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Le cadre logique

Le cadre logique est un outil de conception et de conduite de projet. A ce titre, celui-ci 


incorpore un dispositif de suivi et d’évaluation.
Le cadre logique est une méthode dite de Gestion Axée sur les Résultats (GAR). Il s’agit de
prendre une direction en fonction d’objectifs puis de les suivre à travers l’analyse des écarts
entre le prévisionnel et ce qui est effectivement accompli. Utilisée dans le domaine de l’aide
au développement depuis plus de 30 ans, l’influence de la GAR est diffuse : différents noms,
différentes formes (Gestion du Cycle de Projet, Approche du Cadre Logique, etc.)
Quelques définitions par des acteurs institutionnels :

 “une stratégie ou méthode de gestion appliquée par une organisation pour veiller à ce
que ses procédures, produits et services contribuent à la réalisation de résultats clairement
définis. » (PNUD)
 “axer la gestion sur les résultats signifie gérer et mettre en oeuvre l’aide en se
concentrant sur les résultats souhaités et en utilisant les données disponibles en vue
d’améliorer le processus de décision.” (Déclaration de Paris, 2005)
Pour appréhender le concept de GAR, il convient d’éclairer la notion de « résultat ». Celui-ci
est compris dans un sens large : un changement descriptible ou mesurable résultant d’une
relation de cause à effets. Il comprend trois niveaux :
– résultats immédiats – résultats à moyen terme– résultats à long terme

Spectre d’intérêt de GAR


Longtemps, la conduite de projets s’achevait à l’étape de la finalisation ou de la livraison du
« produit« . Prenons l’exemple d’un pont. Le projet se finalisait à partir du moment où le
cahier des charges avait été respecté. Dans le cadre de la GAR, la conception et la mise en
oeuvre du projet vise plus loin : les effets et impacts souhaités à long terme. Quelle sera la
fréquentation du pont ? En quoi les usages et trajets des riverains seront-ils modifiés ?
Quelles seront les conséquences du changement de comportement des usagers pour le
territoire et pour l’environnement ?

Ce cadre logique

permet de confronter, déjà sur le papier, la cohérence entre différents niveaux de résultats,
en prenant comme point de référence son objectif le plus élevé.
Le cadre logique synthétise sous forme de tableau (une matrice de 4 lignes sur 4 colonnes)
toutes les informations clés d’un projet: objectifs, résultats, activités, risques,
programmation, ressources. La méthode du cadre logique est la succession d’étapes et
d’analyses qui va permettre l’élaboration progressive de la matrice.
Le cadre logique va permettre de répondre aux questions suivantes:
 Quel est le but du projet et quels sont les résultats attendus ?
 Quelles activités vont être menées pour atteindre ces résultats ? Est-ce
que ces résultats concourent réellement au objectifs de rangs supérieurs ?
 Quels risques pourraient affecter l’atteinte des objectifs et le déroulé du
projet comme anticipé ?
 Comment seront mesurés l’évolution des activités et l’atteinte des
objectifs?
 Quelles sont les ressources nécessaires?

Les caractéristiques et avantages de cette méthode:

 Engage un processus qui permet de laisser une trace écrite, explicite et mesurable de
ce qui est attendu en cas de succès
 Explicite ce qui est sous la responsabilité du gestionnaire de projet et ce qui ne l’est
pas
 Aide à définir puis préciser les objectifs, cadre le suivi
 Permet de résumer un projet et implique une uniformisation des documents
 Un support de communication et de contractualisation entre les parties prenantes:
bénéficiaires, bailleurs de fonds, gestionnaires du projet
 Un document dynamique qui s’enrichit à chaque étape de la vie du projet et reflète
son évolution

Voici le format de matrice que nous suggérons d’utiliser.

Les phases d’analyses (visualisation des alternatives et ébauche de


la logique d’intervention)
Avant et en vue d’élaborer le cadre logique, il va falloir passer par une phase d’analyse qui
comprend quatre étapes. La somme des ces 4 étapes permettra de renseigner la colonne de
gauche de la matrice : la logique d’intervention.
Cette logique d’intervention se matérialise alors via une forme narrative résumée explicitant
le déroulé et la cohérence de l’intervention (la lecture s’effectue de haut en bas puis de bas en
haut) avec cette question en filigrane : est-ce plausible ?
Néanmoins et surtout ces analyses visent à considérer l’ensemble des alternatives
visant à résoudre une même problématique et à choisir celle qui sera mise en
oeuvre.

1. L’analyse des parties prenantes


2. L’analyse des problèmes
3. L’analyse des objectifs
4. L’analyse des stratégies

Récapitulons les étapes de construction du cadre : une valse à 8 temps

1ère colonne Formalisation de la logique d’intervention .A chaque niveau correspondent


des indicateurs spécifiques et pour le niveau « activités » des moyens (type de ressources) et
des coûts.
La logique d’intervention décrit sur quatre niveaux le déroulé d’interactions espéré:
1. L’objectif global A long terme, en quoi le projet contribue au développement ?En terme
de critères, celui-ci est généralement associé à l’impact. Néanmoins, il s’associe également à
la cohérence interne. Est-ce que cet objectif est en adéquation avec les valeurs de la
structure qui le porte
2. L’objectif(s) spécifique(s) Quels sont les effets directement imputable à l’intervention
espérés au moment de la fermeture du programme ?
3. Les réalisations (intitulés produits ou encore extrants)Production concrète (fournitures,
services, formations, constructions)  attendue du projet
4. Les activités Processus à mettre en place pour aboutir à chaque réalisation. Par ordre
chronologique.
Se construit de haut en bas puis se relit de bas en haut afin de vérifier la cohérence. Chaque
niveau doit permettre d’atteindre le niveau supérieur.
Pour les différents niveaux de résultats, la formulation décrit la situation souhaitée, l’état à
atteindre sous forme d’un verbe conjugué:
Exemple: les jeunes créateurs d’entreprise ont accès au crédit
Pour les activités, on choisira un verbe à l’infinitif, un verbe d’action
Exemple : mobiliser, former, financer
La logique d’intervention
Exemples simplifiés de logiques d’intervention
Exemple simplifié de logique d’intervention avec un seul objectif spécifique

 
 

Exemple
simplifié de logique d’intervention avec plusieurs objectifs spécifiques.
 
 
Exemple de lecture en diagonale entre le niveau activités et réalisations.
Cette lecture en diagonale permet de tester et de consolider le premier niveau de cohérence
du cadre : sa logique horizontale.

Logique verticale
du cadre logique
2ème colonne

Les indicateurs objectivement vérifiables (IOV)


Les indicateurs du cadre logique sont appelés IOV : leur rôle est d’éclairer les réalisations,
l’objectif spécifique et l’objectif global sous un jour effectivement vérifiable.
Selon les concepteurs de la méthode, leur fonction est de pouvoir prouver le succès d’un
projet de manière irréfutable : que même les plus sceptiques s’inclinent face à des résultats
anticipés, suivis et dorénavant démontrés. Tel un score sans appel lors d’un évènement
sportif.
Ce sont des indicateurs de performance : ils mesurent l’atteinte des résultats. Ces indicateurs
de performance s’accompagnent donc nécessairement :

 d’un point de repère préalable (situation de référence, point de départ, baseline)


 d’un point de situation (valeur collectée à la date de dernière mesure)
 de seuils ou paliers (permettant l’analyse et réajustement si un seuil n’est pas atteint
 des cibles (la valeur visée)
Dans la matrice de 4×4, l’indicateur apparait directement relié à sa cible, (par exemple le
revenu moyen des producteurs augmente de 100 à 130 baths dans les 2 ans). Certains
modèles de cadre intègrent 2 colonnes complémentaires (situation de référence, valeur
cible).  Dans tout les cas un tableau de suivi des indicateurs doit intégrer ses données.

La pertinence des indicateurs est aussi fondamentale que celle des objectifs. Ceux-ci doivent
être bien pensés, intelligents : SMART

 Specific (spécifique – un indicateur ne mesure qu’un seul aspect du projet)


 Measurable (mesurable – deux évaluateurs trouveraient le même résultat)
 Achievable (atteignable)
 Reliable (fiable)
 Time-bound (temporellement défini)
Situation en fin de projet
Une mention est souvent oubliée dans les cadres logiques mais qui est pourtant
fondamentale est la notion de « situation en fin de projet » reliée aux indicateurs de
l’objectif spécifique. En effet, cette case est centrale puisqu’elle devrait illustrer la situation
envisagée du démarrage jusqu’au moment de la clôture, si toutes les variables se vérifient,
c’est à dire en cas de succès. Quelle seront – puis qu’elles sont – les données prouvant que le
projet est un succès ?
En savoir plus sur la construction d’indicateurs

3ème colonne

Sources de vérification

Quelles sont les sources d’information ? D’où sont issues les données qui vont permettre de
mesurer et déterminer les indicateurs de la deuxième colonne ?
Egalement souvent négligée, cette colonne est fondamentale. Elle permet de visualiser les
entrailles de votre système de suivi et évaluation. D’ouvrir le capot pour entrevoir les
mécaniques. Pour rester sur cette image, si les indicateurs constituent votre tableau de bord;
la colonne « sources de vérification » doit renseigner sur le type de carburant, les sources
d’approvisionnement et comment celui-ci circule entre les différents éléments du moteur.
La case source de vérification correspondant à l’objectif global sera alimentée par des
données secondaires (collectées en externe) : par exemple un institut national statistique, une
revue nationale des ODD, les données ouvertes de la Banque Mondiale  ou des bases de
données thématiques (voir référencement des Nations Unies ici).
Pour les objectifs spécifiques :
– d’une part par les évaluations externes programmées
– de l’autre via les outils mis en place en interne permettant de détecter les effets naissants
(fiches d’observation, ateliers, entretiens, questionnaires, etc.) et le mode de compilation, par
exemple à travers leur intégration à un tableau de suivi des indicateurs
Les sources de données permettant d’éclairer les réalisations (produits, extrants) seront à
minima disponibles à travers un tableau de suivi des indicateurs, lequel détaillera en
annexe l’outil de collecte utilisé, le mode de calcul de l’indicateur, l’échantillon, la fréquence
de collecte, la ou les personne(s) en charge de la collecte, etc.
La colonne source de vérification devrait faire apparaitre l’ensemble des strates de reporting
(hebdomadaire, mensuelle, trimestrielle, du terrain vers le siège et du siège vers le terrain)
afin de s’assurer que chaque donnée collectée est utilisée – c’est à dire que chaque format de
reporting trouve la place qui lui corresponde dans le CL.
Celle colonne de la matrice devrait ainsi être formalisée au démarrage de
l’action notamment parce qu’elle participe à la sélection des indicateurs. Pour reprendre
l’image précédente, avant de choisir sa motorisation en fonction de la puissance du moteur,
mieux vaut anticiper la consommation (le coût de la collecte) et le type de carburant
disponible localement (accessibilité et fiabilité des données).
Les moyens et les coûts
Les ressources humaines, matérielles et financières requises pour entreprendre les actions
programmées. 

La logique
horizontale du cadre logique.
La cohérence horizontale s’apprécie au fur et à mesure de l’élaboration de la matrice, case par
case.
Au niveau des indicateurs :
Est-ce que les indicateurs identifiés permettent de mesurer l’atteinte du niveau de résultat
concerné ?
Au niveau des sources de vérifications :
Est-ce que le dispositif de collecte de données envisagé permettra de renseigner les
indicateurs sélectionnés ?
Au niveau des moyens et des coûts :
Est-ce que les moyens sont cohérents au regard des activités programmées ? Est-ce que le
budget prévisionnel est cohérent au regard des moyens sollicités ?
Finalisation du cadre

Une double relecture horizontale et verticale va ainsi être nécessaire afin de vérifier la
cohérence de la matrice.

Dans les rouages de la méthode


Une ligne invisible existe dans le cadre entre le niveau des réalisations, supposément sous
contrôle et de la responsabilité des gestionnaires de projet – et l’objectif de rang supérieur, ce
vers quoi l’on souhaite aboutir, qui correspond à l’évaluation de la stratégie adoptée : était-ce
le meilleur moyen de parvenir à nos fins ?

Modèle logique
 

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