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Récupération assistée du pétrole

La récupération assistée du pétrole (RAP) consiste en la mise en œuvre de diverses techniques pour


augmenter la quantité de pétrole brut qui peut être extraite à partir d'un gisement de pétrole. La récupération
assistée du pétrole est aussi appelé la récupération améliorée du pétrole ou récupération tertiaire (par
opposition à la récupération primaire et secondaire). Selon le Département américain de l'énergie, il y a
trois techniques principales pour la RAP: la récupération thermique, l’injection de gaz, et l'injection
chimique1. Parfois, le terme récupération quaternaire est utilisé pour se référer à, des techniques plus
avancées, et spéculatives de RAP. L'utilisation de techniques de RAP permet d’extraire de 30 à 60 %, voire
plus, du pétrole présent à l'origine dans le réservoir, alors que ce ratio atteint 20 à 40 % en n’utilisant que la
récupération primaire et secondaire.

Techniques
Il existe trois techniques principales de RAP : injection de gaz, injection de chaleur, et injection de produits
chimiques. L'injection de gaz, qui utilise des gaz comme le gaz naturel, l'azote ou le dioxyde de
carbone (CO2), représente près de 60 % de la production issue de la RAP aux États-Unis. L’injection
thermique, qui consiste à injecter de la chaleur, représente 40 % de la production issue de la RAP aux États-
Unis, la plupart en Californie. L’injection chimique, qui met en œuvre des molécules à longue chaîne
appelées polymères pour augmenter l'efficacité de l’injection d'eau, représente environ 1 % de la
production issue de la RAP aux États-Unis. En 2013, une technique appelée technologie à plasma pulsé a
été introduite aux États-Unis, en provenance de Russie. Cette technique peut entraîner 50 % d'amélioration
dans les puits en production.

Injection de gaz

L'injection de gaz ou l’injection de gaz miscible est actuellement la méthode la plus couramment utilisée


dans la récupération du pétrole. L’injection miscible est un terme général pour les procédés d'injection qui
introduisent des gaz miscibles dans le réservoir. Les procédés de déplacement à base de gaz miscibles
maintiennent la pression et le réservoir d'huile améliore le déplacement du pétrole car la tension
superficielle entre le pétrole et l'eau est réduite. Cela permet de supprimer les tensions à l'interface entre les
deux fluides en interaction, permettant d’augmenter l'efficacité du déplacement de l’ensemble. Les gaz
utilisés sont le CO2, le gaz naturel ou l'azote. Le fluide le plus couramment utilisé est le dioxyde de
carbone car il réduit la viscosité du pétrole et est moins coûteux que le gaz de pétrole liquéfié. Le
déplacement du pétrole par injection de dioxyde de carbone s’appuie sur le comportement de la phase du
mélange de ce gaz avec le pétrole brut, qui est fortement dépendante de la température du réservoir, de la
pression et de la composition du pétrole brut.

Injection de chaleur
Dans cette approche, différents procédés sont utilisés pour chauffer le pétrole brut dans la formation pour
réduire sa viscosité et/ou vaporiser une partie du pétrole et ainsi augmenter sa mobilité. L'augmentation de
la température réduit la tension de surface. Le pétrole chauffé peut aussi être vaporisé/ craqué puis se
recondenser formant un pétrole ayant une meilleure composition. Ces méthodes comprennent l' injection
cyclique de vapeur, injection de vapeur et la combustion. Ces méthodes améliorent l'efficacité du
balayage et le déplacement du pétrole. L'injection de vapeur est utilisée industriellement depuis les années
1960 dans les champs pétroliers californiens. En 2011, les projets solaires thermiques d’amélioration de
récupération de pétrole débutèrent en Californie et à Oman, cette méthode est similaire aux méthodes
thermiques de récupération assistée du pétrole, mais utilise des panneaux solaires pour produire de la
vapeur.

Injection de vapeur

Les injections de vapeur (voir croquis) sont un moyen d'introduire de la chaleur dans le réservoir par
pompage de la vapeur dans le puits avec des moyens similaires à l'injection d'eau. Elles sont utilisées
pour des pétroles très visqueux. La vapeur se condense en eau chaude dans la zone en contact avec le
pétrole. Le pétrole se dilate dans la zone avec l'eau chaude. Ainsi, la viscosité du pétrole chute et la
perméabilité du réservoir augmente. Pour fonctionner le processus doit être cyclique. Ceci est la
méthode la plus utilisée actuellement pour la récupération assistée du pétrole.

La récupération assistée du pétrole solaire consiste à injecter de la vapeur obtenue grâce à des


panneaux solaires. Ils concentrent l'énergie du soleil pour chauffer l'eau et produire de la vapeur. La
production de vapeur grâce à l'énergie solaire s’avère être une alternative viable à la production de
vapeur obtenue par la combustion du gaz.

La technique de l'injection de vapeur


Incendie in situ

La combustion in situ fonctionne mieux lorsque la saturation en pétrole et la porosité sont élevées. La
combustion produit de la chaleur dans le réservoir lui-même. L’injection en continu d'air ou d'un autre
mélange gazeux à haute teneur en oxygène va maintenir le front de flamme. Comme le feu brûle, il se
déplace à travers le réservoir vers les puits de production. La chaleur du feu réduit la viscosité du
pétrole et aide à vaporiser l'eau du réservoir. La vapeur, l'eau chaude, les gaz de combustion et un
certain nombre de solvants distillés agissent tous pour conduire le pétrole vers les puits de production.

Il existe trois méthodes de combustion: la combustion sèche vers l’avant, la combustion sèche inverse
et la combustion dite humide. La combustion sèche vers l’avant utilise un initiateur pour mettre le feu
au pétrole. Comme le feu progresse le pétrole poussé loin du feu, vers le puits de production. La
combustion sèche inverse, l'injection de l'air et l'allumage se font à partir de directions opposées. Dans
combustion humide, de l'eau est injectée juste derrière le front de flamme. Elle est transformée en
vapeur par la roche chaude, éteignant ainsi le feu et répartissant la chaleur de manière plus uniforme.

Injection chimique

L'injection de différents produits chimiques, habituellement des solutions diluées, ont été utilisées
pour faciliter la mobilité et réduire de la tension superficielle. L'injection de solutions alcalines ou
caustiques dans des réservoirs pétroliers qui contient des acides organiques d'origine naturelle dans le
pétrole se traduira par la production de savon qui peut abaisser la tension interfaciale suffisamment
pour augmenter la production. L'injection d'une solution diluée d'un polymère soluble dans l'eau pour
augmenter la viscosité de l'eau injectée peut augmenter la quantité de pétrole récupérée dans certaines
formations. Des solutions diluées d'agents tensioactifs tels que des sulfonates de pétrole ou des
biosurfactants (tensioactif d'origine biologique) tels que les rhamnolipides (en) peuvent être injectés
pour abaisser la tension superficielle ou pression capillaire qui empêche les gouttelettes de pétrole de
se déplacer à travers le réservoir. Des formulations spéciales de pétrole, d'eau et de tensioactif,
en microémulsions, peuvent être particulièrement efficaces. L'application de ces méthodes est
généralement limitée par le coût des produits chimiques et leur adsorption et la perte dans la roche
contenant le pétrole. Dans tous ces procédés, les produits chimiques sont injectés dans plusieurs puits
et la production se produit dans d'autres puits voisins.
Injection de polymères

L’injection de polymères consiste à mélanger des molécules de polymère à longue chaîne (comme


le polyacrylamide ou le xanthane) avec l'eau injectée en vue d'accroître la viscosité de l'eau. Cette méthode
permet d'améliorer le rendement du balayage vertical et horizontal et par conséquent d'améliorer le rapport
de mobilité eau/pétrole.

Des agents tensioactifs peuvent être utilisés en association avec des polymères. Ils diminuent la tension
superficielle entre le pétrole et l'eau. Cela réduit la saturation résiduelle en pétrole et améliore l'efficacité
macroscopique du processus.

Les tensioactifs primaires ont habituellement des co-tensioactifs, des renforçateurs d'activité, et des co-
solvants sont ajoutés pour améliorer la stabilité de la formulation.

L’injection de produits caustiques consiste en l'ajout d'hydroxyde de sodium (soude caustique) à l'eau


injectée. Ces produits abaissent la tension de surface, inversant la mouillabilité de la roche, émulsifiant le
pétrole, mobilisant le pétrole et aidant la récupération du pétrole de la roche.

Injection de micro-organismes

L’injection de micro-organismes fait partie des méthodes de récupération assistée du pétrole grâce aux
micro-organismes et est rarement utilisé en raison de son coût plus élevé et parce que ses développements
ne sont pas unanimement acceptés. Ces micro-organismes digèrent partiellement les molécules
hydrocarbonées longues, soit génèrent des biotensioactifs (tels des rhamnolipides), ou en émettant du
dioxyde de carbone (qui agit alors comme décrit dans l'injection de gaz ci-dessus).

Trois approches ont été utilisées pour réaliser l'injection microbienne. Dans la première approche, les
cultures bactériennes mélangées avec une source d'alimentation (un hydrate de carbone tel que de
la mélasse est couramment utilisé) sont injectées dans le gisement de pétrole. Dans la seconde approche,
utilisée depuis 1985, des nutriments sont injectés dans le sol pour nourrir les organismes microbiens
existants; ces nutriments augmentent la production par les bactéries des tensioactifs naturels qu'ils utilisent
normalement pour métaboliser le pétrole brut souterrain. Après que les nutriments injectés aient été
consommés, les microbes se mettent en sommeil, leurs extérieurs devenant hydrophile, et ils migrent vers
la zone de l'interface pétrole-eau, où ils créent des gouttelettes de pétrole à partir de masses de pétrole plus
importantes, ce qui rend les gouttelettes plus susceptibles de migrer vers la tête du puits. Cette approche a
été utilisée dans les champs pétrolifères près de Four Corners et dans le champ pétrolier de Beverly
Hills à Beverly Hills, en Californie.

La troisième approche est utilisée pour résoudre le problème de la paraffine du pétrole brut, qui tend à
précipiter lorsque le pétrole brut s’écoule à la surface, car la température de la surface de la Terre est
considérablement plus froide que celles des gisements de pétrole (une chute de température de 9-
10−14 °C pour 300 m de profondeur est habituelle).
Injection de dioxyde de carbone superfluide

Injection de dioxyde de carbone.

Le dioxyde de carbone est particulièrement efficace dans les réservoirs d’une profondeur supérieure
à 600 m, où le CO2 sera dans un état supercritique. À haute pression avec des pétroles légers, le CO2 est
miscible avec le pétrole, avec pour résultat un gonflement du pétrole, et la réduction de sa viscosité, ainsi
qu'une réduction de la tension superficielle avec la roche réservoir. Dans le cas des réservoirs à basse
pression ou de pétrole lourds, le CO2 forme un fluide non miscible, ou est seulement partiellement mélangé
avec le pétrole. Une certaine dilatation du pétrole peut se produire, et la viscosité du pétrole peut être
considérablement réduite.

Dans ces applications, entre la moitié et les deux tiers du CO2 injecté ressort avec le pétrole produit et est
généralement réinjecté dans le réservoir pour minimiser les coûts d'exploitation. Le reste est piégé dans le
réservoir de pétrole par divers mécanismes. Le dioxyde de carbone, en tant que solvant, a l'avantage d'être
plus économique que d'autres liquides miscibles similaire tels que le propane et le butane.

Plasma pulsé

La technologie du plasma pulsé est la technique la plus récente utilisée aux États-Unis à partir de
2013. La technologie est originaire de la Fédération de Russie, et plus précisément de l'Université
d'État des mines de Saint-Pétersbourg avec le financement et l'aide du Skolkovo. L'équipe de
développement en Russie et les équipes de déploiement à travers la Russie, l'Europe et maintenant
les États-Unis expérimentèrent cette technologie dans les puits verticaux, avec près de 90 % des
puits montrant des résultats positifs. La technologie du plasma pulsé est absolument propre et
sûre. Elle ne nuit pas à la colonne cimentée et à l'équipement souterrain. Cette technologie de
puits de pétrole est protégée par plusieurs brevets internationaux.

La méthode de récupération assistée du pétrole par du plasma pulsé utilise des émissions à basse
énergie pour créer le même effet que de nombreuses autres technologies peuvent produire, mais
sans leur impact écologique. Dans presque tous les cas, le volume d'eau extrait avec le pétrole est
effectivement réduit au lieu d’être augmenté. Les clients et utilisateurs actuels de cette nouvelle
technologie comprennent ConocoPhillips, ONGC, Gazprom, Rosneft et Lukoil.

Elle est basée sur la même technologie que le propulseur à plasma pulsé russe qui a été utilisé sur
deux vaisseaux spatiaux. Elle est en cours de perfectionnement pour être utilisée dans les puits
horizontaux.
Coûts et avantages économiques

La mise en œuvre de méthodes de récupération du pétrole ajoute au coût du pétrole, dans le cas du CO 2,
généralement entre 0,5 à 8,0 dollars par tonne de CO2. L'extraction accrue de pétrole d'autre part, présente
un avantage économique qui est fonction des prix du pétrole. La méthode de récupération assistée du
pétrole terrestre coûte de 10 à16 dollars par tonne de CO2 injecté pour un prix du pétrole de 15
à 20 dollars/baril. Les prix en vigueur dépendent de nombreux facteurs, mais peuvent déterminer la
pertinence économique de toute procédure, des prix du pétrole plus élevés rendent les procédures et plus
coûteuses économiquement viable. Par exemple, avec un prix du pétrole à environ 90 dollars/baril, le
bénéfice économique est environ 70 dollars par tonne de CO2. Le département américain de l'énergie estime
que 20 milliards de tonnes de CO2capturé pourraient produire 67 milliards de barils de pétrole
économiquement récupérables.

On pense que l'utilisation de dioxyde de carbone anthropique capturé, issus de l'exploitation des réserves
de lignite, permettra de produire de l'électricité et d’améliorer la récupération de pétrole et de gaz, offrant
une solution au défi des secteurs énergétique, environnemental et économique américains 21. Il ne fait aucun
doute que les ressources de charbon et de pétrole ne sont pas inépuisables. Les États-Unis sont dans une
position de force pour tirer parti de ces sources d'énergie traditionnelles pour fournir les besoins futurs de
puissance tandis que d'autres sources sont explorées et développées 21. Pour l'industrie du charbon, les
méthodes de récupération du pétrole au CO2 crée un marché pour les sous-produits de gazéification du
charbon et réduit les coûts associés à la séquestration et au stockage du carbone.

Projet d’injection de CO2


Boundary Dam, Canada
En 2014, Le projet de rénovation de la centrale au charbon de Boundary Dam de la SaskPower prévoit
la capture et stockage du carbone. L'usine permettra de capturer un million de tonnes de CO2 par an, qu'elle
vendra à Cenovus pour la récupération assistée de pétrole dans son champ pétrolifère de Weyburn. Il est
prévu d’injecter 18 millions de tonnes de CO2 et de récupérer 130 millions de barils (21 000 000 m3) de
pétrole, de prolonger la durée de vie du champ de pétrole de 25 ans.(Brown 2001)

Il est prévu de stocker plus de 26 millions de tonnes nettes de CO2 à Weyburn, et 8,5 autres millions de
tonnes nettes stockées dans le cadre du projet de stockage du dioxyde de carbone de Weyburn-Midale,
permettant une réduction nette du CO2 atmosphérique par le stockage de CO2 dans le champ pétrolifère.
Ceci représente l'équivalent du retrait de près de 7 millions de voitures de la route pendant un an 24. Depuis
l'injection de CO2 a commencé à la fin de 2000, le projet de récupération assisté au CO2 a été effectué en
grande partie comme prévu. Actuellement, 1 600 m3/j (10 063 barils/j) de pétroles supplémentaires sont
produits par le champ de pétrole.
Projet Kemper, États-Unis

La centrale thermique de Kemper de Mississippi Power, ou projet Kemper, est une usine première en son
genre aux États-Unis et devrait être en fonctionnement en 2015. La filiale Southern Company a travaillé
avec le département américain de l'énergie et d'autres partenaires pour développer des méthodes plus
propres, plus fiables et moins coûteuses, pour produire de l'électricité avec du charbon qui peuvent soutenir
également la récupération assistée du pétrole. Pour le projet Kemper, plutôt que de brûler du charbon
directement pour faire de l'électricité, la technologie de gazéification décompose le charbon en composants
chimiques, élimine les impuretés avant qu'il ne soit brûlé, évite certaines émissions, et récupère les gaz qui
résultent de cette décomposition chimique pour alimenter l’usine à cycle combiné à gazéification intégrée.
Cette centrale et d'autres similaires sont plus efficaces et donc plus propres que les centrales à charbon
traditionnelles. En outre, l'emplacement unique du projet Kemper, et la proximité deréserves de pétrole, en
font un candidat idéal pour une meilleure récupération du pétrole.

Injection de CO2 aux États-Unis

Les États-Unis utilisent la récupération assisté du pétrole avec du CO2 depuis plusieurs décennies. Pour
plus de 30 ans, des méthodes de RAP à base de CO2 ont été mis en œuvre dans les champs de pétrole dans
le bassin permien en utilisant du CO2 d'origine naturelle du Nouveau-Mexique et du Colorado. Le
département de l'Énergie a estimé que la pleine utilisation de méthodes de « prochaine génération » de RAP
à base de CO2 aux États-Unis pourrait permettre 240 milliards de barils (38 km3) supplémentaires
récupérables. Le développement de ce potentiel dépendra de la disponibilité de CO2 commercial en
grandes quantités, ce qui pourrait être rendu possible par la généralisation de la capture et du stockage du
carbone. À titre de comparaison, le total des ressources pétrolières domestiques des États-Unis non
exploitées encore dans le sol représente total plus de 1000 milliards de barils (160 km3), la plus grande
partie restant impossible à récupérer. Le département de l'Énergie estime que si le potentiel des méthodes
RAP devait être pleinement réalisé, les trésoreries nationales et locales engrangeraient 280 milliards de
dollars des revenus provenant des futures redevances, taxes de séparation, et les impôts de l'État sur la
production de pétrole, sans compter d'autres avantages économiques.

Le principal obstacle au développement de la récupération assistée à base de CO2 aux États-Unis a été une
offre insuffisante de CO2 à prix abordable. Actuellement, il y a un écart de coût entre ce qu'un exploitant de
champ pétrolifère pourrait se permettre de payer pour le CO2 dans des conditions normales de marché et le
coût de la capture et du transport du CO2 provenant des centrales électriques et des sources industrielles, et
donc encore plus avec le CO2 provient de sources naturelles. Cependant, l'utilisation de CO2des centrales
électriques ou des sources industrielles pourrait réduire l'empreinte carbone (si le CO2 est stocké sous
terre). Pour certaines sources industrielles, telles que le traitement du gaz naturel, de la fabrication d'engrais
et de la production d'éthanol, l'écart de coût est faible (potentiellement 10-20 $ / tonne de CO2). Pour
d'autres sources artificielles de CO2, dont la production d'électricité et de multiples procédés industriels, les
coûts de capture sont supérieurs, et l'écart de coût devient beaucoup plus grand (potentiellement 30
à 50 $/tonne de CO2).

Impacts environnementaux

L’amélioration de la récupération du pétrole engendre généralement de grandes quantités de saumure à la


surface. La saumure peut contenir des métaux lourds toxiques et dessubstances radioactives naturelles, en
plus d'être très salée. Cela peut être très dommageable pour les sources d'eau potable et l'environnement en
général si elles ne sont pas correctement contrôlée. En injectant la saumure dans le sous-sol profond, les
puits de classe II empêche la contamination de la surface du sol et de l'eau.

Aux États-Unis, les activités d'injection dans les puits est régulée par l'Agence américaine de protection de
l'environnement (EPA) et les gouvernements des États en vertu de la Loi sur la salubrité de l'eau potable.
L’EPA a publié des règlements sur les injections souterraines afin de protéger les sources d'eau potable.
L’amélioration de la récupération du pétrole dans les puits est réglementée sous le nom de classe II par
l'EPA. La loi exige des exploitants de puits de réinjecter la saumure utilisée pour la récupération à grande
profondeur dans des puits poubelles de classe II
Récupération assistée des hydrocarbures
La récupération assistée des hydrocarbures (RAH) à l’aide de CO2 consiste à injecter du CO2 à l’état pur
dans de vieux puits de pétrole pour les pressuriser et augmenter temporairement leur production. Cette
pratique date de plusieurs décennies, provenant du bassin Permien du Texas de l’Ouest, la plus importante
superficie de production à ce jour. Lors du procédé, le CO2 se mélange avec le pétrole brut (phase
miscible). Cette phase a une viscosité moins élevée que le pétrole brut qui, lorsque combinée à une pression
plus élevée, coule au puits de production. Cet effet pourrait se comparer à un mélange de CO2 et de
bicarbonate de soude d’échappant d’une bouteille de boisson gazeuse qui a été secouée. Ce mélange «
pétillant » de CO2 et de pétrole brut est ensuite séparé et le CO2 est recyclé et réinjecté avec du CO2 « frais
». En général, en utilisant les techniques conventionnelles de RAH, pour chaque tonne de CO2 injecté,
environ deux barils de pétrole additionnels sont produits.1 En outre, environ 30 % du CO2 injecté demeure
séquestré de façon permanente.

Au Canada, il existe d’importantes réserves qui pourraient être exploitées par la RAH avec CO2 en
Saskatchewan et dans l’est de l’Alberta. Une analyse menée par l’Integrated CO2 Network (ICO2N) révèle
que ces régions pourraient utiliser environ 1 milliard de tonnes de CO2 au cours de la vie des champs de
pétrole selon le CO2 qui pourrait être disponible à partir de sources anthropiques locales.

Aux États-Unis, les opérations de RAH existantes consomment environ 50 millions de tonnes de CO2 par
année et produisent près de 110 millions de barils de pétrole lourd dans des lieux allant du Wyoming et du
Dakota du nord à la Louisiane et au Mississippi, et pour lesquels la plus grande partie du CO2 provient de
formations géologiques naturelles. Selon une étude récente effectuée par la firme de consultation en RAH «
Advanced Resources International », la production américaine devrait plus que doubler en 2020 pour
atteindre 640 000 barils par jour. Ceci nécessiterait environ 117 millions de tonnes de CO2 par année.

En raison de la raréfaction des sources naturelles de CO2 jumelé à une demande croissante, les producteurs
pétroliers se tournent de plus en plus vers les sources anthropiques, pour lesquelles une technologie
économique de capture du carbone peut offrir une occasion substantielle pour la récupération rentable des
hydrocarbures. Ainsi, la technologie de CO2 Solutions est bien positionnée pour servir cet important
marché en croissance.
Captage et stockage du CO2 (CSC)

Dans le cadre de la nécessaire réduction des émissions de gaz à effet de serre, les pouvoirs publics, le
monde scientifique et la filière gazière s’allient pour développer la technologie du CSC dans notre pays.

Au niveau fédéral un groupe de scientifiques et universitaires (CARMA : CARbon MAnagement in power


generation) ont étudié de 2009 à 2012 les potentialités du CSC en Suisse. Le rapport final prévoit le
lancement de 2 études pilotes sur 15 ans avec un budget de 100 à 150 millions de francs.

En 2010, Petrosvibri (forage de Noville) a investi 2.5 millions de francs pour la création d’une chaire à
l’EPFL dédiée à ce thème.

En décembre 2014, Gaznat (actionnaire de Petrosvibri) a créé deux nouvelles chaires à l’EPFL :


- l’une consacrée au captage du CO2 et à sa valorisation sous forme de produits dérivés, 
- l’autre consacrée au stockage géologique du CO2 et à l’étude des potentiels liés à la fracturation
hydraulique et à la géothermie en Suisse.

En novembre 2016, l’OFEN et l’EPFL accueilleront à Lausanne la 13ème rencontre internationale du


GHGT : plus de 2000 spécialistes se retrouveront pour partager les connaissances actuelles sur le CSC. Le
sponsor principal de cet événement est la Confédération.

Une solution miracle ou une fausse solution au


réchauffement climatique?
Enfouir dans le sous-sol et à jamais les immenses quantités de CO2 émises par les centrales électriques au
charbon et au gaz, ou, par les raffineries, les aciéries et les cimenteries, afin de ralentir de façon sensible
nos émissions de gaz à effet de serre, parait à priori être une bonne idée. Dans les faits, l’avantage évident
doit être confronté aux difficultés de réalisation du CSC et aux conséquences directes ou indirectes, à court
ou long terme de son utilisation à grande échelle.

Un processus industriel complexe


Le captage consiste à extraire le CO2 du combustible ou des fumées de combustion émises par un site
industriel, puis à le mettre sous pression pour le rendre liquide. Les procédés sont divers mais tous exigent
la construction d’infrastructures coûteuses dont le fonctionnement est en plus extrêmement énergivore.
Pour une centrale électrique, l’adjonction d’un système de captage de CO2 amène un surcoût important
pour l’électricité produite (estimée à 70-80% pour le projet SaskPower au Canada). Du fait de sa
complexité, le captage de CO2 ne peut être envisagé que sur des sites industriels émettant de grandes
quantités de CO2.

Centrale à charbon de Boundary Dam avec CSC, le CO2 est vendu à l'industrie pétrolière
Source : SaskPower (Canada)

Le transport jusqu’au lieu d’injection n’est pas en reste aussi bien au niveau du coût des infrastructures que
du coût énergétique : il doit être réalisé soit par bateau (comme les méthaniers), soit par gazoduc.

L’injection du CO2 et son stockage peut être réalisée dans d’anciens gisements d’hydrocarbures ou dans
des aquifères salins profonds. L’intérêt dans le premier cas est que le site est déjà foré et connu comme
naturellement étanche, mais il est souvent lointain et sa capacité de stockage n’est pas illimitée. Dans le
second cas, on peut trouver des sites favorables à proximité des industries productrices de CO2 et qui
théoriquement pourraient être utilisés pendant plusieurs décennies, mais en amont cela suppose
d’importantes recherches géologiques et hydrogéologiques et des forages d’exploration et d’exploitation
fort coûteux. Les risques environnementaux à moyen et à long terme ne pouvant jamais être exclus,
l’implantation de ce type de site dans des régions habitées est susceptible de rencontrer de fortes
oppositions.

Des origines suspectes…


L’exploitation d’un gisement d’hydrocarbures ne peut jamais être réalisé à 100%. Par simple pompage,
seuls 5 à 25% des hydrocarbures peuvent être extraits. L’industrie a donc étudié et testé de nombreuses
techniques permettant d’améliorer ce rendement, c’est ce que l’on appelle des techniques de stimulation ou
de récupération assistée de pétrole et de gaz. Ainsi l’injection de CO2 dans un gisement augmente la
pression et réduit la viscosité des hydrocarbures.

Le CO2 peut être aussi injecté dans des veines de charbon inexploitables, il se fixe chimiquement sur le
charbon et en extrait ainsi le méthane.
La technologie du CSC s’est donc d’abord développée pour améliorer la production des hydrocarbures. Ce
deuxième schéma est plus explicite sur ce point :

Source IPFEN

Aux USA, le CSC fonctionne industriellement pour cet usage depuis 1972. Actuellement plus de 120
usines sont équipées pour capturer le CO2 (65 Mt par an) dont la majorité est envoyée dans les puits de
pétrole et de gaz pour en améliorer la rentabilité et la productivité. L’extraction du CO2 est coûteuse mais
elle est rentabilisée par sa vente aux entreprises pétrolières pour qui cet achat se justifie si le prix du baril
n’est pas trop bas…

Le premier site industriel qui a utilisé le CSC sans valoriser le CO2 mais en le séquestrant dans un aquifère
salin profond, a été la plateforme de Sleipner en Norvège (1996). Cette installation pionnière s’est révélée
rentable économiquement à cause des taxes sur les émissions de CO2 imposées dès 1992 en Norvège. Le
gisement exploité par la plateforme Sleipner fournit un gaz très riche en CO2 dont la composition ne lui
permet pas d’être envoyé en l’état vers les gazoducs européens. Une partie du CO2 doit être extraite
préalablement par un procédé chimique. C’est ce surplus (environ 1Mt/an) qui est compressé puis injecté
depuis la plateforme dans le sous-sol au-dessus du gisement de gaz. 
Par contre le CO2 émis par les torchères et la puissante centrale électrique de la plateforme n’est pas capté
(ce serait trop coûteux), il est rejeté dans l’atmosphère (près d’1Mt). Le bilan environnemental final de
cette pionnière n’est donc pas si brillant d’autant que les immenses quantités de gaz naturel qu’elle produit
émettront encore beaucoup de CO2 lors de leur combustion, et pire, du méthane s’il y a des fuites…

 Plateforme de Sleipner - Source : PSA Norway


Un développement difficile qui reste ambigu…
Le développement du CSC se heurte à des défis technologiques, économiques, écologiques, juridiques et
sociétaux qui découragent passablement les efforts entrepris depuis plusieurs années. De nombreux projets
pilotes ou industriels ont été abandonnés ou suspendus de par le monde. Les paiements effectués par
l’Union Européenne pour subventionner des projets CSC étaient d’environ 200 M € en 2010 et en 2011, ils
sont tombés en 2015 à 3.5 M€. L’Allemagne, malgré son avance technologique, a dû renoncer à stocker du
CO2 dans son sous-sol en 2011 sous la pression de la population.

Au Canada, des projets CSC, largement subventionnés par les pouvoirs publics (865 M$ pour Quest),
veulent sauver l’exploitation des importantes ressources en sable bitumineux et en charbon en en diminuant
les émissions de CO2.

Projet Quest au Canada par Shell. Usine produisant du pétrole à partir des sables bitumineux,
1/3 des émissions de CO2 sont captées puis stockées dans le sous-sol profond. Source : Shell

Le CSC pourrait rendre plus acceptable l’exploitation des énergies fossiles et en retarder l’arrêt. C’est bien
sûr dans cette perspective que les milieux du gaz, pétrole et charbon sont aussi de fervents promoteurs du
CSC. En France, Total a investi plus de 60 M€ pour la construction d’un pilote CSC à Lacq (2010-2013), «
dans le cadre de son engagement pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre ».

L’une des alternatives à la fracturation hydraulique pour l’exploitation des gaz de schiste est la fracturation
au CO2 : on suit le processus décrit plus haut pour le CSC mais l’injection est réalisée avec une pression
plus importante. Le CO2 présente des caractéristiques chimiques intéressantes permettant une meilleure
libération des hydrocarbures de la roche qu’avec l’eau. Par contre, comme nous l’avons vu plus haut
l’approvisionnement en CO2 est complexe et coûteux. La fracturation au CO2 reste encore expérimentale
(Pologne et USA).

Risques environnementaux et acceptabilité sociale


Les projets de séquestration de CO2 dans des aquifères salins profonds réalisés en Mer du Nord (Leipner)
et dans le Sahara (In Salah) ont l’avantage de permettre expérimentations et études sans être dérangé par
l’opposition de rares bédouins ou de silencieux poissons. En région densément peuplée, la chose sera plus
difficile. Nous avons vu que les allemands, déjà en 2011, ont interdit le stockage de CO2 dans leur sous-
sol.

Les promoteurs du CSC savent désormais qu’ils devront « travailler » très sérieusement leur
communication pour ne pas rencontrer d’opposition de la part des habitants, ce que l’on appelle
élégamment « l’acceptabilité sociale ». Pour l’obtenir, ils doivent garantir que le CO2 sera enfoui
définitivement dans le sous-sol sous des zones étanches sans risque de fuites toxiques et sans risque
sismique.

Le CO2 est un gaz inodore, incolore et plus lourd que l’air. Il est présent dans l’air que nous respirons
(0.3%) et dans l’air que nous expirons (0.4%), il n’est pas chimiquement toxique. Par contre, dès que sa
concentration augmente, des symptômes apparaissent (maux de tête, perte de connaissance…) dont
l’intensité varie selon les personnes et le temps d’exposition. Une concentration de 10% peut déjà être
mortelle (catastrophe du lac Nyos en 1986).

Injecté dans un aquifère salin, le CO2 acidifie l’eau contenue dans cet aquifère. Cette eau acide et salée
dissout les métaux lourds présents et si elle migre vers d’autres niveaux en suivant les failles existantes, elle
peut contaminer les nappes phréatiques situées au-dessus. Elle est aussi susceptible de dissoudre certaines
roches et d’agrandir rapidement les failles existantes.

Chemins potentiels de fuite et processus associés au stockage géologique de CO2. Source : Actu-


Environnement

C’est le serpent qui se mord la queue


Les énergies fossiles sont à l’origine du réchauffement climatique. Le développement de la technologie du
CSC est encouragé pour diminuer nos émissions de gaz à effet de serre et devrait se conjuguer avec un
abandon progressif des énergies fossiles… mais ce n’est apparemment pas le cas… Tout au contraire, il
semble bien qu’il accélèrerait leur l’extraction et la construction de centrales électriques « propres »
alimentées au charbon et au gaz. Par là-même il revaloriserait les immenses investissements réalisés dans
l’exploration de gisement d’hydrocarbures.

Au lieu d’être un moyen de protéger notre milieu de vie, le CSC deviendrait de façon perverse un incitateur
à toujours plus extraire, vendre et consommer les énergies fossiles, avec l’aggravation des pollutions qui
sont liées. Au lieu d’investir dans les énergies renouvelables, d’encourager l’efficacité énergétique et la
sobriété, les pouvoirs publics, en promouvant la très coûteuse technologie du CSC (en énergie et en risques
environnementaux), continueront-ils à subventionner les énergies fossiles ?

Dans son dernier rapport en 2014 le GIEC n’a pas pu ne pas encourager un développement à grande échelle
du CSC, mais en prévenant que « la disponibilité et l’échelle de ces techniques et autres techniques
d’absorption du CO2 atmosphérique sont incertaines et associées à des degrés divers, à d’autres défis et
risques ».

Pour sa part Greenpeace, dès 2008, s’est dissocié des partisans du CSC : « Les investissements dans le CSC
menacent de verrouiller le futur énergétique mondial dans une incapacité à protéger le climat. La priorité
doit être donnée aux technologies qui recèlent le plus grand potentiel de réduction des émissions et qui
garantissent la sécurité énergétique : l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables ».

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