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PÉTROLE ET MATIÈRES PREMIÈRES

Michael Ross, The oil curse


Comment le pétrole contribue-t-il au développement des nations ?
Il revient sur la thèse de la malédiction des ressources (dutsch desease) = on devient trop
dépendant de la même énergie, pas de diversification, pénalisant pour l'économie.
Étude globale sur les corrélations négatives qui pourraient exister entre croissance et
ressource naturelle. L'efficacité de l'accumulation du capital serait inversement liée à la
dépendance aux ressources naturelles. Il y aurait en réalité une hypertrophie de certains
secteurs (pétrole, industrie lourde, etc. = secteurs liés à la MP) et effet du goulet
d'étranglement  pas de dynamique dans d'autres secteurs.
À l'intérieur même du pays (cf cas de l'Algérie) la formation d'une rente (= avantage que l'on
n'aurait pas dans une situation de concurrence normale) peut être utilisée à des finalités
extra-économiques (ex: rémunérer l'armée). Cela permet de contenter à l'intérieur du pays
des clientèles diverses et variées. L'économie de la rente sert au gouvernement à se
maintenir au pouvoir. Pas de dynamique économique, les sommes engrangées ne servent
pas à développer l'économie intérieure. Cette thèse souffre des exceptions : tous les pays
producteurs ou exportateurs de pétrole ne sont pas forcément autoritaires ou dictatoriaux
et le terme de malédiction est toujours problématique : le pétrole n'appauvrit pas forcément
le pays en question ! Le problème est plutôt l'usage.
Règle de Hartwick : il faut tenter de respecter un montant d'investissement qui compense la
diminution du stock des ressources naturelles (qui vont finir par s'épuiser).
Ex : politiques fiscales appropriées  on prélève une partie de la rente pour allouer de façon
plus optimale les ressources.
Il s'agit en même temps de lutter contre la corruption. Problème majeur : fluctuation des
termes de l'échange, avec la multiplication de booms et de cracks qui favorisent la
surliquidité à l'échelle mondiale.
Aujourd'hui : après avoir beaucoup monté, stabilisation du coût des MP (fin du super-cycle
des MP).
Été 2008 : après l'effondrement et la remontée du coût du baril de pétrole, inquiétudes 
déstabilise beaucoup de marchés et de comportements d'agents.

Marchés à termes = existent depuis longtemps. Intérêt = prendre des garanties concernant
le prix d'un produit de base qui sera livré dans le futur (dissociation entre la conclusion du
contrat et son exécution). Ce sont les futures. Contrats qui ont comme caractéristique de se
couvrir contre les risques de variation de prix. Toujours l'idée d'aversion pour le risque. À
l'origine, quand cela s'est vraiment développé dans les 80's, le marché du pétrole était
quasiment strictement réservé aux professionnels des hydrocarbures. Il s'agissait de diffuser
des actifs financiers dérivés pour transformer le risque. Depuis la fin des 90's, changement
majeur = les marchés à terme deviennent de plus en plus des marchés spéculatifs. Pour les
investisseurs (= fonds spéculatifs), ces titres sont des actifs comme les autres, ie des titres
sur lesquels on peut dégager des marges (cas des grandes banques anglo-saxonnes qui
tentent de diversifier leur portefeuille). Frénésie de la titrisation des années 2000 : contribue
à faire exploser le volume des produits dérivés  il y a de plus en plus de titres sur le
marché financier.
Dans le cas du pétrole, la détermination du prix repose de moins en moins sur la négociation
et de plus en plus sur l'enregistrement des dernières transactions (marché spot = au jour le
jour). Si le prix spot est trop faible par rapport aux estimations du marché à terme, les
opérateurs achètent sur le marché spot, le garde en stock et remettent le pétrole sur le
marché à un prix bloqué aujourd'hui sur le marché à terme (achètent pas cher car garantie
de le revendre plus cher).
Option = dépend de :
o Prix du bien que l'on achète
o Valeur de la devise
Si le prix du pétrole a augmenté, et que l'on a une option, elle devient intéressante. Le prix
de notre option augmente, et donc on gagne de l'argent. Ce n'est pas la valeur de notre bien
qui change, c'est le prix du marché ! D'où l'idée du "prix bloqué".

On voit bien le mécanisme des anticipations : ces anticipations déterminent le prix du


pétrole aujourd'hui  phénomène quasi auto-réalisateur : on achète un truc en pensant que
ça va monter et on fait en sorte que ça augmente !
Entre 2/3 et ¾ des volumes de pétrole sont aujourd'hui négociés par 4 établissements
bancaires  véritable marché oligopolistique. Ces acteurs n'ont rien à voir avec les
professionnels des hydrocarbures.
Depuis 2007, les acheteurs à terme sont censés être plus prudents notamment face au
risque déflationniste. Tout groupe pétrolier a évidemment intérêt à participer au mécanisme
financier mais il existe une division du travail puisque la banque d'affaire est davantage
capable de mesurer le risque que le groupe financier  les banques proposent des services
à leurs clients.
En réalité, le groupe pétrolier développe l'activité de marché, ce qui le conduit justement à
tenter de s'allier aux établissements bancaires mais le risque ne disparaît pas pour autant : il
se déplace. D'autant que les instruments financiers sont de plus en plus sophistiqués et que
les calculs opérés par les banques d'un côté et les compagnies pétrolières de l'autre ne
reposent pas sur les mêmes mécanismes.
Golden Sachs faisait acheter par ses hedge funds des assurances à bas prix basées sur des
études fausses, artificiellement favorables. Condamnée à dédommager de 550 millions de $
ses clients (l'équivalent de 15 jours de bénéfice, ridicule).
Cela pose la question de la confiance pour gérer ces problèmes d'aléas et d'incertitude. Si on
promeut des réformes institutionnelles, il faudrait faire en sorte que le pétrole reflète l'offre
et la demande réelles. Il faut pour cela améliorer l'information. Le seul organisme diffusant
des informations sur le pétrole aux USA est la CFTC (à NYC). Rien à Londres, quasi rien à
Paris, pas de marché organisé des hydrocarbures. Il faut améliorer la transparence de
l'information.
Le G20 propose d'étendre cette transparence aux produits pétroliers (ce qui n'est pas le cas).
Il faudrait également imposer la standardisation des contrats pour limiter les risques
opérationnels ou juridiques (ie mutualiser) = éviter les contrats opaques, instaurer des
chambres de compensation comme il en existe pour les banques et comme il en existait (loi
Dodd Franck qui essaye de le faire pour les produits dérivés normaux, ie non MP). C'est en
Europe où il y a le plus de carence en matière de régulation des produits dérivés (très faible
réglementation des autorités européennes).
Question géostratégique : 450 millions d'habitants en Amérique du Nord qui consomment
25% du pétrole mondial...

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