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POLYCOPIE

ELEMENTS DU COURS
METHODOLOGIE DE RECHERCHE ET
ENTREPRENEURIAT
SEMESTRE 10 – MASTER CCA

Descriptifs – session 2015 / session 2018

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I. L’esprit et la dynamique de l’entrepreneuriat

Objectifs pédagogique de ce chapitre

1. La logique entrepreneuriale
La logique entrepreneuriale est un état d’esprit qui caractérise l’entrepreneur. Elle
peut également être portée par des salariés dans l’entreprise : ainsi, elle relève des
mêmes caractéristiques que pour l’entrepreneur.
1.1. Qu’est-ce qu’un entrepreneur ?
A. Définition de l’entrepreneur
L’entrepreneur est un individu qui investit des moyens (financiers, matériels,
humains) pour mener un projet économique dans le but de réaliser des profits et
d’assurer la survie de l’entreprise sur le long terme.
Les entrepreneurs tels que Tahar Bimezzagh (Koutoubia), Elon Musk (Tesla), Bill
Gates (Microsoft), Michel-Édouard Leclerc (groupe E. Leclerc), …) ont des profils
et des personnalités très variés. Ils ont cependant des caractéristiques communes,
que l’on retrouve chez tous les entrepreneurs. Ils se démarquent tout d’abord par
leur capacité d’innovation et de créativité. Ils sont capables de prendre des risques
pour permettre des gains futurs. Ils savent également saisir les opportunités qui se
présentent.

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B. L’entrepreneur : innovateur ou organisateur

Deux conceptions de l’entrepreneur s’affrontent : l’entrepreneur innovateur ou


l’entrepreneur organisateur.
La première conception, développée par Joseph Schumpeter, considère que
l’entrepreneur est un innovateur capable d’identifier et de créer de nouvelles
opportunités permettant le développement d’une entreprise. Il a une capacité
d’imagination et d’invention forte qu’il met au service de la firme.
À l’opposé, Jean-Baptiste Say attribue à l’entrepreneur un rôle d’organisateur. Il
coordonne les ressources de façon à accroître et optimiser la production de
l’entreprise.
Ces deux visions de l’entrepreneur sont complémentaires et les deux rôles sont
généralement concomitants dans chaque entrepreneur. Cependant, l’innovateur est
celui qui caractérise le mieux la logique entrepreneuriale et qui implique une
capacité à anticiper, à se projeter et à innover. La prise de risque est l’un des traits
prépondérants de son caractère.

I.2. Quels sont les objectifs de l’entrepreneur ?

L’entrepreneur crée ou développe une entreprise existante .

A. Créer une entreprise

Pour créer une entreprise, plusieurs possibilités s’offrent à l’entrepreneur :


– création pure : l’entreprise n’existait pas, elle est créée par l’entrepreneur ;
– reprise : l’entrepreneur rachète une entreprise existante (on peut être amené à
revendre une entreprise pour différentes raisons : départ en retraite des propriétaires
dirigeants, difficultés financières, changement stratégique du groupe qui se sépare
d’une branche d’activité...) ;

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– réactivation d’entreprise : l’entreprise existe déjà mais elle n’est plus
développée ; l’entrepreneur va lui donner un nouvel essor ;

– essaimage : le salarié d’une entreprise crée sa propre structure, avec le soutien de


son entreprise d’origine, qui lui procure souvent une partie de son chiffre d’affaires
de départ.

B. Développer une entreprise existante

Une fois l’entreprise créée ou reprise, l’entrepreneur continue d’exercer ses


compétences d’innovation et de créativité pour développer son entreprise. Le
développement de la firme peut passer par des stratégies variées. Il se concrétise par
la croissance de l’entreprise ou le rachat d’autres entreprises, le développement de
franchises commerciales...

2. La mise en œuvre d’un projet entrepreneurial

2.1. Quelles sont les étapes nécessaires ?

La mise en œuvre d’un projet entrepreneurial se déroule en plusieurs étapes.

A. Trouver une idée de création d’entreprise

Avoir une idée de création d’entreprise, ce n’est pas nécessairement avoir une idée
révolutionnaire. Il faut tout d’abord avoir une idée qui colle à son époque (dans le
domaine du développement durable, adaptée aux seniors...). Il peut s’agir
simplement d’adapter un concept existant ailleurs à un nouveau marché.

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B. Surmonter les contraintes du projet.

Pour finaliser son projet, le créateur doit identifier et surmonter l’ensemble des
contraintes qui y sont liées. Elles sont de quatre ordres :

– contraintes propres au produit et à la prestation : un produit industriel ne


génère pas les mêmes contraintes qu’un service, certains produits peuvent avoir des
volumes de stockage très importants (camions, outillage), tandis que des services
nécessitent des investissements aux normes (restauration) ;

– contraintes de marché : selon l’état du marché (lancement, croissance,


maturité...), le contexte de la création ne répondra pas aux mêmes conditions ;

– contraintes légales : incontournables pour le créateur, elles diffèrent selon le


produit
(médicaments, bibliothèque...) ;

– contraintes de moyens : les moyens à réunir seront plus ou moins importants


selon les autres contraintes.

C. Mobiliser les ressources et compétences nécessaires au projet

Compte tenu des différentes contraintes identifiées, le créateur d’entreprise va


devoir réunir les ressources nécessaires, et notamment les fonds lui permettant de
démarrer son activité. Il doit également disposer des compétences humaines pour
faire fonctionner et animer son entreprise.

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2.2. Comment élaborer un plan d’affaires ?

A. Le contenu du plan d’affaires ou business plan

Le plan d’affaires est un document qui résume la réflexion sur le projet de création
d’entreprise. Il doit permettre de convaincre les banquiers et les investisseurs de
financer la création. Il donne une vision synthétique de l’activité et ses contours
pour les cinq premières années. Pour obtenir des financements, le créateur peut
s’adresser aux banques mais aussi à des business Angels (investisseurs
providentiels), qui sont des groupements d’investisseurs privés.

B. Les aides à la création d’entreprise

Pour réaliser le plan d’affaires et les différentes études nécessaires à son


élaboration,
l’entrepreneur peut se faire aider par différents organismes, publics ou privés.
Parmi les organismes publics, on peut citer :
– la CCI (chambre de commerce et d’industrie) ;
– la chambre de métiers et de l’artisanat ;
– la chambre d’agriculture ;
- Les CRI ;
– l’ANAPEC (Agence pour l’emploi) ;
– …
Concernant les organismes privés, il est possible de faire appel à des experts
comptables, des avocats d’affaires, des cabinets de conseils, etc.
Il existe également des structures associatives qui pourraient être utiles pour aider à
avoir les informations et parfois même elles exposent leurs services pour aider à
élaborer des business plans. Ces business plans ne sont pas une garantie de la
réussite, mais ceci permet de minimiser les risques que les entrepreneurs n’aient pas
peur de les prendre. C’est une caractéristique forte de vrais entrepreneurs. Pour

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Frank Knight (1967) et Peter Drucker (1970), l’entrepreneuriat consiste à prendre
des risques.
«L’entrepreneur est une personne qui est prête à mettre en jeu sa carrière et sa
sécurité financière pour mettre en œuvre une idée, à mettre son temps et son capital
dans une entreprise risquée.». En 1985, Peter Drucker révise sa position :
«L'entrepreneuriat intelligent consiste à ne pas prendre de risques.»

C. Le BP en quelques étapes

Pour bien peaufiner votre BP, il est préférable de respecter ces différentes étapes
1- La synthèse managériale (Executive Summary)
2- La description de l’organisation et de l’occasion d’affaires
2.1- la raison sociale et la forme juridique
2.2- l’énoncé de la mission de l’entreprise et la description de l’occasion d’affaires
2.3- les objectifs poursuivis
2.4- l’analyse du secteur d’activité et de l’environnement général

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3- L’équipe entrepreneuriale
3.1- l’entrepreneur ou l’équipe entrepreneuriale
3.2- le choix des partenaires
3.3- les droits et les devoirs des actionnaires ou des associés
4- L’analyse du marché
4.1- l’identification de la clientèle et l’évaluation des marchés
4.2- l’analyse de la concurrence
4.3- le choix stratégique
4.4- l’évaluation du chiffre d’affaires prévisionnel
5- Le plan de localisation
5.1- le choix de localisation
5.2- le sommaire des coûts de localisation
6- Le plan marketing
6.1- la description du produit ou du service
6.2- le prix de vente
6.3- la publicité et la promotion
6.4- la stratégie de distribution
6.5- le sommaire des coûts marketing
7- Le plan des opérations
7.1- le besoin et la disponibilité des biens à revendre
7.2- la description de la technologie utilisée et du processus d’exploitation
7.3- l’aménagement du local et l’équipement requis
7.4- la gestion des opérations
7.5- le sommaire des coûts des opérations
8- Le plan écologique
8.1- les risques écologiques
8.2- les lois et règlements environnementaux s’appliquant au projet
8.3- le sommaire du plan écologique
9- Le plan des ressources humaines
9.1- les besoins en main d’œuvre
9.2- le conseil d’administration ou comité de gestion

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9.3- les conseillers externes
9.4- le sommaire des coûts du plan des RH
10- Le plan de développement de l’entreprise
10.1- les objectifs à long terme et la croissance de l’entreprise
10.2- l’évaluation continuelle du marché
10.3- le sommaire des coûts de développement
11- Le calendrier de réalisation, le plan de gestion des risques et les solutions de
rechanges
11.1- le calendrier de réalisation
11.2- l’obtention des autorisations et le respect des règlements
11.3- le plan de gestion des risques et les solutions
11.4- le sommaire des coûts légaux et de gestion des risques
12- Le plan des ressources financières
12.1- les ressources financières personnelles
12.2- les états financiers prévisionnels
- le bilan d’ouverture
- le plan de financement et les états de synthèse prévisionnels
- les budgets de trésorerie
12.3- l’analyse financière
- le seuil de rentabilité
- l’analyse des ratios financiers
-…

Annexes :
- Curriculum vitae
- Devis
- Bibliographie et références

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1- La synthèse managériale (Executive Summary)
Elle a pour objectif de permettre une présentation extrêmement synthétique du projet.
Elle peut figurer en tête du BP mais aussi utilisée de façon indépendante. Ce
document, de 2 à 3 pages, contient les informations suivantes :
- La description du métier et des activités de la future entreprise
- La présentation du ou des créateurs et de leur adéquation avec le projet ;
- La description du marché et de l’offre choisie : les produits, le positionnement
et l’avantage concurrentiel ;
- Les points forts ;
- Les perspectives offertes par le projet : les performances financières, les
perspectives de sortie pour un investisseur (délai à partir duquel il peut espérer
revendre ses parts et réaliser sa plus-value).

2- La description de l’organisation et de l’occasion de l’affaire

L’objectif de cette section est de vous situer par rapport à votre occasion d’affaires,
à votre secteur d’activité et à l’environnement dans lequel votre entreprise
évoluera.
Description de l’organisation :
La raison sociale : Le nom de la société peut :
- Être tout simplement le vôtre si vous avez une profession libérale : El Filali
Saad, Médecin spécialiste ORL
- Décrire ce que fait votre entreprise : Restaurant chez SAAD
Forme juridique : indiquez les raisons de votre choix
Le choix de la raison sociale de votre entreprise fait partie du marketing, puisque
c’est la première avenue par laquelle vos clients potentiels seront sollicités ou
pressentis. Quoi qu’il en soit, elle devra bien représenter ce que vous faites afin que
les clients sachent à quoi s’attendre.

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La mission de l’entreprise constitue sa raison d’être (expliquée en 3 phrases). Elle
présente les produits et les services que l’entreprise veut offrir, le type de clientèle
et le territoire qu’elle veut desservir dans une perspective à long terme. Elle
mentionne également les technologies qui seront utilisées, de même que les valeurs
qui seront véhiculées dans l’entreprise.
Exemple: être la première entreprise dans le domaine de la conception et de la
vente de systèmes informatisés de gestion pour les PME de la région de Fès-
Meknès, en assurant à nos clients une qualité totale dans le service et un
professionnalisme certain dans nos relations d’affaires, tout en demeurant à la fine
pointe de la technologie informatique.
Cette mission indique bien la vision (être le premier), le produit ou le service
(systèmes informatisés de gestion), les valeurs (qualité et professionnalisme), le
marché (PME de la région de Fès-Meknès) et la technologie (conception et vente).
À la limite, les fournisseurs et les créanciers se reconnaîtront dans cette mission,
puisque toutes les relations d’affaires de l’entreprise se feront de façon
professionnelle.
 L’énoncé de la mission de l’entreprise et la description de l’occasion
d’affaires
Nommez les produits et les services que vous comptez offrir et la façon dont vous
comptez les fabriquer ou les vendre. Bref, décrivez de façon sommaire l’occasion
d’affaires convoitée, puisque tous ces sujets seront repris plus en détail dans les
autres sections de votre plan d’affaires.
Déterminez pour chaque produit ou service, les propriétés intellectuelles qui
pourraient s’appliquer ou pour lesquelles vous avez entrepris des démarches auprès
de l’OMPIC.
Précisez, pour chaque produit et service, le marché visé (les clients potentiels) et le
territoire desservi. Cependant, soyez bref puisque vous traiterez des détails de ce
sujet dans votre analyse du marché
 Quels sont vos objectifs ?

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Vos objectifs doivent être spécifiques (part de marché...), mesurables dans le
temps, réalistes et réalisables (compte tenu du secteur d’activité, du contexte
économique et des capacités internes de l’entreprise).
Formulez vos objectifs globaux en déterminant le chiffre d’affaires et les parts de
marché à atteindre, de même que les marges de profits visées. Il s’agit d’indiquer,
après avoir fait l’étude de marché et l’analyse de la concurrence, la part, en argent
ou en pourcentage, du marché que vous voulez atteindre. Vous devez aussi
indiquer le pourcentage de profit que vous voulez conserver après avoir payé toutes
les dépenses de votre entreprise.
La réalisation d’une étude de rentabilité, d’une analyse de la concurrence, ainsi que
d’une étude de marché vous apportera toutes ces informations.

 Analyse du secteur d’activité et de l’environnement général

il est important pour un entrepreneur de connaître les règles de jeu dans son secteur
d’activité et de comprendre quels sont les facteurs qui le dynamisent et de quelle
façon ils le font.
Dans l’analyse de tous ces facteurs, on se préoccupe non seulement des conditions
présentes, mais aussi de leurs évolutions futures pour faire ressortir, à la fin, les
occasions et les menaces que l’on prévoit.
Si vous ne connaissez pas le secteur, faites des lectures sur le sujet dans les revues
spécialisées et rencontrez les principaux intervenants (fournisseurs, ministère,
organismes…) du secteur d’activité afin d’en apprendre.

 Analyse du secteur d’activité

Mentionnez quelles ont été les tendances de croissance au cours des dernières
années en ce qui a trait au potentiel de marché, aux nouveaux produits, aux
nouveaux clients et aux nouveaux concurrents.
votre secteur d’activité comporte-t-il des barrières à l’entrée, comme d’importants
capitaux nécessaires au démarrage, des réglementations coûteuses à respecter, des

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produits breveté par d’autres, ou des types de savoir-faire qui ne sont pas
disponibles, ou d’autres facteurs?
Faites brièvement l’état des fournisseurs dans ce secteur, de même de la facilité ou
de la difficulté d’approvisionnement pour les matières premières nécessaires à la
fabrication de votre produit.
Faites état de la disponibilité de la main d’œuvre. Le personnel compétent est-il
disponible ? Quel en est le coût ? Y a-t-il des contraintes au recrutement de cette
main d’œuvre (formation, proximité ou autre)?
Faites état des politiques de sous-traitance dans le secteur. Les autres entreprises de
cette activité font-elles plutôt appel à des sous-traitants ? Dans l’affirmative, ces
derniers peuvent-ils travailler pour vous aussi ?
Quelles tendances de croissance prévoyez-vous au cours des cinq prochaines
années ? Ce secteur d’activité bouge-t-il rapidement ? Est-il en expansion, stable ou
en régression ?
 Analyse de l’environnement général : PESTELI

- ENV POLITIQUE ET LEGAL : actuellement, quels sont les lois et


règlements qui contraignent ou favorisent votre secteur d’activité ? Voyez-vous
poindre de nouvelles lois ou de nouveaux règlements ? De quelle façon
affectent-ils ou affecteraient votre projet ou l’entreprise proposée ?
- ENV. ECONOMIQUE : expliquez comment les fluctuations économiques
(taux d’intérêt, revenu par habitant dans la région…) touchent votre secteur et,
probablement, votre entreprise. Quelles sont vos prévisions concernant cet
environnement ?
- ENV. SOCIO-CULTUREL : de quelle façon les changements sociaux,
culturels et démographiques touchent-ils votre entreprise ? Quels sont les
changements que vous prévoyez ?
- ENV.TECHNOLOGIQUE : votre secteur d’activité est-il soumis à une
évolution technologique rapide ? Prévoyez-vous des changements dans le
futur ? Des changements technologiques dans d’autres secteurs peuvent-ils
rendre votre technologie désuète ?

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- ENV. ECOLOGIQUE : considérant la nature de vos activités, quelles sont les
occasions ou les menaces que cette situation de sensibilisation aux impacts
écologiques engendre pour votre entreprise ? Que prévoyez-vous à cet égard
pour le futur ?
- ENV. INTERNATIONAL : les accords de libre-échange, le statut avancé avec
l’UE, signés par notre Etat, favorisent-ils l’exportation ? Exposent-ils
l’entreprise à une plus grande concurrence ?
Faites le sommaire des occasions et des menaces que présente l’environnement
général pour votre entreprise
Une fois cette section rédigée, mettez en annexe tous les documents pouvant
attester vos observations et influencer favorablement le lecteur de votre plan
d’affaires.

3- L’équipe entrepreneuriale : qui mènera à bien votre projet d’entreprise ?

L’objectif de cette section du plan d’affaires est de vous rassurer et de convaincre


votre lecteur que vous (ou votre équipe) êtes en mesure de bien réaliser votre
projet. Entrepreneur ou l’équipe entrepreneuriale : Evaluez d’abord comment vous
pouvez, comme individu, satisfaire aux exigences imposées par l’exploitation de
l’occasion d’affaires.
Evaluez vos forces, vos faiblesses et vos habiletés (techniques liées au secteur et de
gestion).
Si vous décelez des écarts entre les exigences de la tâche et vos propres
compétences, il faudra élaborer des stratégies pour les combler.
Entrepreneur ou l’équipe entrepreneuriale : si vous êtes le seul promoteur de votre
projet, indiquez de quelles façons vous comblerez vos faiblesses (formation,
embauche, appel à des conseillers)
Incluez votre curriculum vitae détaillé ainsi de ceux des principaux associés en
annexe du plan d’affaires.
 Le Choix des partenaires
Il vaut mieux rechercher des associés ayant des habiletés complémentaires.

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Présentez les antécédents de chacun des membres de l’équipe entrepreneuriale, en
faisant ressortir leur formation et leur expérience en travail, leur complémentarité
professionnelle.
Insistez sur leurs compétences en relation avec l’occasion d’affaires.

 Droits et devoirs des actionnaires ou des associes :


Il est important de bien s’entendre sur l’identité du gestionnaire, sur le partage de la
propriété et sur les modes de rétribution. Cette entente doit prendre en compte la
propriété de l’idée, l’engagement financier de chacun, des compétences contribuant
au succès de l’entreprise et des responsabilités confiées à chacun.
Une telle entente couvre généralement les conditions du partenariat, de
fonctionnement ainsi que les modalités de séparation. Il est préférable de formaliser
ces ententes dans une convention, en consultant un conseiller juridique.
Faites une description de toute convention signée ou à signer entre les actionnaires
ou associés, faisant état des droits et des devoirs de chacun. Ajoutez en annexe une
copie de cette convention ou du projet de convention.
4- L’analyse du marché
Pour qui allez-vous le faire ? Pour cette question il faut revenir sur un cours des
études du marché (voir cours de M. BENAMAR).
Il s’agit de :
- l’identification de la clientèle et l’évaluation des marchés
- l’analyse de la concurrence
- le choix stratégique
- l’évaluation du chiffre d’affaires prévisionnel
-…
5- Le Plan de Localisation : Où vous installez-vous ?
La localisation représente la région dans laquelle sera implantée l’entreprise, alors
que l’emplacement représente l’endroit précis.
L’objectif est de situer le lecteur par rapport à l’endroit d’où vous comptez
exploiter votre entreprise.
On peut inclure ce plan dans le plan des opérations.

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Avant de déterminer l’endroit où installer votre entreprise, il faut identifier les
facteurs de localisation importants dans votre secteur d’activité et les mettre en
relation avec les exigences particulières reliées à votre occasion d’affaires.
Dans le cas d’une entreprise industrielle, les principaux facteurs sont :
- La proximité des matières premières
- La proximité des marchés et de la main d’œuvre spécialisée
- La disponibilité de services d’aide technique (ingénierie ou autres services)
- L’accès aux réseaux de transport (terre, air, mer)
- La présence d’infrastructure (parc industriel, énergie…)
- Les règlementations locales ou le climat…etc.
Justifier la localisation et l’emplacement choisis et décrivez leurs avantages et leurs
inconvénients. La description peut devenir trop technique et les plans ou devis
faisant partie de cette description doivent apparaître en annexe.
N’oubliez pas que les choix doivent se faire non seulement en fonction des besoins
immédiats, mais aussi en fonction des besoins d’expansion engendrés par la
croissance de l’entreprise.
 Le sommaire des coûts de localisation ?
Présentez les trois catégories de coûts : coûts de démarrage, coûts fixes et coûts
variables.
Précisez le prix d’achat de local et les frais de rénovation ou améliorations
locatives.
le coût d’achat ou de construction de même que les frais connexes (architecte,
notaire, etc.) à leur réalisation sont également des frais de démarrage.
Dressez sur une base annuelle, la liste des frais fixes reliés au plan de localisation
(assurance, coût du loyer, entretien, amortissement des locaux…).
Dressez la liste, sur la base du chiffre d’affaires potentiel, des frais variables reliés
au plan de localisation (le bail dans un centre commercial pourrait comporter une
clause prévoyant une augmentation du loyer selon un pourcentage des ventes
réalisées).
6- Le Plan Marketing : comment allez-vous le vendre ?
Pour ce point, consultez le cours de M. BENAMAR

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7- Le Plan des Opérations : comment allez-vous faire ?
L’objectif de cette section est décrire comment vous allez fabriquer votre produit,
rendre votre service ou vendre les biens de consommation offerts dans votre
commerce. Il s’agit de déterminer les matières premières nécessaires à la
réalisation de la mission de l’entreprise et de décrire les installations, les
aménagements et les équipements requis.
Montrez que ces biens ou équipements sont disponibles à un coût raisonnable.
Ici, les résultats de votre étude faisabilité technique seront très utiles à la rédaction
de cette section de votre BP.
L’objectif de cette section est décrire comment vous allez fabriquer votre produit,
rendre votre service ou vendre les biens de consommation offerts dans votre
commerce. Il s’agit de déterminer les matières premières nécessaires à la
réalisation de la mission de l’entreprise et de décrire les installations, les
aménagements et les équipements requis.
Montrez que ces biens ou équipements sont disponibles à un coût raisonnable.
Ici, les résultats de votre étude faisabilité technique seront très utiles à la rédaction
de cette section de votre BP.
 les besoins et la disponibilité des matériaux et des fournitures
Déterminez les matières premières, les produits semi-finis et les fournitures requis
pour démarrer l’entreprise. Évaluez pour chacun les quantités nécessaires et le coût
total au démarrage.
Discutez de leur disponibilité, tant en quantité qu’en qualité, de même que de leur
coût.
Discutez les programmes d’approvisionnement, des délais de livraison, des stocks
requis au démarrage et pour les opérations de l’entreprise. Discutez aussi de la
possibilité d’économies d’échelle à l’achat de plus grandes quantités.
Désignez les principaux fournisseurs et discutez les règles de jeu dans le secteur.
Existe-il plusieurs fournisseurs pour les matériaux envisagés ou dépendez-vous
d’un seul fournisseur ? Y a-t-il possibilité de substituer un matériau par un autre ?
Pouvez- vous vous engagez à long terme ou commander en fonction des besoins ?
 Processus de fabrication ou d’exploitation

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Dans le cas d’une entreprise manufacturière, il faut décrire les étapes nécessaires
pour fabriquer votre produit.
Pour ce qui est de services, ce processus comprend toutes les étapes de prestation.
Aménagement du local et l’équipement requis : une description sommaire
D’abord, Faites la liste et une description de l’outillage requis. Indiquez les sources
d’approvisionnement, les quantités nécessaires, les délais de livraison. Indiquez si
l’équipement et l’outillage sont neufs ou usagés et notez le coût.
Ensuite, planifier la façon dont sera aménagé votre local.
Pour une entreprise manufacturière, ce plan indiquera l’emplacement des diverses
pièces d’équipement, la façon dont circuleront les produits, etc.
En annexe, vous présentez les devis et les plans reliés à votre aménagement.
 Gestion des opérations
Décrivez votre système de planification et de contrôle de production : la façon dont
vous allez traiter les commandes de vos clients, de la réception jusqu’au moment
où le client recevra son produit ou son service.
Décrivez également votre système de gestion des approvisionnements et de gestion
des stocks, de même que votre système de contrôle ou d’assurance qualité.
En fin, faites le sommaire des coûts reliés à votre plan des opérations.

8- Le Plan écologique : présentez-vous des risques pour l’environnement ?

Nous suggérons que tout plan d’affaires fasse un plan écologique, surtout s’il est
adressé un organisme public.
Vérifiez le plus tôt possible auprès de ministère et de la municipalité où vous
comptez installer votre entreprise s’il y a des règlements ou des lois s’appliquant
particulièrement à votre type de projet.
Discutez des impacts que l’exploitation de l’entreprise aura sur le plan de
l’environnement. Discutez de ces impacts tant à l’intérieur des murs qu’à
l’extérieur.
Présentez les plans mis en œuvre pour en éliminer ou en diminuer les effets
négatifs, tant à court terme qu’à long terme.

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En fin faites le sommaire des coûts reliés à votre plan écologique

9- Le Plan des Ressources Humaines : avec qui allez-vous le faire ?


Il s’agit de présenter les postes de Direction, de même que leurs titulaires, en plus
de tous les autres intervenants qui procurent à titre ponctuel, l’expertise recherchée.
Il convient d’identifier les postes opérationnels, techniques et administratifs requis
pour l’exploitation de l’entreprise. Ces besoins en RH ont été, en principe,
identifiés dans votre étude de faisabilité technique.
Il s’agit de déterminer non seulement le nombre de personnes requis, mais aussi les
qualifications ou compétences nécessaires afin de combler les postes.
Etablissez le niveau des salaires payés et les avantages sociaux (assurance, régimes
de retraite, etc.) que vous offrirez à vos employés.
 Les postes clés et la structure
Présentez l’organigramme de l’entreprise et décrivez les postes clés
Présentez les personnes qui occuperont les postes clés en faisant ressortir leurs
connaissances, leurs expériences et la complémentarité de leurs compétences :
s’elles sont déjà disponibles, incluez leurs CV en annexe.
Déclarez les salaires payés à ces personnes, de même que tout plan de partage de
propriété de l’entreprise ou de partage des bénéfices.
Présentez tout parrain ou mentor et décrivez l’importance de sa contribution au
succès de l’entreprise.
Identifiez les personnes externes retenues ou que vous retiendrez à titre de
conseillers externes.
En fin, faites le sommaire des coûts reliés au plan des RH

10- Le Plan de développement de l’entreprise : et après, qu’allez-vous faire


pour que tout continue d’aller bien ?

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Ce plan a pour objet de déterminer le statut de développement du produit ou du
service et de préciser les plans futurs de Recherche et Développement.
Cette planification est importante pour vous, mais aussi pour les investisseurs qui
voudront tout connaître sur le potentiel commercial à long terme de votre projet.

 Les objectifs à long terme et la croissance de l’entreprise

Quels sont vos objectifs de croissance pour les 5 années à venir ?


C.à.d. :
- Un nouveau marché pour un produit existant ?
- Un marché existant pour un nouveau produit ?
- Un nouveau marché pour un nouveau produit ?

11- Le calendrier de réalisation, le plan de gestion des risques et les solutions


de rechange
Comme tout projet, un projet d’affaires peut être sujet à des retards ou à des petits
problèmes lors du démarrage. Cette section vous permettra de déterminer les
principaux risques et problèmes qui pourraient survenir lors l’implantation du
démarrage. Cette réflexion doit vous permettre de prévoir les solutions de rechange
qui vous aideront à réaliser votre projet dans les meilleures conditions possibles,
quoi qu’il arrive.
 Le calendrier de réalisation
- Dressez la liste des étapes importantes qui vous permettront de mener votre
projet à terme,
- Etablissez des échéances réalistes pour réaliser ces étapes
- Relevez les étapes qui pourraient s’avérer problématiques et discutez de leur
impact sur la réalisation du projet
- Incluez l’obtention des autorisations et les inscriptions diverses à votre
échéancier de réalisation

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 Plan de gestion des risques

Une solution consiste à éparpiller cette section dans d’autres plans. Ainsi, les
risques technologiques pourront-ils être abordés dans la section consacrée à la
technologie, les risques de marché dans le plan marketing, etc.
Sinon, il faut identifier les risques potentiels (retards sur les échéanciers, difficultés
de trouver du financement, excédents des coûts, difficultés de pénétration du
marché, hausse des taux d’intérêt, prix de location plus élevé…etc.)
N.B : on cherche la crédibilité

 Gestion des risques lies a l’environnement

Lors de la présentation de ces risques, vous devez indiquer les principaux facteurs
qui peuvent, selon vous, affecter défavorablement le développement et la
rentabilité de votre projet, notamment sur les points suivants :
- Baisse de la demande du produit ou service proposé : ceci est important lorsque
la demande pour ce produit résulte d’un effet de mode,
- Difficulté d’approvisionnement (matières premières, composants, etc.) de
recrutement du personnel
- Modification dans la réglementation ou la législation
- Réactions possibles de la concurrence : guerre de prix, lancement de nouveaux
produits plus compétitifs, etc.
- Autres risques : politique, social, climatique, etc.

 Gestion des risques propres à l’entreprise

Ici, on insiste sur les facteurs déterminants du succès ou de l’échec de votre


entreprise. Par exemple :

- Les risques technologiques liés à votre politique de recherche et développement

- Les risques liés au processus de production

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- L’existence d’un petit nombre de fournisseurs importants et la possibilité pour
certains d’entre eux de rompre les relations avec votre société.

- L’existence d’un petit nombre de clients représentant une part importante de


votre chiffre d’affaires

- Le risque pouvant résulter d’une incapacité du réseau de distribution à


promouvoir votre produit

- La dépendance de votre projet vis-à-vis de quelques personnes clés dont le


départ ou la maladie pourrait remettre en cause son succès.

Dans un projet innovant, aux risques habituels de toute création d'entreprise


s'ajoutent d’autres risques liés à la mise en œuvre de l'innovation.

Selon le cas, les risques supplémentaires peuvent plus porter :

- sur la dimension personnelle du créateur (incapacité à tout maîtriser ou


dissension dans l'équipe fondatrice,…);

- sur le risque technologique (envol des coûts, retard catastrophique, fiabilité non
atteinte, etc.);

- sur la réaction du marché (réponse trop lente, insuffisante,...) ;

- sur la réaction des concurrents (imitateurs puissants,…) ; ou

- sur le développement intrinsèque de l'entreprise (croissance effrénée non


maîtrisée,...).

- Listez les moyens pour les évitez et, s’ils ne peuvent l’être, élaborez les plans
de rechange.

- Faites le sommaire des coûts reliés au plan de gestion des risques et à la mise en
œuvre de l’échéancier de réalisation

- Dans des hypothèses pessimistes, et plus probables, établissez un plan


‘’contingent’’ pour chiffrer votre hypothèse basse, qui fera l’objet d’un scénario
pessimiste.

22
12- Le plan des ressources financières : ferez-vous de l’argent avec cette
entreprise-là ?
Il s’agit du montage financier d’un projet (voir mon cours à ce sujet et le cours de
Professeur Kibou, Gestion financière, S7, Master CCA)

Entreprenariat : Êtes-vous prêts ? Testez-vous…

Avez-vous le profil entrepreneurial ?


http://www.cci.fr/web/creation-d-entreprise/testez-votre-profil-entrepreneurial
Êtes-vous fait pour l'entrepreneuriat ?
http://www.journaldunet.com/management/questionnaire/fiche/13816/d/f/1/
Avez-vous les ressources internes (aptitudes) pour entreprendre ?
https://ccieef.sphinxonline.net/cci-eef/autodiagressource/test.htm
Auto-évaluation de votre profil d'entrepreneur
https://www.bdc.ca/fr/articles-outils/boite-outils-entrepreneur/evaluation-
entreprise/pages/autoevaluation-mesurez-votre-potentiel-entrepreneurial.aspx
Testez votre détermination à entreprendre
https://business-builder.cci.fr/test-entrepreneur/
Test MACE (Motivation Aptitude Comportement Entrepreneurial)
https://www.test-mace.com/tests-mace/
Test de connaissances sur le management et l'entrepreneuriat
https://www.dogfinance.com/fr/test/testez-vos-connaissances-en-management-et-
entreprenariat

23
24
Dans l’encadré suivant un exemple d’un projet monté avec les étudiants du Master

CCA, PROMO 2021.

25
26
27
II. Méthodologie de recherche

L’objectif pédagogique de cet élément du module


Afin de permettre à l'étudiant, lauréat de ce master, de mener à bien son stage en entreprise, des
séminaires de méthodologie de recherche sont prévus avant le commencement ou en cours du stage de
fin d’études. Egalement, ces séminaires sont si utiles pour permettre à cet étudiant d’avoir des

28
connaissances scientifiques en matière de recherche en le préparant à contribuer lui-même à un
processus de création de la connaissance scientifique à travers son travail de fin d’études (PFE) ou par
la suite à entreprendre des projet de thèse de doctorat. A noter que les lauréats de ce Master sont aussi
éligibles à s’inscrire en préparation d’une thèse de doctorat. Deux intervenants sont prévus,
M.BENAMAR pour la méthodologie quantitative et moi-même pour la méthodologie qualitative.
Par ailleurs, afin d’inculquer aux candidats la culture de création d’entreprise et d’entrepreneuriat, des
séminaires d’entrepreneuriat sont prévus et dispensés simultanément ou après les séminaires de
méthodologie de recherche ( voir première partie ).

À la fin de ce cours, vous serez capable de :


 définir une problématique ;
 mettre en place une démarche homogène et logique visant à rechercher des solutions au
problème posé ;
 Choisir avec pertinence la méthode de recueil et d’analyse
 proposer et argumenter une ou des solutions adaptées ;
 en décrire la mise en œuvre ;
 valoriser son travail et ses conclusions ;
 prendre du recul par rapport au sujet traité en y apportant ses réflexions personnelles.

1. Les catégories ou typologie des mémoires

Deux types de mémoire / PFE :

1. Recherche fondamentale
 Vise à accroître la connaissance en gestion et management de l’entreprise ;

29
 Livre des conclusions valables pour la société dans son ensemble.
2. Recherche appliquée

 Améliore la compréhension d’un problème de gestion spécifique rencontré par


une entreprise ;
 Résulte dans la proposition d’une solution à ce problème spécifique

Le mémoire appliqué (à partir de l’expérience en entreprise) traite directement


d’une problématique traitée en stage par l’étudiant(e). Le mémoire n'est pas un rapport
de stage. Il est essentiel d'aller plus loin

Le mémoire de recherche (à partir d’un thème qui intéresse l’entreprise) traite


d’un sujet indépendant de la mission du stage en entreprise, mais qui intéresse
fortement l’entreprise pour une réflexion à venir.

Le sujet d’un travail de recherche peut être lié à un problème plutôt pratique ou
théorique. Il peut également permettre de comprendre pourquoi une situation
particulière existe.

Exemple de problème pratique

La faculté des lettres DHAR ELMAHRAZ – Fès fait face à une diminution de ses
effectifs en raison de changements des orientations des étudiants ne pouvant être
modifiés. Le doyen de la faculté craint que les troubles résultant de ces choix émanent
de l’incertitude autour des diplômes de cette faculté sur le marché du travail. Ceci peut
perturber la continuité de certaines filières (problème démographique, moins
d’inscrits). Le doyen de la faculté et le Président de l’USMBA s’inquiètent : si rien
n’est fait, les meilleurs enseignants vont chômer techniquement (chômage
technique !). Ceci pourrait nuire à l’image de la faculté en question.

Exemple de problème théorique

Les violences contre les mères ! célibataires dans les pays musulmans constituent un
sujet encore peu exploré.

30
Donc il est important de délimiter le sujet sur lequel vous allez travailler ! Serait –il
d’ordre pratique ou plutôt théorique.

3. Qu’est-ce qu’un bon sujet ?

 Un thème que vous êtes capable de traiter : évitez les sujets de mode et surtout ne
pas vous lancer dans des sujets loin de votre domaine de compétences.
 Un thème qui vous intéresse vraiment : vous allez vivre au moins trois
d’expérience avec ce sujet, il faut donc choisir un sujet qui vous plait
 Un thème qui intéresse l’entreprise dans laquelle vous effectuez votre stage
 Un thème d’actualité, dont on parle, et qui concerne d’autres entreprises

4. Problématique de recherche ?

4.1. Cadrage de la problématique

La problématique consiste en la question générale à laquelle l’étudiant doit


répondre à une question large et générale. Une problématique doit être traduite de
façon spécifique en objectifs de recherche.

Construire sa problématique est une étape à part entière dans le travail d’un
mémoire, une étape décisive qui constitue le fondement sur lequel tout repose.

… Mais

Il faut poser des questions pertinentes, qui font DEBAT.

31
Il s'agit ici de relever une faille ou une lacune dans les connaissances actuelles sur
un sujet, « ce qu'on ne sait pas», donc un problème. Il faut montrer en quoi il est
pertinent de résoudre ce problème.

Egalement, il faut se renseigner sur le problème, afin de développer une


compréhension suffisante du sujet pour identifier l’aspect du problème auquel vous
allez répondre dans votre mémoire ou projet de fin d’études.

En fonction du problème soulevé, vos recherches peuvent inclure la consultation de


diverses sources d’informations pertinentes, ainsi que des discussions avec les
experts. Avant de vous lancer sur un sujet il faut d’abord la valider

…De la validation de la problématique !

Le sujet devrait être validé par ces trois acteurs :

- Intérêt du sujet pour l’étudiant :


- Adhésion du responsable de stage
- Validation de l’encadrant

Après avoir répondu aux questions ci-dessus, vous devriez avoir une idée plus
précise de ce que vous souhaitez traiter en particulier à l’intérieur du problème.
L’étape suivante est donc de transformer ce point en une problématique qui
explique clairement le problème que vous allez résoudre, et prouve la pertinence de
vos recherches.

La problématique de votre mémoire ne se limite pas nécessairement à une seule


phrase. Elle peut tenir dans un court paragraphe.

Attention ! La problématique n’est pas une question.

Exemple de problématique exposée dans un court paragraphe

32
Pendant les trois dernières décades, nous avons constaté une profusion des alliances
stratégiques entre les entreprises, toutes activités et tous secteurs confondus, mais la
majorité de celles-ci étaient un échec. C’est un vrai problème !

4.2. Typologie de problématique de recherche

 Explorer
- Peu de recherches existantes ;
- Comprendre le sens des concepts
- Explorer les motivations, les attitudes et les valeurs
- L'exploration d'un problème vague afin de déterminer un certain nombre de
propositions plus précises, d'hypothèses spécifiques.

 Décrire
- Recherche existante
- Visualiser une situation et classer des variables et des observations
- Approche descriptive

Il s’agit d’observer et de décrire un phénomène en s’appuyant sur des méthodes


d’analyse statistiques qualifiées de « statistiques descriptives.

 Vérifier
- Recherche existante
- Expliquer : découvrir des relations entre des variables
- Prédire : estimer l’importance relative des variables
- Estimer les relations de causalité entre variables

 Maîtriser
- Concepts connus, opérationnalisés, mesurés et relations testées
- Structurer la connaissance sous forme de modèle et d’outils d’aide à la décision

5.La construction d’une problématique

33
La plupart du temps, la problématique se construit progressivement, à partir
déjà de l’étape exploratoire. Au fur et à mesure des lectures et des entretiens,
le chercheur prend des notes, les compare, organise ses réflexions de sorte
que les lignes de force de son investigation se dessinent pas à pas. Les
connaissances théoriques étudiées par ailleurs peuvent être mobilisées.
Soudain on se rend compte que des auteurs et des théories étudiés de manière
quelque peu abstraite au cours des études s’avèrent utiles pour formuler une
problématique intéressante. Toutefois, il peut être intéressant à ce stade de
formaliser davantage la manière de procéder au terme de la phase exploratoire pour
aider le chercheur qui débute à organiser au mieux ses idées. Cette
procédure comporte deux temps.

5.1. Le premier temps : faire le point et élucider les problématiques possibles

Ce premier temps consiste à mettre à plat et à comparer les différentes


approches du problème telles qu’elles se sont manifestées à partir de la phase
exploratoire. Cette mise à plat peut révéler quelques lacunes dans l’exploration,
notamment en matière de lectures à caractère théorique. Un petit
complément de travail exploratoire pourra alors être effectué pour combler
ces lacunes. Pour organiser de manière ordonnée les pistes mises au jour dans
l’étape
exploratoire, l’étudiant ou le chercheur peut se référer tout d’abord aux
repères fournis dans le point précédent et s’aider, s’il a la possibilité d’aller
plus loin, des cours ou ouvrages théoriques auxquels il a accès.
Pour pouvoir servir à tous les lecteurs, quels que soient leurs sujets, les
repères théoriques fournis ci-dessus revêtent un caractère général. Mais ces
lectures exploratoires auront forcément conduit le chercheur sur une littérature
spécifique au domaine particulier qu’il explore, par exemple la sociologie de la
famille, la psychosociologie des entreprises ou l’analyse de la participation
politique. Pour la plupart des domaines particuliers du savoir en sciences sociales,
il existe des ouvrages, des manuels ou des polycopiés (ou « syllabus » en Belgique)
à visée pédagogique qui font le point sur les différents courants de pensée, les

34
principaux auteurs et les principaux concepts de référence, les principales
problématiques abordées et la manière dont elles évoluent au fil du temps, les
principaux débats internes à la discipline et ses perspectives les plus prometteuses.
Par exemple, le chercheur débutant qui se lance dans une recherche sur l’échec
scolaire découvrira vite que ce sujet a déjà été abordé à partir de diverses
problématiques, notamment : les mécanismes de reproduction des inégalités, liés
aux ressources financières et culturelles des parents ; l’écart plus ou moins
important entre la culture de l’école (ses valeurs, ses normes comportementales,
son langage...) et la culture du milieu social de l’élève ; la remise en question de
l’autorité de l’institution scolaire qui peine à obtenir la loyauté et la confiance de
certains milieux sociaux ; la montée en puissance de nouvelles sources
d’information et de nouveaux espaces de socialisation (comme internet) et leur
télescopage avec l’école comme source traditionnellement dominante de savoirs ;
les défauts d’organisation et de fonctionnement du système éducatif, avec ses
rigidités et sa tradition bureaucratique ; le décalage entre le projet de l’école et
celui des jeunes qui peuvent décider délibérément de se faire renvoyer pour
marquer leur refus de l’école et poursuivre un autre projet ; les interactions entre
jeunes qui se renforcent réciproquement dans leurs attitudes par rapport à l’école et
aux adultes. La liste n’est pas exhaustive.

Au cours de la phase exploratoire, le chercheur devra donc s’informer des


principales orientations de la recherche dans ce domaine et être capable de
situer son travail par rapport à elles et dans la continuité des débats sur le
sujet. Sa question de départ pourra alors se préciser. Par exemple, la question
trop générale « Quelles sont les causes de l’échec scolaire ? » pourra être
remplacée par exemple par « En quoi l’organisation interne d’une école a-t-elle
une influence sur la réussite ou l’échec de ses élèves ? » ou encore « Quelle est
la vision des élèves sur l’institution scolaire, et quels en sont les effets sur la
réussite ou l’échec ? ». En revanche, certains phénomènes sociaux sont
relativement nouveaux et les recherches qui s’en occupent peuvent être considérées
comme pionnières car elles abordent un domaine peu exploré et partent quasiment

35
de zéro.
C’est le cas de l’exemple sur la présentation de soi sur le net. Mais même
dans ce cas, il faut s’assurer que des travaux intéressants n’existent pas déjà
et, le cas échéant, en prendre connaissance. Lorsqu’on aborde une question dans le
cadre d’un travail de fin d’études ou d’une recherche, le minimum est de
s’informer des grandes lignes du champ scientifique dans lequel ce travail ou cette
recherche s’inscrit. Le champ des possibilités d’une discipline comme la
sociologie, la science politique, l’anthropologie, la psychologie sociale ou
l’économie (avec leurs
multiples domaines spécialisés) est très étendu et aucun chercheur ne peut le
maîtriser dans son entièreté. Mais on peut demander à ceux qui s’engagent
dans un travail de recherche d’être capables de situer les limites de
l’approche qu’ils envisagent de retenir. Le propre du scientifique, qui est
censé avoir été formé à la systématique et aux fondements de sa discipline,
n’est pas de tout savoir de cette discipline ou de cette sous-discipline mais
bien, comme le dit Pierre Bourdieu, de « savoir ce qu’il ne sait pas », c’est-à-
dire de ne pas ignorer l’existence de ce qu’il ne maîtrise pas et de pouvoir dès
lors situer correctement son mode d’approche dans l’espace des approches
possibles, en d’autres termes sa portée et ses limites. Mettre à plat est insuffisant ; il
faut encore comparer les problématiques possibles. Comparer ne signifie pas
juxtaposer mais bien mettre en évidence les points de convergence et les points de
divergence entre les différentes approches, en discernant bien sur quoi portent ces
convergences et ces divergences. Il s’agit essentiellement des aspects suivants : le
type d’objet que les différentes problématiques possibles prennent en compte et la
manière dont elles le définissent et le « construisent » à partir de leurs concepts
clés, le paradigme sous-jacent et les hypothèses générales, les questions de
recherche
qu’elles induisent et à partir desquelles elles interrogent la réalité.

36
5.2. Le deuxième temps : se donner une problématique

Qu’il s’agisse de l’investigation de théories générales ou de théories appliquées à


un champ particulier, il faut se garder de vouloir aller « trop loin »
sur le plan théorique. Il n’est pas rare que des étudiants, chercheurs ou
doctorants perfectionnistes, qui veulent explorer et maîtriser le fin fond des
approches théoriques possibles, voire de l’une seule d’entre elles qui les
passionne, s’enferment dans une réflexion purement théorique dont ils ne
parviennent jamais à sortir parce qu’ils n’en sont jamais satisfaits. À la
lecture de chaque nouveau livre ou article intéressant, ils remettent en cause
tout leur travail antérieur et ne parviennent jamais à se décider. Combien de
thèses inachevées dorment ainsi dans le bureau de chercheurs trop anxieux et
trop perfectionnistes auxquels il manque une qualité essentielle : savoir
trancher un moment donné, limiter ses ambitions et aller de l’avant.
Trancher ne signifie pas s’enfermer dans une vision obtuse. Tout ce qui a
été lu, entendu et vu au cours de l’étape exploratoire sera tôt ou tard exploité,
d’une manière ou d’une autre. Les perspectives théoriques non explicitement
retenues pour la problématique ne seront pas oubliées ; elles resteront
comme au repos, en réserve, dans les notes et dans le cerveau, prêtes à être
réactivées le moment venu. Mais on ne peut pas tout prendre en compte de
toutes les manières possibles ; un fil rouge est nécessaire pour donner sens et
cohérence au travail. Il est tissé de la question de départ d’abord, de la
problématique ensuite, des hypothèses de recherche enfin... qui s’entrelacent dans
la continuité.

■Quels critères retenir pour choisir sa problématique ?

Cinq critères essentiellement.

37
1) Les arguments de raison. Si différentes approches sont mises à plat et
comparées, ce n’est pas pour en rester à un relativisme stérile selon lequel toutes
les approches se vaudraient. Le champ scientifique est un champ conflictuel
constitué de courants de pensée rivaux et qui sont mis en discussion. Cela fait sa
fécondité. S’il n’existe pas plus d’approche théorique idéale qu’il n’existe de vérité
absolue, toutes les approches ne se valent pas, certaines sont dépassées voire
franchement néfastes (comme le darwinisme social qui justifie la loi du plus fort).
La cohérence du champ scientifique procède de la dynamique même de débat
interne au champ. Il faut
donc choisir une problématique qui résiste au débat et à la faveur de
laquelle des arguments forts peuvent être avancés.

2) Pour les chercheurs déjà expérimentés et maîtrisant bien le champ scientifique


dans leur propre domaine surtout, un deuxième critère de fond réside dans l’intérêt
de choisir une problématique susceptible de combler une lacune dans les
connaissances et dans la littérature scientifique.

3) Si les arguments de raison doivent évidemment prévaloir, ils ne constituent pas


le seul critère à prendre en compte. La pertinence par rapport aux
propres objectifs du chercheur est elle aussi importante. La recherche
appartient d’abord à celui ou à celle qui la réalise. La perspective adoptée
doit d’abord l’intéresser et avoir du sens par rapport à ses objectifs. On ne
fait bien que ce à quoi on trouve sens, intérêt voire plaisir.

4) Le réalisme par rapport aux ressources doit être pris en compte. Le critère
indiqué pour la question de départ vaut ici encore. S’engager dans un travail qui
dépasse ses propres limites en temps, en moyens matériels, en compétences
intellectuelles et en expérience du métier ne peut conduire qu’au découragement et
à un résultat de qualité médiocre.

5) Sans confondre cette étape avec la suivante, il peut être utile de prendre
également en compte les perspectives de la problématique en termes
d’opérationnalisation. Certaines approches très alléchantes intellectuelle
38
ment peuvent ne pas se prêter facilement à la construction précise d’un
modèle d’analyse opérationnel. Le risque est alors soit d’en rester à des
considérations abstraites, soit de ne pas parvenir à articuler correctement
des spéculations théoriques et des observations de terrain effectuées de
manière confuse. Celui qui en est à sa première recherche peut hésiter à
s’engager dans une aventure trop hasardeuse.

Concrètement, il y a deux manières de s’y prendre :

- La première manière consiste à retenir une approche théorique existante,


adaptée au problème étudié et dont on a bien saisi les concepts clés et les
idées principales. Par exemple, on peut étudier les positions respectives
des principaux partis politiques sur une question d’actualité à partir du
concept de champ de Bourdieu, en s’inspirant directement des notions
qu’il utilise lui-même et qu’on trouvera soit dans des ouvrages pédagogiques qui
exposent sa théorie, soit dans une de ses propres œuvres, en
l’occurrence Propos sur le champ politique. Autre exemple, on peut étudier des
problèmes rencontrés dans des organisations ou des entreprises (comme un conflit
portant sur la mise en place d’un nouvel organigramme ou d’une innovation
technologique) à l’aide des outils conceptuels et des hypothèses de l’analyse
stratégique des organisations développée par Crozier et Friedberg.
Autre exemple encore : pour étudier la propagation d’une information
dans une collectivité, on peut mobiliser l’analyse des réseaux sociaux et
tenter de reconstituer les flux d’information et les différents relais par
lesquelles elle est passée. Ou encore, pour étudier les conduites de révolte
dans les quartiers populaires, on peut travailler à partir de l’approche de
l’acteur social telle que développée par Dubet dans La Galère. Jeunes en
survie. Pour étudier comment se forme une action collective, on peut utiliser le
cadre conceptuel élaboré par McAdam et al. avec le concept clé de contexte de
micromobilisation. Ce premier scénario consiste donc à exploiter sans rigidité des
outils théoriques qui ont déjà fait leurs preuves en y apportant les adaptations ou
corrections qui le rendront plus approprié au nouvel objet d’étude. L’application de

39
notre démarche portant sur l’absentéisme des étudiants reprise à la fin de cet
ouvrage illustre ce scénario de choix de construction d’une problématique
à partir d’un cadre théorique existant ;

– la deuxième manière de s’y prendre consiste à se fabriquer une problématique ad


hoc à partir d’éléments (concepts, hypothèses, questions de recherche) puisés dans
différentes approches théoriques existantes.

La seconde application reprise en fin d’ouvrage de Campenhoudt et al. 4e édition


illustre cette manière de faire. Pour rendre compte des modes d’adaptation au
risque de contamination par le virus du sida dans les relations hétérosexuelles de
personnes qui ont plusieurs partenaires et/ou dont la vie intime a connu des
changements
susceptibles de les exposer au risque (multiplication de partenaires succes-
sifs dans une phase de découverte des relations sexuelles, rupture brutale
d’une relation qui comptait, alternance de séjours dans des pays différents,
instabilité chronique recherchée ou non de la vie affective et sexuelle...),
les chercheurs ont conjugué trois approches complémentaires : primo, la
trajectoire personnelle et la position dans le cycle de vie avec les attentes
et la vision des choses qu’elles impliquent ; secundo, la dynamique des
relations dans lesquelles on est engagé avec ses partenaires et la manière
dont l’un et l’autre s’impliquent dans chaque relation ; tertio, le réseau
dans lequel les partenaires sont reliés à d’autres personnes et qui configure
un espace de contraintes et d’opportunités spécifiques. Si l’on adopte ce second
scénario, il faut bien entendu éviter de vouloir retenir et articuler toutes les
approches théoriques possibles dans une sorte de mégathéorie où chacune se
noierait en perdant sa puissance d’élucidation propre et sa valeur ajoutée. Chaque
approche exploitée doit l’être avec un opportunisme de bon aloi, non de manière
intégrale et fétichiste. Pour se faire ses premières dents, un chercheur non
chevronné aura sans doute
intérêt à éviter ce second scénario et à lui préférer la première manière de
faire.

40
Expliciter sa problématique est l’occasion de reformuler la question de
départ. Cette reformulation remplit deux fonctions qui constituent à la fois
deux avantages. La première est d’obliger à recentrer son projet après avoir élargi
les perspectives d’analyse. Pour faire œuvre utile, il faut savoir limiter ses
ambitions. Cette limitation doit porter à la fois sur l’objet, sur l’approche théorique
et sur le dispositif méthodologique au sens strict. La deuxième fonction de la
reformulation de la question de départ consiste à la préciser davantage dans les
termes de l’option théorique développée dans la problématique. Ainsi par exemple,
la question qu’Alain Touraine s’est posée à propos de la lutte étudiante (voir étape
1) est liée à son approche théorique actionnaliste, centrée sur le concept de
mouvement social. Les exemples de questions associées aux quatre exemples repris
en début de
chapitre illustrent aussi cette reformulation. Par ces clarifications, modifications et
approfondissements successifs, la question de départ deviendra progressivement et
véritablement la question centrale de la recherche dans laquelle se résumera
l’objectif du travail. Comme on le constate, formulation de la question de départ,
lectures et entretiens exploratoires, et enfin explicitation de sa problématique sont
en
étroite interaction. Ces étapes se font constamment écho dans un processus
qui est davantage circulaire ou en spirale que strictement linéaire. Si ce
processus a été décomposé en étapes distinctes, c’est pour la clarté de
l’exposé et pour la progressivité de la formation, non pas parce qu’elles
seraient réellement autonomes. Les boucles de rétroaction qui, dans le
schéma suivant, remontent d’une étape à la précédente représentent ce processus
circulaire.

41
L’interaction qui se manifeste entre ces trois premières étapes se retrouve
aussi dans les étapes suivantes. Ainsi, en aval, la problématique n’arrive
réellement à terme qu’avec la construction du modèle d’analyse (4e étape).
La construction se distingue de la problématisation par son caractère opérationnel
car la construction doit servir de guide à l’observation (5e étape). (Manuel de
recherche en sciences sociales de Campenhoudt et al. 4e édition).

6. Comment nous cherchons?

On peut retenir 2 grands processus de construction de connaissances : l’exploration


et le test.

Exploration : la proposition de résultats théoriques novateurs, démarche de type


inductive.

Tester : la mise à l’épreuve de la réalité d’une problématique. L’objectif est


d’évaluer la pertinence d’une hypothèse ou d’un modèle, démarche de type
déductive.

42
Le schéma ci-après est représentatif des démarches de recherche les plus connues
en sciences sociales et de gestion :

Source : notre support électronique, PPT, publié sur la plateforme de l’ENCG de Fès

Une démarche combinatoire est possible. Il s’agit de faire des allers retours terrain
–théorie, le chercheur sera à la fois dans l’induction et dans la déduction. G.
Koenig qualifie ce processus de production des connaissances de l’abduction.

7.Le test d’une hypothèse

Une hypothèse est une réponse provisoire à la question préalablement posée. Les
hypothèses s’élaborent autour de la question de recherche. Elle tend à émettre une
relation entre des faits significatifs et permet de les interpréter. Les hypothèses
doivent cependant être vérifiables, plausibles et précises.

43
Sens de l’hypothèse + ou -
Concept 1 Concept 2

Illustration

Question de recherche : « Quel est le rôle des liens interorganisationnels dans les
transformation organisationnelles et le taux de mortalité des organisations ? »
H : les organisations qui possèdent des liens interorganisationnels ont un taux de
mortalité plus faible que celles qui n’en ont pas.

Variables explicatives et à expliquer


Explicatives ou indépendantes

Variables

A expliquer ou dépendantes

Variables explicatives (satisfaction, qualité de service… )

Y = f (X1, X2, X3……………………………..……………………………Xn)

Variable à expliquer (fidélisation des clients)

44
Hypothèses
- Appropriées pour des recherches descriptives & explicatives
- Relation entre deux variables

Si ∆ V1 ∆ V2

Exemples d’hypothèse
 Plus importante est la satisfaction du client, plus il sera fidèle à son prestataire
de services
 Plus l’entreprise aura tendance à se concentrer sur son cœur de métier et moins
importante sera sa diversification
 Les alliances sont la meilleure solution pour les entreprises œuvrant dans les
marchés de la haute technologie
Exemple d’un modèle de recherche

Le choix d’une méthode empirique

45
 Chaque méthode possède une finalité qui lui est propre
 Le choix d’une méthode dépend de la question et du type de résultat souhaité
 Aucune méthode n’est supérieure à une autre dans l’absolu.
Ce questionnaire peut vous aider à statuer sur la méthode convenable à votre
recherche.
 la méthode retenue permet-elle de répondre à la problématique ?
 la méthode retenue permet-elle d’arriver au type de résultat souhaité ?
 quelles sont les conditions d’utilisation de cette méthode ?
 quelles sont les limites ou les faiblesses de cette méthode ?
 quelles sont les autres méthodes possibles pour répondre à la problématique ?
 la méthode retenue est-elle meilleure que les autres ? Si oui, pourquoi ?
 quelles compétences demande cette méthode ?
 ai-je ces compétences ou puis-je les acquérir ?
 l’utilisation d’une méthode complémentaire permettrait-elle d’améliorer
l’analyse ?
 si oui, cette méthode est-elle compatible avec la première.
Le schéma ci-dessous résume l’ensemble du processus pour le choix d’une méthode
appropriée.

46
Source : notre support électronique, PPT, publié sur la plateforme de l’ENCG de Fès

8. La collecte des données : par quel (s) outil (s) ?

8.1. Par questionnaire ?

Si vous procédez par la collecte des données à l’aide du questionnaire, vous devez s’y
prendre ainsi :
a- Le choix des échelles de mesure
b- l’élaboration du questionnaire
c- L’administration du questionnaire

a- Le choix des échelles de mesure

Type de mesure exemple

Nominales Relation d’identification ou Secteur d’activité


d’appartenance à une classe

Ordinales Relation d’ordre entre les Petite, Moyenne et Grande

47
objets entreprise

Intervalle Comparaison d’intervalle Indice de satisfaction des


ou de différences salariés (de 1 à 10)

Proportion Mesures monétaires, de


longueur, de poids

Remarque : il est conseillé d’utiliser des échelles de mesure préexistantes : déjà


construites et validées par d’autres chercheurs.

b- l’élaboration du questionnaire

- Commencer par les questions relativement simples et fermées


- Regrouper les questions plus complexes ou plus ouvertes à la fin du
questionnaire
- Éviter les questions trop similaires (effet de halo)
- Éviter l’influence d’une question sur les questions suivantes (effet de
contamination)

c- L’administration du questionnaire

Plusieurs types d’administration sont possibles :


 Par voie postale (joindre une lettre d’accompagnement)
 En face à face
 Par téléphone
 Par voie informatique

48
 …
Remarque : chaque mode d’administration a un coût dont la qualité des
données collectées diffère selon le type choisi.

8.2. Au-delà du questionnaire : les autres techniques de collecte des données

a- Collecter les données par des entretiens


- le guide d’entretien
- comment rédiger un « bon » guide d’entretien
- les parties d’un guide d’entretien
b- Collecter les données par l’observation
c- Collecter les données secondaires et complémentaires

a- Collecter les données par entretiens

L’entretien est une technique destinée à collecter des données discursives reflétant
notamment l’univers mental conscient ou inconscient des individus.

 La méthode la plus utilisée en gestion

 Une situation de face à face entre un intervieweur et un interviewé

 Entretien non directif vs entretien semi-directif

L’entretien semi-directif : Le guide d’entretien

49
Le guide d’entretien est « l’inventaire des thématiques à aborder au cours de
l’entretien de fait que, à un moment ou un autre de l’échange, feront l’objet d’une
intervention de l’enquêteur si l’enquêté ne les aborde pas spontanément »1

 Le chercheur peut adapter la formulation des questions en fonction de ses


interactions avec le répondant.

 Les entretiens se complètent ou, du moins, se renvoient constamment les uns


aux autres

 Ce qui échappe à un entretien peut facilement être rattrapé avec un autre

 Seule contrainte : s’assurer que tous les thèmes ont été couverts !

Exemple d’un guide d’entretien (déterminants de la fidélisation des clients


dans le cas d’une SSII et rôles des technologies de l’information)

1. Quels sont pour vous les critères de la qualité d’une prestation de service ?
Quels sont les rôles des TI dans cette perspective ?

2. Qu’attendez-vous de la SSII afin de suivre le bon déroulement du projet ? En


quoi les TI sont-elles utiles ?

3. A partir de quel moment on peut dire que vous êtes satisfait ?

4. Comment est-ce que les engagements pris en début du projet influencent-ils sur
vos attentes ?

5. Que faites-vous en cas d'apparition de nouveaux besoins au cours du projet ?

1
Freyssinet-Dominjon J. (1997), « Méthodes de recherche en sciences sociales », coll. AES, Montchrestien, Paris
1997.

50
6. Qu'attendez-vous de la SSII en cas de problème ? Comment les TI peuvent elles
vous aider ?

7. Comment réagissez-vous si une des clauses du contrat n'est pas respectée ?

8. Quels sont pour vous les 1. risques liés au changement d'un prestataire de
INTRODUCTION
 Etablir un climat de confiance
services ?
 Présentation du thème général de la recherche
 Assurer
9. Quels sont vosl’anonymat
critères de des réponses
jugement afin de sélectionner SSII ?
 Demander l’accord pour enregistrer l’entretien
 est
10. Quel Aborder un de
le poids thème de « réchauffement »
l’historique avec un prestataire dans vos choix futurs ?

11. Quelle est l'influence du prix dans votre choix, le détail des charges peut-il vous
influencer ?

Comment rédiger un « bon » guide d’entretien ?

 L’adéquation à l’objet de la recherche

 Principe : subdiviser la question de recherche en mini-questions qui


constitueront les thématiques du guide.

 Pour chaque thématique : transformer ce que vous voulez vraiment savoir à de


possibles questions

Les parties d’un guide d’entretien

2. Centrage
51 du sujet
 Amener le répondant vers le cœur du sujet
3. Approfondissement
 Aborder les thèmes au cœur de la recherche
 Le répondant, en confiance, peut s’exprimer librement

4. Conclusion

 Phase essentielle

 Récapitulation générale des idées

Comment exploiter un entretien ?

 Retranscription des entretiens : les entretiens seront d’autant plus riches et


interprétables que la retranscription sera fidèle ET à chaud !

 Qu’est-ce que les entretiens apportent à la problématique ?

b-Collecter les données par l’observation

L’observation est un mode de collecte des données par lequel le chercheur observe
de lui-même, de visu, des processus ou des comportements se déroulant dans une

52
entreprise, pendant une période de temps délimitée. Deux types d’observation sont
possibles :

L’observation participante : le chercheur adopte un point de vue interne.

L’observation non participante : le chercheur conserve un point de vue externe.

Pourquoi observer ?

- Observer pour tester des hypothèses de recherche


- Observer pour produire de nouvelles hypothèses
- Observer pour enrichir la collecte de données primaires
- Observer pour décrire et comprendre ce qui est mal connu

Frédéric Wacheux2 (1996) identifie six phases : la négociation de la recherche,


l’entrée sur le terrain, l’observation à proprement parler, la terminaison de
l’observation, l’analyse des données, le retour au terrain.

Entrée sur le Terminaison de


Négociation de L’observation l’observation
terrain
la recherche

Retour au Analyse des


terrain données

2
Wacheux F. (1996), « Méthodologies qualitatives et recherche en gestion », Paris, Economica, 1996

53
Les trois opérations de l’observation

1. Concevoir l’instrument d’observation

Comme nous venons de le voir, la première opération de la phase d’observation


consiste donc à concevoir un instrument capable de produire toutes les informations
adéquates et nécessaires afin de tester les hypothèses. Cet instrument sera souvent,
mais pas obligatoirement, un questionnaire ou un guide d’interview.

2. Tester l’instrument d’observation

La deuxième opération à réaliser dans l’observation consiste à tester l’instrument


d’observation. L’exigence de précision varie selon qu’il s’agit d’un questionnaire ou
d’un guide d’interview. Le guide d’interview est le support de l’entretien. Même
lorsqu’il est très structuré, il reste dans les mains de l’enquêteur. Par contre, le
questionnaire est souvent destiné à la personne interrogée ; il est lu et rempli par elle. Il
est donc important que les questions soient claires et précises, c’est-à-dire formulées
de telle sorte que tous les sujets interrogés les interprètent de la même manière.
Dans un questionnaire adressé à des jeunes et portant sur la pratique du sport, se
trouvait la question suivante : « Vos parents font-ils du sport ? Oui ou non. » Cette
question paraît simple et claire, et pourtant, elle est mal formulée et conduit à des
réponses inutilisables. Tout d’abord, le mot « parents » est imprécis. S’agit-il du père
et de la mère ou d’un ensemble familial plus large ? Ensuite, que répondre si
seulement l’un des deux fait du sport ? Les uns répondront « oui », pensant qu’il suffit
que l’un des deux soit sportif ; les autres diront « non », estimant que la question porte
sur les deux à la fois. Ainsi, pour désigner le même état des choses, on obtiendra des «
oui » chez les uns et des « non » chez les autres. Ces réponses étaient inutilisables et
toute la partie de la recherche qui tournait autour de cette question a dû être
abandonnée.
Outre l’exigence de précision, il faut encore que le sujet interrogé soit en état de

54
donner la réponse, qu’il la connaisse et ne soit pas contraint ou enclin à la cacher. Pour
s’assurer que les questions seront bien comprises et que les réponses correspondront
bien aux informations recherchées, il est impératif de tester les questions. Cette
opération consiste à les soumettre à un petit nombre de sujets appartenant aux
différentes catégories d’individus composant l’échantillon. On découvre ainsi qu’un
terme tel que « euthanasie » n’est pas compris de tout le monde. On découvre aussi des
questions qui provoquent des réactions affectives ou idéologiques et dont les réponses
deviennent inutilisables. C’est le cas, par exemple, de la proposition déjà citée à
propos de laquelle on demandait d’exprimer son degré d’accord : « Point n’est faute ni
crime à aimer sa femme et autant sa voisine. » Cette proposition introduit une
discrimination entre les hommes et les femmes et provoque chez ces dernières une
réponse négative qui est sans rapport avec l’information recherchée. Par ce moyen, on
identifie également d’autres types de questions qui posent problème, telles que celles
auxquelles les gens n’aiment pas répondre et qu’il est dès lors préférable de ne pas
poser en début de questionnaire. En ce qui concerne le guide d’interview, les
exigences sont différentes. C’est la façon de mener l’entretien qui doit être
expérimentée autant, sinon davantage que les questions elles-mêmes qui sont
contenues dans le guide. Nous ne parlons pas ici du guide d’entretien très structuré
dont les exigences sont semblables à celles du questionnaire. C’est surtout lorsqu’il
s’agit d’un entretien semi-dirigé que les choses deviennent très différentes. Le guide
d’entretien reprendra simplement l’ensemble des thèmes à aborder (formulés l’esprit
de celui qui conduit l’entretien. Celui-ci doit continuellement amener son interlocuteur
à s’exprimer sur les éléments de cette structure sans la lui révéler. Le succès d’un tel
entretien dépend bien sûr de la composition des questions mais aussi et surtout de la
capacité de concentration et de l’habileté de celui qui mène l’entretien. Il est donc
important de se tester. Cela peut se faire en enregistrant quelques entretiens et en
écoutant comment ils ont été menés dans l’exemple du Mouvement blanc sous forme
de questions). Dans ce cas, il s’agit d’amener la personne interrogée à s’exprimer avec
un grand degré de liberté sur les thèmes suggérés par un nombre restreint de questions
relativement larges, afin de laisser le champ ouvert à d’autres réponses que celles que
le chercheur aurait pu explicitement prévoir dans son travail de construction. Ici, les

55
questions restent donc ouvertes et n’induisent ni les réponses, ni les relations qui
peuvent exister entre elles. La structure des hypothèses et des concepts n’est pas
reproduite telle quelle dans le guide d’interview, mais elle n’en est pas moins présente
dans l’esprit de celui qui conduit l’entretien. Celui-ci doit continuellement amener son
interlocuteur à s’exprimer sur les éléments de cette structure sans la lui révéler. Le
succès d’un tel entretien dépend bien sûr de la composition des questions mais aussi et
surtout de la capacité de concentration et de l’habileté de celui qui mène l’entretien. Il
est donc important de se tester. Cela peut se faire en enregistrant quelques entretiens et
en écoutant comment ils ont été menés.

3- La collecte des données par observation

La troisième opération de la phase d’observation est la collecte des données. Celle-ci


constitue la mise en œuvre de l’instrument d’observation. Cette opération consiste à
recueillir ou rassembler concrètement les informations prescrites auprès des personnes
ou unités d’observation retenues dans l’échantillon. On procédera par observation
directe lorsque l’information recherchée est directement disponible. Le guide
d’observation est alors destiné à l’observateur lui-même, non à un éventuel répondant.
Dès lors, sa rédaction ne répond pas à des contraintes aussi précises que celles du
questionnaire par exemple. Sans être de l’observation directe, la collecte de données
statistiques existantes, de documents écrits (textes, tracts...) ou picturaux (affiches,
photos...) pose également des problèmes spécifiques qui seront évoqués dans le dernier
point de cette étape. Par contre, l’observation indirecte, par questionnaire ou guide
d’interview, doit vaincre la résistance naturelle ou l’inertie des individus. Il ne suffit
pas de concevoir un bon instrument, il faut encore le mettre en œuvre de manière à
obtenir un taux de réponses suffisant pour que l’analyse soit valable. Les gens ne sont
pas forcément disposés à répondre, sauf s’ils y trouvent un avantage (parler un
moment, par exemple) ou s’ils pensent que leur avis peut aider à faire avancer les
choses dans un domaine auquel ils attachent de l’importance. Le chercheur doit donc
convaincre son interlocuteur, « vendre sa marchandise ». C’est pourquoi on évitera
généralement d’envoyer un questionnaire par la poste et on le confiera plus volontiers

56
à des enquêteurs, si le coût n’en est pas trop élevé. Le rôle de l’enquêteur est alors de
créer chez les personnes interrogées une attitude favorable, le souci de répondre
franchement aux questions et enfin, de ramener un questionnaire correctement rempli.
S’il s’agit d’un questionnaire transmis par voie postale, il est important que la
présentation du document ne soit pas dissuasive et qu’il soit accompagné d’une lettre
d’introduction claire, concise et motivante. Avant d’aborder, dans les pages qui
suivent, le panorama des principales
catégories de méthodes de collecte de données, il est bon d’insister sur l’anticipation.
Celle-ci n’est pas une opération de l’observation proprement dite mais doit être un
souci constant du chercheur, lors de l’élaboration de son instrument d’observation.
Dans la phase suivante d’analyse des informations, les données observées seront
soumises à diverses opérations statistiques visant à leur donner la forme requise par les
hypothèses de la recherche. C’est pourquoi il est nécessaire de souligner combien le
choix de l’instrument d’observation et la collecte des données doivent s’inscrire dans
l’ensemble des objectifs et du dispositif méthodologique de la recherche. Le choix
d’une méthode d’enquête par questionnaire auprès d’un échantillon de plusieurs
centaines de personnes interdit que les réponses individuelles puissent être interprétées
isolément en dehors du cadre prévu par les chercheurs. Il est donc préférable de savoir
au départ que les données récoltées dans ces conditions n’ont de sens que dans leur
traitement strictement quantitatif qui consiste à comparer les catégories de réponses et
à étudier leurs corrélations. À l’inverse, d’autres procédures de recueil de données
écarteront toute possibilité de traitement quantitatif et exigeront d’autres techniques
d’analyse des informations rassemblées. Les méthodes de recueil et les méthodes
d’analyse des données sont le plus souvent complémentaires et doivent donc être
choisies ensemble en fonction des objectifs et des hypothèses de travail. C’est la raison
pour laquelle nous avons conservé les deux mêmes exemples pour cette étape et la
suivante. Si les enquêtes par questionnaire s’accompagnent de méthodes d’analyse
quantitative, les méthodes d’entretien appellent habituellement des méthodes d’analyse
de contenu qui sont souvent, mais pas obligatoirement, qualitatives. Bref, il importe
que le chercheur ait une vision globale de son travail et ne prévoie les modalités
d’aucune de ces étapes sans s’interroger constamment sur ses implications ultérieures.

57
Précisons en outre que les questions qui constituent l’instrument d’observation
déterminent le type d’information que l’on obtiendra et l’usage que l’on pourra en faire
lors de l’analyse des données. Si l’on s’intéresse par exemple à la réussite scolaire
d’élèves, trois niveaux de précision dans l’information peuvent être envisagés : échec
ou réussite, le rang (premier, deuxième, troisième..., dernier) et le pourcentage des
points obtenus par rapport au total. L’information récoltée dépendra de la question
figurant dans l’instrument d’observation. Lors de l’analyse, les données qualitatives
dichotomiques (échec/réussite) ne se traitent pas de la même façon que les données
qualitatives ordinales (le rang) ou quantitatives (le pourcentage). Dans cet exemple, on
observe une fois encore l’interdépendance entre
l’observation et l’analyse des données. Il faut donc anticiper et se demander
régulièrement pour chaque réponse prévue : « Est-ce que la question que je pose va me
donner l’information et le degré de précision dont j’ai besoin dans la phase ultérieure ?
» ou encore : « À quoi doit servir cette information et comment vais-je pouvoir la
mesurer et la mettre en relation avec les autres ? »( Campenhoudt et al. 2011)

Outiller l’observation ?

1. La prise de notes
 Les notes de terrain : les faits, les gestes des personnes observées, leurs
conversations, les contextes de leurs activités…
 Les notes méthodologiques : ajustement de la méthode en fonction des
éventuelles évolutions du terrain
 Les notes d’analyse : interprétations et intuition du chercheur

2. L’enregistrement audio et vidéo


 Peut constituer un moyen d’observation efficace
 Précision des données recueillies (activités observées et contexte) et
leurs formes (image et sons)
 Possibilité de réaliser des « autoconfrontations »

58
c- Collecter les données secondaires et données documentaires

1. Présentation

Le chercheur en sciences de gestion ou sociales récolte des documents pour


deux raisons complètement différentes. Soit il envisage de les étudier en tant
que tels, comme dans l’examen de la manière dont un reportage télévisé rend
compte d’un événement, ou encore dans l’analyse sociologique d’un roman.
Soit il espère y trouver des informations utiles pour étudier un autre objet,
comme par exemple dans la recherche de données statistiques sur le chômage
ou de témoignages sur un conflit social dans les archives de la télévision. Dans
le premier cas, les problèmes rencontrés relèvent du choix de l’objet d’étude ou
de la délimitation du champ d’analyse et non des méthodes de recueil des
informations proprement dites. Le second cas sera donc seul considéré ici. Il est
courant que le travail d’un chercheur nécessite des données macrosociales que
seuls des organismes officiels puissants tels que les instituts nationaux de
statistiques sont en mesure de récolter. Si ces organismes existent, c’est
d’ailleurs principalement pour offrir aux responsables et aux chercheurs des
données nombreuses et fiables qu’ils ne pourraient recueillir par eux-mêmes.
D’autre part, les bibliothèques, les archives et les banques de données, sous
toutes leurs formes, abondent de données qui n’attendent que l’attention des
chercheurs. Il est dès lors inutile de consacrer d’importantes ressources à
récolter ce qui existe déjà par ailleurs, quitte à ce que la présentation des
données ne convienne pas directement et doive subir quelques adaptations.
Précisément, et en dépit de ses nombreux avantages, la récolte de données
existantes peut poser de nombreux problèmes qui demandent à être résolus
d’une manière correcte. Pour cette raison, le recueil de données existantes est
considéré ici comme une véritable méthode de recherche.

2. Variantes

59
Elles sont nombreuses et dépendent de la nature des sources et des informations
considérées. Du point de vue de la source, il peut s’agir aussi bien de
documents manuscrits, imprimés, audiovisuels ou électroniques, officiels ou
privés, personnels ou émanant d’un organisme, contenant des colonnes de
chiffres ou des textes. Si nous écartons provisoirement le problème de l’analyse
des données finalement retenues pour tester les hypothèses et ne nous
préoccupons ici que de leur recueil proprement dit, on peut considérer que les
deux variantes les plus couramment utilisées dans la recherche sociale sont : le
recueil de données statistiques d’une part et le recueil de documents de forme
littéraire émanant d’institutions et d’organismes publics et privés (lois, statuts et
règlements, procès-verbaux, publications...) ou de particuliers (récits,
mémoires, correspondance...) d’autre part. Dans un avenir plus ou moins
rapproché, on peut toutefois s’attendre à ce que les documents audiovisuels et
électroniques soient de plus en plus utilisés eux aussi. L’une et l’autre de ces
deux variantes principales impliquent des procédures différentes de validation
des données, mais la logique en est fondamentalement la même : il s’agit de
contrôler la fiabilité des documents et des informations qu’ils contiennent, ainsi
que leur adéquation aux objectifs et aux exigences du travail de recherche.

• Pour ce qui concerne les données statistiques, l’attention portera


principalement sur la fiabilité globale de l’organisme émetteur, la définition des
concepts et des modes de calcul (par exemple : le taux de chômage est défini et
calculé de manière différente dans chacun des pays de l’Union européenne) et
leur adéquation par rapport aux hypothèses de la recherche, la compatibilité de
données relatives à des périodes différentes ou recueillies par des organismes
différentes et enfin, la correspondance entre le champ couvert par les données
disponibles et le champ d’analyse de la recherche.

• Pour ce qui concerne les documents de forme littéraire, l’attention portera


principalement sur l’authenticité des documents, l’exactitude des informations
qu’ils contiennent, ainsi que la correspondance entre le champ que couvrent les
documents disponibles et le champ d’analyse de la recherche.

60
3. Objectifs pour lesquels la méthode convient particulièrement
• L’analyse des phénomènes macrosociaux (le suicide), démographiques, socio-
économiques...
• L’analyse des changements sociaux et du développement historique des
phénomènes sociaux à propos desquels il n’est pas possible de recueillir des
témoignages directs ou pour l’étude desquels les témoignages directs
sont insuffisants. • L’analyse du changement dans les organisations.
• L’étude des idéologies, des systèmes de valeurs et de la culture dans son sens
le plus large.

3. Principaux avantages

• L’économie de temps et d’argent qui permet au chercheur de consacrer


l’essentiel de son énergie à l’analyse proprement dite.
• Dans de nombreux cas, cette méthode permet d’éviter le recours abusif aux
sondages et enquêtes par questionnaire qui, de plus en plus nombreux, finissent
par lasser les personnes trop fréquemment sollicitées. (À la décharge des
chercheurs professionnels, il faut dire qu’ils ne sont responsables que d’une
petite partie des sondages et des enquêtes par questionnaire.)
• La mise en valeur d’un important et précieux matériau documentaire qui ne
cesse de s’enrichir en raison du développement rapide des techniques de
recueil, d’organisation et de transmission des données en particulier
via internet.

4. Limites et problèmes

• L’accès aux documents n’est pas toujours possible. Dans certains cas, le
chercheur a affectivement accès aux documents mais, pour une raison ou une
autre (caractère confidentiel, respect du souhait d’un interlocuteur...), il ne peut
en faire état.
• Les nombreux problèmes de fiabilité et d’adéquation des données aux
exigences de la recherche obligent parfois le chercheur à renoncer à cette

61
méthode en cours de route. Dès lors, il ne faut s’y engager qu’après une courte
enquête sur le caractère réaliste ou non de la démarche.
• Les données n’étant pas recueillies par le chercheur lui-même selon les
critères qui lui conviennent le mieux, elles devront normalement faire l’objet de
manipulations destinées à les présenter sous les formes requises
pour la vérification des hypothèses. Ces manipulations sont toujours délicates
car elles ne peuvent altérer les caractères de fiabilité qui ont précisément justifié
l’utilisation de ces données.

5. Méthodes complémentaires

• Les données statistiques recueillies font normalement l’objet d’une analyse


statistique des données.
• Les données recueillies dans les documents de forme littéraire sont utilisées
dans divers types d’analyse et en particulier dans l’analyse historique
proprement dite et l’analyse de contenu. De plus, il est courant que les
méthodes d’entretien et d’observation soient accompagnées de l’examen de
documents relatifs aux groupes ou aux phénomènes étudiés.
• D’une manière générale enfin, les méthodes de recueil de données existantes
sont utilisées dans la phase exploratoire de la plupart des recherches en sciences
sociales.

6. Formation requise

• Pour le recueil de données statistiques : une formation en statistique


descriptive et, de préférence, en épistémologie. En effet, il ne faut pas se laisser
abuser par les données chiffrées qui, comme toutes les autres, ne sont pas des
faits réels mais des « faits construits », c’est-à-dire des abstractions censées
représenter des faits réels. Si ces données permettent donc de se faire une image
plus ou moins correcte de la réalité, elles n’ont en revanche de valeur et de sens
que si l’on sait comment et pourquoi elles ont été construites.

62
• Pour le recueil de documents de forme littéraire et audiovisuelle : une
formation en critique des sources documentaires.
• Dans les deux cas, une formation en recherche documentaire (qui fait
rarement l’objet d’un enseignement spécifique dans les universités et les écoles
supérieures).

BIBLIOGRAPHIE

- LÉVY M.-L. (1979), Comprendre la statistique, Paris, Seuil.


- LÉVY M.-L., EWENCZYK S. et JAMMES R. (1981), Comprendre
l’information économique et sociale : guide méthodologique, Paris, Hatier.
- REZSOHAZY R. (1979), Théorie et critique des faits sociaux, Bruxelles, La
Renaissance du livre. SAINT-GEORGES P. (DE) (1995), « Recherche et
critique des sources de documentation en politique économique et sociale », in
Albarello et al., Pratiques et méthodes de recherche en sciences sociales, Paris,
Armand Colin, p. 9-32.
- SALMON P. (1993), « Analyse secondaire », in Sociétés contemporaines,
n° 14, 15, juin/sept., Paris, L’Harmattan
- Campenhoudt et al ., 2011, Manuel de recherche en sciences sociales, 4e édition,
Dunod , Paris
- Papin R., 2017, « Création d’entreprise : De l’idée au business plan »
Éditeur : DUNOD –Publication : Janvier 2017
- Drucker P., 1985, « Les entrepreneurs », Éditeur : Hachette –Publication :
Octobre 1985.
- Vanryb B., 2017, « Les 10 commandements de l'entrepreneur », Éditeur :
Rocher –Publication : Octobre 2017.
Laviolette M., 2015, « Le grand livre de la création d’entreprise», Éditeur :
Vuibert –Publication : Septembre 2015.

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