretien réalisé en juillet 2021.
{101} Sophie Coignard et Romain Gubert, L’oligarchie des incapables, Paris, Albin Michel, 2012,
chapitre 22.
{102} Lukas Huberty, « Quel que soit votre domaine d’expertise professionnelle, vous pouvez avoir
un impact social déterminant », Kipthinking.com, 22 septembre 2019.
{103} Ibid.
{104} Lire notamment le classement établi par Forbes en 2018 des « 75 personnalités les plus
puissantes du monde ».
{105} Bess Levin, « Populist hero Stephen Schwarzman’s birthday blowout included fireworks,
acrobats, and live camels », Vanity Fair, 13 février 2017.
{106} Andrew Clark, « The Guardian profil : Stephen Schwarzman », The Guardian, 15 juin 2007
[traduction par l’auteur].
{107} Jonathan Alter, « Schwarzman: “It’s a war” between Obama, Wall St. », Newsweek, 15 août
2010.
{108} Jessica Silver-Greenberg, Ben Protess et Michael Corkery, « The benefits of standing by the
President », The New York Times, 19 août 2017.
{109} Outil numérique disponible à l’adresse : https://www.forbes.com/trump-biden-2020-election-
donations [en ligne].
{110} Calculs effectués par l’auteur, à partir de la base de données de l’ONG Center for Responsive
Politics, disponible à l’adresse opensecrets.org [en ligne].
{111} Entretien réalisé en avril 2021.
{112} Calculs effectués par l’auteur, à partir de la base de données de l’ONG Center for Responsive
Politics, disponible à l’adresse opensecrets.org [en ligne].
{113} Sur les relations extrêmement tendues entre Trump et le renseignement américain, lire
notamment : Gilles Paris, « Donald Trump s’en prend à ses services de renseignement », Le Monde,
31 janvier 2019.
{114} Entretien réalisé en mai 2021.
{115} Référence à un film de Martin Scorsese (2013) qui raconte l’ascension et la chute d’un
flamboyant courtier en Bourse, interprété par Leonardo DiCaprio.
{116} Entretien réalisé en mai 2021.
{117} Entretien réalisé en juin 2021.
{118} Aroun Benhaddou, « Emmanuel Macron replace la finance au cœur de la politique », Les Échos,
19 mai 2016.
{119} Expression désignant l’épargnant.e lambda.
{120} Entretien réalisé en mai 2021.
{121} Communiqué de presse du 29 juillet 2021.
{122} Sylvain Deshayes, « La nouvelle vie dorée de François Fillon chez Tikehau capital », Capital,
3 novembre 2017.
{123} Communiqué de presse du 22 août 2017.
{124} Entretien réalisé en juin 2021.
{125} Entretien réalisé en juillet 2021.
{126} Lire notamment : Benoit Vitkine, « Poutine et Fillon, une amitié géopolitique », Le Monde,
22 novembre 2016.
{127} Tugdual Denis, La vérité sur le mystère Fillon, Paris, Plon, 2020.
{128} Audition du 20 juin 2018, disponible sur le site du Sénat à l’adresse :
http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20180618/ce_hautefonctionpublique.html#toc5 [en
ligne].
{129} « Délibération no 2018-178 du 21 novembre 2018 portant rapport spécial relatif à la situation de
Madame Fleur Pellerin », disponible sur le site de la HATVP. Toutes les informations contenues dans
les paragraphes suivants sont issues de ce document.
{130} Dans le cas contraire, l’ancienne ministre prend le risque d’être poursuivie pour prise illégale
d’intérêts, passible de trois ans d’emprisonnement et d’une amende de 200 000 euros (Article 432-13
du Code pénal).
{131} Seung Min Kim et Maggie Severns, « Bayh net worth soared since leaving Senate »,
Politico.com, 10 octobre 2016.
{132} Mike McIntire, « Clintons made $109 million in last 8 years », The New York Times, 5 avril
2008.
{133} Le 29 avril 1992, l’acquittement de quatre policiers accusés d’avoir passé à tabac un jeune Noir,
Rodney King, déchaîne la colère de la population, excédée par le racisme et les inégalités sociales.
100 000 personnes descendent dans les rues. La situation finit par dégénérer.
{134} Bain Capital détenait 130 milliards de dollars d’actifs dans le monde en 2021.
{135} Glenn Kessler, « Mitt Romney and 100 000 jobs: an untenable figure », The Washington Post,
10 janvier 2012.
{136} Tom Hamburger, Melanie Mason et Matea Gold, « A closer look at Mitt Romney’s job creation
record », Los Angeles Times, 22 juin 2012.
{137} Rapport annuel de Blackstone, publié le 27 janvier 2021.
{138} Liam Napier et Elliott Smith, « Rugby: Top All Blacks block $465 million deal in explosive
letter to New Zealand Rugby », NZ Herald, 26 mars 2021 [traduction par l’auteur].
{139} Frédéric Potet, « Propriétaire de quatre clubs, ENIC est la première holding du football
professionnel », Le Monde, 14 avril 1999.
{140} « Focus sur les fonds d’investissement à l’heure du rachat probable de Toulouse », L’Équipe,
28 mai 2020.
{141} Entretien réalisé en mai 2021.
{142} Xavier Martinage, « Football : la valeur des clubs s’effondre, les Français tirent leur épingle du
jeu », Capital, 30 mai 2021.
{143} Christophe Palierse, « PSG, Manchester United, Barça : la saison noire des cadors du foot »,
Les Échos, 1er février 2021.
{144} Ce bras de fer a été abondamment décrit dans la presse française. Lire, notamment : Isabelle
Couet, « Argentine : les fonds “vautours” raflent la mise », Les Échos, 3 mars 2016.
{145} Yves Adaken, « LOSC : derrière l’éviction de Gérard Lopez, la valse opaque des millions »,
Mediacités, 8 janvier 2021.
{146} Nous avons déjà croisé ce fonds, qui s’est tristement illustré dans sa gestion du dossier Vivarte,
dans le chapitre 2.
{147} Entretien réalisé en mai 2021.
{148} Ibid.
{149} Ibid.
{150} Entretien réalisé en août 2021.
{151} Ibid.
{152} « Report to the Commissioner on Post Sale Reporting FHA Single Family Loan Sale
Program », publié en octobre 2016 par le ministère américain du Logement.
{153} Entretien réalisé en août 2021.
{154} Blackstone a depuis placé l’entreprise en Bourse et s’est délesté de toutes ses actions, fin 2019.
{155} « Wall Street Landlords turn American Dream into a Nightmare », rapport réalisé par ACCE
Institute, Americans for Financial Reform et Public Advocates, publié en janvier 2018 [traduction par
l’auteur].
{156} Ibid.
{157} Lire, notamment : Antonio Ponce, « Las quejas contra el fondo Blackstone crecen en la
periferia de Madrid », El País, 18 septembre 2019.
{158} José Luis Aranda, « Blackstone recuerda a Podemos que el alquiler social “es responsabilidad
de las Administraciones Públicas” », El País, 2 février 2021.
{159} Lire, notamment, « Rapport de la Rapporteuse spéciale du logement convenable en tant
qu’élément du droit à un niveau de vie suffisant ainsi que sur le droit à la non-discrimination à cet
égard », 18 janvier 2017.
{160} Entretien réalisé en juillet 2021.
{161} Vaste projet de réseau de transport public, impliquant la création de quatre lignes de métro
autour de Paris et l’extension de lignes existantes.
{162} Entretien réalisé en juillet 2021.
{163} Philippe Guezenec, « Assiste-t-on à la fin de la consolidation des cliniques privées
françaises ? », Les Échos, 20 mars 2020. Nota bene : Les chiffres cités ici concernent les
établissements privés à but lucratif de soins de courte durée ou pluridisciplinaires. Le secteur de la
santé privé à but lucratif comprend d’autres structures : cliniques psychiatriques, établissements de
réadaptation, etc.
{164} Entretien réalisé en septembre 2021.
{165} Entretien réalisé en septembre 2021.
{166} Entretien réalisé en juillet 2021.
{167} Sur la contamination de l’hôpital par les normes du « new public management », lire
notamment : Jean-Paul Domin, « La réforme de l’hôpital public. Un management sans
ménagement », La Vie des Idées, 5 avril 2016.
{168} Étude réalisée par le cabinet Korn Ferry, présentée en janvier 2020 au sein du groupe Elsan, en
possession de l’auteur.
{169} Étude présentée en juin 2021 au sein d’Elsan, en possession de l’auteur.
{170} Atul Gupta, Sabrina T. Howell, Constantine Yannelis, Abhinav Gupta, « Does private equity
investment in healthcare benefit patients ? Evidence from nursing homes », working paper publié en
février 2021 par le NBER.
{171} Aine Doris, « When private equity takes over nursing homes, mortality rates jump », Chicago
Booth Review, 18 mai 2021 [traduction par l’auteur].
{172} Matthew Bishop, « The new kings of capitalism », The Economist, 27 novembre 2004.
{173} Étude réalisée par Preqin, société de recherche spécialisée dans le private equity, publiée en
novembre 2020.
{174} Christine Lejoux, « Les fonds de capital-investissement créent de l’emploi. Mais si ! », La
Tribune, 11 décembre 2013.
{175} Ibid.
{176} Lire, par exemple : Nicolas Bédu, « les LBO, un cas d’école de gouvernance actionnariale »,
Alternatives économiques, 14 octobre 2018.
{177} Nicolas Bédu et Jean-Étienne Palard, « L’impact des LBO sur la défaillance des entreprises. Le
cas des cibles françaises (2000-2010) », Finance Contrôle Stratégie, 17 février 2014.
{178} Steven J. Davis, John C. Haltiwanger, Kyle Handley, Ron S. Jarmin, Josh Lerner et Javier
Miranda, « Private equity, jobs and productivity », American economic review, septembre 2013.
{179} Steven J. Davis, John C. Haltiwanger, Kyle Handley, Ben Lipsius, Josh Lerner et Javier
Miranda, « The economic effects of private equity buyouts », Harvard Business School, 7 octobre
2019.
{180} En 2018, l’INRS, institut français spécialiste de santé et sécurité au travail, publie une analyse
du lean management dans laquelle il met en garde contre de possibles effets pervers : perte
d’autonomie décisionnelle des salariés, intensification du travail, baisse des temps de récupération,
etc.
{181} Entretien réalisé en novembre 2020.
{182} Cf. chapitre 2.
{183} Entretien réalisé en mai 2021.
{184} Anne Drif, « Le private equity mondial prêt à détrôner la Bourse », Les Échos, 1er mars 2019.
{185} Roland Laskine, « La Bourse confrontée à la concurrence des fonds privés », Le Figaro,
11 octobre 2019.
{186} Anne Drif, art. cit.
{187} Anne-Laure Peytavin, « Quand le private equity concurrence Wall Street », Wansquare.com,
13 mars 2019.
{188} Cf. chapitre 2.
{189} Chiffres tirés du Global private equity report 2021 de Bain Capital.
{190} Voir note 2, p. 66.
{191} Anne Drif, « La surchauffe gagne le private equity mondial », Les Échos, 1er mars 2020.
{192} Entretien réalisé en novembre 2020.
{193} Matt Egan, « Risky deals boomed during the bull market. Now some are blowing up », CNN
Business, 29 juin 2020 [traduction par l’auteur].
{194} Ibid.
{195} Sophie Rolland, « “Dividend recap”, attention aux excès ! », L’Agefi hebdo, 2 avril 2015.
{196} « Picard jette un froid sur le marché », Option Finance, 23 avril 2021.
{197} Olivier Pinaud, « Picard Surgelés sert un festin à Lion Capital », L’Agefi, 6 février 2015.
{198} Entretien réalisé en août 2021.
{199} Ibid.
{200} Ibid.
{201} Document accessible à l’adresse https://www.dovel.com/wp-content/uploads/2020/03/tru-
complaint.pdf [en ligne].
{202} « La finance hors banque, tendance et enjeux », Revue de la stabilité financière, avril 2018.
{203} Sirio Aramonte et Fernando Avalos, « Structured finance then and now : a comparison of CDOs
and CLOs », BIS Quarterly review, septembre 2019 [traduction par l’auteur].
{204} « Vulnerabilities associated with leveraged loans and collateralised loan obligations », FSB,
10 décembre 2019 [traduction par l’auteur].
{205} Entretien réalisé en juillet 2021.
{206} Entretien réalisé en mai 2021.
{207} Pour résumer, la théorie de l’agence postule que l’entreprise est un réseau de contrats entre des
individus défendant des intérêts possiblement contradictoires (l’actionnaire et le dirigeant, par
exemple).
{208} Cf. chapitre 1 (KKR) et 2 (Verallia).
{209} Elizabeth Warren, « End Wall Street’s stranglehold on our economy », Medium.com, 18 juillet
2019 [traduction par l’auteur].
{210} Entretien réalisé en février 2021.
{211} « L’avenir en commun », programme de la France insoumise de 2017, p. 50.
{212} Cyprien Boganda, Le business des faillites, Paris, La Découverte, 2015.
{213} Sébastien Jumel, « Créer un label pour les fonds de retournement responsables », avis présenté
au nom de la commission des affaires économiques sur le projet de loi de finances pour 2020
(no 2272), 10 octobre 2019.
{214} Courrier en possession de l’auteur.