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Réticence pathologique

I. Définition :
o Du latin : reticencia = se taire
o C’est un trouble du contact qui qualifie l’attitude d’un sujer qui tente de se préserver de l’investigation
psychiatrique par une conduite de dissimulation que se soit délibérée ou non ; consciente ou non
o Henry hey : Réaction d’opposition, refus systématique de parler franchement des expériences pathologiques
et dissimulation calculée de tout ce qui est morbide.

II. Historique :
Décrite en 1889 par maranda de montyel comme des conduites de dissimilation des aliénés

Aprés par De Cleramlbault et Courdon 1921 qui ont passé de la dissimulation à la réticence.

III. Intérêt de a question :


La réticence est une conduite avant tout ressentie par l’observateur, le soignant.
Elle pose un problème de diagnostic et un problème médico-légal dans le sens où elle peut cacher des
intentions à caractère auto ou hétéro agressif.

IV. Etude sémiologique:


A. Eléments thymiques : Le sujet peut être :
 hypersthénique : se défend avec énergie et conviction de l’innocent faussement accusé
Délire passionnel ; maniaque ; P pathologiques
 syntone : proclame, démontre et argumente logiquement son innocence
Délire systématisé ; patient en voie de guérison (psychotique ; cure de désintoxication)
 anxieux ou l’anxiété colore toutes les conduites (contexte dépressif)
B. Moyens utilisés :
1. Négation : Le procédé le plus simple qui consiste à nier purement et simplement.
2. Dilation : Manœuvre d'évitement qui vise à esquiver une réponse précise, et détourner le sens des questions.
3. Interrogation : C'est l'exposition de plusieurs hypothèses entre les quelles l'interlocuteur est invité à choisir.
4. L'accusation : le malade incrimine la responsabilité des autres et leur impute des reproches imaginaires.
5. Ironie: Le sujet se moque de l'interprétation qu'on en a donnée.
6. La Résipiscence : Le malade convient de la nature pathologique de ses conduites les rejette dans un passé
révolu, il se declare pour guéri.
7. Réticence par Connivence : complicité, entente secrète avec l'interlocuteur.
C. Les formes cliniques :
1. Réticence dissimulation :
Dans laquelle le malade se donne pour normal il s'oppose au médecin par une attitude ferme, soit
courtoise, soit hostile
Contact apparemment facile, le sujet accepte le débat, il reconnaît les faits mais offre une explication
rationnelle
2. Réticence reniement (anosognosie):
Ici la réticence est démonstrative d’un délire
Le réticent de ce type s'enferme dans une attitude de dénégation en bloc du trouble, évite la rencontre
avec le médecin.
3. Réticence éloquente : prête à l’examinateur le pouvoir de comprendre pour le faire parler à sa place «  si le
réticent ne dit pas, c’est qu’il veut tout dire »
D. Les indices :
 Le débit : ralenti ; réfléchi ; sans spontanéité et entrecoupé de silence
 Intonation : révèle un état affectif (passionnel ou anxieux)
 Mimique et comportement gestuel : désaccord entre expression motrice et verbale
 Les défaillances du contrôle : dénoncent à l’insu du sujet des états de conscience qu’il s’efforce de voiler

 NB: Serge Tribolet parle de :

 la réticence passive : où le malade se tait, refuse de parler et se confine volontiers au lit.

 la réticence active : où le malade parle beaucoup, parfois même de façon logorrhéique (réticence prolixe),
tout en détournant le sujet de la conversation. passe rapidement d'un sujet à l'autre (diffluence),ailleurs c’est
le mutisme électif.

 réticence sélective : le malade aborde des sujets et refuse de parler d’autres.

 réticence générale : refus de toute proposition

 réticence intentionnelle : expression délibérée du refus de soin

 réticence non intentionnelle : gestes d’opposition non motivés

VI. Cadres nosographique


1. Psychose paranoïaque : persécuté, méfiant et hostile; c’est la réticence anosognosique qui est plus
spécifique

2. Réticence et troubles de l'humeur :

 Etat dépressif majeur : une réticence de dissimulation, il peut cacher des idées suicidaires.
 Accès maniaque : la R est un aspect de ludisme ; avec plaisir de mettre l’autre dans l’embarras
 Etat mixte : la réticence est éloquente

3. La Schizophrénie : Surtout éloquente ; le Sx a une difficulté d’exprimer ses pensées

4 Les Etats Démentiels : Surtout par négation ; et une réticence éloquente


5 Personnalité anti sociale : dissimulation ou de reniement par crainte surtout d'un séjour en prison.
6 Toxicomanie et Alcoolisme:
 Par Dissimulation, surtout chez les femmes
 La réticence est surtout défensive et syntone, motivée par un sentiment de peur, de honte ou d'intérêt afin
d'éviter une cure de désintoxication.
7 autres : confusion mentale, insuffisance mentale, trbl anxieux, épilepsie

VII. Diagnostic différentiel :


 Mutisme : absence de parole en rapport avec une cause psychologique et ans lésion de l’appareil vocal et
du système nerveux.
 Mutacisme : mutisme employé par jeu.
 Mussitation : Parole possible mais chuchotée et incompréhensible.
 Aphonie : suppression totale et involontaire de la parole
 Opposition
 Retenue par timidité
VIII. Perspectives psychopathologique :
La R est attribué à un défaut de sincérité ; elle s’interpelle autant que mécanisme de défense ou mode d’expression
de soi

Elle est une dimension structurale du paranoïaque

Elle répond au modèle de mauvaise foi chez le délirant ;et a une valeur d’un symptôme indirect du délire

IX. Conduite à tenir :


 Le réticent pose un problème diagnostic et étiologique, et la P E C dépondra de l’étiologie et devra être
réalisée en urgence surtout si le patient présente un problème médicolégale
 l’utilisation de techniques de subnarcose à des fins d’investigation n’est plus guère proposer

-faut-il lever la réticence ?


*Lever la réticence permet de rétablir la communication et de libérer le malade mais en pratique cela peut être
dangereux

*la règle est d’être prudent et patient, il faut savoir être souple en mettant en œuvre une stratégie précautionneuse
pour lever les défenses et découvrir graduellement la personne afin d’éviter au sujet le sentiment d’être forcé;
obligé de s’exprimer ce qui va accentuer la méfiance.

- comment procéder ?

• évoquer le problème de diagnostique différentiel.

• affirmer la réticence

• rejeter les méthodes coercitives

• attitude empathique faite d’acceptation de l’autre, la patience, l’écoute attentive permettra au sujet de se
libérer et de s’exprimer.

*Dans certains cas le thérapeute pourra être amené a pratiqué une narcoanalyse ,conditionnée par un
consentement préalable du malade, la technique la plus utilisée est la subnarcose amphétaminée » ,obtenue en
injectant un mélange de barbiturique et d’ amphétamine en IVL entrainant une sédation de l’inhibition et de
l’angoisse aidant à détendre le malade qui se trouve soulagé et libéré de sa réticence.

*il sera légitime de s’efforcer d’atteindre au mieux la pensée vécue du malade, si l’on soupçonne une attitude
psychotique grave

- Traitement étiologique

Conclusion  :
La réticence n’est pas l’absence d’expression mais c’est une autre manière de s’exprimer

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