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Roland FORTUNIER
École Nationale Supérieure des Mines
158 cours Fauriel
42023 Saint-Etienne cedex 2
2
Table des matières
Introduction 7
3
2.2.2 Lois complémentaires, potentiel de dissipation . . . . . 34
2.2.3 Cas de la dissipation instantanée . . . . . . . . . . . . 37
3 Élasticité - Viscoélasticité 39
3.1 Élasticité linéaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
3.1.1 Loi de Hooke généralisée . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
3.1.2 Énergie de déformation élastique . . . . . . . . . . . . 40
3.1.3 Relations de symétrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
3.1.4 Différents comportements élastiques . . . . . . . . . . . 43
3.1.5 Thermoélasticité linéaire . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
3.2 Viscoélasticité linéaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.2.1 Modèle de Kelvin-Voigt . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.2.2 Modèle de Maxwell . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
4 Plasticité - Viscoplasticité 51
4.1 Résultats expérimentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
4.1.1 Limite d’élasticité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
4.1.2 Anisotropie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
4.2 Modélisation mécanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
4.2.1 Contrainte équivalente . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
4.2.2 Variables d’écrouissage . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
4.3 Comportement élastoplastique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
4.3.1 Loi de normalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
4.3.2 Condition de consistance . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
4.4 Comportement élastoviscoplastique . . . . . . . . . . . . . . . 64
4.4.1 Loi de normalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
4.4.2 Potentiel d’écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
4
4.5 Quelques exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
4.5.1 Ecrouissage isotrope . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
4.5.2 Ecrouissage cinématique linéaire . . . . . . . . . . . . . 70
4.5.3 Ecrouissage combiné . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
5 Endommagement - Rupture 73
5.1 Endommagement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
5.1.1 Description . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
5.1.2 Mesure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
5.2 Rupture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
5.2.1 Description . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
5.2.2 Mécanique de la rupture . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
5
6
Introduction
7
en forme.
Dans le chapitre un de ce document, nous décrivons les essais mécaniques cou-
ramment utilisés pour caractériser le comportement mécanique des matériaux,
puis nous donnons quelques lois phénoménologiques utilisées dans les calculs
simples. Dans le chapitre deux, nous donnons le cadre thermodynamique
dans lequel les lois de comportement des matériaux doivent s’inscrire. En-
suite, nous nous intéressons aux comportement élastiques, thermoélastiques
et viscoélastiques linéaires, puis à la modélisation de l’écrouissage plastique
ou viscoplastique. Le dernier chapitre est consacré aux principaux modèles
d’endommagement et de rupture des matériaux.
Les concepts introduits dans ce document pourront être approfondis dans [4].
Le lecteur pourra également utiliser [2] pour mieux comprendre les liens entre
les aspects microscopiques et macroscopiques du comportement des métaux,
et [5] pour une analyse détaillée des mécanismes physiques et de la mécanique
de l’endommagement.
8
Chapitre 1
9
), et non deux tenseurs. Le choix de ces scalaires dépend du type d’essai et
du type de matériau.
10
temps vitesse de régime régime
−1
caractéristique (s) déformation (s ) mécanique thermique
6 −6
10 10 fluage isotherme
104 à 102 10−4 à 10−2 quasi-statique isotherme
1 1 intermédiaire intermédiaire
−2 −4 2 4
10 à 10 10 à 10 dynamique intermédiaire
10−6 106 impact adiabatique
de Hopkinson (figure 1.2), où l’éprouvette est sollicitée par l’onde élastique de
compression arrivant de la barre incidente. Pour dépouiller l’essai, il faudra
prendre en compte l’inertie mécanique du matériau, qui produit un ”pic” de
force au début de la sollicitation. Enfin, dans le régime d’impact, on utili-
sera par exemple un essai d’impact de plaques (figure 1.3). Une plaque in-
cidente vient impacter à 500m/s environ la plaque étudiée, qui est sollicitée
directement en traction lors du croisement des ondes élastiques de traction
issues de la réflexion des ondes de compression sur les faces libres avant et
arrière. Le dépouillement de ce type d’essais est relativement complexe, d’une
part à cause de l’électronique nécessaire pour ”capter” des phénomènes se
produisant en quelques nanosecondes, et d’autre part à cause du comporte-
ment mécanique du matériau, qui s’approche ici plus d’une courbe pression-
volume (diagramme de Clapeyron) que d’une courbe classique contrainte-
déformation.
11
Fig. 1.3 – Impact de plaques
12
Dans le tableau 1.2, le régime thermique d’un essai est indiqué, en fonction
de la vitesse de déformation mise en jeu. La puissance de déformation plas-
tique σ : ˙ p est essentiellement dissipée en chaleur dans l’élément de volume
considéré. Par exemple, il est aujourd’hui communément admis que, dans les
métaux, environ 90% de la puissance de déformation plastique est dissipée
en chaleur, le reste étant stocké dans le matériau. Cette chaleur doit donc
être évacuée par conduction thermique.
Lors d’essais ”lents” (régimes mécaniques de fluage ou quasi-statiques), la
chaleur a le temps de se dissiper, se sorte que l’on peut considérer que l’es-
sai est isotherme. Dans un régime intermédiaire ou d’impact, l’éprouvette
s’échauffe vite, et la chaleur produite n’a pas le temps de se dissiper. Ceci a
une conséquence sur le comportement du matériau, et sur l’évolution de sa
structure.
Pour simuler un procédé de mise en forme, la loi de comportement du matériau
est donc souvent donnée à différentes températures. Des essais à différentes
températures sont donc réalisés. Ceci peut changer non seulement le niveau
de contrainte (pour une déformation donnée), mais aussi la forme de la loi
elle-même (présence ou non de recristallisation dynamique, . . . ).
– la traction-compression
– la torsion
– la flexion
L’éprouvette est alors sollicitée dans une direction de l’espace des contraintes.
La variation d’un paramètre de l’essai ne change pas cette direction. Les essais
multiaxiaux sont nombreux et variés. Ils sont plus difficiles à interpréter.
Ils consistent le plus souvent à combiner plusieurs sollicitations uniaxiales
entre elles au cours du temps, de façon à tester l’influence de la direction
13
de sollicitation sur le comportement du matériau. L’essai multiaxial le plus
courant est celui de ”traction-torsion”.
Traction-Compression
Pour avoir accès à une loi de comportement valable pour de plus grandes
déformations qu’en traction, on réalise donc des essais spécifiques de com-
pression (figure 1.6). Le dépouillement de l’essai est cependant rendu délicat
par la présence de frottement à l’interface éprouvette-outil.
Torsion
L’essai de torsion (figure 1.7) permet d’avoir accès à une loi de compor-
tement pour de grandes déformations, sans problèmes de frottement entre
l’éprouvette et l’outil. Cependant, la déformation et la contrainte ne sont
pas homogènes le long du rayon de léprouvette. On utilise donc parfois un
cylindre à paroi mince comme éprouvette.
14
Fig. 1.6 – Schématisation de l’essai de compression
Flexion
La flexion (figure 1.8) est l’essai le plus couramment employé sur les céramiques.
La flexion quatre points permet de solliciter le matériau avec un moment
constant entre les deux points d’application de la charge. Comme en torsion,
la déformation et la contrainte ne sont pas constantes dans l’épaisseur de
l’éprouvette.
Les essais monotones les plus classiques sont ceux de traction, de compres-
sion, de torsion et de flexion. La sollicitation est alors appliquée au matériau
jusqu’à sa rupture (traction, torsion, flexion) ou jusqu’à une déformation suf-
15
Fig. 1.8 – Schématisation de l’essai de flexion quatre points
16
Fig. 1.9 – Essai d’écrouissage en traction
17
Fig. 1.10 – Représentation schématique d’une courbe de fluage
Les essais cycliques sont caractérisés par une suite de sollicitations alternées.
Les plus courants sont ceux de traction-compression, mais on utilise également
18
des essais de flexion ou de torsion alternée. L’objectif de ces essais est d’ob-
tenir la loi de comportement ”cyclique” du matériau, qui caractérise son
évolution au fur et à mesure des cycles de sollicitation. Les essais de traction-
compression peuvent être réalisés à déformation ou à contrainte imposée.
La figure 1.12 montre le type de résultats obtenus en déformation imposée
(traction-compression par exemple), dans le cas d’un matériau à durcisse-
ment cyclique. Lorsque l’amplitude de contrainte n’évolue plus sur plusieurs
cycles, on dit que l’on a atteint le ”cycle stabilisé”. Pour obtenir la loi de com-
portement cyclique du matériau, on effectue plusieurs essais à déformation
imposée plus ou moins grande. Pour chaque essai, on note l’amplitude de
contrainte aux cycles stabilisés, que l’on trace en fonction de l’amplitude de
déformation. La figure 1.13 montre le type de courbe obtenu, appelé ”courbe
de consolidation cyclique”. Cette courbe ressemble à celle obtenue lors d’un
essai d’écrouissage, mais ne traduit pas du tout le même type de comporte-
ment.
19
Fig. 1.13 – courbe de consolidation cyclique typique
20
un domaine dit ”oligocyclique”, où le nombre de cycles à rupture est rela-
tivement faible. Ce domaine est caractérisé par une plastification globale de
l’éprouvette à chaque cycle. Dans le domaine dit ”d’endurance limitée”, la
consolidation cyclique diminue la plastification de l’éprouvette au cours des
cycles. Le nombre de cycles à rupture est plus élevé. Enfin, dans le domaine
d’endurance, le comportement de l’éprouvette est purement élastique. Pour
certains matériaux, on peut même considérer que, en-dessous d’une certaine
amplitude de contrainte (la limite d’endurance), le nombre de cycles à rup-
ture est infini.
Essai de dureté
L’essai de dureté est largement utilisé sur les métaux. Il caractérise la résistance
qu’oppose le matériau à la pénétration d’un autre corps plus dur que lui.
Ainsi, pour des conditions expérimentales données, la dureté du métal sera
d’autant pus grande que la pénétration du corps sera faible. Il existe trois
principaux type d’essais de dureté, qui différent essentiellement par la forme
du pénétrateur : l’essai Brinell, l’essai Vickers et l’essai Rockwell :
21
formée est donc pyramidale. Si S est la surface latérale de cette em-
preinte (exprimée en mm2 ), d sa diagonale (en mm) et F la force
appliquée (en Kgf ), alors la dureté est : Hv = F/S ≈ 1,8544F/d2 .
La charge utilisée est en général comprise entre 5 et 120Kg. Toute-
fois, il est possible de faire des essais dits de microdureté avec des
charges n’excédant pas 100g si l’on veut étudier une zone très locale du
matériau. Ces essais sont alors réalisés et analysés sous microscope.
– Dans l’essai Rockwell, le pénétrateur est soit une bille, soit un cône
de diamant d’angle au sommet 120◦ , avec une extrémité sphérique de
0,2mm de diamètre. On ne mesure plus la surface de l’empreinte, mais
sa profondeur. On applique en général une précharge d’environ 10Kg
avant l’essai, et on mesure l’évolution de la profondeur de l’empreinte
lors du passage à la charge totale. La valeur de la dureté est notée
HR , avec un indice supplémentaire donnant le type de bille ou cône
utilisé et la charge F utilisée. Par exemple, HRA correspond à un cône
et une charge de 60Kg, et HRB à une bille de diamètre 1,59mm (1/16
de pouce) et une charge de 100Kg.
22
L’essai Brinell est peu sensible à l’état de surface car il conduit à des em-
preintes relativement larges. Par contre, il n’est pas possible de l’utiliser cor-
rectement sur des métaux très durs. Les essais Vickers et Rockwell peuvent
être utilisés sur tout type de métal, mais sont sensibles à l’état de surface.
L’essai de dureté le plus utilisé aujourd’hui est l’essai Vickers. On en déduit
une dureté Hv . Parfois, on parle de ”dureté vraie”, et on la note H. En fait,
cette dureté vraie est la rapport entre la force appliquée, F (en Kgf ), et la
surface de l’empreinte projetée sur la face étudiée, Sp (en mm2 ). Il existe des
abaques pour relier H à Hv , et également pour relier les différents types de
dureté entre eux. La dureté vraie H est utilisée car elle permet d’avoir une
première estimation, par un essai simple, de la limite d’élasticité du matériau
σ0 . On peut en effet considérer en première approximation que H = 3σ0 .
Un facteur correctif est cependant souvent utilisé pour rendre compte de
l’écrouissage du matériau.
L’essai de résilience
23
Fig. 1.16 – Essai de résilience
bricant de cet acier. Par contre, des essais de résilience ne pourront être com-
parés que s’ils sont réalisés dans les mêmes conditions (forme d’éprouvette,
température, . . . ).
La résilience mesurée par un essai Charpy n’est qu’une valeur d’énergie glo-
bale caractérisant le matériau dans les conditions de l’essai. Elle n’est pas en
relation directe avec une propriété intrinsèque du matériau. Pour remonter
à des propriété plus locale, on peut par exemple utiliser un essai de Charpy
instrumenté, où on mesure l’évolution de la charge au cours du temps. En
fait, la résistance à la rupture brutale d’un matériau est maintenant étudiée
à l’aide de la mécanique de la rupture. Un facteur d’intensité de contraintes
critique kIc caractérise par exemple la résistance d’un matériau à la pro-
pagation brutale d’une fissure en déformation plane. C’est un paramètre
intrinsèque du matériau. Des corrélations empiriques ont été établies pour
certains matériaux entre les valeurs de kIc et la résilience kV . Le facteur d’in-
tensité de contraintes est décrit plus en détails dans le dernier chapitre de ce
document.
24
1.3 Quelques lois simples
Le principal objectif des essais mécaniques est la mise en place d’une loi des-
tinée à être utilisée pour la prévision du comportement du matériau. Cette
loi de comportement pourra par exemple être appliquée lors de la mise en
forme d’une pièce, pour calculer les efforts nécessaires (choix des outillages
et de la presse), pour évaluer l’aptitude du matériau à cette mise en forme
(remplissage des formes), . . . . Pour ce type d’application, il n’est parfois pas
nécessaire de faire appel à des lois compliquées. On se contente alors de rela-
tions simples, qui servent simplement à décrire le comportement du matériau
dans un cas particulier. Nous allons voir ici quelques relations d’ecrouissage
issues d’essais de traction.
Une courbe contrainte-déformation (σ − ) lors d’un essai d’écrouissage est
caractérisée par une partie élastique et une partie plastique. Nous nous
intéressons ici principalement à la partie plastique. Cette courbe sera donc
parfois transformée comme décrit sur la figure 1.17. La déformation plas-
tique sera notée p et la contrainte σ. Dans le cas d’un essai de traction par
exemple, on aura σ = FS , où F est la force appliquée, et S la section courante
de l’éprouvette, et p = − e = ln( ll0 ) − Eσ , où l est la longueur de la par-
tie utile de l’éprouvette (l0 la longueur initiale) et E le module d’Young du
matériau.
25
suivantes :
σ = Kn (1.1)
σ = σe + Kn (1.2)
26
Pour obtenir les paramètres σe , K et n, il faut dans ce cas tout d’abord
identifier σe , qui est en fait la limite d’élasticité du matériau, puis trans-
former la courbe en ln(σ − σe ) − ln() pour obtenir les deux autres pa-
ramètres. Il faut signaler ici que le paramètre n n’est pas ici le coefficient
d’écrouissage du matériau.
– la loi de Swift ou loi de Krupkowski, représentée sur la figure 1.20, qui
s’écrit (K, 0 et n sont des paramètres) :
27
28
Chapitre 2
29
Fig. 2.1 – Sollicitation thermodynamique appliquée à un solide
suivantes :
→
−
Z Z Z
d →
− →
−
ρ v dv = t ds + f v dv (2.1)
dt ΩA ∂ΩA ΩA
– conservation de la masse
Z
d
ρdv = 0 (2.2)
dt ΩA
dE dK
+ = Pe + Q (2.3)
dt dt
Les quantités mise en jeu dans la dernière équation peuvent être obtenues de
la façon suivante :
30
– la puissance des efforts mécaniques, en utilisant la conservation de la
quantité de mouvement, la conservation de la masse, et le théorème de
la divergence :
− −
→
Z Z Z Z
− −
→
Pe = t .→
v ds+ f v .→
v dv = (ρ→
−
γ ).−
→
v dv+ σ : ˙ dv (2.6)
∂ΩA ΩA ΩA ΩA
Z Z Z Z
Q= −→
−
q .−
→
n ds + rdv = − div(→
−
q )dv + rdv (2.7)
∂ΩA ΩA ΩA ΩA
ρė = σ : ˙ + r − div(−
→
q) (2.8)
dS
Z
r
Z −
→
q .−
→n
≥ dv − ds (2.9)
dt ΩA T ∂ΩA T
Z
ds →
−
q r
(ρ + div( ) − )dv ≥ 0 (2.10)
ΩA dt T T
31
En exprimant r à l’aide de la relation issue du premier principe, en remar-
→
− →
− → −−→ )
−
quant que div( Tq ) = div(T q ) − q .grad(T
T2
, et en multipliant par T (variable
positive), on en déduit l’inégalité locale suivante :
−
→
q −−→
σ : ˙ + ρ(T ṡ − ė) − .grad(T ) ≥ 0 (2.11)
T
−
→
q −−→
σ : ˙ − ρ(ψ̇ + sṪ ) − .grad(T ) ≥ 0 (2.12)
T
∂ψ e ∂ψ ∂ψ
ψ̇ = e
: ˙ + Ṫ + V̇k (2.13)
∂ ∂T ∂Vk
32
L’inégalité de Clausius-Duhem devient alors, en utilisant la partition en
vitesses de déformations ˙ = ˙e + ˙p , où ˙e est le tenseur des vitesses de
déformation élastique, et ˙p celui des vitesses de déformation plastique :
∂ψ ∂ψ ∂ψ −
→
q −−→
(σ − ρ →
− ) : ˙e + σ : ˙p − ρ(s + )Ṫ − ρ V̇k − .grad(T ) ≥ 0 (2.14)
∂e ∂T ∂Vk T
Cette inégalité doit être vraie pour tout type de transformation. En imagi-
nant une transformation élastique réversible isotherme, sans modification des
variables internes, on aboutit à l’égalité suivante :
∂ψ
σ=ρ (2.15)
∂e
∂ψ
s=− (2.16)
∂T
∂ψ
Ak = ρ (2.17)
∂Vk
33
2.2.2 Lois complémentaires, potentiel de dissipation
−−→ →
−
q
Φ = σ : ˙p − Ak V̇k − grad(T ). ≥ 0 (2.18)
T
∂φ p ∂φ ∂φ − →
q
Φ= : ˙ + V̇k + →
− . (2.19)
∂ ˙
p
∂ V̇k q
∂T T
Les variables ”duales” seront alors obtenu à partir des lois complémentaires
suivantes, exprimant que les variables duales sont les normales à la surface
d’iso-potentiel de dissipation (φ = cste), dans l’espace des variables flux
(figure 2.2) :
∂φ
σ= p
∂ ˙
∂φ
Ak = − (2.20)
∂ V̇k
−−→ ∂φ
grad(T ) = − −
→
∂ Tq
−−→
En pratique, on utilisera plutôt le potentiel de dissipation dual de φ, φ∗ (σ,Ak ,grad(T )),
s’exprimant comme une fonction scalaire continue, positive, convexe et nulle
à l’origine des variables duales. Le terme de dissipation Φ s’exprimera alors
sous la forme :
L’évolution des variables flux sera alors obtenu à partir des lois complémentaires
34
Fig. 2.2 – propriété de normalité des variables duales
suivantes, exprimant que les variables flux sont les normales à la surface d’iso-
potentiel φ∗ = cste, dans l’espace des variables duales (figure 2.3) :
∂φ∗
˙p =
∂σ
∂φ∗
V̇k = − (2.22)
∂Ak
→
− q ∂φ∗
= −
−−→
T
∂ grad(T )
−−→
→
−
q
∗ ˙
p
φ (σ,Ak ,grad(T )) = sup Φ − φ( ,V̇k , ) (2.23)
→
−
(˙p ,V̇ , q )
T
k T
35
Fig. 2.3 – propriété de normalité des variables flux
36
s’appliquent sont appelés matériaux standards généralisés. La première règle
conduit aux lois de la plasticité et de la Viscoplasticité. La seconde exprime
les lois d’évolution des variables internes, tandis que la dernière loi conduit
à la loi de Fourier en thermique.
f < 0 ⇒ φ∗ = 0 ⇒ ˙ p = V̇k = 0
(2.24)
f = 0 ⇒ φ∗ → ∞ ⇒ ˙ p ,V̇k indéterminés
∂f
˙ p = λ̇
∂σ (2.25)
V̇k = −λ̇ ∂f
∂Ak
37
38
Chapitre 3
Élasticité - Viscoélasticité
La loi de Hooke a été généralisée par Cauchy (1789-1857), qui a proposé d’ex-
primer chaque composante du tenseur des contraintes comme une fonction
linéaire des composantes du tenseur des déformations. La loi de Hooke est
donc aujourd’hui souvent écrite sous la forme :
σ=C: (3.1)
où C est un tenseur du quatrième ordre appelé tenseur des rigidités ou ten-
seur d’élasticité (les composantes covariantes de ce tenseur sont Cijkl ). Le ten-
seur des rigidités fait intervenir l’ensemble des caractéristiques élastiques du
matériau. De même, les déformations sont reliées linéairement aux contraintes
par la relation inverse :
=S:σ (3.2)
où S est les tenseur des compliances ou tenseur des complaisances élastiques
du matériaux (ses composantes covariantes sont Sijkl ).
Les tenseurs C et S ont a priori 81 composantes (chaque indice varie de 1 à
3). Toutefois, nous avons vu que les tenseurs des contraintes de Cauchy et
39
des déformations sont symétriques. Ils n’ont donc chacun que 6 composantes
indépendantes, et leur liaison linéaire peut alors être réalisée à l’aide de 36
termes seulement. La forme suivante est souvent utilisée, dans un repère
orthonormé, pour relier les composantes des contraintes et des déformations :
σ11 C1111 C1122 C1133 C1123 C1131 C1112 11
σ22
C2211 C2222 C2233 C2223 C2231 C2212
22
σ33
= C3311 C3322 C3333 C3323 C3331 C3312
. 33
(3.3)
σ23
C2311 C2322 C2333 C2323 C2331 C2312
223
σ31 C3111 C3122 C3133 C3123 C3131 C3112 231
σ12 C1211 C1222 C1233 C1223 C1231 C1212 212
40
Nous nous intéressons à une transformation élémentaire associée aux ef-
forts appliqués sur le sous-domaine ΩA . Cette transformation élémentaire
réversible sera caractérisée par un vecteur déplacement δ −
→
u , et une énergie
interne dE sous la forme :
(
→ →
− R − → →
δW = ∂ΩA t .δ −
u ds + ΩA f v .δ −
R
u ds
dE = δW + δQ avec (3.4)
δQ = T dS
Z
δW = σ : δdv (3.5)
ΩA
Il est donc possible d’écrire l’énergie interne par unité de volume dans le
solide de sous la forme de = σ : δ + T ds. La température est dans notre cas
constante (pas d’échange de chaleur entre ΩA et l’extérieur). De plus, e et s
sont des fonctions d’état, de sorte que de et ds sont des différentielles totales.
Le travail δw s’écrit donc sous la forme :
δw = de − T ds = d(e − T s) = dw = σ : d (3.6)
∂w ∂2w
= σ = C : , d’où =C (3.7)
∂ ∂∂
1
w= C:: (3.8)
2
Les relations précédentes se traduisent par le fait que la matrice 6x6 de
l’équation 3.3 est symétrique et définie positive. Cette matrice ne possède
donc que 6x7/2=21 composantes indépendantes. Le tenseur des rigidités
élastiques C ne possède donc que 21 composantes indépendantes dans le
41
cas le plus général. Un raisonnement analogue nous aurait conduit au même
résultat pour le tenseur des compliances S, qui ne possède aussi que 21 com-
posantes indépendantes.
Symétrie cubique
σ11 C11 C12 C12 0 0 0 11
σ22
C12 C11 C12 0 0 0
22
σ33
= C12 C12 C11 0 0 0
. 33
(3.9)
σ23
0 0 0 C44 0 0
223
σ31 0 0 0 0 C44 0 231
σ12 0 0 0 0 0 C44 212
11 S11 S12 S12 0 0 0 σ11
22
S12 S11 S12 0 0 0
σ22
33
= S12 S12 S11 0 0 0
. σ33
(3.10)
223
0 0 0 S44 0 0
σ23
231 0 0 0 0 S44 0 σ31
212 0 0 0 0 0 S44 σ12
42
Isotropie
Dans le cas isotrope, le nombre de coefficients est réduit à deux par la relation
C44 = 12 (C11 − C12 ). Il existe plusieurs façon d’exprimer ces coefficients. On
peut par exemple choisir ceux de Lamé λ = 12 (C11 + C12 ) et µ = 12 (C11 − C12 ),
ou le module d’Young E = µ 3λ+2µ λ+µ
λ
et le coefficient de Poisson ν = 2(λ+µ) vus
dans le cas de l’essai de traction. La loi de comportement élastique linéaire
s’écrit dans le cas isotrope de la façon suivante :
E ν
σ = 2µ + λtr()I = ( + tr()I) (3.11)
1+ν 1 − 2ν
et dans le sens inverse :
1 λ 1+ν ν
= σ− tr(σ)I = σ − tr(σ)I (3.12)
2µ 2µ(3λ + 2µ) E E
E
K = 3λ + 2µ = (3.13)
1 − 2ν
Le domaine d’élasticité est donc souvent représenté par une relation de pro-
portionnalité entre la contrainte et la déformation (loi de Hooke). Il est ce-
pendant important de savoir que ceci n’est qu’une schématisation plus ou
43
matériau température module d’Young coefficient
(degré C) (GP a) de Poisson
Alliage 20 72 0,32
d’aluminium AU4G 200 66 0,325
500 50 0,35
Alliage de titane 20 315 0,34
Ti 4Al 4Mn 200 115 0,34
Acier XC10 20 216 0,29
200 205 0,30
600 170 0,315
Fonte grise 20 100 0,29
Acier inoxydable 20 196 0,3
austénitique 316 200 170
700 131
Aluminium (A5) 20 68 0,33
Bronze 20 130 0,34
180 61
Plexiglass 20 2,9 0,4
Araldite 20 3 0,4
Caoutchouc 20 0,002 0,5
verre-epoxy (sens long) 20 19 0,3
carbone-epoxy (sens long) 20 87,6 0,32
Béton 20 30 0,2
Granit 20 60 0,27
Pin sylvestre (sens long) 20 17 0,45
Pin sylvestre (sens trans.) 20 1
44
moins réaliste du comportement réel du matériau. En effet, le comportement
élastique d’un matériau n’est jamais strictement linéaire.
Anélasticité
Tous les solides sont plus ou moins ”anélastiques”, c’est-à-dire que leur courbe
de traction ne suit pas exactement une droite dans le domaine d’élasticité, et
de l’énergie est ”dissipée” au cours d’un essai de traction. La figure 3.3 donne
la courbe obtenue lors d’un cycle de traction-compression effectué sur de la
fibre de verre. De l’énergie est dissipée au cours d’un cycle (surface hachurée
sur la figure 3.3), ce qui confère au matériau un pouvoir amortissant, permet-
tant de réduire les vibrations ou le bruit. Les polymères et les métaux mous
(plomb) ont un fort pouvoir amortissant. Les polymères sont par exemple
utilisés dans les ”tôles sandwich”. Les métaux plus durs et le verre ont une
très faible anélasticité. Ils servent à fabriquer les ressorts (aciers), les cloches
(bronzes), . . .
Élasticité non-linéaire
Le cas particulier du caoutchouc est donné sur la figure 3.4 (courbe de trac-
tion). Son comportement est quasi-élastique, mais fortement non-linéaire.
45
On parle alors d’élasticité non-linéaire. Le solide emmagasine de l’énergie
au cours de la traction, puis la restitue totalement lorsque l’on arrète la
contrainte. Vous vous êtes sûrement déjà servis de cette propriété pour vous
faire involontairement mal aux doigts !! Pour représenter ce comportement,
on utilise une ”loi de Hooke” où les coefficients du tenseur de rigidité varient
en fonction de la déformation.
Les matériaux sont souvent soumis à des chargements thermiques qui ont
pour effet de dilater les structures. Les déformations thermiques sont direc-
tement proportionnelles à la variation de température ∆T , par le coefficient
de dilatation thermique α :
46
si on impose à celle-ci de garder la même longueur, alors une contrainte de
compression sera créée dans la barre pour respecter cette condition. Une autre
façon de créer des contraintes dans la barre est de la chauffer de façon non
homogène. Par exemple, lors d’un chauffage par induction à haute fréquence,
le diamètre extérieur de la barre est plus dilaté que le centre. La partie
extérieure de la barre sera donc mise en compression par la partie intérieure.
D’une façon plus générale, lors d’une sollicitation dite ”thermomécanique”,
les déformations thermiques s’ajoutent aux déformations mécaniques, elles-
même reliées aux contraintes par la loi de comportement du matériau. Dans le
cas élastique linéaire isotrope, on obtient une relation entre les déformations
et les contraintes sous la forme :
1+ν ν
= σ + (α∆T − tr(σ))I (3.15)
E E
E ν E
σ= ( + tr()I) − α∆T I (3.16)
1+ν 1 − 2ν 1 − 2ν
47
1
λtr()2 + 4µ
ψ=
2ρ
1
λθλ tr(˙)2 + 4µθµ ˙
φ=
2
∂ψ ∂φ
σ=ρ + = λ [tr() + θλ tr(˙)] I + 2µ [ + θµ ˙ ] (3.17)
∂ ∂ ˙
σ = E + η ˙
48
matériau , il est plus commode d’utiliser ici le potentiel thermodynamique
dual, décrivant l’état du système en fonction de l’état de contraintes σ :
∗ 1 1+ν ν
ψ = tr(σ 2 ) − (tr(σ))2
2ρ E E
1 1+ν
φ= tr(σ 2 ) − f racνEτ2 (tr(σ))2
2 Eτ1
1+ν σ ν σ̇
˙ = σ̇ + − tr(σ̇ + I (3.18)
E τ1 E τ2
σ̇ σ
˙ = +
E η
1 1+ν ν
Dans cette équation, on a η
= Eτ1
− Eτ2
.
49
50
Chapitre 4
Plasticité - Viscoplasticité
51
Fig. 4.1 – courbe de traction nominale
52
Matériau Re en MPa Rm en MPa AR en ◦/◦
diamant 50000 - 0
carbure de silicium, SiC 10000 - 0
nitrure de silicium, Si3 N4 8000 - 0
silice vitreuse, SiO2 7200 - 0
carbure de tungstène, W C 6000 - 0
carbure de niobium, N bC 6000 - 0
alumine, Al2 O3 5000 - 0
carbure de titane, T iC 4000 - 0
carbure de tantale, T aC 4000 - 0
zircone, ZrO2 4000 - 0
verre standard 3600 - 0
magnésie, MgO 3000 - 0
cobalt et ses alliages 180-2000 500-2500 1-60
molybdène et ses alliages 560-1450 665-1650 1-36
titane et ses alliages 180-1320 300-1400 6-30
tantale et ses alliages 330-1090 400-1100 1-40
aciers inoxydables austénitiques 286-500 760-1280 45-65
aciers au carbone (traités) 260-1300 500-1880 20-30
aciers faiblement alliés (traités) 500-1980 680-1400 2-30
acier doux 220 430 18-25
fer 50 200 30
alliages d’aluminium 100-627 300-700 5-30
aluminium 40 200 50
alliages de cuivre 60-960 250-1000 1-55
cuivre 60 400 55
alliages de nickel 200-1600 400-2000 1-60
nickel 70 400 65
or 60 220 50
PMMA 60-110 110 -
glace 85 - 0
mousse de polyuréthane 1 1 10-100
caoutchouc naturel - 30 500
4.1.2 Anisotropie
53
Fig. 4.2 – Re pour différents matériaux (d’après [1])
54
d’élasticité ”sens long” et ”sens travers”, alors qu’elles correspondent au
même matériau, et doivent donc être égales. En fait, ces limites d’élasticité
sont apparentes. La valeur σ0 de la limite d’élasticité reste la même, mais
elle n’est plus comparée directement à la contrainte appliquée. On introduit
un facteur correctif par direction dans la définition du scalaire qui sera com-
paré à la limite d’élasticité. Ces facteurs rendent compte de l’anisotropie du
matériau, et définissent une fonction du tenseur des contraintes, que l’on
appelle contrainte équivalente.
Fig. 4.3 – contrainte seuil sur du bois feuillu tropical ”Wana-Kouali”, d’après
[4]
55
4.2 Modélisation mécanique
s
F (σ11 − σ22 )2 + G(σ22 − σ33 )2 + H(σ33 − σ11 )2
σH = 2 2 2 (4.4)
+2Lσ12 + 2M σ23 + 2N σ31
56
contrainte seuil σs (de traction ou de cisaillement) pour laquelle ap-
paraı̂t la plasticité :
– traction selon →
− σ2
x 1 → F + H = σ02
s
→
− σ02
– traction selon x 2 → F + G = σ2
s
→
−
– traction selon x → G + H =
σ02
3 σs2
– cisaillement entre →
− −
→ σ2
x 1 et x 2 → 2L = σ02
s
– cisaillement entre −
→ →
− σ02
x et
2 x 3 → 2M = σ2
s
−
→ →
− σ02
– cisaillement entre x 3 et x 1 → 2N = σ2
s
σ − σ0 = 0 (4.6)
57
réversible). La forme de la surface d’écoulement dépend du type de contrainte
équivalente utilisé pour représenter le matériau, tandis que sa taille dépend
de la valeur de la limite d’élasticité σ0 .
La figure 4.4 donne une représentation des surfaces σ V M − σ0 = 0 et σ T −
σ0 = 0, dans le plan associé aux composantes principales du déviateur des
contraintes (pour lesquelles on a SI + SII + SIII = 0). Ce plan est sou-
vent appelé le plan Π. Il est largement utilisé pour représenter les surfaces
d’écoulement associées aux contraintes équivalentes présentées, car celles-ci
sont indépendantes de la trace du tenseur des contraintes (premier invariant).
Ceci illustre le fait que la déformation plastique s’effectue sans changement de
volume, et donc que l’application d’un chargement purement triaxial (tenseur
des contraintes proportionnel à l’identité) ne peut provoquer de plastification.
Sur la figure 4.4, un point correspondant à un essai de traction uniaxial (selon
la direction −→
x 3 ) a été tracé, avec ses composantes dans le plan.
58
de traction-torsion). Le déviateur des contraintes s’écrit alors :
− 13 σ
0 0
S= 0 − 13 σ τ (4.7)
2
0 τ 3
σ
59
sera schématisée par un déplacement de son centre et une variation de sa
taille (nous ne traiterons pas ici le cas d’une variation de forme en cours de
déformation). D’un point de vue macroscopique, on utilise pour cela deux
variables :
f (σ − X,R) = (σ − X) − R = 0 (4.8)
(σ − X)V M − R = 0 (4.9)
60
Fig. 4.6 – Représentation schématique d’une surface d’écoulement dans l’es-
pace des contraintes
61
Fig. 4.7 – (σ − X)V M − R dans le plan Π
∂f ∂((σ − X) − R)
˙ p = λ̇ = λ̇
∂σ ∂σ
∂((σ − X) − R) ∂((σ − X) − R)
∂f (4.10)
α̇ = −λ̇ = −λ̇ = λ̇ = ˙ p
∂X ∂X ∂σ
ṗ = −λ̇ ∂f = −λ̇ ∂((σ − X) − R) = λ̇
∂R ∂R
62
La condition d’écoulement en élastoplasticité s’écrira finalement sous la forme
suivante :
63
que l’état de contrainte ne peut ”sortir” de la surface d’écoulement au cours
d’un petit incrément de déformation. En écrivant cette condition en vitesses,
on obtient :
˙
– Si f˙ = (σ − X)−Ṙ < 0, alors λ̇ = 0 (retour dans le domaine d’élasticité)
˙
– Sinon, la condition f˙ = (σ − X) − Ṙ = 0 donne la valeur de λ̇
∂f ∂f ∂f ∂(σ − X)
f˙ = : σ̇ + : Ẋ + Ṙ = : (σ̇ − Ẋ) − Ṙ = 0 (4.11)
∂σ ∂X ∂R ∂σ
64
– une sensibilité à la vitesse de sollicitation dans le domaine de plasticité,
décrite par une fonction de dissipation φ∗ .
Le choix de deux variables, une isotrope (R) et une cinématique (X), nous
conduit à écrire les équations suivantes pour décrire l’évolution du matériau
en cours de déformation plastique (il est évident que le comportement reste
élastique tant que l’état de contrainte n’atteint pas la surface d’écoulement) :
∂φ∗
˙ p =
∂σ
∂φ∗
α̇ = − (4.12)
∂X
∗
ṗ = −
∂φ
∂R
– la surface d’écoulement f = 0,
– les surfaces d’iso-dissipation φ∗ = cste
65
Fig. 4.9 – Schématisation du comportement élasto-visco-plastique dans l’es-
pace des contraintes
φ∗ = Ωp (f ) = Ωp ((σ − X) − R) (4.13)
dΩp ∂f dΩp ∂((σ − X) − R)
˙ p = =
df ∂σ df ∂σ
dΩp ∂f dΩp ∂((σ − X) − R)
α̇ = − =− = ˙ p (4.14)
df ∂X df ∂X
ṗ = − dΩp ∂f = − dΩp ∂((σ − X) − R) = dΩp
df ∂R df ∂R df
66
On remarque alors que le terme dΩ df
p
joue ici le même rôle que le multipli-
cateur scalaire λ̇ en élastoplasticité. Ce terme doit donc être nul si l’état de
contrainte est à l’intérieur de la surface d’écoulement (f < 0, comportement
élastique). Par contre, il n’existe pas ici de condition de consistance, puisque
le multiplicateur scalaire est directement donné par la valeur de f lorsque
l’état de contrainte dépasse cette surface.
Les variables ˙ p et ṗ servent à calculer l’évolution des variables internes X
et R, soit les quantités Ẋ et Ṙ schématisant l’écrouissage du matériau, par
l’intermédiaire de sa loi de comportement. On voit donc que la loi de com-
portement du matériau sera donné ici par :
n+1 n+1
K f K σ−X −R
Ωp (f ) = = (4.15)
n+1 K n+1 K
67
4.5 Quelques exemples
f (σ,R) = σ V M − R (4.16)
˙ = λ̇ ∂f = 3 λ̇ S
p
∂σ 2 σV M (4.17)
ṗ = λ̇
r
2
ṗ = ˙ : ˙ (4.18)
3 p p
68
Pour obtenir le multiplicateur plastique λ̇, il suffit donc maintenant d’expri-
mer la loi d’évolution de la variable R en fonction des variables flux. Dans la
loi de Prandtl-Reuss, on ecrit cette évolution sous la forme :
R(0) = σ0 (limite d’élasticité initiale)
R = R(p) avec (4.19)
Ṙ = H ṗ (H : pente d’écrouissage plastique)
La figure 4.10 donne une courbe de traction uniaxiale, sur laquelle nous avons
situé les variables introduites dans la loi de Prandtl-Reuss. On constate qu’un
essai de traction uniaxiale suffit dans ce cas à caractériser complètement la loi
de comportement du matériau. En effet, la variation de contrainte au cours
de l’essai s’écrit :
σ̇ EH
σ̇ = E ˙e = E(˙ − ˙p ) = E(˙ − ) ⇒ σ̇ = ˙
H E+H
0 si σ V M < R (domaine d’élasticité)
0 si σ V M = R et σ̇ V M < H ˙ V M (retour élastique)
˙ p = (4.20)
3σ̇ V M
S sinon (plastification)
2Hσ V M
69
La vitesse de déformation totale est donc obtenue sous la forme :
˙ = ˙ e + ˙ p (4.21)
où la partie élastique est donnée classiquement par la loi de Hooke et la partie
plastique par la relation précédente. Dans le cas d’une élasticité isotrope, la
loi de Hooke fournit :
1+ν ν
˙ e = σ̇ − σ̇kk I (4.22)
E E
f (σ,X) = σ − X − σ0 (4.23)
∂f
˙ p = α̇ = λ̇ (4.24)
∂σ
˙ = λ̇ ∂f
p
∂σ (4.25)
Ẋ = C ˙ p
70
Le multiplicateur plastique λ̇ est obtenu par la condition de consistance. On
montre facilement que cette condition conduit à l’expression suivante :
0 si f < 0 (comportement élastique)
0 si f = 0 et ∂f : σ̇ < 0 (retour élastique)
λ̇ = ∂σ (4.26)
∂f
∂σ
: σ̇
C : ∂f sinon
∂f
∂σ ∂σ
71
Fig. 4.11 – Courbes cycliques typiques
72
Chapitre 5
Endommagement - Rupture
5.1 Endommagement
5.1.1 Description
73
→
−
(de normale unitaire −→n ) utilisée pour définir le vecteur contrainte t (voir
par exemple [3] pour la définition du vecteur contrainte) contient des traces
de microfissures et de cavités constituant l’endommagement du matériau.
– dépend de la direction −
→
n considérée dans le matériau,
– est un scalaire toujours compris entre 0 et 1.
74
les directions de l’espace. Cette variable d’endommagement est en général
notée D.
Le tenseur des contraintes −→
σ dans le matériau résulte de la définition du vec-
→
−
teur contrainte t appliqué à l’élément de surface −
→
n dS. Le vecteur contrainte
effectif, c’est-à-dire celui effectivement subit localement par le matériau, agit
sur la surface effective − →
n (dS − dSD ) = −→n dS(1 − D). On en déduit facilement
→
−
que ce vecteur contrainte effectif vaut t /(1 − D), et donc que le tenseur de
contraintes effectives vaut :
−
→
σ
−
→
σD = (5.1)
1−D
5.1.2 Mesure
Mesures directes
75
Fig. 5.2 – Observation de l’endommagement par microscopie optique : com-
pression d’un parallélépipède [5]
Fig. 5.3 – Observation sous charge d’un alliage Al − 13%Si, pour une
déformation totale de 0,1% [5]
l’on peut observer directement par microscopie optique. La figure 5.3 montre
que la répartition des déformations dans un échantillon biphasé peut provo-
quer des décohésions et des ruptures dans la seconde phase (ici de la silice).
76
Mesures indirectes
– la mesure de densité
– l’émission acoustique
– les méthodes électriques
σ = ED e et σD = Ee (5.2)
77
Dans ces expressions, e est la déformation élastique, ED est le module
d’Young mesuré (apparent), et E est le module d’Young initial du matériau.
On déduit de ces relations que, en mesurant E lors du premier chargement,
puis ED lors des chargement successifs, on obtient une estimation de l’en-
dommagement du matériau par :
ED
D =1− (5.3)
E
Toutefois, lors de telles mesures, il est évident que les pentes mesurées rendent
également compte d’autres phénomènes que de l’endommagement. Par exemple,
il peut y avoir plastification locale dès le début des recharges, près des ca-
vités ou des inclusions, cette plastification ayant pour effet de modifier par
écrouissage la pente apparente dans le domaine d’élasticité.
5.2 Rupture
5.2.1 Description
Fig. 5.5 – Rupture ductile : les cupules ont été amorcées par des inclusions
visibles en noir [2]
78
Fig. 5.6 – Rupture fragile par clivage : acier extra-doux rompu par choc à
−196◦ C [2]
79
Fig. 5.7 – Schéma du cas simplifié de chargement de Griffith
d(US + UM )
<0
d(2c)
Dans cette expression, US = 4cγ est le terme d’énergie superficielle par unité
de longueur (γ est la tension superficielle), et UM l’énergie mécanique is-
sue des expressions analytiques des champs de contrainte et de déformation
élastiques autour d’une fissure elliptique (E est le module d’Young et ν est
le coefficient de Poisson) :
2
−πc2 σa pour une plaque épaisse
UM = E 2
−(1 − ν 2 )πc2 σa pour une plaque mince
E
La condition de propagation d’une fissure de longueur 2c s’écrit donc en
annulant la dérivée de US + UM par rapport à 2c. On obtient une condition
sur la contrainte appliquée de la forme :
r
2Eγ
pour une plaque épaisse
s πc
σa >
2Eγ
pour une plaque mince
(1 − ν 2 )πc
80
(figure 5.7). En fait, ce critère sera valable uniquement pour le cas de corps
très fragiles, où le rayon en fond de fissure est très faible (quelques distance
inter-atomiques). D’ailleurs, Griffith a testé avec un relatif succès son critère
sur des plaque de verre.
Les contraintes calculées par la théorie de l’élasticité linéaire au voisinage de
la pointe de fissure sont très grandes. Elles sont égales à σa multiplié par un
facteur de concentration de contraintes. Elles dépassent largement la limite
d’élasticité du matériau. Il s’en suit que l’on a plastification locale et que
la pointe de fissure s’émousse. Le critère de Griffith a donc été modifié en
écrivant :
dUM
G=− > Gc
d(2c)
πc 2 √ p
G= σa > Gc ou K = σa πc > Kc = EGc
E
81
82
Bibliographie
83