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MERCREDI 5 DÉCEMBRE 2018 // SUPPLÉMENT GRATUIT AU NUMÉRO 22838 | ISSN 0.153.

4831 | NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT

IMMOBILIER SPÉCIAL IMMOBILIER D'ENTREPRISE


Panorama Les entreprises veulent du « co » et du « flex », et surtout être en ville // P. 2 | Idées Neuf innovations qui changent tout // PP. 4-5 |
Interview Nicolas Ferrand, président de Solideo // P. 7 | Mixité L’offre de bâtiments multifonctions plébiscitée // P. 8 | Commerce Centres
commerciaux, le compte est bon // P. 11 | // | Etude Ce que les patrons prévoient pour l’année 2019 // P. 13 |

Flex, co,

Les espaces de
mixtes,
les bureaux
se coulent

travail en pleine
dans la ville
LA
CHRONIQUE

mutation
de Catherine
Sabbah

L es entreprises déména-
gent… Elles ont loué
cette année plus de
2,6 millions de mètres carrés
et toutes les transactions ne
sont pas encore signées… Sans
bouger de 1 mètre, les immeu-
bles achetés et vendus en
Ile-de-France ont généré plus
de 26 milliards d’euros injectés
dans le marché par 60 %
d’investisseurs étrangers de
plus en plus friands de Paris
et de ses environs. Et encore, le
Brexit n’a pas produit tous ses
effets, les JO sont encore loin
et le Grand Paris Express en
retard… Ces bons chiffres
flirtent avec des records
de 2006 et 2007, sauf qu’en
dix ans tout a changé. La tech-
nologie, la transition énergéti-
que et les exigences d’une
nouvelle génération ont fait
exploser les codes des espaces
de travail. Plus encore qu’avant,
la localisation des entreprises
devient prépondérante pour
recruter des talents via des
immeubles attractifs, implan-
tés dans les centres-villes près
des transports en commun… Et
pour diminuer leurs temps de
transport, les salariés sont prêts
à sacrifier un peu de place…
Quoi qu’on dise sur la généro-
sité des espaces partagés ; le
flex-office, qui ne propose pas
un bureau tous les jours à tout
le monde, ou le co-working
répondent à cette économie de
surface qui condamne, peut-
Shutterstock

être, les campus et les quartiers


monofonctionnels à l’extérieur
des villes, même dans un
marché florissant. n
02 // SPÉCIAL IMMOBILIER D'ENTREPRISE Mercredi 5 décembre 2018 Les Echos

PANORAMA // Le mouvement de rationnalisation des espaces de bureaux se poursuit. Le co-working et le « flex


office » sont les tendances qui participent à ce mouvement.

Les entreprises veulent du « co »


et du « flex », et surtout être en ville
Catherine Sabbah les locataires) et des conditions de
@csabbah confort pas toujours appréciées

V
(t r o p d e m o n d e) , c e t y p e d e
a-t-on dépasser le record bureaux intéresse autant les indé-
de 2006 ? Selon les bro- pendants et les petites entreprises
kers, les surfaces de que les grandes qui y envoient des
bureaux louées par les entreprises équipes entières pour des mois ou
en Ile-de-France en 2018 devraient des semaines.
atteindre entre 2,6 et 2,9 millions
de mètres carrés, c’est-à-dire Ensemble et en ville
autant que lors des années folles Contrairement aux intuitions pre-
d’avant la crise de 2008. Le mouve- mières, le co-working fonctionne
ment de rationalisation des espa- mieux dans des milieux denses
ces de bureaux entamé il y a cinq qu’en bout de ligne de métro où il
ans se poursuit et les déménage- semblerait pourtant très utile
ments se succèdent, sans que l’on comme alternative au télétravail et
sache vraiment si la réorganisation pour limiter les longs trajets. Mais
des entreprises correspond aussi à non… ou pas encore. Après avoir
une diminution globale des mètres baissé la voilure, Nexity va fermer
carrés utilisés. « Nous ne faisons ses centres « Blue Office » et aban-
pas de la rétention d’information, donner son petit réseau d’immeu-
mais ce chiffre est très difficile à cal- bles déployé en satellites pour pren-
culer car les transactions se signent dre des parts dans un opérateur déjà
bien avant que les surfaces soient très bien implanté en centre-ville.
livrées. Il est probable néanmoins Le schéma est désormais classi-
que cette année, l’absorption nette que : les foncières, Covivio, Gecina,
soit légèrement positive », affirme Icade… proposent dans leurs pro-
Pierre-Edouard Boudot, le direc- pres immeubles des espaces parta-
teur des études et de recherche du gés ouverts à des visiteurs exté-
conseil CBRE. rieurs. Une bonne manière
Les entreprises auraient donc 800 euros par mètre carré pour les debout, en réunion… », assurent duel. Et 40 % que l’espace de travail « Lorsqu’ils s’installent dans des d’animer les rez-de-chaussée sou-
loué un peu plus de mètres carrés immeubles les plus convoités, des tous les brokers. Dans sa tradition- est déterminant dans le choix de localisations recherchées, ces opéra- vent difficiles à louer et de conser-
qu’elles n’en abandonnent. En quartiers les plus demandés. nelle édition de Noël de « Mon leur futur employeur. teurs négocient un loyer élevé qui ver les locataires installés dans les
témoigne la baisse des taux de bureau de demain », la chaire Autre grand gagnante de permet de valoriser l’immeuble étages quand ils se sentent un peu à
vacance à moins de 4 % dans Paris Esprit start-up, où es-tu ? worpkplace management de l’année, l’autre forme de bureaux mais qui est lissé sur des baux de l’étroit. Mauvaise nouvelle, les
et autour de 5 % à la Défense. Et la Le « flex office », qui oblige à parta- l’Essec a interrogé les étudiants et partagés continue de se dévelop- longue durée par de très importan- futurs managers formés à l’Essec
hausse des loyers dans les zones les ger les postes de travail, se répand futurs managers censés donner le per à l’extérieur des entreprises, tes mesures d’accompagnement. En n’aiment pas trop le co-working :
plus demandées. Même si la courbe en tout cas aussi vite que l’open la des tendances alors qu’ils sont dans les centres de co-working. particulier, des travaux de mise aux 3 % seulement en feraient leur
générale reste plate depuis dix ans, space en son temps… « Mais les sala- encore à l’école… : 83 % d’entre eux D’après les chiffres de BNPRE, ils normes de ces immeubles censés bureau principal contre 30 % qui
les prix ont monté dans Paris (qui riés ne disposent pas de moins pensent qu’il est important d’avoir concentrent 12 % des transactions accueillir plus de personnes. Ils n’en veulent pas du tout ou à la rigu-
concentre d’ailleurs 42 % de la d’espace, ils en ont beaucoup plus à un bureau attitré, 44 % que la hié- de plus de 1.000 mètres carrés à négocient aussi des franchises », eur comme bureau secondaire…
demande des entreprises) et les leur disposition, de différente nature, rarchie doit être apparente, 31 % Paris et font monter les prix, au poursuit Pierre-Edouard Bou- Peut-être changeront-ils d’avis une
valeurs les plus élevées dépassent pour travailler seul, au calme, rêvent encore d’un bureau indivi- moins ceux qui sont affichés. dot. Malgré leur prix élevé (pour fois confrontés à la vraie vie… n

La data arrive à petits pas dans les immeubles de bureaux Le coût élevé de la flexibilité
Monitorer les immeubles cette pratique. » Les tentatives 3 QUESTIONS long parce que son loyer est moins
est une idée qui se répand. menées par des villes n’ont pas À… GILLES élevé. La réflexion sur l’avenir de ces
Suivre au jour le jour encore donné de résultats très fla- contrats, dont la réglementation
BETTHAEUSER
le fonctionnement grants sur l’utilisation de la data date de 1953, n’est pas très avancée,
d’une communauté dans pour améliorer les politiques Président du conseil car tout le monde s’en accommode
son espace pourrait donner publiques. Ce type de démarche Colliers International très bien.
de précieuses informations demande en tout cas réflexion. Car
pour répondre à ses
besoins.
la masse de données récoltées et la
manière de les croiser peuvent
servir des intérêts très divers.
2 La flexibilité
a donc un coût élevé ?
Très. Les réorganisations et les
Faut-il investir massivement dans déménagements coûtent très cher,
la technologie embarquée dans les Retour sur terre et on évalue à peu près à un milliard
immeubles de bureaux ? Et récolter « C’est important, mais ce que d’euros par an les indemnités
pour chaque bâtiment, un « lac de demandent d’abord les occupants payées par les entreprises pour se
données » (« data lake »), étendu et des immeubles, c’est de pouvoir tra- désengager avant la fin de leur bail.
profond, afin de mesurer son fonc- vailler normalement, et par exemple Parce qu’elles s’aperçoivent qu’elles
tionnement à chaque instant ? de téléphoner. Notre étude sur la tech- se sont trompées, parce que l’attrait
« C’est très important pour l’exploi- nologie révèle que 36 % jugent la des nouveaux immeubles est très
tation, et c’est une manière de faire connectivité mauvaise sur les lieux de grand, parce qu’il faut recruter,
vivre la maquette numérique au-delà travail et seulement 12 %, très parce que les patrons discutent
DR

de la conception du bâtiment, le long bonne. Ensuite, ils réclament de bons entre eux… La vraie question est
de son cycle de vie », pense Véroni- outils, des ordinateurs portables Propos recueillis par C. S. aujourd’hui le coût de la non-flexi-

L
que Bédague, la présidente de pour ceux qui sont en “flex office”. bilité. Les grandes entreprises la
Nexity Immobilier d’entreprise. Seulement 19 % jugent que ces tablet- a flexibilité, le maître mot résolvent en faisant appel aux sur-
« On peut facilement intégrer une tes, ces accès à distance sont suffi- de l’immobilier d’entre- faces de co-working qui accueillent
colonne digitale au moment de la samment déployés. Quant aux appli- prise, a un coût. Peu évalué énormément d’équipes de grands
construction d’un bâtiment, et cations liées à l’immeuble, 44 % aujourd’hui par les bailleurs groupes, mais dont les services sont
ensuite ajouter des capteurs là où on savent de quoi il s’agit mais n’y ont comme par les locataires, qui ont facturés au prix fort.
le juge nécessaire, qui permettront de pas accès et 14 % seulement en profi- du mal à sortir de leurs habitudes.
voir ce qui se passe : quelles portes
sont très souvent ouvertes et seront
usées plus vite que les autres, lesquel-
La technologie embarquée permet d’améliorer l’exploitation
des immeubles de bureaux. Photo Shutterstock
tent pleinement. Pourtant, l’appétit
est là, 69 % des personnes interrogées
estiment que l’évolution des techno- 1 Le bail commercial n’est-il
plus adapté aux cycles
3 Comment peut-on
mesurer les besoins
des entreprises sur ce plan ?
les ne le sont jamais et pourquoi, de logies est nécessaire à l’amélioration immobiliers des entreprises ? C’est encore très difficile et nous dis-
repérer quels endroits sont les plus Rien de très scientifique, car les son- d’eau, du fonctionnement des de leur travail quotidien », explique En tout cas, les dirigeants se posent posons de peu d’études sur le sujet,
consommateurs d’énergie, et là où dages sont généralement menés ascenseurs, de l’utilisation des Delphine Grison, responsable de la question : comment, d’une part, sinon que les bureaux sont souvent
personne ne va pas parce que l’espace dans les grandes entreprises pari- parkings tout cela est facilement l’innovation pour le conseil CBRE. financer tous ces travaux, ces amé- vides et le flex-office répond en par-
est peu accessible, mal éclairé… », siennes, représentatives d’un mar- récupérables… Mais qu’en faire ? Reste à savoir si la vie au milieu nagements qu’exigent les espaces tie à cette situation. La collecte des
précise François Desgardin, le ché, souvent précurseures, mais Est-il possible de se servir de ces de capteurs va plaire aux occupants de travail modernes, et, d’autre part, données en est à ses balbutiements,
secrétaire général de Nexity Solu- pas toujours suivies. résultats pour modifier la concep- des immeubles. Seront-ils au cou- ne pas s’engager sur le long terme. mais si l’on met à disposition toutes
tions Entreprise. tion des immeubles et les adapter rant ? Accepteront-ils d’être eux- Avant, c’était simple, le locataire et les données d’un immeuble, en
Le très puissant mouvement de Que faire de toutes parfaitement à la demande des uti- mêmes appareillés, via leurs télé- le propriétaire se mettaient aura-t-on pour autant une lecture
réorganisation des surfaces de tra- ces données ? lisateurs ? Une forme de réponse phones, des capteurs de la qualité d’accord sur un montant de travaux claire. Elle se fera à l’aune de nos
vail provient de ce genre de constat : Certaines fonctions existent déjà, prédictive à des comportements de l’air, des badges ? Beaucoup le et des mois de franchise, mais cela habitudes et de nos expériences,
des bureaux vides pendant 30 à comme la gestion de la tempéra- peut-être même inconscients ? sont déjà et ne s’en soucient guère. A ne tient plus si l’entreprise part au alors que tout est en train de chan-
40 % de la journée et de plus en plus ture, de la lumière, des serrures à « C’est l’idée, sans tomber dans une quel moment les études sur la noci- bout de trois ans, et au moment où ger sous nos yeux. De plus, le
avec la mobilité croissante de la plu- distance et en fonction de la fré- s t a n d a rd i s a t i o n d o n t n o u s vité des ondes referont-elles leur elle emménage, elle ne voit pas si déploiement de ces outils n’est pas
part des métiers. Le co-working, le quentation des espaces via des essayons justement de sortir, mais apparition ? Cela pourrait-il entraî- loin. Est-il plus avantageux de toujours très bien ressenti et instille
« flex office », la mise à disposition détecteurs de présence (qui étei- en en optimisant les coûts, poursuit ner une remise en question de la signer un bail 3-6-9 en se ména- des doutes justement sur les déci-
d’espaces différenciés, partagés ou gnent par exemple les lumières si François Desgardin. Nous allons technologie embarquée pour un geant une porte de sortie, ou bien sions qui ont été prises et que ces
pas, répondent à cette demande qui l’on ne bouge pas pendant dix entrer au capital d’Intent Techno- mouvement inverse et peut-être un bail de 9 ans ferme avec plus de mesures pourraient corriger… Dif-
n’est pour l’instant quantifiée que minutes). La carte thermique des logy, un spécialiste de la collecte et tout aussi puissant vers le low-tech mesures d’accompagnement, tout ficile de dire ce que seront les entre-
par des intuitions, des études empi- bâtiments, un bilan d’éclairage du traitement de toutes ces infor- et une forme de bon sens qui a long- en risquant d’être bloqué ? Finale- prises dans quelques années, et où
riques et des retours d’expérience. pièce par pièce, de consommation mations, et tenter de généraliser temps prévalu ? — C. S. ment, tout le monde préfère le bail et comment elles travailleront. n
Mesdames, Messieurs,
Conseils en Immobilier, Constructeurs et Collectivités locales.

Dans les Régions , les entreprises évoluent.


Mais les locaux dont elles ont besoin pour accompagner leur
transformation sont rares, l’offre disponible aux standards
d’aujourd’hui étant insuffisante.

Et si nous proposions ensemble aux entreprises des bâtiments


sur-mesure, et en location ?

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04 // SPÉCIAL IMMOBILIER D'ENTREPRISE Mercredi 5 décembre 2018 Les Echos

IDÉES // Nomade, digital, agile : le monde du travail évolue et, avec lui, les immeubles qui accueillent
les entreprises. Polyvalent et connecté, l’immobilier de bureau s’adapte aux nouveaux usages et se réinvente.

Ces neuf innovations


qui changent tout… ou presque
Par Eugénie Deloire

C ’est la star du secteur… Le flex-office, dont l’objectif


principal est de réduire la surface qu’occupent un
même nombre de collaborateurs, s’invite dans
tous les projets. A la fois justifié par une problématique de
coût au mètre carré et par des modes de travail de plus en
plus nomades, ce réaménagement des espaces génère une
foule de changements auxquels doivent se plier les sala-
riés. « On s’est vite rendu compte que la recherche d’optimi-
sation avait ses limites. En échange de la réduction directe du
confort des personnes, il a fallu apporter des compensations.
De là est née la mode du bien-être au travail », résume
100 % connecté
Jean-Marie Célérié, associé conseil en innovation chez Saegus a transformé un hôtel particulier
Stonup. Si le XXIe siècle sonne la fin des bureaux person- parisien de 5 étages en une vitrine interac-
nalisés et attribués, d’autres éléments, inspirés des con- tive et connectée. Faisant du digital un
cepts de co-working, font leur entrée dans les locaux vecteur de rapprochement entre les occu-
d’entreprise : les espaces collaboratifs, pour travailler pants, la start-up a développé, en collabo-
ensemble sur un projet ; les zones de confort et d’intimité, ration avec BMA Group, un outil global
pour s’isoler des open spaces ; les lieux de socialisation où, permettant de piloter l’ensemble des
parfois même, les commerces s’invitent, destinés à recréer ressources immobilières de l’entreprise
du lien au sein de l’entreprise. Ces mutations n’auraient
pas été possibles sans l’apport des nouvelles technologies. l Accès sans badge
« La connectivité est un prérequis au flex-office. Elle permet Les collaborateurs et les visiteurs ont accès
de libérer les gens de toutes contraintes physiques, de rendre à l’immeuble sans avoir besoin de badger.
virtuels les outils de collaboration et de faciliter le travail à L’enregistrement se fait sur leurs iPad ou
distance depuis n’importe quel lieu, en toute sécurité », smartphone.
observe Flore Pradère, responsable de la recherche chez
JLL. Cloud, outils digitaux, visioconférence 2.0 : la digitali- l SharingCloud
sation des bureaux modifie aussi le rapport à l’espace et au Le système SharingCloud permet de pilo-
temps des collaborateurs. Un changement de paradigme ter la ressource immobilière via le « room
qui nécessite un solide accompagnement. « La transfor- pad » : un écran connecté à chaque étage
mation de l’espace de travail doit venir en support d’une sur lequel il est possible (lorsqu’il fonc-
action managériale et d’un véritable projet d’entreprise. tionne) de réserver en temps réel des salles
Supprimer les cloisons ne suffit pas à abolir les frontières de réunion, se diriger dans le bâtiment et
invisibles entre les salariés », note Joël Larousse, directeur identifier les places de travail disponibles
de l’environnement de travail à la SNCF. Pour ne pas être ou réservées.
subie, l’innovation immobilière doit s’intégrer à la culture
d’entreprise et être acceptée par tous avant d’être déployée. l Pulse Box
Tour d’horizon de 9 projets d’entreprise innovants et Le système Pulse Box est installé dans les
inspirants. salles de réunion afin de simplifier la
connexion aux écrans. Il se présente sous
la forme d’un boîtier sans fil qui se con-
necte sans nécessiter l’installation d’un
logiciel.

l Surface Hub
Les salles de formation sont équipées
d’écrans tactiles intuitifs, les Surface Hub.
Tous les équipements, les services et les
aménagements favorisent le travail colla-
A boire boratif, les échanges et l’efficacité des
projets collectifs. l
et à manger
Pour son futur siège social livré en 2019, Altarea
Cogedim a jeté son dévolu sur un immeuble de
33.000 mètres carrés rue de Richelieu, à Paris.
Accompagné par le cabinet d’architecture Wil-
motte & Associés, le groupe a travaillé sur la
réversibilité du bâtiment. Le hall de l’immeuble a
été conçu comme l’un des passages fermés dont le
2e arrondissement regorge. Mais c’est surtout à
travers l’offre de restauration que s’exprime l’origi-
nalité de ce projet. Dans un quartier où les bonnes Le réaménagement des espaces de bureaux génère une foule de changements auxquels
adresses pour déjeuner ne manquent pas, la doivent se plier les salariés. Photo Laurent Grandguillot/RÉA
question de l’utilité d’une cantine se posait. L’entre-
prise a fait le choix d’en conserver le concept mais
en le déclinant selon les besoins des utilisateurs.
Le restaurant classique proposera un service à la
Le flex-office prudent
place. En dehors des heures de repas, il pourra être Tous les salariés de Deloitte se sont installés dans le nou-
utilisé en salle de réunion ou lieu de détente. « Le Cultiver son jardin veau siège du quartier de la Défense. Ce déménagement a
restaurant d’entreprise représente 3 % de la surface La vue imprenable du 6e étage du siège de BNPRE à Issy-les-Moulineaux a été l’occasion d’organiser les plateaux en flex-office total.
d’un immeuble. En le transformant en un lieu longtemps été réservée aux patrons et à leurs invités. Depuis le printemps Depuis 2016 et parce qu’il a participé aux tout premiers
polyvalent, on intensifie les usages et on rentabilise 2018, les 640 mètres carrés de terrasses des bâtiments A et B ont été trans- groupes pilotes sur le sujet, Christian Gillet, principal au
l’espace », indique Jean-Frédéric Heinry, président formés en une ferme urbaine. En collaboration avec les entreprises Mugo et sein du département conseil en immobilier de Deloitte,
de Cogedim Entreprise. Autre alternative, le food Peas & Love, ces terrasses ont été aménagées en deux espaces, le premier dédié à la mesure les limites de ce mode de travail. Premier constat :
court : une allée intérieure ponctuée de petits location de mini-terrains, l’autre à la recherche de solutions de culture potagère sur toit les jeunes n’en sont pas les plus fans. « Les enquêtes ont
kiosques alimentaires. « Nous prévoyons de nouer en milieu urbain. Le toit du bâtiment A abrite ainsi 26 parcelles où poussent plus de révélé que les jeunes souhaitaient réenfermer les chefs dans
des partenariats avec les restaurateurs du quartier 71 variétés de fruits, légumes et herbes aromatiques. Les collaborateurs qui le souhai- leurs bureaux car ils avaient l’impression d’être tout le temps
pour qu’ils viennent un jour par semaine faire tent peuvent les louer par équipe de 5 à 10 et y planter leur potager. Une expérience surveillés, écoutés », raconte-t-il. L’enquête « Mon bureau
découvrir aux salariés leurs spécialités », annonce- réussie, selon Sylvain Hasse, responsable des services chez BNPPRE, qui souligne la de demain », réalisée par la chaire Workplace Manage-
t-il. Une manière de se fondre un peu plus dans le fierté des salariés impliqués dans le projet : « Ils ont été ravis de prendre part à ce projet, ment de l’Essec, révèle de son côté que seuls 8 % des étu-
tissu local. l de se réapproprier les lieux et d’agir pour l’environnement. » Autre fruit tiré de ce jardin diants en management interrogés déclarent préférer le
partagé : le lien social et l’esprit de communauté, entre des salariés qui cohabitaient flex-office ! 26 % d’entre eux opteraient plutôt pour le
sans, parfois, jamais se croiser. l bureau fermé classique, à égalité avec l’open-space.
A peine 6 % aspirent au télétravail et 3 % au co-working.
Pour pallier les désagréments de l’horizontalité, Deloitte
a équipé l’espace de salles de téléphone et de zones de
confidentialité à l’écart du bruit et des regards. Et si cer-
La tendance pro-working tains managers ont souffert de perdre le signe extérieur de
pouvoir que représente le bureau fermé, d’autres se
Wellio est la marque d’espaces flexibles (co-working, corpo-working, pro-working) développée par le groupe Covivio. réjouissent, en contrepartie, d’une liberté et d’une autono-
En collaboration avec Orange, son locataire, la société a consacré au co-working un étage de 1.000 mètres carrés dans mie retrouvées, notamment grâce à la digitalisation des
l’immeuble de la rue Marcadet (Paris 18e), dont elle est propriétaire. Le lieu est également ouvert aux utilisateurs extérieurs. dossiers. « La disparition des limites peut être compliquée
A travers une offre multiple mêlant espaces de co-working nomades ou résidents, bureaux dédiés, suite offices et autres salles mais, sur le long terme et dans la majorité des cas, les choses
de réunion innovantes, Wellio met en avant un nouveau concept : le pro-working, une solution à destination des entreprises plus se rééquilibrent », constate Christian Gillet. A condition de
que des indépendants, et ambitionne de déployer quelque 70.000 mètres carrés de ces espaces d’ici à 2022. l ne pas opérer de changements trop brutaux. l
Les Echos Mercredi 5 décembre 2018 SPÉCIAL IMMOBILIER D'ENTREPRISE // 05

L’art du
storytelling
Lorsque, en 2014, Euronext a quitté
l’adresse mythique du Palais-Bron-
gniart, place de la Bourse à Paris, pour
s’installer dans une tour de la Défense,
il fallait recréer le lien entre le passé et
Vive le bureau libre ! le présent. Ce pont virtuel, la société
cotée l’a reconstruit à travers un
Libérer l’entreprise pour la rendre plus performante. C’est musée, véritable reconstitution histori-
le chantier ambitieux que mène l’assureur Aviva France, que de la Bourse, qui conduit les visi-
depuis 2017. « Nous avons construit un environnement de teurs jusqu’à la salle de surveillance
travail de façon à ce que les collaborateurs communiquent ultramoderne et sécurisée de ses
mieux et soient plus responsables », explique Sandra Sze- nouveaux locaux, en passant par un
kely, responsable du projet « Nouvel Environnement de data center évoquant la transforma-
travail », au sein de la direction ressources humaines, tion digitale de la finance. Rien n’est
communication et marque d’Aviva. Les espaces de travail oublié, dans ce parcours en images
sont articulés autour de trois grands principes : la connec- d’archives et objets symboliques
tivité (tous les salariés sont équipés d’ordinateurs porta- comme les cabines en bois des agents
bles avec téléphonie intégrée et système cloud), le cadre de de change et, bien sûr, la
vie (les bureaux ouverts facilitent la circulation de l’infor- corbeille. Pas même le
mation) et, enfin, une culture d’entreprise qui favorise rituel de la célèbre cloche
l’autonomie. L’entreprise a cassé les codes de la hiérarchie qui ouvre et ferme chaque
classique en n’attribuant de bureau fermé ou individuel à séance et introduction en
aucun des managers. Si les directeurs disposent d’un Bourse. l
périmètre dédié (quand même…), le placement reste libre
et les bureaux, accessibles à tous. « Simplifier la relation à
la direction a permis de casser les silos pour mieux travailler
ensemble. C’est à la fois humanisant et valorisant pour les
salariés », ajoute la responsable. Le principe de bureaux
libérés a été intégré dans 8 sites de province sur 9 et un En 2014, Euronext a quitté
tiers de ses bureaux parisiens. l le mythique Palais-Brongniart
pour une tour de la Défense.
Photo Euronext

Favoriser la créativité
Partie du constat que la moyenne d’âge de ses collaborateurs ne
dépassait pas 29 ans, Mathilde Le Coz, directrice développement
ENTREZ AU COUVENT
des talents et innovation du conseil Mazars, a soutenu le projet
d’ouverture d’un environnement collaboratif et décontracté en ORGANISEZ VOTRE ÉVÉNEMENT À RENNES
transformant le capital humain en même temps que l’espace :
« pour que les interactions puissent avoir lieu et qu’elles renforcent la
créativité de nos équipes, il fallait des bureaux adaptés », indique-t-
elle. Si cette transition, commencée il y a cinq ans, s’est déroulée
sans heurt, c’est parce qu’elle repose sur la co-construction.
Enquêtes, workshop en design thinking, showrooms : le cabinet
d’audit et de conseil a immergé, dès le début de l’initiative, les
salariés dans les problématiques actuelles de l’immobilier ter-
tiaire. A l’issue de cette phase de réflexion, un laboratoire d’inno-
vation doté d’outils numériques interactifs a été créé et occupe
aujourd’hui un quart d’étage de l’immeuble où sont logées les
start-up qui appartiennent au groupe ou qui en sont partenai-
res. « Tous les projets d’interentrepreneuriat sont animés à travers le
lab et deviennent, de cette façon, plus visibles », explique la direc-
trice. Une équipe de data scientists y réside à demeure, en support
technique à tous les programmes innovants qui sont lancés. Pour
diriger ces jeunes équipes, les managers ont été formés. « Leur
fonction n’est plus de contrôler mais de faciliter les relations entre les
individus. Ils endossent désormais le rôle de coach-manager », pour-
suit Mathilde Le Coz. l

Le bureau
hors des murs
Charles Ray, Boy with Frog, 2009 - Photo : Jean-François Mollière

Dans le cadre du projet « Agile »,


AXA France expérimente une façon
de travailler qui encourage le télétra-
vail. Précurseur sur le sujet, suite aux
premiers accords signés en 2008, la
société a réaffirmé son engagement pour
l’autonomie de ses collaborateurs. « Le télétravail allait
de pair avec notre projet “Agile” parce qu’il allège la
charge de transports de nos collaborateurs et participe à
leur bien-être, par exemple sur le site de Nanterre, exclu-
sivement desservi par le RER A », détaille Sandrine
#couventrennes
Duchêne, secrétaire générale d’AXA France. Le taux de
salariés en télétravail dans l’entreprise dépasse les
40 %. Depuis la renégociation des accords en 2016, il a
encore augmenté de 10 %. Pour autant, il n’est pas
question de distendre le lien social. La pratique se
limite à deux jours par semaine, voire huit par mois
pour les cadres. Grâce à des équipements mobiles, les
salariés sont joignables et connectés où qu’ils se trou- Sept siècles d’histoire au service de la vôtre.
vent. « Il n’y a pas de coupure, sur le plan du manage-
ment, entre le bureau et le domicile. Cela n’en reste pas Quoi de mieux qu’un couvent du XIVe siècle pour faire de votre événement une expérience unique ?
moins un vrai défi pour les managers qui ne sont plus Rennes vous accueille dans son centre des congrès, un lieu chargé d’histoire en plein coeur de ville et à
entourés de leur équipe », concède la secrétaire géné- seulement 1H25 de Paris.
rale. Une souplesse d’organisation façon start-up, que
l’entreprise met en avant comme facteur d’attractivité Réservez dès maintenant : couvent@destinationrennes.com
pour les jeunes générations. 2.000 de ses salariés sont
centre-congres-rennes.fr
passés au mode Agile en 2017. Une seconde phase de
conversion est actuellement en cours pour les
2.600 collaborateurs des bureaux de Nanterre. l
06 // SPÉCIAL IMMOBILIER D'ENTREPRISE Mercredi 5 décembre 2018 Les Echos

TERTIAIRE // Taxés d’obsolescence, les immeubles de bureaux du XXe siècle ont bel et bien la capacité à se
projeter dans un nouveau cycle de vie, pour peu qu’on sache identifier leurs qualités et y réinjecter de la valeur.

Un nouvel avenir s’annonce pour


le patrimoine des immeubles tertiaires
B ien-être, confort, lumière
naturelle, rafraîchisse-
ment… Les critères et labels
que réclament aujourd’hui les
immeubles tertiaires confortent le
discours sur l’obsolescence des
bureaux du XXe siècle, sans épar-
gner les immeubles construits au
milieu des années 1990. Ce patri-
moine relativement récent
n’aurait-il donc aucune perspective
d’évolution ? « Il y a une forme de
darwinisme en architecture. Si un
édifice ne peut pas s’adapter, il est
voué à la démolition », constate
l’architecte Xavier Gonzalez.
Tout n’est pas perdu pourtant…
Quelques opérations de restructu-
ration lourdes, livrées ou en chan-
tier à Paris et sa proche banlieue,
ouvrent une nouvelle voie à ce bâti
peu considéré, et font la démonstra-
tion de sa capacité à se renouveler
en profondeur. A l’heure de l’écono-
mie circulaire, voilà un marché qui
prend tout son sens dans une
métropole gagnée par la pénurie du
foncier. « En théorie, un immeuble
neuf coche toutes les cases, à une
près : ses occupants veulent vivre une
expérience unique, ils sont à la
recherche d’authenticité et à ce titre,
le patrimoine existant recèle un réel
potentiel », observe Olivier Estève,
directeur général délégué de Covi-
vio. Le patrimoine de cette foncière L’immeuble Steel OnePoint, qui possède une architecture de caractère, est situé au Trocadéro à Paris. Photo Olivier Ouadah
est notamment constitué d’immeu-
bles industriels acquis au cours ces environnementales une fois pétitives. Les prix s’alignent sur ceux l’intégration des équipements tech- tertiaire de manière neutre. Dans le nécessite de les dimensionner pour
d’opération de « sales and lease qu’elles auront évolué ? C’est un tra- de la construction neuve, et niques et les surcharges. Aux archi- bâti existant, le capital est déjà-là, et accueillir d’autres flux que ceux des
back » dans les années 2000 auprès, vail sur la matière, qui ne peut s’ins- l’antienne “on ne fera jamais mieux tectes de trouver des solutions pour on cherche à retrouver le squelette locataires. La foncière privilégie
par exemple, de France Télécom. crire que dans la durée », poursuit-il. qu’avec du neuf” est reconsidérée », préserver l’esthétique, ajouter de la d’origine, le volume, les planchers ; également la mixité des usages, en
Une architecture de caractère, bien Avec un patrimoine total de remarque Thibault Ancely, direc- valeur tout en intégrant les exigen- à partir de là, toutes les configura- introduisant des commerces en
située en centre-ville, à l’instar de 19,8 milliards d’euros, Gecina teur exécutif des investissements et ces de performances énergétiques tions d’aménagement deviennent rez-de-chaussée qui, loin de faire
l’immeuble Steel OnePoint au Tro- détient pour sa part l’essentiel de ses du développement de Gecina. et les normes de sécurité. De fait, ces possibles ». fuir les utilisateurs, apparaissent
cadéro à Paris. actifs dans la capitale et l’Ouest pari- restructurations coïncident avec comme un signe de modernité.
« Steel incarne une très belle his- sien et de nombreux immeubles Les nomades peuvent l’engouement pour le nomadisme, Patrimoine et innovation « Sur ce marché très compétitif, les
toire de régénération immobilière », historiques comme l’ancienne travailler n’importe où apparu à la faveur de la culture Ce patrimoine peut même être por- attentes ont beaucoup évolué. Les uti-
poursuit Olivier Estève. Pour la fon- abbaye de Penthémont dans le Cependant, certaines typologies se numérique. teur d’innovations. Gecina mise sur lisateurs sont à la recherche de mixité,
cière, ces acquisitions ont toujours 7e arrondissement qui abrite désor- prêtent mieux que d’autres à une Exit le diktat de la trame de 1,35 la création de socles de services de proximité des services, dans des
pour point de départ un partenariat mais le siège d’YSL, ou marqués par restructuration. Si les immeubles mètre pour le cloisonnement puis- dans l’idée d’ouvrir les immeubles à quartiers vivants, denses et bien des-
de long terme avec une grande leur passé industriel comme des années 1930 possèdent de beaux que désormais, on travaille aussi la ville et pas seulement aux occu- servis. Ils se focalisent sur la singula-
entreprise. Elles répondent aussi à l’ancien fief de PSA situé 75, avenue volumes, des grands plateaux, un bien sur un pouf qu’à une table, assis pants. L’immeuble Ibox, en cours rité de l’immeuble, analyse Olivier
plusieurs critères : la localisation de la Grande-Armée. éclairage naturel satisfaisant, la ou debout, à la cafét’ ou en terrasse de restructuration près de la gare de Estève. Dans ce contexte, l’immobi-
dans des quartiers dynamiques ou « La volonté publique de conserver remise aux normes de l’architecture équipée en wifi. Selon Xavier Gon- Lyon signé Data Architectes, lier est devenu un vecteur de perfor-
amenés à le devenir, une bonne le caractère patrimonial de ces édifi- d’après-guerre et des années 1970 zalez, « ces manières de travailler, où accueillera un business center, des mance et d’attraction des talents où,
connexion avec les réseaux de ces a fait émerger un nouveau mar- est plus délicate. Parmi les raisons le poste de travail est désormais la espaces de restauration pouvant par exemple, le modèle du campus
transport, sans oublier leur capa- ché d’entreprises dans le domaine de avancées, la faible hauteur sous pla- nouvelle unité de mesure, et non plus être ouverts au public et un bar au tertiaire en périphérie et fermé sur
cité à muter. « Gagneront-elles en la réhabilitation de sites, dotées de fond et la structure calculée au plus le bureau avec ses dimensions nor- 17e étage. Une manière d’optimiser lui-même doit évoluer. »
confort, en flexibilité, en performan- compétences spécifiques, et très com- juste, qui rendent plus complexes mées, invitent à appréhender l’espace la rentabilité du bâtiment, mais qui — Cyrille Véran

Gecina a permis au 55 rue d’Amsterdam de renouer avec les qualités architecturales originelles
Orchestrée par les architec- beaux atouts : plus de 10.000 tes » aux façades. Celles-ci se parent
tes Naud & Poux pour le mètres carrés en plein 9e, à deux pas « La restructuration d’une nouvelle vêture en Krion à la
compte de Gecina, la de Saint-Lazare. « Sa restructura- [du 55 rue texture lisse immaculée, et de zinc
transformation du 55 rue tion est représentative de la stratégie pour les volumes supérieurs en
Amsterdam à Paris illustre de création de valeur que Gecina
d’Amsterdam] retrait. Les baies, dont les allèges
la souplesse des immeubles applique à son patrimoine », témoi- est représentative ont été baissées, sont équipées de
de bureaux des années 1930 gne Thibault Ancely, directeur exé- de la stratégie châssis vitrés pivotants. Elles peu-
à se plier aux standards
actuels… et à offrir plus.
cutif des investissements et du
développement. Livré en 2017, le 55
de création de vent donc s’ouvrir.Les architectes
tenaient, en effet, à offrir la possibi-
Amsterdam a obtenu six labels et valeur que Gecina lité de ventiler et rafraîchir les piè-
« Dans chaque intervention, nos dont « WELL » qui prend en applique à son ces la moitié de l’année sans avoir à
arbitrages sont toujours guidés par
une réflexion sur la lisibilité », expli-
compte la qualité de l’environne-
ment de travail et qu’il est le premier
patrimoine. » les climatiser. Le système s’épargne
aussi la nacelle de nettoyage.
quent les architectes Elizabeth à afficher en France. THIBAULT ANCELY
Naud et Luc Poux qui, depuis plus
Directeur exécutif Muter en hôtel
des investissements et du
de vingt ans, s’attachent à redonner Des lieux rendus développement de Gecina ou en logements
un nouveau souffle au patrimoine plus lisibles La technique est intégrée à un
tertiaire en privilégiant le confort de La transformation s’attache à équipement discret suspendu au
l’usager. Leur solide expertise les a renouer avec les qualités architec- plafond, qui concentre toutes les
amenés à ausculter tout type turales originelles. La reprise, com- fonctions : chauffage-rafraîchisse-
d’architecture. Le « 55 Amster- plexe de la structure, rajoutée dans ment, absorbant acoustique, éclai-
dam » est un cas particulier. Cons- les années 1990 permet de retrou- rage. Manière de donner toute lati-
truit en 1929 par les architectes ver un rez-de-chaussée de plain- sas met à distance la rue bruyante et tude à un éventuel cloisonnement
Labussière et Réby, l’édifice avait pied avec la rue et de dégager un compense l’absence de parvis, de ces plateaux. « Aujourd’hui, la
déjà fait l’objet d’une restructura- étage supplémentaire en un rez-de- impossible à aménager dans ce vision du bureau est plus intempo-
tion lourde en 1995, pas très heu- jardin, lumineux. Ces mètres carrés tissu très dense. Les couloirs, jus- relle, on doit pouvoir accueillir diffé-
reuse ni dans son fonctionnement en plus, qui valorisent l’immeuble qu’ici répartis en plusieurs points, rents t ypes d’utilisateurs. La
(hall d’entrée relégué au niveau –1), comprennent tous les services, sal- ascenseurs et escalier se concen- demande est spécifique et évolu-
ni dans les techniques alors les de réunion et de conférence, trent désormais, comme dans le tive », constatent les architectes. Ils
choisies. cafétéria et restaurant d’entreprise plan initial, en un unique espace qui vont plus loin, en s’attachant à la
dont les tables peuvent être affec- facilite le repérage. réversibilité de leurs opérations.
Une rénovation tées à du co-working. Les bureaux étant mono-orien- Le 55 rue d’Amsterdam pourra
qui rapporte Les travaux ont rendu l’ensemble tés sur la cour principale – facilement muter en hôtel ou en
Entré dans le patrimoine de Gecina plus lisible, dès l’entrée, un atrium- L’édifice du 55 rue d’Amsterdam affiche de beaux atouts : aujourd’hui plantée – il importait logements, ou en opération mixte,
en 2003, suite à l’absorption de la galerie d’art en double hauteur, avec dès l’entrée, un atrium-galerie d’art en double hauteur, « d’inviter la lumière partout », de dans une quatrième vie.
société Simco, l’édifice affiche de des œuvres de l’artiste Jan Kalàb ; ce avec des œuvres de l’artiste Jan Kalàb. Photo Schnepp Renou donner des proportions « respiran- — C. V.
Les Echos Mercredi 5 décembre 2018 SPÉCIAL IMMOBILIER D'ENTREPRISE // 07

INTERVIEW // NICOLAS FERRAND Président de Solideo autour du plaisir de vivre en ville,


pour le piéton flâneur, comme pour

« Nous livrerons les équipements


l’habitant chargé ou le salarié
pressé. Ces grandes orientations
sont détaillées, avec des objectifs
précis et chiffrés.

des Jeux Olympiques à temps » Toutes ces démarches


s’appuient-elles sur une forte
utilisation des technologies ?
Oui, car elles sont indispensables et
l Nicolas Ferrand veut profiter des JO pour mener une réflexion nous offrent des possibilités qui
vont encore évoluer au cours des
ambitieuse sur la ville 2030 et montrer de quoi la France est capable. prochaines années. Cela va très vite,
et parfois plus vite que le rythme de
notre industrie de la construction.
Propos recueillis par contre les éléphants blancs… Ces Cet événement attire 25.000 jour- filières, ce que nous sommes en C’est pourquoi nos choix ne sont
Catherine Sabbah bâtiments qui, parfois, après les nalistes, à comparer aux quelque train de faire en rencontrant les pas encore arrêtés… Doit-on truffer
Jeux, ne sont plus utilisés ni entrete- 3.000 qui se sont déplacés pour la grands développeurs, les exploi- la ville de capteurs, la gérer en fonc-
Paris s’est engagé à organiser nus et tombent vite en ruine. COP21. Il s’agit en premier lieu d’une tants des services urbains, les éner- tion de flux de data et risquer une
des Jeux « bon marché » et compétition entre athlètes, mais géticiens, des architectes, des urba- obsolescence rapide dès que les
durables. C’est-à-dire ? Qu’allez-vous construire ? La aussi entre pays. Tokyo en 2020 va nistes… Nous travaillons dans cinq technologies sont dépassées ? Ou
C’était le nouveau deal… De ne pas région parisienne a-t-elle se servir de cet événement comme directions : d’abord, atteindre en bien opter pour le low-tech, moins
tomber dans la surenchère qui a besoin de ces aménagements ? d’une vitrine pour la 5G et la ville- 2024 une étape intermédiaire avant cher à construire et à entretenir ?
caractérisé à peu près toutes les édi- Nos 40 projets sont, pour la plupart, la ville postcarbone de 2050, ce qui Les deux options répondent à la
tions des Jeux. Nous, Solideo, avons des rénovations et des aménage- signifie des bâtiments adaptables et demande de ville intelligente. Il faut
un budget de 3 milliards, le Cojo ments d’infrastructures. Sauf le Vil- « Nous avons réversibles, des constructions et en tout cas que nos équipements
(Comité d’organisation des Jeux lage olympique, qui accueillera aménagements peu consomma- fonctionnent, pendant les Jeux et
Olympiques), qui organise tout 17.000 athlètes et deviendra immé-
40 “objets” à teurs d’énergie et certains qui en après en toutes circonstances. Il
l’événementiel, paiera 3,6 milliards. diatement après les Jeux un quar- construire avec produiront. Ensuite, dans le cadre nous faut construire une ville qui
Aujourd’hui, plus aucune ville tier de 3.500 appartements où 29 maîtres d’ouvrage, des changements climatiques et en puisse se piloter précisément mais
européenne ne veut candidater 6.000 personnes vivront. De même, nous appuyant sur l’hypothèse la qui soit robuste.
pour accueillir cet événement, c’est le Village des médias sera trans-
publics et privés. » plus pessimiste du rapport du
pourquoi le Comité international formé en une petite ville de 1.400 GIEC, il nous faut inventer un nou- Vous n’avez pas évoqué
olympique a édité de nouvelles appartements ; le centre aquatique hydrogène, La Chine en 2022 pour veau confort urbain, moins sensi- la question du risque ?
règles pour rendre les Jeux à nou- sera en partie démontable et ses pis- les Jeux d’hiver va aussi développer ble aux aléas climatiques. 100 % des Elle est pourtant essentielle. En ter-
veau attrayants. L’un des critères de cines reconstruites après les Jeux ses propres stratégies et faire un sites devront par exemple être mes de sécurité, son niveau doit être
réussite aujourd’hui consiste à sur d’autres sites en Seine-Saint-De- énorme effort sur le développe- dotés d’outils de mesure et de maî- deux fois et demie supérieur à celui
prouver l’utilité de cette manifesta- nis. Une salle de type Arena sera ment durable. Nous avons en trise de la qualité de l’air, de l’envi- de l’Euro 2016. Avec des mesures
tion pour le territoire dans lequel bâtie porte de la Chapelle, et il faut France des champions de la cons- ronnement sonore et de la pollu- comparables à celles appliquées à
elle se déroule et booster l’activité ajouter la Marina de Marseille, des truction, du traitement de l’eau, des tion lumineuse. Nous sommes à la un aéroport dans le cadre d’une
industrielle, comme la commande passerelles, des enfouissements de déchets, le Village olympique, qui veille de la sixième grande extinc- visite de chef d’Etat… tout en garan-
publique ou le commissariat en lignes à haute tension, l’aménage- deviendra ensuite un quartier du tion des espèces, il nous faut donc Nicolas Ferrand. tissant un temps de transport aux
plan s’en sont longtemps chargés. A ment de voies, d’échangeurs, la Grand Paris, est l’endroit idéal pour penser à favoriser ou recréer une Photo Xavier Popy/RÉA
athlètes et en rendant la vie facile
Paris, nous allons beaucoup réutili- rénovation d’équipements comme constituer un démonstrateur de biodiversité qui disparaît des villes, pour 23 millions de spectateurs, qui
ser les équipements qui existent le Stade de France, Rolland-Garros, notre savoir-faire. et mettre en place des formes d’éco- une ville accueillante : favoriser s’ajouteront aux habitants. Au mois
déjà. Néanmoins, nous avons le Grand Palais, le stade Pierre de nomie circulaire ou de réemploi l’accessibilité physique, mais aussi d’août, cela ne posera pas forcé-
40 « objets » à construire avec Coubertin… Comment allez-vous faire portant sur les cycles de l’eau, des cognitive en repensant la signaléti- ment de problème, car beaucoup
29 maîtres d’ouvrage, publics et pri- et comment convaincre matériaux de construction et des que, le mobilier urbain… Ces enjeux de Franciliens, même cet été-là,
vés, que nous sommes chargés de Les JO ne sont pas une exposi- vos partenaires ? déchets ménagers. Par exemple, techniques sont tirés par une ambi- seront en vacances, mais pour les
coordonner. Chacun sera proprié- tion universelle, est-ce bien Ce n’est pas le plus difficile. Quand il 10 % des sites devront être équipés tion plus grande : montrer qu’il Jeux Paralympiques en septembre,
taire de son équipement ou de son l’endroit et le moment d’une s’agit des Jeux, tous les dossiers pas- de fontaines à eau potable et 100 % existe encore, au XXIe siècle, une ils seront rentrés… Un bon réseau
bâtiment, après la compétition, ce démonstration de puissance sent en haut de la pile. Il faut définir de l’arrosage issu d’eaux de récupé- manière européenne de bâtir la de transports nous aiderait consi-
qui est un excellent garde-fou industrielle ? nos objectifs via des stratégies de ration. Enfin, il nous faut réaliser ville dense, une approche articulée dérablement. n

PROPOSÉ PAR

3D. « Lagrande nouveauté de cet outilde projection 3D 3 questions à


interactif ? Il associe l’utilisateur final de l’immeuble à Jérôme Le Grelle , directeur exécutif retail chez CBRE
la phase de conception grâce à sa dimension temps
réel », précise Fabrice Allouche. « Il facilite ainsi l’ap-
« S’appuyer sur la data pour
propriation du projet par toutes les parties prenantes », trouver le meilleur
poursuit-il. En partant de l’analyse des besoins, les emplacement possible »
solutions proposées mêlent digital et conseil à
chaque étape d’un projet immobilier, depuis la Contrairement aux enquêtes
réflexion initiale jusqu’à la livraison du bâtiment construites à partir de
et à son usage, en passant bien sûr par le choix, ô questionnaires, cette source
combien stratégique, de l’implantation. Nourris d’information nous fournit des
au big dataet à l’intelligence artificielle, lesempla- données objectives. L’autre
cements sont analysés non seulement du point de innovation est qualitative :
vue de leur performance dans la durée pour les l’algorithme distingue des
investisseurs, mais aussi à travers le prisme de la profils de consommateurs très
mobilité pour les salariés : réseaux de transports précis que nous pouvons
Qu’est-ce que Calibrate ? étudier sur des durées variables
en commun, infrastructures routières, services de — C’est un outil digital créé par
proximité, éloignement des résidences des colla- (à l’heure, à la semaine, au
des professionnels du retail qui mois…). En corrélant leurs
borateurs… Une cartographie dynamique et des analyse les déplacements des déplacements à des événe-
scores de « compatibilité » entre le lieu et l’activité consommateurs sur des ments (fermeture d’une
envisagée (bureaux, commerce, logistique) permet territoires définis : une zone enseigne, route barrée…), nous
Grâce au numérique, il devient possible de se projeter dans ses futurs bureaux, d’affiner les choix. commerciale, une ville, une pouvons également analyser la
comme ici, dans la salle Odyssée conçue par CBRE. région… Il permet d’observer redistribution des flux en
Temps de trajets : la quadrature leurs comportements et de temps réel.

Le numérique réinvente
du cercle dresser des profils-types (lieux
— Conçu pour les entreprises à la recherche de de résidence, catégories Un exemple d’utilisation ?
nouveaux locaux, Hub Analytics de CBRE calcule, socio-professionnelles, — Pour implanter de nouveaux

l’immobilier d’entreprise par exemple, les temps de trajets des collabora- habitudes de consomma- magasins à Paris et Cannes, le
teurs pour chaque adresse envisagée. Grâce au tions…). Résultat : il devient fabricant de vêtements sportifs
fichier collaborateurs (adresses, modes de trans- possible de cartographier des Lululemon a étudié plusieurs
lieux de manière dynamique et
Le secteur de l’immobilier entre de plain-pied dans sa transformation port actuels…) et en tenant compte de tous les fac- sites avec Calibrate, en
teurs environnementaux, le logiciel permet de d’analyser leur attractivité. Pour observant les comportements
numérique, centrée autour des besoins des entreprises. Pour les les enseignes et les investis-
visualiser, sous forme de tableaux et de cartes, les de sa clientèle cible sur chaque
investisseurs et les locataires, le digital s’impose comme un outil d’aide seurs qui cherchent à emplacement. Calibrate a mis
impacts d’un déménagement. « Le comité de direc-
à la décision. — tion dispose alors d’éléments tangibles pour comparer
implanter un magasin ou en évidence les particularités
affiner une offre de services, des rues commerçantes du
l’accessibilité de chaque site et identifier les salariés les

C
c’est une aide formidable à la cœur de ville : temporalité de la
haque nouveau projet immobilier in- grands sujets qui animent les comités de direction : l’or- plus impactés », affirme Fabrice Allouche. Cette décision. fréquentation, types de
tègre aujourd’hui la notion de smart ganisation du travail, la culture d’entreprise, l’innova- connaissance affinée constitue une aide à la déci-
consommateurs… Les zones les
building. La valeur et l’attrait des im- tion et la capacité de la marque à attirer les meilleurs sion précieuse. Elle participe aussi à la réussite Comment cette innovation plus actives sont apparues
meubles résident non seulement dans talents », souligne Fabrice Allouche, Président de d’un déménagement et permet d’anticiper la mise fonctionne-t-elle ? clairement. Ces éléments
leur performance économique mais aussi dans CBRE en France. en place de solutions adéquates comme le télétra- — Calibrate exploite les factuels ont permis à cette
leur capacité à rendre service aux collaborateurs, Mettre le collaborateur au centre d’un projet im- vail.Indissociabledeconseilsdeplusenpluspoin- données anonymisées de enseigne de conforter ses
c’est-à-dire à améliorer leur expérience, leur bien- mobilier demande un accompagnement et des tus,ledigitals’imposedanslaprisededécisiondes géolocalisation des téléphones choix.
être et leur performance au travail. Plus humain, outils spécifiques. Développée par CBRE, l’appli- investisseurs et des locataires. Au-delà de la per- portables. À l’échelle euro-
plus durable, plus connecté, plus efficient : l’im- cation Floored permet ainsi de personnaliser un formance, il permet d’enrichir l’expérience des péenne, nous nous appuyons
mobilier a pris une place prépondérante dans les aménagement intérieur en temps réel, de le modi- utilisateurs finaux, devenue un enjeu straté- sur un échantillon de plus de
stratégies des entreprises. « Il est indissociable des fier et de visualiser le résultat instantanément en gique.e 100 millions de mobiles.
08 // SPÉCIAL IMMOBILIER D'ENTREPRISE Mercredi 5 décembre 2018 Les Echos

MIXITÉ // Mélanger les usages dans les bâtiments rendrait la ville plus agréable, plus attractive.
Sur le papier tout le monde est d’accord. Le passage à l’acte est plus compliqué.

L’offre de bâtiments multifonctions


est plébiscitée, reste à la construire
Catherine Sabbah déré comme une avancée. Même si Le projet 1.000 arbres a pour but d’associer
@csabbah Covivio profite du nouvel intérêt architecture et végétation et de développer

L
pour les immeubles atypiques et des immeubles alliant habitation, travail
’œuf ou la poule ? L’hybrida- anciennement industriels qui cons- et loisirs.
tion des codes et des prati- tituent une partie de son patrimoine, Photo Sou Fujimoto Architects, Manal Rachdi OXO
ques entre les bureaux, « ils font partie de notre histoire, mais Architectes -Compagnie de Phalsbourg, Ogic - Morph
l’hôtellerie et les logements pousse- nous ne recherchons pas à en acquérir
t-elle à construire de plus en plus de nouveaux », explique l’une de ses
d’immeubles mixtes ? Ou bien
l’offre de bâtiments aux multiples
responsables. « On ne peut pas dire
que cela soit une tendance, en tout cas La Poste se cherche
un avenir en ville
fonctions incite-t-elle les citoyens à les investisseurs ne nous demandent
gommer progressivement les fron- pas de tout mélanger. Notamment
tières entre vie professionnelle et vie parce que les PLU ne sont pas très per-
privée, entre travail et loisirs, détente missifs vis-à-vis de la mixité », pense
et consommation... Veut-on et pour- Véronique Bédague, PDG de Nexity Poste Immo en appelle attend beaucoup : « Le tête-à-tête
ra-t-on tout faire sous le même toit ? Immobilier d’Entreprise. « Ce genre à toutes les bonnes volontés entre un maître d’ouvrage et un opé-
Il faut reconnaître aux collectivités d’immeuble pourrait séduire des pour redonner à La Poste rateur immobilier ne donne plus
(en tout cas à certaines) leur cons- investisseurs asiatiques très habitués, une place dans les villes grand-chose, l’un veut vendre son ter-
tance à imposer avec de plus en plus mais pour l’instant il y en a peu », et de la valeur à son rain cher, l’autre veut garantir sa
d’insistance le mélange des genres. confirme Eric Siesse, directeur du patrimoine. marge et le résultat n’est pas souvent
Ainsi, les appels à projets urbains département transactions de brillant. Il faut ouvrir à tous les
innovants, les « Réinventer » lancés BNPRE. « Vive les années 1970, c’est utopique, acteurs économiques, associations,
à Paris, le long de la Seine avec Certes, le fonds TH Real Estate, qui optimiste et humain… »… Tout commerçants, citoyens, les utilisa-
Le Havre et Rouen, à Angers, à Tou- gère les retraites des enseignants comme Rémi Feredj, le directeur du teurs de la ville, c’est de là que viendra
louse et dans la Métropole du Grand américains, a acquis des logements, patrimoine de Poste Immo chargé la richesse. » Suivant un modèle
Paris sont tous assez clairs sur le un hôtel et des bureaux dans de faire vivre un patrimoine de désormais connu, Poste Immo ne va
sujet : une ville durable et inclusive l’immeuble Morland Mixité Capi- 6,5 millions de mètres carrés répar- pas vendre ses immeubles à des
doit accueillir tous les publics et tous tale, boulevard Morland à Paris, tis en 11.000 immeubles dans toute acheteurs uniquement contraints
les usages. Le message a été développé par Emerige. Il est proba- la France. Cet ensemble baroque par le prix et le PLU. Mais susciter de
entendu : pour être lauréats de ces ble que le programme 1.000 Arbres comprend des bureaux de poste, la part de groupements privés qui
consultations, les candidats devai- de la Compagnie de Phalsbourg et des immeubles techniques, des voudraient réaliser une opération
ent proposer, dans le même îlot ou d’Ogic n’aura pas non plus de mal à centres de tri, des plates-formes immobilière des idées de program-
dans le même immeuble, plusieurs mobiliser les capitaux nécessaires à logistiques et de très beaux bâti- mation et d’ingénierie financière
programmes. Les équipes sont sa construction. Mais ces deux ments témoins de leur époque, susceptibles de les rentabiliser. Ce
allées bien au-delà des attentes. objets emblématiques par leur loca- dont certains, même en centre- n’est pas gagné, jusqu’alors aucun
lisation comme par leur forte noto- ville, sont inoccupés. promoteur n’était venu s’enquérir
Working, co-working, riété (avant même leur existence) Les années 1970 sont aussi très de leur devenir…
toujours des bureaux sont des cas à part. datées, et en architecture, pas les L’appel est lancé ce matin et
Alors que les promoteurs expli- préférées. « A Cergy, en plein centre l’horizon ouvert. Poste Immo met à
quaient que les bureaux souffraient Vers le logement, mais de la ville nouvelle, et à Amiens, en disposition des candidats une data-
de partager leurs entrées avec des à petits pas périphérie de la ville mais en sur- room contenant toutes les informa-
logements ou qu’il n’était pas souhai- Les tours Duo d’Ivanhoé Cam- plomb des hortillonnages, nous tions techniques, historiques et
table de faire cohabiter des locatai- bridge construites porte d’Ivry vont avons deux sites de 10.000 mètres financières sur les immeubles,
res sociaux avec des acheteurs de mélanger hôtel et bureaux, elles ont carrés chacun, vides depuis trois ans, mais ne leur soufflera aucun cadre
logements de standing, tous bran- trouvé preneur pour l’un et l’autre, à il est temps de leur inventer un programmatique. Il n’est pas non
dissent désormais le bien-fondé de l’inverse le projet Hermitage à la futur », propose le directeur géné- plus précisé si les bâtiments seront
ces mélanges et ont même organisé Défense n’est pas parvenu, en dix ral de Poste Immo. Pas facile de densifiés, démolis en partie, rasés,
des départements grands projets ou ans, à sécuriser ses financements. transformer ces blocs souvent bas vendus ou loués. Sans doute La
innovations pour les mettre en Même Bouygues, l’un de ses parte- de plafond, parfois construits sur Poste en occupera-t-elle une partie,
œuvre. La plupart justifiaient la naires, en vient à s’interroger sur des dalles, dont la trame gêne par- et ces chantiers visent aussi à valori-
standardisation de leurs immeubles l’intérêt de sa mixité... « Les investis- fois l’ouverture… ser le patrimoine qui coûte pour
ou leurs « produits immobiliers » seurs les plus réactifs ou intéressés l’instant plus cher qu’il ne rapporte,
par les difficultés techniques et les sont ceux qui disposent de plusieurs En quête d’idées neuves mais les réponses économiques
normes incendie différentes selon la véhicules, un pour le logement, un C’est bien pour trouver de nouvelles sont loin d’être figées.
typologie des locaux. Toutes ces dif- pour les bureaux, un pour les hôtels, idées que Poste Immo lance un La consultation se déroulera en
ficultés semblent aplanies... Oublié ces profils ne sont pas les plus cou- appel à projets dont Rémi Feredj plusieurs phases jusqu’en septem-
aussi la fameuse « masse critique » rants », explique Olivier Gérard, le bre pour ces deux premiers

6,5
de 300.000 mètres carrés censée tout nouveau président de Colliers immeubles. Poste Immo lancera au
définir un quartier d’affaires et International. Et même ceux-là, printemps 2019 deux autres consul-
décourager tout investisseur en comme Gecina, Covivio, AXA… sor- tations sur un bâtiment à Merignac
deçà. La tendance est largement dif- tent prudemment des sentiers très près de Bordeaux et une tour à Gre-
fusée et commentée mais encore connus. Ils ont récemment réaf- noble. A chaque fois des « objets »
peu construite. Elle se réduit parfois firmé leur intérêt pour le secteur du MILLIONS très caractéristiques des années
à la coexistence de bureaux et de... logement, mais pas forcément DE MÈTRES CARRÉS 1970. Seule piste, Rémi Feredj ne
bureaux, les classiques dans les éta- mixé à d’autres usages et dans des Le patrimoine de Poste Immo, cache pas qu’il aimerait bien les
ges supérieurs, le co-working en des- conditions fiscales et de rentabilité réparti en 11.000 immeubles conser ver dans le paysage.
sous. Et ce mélange est déjà consi- qui ne sont pas encore remplies. n dans toute la France. — C. S.

Le jeudi 6 décembre de 15h30 à 17h


A le plaisir de vous Au SIMI, Palais des Congrès de Paris
inviter à son atelier Salle 242 A - Niveau 2

La transformation Avec la participation de


Joachim Azan, Président de Novaxia

urbaine, ou comment
Albane Godard, Directrice de l’Urban Lab de Paris&Co
Vincent Delahaye, Sénateur, Vice-Président du Sénat
Nicolas Ledoux, Directeur d’Algoé,

demain, le citoyen en futur PDG d’Arcadis France

sera le décideur ?
Animé par :
Jean-Yves Guérin,
journaliste au Figaro Economie
Les Echos Mercredi 5 décembre 2018 SPÉCIAL IMMOBILIER D'ENTREPRISE // 09

AMÉNAGEMENT // Le territoire est immense et le projet prévu pour durer au moins vingt ans. Une bonne échelle
pour expérimenter sur tous les fronts.

Euratlantique,
territoire pionnier
Catherine Sabbah logements, bureaux et équipe- appels à projets en quête d’idées,
@csabbah ments publics et accueillir à terme plus que de simples réponses à un

L
40.000 nouveaux habitants et programme préétabli, ont com-
e monde de l’aménagement 30.000 emplois. « Nous défendons mencé à chambouler leur paysage.
a les yeux braqués sur Bor- une mission publique et politique, Les équipes de Bordeaux Eurat-
deaux. Il y a quelques explique-t-il, qui nous pousse à exi- lantique sont plutôt volontaristes
années, Marseille tenait la corde, et ger beaucoup des opérateurs immo- en la matière : une cinquantaine de
avant elle, Lille avait transformé biliers qui sont nos partenaires. Nous personnes pour une cinquantaine
son cœur grâce à une grande opéra- apprécions qu’ils nous proposent de de bonnes pratiques développées
tion d’urbanisme pilotée et finan- nouvelles idées sur les usages, l’utili-
cée par l’Etat et un établissement sation de matériaux, la mixité… »
public. Euralille, Euroméditerra- Les 730 hectares
née, et désormais Euratlantique… Des petits pas contre à aménager sont
ces structures soutiennent ou sup- les monopoles et les lobbys
pléent les collectivités. Leurs Ces petits pas sont censés apporter
déployés entre
actions s’inscrivent dans des terri- un peu de souplesse au carcan de Bordeaux, Bègles
toires souvent délaissés, en friche normes qui encadrent l’aménage- et Floirac. Bordeaux Euratlantique a bénéficié de l’arrivée du TGV qui met la capitale Aquitaine à deux heures
ou en crise économique, que leur ment et la construction. De l’avis de de Paris. Photo Philippe Caumes
intervention, grâce aux grands tra- plusieurs aménageurs, mieux vaut
vaux et avec une petite aide du mar- partir des opérations et se servir du ou testées depuis le début de l’opé- juridiques originaux ou de formes supposait aussi de relancer une aussi quelques efforts », poursuit le
ché…, rend méconnaissables quel- territoire pour expérimenter, plu- ration. Parmi elles, l’encourage- urbaines inédites. L’immeuble filière, le portage foncier solidaire… DG d’Euratlantique. Par exemple, de
ques années plus tard. tôt que d’attendre d’une loi la sup- ment de la construction en bois par mixte, signé Hobo architecture et Le prix des terrains est fixe sur le respecter le cahier des charges con-
Bordeaux Euratlantique a béné- pression de telle ou telle contrainte. l’organisation d’une consultation Bernard Bühler, par exemple : les territoire d’Euratlantique, et le cernant la manière de construire,
ficié de l’arrivée du TGV qui met la Généralement, les textes en rajou- extrêmement médiatisée pour architectes ont superposé deux même pour tous, afin d’éviter la de rémunérer les architectes, autour
capitale Aquitaine à deux heures de tent. Et les grandes entreprises de l’édification d’une tour, la première cubes, les bureaux en bas jusqu’à surenchère. Celui des logements de 7,5 % du montant des travaux
Paris. Stéphan de Faÿ, le directeur construction, les verriers, fournis- et la plus haute de France… « Il y 28 mètres, les logements hauts jus- vendus est aussi imposé, environ pour une mission complète ; de limi-
général de l’Etablissement public, seurs de matériel électrique… qui avait beaucoup de communication qu’à 50, en tenant compte des hau- 15 % sous le prix du marché libre ter le nombre de logements vendus à
n’aurait eu aucun mal à vendre ses sont aussi de grands lobbyistes, autour de notre concours pour notre teurs limites, différentes pour cha- bordelais, ce qui, compte tenu de des investisseurs dans les nouveaux
terrains au plus offrant. Depuis son n’ont aucun intérêt à voir vaciller tour de 50 mètres, mais deux ans cune des deux typologies. l’offre, pourrait avoir l’effet déflation- immeubles de logements. A défaut,
lancement en 2010 en tout cas, les leur monopole. Plus directement plus tard, nous nous apercevons que L’immeuble échappe aussi pour les niste attendu. Cette contrainte-là ne l’EPA ne s’interdit pas d’utiliser la
candidats ne manquent pas pour dépendants des collectivités ou des cet enthousiasme de la part des pro- deux à la réglementation Immeu- semble gêner personne si l’on en dissuasion qui consiste à casser une
participer à ce grand chantier. Les aménageurs, les promoteurs sont moteurs et des architectes a servi au ble grande hauteur (IGH) et aux croit le succès rencontré par les promesse de vente tout en conser-
730 hectares à aménager sont plus enclins à changer leurs habitu- développement de la filière », expli- charges qui l’accompagnent. La appels d’offres. « Nous imposons une vant les 10 % du dépôt de garantie
déployés entre Bordeaux, Bègles et des, surtout si leur chiffre d’affaires que Stéphan de Faÿ. L’EPA n’est pas liste est longue et contient des pro- fourchette qui permet aux promo- déposés par l’acheteur du terrain qui
Floirac où devraient se construire en dépend. Les récents appels à toujours aussi disert, mais trace son grammes d’habitat participatif, la teurs de dégager une marge de 7 à 8 %, ne respecterait pas ses engage-
2,5 millions de mètres carrés de manifestations d’intérêt ou les chemin au travers de montages construction en pierre massive, qui ce qui nous légitime à leur demander ments… C’est arrivé une fois. n

Mariage vertueux pour créer


un immeuble multi-usages
A Bordeaux, Elithis et Canal
Architecture s’associent
pour créer un immeuble
multi-usages. Une pre-
mière, car le bâtiment
devrait être destiné à
accueillir, en même temps
et à la fois, des bureaux, des
logements ou toute autre
activité…

Thierry Bièvre et Patrick Rubin ne


se connaissaient pas il y a un mois.
Le premier est ingénieur et pour-
suit des recherches autour du bâti-
ment durable. Il a conçu une tour à
énergie positive, Elithis, du nom de
sa société, à Dijon, et un immeuble
sans charges à Strasbourg. Le
second est architecte, a fondé Canal
Architecture et réfléchit depuis des
années à la manière de construire La mission d’Elithis et Canal Architecture est de construire
des immeubles faciles à transfor- un immeuble capable d’accueillir des habitants, des entreprises,
mer, de bureaux en logements ou ou des commerces. Photo Sebastien Ortola/RÉA
l’inverse, à peu de frais et sans beau-
coup de travaux. Stephan de Faÿ, le
directeur général d’Euratlantique
« Nous allons construction, que Patrick Rubin a
théorisée dans un ouvrage, « Cons-
les a rapprochés à la faveur d’un essayer de déposer truire réversible », et commencé à
appel à manifestation d’intérêt un permis de expérimenter dans plusieurs pro-
lancé par l’établissement public
(EPA) qu’il dirige, autour du permis
construire d’ici à jets. Mais, quelles taxes s’applique-
ront à cet édifice ? Une TVA à 10 %
d’innover. l’été, tout le travail pour des logements locatifs inter-
commence médiaires ou à 20 % pour des
« Bio-bâtiment »
Leur mission (et ils l’ont acceptée) :
maintenant, mais les locaux tertiaires ? Comment défi-
nir ensuite si ces lots seront soumis
construire un immeuble sans desti- deux partenaires à la taxe foncière et à la taxe d’habi-
nation. Un « bio-bâtiment », capa- s’entendent très tation si ce sont des logements, ou à
ble d’accueillir tous les usages, y bien, c’est un bon la cotisation foncière des entrepri-
compris ceux que l’on pourrait
inventer… Pour des coûts futurs en
début. » ses, si ce sont des bureaux ? Com-
ment mixer des baux commer-
carbone et en euros aussi bas que STEPHAN DE FAŸ ciaux avec des baux d’habitation et
possible. Ni les matériaux ni la Le patron de l’EPA surtout, comment passer de l’un à
forme ne sont encore dessinés, et là l’autre ? Peut-être en rapprochant
n’est pas le plus important : dès sa les codes communs de ceux de
livraison, ce bâtiment de l’hôtellerie en optant pour des
4.000 mètres carrés « petit dans ses contrats de prestations plus sou-
dimensions, mais grand par ses déposer un permis de construire d’ici ples. Après tout, le co-living et le co-
ambitions », disent ses concepteurs, à l’été, tout le travail commence working s’en accommodent et fini-
devrait pouvoir accueillir des habi- maintenant, mais les deux partenai- ront par se ressembler. « Il faut
tants, des entreprises, des commer- res s’entendent très bien, c’est un bon modifier la loi, et il est probable que
ces ou n’importe quelle activité qui début », se réjouit le patron de l’EPA. cela ne se passera pas avant quelque
pourra d’ailleurs être amenée à Car il va leur falloir batailler ferme : temps, notre bâtiment pourrait jus-
changer au gré des arrivées et des Elithis conservera la propriété de tement démontrer que ces configura-
départs des locataires. Ils pourront l’immeuble, associé à d’autres tions sont possibles », affirme
ainsi travailler chez eux ou dormir investisseurs si besoin, ce n’est pas Thierry Bièvre. Ce qu’intuitivement
au bureau… « Nous allons essayer de le plus compliqué. Pas plus que la tout le monde pressent…— C.S.
10 // SPÉCIAL IMMOBILIER D'ENTREPRISE Mercredi 5 décembre 2018 Les Echos

INNOVATION // Les bâtiments réversibles reviennent régulièrement parmi les innovations possibles,
souhaitables, mais jamais tout à fait réalisables.

Bureaux, logements ou les deux ?


Catherine Sabbah
@csabbah « Les bâtiments ont
plusieurs vies et ils

L ’intendance suivra… et la
technique aussi. En tout cas,
la fabrication d’un bâtiment
transformable, de bureaux en loge-
ments ou l’inverse, dans lequel
coûtent aujourd’hui
plus cher à rénover
qu’à reconstruire. »
PATRICK RUBIN
pourraient aussi venir s’insérer des Fondateur de Canal
commerces ou d’autres activités, Architecture
n’est pas le plus difficile. Et la ville
haussmannienne prouve depuis des
décennies que le mélange est possi-
ble. Tout comme l’adaptation aux financier, précise Véronique Béda-
usages. Parmi les lauréats de l’appel gue, la présidente de Nexity Immo-
à manifestation d’intérêt lancé par bilier d’entreprise. Nous annonçons
plusieurs établissements publics le prix que coûtera la transformation
(Euratlantique, Euroméditerranée du bâtiment le jour où il faudra pas-
et Grand Paris Aménagement), ser à l’étape suivante, ce qui nous

Canal architecture
Patrick Rubin, le fondateur de Canal oblige à anticiper cette mutation
Architecture espère pouvoir enfin dans notre conception initiale. »
mettre en œuvre ses théories déve- Pour l’instant, aucun immeuble
loppées dans l’ouvrage « Construire dit « réversible » n’a passé l’épreuve
réversible » publié en 2017. du réel ni même encore celle du
Les bâtiments qu’il propose sui- permis de construire. L’administra-
vent plusieurs principes construc- Canal Architecture propose, comme pour la résidence étudiante de Saclay, des bâtiments suivant plusieurs principes constructifs simples. tion n’a pas encore franchi le pas qui
tifs simples et des règles puisées consisterait à modifier ses règle-
dans le meilleur de chaque typolo- éclairés en premier jour ou des escaliers sont installés en façade, à passer des gaines sans besoin de plus cher à rénover qu’à recons- ments pour mettre au point une
gie : d’ab ord, la structure en logements traversants. La hauteur l’extérieur à l’air libre, ou protégés. reprise structurelle. L’expression de truire », explique Patrick Rubin qui autorisation de construire non pas
poteaux-dalles évite les murs de d’étage conseillée ne dépasse pas Surtout, ils sont placés à 15 mètres la façade est suffisamment neutre a t r ava i l l é ave c Vi n c i s u r u n des bureaux, des logements ou un
béton intérieurs et permet de sortir 2,70 mètres (au lieu de 3,30 mètres des portes des bureaux ou des loge- pour convenir à différentes fonc- prototype industrialisé, hôtel, mais un bâtiment… Mais
de la « trame », dictée par des sché- dans les bureaux et 2,50 mètres ments, suivant la réglementation tions. Enfin, la possibilité d’installer « Conjugo », qui n’a finalement pas dans ce cas, quel régime fiscal lui
mas de descente de charges et de dans les logements). incendie la plus exigeante. Des pon- des doubles hauteurs en rez-de- abouti. Lui s’engage à transformer imposer ? Comment savoir s’il
taille de parking qui régit dans tons ou des coursives permettent de chaussée et aux derniers niveaux ces bâtiments pensés pour être serait éligible aux aides à la pierre ?
nombre de bâtiments modernes, la Doubles hauteurs desservir les différentes entrées. La ouvre la porte à des commerces, un réversibles, pour 30 % de leur Quels aménagements prévoir
taille des bureaux et l’allure de la en rez-de-chaussée distribution des réseaux est organi- bar, un restaurant… L’organisation valeur. Bouygues, via sa filiale Link- autour ? La question encore simple
façade. Les bâtiments, allongés, Ces volumes optimisent l’éclairage sée depuis les paliers, les chemine- des lieux permet en tout cas de la city, a également développé un pro- à l’échelle d’un immeuble se com-
encadrant un îlot ou organisés en naturel des appartements, et si l’on ments techniques associés aux classer en ERP, établissement rece- jet dans le quartier de Lyon Con- plique à l’échelle d’un quartier, pour
plot ne dépassent pas 13 mètres se passe de faux plafond et de faux cages d’escalier et d’ascenseur. vant du public. fluence baptisé « Switch Home » lequel il faut penser les équipe-
d’épaisseur, contre souvent 15 ou 18 plancher, cela permet d’ajouter un L’installation de pièces humides est « On y arrive, petit à petit, et parce qui sera d’abord un immeuble de ments que réclament les loge-
pour les immeubles tertiaires. Cette étage supplémentaire dans le cadre évidemment prévue : les planchers qu’il le faut, que les bâtiments ont bureaux. Nexity travaille aussi sur ments… Et modifier les documents
finesse permet des bureaux tous d’un aménagement tertiaire. Les peuvent être percés pour laisser plusieurs vies et coûtent aujourd’hui le concept, « avec un engagement de programmation urbaine. n

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Les Echos Mercredi 5 décembre 2018 SPÉCIAL IMMOBILIER D'ENTREPRISE // 11

COMMERCE // Les compteurs de visiteurs dans les complexes commerciaux permettent de qualifier
les flux de personnes qui circulent et d’adapter l’offre des lieux de commerce.

Centres commerciaux :
le compte est bon
N ombre de centres commer-
ciaux savent en temps réel
combien de clients fran-
chissent leurs portes. Quantaflow
dit avoir équipé les entrées et sorties
ment des « gilets jaunes », il s’était
révélé un générateur de flux com-
parable à Noël et aux soldes en 2017.

Analyses à base d’algorith-


sir leurs lieux d’ouverture de maga-
sins, et les grands conseils immobi-
liers, pour leur présenter les
meilleurs emplacements. Mais ce
système a encore des limites,
type à se faire épingler par le gen-
darme des données personnelles,
depuis l’entrée en vigueur du nou-
veau règlement européen sur la
protection des données (RGPD), le
des 500 plus gros en France avec ses mes et de données notamment techniques (précision 25 mai dernier. Avant elle, Fidzup,
capteurs de comptage (caméra, Quantaflow a aussi mesuré que du wifi à 10 mètres, coupure de Teemo et Singlespot se sont fait rap-
laser), tandis que son principal con- durant les French Days, une autre signaux, échantillonnage, etc.), ou peler à l’ordre.
current, Shoppertrack, fait de même opération commerciale, les Fran- liées aux règles de la protection des — Vincent Lepercq

-1,4 %
à l’étranger. Unibail Rodamco West- çais se sont plus déplacés en centres données.
field peut, par exemple, savoir si le commerciaux avant le début de la En novembre dernier, la CNIL a

Romain Beurrier/RÉA
flux du Forum des Halles, rénové et promotion, sans doute pour des mis en demeure Vectaury, une
agrandi, rattrape les 45 millions de repérages, que pendant, préférant entreprise de ciblage et de comp-
visiteurs des Quatre Temps, le cen- peut-être commander en ligne. Les tage, de mieux informer les inter-
tre commercial le plus visité du pays. données sont également utiles pour nautes et utilisateurs de smartpho- DE FRÉQUENTATION
Ces données sont toutefois à pren- évaluer la relation entre l’hyper- nes et d’obtenir leur consentement DES CENTRES
dre avec précaution, car Les Quatre marché, qui perd des clients, et les explicite avant d’accéder à leurs COMMERCIAUX EN FRANCE
Temps, ou Lyon-La Part Dieu sont boutiques voisines. Les Intermar- données de géolocalisation. L’entre- sur les douze derniers mois, à
aussi traversés par des piétons qui se ché, Système U et Leclerc, qui déve- prise a répondu qu’elle allait ache- fin octobre 2018, selon l’indice Les centres commerciaux (sur la photo, Beaugrenelle) utilisent
rendent à leur bureau en coupant au loppent eux aussi des galeries mar- ver son process de conformité. Ce du Centre national des centres les données sur leur fréquentation pour mesurer, par exemple,
plus court ou en passant par des sur- chandes, se limitent d’ailleurs très n’était pas la première société de ce commerciaux (CNCC). l’impact d’une nouvelle enseigne sur le trafic total.
faces chauffées et sans bourse délier. souvent au comptage des visiteurs
Mais ces résultats permettent de cal- de leurs grandes surfaces alimen-
culer, année après année, le recul taires, à partir des tickets de caisse
global de la fréquentation des cen- notamment. Même les retail parks,
tres commerciaux en France, qui dont les circulations sont plus diffi-
s’établissait à – 1,4 % sur les douze ciles à appréhender, s’y mettent,
derniers mois, à fin octobre 2018, avec du repérage par les véhicules.
selon l’indice du Conseil national des Les bailleurs les plus organisés
centres commerciaux (CNCC). cherchent maintenant à aller plus
Elles renseignent aussi les loin, et à connaître plus finement
bailleurs sur la fréquentation des leurs clients, au-delà des program-
zones « chaudes et froides ». Et leur mes de fidélité. Des start-up leur
révèle par exemple qu’avec 10 % du proposent d’analyser les données
flux moyen, les toilettes sont les recueillies depuis les smartphones
« boutiques » les plus prisées des des visiteurs, via le wifi ou la vidéo-
galeries. Une bonne raison de soi- surveillance. Les centres commer-
gner ces espaces et de les multiplier. ciaux qui les testent peuvent alors
Ces cartes chromatiques servent
surtout à mesurer l’impact d’une
savoir le temps que passe le client
dans le centre, combien de bouti- AU CŒUR DE LA MÉTROPOLE NICE CÔTE D’AZUR
nouvelle enseigne sur le trafic total, ques il visite et lesquelles. Un argu-
Primark aujourd’hui, ou Hollister ment précieux au moment des
dans le passé. A constater que si négociations avec les locataires.
leur « Black Friday » a été fortement Des distributeurs ont eux aussi
perturbé cette année par le mouve- recours à ces méthodes pour choi-

Les centres commerciaux


RENDEZ-VOUS AU SIMI
scrutent le Click & Collect DU 5 AU 7 DÉCEMBRE 2018
des enseignes STAND C06 - NIVEAU 1
Palais des Congrès
L’e-commerce est aussi du centre commercial qui a vu passer le
Porte Maillot - Paris
commerce et les centres client. Certains ne sont simplement
commerciaux se deman- pas encore outillés pour l’évaluer.
dent comment en profiter. Sans compter que les enseignes les
plus puissantes telles Apple ou Pri-
Après avoir subi le développement mark ne communiquent pas leur
de l’e-commerce, les centres com- chiffre d’affaires et que d’autres, déjà
merciaux se demandent mainte- remontées par les tensions autour
nant comment ils pourraient eux de l’augmentation des taux d’effort,
aussi en tirer profit. La vente en ligne n’ont pas forcément envie de faire
n’est pas pour rien dans la baisse glo- avancer le sujet : ce Click & Collect
bale de leur fréquentation, mais les suppose d’abord chez elles des coûts
sites d’e-commerce génèrent aussi de réorganisation.
des flux de clients dans les magasins
physiques, lorsqu’ils se déplacent
pour récupérer un produit com- Le Click & Collect
mandé et payé en ligne (Click & Col- se développe
lect) ou seulement réservé sur Inter-
net. « Là, il y a bien un chiffre
fortement, alors
d’affaires qui nous échappe », disent que le chiffre d’affaires
en chœur des propriétaires de cen- global réalisé
tres commerciaux, dont les loyers dans les centres
sont calculés sur les niveaux de chif-
fre d’affaires des commerçants. La commerciaux s’effrite.
question est d’autant plus pré-
gnante que le Click & Collect se déve- Des « clauses » Click & Collect
loppe fortement, alors que le chiffre commencent néanmoins à apparaî-
d’affaires global réalisé dans les cen- tre depuis quelques mois dans les
tres commerciaux s’effrite. baux des locataires qui pratiquent la
Le Conseil national des centres vente omnicanal, dans la partie
commerciaux (CNCC) a évalué variable du loyer la plupart du
qu’entre 2017 et 2016, la baisse de temps. Et les magasins des centres-
1,2 % de l’activité chez ses adhérents villes des métropoles n’en sont pas Présentation des grands projets qui transformeront l’Éco-Vallée
aurait été ramenée à – 0,9 % si l’acti- dispensés. Les renouvellements de
vité du Click & Collect n’avait pas été baux sont évidemment l’occasion et la Métropole Nice Côte d’Azur d’ici à 2020.
intégrée à leurs résultats. d’ouvrir les discussions sur ce sujet. La technopole urbaine de Nice Méridia devient réalité : focus sur l’enseignement et la recherche.
Mais nombre de bailleurs et de loca-
Une évaluation difficile taires se demandent s’il ne faudrait MERCREDI 5 DÉCEMBRE 2018 À 11H
Le CNCC et les bailleurs reconnais- pas plutôt concentrer les efforts sur
sent néanmoins que l’évaluation de les moyens de faire venir davantage
ce flux demeure difficile, sauf quand de clients dans les centres commer-
les distributeurs jouent clairement ciaux. Ou d’augmenter les taux de
le jeu comme la FNAC ou Darty. transformation, c’est-à-dire de pous-
Leurs locataires n’attribuent pas ser les clients, qui viennent moins
forcément ces ventes au magasin du souvent, à acheter plus. — V. L.
12 // SPÉCIAL IMMOBILIER D'ENTREPRISE Mercredi 5 décembre 2018 Les Echos

DISTRIBUTION // Plus de produits, livrés de plus en plus rapidement et un peu partout… L’e-commerce fait
augmenter les flux tout comme les besoins en stockage et pousse les acteurs de la logistique à se réinventer.

L’essor de l’e-commerce révolutionne


aussi le domaine de la logistique
E n 2016, l’installation de Car-
refour à Poupry, en Eure-et-
Loir, sur 131.500 mètres car-
rés avait marqué les esprits, tout
comme l’implantation de Leclerc à
Castelnaudary, dans l’Aude, sur
89.000 mètres carrés. L’an dernier,
Conforama les a dépassés avec la
c o n s t r u c t i o n d ’u n e u n i t é d e
177.500 mètres carrés en Seine-et-
Marne, et Weldom a loué
82.000 mètres carrés à Breuil-le-
Sec dans l’Oise.
Amazon a lancé la construction
d’une nouvelle méga-plate-forme à
Brétigny-sur-Orge dans l’Essonne,
qui occupera 142.000 mètres car-
rés, stockera quelque 20 millions
d’articles et permettra une desserte
de l’Ile-de-France avec livraison
dans la journée. Cdiscount s’est ins-
tallé dans le parc d’activités de l’A5-
Sénart sur 62.000 mètres carrés.
Ces deux distributeurs ne comp-
tent pas s’arrêter là, puisque, en
2018, le premier a signé un projet
clefs en main presque trois fois plus
grand dans la banlieue lyonnaise,
tandis que le second louait
80.000 mètres carrés dans les envi- Les grands entrepôts servent à entreposer les produits et à préparer les commandes. Photo Shutterstock
rons de Sénart.
Certains de ces sites (Amazon mesure de travailler sur plusieurs destinataire final. Selon une étude vise à répondre aux besoins de sa façon à la livraison du dernier
Brétigny, Ikea/Leroy Merlin Genne- commandes à la fois. Certains de Colliers International sur les Le « dernier livraison du dernier kilomètre. La kilomètre, en faisant venir ses
villiers) sont construits sur plu- bailleurs et investisseurs s’interro- défis de la logistique de demain, première phase a été livrée en mai clients internautes jusqu’au maga-
sieurs niveaux, comme cela se voit gent toutefois sur la durabilité de leur développement en première kilomètre » se voit pour Sogaris qui va l’exploiter. Cette sin via le « click & collect », ou dans
depuis toujours en Asie. C’est une tels équipements très coûteux, couronne essentiellement (sur les chaque jour à Paris entreprise à capitaux publics a ses drive (auto/piéton). Le dévelop-
réponse au manque de foncier. dédiés à un seul type d’activité et pôles de Roissy, Gennevilliers, Orly au travers des quelque d’autres projets d’hôtels logistiques pement de cette logistique urbaine
L’entrepôt à étages permet aussi de livrés avec le bâtiment. et Bonneuil-sur-Marne en Ile-de- à Vitry-sur-Seine dans le secteur doit tenir compte de la pression sur
sectoriser les différents espaces de Ces grands entrepôts servent à France) reste limité par le manque
100.000 véhicules des Ardoines et à Bercy-Charenton. la circulation des poids lourds, qui
stockage, ainsi que de limiter entreposer les produits et à prépa- de terrains. de transport Elle propose également des s’accroît dans les grandes villes. Le
l’espace occupé pour le charge- rer les commandes plutôt qu’à ser- qui circulent. espaces de proximité en centre- « dernier kilomètre » se traduit
ment des véhicules. La mécanisa- vir le client final. Ce n’est pas le cas Des espaces relais ville de 1.000 à 5.000 mètres carrés chaque jour à Paris par quelque
tion et l’automatisation des proces- des plates-formes de livraison et dans les commerces et réfléchit aux moyens d’utiliser 100.000 véhicules de transport :
sus dessinent une autre tendance : des messageries qui se développent Ces petits centres peuvent se glisser pas forcément adaptés, ont l’avan- des surfaces de commerces physi- environ 300.000 livraisons, 60 %
les robots et les systèmes de con- aussi, souvent sur des sites plus dans des locaux de parcs d’activités, tage d’être implantés en entrée de ques p our en faire des bases étant effectués par des véhicules
voyage remplacent ou complètent petits, plus proches des bassins de comme dans la zone de Bercy-Cha- ville. La réalisation de l’hôtel logisti- d’e-commerce. Les réseaux de légers, dont la plupart roulent au
l’activité humaine en augmentant consommation et concentrés sur la renton ou encore les entrepôts du que de Chapelle International sur relais-colis constituent déjà une diesel et se rentabilisent sur un seul
la productivité. S’appuyant sur le gestion rapide des flux. Ces plates- boulevard Ney, dans le 18e arrondis- d’anciennes friches SNCF du réponse. Et ce sont maintenant les trajet. En moyenne, depuis dix ans
principe « Goods to Man », le robot formes de distribution sont très sement de Paris, dans lesquels 18e arrondissement de Paris s’ins- consignes qui fleurissent sur les en France, un quart du trafic
parcourt les allées de stockage et recherchées, car elles sont bien Amazon a installé les marchandi- crit dans cette logique. Cette opéra- lieux de fort passage comme les généré par le fret routier de mar-
prélève les articles qu’il apporte souvent le lieu de la dernière rup- ses commandées et livrées via tion mixte de 45.000 mètres carrés, gares, ou les centres commerciaux. chandises se fait à vide.
ensuite au préparateur, alors en ture de charge avant la livraison au l’offre Prime Now. Ces bâtiments, dont 33.000 de logistique urbaine, La distribution répond, elle aussi, à — Vincent Lepercq

D’agiles start-up menacent INTERVIEW // ÉRIC HÉMAR PDG d’ID Logistics


le modèle du secteur « De très grands entrepôts seront encore construits »
Des solutions disruptives emballent et expédient, pour de
pourraient demain générer petits (e)-commerçants, osent la Propos recueillis par sation totale d’un site reste cepen-
des marges dans un secteur rupture de modèle. Boxtal, Fret- V. L. dant exceptionnelle.
où le taux de rentabilité Link, Convargo, Shippeo proposent, Ce mouvement touche aussi les
est faible. elles, des logiciels qui optimisent les Comment expliquez-vous fournisseurs de la grande distribu-
solutions de transport. Stockboo- le grand intérêt en 2018 tion. Les logiques d’optimisation
Même si le camion sans chauffeur, king recense des surfaces de stoc- d’investisseurs, comme AEW dans l’automobile ou l’aéronauti-
qui existe, ne circulera pas tout de kage vacantes et les propose à des ou Allianz, pour l’immobilier que par exemple n’ont rien à voir
suite sur les routes, des start-up font entreprises. Et d’autres enfin se con- logistique en France ? avec cela.
bouger les lignes dans le transport centrent sur le hardware, avec des L’immobilier logistique est un mar-
et la logistique. Les innovations robots (Scallog, Exotec Solutions). ché dynamique, car les clients des
dans la livraison sur le dernier kilo- L’histoire de la jeune Kiva Systems a logisticiens ne sont pas encore au « Nos clients
mètre ont attiré beaucoup de finan- marqué les esprits dans ce secteur, bout de leur réorganisation et ils demandent souvent
cements depuis 2012. Ces modèles car Amazon l’a avalée pour 687 mil- veulent des bâtiments neufs, ce qui
posent néanmoins des questions lions de dollars pour que ses robots veut dire sans grande transforma-
un prestataire
liées au droit du travail et sont se glissent sous les armoires du tion à faire dans les 10 ou 15 prochai- logistique qui propose
encore loin d’avoir démontré leur géant afin de rapprocher les com- nes années, et souvent de plus de d’être l’architecte
rentabilité. Sans compter que des mandes des préparateurs. 80.000 mètres carrés. Les investis- d’une solution
défaillances ont refroidi le marché. seurs accompagnent ce mouve-
L’entreprise de livraison par vélos et Initiatives de digitalisation ment et obtiennent des baux plus globale. »
véhicules électriques Altern Mobile et d’ubérisation longs, autour de neuf ou onze ans, Eric Hémar revient sur le dynamisme du marché de l’immobilier
(26 salariés, 1,2 million d’euros de Les opérateurs historiques du pour ces outils spécifiques, contre logistique. Photo Ian Hanning/RÉA
chiffre d’affaires), qui travaille pour transport et de la logistique ne res- souvent trois ans, auparavant, pour Pensez-vous qu’une partie
DHL, Chronopost ou Fedex, cher- tent pas sans réaction face à ces ini- des sites standards et plus petits. Le entrepôts régionaux plus proches cause par la hausse du gasoil et le du secteur de la logistique
che aujourd’hui un repreneur tiatives de digitalisation et d’ubéri- marché reste attractif pour les des lieux de livraisons, mais conte- coût de transport. Il va falloir opti- ou du transport puisse se faire
après avoir été placée en redresse- sation, perçues, par certains, actifs les plus prisés, à Paris, Lyon, nant moins de références, et de miser chaque trajet, en améliorant ubériser, du fait de certaines
ment judiciaire en octobre dernier. comme une menace concurren- Lille ou Marseille. Mais la diffé- grands entrepôts centralisés plus le taux de remplissage des camions, innovations ?
Le transport consomme beaucoup tielle. Couveuses, laboratoires, rence avec le marché plus ordinaire éloignés mais avec un lieu de stoc- et l’organisation des routes de livrai- Nos clients demandent souvent à
de cash et exige du volume. Sauf à capitaux placés dans des start-up s’est accentuée. Sur les segments les son. un prestataire logistique d’être
nouer d’entrée un partenariat ou simple accompagnement finan- plus demandés, les rendements l’architecte d’une solution globale.
comme tousfacteurs.com l’a fait cier, les solutions varient. Le secteur sont inférieurs à 6 % – soit 2 % à 3 % « L’e-commerce La mécanisation et l’automati- ID Logistics opère toujours avec ses
avec Mondial Relay, ou passer chez a démarré tardivement sa digitali- d’écart avec le reste – et n’ont pas nécessite un stock sation des entrepôts, à l’image équipes en propre dans ses entre-
un plus gros, comme Stuart et ses sation, tant dans ses services aux arrêté de baisser depuis plusieurs du projet Monoprix/Ocado, pôts, mais peut être amenée à utili-
coursiers à vélo, avalée par La Poste. clients que dans ses processus de années.
de produits beaucoup se généralisent-elles ? ser des auto-entrepreneurs, notam-
fabrication. Mais ces solutions plus grand. » C’est une tendance lourde sur une ment pour distribuer nos produits
Optimiser les solutions disruptives pourraient demain Pourquoi ce mouvement partie de l’entrepôt en complément en ville. Dans ce dernier domaine,
de transport générer des marges dans un secteur vers les très grandes kage unique. L’e-commerce, néces- d’une organisation manuelle, car la certaines solutions proposent un
D’autres jeunes pousses ont attiré où le taux de rentabilité est faible, de plates-formes logistiques ? site un choix de produits beaucoup productivité se dégrade quand les modèle en pure sous-traitance,
plus récemment des investisseurs. l’ordre de 3 %, hors marché du colis Il est très lié au développement de plus grand. De très grands entre- opérateurs doivent préparer des d’autres au contraire prônent un
Cubyn ou Wing, des spécialistes du express facturé plus cher, qui s’en l’e-commerce. Les clients de logisti- pôts seront encore construits. Mais produits sur de très grandes surfa- modèle classique de salariés. Le
premier kilomètre qui collectent, sort beaucoup mieux. — V. L. ciens font des arbitrages entre des cette logique peut être remise en ces. La mécanisation ou l’automati- marché se cherche…. n
Les Echos Mercredi 5 décembre 2018 SPÉCIAL IMMOBILIER D'ENTREPRISE // 13

ÉTUDE // Quelque 1.000 dirigeants des 8 grands secteurs de l’immobilier partagent leurs perspectives dans une étude
réalisée par EY, avec la Fondation Palladio et Business Immo. Des défis à relever dans un marché qui se porte bien.

Ce que
les patrons
prévoient
pour l’année
2019
Catherine Sabbah
de leurs investissements ou de leur
@csabbah
production. Cette vision nouvelle est

P
partagée par les promoteurs, les
as de crise à l’horizon… Les investisseurs, les constructeurs,
risques de surchauffe font dont la responsabilité sociale et
au mieux frissonner de peur environnementale n’était pas le pre-
ou d’excitation, jamais s’arrêter mier souci il y a quelques années.
avant la catastrophe. Le secteur de Peu de développeurs existent en
l’immobilier tertiaire se porte bien, France, sur le modèle d’acteurs
et Paris peut compter, à coup sûr, anglo-saxons qui construisent,
sur quelques-unes des retombées exploitent et s’assurent du bon fonc-
du Brexit ; les développements tionnement dans le temps de leurs
futurs sont également sur les rails… immeubles ou de quartiers entiers.
même si le Grand Paris Express a Le modèle pourrait se développer
déjà pris un bon retard, les JO pro- leur octroyant de facto une respon-
mettent quelques chantiers. Sur le sabilité publique allant au-delà de
front du résidentiel, l’humeur est leurs propres intérêts.
moins euphorique d’autant que les
années électorales sont rarement de
bon crus pour la construction de
•NOUVEAUX
NOUVEAUX USAGES,
VISAGES
logements. Quant au commerce, il 79 % des dirigeants affirment avoir
se cherche sans se trouver et ce
questionnement n’est pas très bon
fait évoluer leurs structures pour
prendre en compte de nouveaux # S M A R T P O R T
pour les affaires… Les dirigeants de usages. La tendance est nette dans
l’immobilier s’interrogent tout de l’espace des bureaux et reflète les
même sur leurs métiers. mouvements d’organisation au

•PROBLÉMATIQUES
RECRUTEMENTS
sein des entreprises : les directions
de l’innovation ou les directions des
grands projets sont formées de nou-
Innovant
83 % des dirigeants interrogés envi- velles équipes qui vont piocher
sagent de recruter d’ici à trois ans, dans les silos classiques dévolus,
mais 74 % d’entre eux trouvent diffi- chez les promoteurs, au bureau, au
cile de repérer et d’attirer des bons logement et au commerce. Ces
profils, contre 68 % en 2017 et 58 % il départements sont, d’ailleurs, sou-
y a deux ans. La « guerre des talents » vent dirigés par des profils recrutés
se gagne, selon eux, en renforçant dans d’autres secteurs de l’indus-
leur marques et en améliorant trie. Ils viennent vers l’immobilier
l’image de la filière. Une communi- avec un regard neuf et n’hésitent
cation plus claire serait bienvenue pas à casser de longues habitudes…
pour commencer par la faire Le doublement des comex par des
connaître. Si tout le monde com- équipes de moins de trente ans se
prend ce que fait un architecte, qui, répand également, comme l’incu-
hors du sérail, sait expliquer ce qu’est bation de start-up que les entrepri-
un aménageur, un développeur fon- ses commencent par tester auprès
cier ou même un promoteur ? de leurs propres salariés.

•PEUT
INNOVATION,
MIEUX FAIRE
• « LOST IN TRANSITION »
Le sujet est une priorité partagée :
Même optimistes, les patrons ne 75 % des dirigeants interrogés esti-
sont pas dupes. Seulement 55 % ment que la transition écologique
d’entre eux considèrent que la est un défi à relever, notamment via
filière est innovante, contre 52 % en la réhabilitation du parc immobilier
2017, « les lignes commencent à bou- existant et la gestion des déchets,
ger avec moins de communication et deux sujets qui commencent à
plus d’exécution », disent-ils. Tout s’imposer à leurs activités. 56 % pla-
dépend de l’endroit où l’on se place : cent la transition numérique juste
la proptech qui anime le monde des après, tandis que la lutte contre le
start-up de l’immobilier constitue mal-logement préoccupe 40 % des
la tête de pont de l’innovation mais répondants à cette enquête. Malgré
ne fait souvent que réinterpréter le potentiel énorme que recèle la
des services existants mis au goût filière, le manque de lisibilité des
du jour ou augmentés grâce à la politiques publiques et des systèmes
technologie. Les idées géniales peu- d’aides n’aide pas les entreprises à s’y
vent évidemment révolutionner le lancer sérieusement. Plusieurs pla-
secteur, comme WeWork le fait tes-formes ont néanmoins investi
depuis 2010, mais elles ne courent les marchés du réemploi et du recy-
pas les rues. La véritable innova- clage pour tenter de mettre fin à un
tion, qui suppose de fortes dépenses énorme gâchis.
en R&D, le dépôt de brevets et des
développements industriels est • LE MONDE LOINTAIN… Retrouvez HAROPA Niveau 1 – Stand B50
plus rare dans l’industrie de la cons- Casaniers les Français, immobiles ?
truction comme dans l’immobilier Seuls 39 % des patrons interrogés
qui peine, par exemple, à adopter la
maquette virtuelle.
considèrent l’ouverture à des mar-
chés à l’étranger comme importante
LES PORTS DU HAVRE ⁄ ROUEN ⁄ PARIS
ou stratégique dans leur activité. En transformant nos ports en hubs connectés et durables, nous apportons des solutions
•ENFABRICATION
PROGRÈS
DES VILLES, Certes, l’immobilier n’est pas déloca-
lisable et le droit local souvent très
innovantes au service d’une supply chain vertueuse et dématérialisée. Notre ambition :
fluidifier, sécuriser et faciliter le passage de la marchandise pour nos clients.
Voilà qui est nouveau… 93 % des diri- spécifique en la matière. Mais cela • 1er Port du range nord-européen touché à foncières
geants interrogés estiment que leur n’empêche pas les grands acteurs l’import et dernier à l’export
métier sert l’intérêt général. Les financiers de travailler partout dans • 700 ports connectés dans le monde
• 57 terminaux maritimes et fluviaux 24h/7j #HAROPA
• Trafis Lab, 1er laboratoire public - privé de
appels à projets urbains sont passés le monde, en s’associant avec des
• Dessertes multimodales pour un hinterland recherche appliquée à la facilitation des
par là ainsi que les contraintes équipes d’experts et en s’adaptant.
imposées par le Grenelle de l’envi- D’autant que les problématiques des
européen échanges présidé par la Douane et réunissant
SOGET, l’Université du Havre et HAROPA.
www.haropaports.com
ronnement et la prise en compte par grandes métropoles se ressemblent • Nouveaux parcs logistiques et disponibilités
les entreprises, y compris dans leur de plus en plus, tout comme les bon-
valorisation financière, de l’impor- nes pratiques mises en œuvre ici et là
tance de la part sociale et solidaire dans le monde pour y répondre. n

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