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Composés à base de cuivre et de soufre

Pourquoi le cuivre n'est pas interdit en agriculture


biologique ?
 
L’acharnement à encenser la bouillie bordelaise en agriculture biologique
tient tout bonnement au rôle de ce pesticide à large spectre pour
combattre les maladies cryptogamiques (mildiou, rouille, cloque du
pêcher…) et bactériennes, le seul pesticide qui soit vraiment efficace dans
la liste très réduite des produits homologués dans cette filière. L’usage du
soufre et du cuivre en agriculture biologique remédie à la pauvreté des
moyens de luttes homologués dans cette filière en tirant parti de la
polyvalence de doses fortes et d’applications répétées sans trop de
considération pour la faune auxiliaire. C’est notamment le cas en
arboriculture pour combattre des maladies comme la tavelure ou en
viticulture contre l’excoriose et le black-rot. La culture de pomme bio
utilise de fortes doses de cuivre et de souffre bien que cela ne soit jamais
précisé sur les étalages. Une belle pomme bio bien colorée qui ne
présente aucune tâche de tavelure a le plus souvent bénéficiée de
traitements cuivreux. L’emploi de fortes doses de composés à base de
cuivre et de soufre sont plus rare en agriculture intégrée, le cuivre et le
soufre étant utilisés en alternance avec d’autres fongicides de synthèse
afin de réduire les doses de traitement et les résistances. Sans le souffre
et le cuivre, c’est tout l’édifice idéologique de l’agriculture biologique qui
s’écroule, arboriculture et viticulture en tête. C’est pour cette raison que le
lobby bio s’évertue à ce que l’usage des produits à base de sulfate de
cuivre ne soit pas interdit (1).
 
Le cuivre étant le seul pesticide autorisé en agriculture biologique
pour lutter contre les maladies cryptogamiques et bactériennes,
on comprend que les adeptes de la filière bio tiennent à conserver
son usage par tous les moyens. Suite à l’action des lobbyistes de
l’agriculture biologique, l’utilisation des pesticides au cuivre a été
prolongée de 7 ans à partir du 1 janvier 2019 dans l’Union
européenne. L’Agence européenne pour la sécurité des aliments
(EFSA) avait pourtant souligné les risques présentés par
l’utilisation dans l’agriculture des composés contenant du cuivre
en particulier en matière de pollution des sols. Pour réduire ce
risque de pollution, un compromis a été trouvé par une réduction
modulable de la dose par hectare année par année ce qui s’avère
bien difficile à mettre en place étant donné que personne ne sait
par avance comment se présenteront les conditions
météorologiques l’année prochaine.
 
Pour les exploitations viticoles biologiques, la limitation de l’usage
du cuivre est de 6 kilos par hectare et par an lissés sur cinq ans.
Cela permet aux opérateurs d’ajuster la dose au-delà de 6 kg en
cas de mauvaises années sous réserve de réduire cette dose les
autres années. En agriculture biologique, il n'existe à ce jour
aucun autre substitut au cuivre pour lutter contre le mildiou qui
peut entraîner des pertes de récoltes considérables s’il n'est pas
combattu.
 
Avant d’aborder les méfaits des traitements excessifs à base de
cuivre sur l’environnement et les risques sur la santé humaine, il
est important de souligner que le cuivre à faible dose est un
élément indispensable à la vie végétale notamment sur la
fonctionnalité de l’azote (2) et le métabolisme des hydrates de
carbone. Or, les doses utilisées en agriculture biologiques sont
largement supérieures aux besoins des plantes. Par exemple, les
besoins en cuivre d’une vigne sont estimés entre 30 et 100
gr/ha/an. Pour la vigne, un seul traitement avec de la bouillie
bordelaise amène 300 à 5000 g/ha de cuivre métal. Il est bien
connu que c'est l'excès du cuivre qui est toxique.
 
Le cuivre n’est pas toxique tant que sa concentration dans les
aliments reste limitée. Il ne s’accumule pas dans l’organisme sauf
en cas d’anomalie génétique ou de surdosage alimentaire avec
une accumulation prépondérante dans le foie. C’est un
oligoélément essentiel intervenant dans de nombreuses réactions
enzymatiques, le fonctionnement du système immunitaire, la
formation des globules rouges, la production de la mélanine et la
transcription des gènes. C’est aussi un antioxydant.  Une
alimentation équilibrée doit donc contenir du cuivre mais, en très
petites quantités. Les apports nutritionnels conseillés varient
entre 1,5 et 2 mg par jour. Des traces de cuivre dans
l’alimentation provenant des traitements agricoles sont donc
acceptables tant que l’absorption total de ce métal lourd (incluant
également les sources naturelles et industrielles) ne dépasse pas
une certaine valeur estimée à 5 mg jour par la Commission
Européenne. 
 
L'usage du cuivre en agriculture biologique ; avantages et
inconvénients.
 
Le soufre et le cuivre font partie des premiers fongicides utilisés en
agriculture qui ont la particularité d’être multisites (appartiennent à cette
catégorie des fongicides de synthèse comme le mancozebe, le
chlorotalonil). C’est-à-dire qu’ils agressent le champignon parasite en
intervenant sur plusieurs sites cellulaires sensibles. Ils sont moyennement
efficaces et sont très lessivables (pour la bouillie bordelaise, il faut passer
souvent avec des quantités de plusieurs kg par ha). Les fongicides
modernes issus de la recherche en biologie (souvent ils copient des
molécules naturelles), n’agissent que sur un endroit du métabolisme des
champignons et sont très efficaces avec de faibles quantités par ha (par
ex 200 gr) avec une rémanence plus longue (3 à 4 semaines)  par rapport
aux anciennes molécules de synthèse. Toutefois, en raison de leur mode
d’action unisite (a), des résistances peuvent survenir rapidement si on ne
prend pas de précautions dans leur utilisation (alternance des produits,
mélanges de molécules anciennes et récentes…).
 
En saison humide, le cuivre est inefficace pour lutter contre le
mildiou qui se développe rapidement sur les pommes de terre, les
tomates, la vigne et contre les infections cryptogamiques qui
pullulent sur les arbres fruitiers, les cucurbitacées…. 
  
Il est bien connu que le cuivre en trop forte concentration est très
toxique sur la plupart des espèces végétales se traduisant par une
réduction de la croissance générale et l’installation d’une carence
induite en fer. La chlorose internervaire est très courante souvent
accompagnée d’autres symptômes (diminution du nombre de
branches, couleur foncée des racines qui s’épaississent…)
aggravés en sol acide.
 
Le cuivre n’étant pas biodégradable et son spectre sur les
bioagresseurs étant très large, expliquent deux inconvénients
majeurs quant à son usage :
 

 Il s’accumule dans le sol et chaque nouvel épandage


augmente sa toxicité. Une teneur excessive en cuivre peut
même avoir un effet inverse sur certains bioagresseur
comme le Neofusicoccum Parvum en viticulture (3).
L’accumulation du cuivre est telle dans certaines parcelles de
viticulture ou pomiculture, qu'un retour aux cultures
maraichères s’avèrent problématiques.
 
 Son large spectre s’exerce également sur les
microorganismes utiles du sol débouchant sur une réduction
de la biomasse (4), une altération substantielle de la
rhizosphère et un ralentissement de la formation des
radicelles surtout dans les sols acides. On observe une
perturbation de la migration du fer conduisant à des
phénomènes de type chlorotique. L’apport du zinc peut
également être perturbé se traduisant par un ralentissement
de la croissance. Ainsi, l’usage excessif du cuivre que l’on
rencontre souvent en agriculture biologique, est contraire à
la conservation de la biodiversité des sol, perturbe les
services écosystèmiques ; tout le contraire des objectifs
fondamentaux de cette filière agricole.

  
Les préparations à base de cuivre ont été reconnues comme
« particulièrement préoccupants pour la santé publique ou
l’environnement » par la Commission Européenne ». L’EFSA (Autorité
européenne pour la sécurité alimentaire) et l’ECHA (Agence européenne
des produits chimiques) qui ont estimé que l’utilisation de ces substances
comportait « certains risques pour les agriculteurs, les oiseaux, les
mammifères et les organismes du sol ». ils sont « responsables des
résidus les plus communément retrouvés dans l’alimentation bio ». Selon
Didier Andrivon (Directeur de recherche INRA), « Il existe des centaines
d’études qui montrent que le cuivre affecte les communautés
microbiennes des sols et des composants de la microfaune comme les
collemboles » (5).

Voici un résumé sur la toxicité du sulfate de cuivre connue depuis


longtemps (les premières études remontent aux années 1970). Auteur :
Philippe JOUDRIER, Docteur d'état en biologie et ancien directeur de
recherche à l'INRA. 
 
Toxicité :

 L’exposition se fait par transfert à travers la peau, les yeux, ou par


inhalation de poudre ou de poussières (1) ; c’est un irritant puissant
(2). 
 Des cas de suicide par ingestion ont été reportés (3). Chez l’homme,
les symptômes apparaissent à partir de 11 mg/kg. Il s’agit de
brulures abdominales, nausées intenses, vomissements, diarrhées,
mal de tête, excrétion urinaire discontinue menant au jaunissement
de la peau. Des dommages au cerveau, foie, reins et estomac
peuvent également se produire (4). 
 Le contact avec la peau peut déclencher de l’eczéma (5) ; peut
causer des réactions allergiques chez certains individus (1).
 Le contact avec les yeux est très dangereux (4).  

Effets chroniques :

 Des maladies du foie ont été observées chez l’homme après 3 à 15


ans d’exposition (5).
 L’exposition chronique à de faibles doses peut conduire à des
anémies (5). 
 Le mode d’action chimique ou biologique à des doses importantes
reste mal compris (6). 
 À 25 mg/kg, la croissance des rats est retardée ; à 200 mg/kg, le
rat ne s’alimente plus et meurt (5). 
 Des moutons ayant eu accès à des pains de sels contaminés (de 5 à
9%) ont montré plusieurs symptômes négatifs pouvant aller jusqu’à
la mort après un à deux jours d’exposition (4). 
 Des souris exposées à des concentrations dans l’air équivalent à une
exposition humaine par inhalation montrent une augmentation
significative de la mortalité (5).

Effets sur la reproduction :

 Déclenche des avortements après huit jours de gestation chez le


hamster. Provoque une atrophie des testicules suivie d’une
interruption de la production de sperme chez les oiseaux (5).
 L’exposition au cours de la gestation affecte la reproduction et la
fertilité chez le rat (7). 

Effets tératogènes : 

 Lors d’une exposition après huit jours de gestation chez le hamster,


les survivants dans la descendance présentent des maladies du
cœur (5).

Effets mutagènes : 

 Possède des effets mutagènes sur au moins deux types de


microorganismes (7). 
 Effets carcinogènes : 
 Suite à une exposition, des tumeurs du système endocrinien ont été
rapportées chez le poulet (7) - Organes cibles : la rate, le foie et les
reins (5), mais aussi le cerveau et le tractus gastro-intestinal (4).
Devenir chez l’homme et l’animal : La bioaccumulation est très
importante (8-5). 

Bilan écologique :  

 Effets sur les organismes aquatiques : La toxicité sur les poissons


est très importante ; elle varie en fonction des espèces et des
conditions (9). De très faibles quantités peuvent avoir des effets
négatifs sur les poissons. •L’application directe dans des
écosystèmes aquatiques induit une diminution significative des
invertébrés aquatiques, des plantes et des poissons (10). 
 Effets sur les espèces non-cibles : La toxicité est avérée sur les
invertébrés aquatiques (crabes, crevettes, huîtres). L’application
dans certaines régions est soumise à réglementation (1, 10). 
 Les abeilles sont mises en danger lorsque des solutions aqueuses
contenant de la bouillie bordelaise sont utilisées (11).
 Aux taux d’application habituels, un empoisonnement des moutons
et des poulets a été constaté. La plupart des animaux des sols, y
compris les vers de terre, sont éliminés par l’utilisation intensive
dans les vergers (9).
 Un effet délétère sur les escargots est observé. La DL50 à 96 heures
sur des pontes d’escargots est faible (0.39 mg/l à 20°C) (5).  

REFERENCES  
1) - U. S. Environmental Protection Agency. 1986 Guidance for reregistration of pesticide products containing CS. Fact sheet
no 100. Office of Pesticide Programs. Washington, DC.
2) - Windholz, M., ed. 1983. The Merck Index. Tenth edition. Rahway, NJ: Merck and Company.
3) - National Research Council, Safe Drinking Water Committee. 1977. Drinking water and health. Washington, DC:
National Academy of Sciences.
4) - Clayton, G. D. and F. E. Clayton, eds. 1981. Patty's industrial hygiene and toxicology. Third edition. Vol. 2: Toxicology.
NY: John Wiley and Sons.  
5) - TOXNET. 1975-1986. National library of medicine's toxicology data network. Hazardous Substances Data Bank
(HSDB). Public Health Service. National Institute of Health, U. S. Department of Health and Human Services. Bethesda,
MD: NLM. 
6) - Hayes, W. J. 1982. Pesticides studied in man. Baltimore, MD: Williams and Wilkins.
7) - National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH). 1981- 1986. Registry of toxic effects of chemical
substances (RTECS). Cincinati, OH: NIOSH.
8) - Gangstad, E. O. 1986. Freshwater vegetation management. Fresno, CA: Thomson Publications.
9) - Pimentel, D. 1971 (June). Ecological effects of pesticides on nontarget species. Executive Office of the President's Office
of Science and Technology. Washington, DC: U. S. Government Printing Office.
10) - 1986. Guidance for reregistration of pesticide products containing CS. Fact sheet no 100. Office of Pesticide Programs.
Washington, DC.
11) - Hartley, D. and H. Kidd, eds. 1983. The agrochemicals handbook. Nottingham, England: Royal Society of Chemistry.

Autres études plus récentes sur la toxicité du cuivre 


 
Des études épidémiologiques ont révélé que l’exposition professionnelle à
certains métaux, et notamment au cuivre, constitue un facteur de risque
pour les maladies de Parkinson et d’Alzheimer (6 - 7). En outre, un rôle
pour le cuivre dans les maladies à prion a également été prouvé (8)
rappelé dans une étude parue en juillet 2016 dans la revue Science
Advances, où des chercheurs américains ont confirmé comment les
prions (protéines présentes dans le cerveau) peuvent devenir infectieux
en présence de cuivre et provoquer des encéphalopathies spongiformes.
Une découverte qui rappelle les déconvenues de la roténone utilisée en
agriculture biologique durant de nombreuses années avant qu’elle ne soit
interdite soupçonnée de provoquer la maladie de Parkinson.
 
Ce n’est pas tout. La bouillie bordelaise déclenche de
pneumopathie interstitielle (parfois fibrosante), caractérisée par
l’apparition de granulomes histiocytaires et de nodules
fibrohyalins et aussi dans certains cas des lésions hépatiques. Une
forte incidence d’adénocarcinomes a été reportée chez des
patients exposés à la bouille bordelaise (9 - 10). On a aussi
trouvé du cuivre dans les macrophages prélevés dans les
expectorations d’ouvriers chargés de pulvériser la bouillie
bordelaise sur la vigne (11 - 12).  
  
Le cuivre est toxique pour les poissons. Il est classé en substance
indésirable pour les eaux destinées à la consommation humaine
et dans les eaux souterraines.
 
Le cuivre s’accumule plus facilement dans un sol acide. Sa toxicité
est limitée en sol calcaire et argilocalcaire, car le cuivre à
tendance à se fixer aux carbonates et aux argiles.
 
L’usage répété de composés de cuivre peut conduire à des
résistances. Dans le sud-est des États-Unis, des fongicides
cuivreux sont couramment utilisés depuis des décennies en
culture de tomates pour lutter contre le Xanthomonas
(Xanthomonas campestris pv. vesicatoria), une galle bactérienne
se caractérisant par l’apparition de taches sur les feuilles. Cette
bactérie a développé une résistance aux composés de cuivre (13)
et les chercheurs se tournent maintenant vers la génétique afin
de trouver une alternative aux composés de cuivre.
 
Dans la filière bio, à chaque fois que des pesticides sont
recherchés dans l’alimentation, curieusement, le cuivre ne fait
jamais partie des substances recherchées, probablement dans le
but de faire croire que l’agriculture bio est plus respectueuse de
l’environnement et de la santé des consommateurs. En nov. 2015,
des analyses commanditées par le site internet « agriculture et
environnement » ont montré que 100 % des vins bios testés (29
échantillons de vin provenant de toutes les régions de France)
contiennent du cuivre  dans des proportions bien supérieures à
celles des pesticides de synthèse pour les denrées de l’agriculture
conventionnelle (14). L’étude Esteban (2014-2016) précise page
21 (15) que « Les concentrations urinaires en cuivre sont
augmentées de 8 % chez les enfants « consommant plus de 4 fois
par semaine des légumes en provenance de l’agriculture
biologique par rapport à ceux n’en consommant jamais ou
rarement. » 
 
Alors, faut-il abandonner l’usage du cuivre en agriculture ?
 
Il n’y a pas d’agriculture sans traitement, et il n’y a pas de
traitement sans inconvénient. En agriculture bio ou
conventionnelle, tous les agriculteurs sont obligés de lutter contre
les bioagresseurs. 
 
Bien entendu, il faut comparer tous les inconvénients de chaque
mode de traitement. Chaque produit a ses qualités et ses défauts,
qu'il soit synthétique ou naturel. Par exemple, en pomiculture
conventionnelle où beaucoup de pesticides de synthèse sont
utilisés, certaines molécules (fénoxycarbe, captane, boscalid…)
sont considérées comme des cancérogènes probables, et d’autres
comme des perturbateurs endocriniens (fénoxycarbe,
fluopyrame…). Ces molécules ont aussi un impact non négligeable
sur l’environnement bien qu’elles soient dégradées par la
microflore (ainsi que leurs métabolites) sur une période de temps
plus ou moins longue. 
 
Depuis l’interdiction des pesticides de synthèse en France pour le
jardinier amateur, le cuivre est le seul pesticide autorisé pour
lutter contre les infections cryptogamiques et bactériennes alors
que les risques d’erreur de manipulation sont connus. Cette
situation est d’autant plus ubuesque quand ont sait que l’usage du
cuivre est plus efficace s’il est utilisé en alternance avec d’autres
fongicides de synthèse. Ces traitements en alternance ont pour
conséquence de réduire les doses de chaque produit tout en
augmentant leur efficacité sur les bioagresseurs. Or, il faut bien le
reconnaître, l’interdiction des pesticides de synthèse oblige le
jardinier amateur à utiliser plus de substances à base de cuivre ce
qui a forcément des conséquences néfastes sur l’environnement
sans compter les risques de présence excessive de cuivre dans
l’assiette.
 
Pour autant, il est possible de réduire l’usage du cuivre contre les
infections cryptogamiques ou bactérielles d’origine telluriques
(comme le mildiou de la tomate) par un traitement physique
faisant appel au chauffage solaire quand les conditions
climatiques le permettent : la solarisation dont les principes
techniques sont développés à cliquant ici. 
 
Pourquoi j'utilise encore le cuivre pour protéger mes cultures.
 
Un usage modéré de la bouillie bordelaise avec d'autres méthodes
de protection utilisées en priorité comme les produits
phytosanitaires de bio-contrôle, présente peu de risques sur
l'environnement et la santé humaine. Faut-il encore que le
jardinier amateur respecte les doses d'emploi et les intervalles
entre deux applications. Le port de lunettes étanches et de
gants etl'usage d'une combinaison spéciale sont nécessaire
quand les volumes à protéger sont importants (par exemple en
pomiculture). 
 
En agriculture conventionnelle, le cuivre est encore utilisé de
préférence pour lutter contre la graisse du haricot (infection
bactérienne qui s’attaque aux haricots secs comestibles). Il
n’existe pas de produit de synthèse homologué pour cette
maladie. Le cuivre est également utilisé pour lutter contre les
cercosporioses (maladies foliaires attaquant
principalement la betterave sucrière, la pomme de terre, le
haricot, le céleri, le melon, le poivron et le persil) pas toujours
maîtrisées avec les fongicides de synthèse. Sur d'autres cultures
comme la vigne, le cuivre n'agit qu'à titre préventif. 
 
En culture maraïchère, la bouillie bordelaise (sulfate de cuivre) est
souvent pulvérisée sur les jeunes plants de tomates en godets
pour éviter qu’ils ne soient porteurs de maladies cryptogamiques
ou bactériennes. La bouillie bordelaise convient également  pour
réduire les risques d'alternariose sur les cultures de tomate en
plein air à la condition de ne pas attendre que la maladie se
déclare.
  
Les huiles essentielles ; une alternative au cuivre ?
 
Afin de limiter l’usage du cuivre en agriculture biologique, certains
agriculteurs intègrent des huiles essentielles (HE) dans leur
programme de protection des plantes. Ces huiles essentielles sont
utilisées seules ou en mélange, ou avec du cuivre ou encore avec
des infusions et décoctions de plantes. Cette pratique est assez
récente et il manque des références sur les doses, les mélanges,
les conditions d’emploi, l’impact sur l’environnement… Les huiles
essentielles ne sont pas homologuées en tant que produits de
protection des cultures (sauf 2 qui disposent d’autorisation de
mise en marché (A.M.M)). 
 
J’ai plusieurs fois utilisé des huiles essentielles pour réduire le
développement de maladies cryptogamiques avec des résultats le
plus souvent décevants. Certains agriculteurs bio ou spécialisés
en permaculture ou en biodynamie prétendent obtenir des
résultats acceptables. Pourtant, une étude collective récente
menée notamment par l’INRA (b) et l’ITAB (c), a montré que si
« Les résultats in vitro montrent sans ambiguïté que toutes les HE
testées possèdent une activité fongicide », « en condition de
terrain (sous abri ou en plein champ), le projet n’a pas permis de
mettre en évidence des efficacités significatives à 0.2% (v/v) sur
les champignons cibles. » (16). Cette étude visait à trouver des
solutions alternatives aux produits phytosanitaires utilisés en
agriculture conventionnelle ou biologique. Dans cette étude, les
huiles essentielles expérimentées seules ou en mélange sont
celles utilisées le plus souvent en agriculture biologiques (thé,
girofle, menthe, thym, sarriette, origan, additionné ou non d’un
adjuvant) pour lutter contre les maladies cryptogamiques et
bactériennes. Certaines préparations contenant ces huiles
essentielles sont vendus dans des fermes spécialisées en
permaculture. 
 
Cette étude a également montré une toxicité sur les abeilles de
certaines huiles essentielles avec des taux de mortalité plus ou
moins forts en fonction de la dose. Le mélange des 5 huiles
essentielles étudiées dans cette étude fut responsable d’un taux
de mortalité supérieur à 80 %. Toutefois, «  A la concentration la
plus faible 0,2% (v/v), identique à celle des essais aux champs,
aucun effet toxique significativement supérieur à la mortalité
naturelle n’a été remarqué ». D’après les études de laboratoire, il
semblerait que les huiles essentielles auraient un impact toxique
sur le typhlodrome (prédateurs naturels des acariens jaunes et
rouges et des phytoptes de l'acariose et de l'érinose).
 
  
a) action unisite : action ciblée sur un seul site d’une cellule le plus souvent une enzyme indispensable à
son métabolisme.
b) INRA : Institut National de la Recherche Agronomique
c) ITAB : Institut Technique de l'Agriculture Biologique
1) https://www.agriculture-environnement.fr/2010/03/21/le-bio-sauve-par-lindustrie-chimique
2)  Conséquences des excès de cuivre dans les sols et les végétaux ; Auréa agro-sciences. Rencontres techniques 21-11-2017
3) Effets de la contamination cuprique des sols viticoles sur la sensibilité de la vigne à un cortège de bio-agresseurs ; Laetitia
Anatole-Monnier. INRA archives ouvertes : https://hal.inria.fr/INRA/tel-01198938v1
4) Courde et al, 1998
5) European scientist – 1-02-2018 La Commission décide d’un renouvellement du très contesté sulfate de cuivre dans
l’agriculture bio - https://www.europeanscientist.com/fr/agriculture-fr/la-commission-decide-dun-renouvellement-du-tres-
conteste-sulfate-de-cuivre-dans-lagriculture-bio/. 
6) Paik S.R. et al, Biochem. J., 1999
7) Barnham, K.J. et al., J. Biol. Chem. 2003 ; Bush, A.I., Masters, C.L. & Tanzi, R.E., Proc. Natl. Acad. Sci. USA 100,
2003 ; Atwood, C.S. et al., J. Biol. Chem., 1998 ; Huang, X. et al., J. Biol. Chem., 1999.
8) Brown, D.R. & Kozlowski, H., J. Chem. Soc. Dalton Trans., 2004 ; Viles, J.H. et al., Proc. Natl. Acad. Sci. USA,1999 ;
Aronoff-Spencer, E. et al., Biochemistry 2000 ; Garnett, A.P. & Viles, J.H., J. Biol. Chem., 2003
9) Pimentel JC, Marques F (1969). Vineyard sprayer's lung: a new occupationl disease. Thorax 24: 678-688.
10) Pimentel JC, Menezes PP (1975) Liver granulomas containing copper in vine yard sprayer's lung. Am Rev Respir Dis
111:189-195
11) Plamenac et al. (1985)
12) Plamenac P, Santic Z, Nikulin A, Serdarevic H (1985). Cytologic changes of the respiratory tract in vineyard spraying
workers. Eur J Respir Dis 67: 50-55.
13)  https://geneticliteracyproject.org/2018/03/20/far-more-toxic-than-glyphosate-copper-sulfate-used-by-organic-and-
conventional-farmers-cruises-to-european-reauthorization/
14) http://agriculture-environnement.fr/actualites,12/un-pesticide-present-dans-100-des-vins-bio
15) https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/pollution-et-sante/sols/documents/enquetes-
etudes/impregnation-de-la-population-francaise-par-le-cuivre.-programme-national-de-biosurveillance-esteban-2014-2016
16) https://www6.inra.fr/ciag/content/download/6335/46517/file/Vol63-12-Vidal.pdf
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