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Dr Éric Lorrain, phytothérapeute

En finir avec
la candidose
À mon épouse Catherine,
mon amour de toujours et pour toujours.

À mes enfants, Aurélie, Matthieu,


Thibault et Héloïse, et à leurs conjoints.

À mes petits-enfants.

À ma famille.
INTRODUCTION

La candidose… la petite bête


qui monte, qui monte…

Cela pourrait être un simple jeu d’enfant. C’est en vérité un problème


croissant chez de nombreux adultes (mais les plus jeunes ne sont pas
exemptés), et un calvaire pour certains d’entre eux. De quoi parle-t-
on  ? De la candidose, bien sûr. Au petit jeu «  Et si c’était vous  ?  »,
vous pourriez vite vous apercevoir que la question du rôle de son
agent pathogène, le candida, pourrait bel et bien vous concerner.
La candidose est une maladie infectieuse due à la multiplication
de champignons de type levure du genre Candida, dont le plus
fréquent est le célèbre Candida albicans. Dans sa forme la plus
courante, l’infection s’exprime surtout par une atteinte de la peau ou
des muqueuses buccales (muguet) ou génitales (vulvo-vaginite), mais
en pratique elle peut affecter toutes les zones corporelles comme la
peau, les ongles, les muqueuses externes ou internes (œsophage,
estomac, intestins). Dans certaines circonstances, rares mais plus
graves, l’atteinte candidosique devient profonde et touche les
viscères.
Naturellement présent en faible quantité sous la forme de spores
de forme ronde reposant à la surface des muqueuses, C. albicans peut
devenir pathogène lorsque survient un changement dans la
composition du microbiote (terme employé en médecine pour
désigner la flore bactérienne). Il va alors prendre une forme
filamenteuse (le mycélium), se développer de manière agressive et
entraîner une irritation locale avec des manifestations cliniques
variables en fonction de sa localisation.

Comment la candidose se manifeste-t-


elle ?
À première vue, cette maladie semble facile à diagnostiquer. Un
premier épisode de candidose peut être simple à traiter, et vous
laisser tranquille pour un certain temps. En apparence, seulement,
car ce champignon en forme de levure est à redouter plus que jamais.
Petit à petit, il fait son nid, profitant des conditions favorables créées
par votre mode de vie, vos habitudes thérapeutiques et les
perturbations de votre système immunitaire, qu’il contribue à
détériorer progressivement, au fil du temps. Son camp de base est le
système digestif, notamment l’intestin, d’où il peut commettre ses
méfaits, parfois au grand jour, le plus souvent de manière sournoise
et masquée. Peu à peu s’installe, à votre corps défendant, une
maladie chronique. La reconnaître n’est pas chose aisée, d’autant que
les perturbations engendrées par C. albicans sont multiples et variées,
peu spécifiques, d’intensité variable, de caractère récurrent.

Une véritable épidémie
Au fur et à mesure que se développe une meilleure connaissance de
l’écosystème intestinal, on comprend l’importance de cette véritable
épidémie silencieuse qu’est la candidose intestinale chronique. Sous-
estimée, elle l’est sûrement. Dans le pays de l’oncle Sam, plus d’un
quart des Américains en souffrirait. En France, on parle d’un tiers de
la population, majoritairement féminine, mais cette maladie est peu
étudiée chez nous, et son dépistage au sein de la population est en
réalité particulièrement ardu.
La candidose chronique pose aussi le problème du manque de
reconnaissance et de compréhension, non seulement d’une grande
partie de la population, mais aussi du corps médical, qui en minimise
l’impact. Il est vrai que, de façon générale, la formation hospitalière
des médecins complique leur tâche lorsqu’il leur faut avoir une vision
globale de la santé et qu’ils doivent prendre en charge des
pathologies fonctionnelles et des troubles chroniques, d’autant que
les traitements proposés se cantonnent habituellement aux
médicaments remboursés par la Sécurité sociale. Or, ceux-ci traitent
les conséquences et non la cause. Les patients entendent de plus en
plus parler de C. albicans, dont les faits d’armes vont bien au-delà du
système digestif. Légitimement, ils veulent aller au-delà du traitement
symptomatique.

Êtes-vous concerné ?
Peut-être, vous aussi, êtes-vous concerné par la candidose, soit que
vous en ayez fait la pénible expérience, soit que, au final, vous vous
rendiez compte que certains troubles inexpliqués dont vous souffrez
peuvent être en relation avec cette levure malfaisante. Surtout, ne
fonctionnez pas comme ces personnes qui, quand elles ont un
problème, y pensent toujours sans en parler jamais. Si c’est votre cas,
vous allez devoir remplacer ce mode de fonctionnement par un
aphorisme amené à devenir votre nouveau mot d’ordre  : «  Y penser
toujours, en parler au plus vite. »
Une fois que la candidose est reconnue, sa prise en charge n’est
pas forcément simple, comme en témoignent les difficultés
rencontrées par de nombreux patients. Pour une atteinte vaginale
rapidement combattue par un ovule salvateur, combien de formes
récidivantes nécessitant des traitements fréquents et répétés  ? Pour
une mycose anale ou un muguet buccal traités avec un succès
apparent par le biais d’un traitement antifongique, combien de
candidoses chroniques avec des manifestations systémiques mettant à
rude épreuve la bonne volonté des prescripteurs de tout poil ?

Quels traitements existent ?


Les traitements conventionnels à base d’antimycosiques de synthèse
sont utiles et soignent la majeure partie de la population présentant
des manifestations aiguës de la maladie, mais pas tous. De plus, sont-
ils suffisants et adaptés pour traiter les récidives ainsi que le réservoir
intestinal, base arrière de C.  albicans  ? C’est à ce niveau qu’il faut
mener la mère de toutes les batailles, et cela requiert un tout autre
arsenal thérapeutique.
Comprendre le fonctionnement de l’écosystème intestinal et ses
relations avec le système neuro-immuno-hormonal permet de mieux
comprendre ce qu’on appelle la physiopathologie (de l’état normal à
la situation de maladie) de la candidose chronique. Où, pourquoi,
comment  ? On est au cœur de la démarche clinique, qui permettra
d’utiliser à bon escient et prioritairement les outils de la
micronutrition (parmi lesquels les fameux probiotiques) et de la
phyto-aromathérapie, en association avec certains produits naturels,
avec l’indispensable éducation nutritionnelle et avec les nécessaires
améliorations des modes de vie.
Compte tenu des conséquences souvent majeures sur la santé et
sur la qualité de vie des patients, les enjeux sont considérables… Il
convient d’y voir clair en matière de diagnostic et de stratégie
thérapeutique, afin que vous puissiez, si C.  albicans vous fait des
misères, trouver les solutions à vos maux, emprunter le chemin de la
guérison et recouvrer une pleine santé.
CHAPITRE I

La candidose,
un simple mot pour de grands
maux

Le cas de carole : d’un problème banal


à une vie compliquée…
Quelque chose clochait dans la vie de Carole, 38 ans. Elle ressentait
un mal-être, une fatigue récurrente qui ne la lâchait pas, et une
accumulation de petits problèmes de santé — sans gravité, selon son
médecin traitant  —, dont la persistance finissait par ajouter de
l’inquiétude au désarroi. Comment expliquer l’inconfort de ses
muscles et les douleurs dans ses chevilles, ses épaules, ses mains, sa
nuque  ? Pourquoi cette digestion difficile, cet abdomen sensible et
ballonné, ces spasmes qui la faisaient se plier en deux  ? Seule une
diarrhée salvatrice la délivrait de la douleur. Que penser de ces
moments d’énervement contre tout et rien, mais aussi contre ses
enfants, ce qu’elle ne se pardonnait pas a posteriori  ? Que dire des
cystites à répétition, qui survenaient quasiment à chaque occasion
d’intimité avec son époux ?
C’était alors la cure d’antibiotiques, qui s’enchaînait avec une
mycose vaginale, traitée par un ovule, jusqu’à la suivante ! Si encore
elle pouvait dormir correctement… Ne parlons pas des 7 kilos qu’elle
avait gardés après ses grossesses, de son rhume des foins coutumier
des mois d’avril et de mai, des petites plaques d’eczéma qui lui
rendaient visite de temps à autre au pli des coudes, de ces boutons de
fièvre devenus de douloureux compagnons de route lors des rhumes
qu’elle attrapait à la première occasion… Chaque trimestre apportait
son lot de nouveautés, au point que son entourage avait fini par lui
conseiller, avec un brin de commisération, d’aller voir un bobologue !
« Rien de méchant, tout ça », lui avait répété le docteur X, sollicité
après son confrère Y et sa consœur Z. « Un peu de surmenage, tout au
plus  ! Vos bilans sont normaux. Il faut prendre des vitamines, vous
reposer et traiter les problèmes au cas par cas.  » Elle sortait de la
pharmacie avec tout un tas de médicaments. Si encore cela réglait ses
problèmes… De soulagements éphémères en échecs décevants,
d’effets indésirables en dépenses inutiles, Carole sentait le désespoir
l’envahir et sa bonne volonté l’abandonner. Elle tournait en rond,
vivait un tourment que personne ne comprenait. Elle luttait,
cherchait, essayait de bien faire… Mais, peu à peu, son sentiment de
mauvaise santé dégradait sa qualité de vie. Un constat s’imposait : les
choses semblaient bien mal engagées pour Carole, et l’étiquette
« hypocondriaque » commençait sérieusement à lui coller à la peau,
au point qu’elle n’osait plus se plaindre.
Fort heureusement, la fin de son histoire fut plus joyeuse  ! Se
sentant seule, elle finit par chercher sur la Toile, d’abord des
explications, ensuite des solutions. Bien sûr, elle pensa à la maladie
de Lyme, à la fibromyalgie, aux intolérances alimentaires, aux
métaux lourds, et même à la sensibilité à l’histamine. Si elle ne vit
pas la possibilité d’une hypothyroïdie fonctionnelle, elle se reconnut
dans le diagnostic de fatigue chronique, et tilta sur la problématique
de la candidose chronique, à la lecture d’un article 1 intitulé «  La
candidose chronique : une maladie insidieuse et mal diagnostiquée ».
Elle finit par consulter un médecin micro-nutritionniste et
phytothérapeute, qui lui permit de tirer les choses au clair. Grâce à
son approche globale, il fit le lien entre ses différents symptômes, et,
après quelques bilans complémentaires, confirma l’intuition de
Nicole.
Il y avait bel et bien une candidose chronique, avec des
localisations intestinales et vaginales. Le médecin le lui avait
confirmé : oui, cette affection participait grandement à la genèse de
ses problèmes de santé. Oui, cela avait entraîné des dérèglements de
son immunité et favorisé un déséquilibre de ses systèmes de
régulation, au niveau nerveux, au niveau hormonal et au niveau
digestif. Oui, il y avait des facteurs favorisants qu’elle avait fini par
comprendre et sur lesquels elle désirait travailler. Oui, il y avait des
solutions efficaces, pas forcément simples, mais finalement à sa
portée, qu’elle allait mettre en œuvre le plus rapidement possible.
Au fil des consultations, Carole décrivait l’amélioration de son état
et, lorsqu’elle refit le point avec son médecin à la date anniversaire de
sa première consultation, elle fut heureuse de pouvoir conclure  :
« J’ai recouvré la santé, je vais bien. Je reste vigilante et je continue
de traiter mon terrain en adaptant mon alimentation et en prenant
bien ma phytothérapie et mes compléments alimentaires. J’ai changé
mes habitudes et je fais de la prévention, car je tiens à conserver mon
équilibre de vie. J’ai conscience que c’est encore fragile et que je dois
prendre des précautions, mais franchement, ça n’a plus rien à voir
avec la situation que je vivais il y a un an. Quel changement ! »

L’HISTOIRE DE CAROLE, UN CAS D’ÉCOLE ?


L’histoire de Carole est peut-être la vôtre ! Son acteur principal peut
passer inaperçu ou sembler anodin  : quelques rares colonies de
Candida albicans retrouvées à l’occasion d’analyses de selles
(coproculture) ou sur un prélèvement vaginal  ; des pertes blanches
vaginales deux ou trois fois dans l’année, souvent au décours d’une
antibiothérapie  ; un antécédent de muguet buccal imposant un
traitement antifongique local ; la mise en évidence de Candida sur un
prélèvement œsophagien au cours d’une œsophago-gastroscopie-
duodénoscopie… D’autres fois, le diagnostic est plus aisé, surtout
chez les dames  : le tableau est «  bruyant  », avec des localisations
génitales ou cutanéo-muqueuses à répétition (dermite des plis, anite),
et le prélèvement local est fortement positif pour C.  albicans. Mais,
lorsqu’on est confronté à des manifestations indirectes, comme de la
fatigue, des troubles nerveux, des signes fonctionnels digestifs, des
troubles de l’immunité (allergie, infections à répétition), des
anomalies métaboliques (prise de poids ou de ventre), des
dérèglements hormonaux (cycle menstruel perturbé, thyroïde faible),
il est souvent nécessaire de batailler pour retrouver le coupable  :
analyses de selles répétées, bilan immunitaire, recherche de traces
directes ou indirectes à l’aide d’explorations plus ou moins
sophistiquées. Encore faut-il penser à une candidose chronique
devant une situation médicale complexe, multisymptomatique,
d’évolution chronique ou récidivante, d’interprétation délicate.

Qu’est-ce qu’une candidose ?


Comment passe-t-on d’une modeste mycose vaginale à un état de
santé médiocre  ? Gros plan sur cette infection fongique qui,
finalement, est tout sauf banale.
UNE LEVURE PAS COMME LES AUTRES
La candidose se déclenche dès lors qu’un candida, le plus souvent
C. albicans, se développe dans l’organisme. C’est une levure, c’est-à-
dire un champignon unicellulaire, mais elle est différente de celles
qui permettent au pain de lever, aux raisins et aux céréales de
fermenter pour donner du vin ou de la bière. Microscopique,
habituellement inoffensif, le candida est un hôte naturel de nos
muqueuses. Il est isolé chez 20 à 40 % des sujets sains (80 % dans le
duodénum), et 10 % des femmes l’hébergent au niveau vaginal sans
aucun symptôme (on parle de portage sain), un chiffre qui passe à
30  % en cas de grossesse. En tant qu’organisme saprophyte, cette
levure est capable de se nourrir de matière organique en
décomposition, qu’elle transforme en matière minérale. Au nom de
cette coopération symbiotique, on se dit qu’elle sert probablement à
quelque chose. Mais est-ce si sûr ? Car on la dit « commensale », ce
qui veut dire qu’elle tire une partie de sa nourriture de son hébergeur,
en l’occurrence l’être humain, mais qu’elle n’offre aucune contrepartie
évidente à ce dernier. D’un point de vue scientifique, en tout cas, les
effets bénéfiques de ce commensalisme sont parfaitement inconnus. Il
faut se rendre à l’évidence, tout le profit est pour la levure, le plus
souvent tout de blanc capée : C. albicans entre en scène et va sortir le
grand jeu !

UN AGENT PATHOGÈNE AUX MULTIPLES FORMES

La cohabitation se complique quand, en présence de facteurs


favorisants locaux ou généraux, le candida passe du statut de bel
endormi à celui de grand perturbateur. Il passe alors de moins en
moins inaperçu et devient pathogène, se transformant en redoutable
prédateur. C’est le début des problèmes  : voici venir le temps de la
candidose, qui se développe opportunément dès que les conditions
locales et générales le permettent, en relation avec des causes très
variées.
Parmi les deux cents espèces de candida connues, près d’une
vingtaine sont responsables d’infections humaines et peuvent se
rendre coupables de nombreux méfaits, partout où ils le peuvent. Le
plus connu, C.  albicans, est ainsi responsable de 50  à 55  % des
candidoses. Dans 16 à 17 % des cas, pourcentage qui va croissant, le
pathogène est une variété de levure volontiers résistante aux
traitements, C.  glabrata (anciennement Torulopsis glabrata).
Habituellement non pathogène, et habitant les mêmes lieux que
C. albicans, il fait partie de la flore normale de nombreux sujets en
bonne santé, mais lui aussi peut devenir agressif et pathogène. Ainsi,
il a pris la deuxième position dans la genèse des candidoses du fait de
l’utilisation accrue de médicaments antifongiques et
immunosuppresseurs.

Le saviez-vous ?
Dans près de 15 % des cas, on a affaire à C. parapsilosis, une levure fréquente de la
peau mais pas du tube digestif, qui expose au risque de contamination par les
mains (manuportée). Citons aussi les 8 à 9 % de C. tropicalis, et précisons que de
nombreuses espèces de candida existent dans l’environnement humain et peuvent
pénétrer, comme C. krusei (près de 2 % des cas), par ingestion accidentelle dans le
tube digestif. Dans certaines situations d’immunodépression ou d’agression des
muqueuses, ces espèces sont susceptibles d’entraîner exceptionnellement des
infections fongiques.

Il est difficile de rester indifférent à C. albicans et à ses confrères :


75 % des femmes feront une candidose vaginale au moins une fois
dans leur vie. La candidose orale touche 90 % des sujets au stade du
sida. Les infections mycosiques systémiques nosocomiales (c’est-à-
dire se développant en milieu hospitalier et affectant l’ensemble de
l’organisme) sont au quatrième rang de la mortalité la plus élevée,
atteignant les 40 %, malgré les progrès dans la prévention et la prise
en charge. Le coût des traitements antifongiques est supérieur à celui
des antibactériens (par exemple, leur coût s’élevait à 7 millions
d’euros au CHRU de Lille en 2014).

LE CANDIDA TOUCHE TOUS LES TISSUS

En superficie

Le candida peut sévir en superficie, sur la peau et les muqueuses, et


causer des troubles dommageables mais qualifiés de bénins : même si
la gêne est maximale, le pronostic vital n’est pas engagé. Sa
remarquable capacité d’adhésion aux cellules de la couche
superficielle de la peau et des muqueuses, son aptitude à former des
filaments à la surface des tissus colonisés et son formidable potentiel
de développement sont à l’origine des lésions cutanéo-muqueuses
inflammatoires qu’il provoque, que cela soit en surface au niveau de
la peau, des seins ou des ongles, ou bien dans une cavité naturelle
(oro-pharyngée, digestive, génitale).
Lorsque la candidose superficielle se déclare, la colonisation de la
peau et des muqueuses se traduit par une irritation de la zone
touchée, qui devient inflammatoire, avec sensation de chaleur ou de
brûlure. Cela procure une gêne, des démangeaisons, voire des
douleurs. Aimant particulièrement l’humidité, la chaleur, l’acidité, le
candida peut toucher toutes les muqueuses du tube digestif (bouche,
pharynx, œsophage, intestin, marge anale) et de l’appareil génital
féminin, au niveau vulvo-vaginal (source de pénibles vulvo-
vaginites). Moins fréquemment, l’atteinte est masculine, et concerne
alors le gland (entraînant une balanite), le sillon balano-préputial et
l’anneau préputial.

En profondeur

Plus rarement, le candida peut agir en profondeur et provoquer des


candidoses dites «  systémiques  » touchant des organes profonds de
patients très fragilisés, le plus souvent hospitalisés. Dans certains cas,
chez des patients porteurs d’un cathéter intravasculaire par exemple,
la levure provient d’une contamination exogène, la transmission du
pathogène se faisant par le contact manuel ou le produit de
perfusion. On est alors dans le cadre des infections nosocomiales.
Dans d’autres cas, le candida provient du sujet lui-même : il passe
dans le sang, car les muqueuses sont fragilisées par une
chimiothérapie et/ou des traitements antibiotiques répétés ou
prolongés, principalement dans les services de réanimation et de
chirurgie. L’infection fongique peut toucher un ou plusieurs viscères,
comme les reins, les valves cardiaques, le cœur, les poumons. Parfois,
elle concerne l’appareil ostéo-articulaires, le système nerveux, les
yeux. Ces candidoses profondes sont favorisées par le déficit
immunitaire (baisse des globules blancs, greffe de moelle,
corticothérapie, chirurgie lourde, notamment digestive). De fait, elles
se rencontrent plus fréquemment chez les prématurés, les patients en
réanimation et les grands brûlés.
En France, comme le rappelle l’Institut Pasteur, c’est encore
C.  albicans qui est incriminé dans près 50  % de ces cas d’infection
nosocomiale, suivi par C.  glabrata, C.  tropicalis et C.  parapsilosis.
Redoutables, ces candidoses profondes relèvent d’une prise en charge
hospitalière spécialisée.
Le mode d’action du candida
Nous abordons un point qui peut sembler technique, mais dont la
compréhension est essentielle pour déterminer comment survient la
candidose, ce qui permettra ensuite de mieux la prévenir et la
combattre.

TRANSFORMISTE ET OPPORTUNISTE

Le candida, C.  albicans le plus souvent, est un transformiste. Une


sorte de docteur Jekyll et mister Hyde. Ne vous fiez pas à l’apparence
inoffensive de ses spores arrondies (en forme d’ellipse, si l’on a un
bon microscope pour l’apercevoir), disposées çà et là à la surface des
muqueuses. Ces petites billes agglomérées ou dispersées, dont la
taille peut atteindre 10  µm (micromètres ), échappent à la vision
directe. Après grossissement, on s’aperçoit qu’elles apparaissent
géantes au milieu des bactéries, de 1 à 4 µm, de la flore environnante
(le microbiote). Dépourvue de capsule, la levure se reproduit par
bourgeonnement asexué. Sous cette forme saprophyte, elle trouve sa
place dans la jungle microbiotique intestinale dès les premiers mois
de la vie humaine.
Opportuniste, le candida profite de tout l’espace laissé disponible
par les bactéries environnantes. La compétition est rude, mais, en
situation normale, l’équilibre se maintient dans le tube digestif, car
son développement est inhibé par les lactobactéries et les
bifidobactéries du microbiote intestinal. C. albicans se plaît dans un
milieu acide, au pH compris entre 2 et 4, mais il peut survivre dans
un environnement alcalin jusqu’à un pH de 9, ce qui explique une
autre de ses qualités  : sa grande adaptabilité, qui participe à sa
puissante résilience.
Dotée de huit paires de chromosomes, cette levure a une profonde
intelligence de son milieu. Elle se distingue par sa capacité à adhérer
aux cellules de son hôte et à s’y attacher solidement. Grâce au grand
nombre de récepteurs situés à sa surface, les adhésines, elle reconnaît
les lieux d’ancrage propice et s’y fixe  : sur les cellules épithéliales
(notamment des muqueuses), les cellules endothéliales (situées à la
face interne des vaisseaux sanguins) et certaines protéines (collagène,
fibrinogène…). Cette qualité est d’une grande utilité au candida pour
se maintenir dans ses lieux de prédilection en toutes circonstances,
contre vents et marées.

UN RÉSEAU TENTACULAIRE

Dès que l’occasion se présente, le candida se transforme en mister


Hyde. La levure se met à croître, non plus par simple clonage
bourgeonnant (produisant des spores agglomérées mais
unicellulaires), mais par addition bout à bout de nouvelles cellules
(c’est la filamentation), afin de devenir une structure multicellulaire
formant de très minces fils pouvant atteindre plusieurs centimètres de
long. Larges de quelques micromètres seulement, ces filaments
restent invisibles à l’œil nu quand ils sont isolés, mais deviennent
visibles lorsqu’ils sont réunis en cordons suffisamment gros, formant
ce qu’on appelle un mycélium. La levure est devenue un hyphe
tentaculaire, qui va envahir et terroriser les habitants bactériens du
voisinage. Sous cette forme, elle pousse comme le lierre le long des
murs. Le mycélium candidosique peut alors migrer et coloniser
d’autres milieux que son réservoir initial, exploitant à fond ses
capacités d’adhésion.
Tout comme les bactéries Escherichia coli (à l’origine des infections
urinaires) ou Helicobacter pylori (responsable de gastrites et d’ulcères
duodénaux), C.  albicans est un «  pathogène velcro  »  : il «  se fixe  »
solidement et, dès qu’il a déployé son réseau de filaments mycéliens,
il est très difficile de le détacher. De la même façon que des fils de
soie savamment agencés constituent de robustes tissus, la
prolifération filamenteuse de la levure, devenue agressive, constitue
sur les surfaces qu’elle recouvre une couche très adhésive, appelée
«  biofilm  », qui se développe notamment aux dépens des
bifidobactéries. Cette perturbation du microbiote environnant suffit
déjà pour générer des troubles digestifs gênants.

UN BOUT DE SUCRE VIVANT

À ce stade de la description de C. albicans, jetons un coup d’œil sur sa


structure cellulaire : de 80 à 90 % de sa paroi est composée d’hydrate
de carbone, autrement dit de sucre (glucides). Il s’agit
essentiellement de polysaccharides constitués de chaînes de
molécules glucidiques  : chitines (morceaux de glucosamine),
glucanes (bouts de glucose) et mannanes (éléments de mannose
mélangés à des protéines).
Alors que les deux premiers composés permettent le maintien de
la forme levure, les mannanes jouent un rôle majeur dans l’adhésivité
du candida à la paroi intestinale. La forme mycélienne de C. albicans
est presque exclusivement constituée de mannanes, ce qui explique la
difficulté à venir à bout de l’adhésivité des biofilms mycosiques une
fois qu’ils sont constitués. Pour simplifier, on peut considérer le
candida comme un minuscule « bout de sucre vivant ». Cela explique
pourquoi les aliments sucrés accélèrent sa croissance  : le sucre
appelle le sucre !
DE LA CONTAMINATION À L’INFECTION
Devenu moisissure du fait de sa transformation en mycélium, le
candida exploite au mieux son pouvoir pathogène. Dans sa variété la
plus fréquente, il est qualifié d’albicans, « blanchâtre », du fait de la
couleur blanche ou crème qu’il revêt lorsqu’il prend ses aises sur les
muqueuses apparentes (sur la langue et les joues dans le muguet du
nourrisson). Mais, alors que sous forme de levure il faisait tapisserie,
se contentant de se répandre sur la muqueuse, notre C.  albicans
filamenteux ne fait pas que développer des biofilms pathogènes. Dès
qu’il le peut, il pénètre dans les tissus, notamment digestifs, où il peut
à loisir poursuivre son action délétère. Au niveau intestinal, cela
entraîne un état inflammatoire chronique et une perte d’étanchéité
(porosité) de la muqueuse qui altère sa fonctionnalité. Dans certains
cas, il peut même passer dans la circulation lymphatique et sanguine,
et se disséminer dans l’organisme. Peu à peu, on passe de la
contamination à l’infection  ; les conséquences sur l’état de santé se
font générales.

UN GRAND PERTURBATEUR

À ce stade agressif, le candida sécrète de redoutables toxines, en


grand nombre  : au moins trente-cinq pour certains auteurs, plus de
quatre-vingts pour d’autres, en réalité toute une gamme d’enzymes
qui vont dégrader leur environnement. Sus aux structures cellulaires
et tissulaires qu’elles vont rencontrer en chemin, pas de pitié pour les
malheureuses protéines qui leur feront obstacle, et surtout attaque en
règle du système immunitaire, qui va en prendre pour son grade et
subir de nombreuses perturbations (voir ici), dont les conséquences
seront considérables.
La plus connue de ces toxines est la candidine, une substance
neurotoxique. Il y a aussi l’acide tartrique, qui interfère avec l’acide
malique, principal acteur des réactions métaboliques au sein des
cellules de l’organisme, notamment celles impliquées dans la
production de l’énergie (cycle de Krebs) par l’intermédiaire de l’ATP,
substrat énergétique indispensable au système nerveux, aux muscles
et autres tissus. En cas d’agression massive, il peut en résulter une
grande fatigue physique et psychique. Le candida fabrique également
de l’acétaldéhyde à partir de la transformation des sucres en alcool.
Cette substance perturbe l’activité de la dopamine, un
neurotransmetteur cérébral majeur qui fait circuler l’information
entre certains neurones. La dopamine est impliquée notamment dans
l’activité psychique et motrice. Son altération par l’acétaldéhyde
engendre manifestations dépressives, fatigue, troubles de l’attention
et de la mémoire, et hyperactivité motrice. Cette même toxine
contribue à affaiblir le système immunitaire en baissant l’activité
d’une catégorie de globules blancs, les lymphocytes T, ce qui entraîne
une plus grande vulnérabilité aux infections et favorise l’émergence
de manifestations allergiques, de maladies auto-immunes et
d’intolérances alimentaires (plus particulièrement au gluten).
En perturbant le fonctionnement cérébral, le système immunitaire
et, de façon générale, tous les autres systèmes de l’organisme
(notamment digestif, mais aussi articulaire, musculaire et hormonal),
ces toxines réalisent un véritable empoisonnement chronique. Les
conséquences sur la santé de ce dernier se font sentir peu à peu, à
mesure que se diffusent les toxines dans l’organisme, diffusion
facilitée par la porosité de la muqueuse intestinale, dont le candida
est également responsable.

LE CANDIDA EST-IL CONTAGIEUX ?


Oui et non. L’essentiel des infections émane de la flore microbienne
endogène (gastro-intestinale, vaginale et oropharyngée). Le plus
souvent, la contamination provient du contenu du tube digestif, qui
constitue un véritable réservoir intestinal, à destination des
muqueuses génitales féminines ou des zones cutanéo-muqueuses.
Dans la mesure où le portage sain (le fait d’héberger la levure sous
forme de spores sans aucun symptôme apparent) est fréquent, le
premier contaminant est souvent « soi-même » !
Comme tout agent infectieux, C.  albicans peut se transmettre
d’une personne à l’autre, en particulier de muqueuse à muqueuse : de
la mère à l’enfant (accouchement), d’une personne à l’autre en cas de
contact sexuel répété (génital, génito-anal, génito-oral), ou d’un objet
vers les muqueuses. Encore faut-il que le receveur présente des
conditions favorables pour se laisser envahir par la levure : conditions
d’hygiène de vie défavorables, baisse des défenses immunitaires ou
perturbations de l’écosystème local.
En pratique, la transmission au niveau génital est uniquement
sexuelle chez l’homme alors que, chez la femme, elle peut se faire par
simple contact avec des vêtements, des tissus ou des objets souillés,
voire par autocontamination à partir de selles, c’est-à-dire en dehors
de tout acte sexuel.
Pour autant, un rapport intime peut aggraver et révéler une
mycose latente et non déclarée, alors même que la transmission n’est
pas systématique en cas d’atteinte de l’un des deux partenaires. De
fait, on considère malgré tout que la candidose n’est pas une infection
sexuellement transmissible, même si celle-ci reste possible.
Au niveau cutané, la transmission est beaucoup plus rare, mais
elle reste possible, en particulier au niveau des extrémités (mains et
pieds) en milieu humide associé à des conditions de macération.
Précisons cependant que C.  albicans peut survivre pendant
45  minutes sur les paumes et jusqu’à 120 jours sur les surfaces
inanimées. On a pu l’isoler à partir de literies et de cuvettes
employées en pouponnière. Il peut survivre à un séchage de 1 heure à
la lumière et de 5 heures dans l’obscurité.
En milieu hospitalier, la transmission nosocomiale est rare.
Cependant, on a signalé des cas secondaires à une contamination des
surfaces inanimées et des mains des professionnels de la santé, de
même que des cas de transmission entre patients 2.
Concrètement, un simple contact de courte durée de peau à peau
(saine) est très difficilement contaminant, et on peut sans risque
cohabiter avec une personne souffrant de mycose locale ou de
candidose chronique, à condition de respecter les règles sanitaires de
base.

Bon à savoir
Il existe un risque de contamination de candidose invasive chez des personnes
immunodéprimées porteuses d’un cathéter (utilisé pour la perfusion de solutés ou
de médicaments intraveineux).

Quels sont les facteurs favorisants ?


Le passage de la forme levure à l’état agressif de mycélium se fait dès
que l’environnement lui en laisse l’opportunité. Le candida sait la
saisir à la moindre occasion, et en profite alors pour étendre son
territoire.

LES PERTURBATIONS DU MICROBIOTE (DYSBIOSE)


La première opportunité, la plus fréquente, est fournie au candida à
l’occasion d’un changement quantitatif et qualitatif de la flore
intestinale (le microbiote). Normalement en équilibre, les
100  000  milliards de micro-organismes de cette dernière vivent en
bonne intelligence avec l’homme. Une de leurs qualités est de
réprimer les levures et de les empêcher d’exprimer leur pathogénicité.
Ils colonisent le tube digestif, et exercent leur activité principale dans
l’intestin grêle et, surtout, dans le côlon, où ils sont particulièrement
abondants. Certaines circonstances peuvent entraîner un changement
dans la composition ou la stabilité des populations bactériennes de
l’intestin (on parle alors de dysbiose), au détriment de la flore
dominante, formée à 90  % de Bacteroidetes (dont font partie les
bactéries de la famille des bactéroïdes) et de Firmicutes (comprenant
notamment des lactobacilles et du clostridium), et à 10  %
d’Actinobacteria (parmi lesquelles les bifidobactéries). La flore sous-
dominante, composée de streptocoques, d’Escherichia coli et
d’entérobactéries, peut en tirer parti et augmenter son influence, ce
qui risque de provoquer des troubles fonctionnels intestinaux. Il
existe un microbiote dit «  de passage  », très polymorphe, composé
notamment de bactéries lactiques et, surtout, de nos fameux
champignons. À la première dysbiose venue, les levures en profitent
pour coloniser leur environnement et constituer des biofilms
pathogènes très adhésifs. Alors que Candida était toléré dans
l’écosystème initial, il fait sa mue pathogène et devient un grand
perturbateur. C’est alors que les problèmes commencent.

Les médicaments, facteur aggravant

Les perturbations du microbiote sont favorisées par des facteurs


environnementaux, le principal étant la prise de médicaments.
Les antibiotiques, en détruisant la flore intestinale acidophile
(pénicilline et dérivés) ou en « ratissant large » par leur action (les
cyclines, par exemple), sont de véritables carburants du candida.
Leur utilisation prolongée et répétée est le facteur favorisant
numéro un. Après un traitement, il faut deux à trois mois pour
que le microbiote retrouve son équilibre antérieur. Un recours
excessif à l’antibiothérapie favorise l’émergence de C. albicans et
affaiblit indirectement les défenses immunitaires, ce qui fait le lit
de l’infection suivante et favorise la valse des antibiotiques.
La contraception orale œstroprogestative et le traitement
hormonal substitutif de la ménopause.
Les corticoïdes, notamment la corticothérapie locale utilisée dans
l’asthme.
Les antidépresseurs tricycliques, les diurétiques, les médicaments
à action anticholinergiques.
La dysbiose peut être provoquée par une gastro-entérite virale ou
bactérienne, surtout si elle est sévère (par exemple, diarrhée du
voyageur) ou en cas de parasitose intestinale (souvent présente dans
la candidose). Même constat en cas de grossesse, de syndrome
prémenstruel, de diabète, de tabagisme, d’alcoolisme chronique ou de
chirurgie digestive.

La fragilité des personnes en début et en fin de vie

Les deux extrémités de la vie favorisent également le déséquilibre du


microbiote intestinal.
Chez le nourrisson, en raison de l’immaturité du microbiote, qui
s’implante dès la naissance sur un intestin stérile. Il suffit de
conditions de naissance défavorables à sa mise en place
physiologique, comme une prématurité, une naissance par
césarienne, l’absence d’allaitement maternel (ce qui prive le
nouveau-né de ses propriétés naturellement anti-infectieuses,
antivirales, antifongiques, antiseptiques, calmantes, hydratantes
et cicatrisantes), l’utilisation d’antibiotiques à la naissance ou
durant les premiers mois de la vie, pour favoriser le
développement de C. albicans et déclencher un muguet.
Chez la personne âgée, on constate des changements progressifs
du microbiote, caractérisés notamment par la baisse de la
population des bifidobactéries, entre autres du fait des
modifications des modalités et des conditions d’alimentation.
Ajoutons à cela la polymédication et l’addition des pathologies, et
la dysbiose s’installe, d’où la plus grande incidence de candidose
chronique chez les personnes vieillissantes.

LA BAISSE OU LE DÉRÈGLEMENT DU SYSTÈME IMMUNITAIRE

La deuxième opportunité pour le candida de se développer et de se


transformer en moisissure est l’affaiblissement des défenses
immunitaires. Notre profiteur professionnel ne se fait pas prier pour
sauter sur l’occasion, ce qui enclenche, de par son pouvoir pathogène,
le cercle vicieux de l’aggravation de la défaillance immunitaire.
L’un des premiers symptômes du sida est justement l’apparition de
candidoses buccales. Une étude 3 de 2009 portant sur trois cents
patients porteurs du VIH a montré que 39 % d’entre eux ont présenté
des lésions buccales, avec une prédominance des candidoses dans
59,1 % des cas.
Véritable faillite du système immunitaire, le cancer ouvre une voie
royale au candida. Ainsi, la maladie peut provoquer des brèches ou
des ulcérations au niveau des muqueuses digestives, constituant une
porte d’entrée pour la levure (par exemple, cancer du côlon). Le
cancer du sang (leucémie) abaisse directement les défenses
immunitaires. Ces dernières sont également affaiblies au cours de la
chimiothérapie ou de la radiothérapie, traitements agressifs qui
peuvent enflammer les muqueuses, favorisant ainsi les infections
fongiques. La baisse des polynucléaires neutrophiles, une variété de
globules blancs impliqués dans l’immunité cellulaire, est le principal
facteur favorisant des mycoses au cours du cancer.
Inversement, C.  albicans favorise des lésions précancéreuses,
comme la leucoplasie orale, qui connaît une transformation maligne
dans 1 % des cas. L’association des substances toxiques du tabac et du
candida favorise les cancers de la bouche.
L’utilisation d’immunosuppresseurs lors d’une greffe de moelle et
d’une transplantation d’organe solide fait courir le risque de mycoses
profondes gravissimes 4. Leur usage au cours des maladies auto-
immunes induit un risque infectieux important, qui concerne
particulièrement le candida.

L’affaiblissement du « terrain » favorise la candidose

De façon générale, toute situation de baisse des défenses de


l’organisme favorise les mycoses  : troubles de l’adaptation au stress,
surmenage, syndrome d’épuisement professionnel, chimiothérapie,
exposition aux métaux lourds, dépendance à l’héroïne, maladies
rares, voire orphelines, ainsi que certaines maladies générales. C’est
le cas du syndrome métabolique (caractérisé par une résistance à
l’insuline, la principale hormone de régulation du sucre sanguin), du
prédiabète et du diabète, du syndrome de Cushing (excès de
sécrétion du cortisol par une ou deux des surrénales), de
l’hypothyroïdie (thyroïde faible, notamment par carence en iode). Les
maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI) favorisent
également la candidose intestinale, qui contribue en retour à les
aggraver. Parmi elles, on retrouve la colite collagène, la maladie de
Crohn et la rectocolite ulcéro-hémorragique.

Le rôle de l’alimentation
Les déséquilibres alimentaires constituent une autre situation propice
à la transformation de la levure en sa forme parasite pathogène. Ils
favorisent les carences nutritionnelles, notamment en vitamine A ou
en fer, souvent associées à une candidose chronique (le mécanisme
n’est pas encore élucidé).
De même, un régime pauvre en fibres favorise l’appauvrissement
en bifidobactéries et l’émergence des souches candidosiques
pathogènes. Une alimentation non adaptée contribue à la
perturbation du microbiote, et peut directement favoriser la
croissance du candida. Ainsi, nous avons vu que sa structure
glucidique s’enrichit d’une alimentation sucrée.

LE PIÈGE DU SUCRE

Ne nourrissez pas la levure immonde en vous gavant de ces hydrates


de carbone dont elle raffole  ! Cela revient à souffler sur les braises.
Pas étonnant que le feu intérieur vous embrase, dès lors que vous
l’alimentez consciencieusement de sodas, de jus de fruits, de
sucreries, de gâteaux et autres aliments riches en sucres rapides. Rien
de tel pour attiser la candidose que l’abus de fruits sucrés, de produits
laitiers fermentés, de graisses saturées et de viande provenant
d’animaux traités lourdement par des antibiotiques (bovins, veau,
poulets). En outre, une alimentation hypercalorique et trop
abondante constitue également un facteur favorisant : la capacité de
digestion risque d’être débordée, surtout si elle est déjà en état de
faiblesse et accompagnée d’une mastication déficiente.

ATTENTION AU TERRAIN ACIDE !

Les mycoses se développent en milieu acide. Une alimentation


« acide », c’est-à-dire riche en protéines animales (viandes, poissons,
fromages, œufs) et pauvre en fruits et en légumes, favorise l’acidose
métabolique latente, que les naturopathes ont popularisée sous
l’appellation «  terrain acide  ». On comprend que le rétablissement
d’un bon équilibre acido-basique dans le corps sera une condition
indispensable quand il s’agira de combattre C. albicans.

FAUT-IL INCRIMINER LE GLUTEN ?

Concernant le gluten, la discussion est ouverte. Le gluten fait partie


des 10 % de protéines que contiennent certaines céréales (blé, orge,
seigle…). Il donne à la farine sa fluidité. Il permet au pain de lever
pendant la cuisson en lui apportant élasticité, cohésion et rétention
gazeuse, à l’origine de la mie. Il sert de liant et confère une texture
moelleuse aux aliments, non seulement au pain, à la brioche et autres
productions boulangères, mais aussi aux plats préparés et aux sauces.
Du fait de sa médiatisation et des modes alimentaires, ce
complexe de protéines insolubles est incriminé à tout-va, et
nombreuses sont les personnes qui le réduisent ou le suppriment de
leur propre chef sans que sa responsabilité soit réellement
documentée à l’échelle individuelle. Au sens propre comme au sens
figuré, le gluten est mis à toutes les sauces ! Cette mise à l’opprobre
est-elle véritablement justifiée, du moins en ce qui concerne le
problème des candidoses, notamment digestives ?
D’un point de vue clinique, on a constaté depuis longtemps que
l’éviction du gluten améliore les troubles intestinaux liés à la
candidose et certains troubles du système nerveux. Les publications
des dix dernières années confortent cette idée et lui donnent une
base biologique. Dès 2009, une étude 5 montrait que la candidose
chronique cutanéo-muqueuse pouvait entraîner une élévation des
anticorps anti-gliadine, la gliadine étant la fraction protéique
présente dans le gluten du blé. Les perturbations de la flore
bactérienne associées à l’inflammation de la muqueuse digestive
provoquée par la présence de C.  albicans sont à l’origine d’une
hyperperméabilité intestinale qui permet aux grosses molécules,
comme celles du gluten, d’entrer en contact avec le système
immunitaire sous-muqueux, ce qui favorise la production d’anticorps
anti-gliadine.
D’autres études scientifiques étayent le lien entre candida et
gluten. En mars  2017, le Dr  June Round, chercheuse à l’université
médicale d’Utah à Salt Lake City expliquait au Quotidien du
médecin 6  : «  Nous avons découvert que la présence intestinale de
Saccharomyces cerevisiae aggrave la colite chez la souris. » Rappelons
que les levures S. cerevisiae (constitutives de la levure de bière et de
boulanger) font partie de la même classe que C.  albicans. Des
anticorps (les ASCA ou anti-Saccharomyces cerevisiae antibodies)
dirigés contre les glycanes, des composés majeurs de leur paroi, ont
été découverts dans le sérum de patients atteints de pathologies auto-
immunes ou de la maladie de Crohn. L’étude de ces anticorps dirigés
contre la levure S. cerevisiae a d’ailleurs permis d’établir dès 2009 un
lien qui n’avait jamais été suspecté auparavant entre C.  albicans et
cette maladie 7. Nous reviendrons dans le chapitre III sur le cousinage
étroit entre le gluten et C. albicans, mais il est désormais démontré
que le premier favorise le second.

Les environnements propices
à la prolifération du candida
Aux causes générales déjà évoquées, il faut ajouter les facteurs
favorisant directement la prolifération des levures.

LA MAUVAISE HYGIÈNE, LA CHALEUR ET L’HUMIDITÉ


Les champignons se complaisent dans la chaleur, l’humidité et la
macération (contacts répétés avec l’eau, occlusion, transpiration,
obésité…). Inutile de leur faciliter la vie par le biais du port de sous-
vêtements synthétiques serrés ou par une hygiène insuffisante ou
inappropriée.
Ainsi, s’il faut respecter une hygiène rigoureuse après chaque selle
pour éviter de s’autocontaminer en cas d’antécédents de mycose
digestive ou génitale, mieux vaut éviter les douches vaginales et/ou
l’emploi de produits trop agressifs, qui peuvent blesser les
muqueuses, entraînant le résultat inverse que celui escompté. Dans le
même ordre d’idées, évitez localement les savons acides et les
parfums en cas d’antécédents de mycose cutanée ou des parties
intimes.

L’IRRITATION DES MUQUEUSES
De façon générale, toute agression des muqueuses favorise le
développement des spores de C.  albicans et sa transformation en
filaments mycéliens.
La sécheresse vaginale par carence œstrogénique lors de la
ménopause.
Des rapports sexuels trop fréquents ou inadaptés.
Une contraception locale par diaphragme ou par stérilet.
Une mucite (inflammation aiguë de la muqueuse) provoquée par
de la chimiothérapie ou de la radiothérapie.
L’irritation buccale chronique provoquée par les prothèses
dentaires, l’alcool, le tabac, les aliments irritants, les morsures et,
surtout, la sécheresse buccale (xérostomie). Cette dernière est due
notamment à un manque de salive (hyposialie), fréquent chez les
personnes âgées ou lors de la prise de certains médicaments,
comme les atropiniques prescrits en cas d’instabilité de la vessie.
Attention aussi aux boissons brûlantes régulièrement consommées
et aux solutions antiseptiques buccales utilisées de façon abusive :
elles décapent à la fois le microbiote buccal et la muqueuse. Pour
peu que l’hygiène buccale ne soit pas au rendez-vous, le résultat
est détonant. Les dentistes qui utilisent le microscope pour
examiner le parodonte (tissu de soutien de la dent) sont aux
premières loges pour constater la prolifération gingivale du
candida et la parodontite qui s’ensuit.

Du symptôme banal à la candidose


chronique
Au début, c’est une histoire simple. Le diagnostic de la mycose
localisée est relativement aisé. Si l’on doute devant des
manifestations buccales, anales ou génitales, un prélèvement local et
une analyse mycologique viennent le plus souvent trancher le
dilemme. En cas d’incertitude, il est légitime d’utiliser un traitement
antifongique local à titre d’essai sur une longue durée (voir ici). La
candidose peut frapper partout, mais les localisations les plus
courantes concernent la région génitale féminine. Il suffit de
constater le marché florissant des ovules gynécologiques pour se
convaincre de la bonne fortune des fabricants, qui n’a d’égale que la
mauvaise fortune des femmes concernées par le problème.
Cette infection est banale, il est vrai. Très pénible, mais banale.
Notons d’ailleurs que de 20 à 25 % des femmes hébergent du candida
au niveau de la zone vulvo-vaginale sans ressentir le moindre
symptôme… jusqu’à ce que notre opportuniste profite de la situation.
Attendant patiemment son heure, il sera là quand on ne l’attendra
plus. On a vu que de nombreuses situations favorisent C. albicans. Il
est fréquent que ces causes se surajoutent, s’associant parfois à des
contaminations externes, par exemple par le partenaire, qu’il faudra
penser à traiter.

AINSI VONT LES INFECTIONS URINAIRES ET LES PETITS TROUBLES


INTESTINAUX

Souvent, les infections urinaires précèdent la mycose,


l’antibiothérapie de l’un favorisant l’émergence de l’autre, ou bien
surviennent une diarrhée, des gaz malodorants, une crise de
ballonnement… Apparaît ensuite le temps des premières intolérances
alimentaires. Le sujet étant à la mode, vous avez vite fait d’essayer le
régime sans gluten. Et là, curieusement, vous vous sentez mieux.
C’était donc ça, c’était la faute à ce satané gluten ! Le réduire, voire le
supprimer, fait du bien, mais vous vous rendez compte très vite que
d’autres aliments viennent vous gâcher les plaisirs de la table. C’est
alors le moment de tenir une comptabilité précise de ce que vous
pouvez manger ou pas. Dans le registre des petits maux digestifs, il y
a bien aussi ces démangeaisons anales, résistantes aux vermifuges,
cette digestion difficile, ces reflux gastro-œsophagiens et ces maux
d’estomac, que l’on ne peut imputer à Helicobacter pylori (un autre
pathogène velcro) puisqu’il n’est alors pas retrouvé dans la cavité
gastrique.

LES TROUBLES DU CYCLE MENSTRUEL SONT DE LA PARTIE

La période prémenstruelle tant redoutée vous met les nerfs en boule


et le ventre en vrac. Votre libido est fluctuante, et il faut que votre
amoureux vous sorte le grand jeu pour connaître l’extase du septième
ciel. C’est seulement après coup que vous ferez le lien entre la
candidose et le temps anormalement long qu’il vous aura fallu pour
attendre votre petit dernier !

ET LA FATIGUE, N’EN PARLONS PAS !

Ou plutôt si, parlons-en  ! Mise sur le compte des suites d’une


grossesse difficile, des réveils nocturnes à cause du bébé ou de la
triade infernale métro-boulot-dodo avec de longs trajets, la fatigue est
là, attribuée au début à toutes sortes de raisons. Mais elle ne passe
pas. Présente dès le matin, elle s’estompe quand la tête est ailleurs,
prise dans le maelström de la vie. Elle revient à la première occasion
comme pour mieux vous signifier : « Je ne te lâcherai plus ! »
Peu à peu, vous sentez l’inquiétude poindre en vous. L’avenir n’est
plus rose, l’envie se dilue, la mémoire fout le camp, la concentration
se met aux abonnés absents… et vous voici persuadé que vous êtes en
train d’expérimenter l’alzheimer de la quarantaine ! Rien ne presse !
Là aussi, la fatigue va et vient. Au début, le repos vous fait du bien,
un congé de fin de semaine à la campagne, des vacances salutaires…
Peu à peu, cela ne suffit plus. Le sommeil se dérègle  : il devient
superficiel, non réparateur. Tantôt l’endormissement est difficile,
tantôt le réveil est trop facile, surtout au milieu de la nuit. Comment
se rendormir ? Aucun nuage significatif ne vient encombrer le ciel de
votre existence, mais celui-ci est gris ou bien d’un blanc déprimant.
Vous avez une impression de vide… La tête lourde, parfois
douloureuse, vous commencez à vous dire que cela n’est pas tout à
fait normal, que ça ne peut plus, ne doit plus durer…

UN MÉLANGE DE PETITS ET DE GRANDS SYMPTÔMES

Au bout de quelques années, vous êtes confronté à un ensemble de


petits ou de grands symptômes que vous ne comprenez pas. Pris
individuellement, ils ne sont pas forcément graves, mais mis bout à
bout ils constituent un tableau clinique complexe, pénalisant, voire
invalidant, qui dégrade votre santé et votre vie. Cela peut aller de la
récurrence d’un trouble particulier, comme une fatigue chronique
persistante, jusqu’à un arrêt de travail prolongé et l’abandon de toute
activité professionnelle avec déconnexion sociale. Entre les deux, il
existe toute une déclinaison de manifestations cliniques, parmi
lesquelles les troubles fonctionnels intestinaux et les perturbations de
l’immunité sont de loin les plus fréquents.

Les implications du candida
sur la santé
Alors, faut-il considérer que le candida est partout, derrière la
moindre pathologie, systématiquement ? La réponse est plus souvent
oui que non. À votre insu, il a poussé son avantage, étendant ses
ramifications mycéliennes dans toutes les brèches qui s’ouvriront
devant lui. Au fil du temps et des conditions favorisantes, la
candidose chronique s’est installée, et vous ne le savez pas encore.
Tôt ou tard cependant, vous ferez sa connaissance. Il faudra gérer sa
présence et les risques santé qu’elle vous fera courir, petits ou grands.
Le plus souvent, le problème sera circonscrit et vous apprendrez à
vivre avec lui. S’il ne vous affecte que de façon légère ou modérée,
vous ne saurez même pas la part qu’il prend dans votre état de santé.
Dans d’autres cas, il aura une grande responsabilité dans certains
troubles que vous allez développer. Dans d’autres cas encore, votre
organisme saura trouver la parade et vous allez le contrôler, sans
jamais l’éradiquer vraiment. Voici le message fondamental qu’il vous
faudra toujours vous remémorer : ne jamais sous-estimer C. albicans
et ses congénères.

PLUS QU’UN TROUBLE, UN SYNDROME

La plupart du temps, les personnes concernées par le candida s’en


accommodent, avec des symptômes mineurs qu’elles tolèrent, qu’elles
ont circonscrits. Le candida est là, contingenté et contrôlé, attendant
son heure. Usant d’une stratégie de grignotage, il s’exprime chaque
fois que l’occasion lui est donnée, et son pouvoir de nuisance
progresse alors d’un cran, jusqu’à ce que les troubles accumulés çà et
là constituent un ensemble complexe de manifestations dont le
dénominateur commun est le candida. C’est la définition au sens
propre d’un syndrome telle qu’elle est donnée par le Larousse  :
« Ensemble de plusieurs symptômes ou signes en rapport avec un état
pathologique donné et permettant, par leur groupement, d’orienter le
diagnostic. » Au sens figuré, le même terme désigne un « ensemble de
comportements particuliers à un groupe humain ayant subi une
même situation traumatisante ». Vu l’importance que peut prendre la
problématique de candidose chronique, le risque est d’en arriver là.
La difficulté du diagnostic et de la prise en charge de la candidose
provient de cette apparente simplicité, qui se transforme peu à peu en
complexité. Telle une anguille, le candida est difficile à voir et à
attraper. Il faut y penser sans en avoir peur et sans tomber dans
l’obsession. La compréhension du mode d’action de cette levure
permet de contourner ses stratégies et de l’empêcher de nuire. Là est
l’essentiel. Apprendre à reconnaître le candida et à lutter contre son
développement et ses conséquences est la clé pour en venir à bout.

LA CANDIDOSE N’EST PAS UNE MALADIE INFECTIEUSE COMME


LES AUTRES

Pas assez méchante à son tout début pour susciter la mobilisation de


tous les moyens pour la combattre, elle est redoutable si l’on se
contente d’en calmer les manifestations ou si l’on ne veille pas à
éviter de favoriser son émergence par la prévention. C’est d’autant
plus vrai que le candida n’opère pas forcément seul. S’installant dans
la durée, il fait la courte échelle à d’autres agents pathogènes pour
prendre d’assaut la citadelle immunitaire, ce qui contribue, par effet
d’alliance, à renforcer son propre pouvoir de nuisance. Cette
association réalise des co-infections redoutables (voir ici). Pour peu
que s’invitent la bactérie Borrelia, le virus d’Epstein-Barr, le
cytomégalovirus, le parvovirus B19, le virus de type herpès 6 ou tout
autre agent infectieux, le lent travail de sape des fondements du
système immunitaire s’accomplit inexorablement. Certaines
personnes sont plus sensibles que d’autres : exposition plus ou moins
précoce, capacité plus ou moins grande d’adaptation et de retour à la
situation de pleine santé, accumulation d’une pression perturbatrice
qui stresse l’organisme au fil du temps… Cela peut déboucher sur des
tableaux plus intriqués encore, dont le point commun est une
faiblesse de l’immunité, avec altération de ses deux fonctions
régaliennes  : la défense contre les agressions et la tolérance de
l’environnement et de soi-même. C’est la porte ouverte aux infections
à répétition, aux maladies auto-immunes, à l’inflammation cellulaire
chronique, aux pertes de capacité de réparation et au vieillissement
prématuré du tissu conjonctif de soutien et de protection de
l’organisme. Le pathogène faisant tout pour pousser son avantage, la
conjonction de facteurs favorisants et de son opportunisme
déstabilisent durablement l’organisme. C’est ainsi que l’on passe
progressivement du statut de terrain fragile à celui d’état de maladie.
Cela se fait à des degrés variables d’un individu à l’autre, et débouche
sur un large éventail de troubles, allant du plus simple au plus
complexe, latents ou expressifs, permanents ou récurrents, en tout
cas durables.
Dans l’histoire de chaque individu, un grand nombre
d’événements peut venir enrayer le bon fonctionnement du système
immunitaire et favoriser l’émergence de C.  albicans, voire le
développement d’une candidose chronique.

COMMENT FAIRE FACE AU DÉFI DE LA CANDIDOSE ?

L’évolution chronique dans le temps complique la tâche et favorise les


retards de diagnostic. Comme toujours en médecine, tout repose sur
une démarche clinique bien comprise. Il s’agit de partir des
manifestations cliniques pour aller au diagnostic en comprenant les
mécanismes du trouble ou de la maladie. Cette approche
physiopathologique est capitale pour mettre en place les bonnes
solutions, de façon adaptée aux enjeux.
Face à un transformiste comme C. albicans, il ne faut pas être naïf,
ni se dire que cela passera tout seul. Il faut lui opposer une stratégie
coordonnée à toutes les étapes du parcours :
au moment des premières manifestations cliniques traduisant
directement son pouvoir pathogène ;
en cas de signes indirects de sa présence, qu’il faut savoir
suspecter et interpréter, notamment quand les perturbations
générales sont peu spécifiques ;
lors de la mise en œuvre des solutions thérapeutiques, qu’elles
soient conventionnelles et moléculaires, ou bien complémentaires
et naturelles.
Il faut véritablement considérer la candidose chronique comme un
défi à la santé. La question n’est pas de savoir si vous serez confronté
au candida, mais comment vous allez le gérer, le circonscrire, le
maîtriser et apprendre à vivre avec lui, pour qu’il ne puisse pas nuire.
À toute chose, malheur est bon : le candida vous obligera à vous
occuper de vous, à mieux gérer votre santé, de façon globale et
intégrative.
Ainsi, C. albicans peut être la meilleure ou la pire des choses. Dans
le premier cas, il amène à un comportement vertueux  ; dans le
second, il peut vous faire chuter. En réalité, il conduit le plus souvent
à cet entre-deux imparfait qui, sans vous abattre, laisse subsister des
incompréhensions et des insatisfactions. Il est grand temps
d’approfondir la question, d’apprendre à reconnaître les signes
cliniques provoqués par le candida, de débusquer la candidose
chronique et de faire de vous le patient de la première situation, celle
qui débouche sur une santé recouvrée et préservée.
CHAPITRE II

Comment reconnaître
les différentes candidoses ?

Les infections fongiques dues aux levures du genre Candida ont


profité de l’accroissement des conditions environnementales
favorables à leur expansion, doublant leur fréquence en une
génération. Candida albicans, leur principal représentant, est
responsable de la majorité des manifestations cliniques. Par
opposition aux candidoses profondes ou systémiques, qui se
traduisent par des septicémies et des atteintes viscérales
potentiellement graves et souvent mortelles, les candidoses dites
superficielles représentent les infections les plus courantes. Elles
peuvent se classer en deux catégories :
les atteintes externes, sur la peau, les ongles, les seins, les
muqueuses accessibles au simple examen visuel (les parties
génitales, la région anale) ;
les atteintes de la muqueuse digestive, c’est-à-dire la bouche,
l’œsophage, l’intestin grêle, le côlon.
Les atteintes externes : peau, sein,
ongles et parties génitales

LES MYCOSES DE LA PEAU, DES POILS ET DES ONGLES


Au niveau cutané, C. albicans n’est jamais trouvé à l’état normal, alors
qu’il existe à l’état saprophyte au niveau du tube digestif et des
muqueuses génitales. Sa présence sur la peau se traduit par des
plaques rosées ou rouge vif aux bords irréguliers, souvent entourées
d’un pourtour blanchâtre et accompagnées de démangeaisons locales.
Parfois, la peau peut peler ou des pustules peuvent apparaître. Les
localisations prédominent au niveau des plis, et l’on parle alors
d’intertrigo. À ce niveau, le manque d’hygiène, l’obésité, la chaleur,
l’humidité, la transpiration et la macération créent des conditions
idéales pour la prolifération du candida. Il peut entraîner un
intertrigo des grands plis, volontiers accompagné de fissures. Cela
concerne les régions inguinale (la racine de la cuisse), axillaire (sous
les bras), abdominale, sous-mammaire et inter-fessière. Chez le
nourrisson, l’atteinte constitue le fameux érythème fessier que
connaissent bien les jeunes mamans.
Au niveau des petits plis, la localisation touche les plis
interdigitaux des mains, parfois des pieds. À cette extrémité du bas
du corps, l’atteinte mycosique peut donner un aspect de peau
farineuse et marbrée au niveau de la plante des pieds, ou bien se
manifester sous la forme d’une peau suintante fissurée entre les
orteils.
Bon à savoir
Cette atteinte des petits plis ne doit pas être confondue avec le pied d’athlète, qui
est une mycose provoquée par une autre variété de champignons, de la famille des
dermatophytes.

Vous risquez la prolifération du candida aux extrémités si vous


souffrez de transpiration (hyperhidrose), si vous êtes en contact
fréquent avec l’eau (si vous êtes plongeur dans la restauration, par
exemple) ou si vous devez, pour des raisons professionnelles,
maintenir vos mains ou vos pieds sous occlusion (port de gants, de
chaussures de sécurité, de bottes…). Même sanction si vous êtes
sportif, en raison de la transpiration et/ou du port prolongé des
chaussures de sport (en dehors de la pratique sportive). Des
folliculites candidosiques, marquées par une inflammation et une
suppuration locale, peuvent exister au niveau des poils. Elles sont
notamment retrouvées en cas d’héroïnomanie, et traduisent alors une
septicémie à Candida.
Au niveau de la barbe et du cuir chevelu, les mycoses se
traduisent souvent par des plaques rouges, par des démangeaisons ou
par des pellicules.
C. albicans peut également contaminer les ongles (onyxis) ou leur
pourtour (périonyxis), pouvant aller jusqu’à la tuméfaction
douloureuse de la matrice unguéale. Cette localisation est favorisée
par l’exposition répétée à l’eau et les agressions mécaniques de l’ongle
(par exemple, chez les marcheurs, les coureurs ou les randonneurs,
notamment en montagne).
La transmission se fait essentiellement à partir de soi-même (de
son propre réservoir intestinal), parfois à partir d’objets souillés
(gants, chaussures, linge de toilette) ou de surfaces contaminées (sol
des piscines par exemple).
Un prélèvement pour examen mycobactériologique peut être
nécessaire pour faire le diagnostic différentiel.

LES MYCOSES MAMMAIRES
Au niveau du sein, l’atteinte peut concerner le mamelon et les canaux
lactifères, entraînant une candidose mammaire, fréquente chez la
femme allaitante. Cela se traduit par des douleurs intenses du
mamelon et/ou du sein, parfois bilatéralement (bien que le bébé tète
de façon correcte), des démangeaisons, des sensations de brûlure,
d’élancement pendant toute la tétée, surtout vers la fin, persistant
entre les tétées (ce point permet de faire la différence avec une
douleur mammaire qui serait due à une succion trop vigoureuse du
bébé). Le nourrisson présente souvent un muguet dans le même
temps, voire un érythème fessier, la contamination se faisant le plus
souvent dans le sens mère-enfant. Prévenir la candidose mammaire
en cours d’allaitement est une nécessité, compte tenu du risque de
sevrage non désiré. C’est d’autant plus vrai qu’il existe également une
mycose vaginale ou une crevasse au niveau du sein, une prise
d’antibiotiques, une contraception orale œstrogénique, une fatigue ou
une baisse des défenses immunitaires. Enfin, des problèmes d’hygiène
peuvent être en cause, soit par défaut, soit par excès de zèle.

LES MYCOSES GÉNITALES
En matière de candidose, il ne faut pas hésiter à s’intéresser à ce qui
se passe en dessous de la ceinture, où se trouvent la région génito-
urinaire et la zone d’abouchement du tube digestif. Des
manifestations cliniques actuelles ou antérieures de candidose
périnéale constituent un facteur de présomption très fort en faveur de
l’existence d’un réservoir intestinal actif de Candida, autrement dit
d’une candidose digestive chronique. Concrètement, outre un
possible intertrigo de l’entrejambe et des plis inguinaux, l’atteinte
mycosique peut concerner le secteur périanal ainsi que la marge
anale et le sillon. La candidose ano-rectale se révèle par un prurit
anal (cela démange  !), et se traduit visuellement  : la muqueuse est
écarlate, érosive et suintante en collerette autour de l’orifice terminal
du tube digestif.
C.  albicans trouve les conditions idéales pour se développer au
niveau génital  : chaleur, humidité, irritation mécanique,
contamination… Il peut concerner les muqueuses externes
masculines et féminines.

Chez l’homme

Il provoque une inflammation du gland (balanite), qui se traduit par


des rougeurs, un prurit, une sensation de brûlure. Un dépôt
blanchâtre peut se retrouver entre le prépuce et le gland, trahissant la
présence de C. albicans. Parfois, des petites vésicules sont présentes à
sa surface, ainsi que des lésions légèrement saillantes (papules). Dans
d’autres cas, c’est un suintement local, voire un écoulement du méat
urétral (l’orifice par lequel sort l’urine) qui alerte la victime, étonnée
de ces manifestations inhabituelles. Dans ce dernier cas, une urétrite
(atteinte du canal urinaire excréteur) peut être suspectée. Chez la
personne obèse, l’atteinte peut s’étendre au pénis, au scrotum et
jusqu’à l’aine. La candidose génitale masculine est généralement
provoquée par un rapport sexuel. De fait, le traitement devrait
s’appliquer également aux parties génitales du conjoint.

Chez la femme et la jeune fille


Les candidoses génitales sont très fréquentes et provoquées dans
80 % des cas par C. albicans. L’atteinte vulvaire se manifeste par des
démangeaisons déplaisantes. Cette vulvite s’accompagne du même
type de manifestations que chez l’homme, auxquelles s’ajoute souvent
une localisation vaginale sous forme d’abondantes pertes blanches
(leucorrhées), à l’aspect de lait caillé. Elles sont désagréables et
malodorantes, plutôt acides, et peuvent s’accompagner de
démangeaisons (prurit) intenses, avec impression de brûlure. La
sensation de chaleur peut être perçue comme douloureuse, voire
insupportable, avec une sensibilité accrue par le contact des sous-
vêtements ou des serviettes hygiéniques, ou en cas de rapport sexuel.
La muqueuse génitale, habituellement rose, devient rouge et luisante,
parfois écarlate. Des ulcérations peuvent apparaître, ainsi que des
petites fissures ou de l’œdème (gonflement), ce qui se traduit par une
vulve tuméfiée. Uriner devient douloureux et pénible.
À ses débuts, la mycose peut ne procurer qu’un simple inconfort
vulvo-vaginal, avec la perception d’une gêne au niveau des parties
intimes, entre les petites lèvres, parfois un peu autour de la vulve, et
dans le vagin. Si cela ne persiste pas, ce n’est pas obligatoirement lié
à la prolifération de C.  albicans, mais peut correspondre à une
irritation passagère d’origine mécanique (frottement, relation
sexuelle) ou à une sécheresse vaginale liée à un déficit œstrogénique,
notamment lors de la ménopause. Cette gêne peut aussi traduire une
tentative infructueuse des levures déjà implantées localement de se
développer et d’exprimer ainsi leur pouvoir pathogène. Cela signifie
que la flore vaginale reprend le contrôle de la situation. Ce même
désagrément génital peut aussi traduire un développement agressif
du candida. Ne le négligez pas et prenez au minimum des mesures
préventives (voir ici et ici). Veillez à vous soigner au moindre doute,
surtout en cas d’antécédents candidosiques génitaux. Même bien
traité, C.  albicans repart à l’attaque dès qu’il le peut. Dès lors, une
première candidose vaginale risque d’inaugurer une longue série.
C’est d’autant plus vrai que l’atteinte fongique génitale renvoie à un
probable foyer de candidose intestinale  : il existe une corrélation
directe 8 entre les deux (voir ici).
Comme pour l’homme, la transmission peut être sexuelle, et il
convient de dépister et de traiter le partenaire. L’usage du préservatif
constitue une protection possible, mais non absolue  : une
contamination cutanée reste théoriquement possible au niveau du
périnée (entrejambe). La meilleure prévention reste l’abstinence tant
que l’infection n’est pas éradiquée localement.

Chez la femme enceinte

Au cours de la grossesse, le risque de développer une vulvo-vaginite


candidosique est accru 9 du fait de l’imprégnation hormonale intense
des tissus. Présents en abondance, les œstrogènes nourrissent la paroi
vaginale, tel un engrais, et stimulent la croissance du candida en
abaissant la capacité naturelle de la muqueuse génitale à inhiber la
croissance de C.  albicans. Ils abaissent le taux d’anticorps anti-
candida dans les sécrétions vaginales. De même, l’augmentation de la
sécrétion de progestérone, autre hormone féminine d’importance
pendant la gestation, diminue la capacité de lutte anti-candida de
certains globules blancs impliqués dans les défenses immunitaires, les
polynucléaires neutrophiles. Œstrogènes et progestérone favorisent
également l’augmentation du glycogène, un sucre complexe, dans le
vagin, ce qui constitue un excellent carburant pour les levures.
Résultat : au cours d’une première grossesse, on retrouve C. albicans
dans 40  % des cas, un chiffre qui monte à 60  % au cours des
grossesses suivantes. Il peut être asymptomatique, c’est-à-dire sans
signes apparents. La mycose vulvo-vaginale touche malgré tout trois
quarts des femmes au moins une fois au cours de leurs différentes
grossesses. Plus la grossesse se rapproche du terme, plus le risque est
augmenté, culminant au cours du dernier trimestre, pendant lequel
les épisodes mycosiques sont trois fois plus fréquents.
Prévenir, dépister et traiter une éventuelle infection génitale à
candida dans un contexte de gestation est une préoccupation
constante des gynécologues et des sages-femmes compte tenu du
risque accru d’accouchement prématuré et de contamination
néonatale. Il s’agit d’éviter une candidose congénitale du nouveau-né,
caractérisée soit par une atteinte cutanée, soit plus rarement, mais de
façon plus redoutable, par une dissémination systémique (touchant
alors les organes internes). L’infection fongique à la naissance est
également plus fréquente en cas de grande prématurité (moins de 32
semaines de gestation), de petit poids de naissance (moins de
1,5 kg). La prise en compte de cette éventualité est devenue un enjeu
de santé publique puisque la Haute Autorité de santé (HAS) a émis
en 2001 des recommandations 10 sur la prévention anténatale du
risque infectieux bactérien néonatal précoce, qui concerne également
le risque de mycose vaginale.
En pratique, un prélèvement vaginal à visée diagnostique est
souvent réalisé en cours de grossesse. Celui-ci n’étant pas forcément
positif, même en cas de propagation du candida, le traitement curatif
doit se faire sans attendre, dès que le diagnostic clinique du médecin
est posé, en tenant compte des spécificités de la grossesse. On en
revient toujours à la prévention pour minimiser le risque.

EST-CE BIEN UNE CANDIDOSE VAGINALE ?


Toute vaginite n’est pas infectieuse —  elle peut être traumatique ou
mécanique  —, et toute infection vaginale n’est pas mycosique,
d’autres agents pathogènes pouvant être responsables. Lorsque les
manifestations ne sont pas franches, il est facile de se tromper.
N’oublions pas que des pertes blanches, même abondantes, ne sont
pas anormales si elles sont fluides et transparentes. Elles sont
présentes juste avant l’ovulation, en cas de grossesse ou de port de
stérilet (par stimulation de la production de glaire cervicale par le fil
sortant du col cervical). Non pathologiques, ces pertes ne
s’accompagnent d’aucun des désagréments décrits précédemment, et
la muqueuse génitale est parfaitement normale. D’autres causes
pathologiques peuvent affecter la zone vulvo-vaginale ; elles relèvent
alors, une fois le diagnostic posé, de traitements spécifiques.
Comment faire la différence ?

La crise d’herpès génital

Dans certains cas, l’inflammation de la muqueuse peut être


provoquée par une crise d’herpès génital : la brûlure est intense, des
vésicules suintantes apparaissent, puis des croûtes se forment. La
guérison survient en huit à dix jours. Des récidives sont possibles.

L’infection sexuellement transmissible

Une infection sexuellement transmissible (IST) doit être évoquée,


notamment en cas de partenaires sexuels multiples. Comme elle peut
passer inaperçue ou donner des troubles locaux plus ou moins
intenses, son diagnostic n’est pas forcément facile, d’où l’intérêt d’un
prélèvement local avec analyse mycobactériologique pour faire la part
des choses.
Le pathogène peut être un parasite. Voici venir Trichomonas
vaginalis. Qui est-il  ? Cet organisme unicellulaire flagellé, très
contagieux, est responsable de l’infection sexuellement
transmissible non virale la plus répandue dans le monde. Cette
infection, souvent silencieuse chez l’homme, sans signe apparent
chez 50  % des femmes, peut donner de redoutables
complications  : stérilité masculine, inflammation de la prostate
(prostatite), atteinte de l’utérus (endométrite) et/ou des trompes
(salpingite), infertilité féminine. Lorsque T.  vaginalis s’exprime
cliniquement, il provoque d’épaisses pertes jaunâtres ou verdâtres,
parfois nauséabondes.
Dans d’autres circonstances, le vecteur de l’IST est une bactérie, et
entre alors en scène Chlamydiae trachomatis, responsable de la
chlamydiose. C’est la maladie bactérienne sexuellement
transmissible la plus fréquente entre 16 et 24 ans, surtout chez les
femmes. On la redoute d’autant plus qu’elle ne donne aucun
trouble la plupart du temps et qu’elle est également une source
fréquente de stérilité pour les deux sexes. Elle peut également
provoquer des brûlures, un écoulement trouble par la verge,
l’anus ou le vagin, parfois de la fièvre ou une douleur dans le bas-
ventre.

Les affections dermatologiques

Certaines affections dermatologiques peuvent également affecter la


région génitale féminine.
Un eczéma peut atteindre la vulve, qui devient érythémateuse et
sensible, mais avec peu ou pas de pertes génitales. Cela traduit
alors une irritation ou une allergie de contact. Le ou les
coupables  ? Protections hygiéniques, tissu synthétique ou
contenant des colorants agressifs, produit d’hygiène intime irritant
ou inadapté (par exemple trop acide), réaction au latex du
préservatif… La solution passe par l’éviction du contact litigieux.
Un psoriasis génital peut affecter la région vulvaire (chez
monsieur, l’atteinte du pénis peut concerner le gland). Il touche
de 30 à 40 % d’entre eux, se traduisant au niveau de la muqueuse
par un épaississement rouge, peu ou pas squameux (absence de
fines lamelles de peau morte) à cause de l’humidité naturelle de
la zone, et une possible évolution vers une sécheresse, voire une
surinfection.
Plus rarement, il s’agit d’un lichen scléro-atrophique. Cette
atteinte chronique non infectieuse se traduit par une irritation
prurigineuse rougeâtre de la muqueuse génitale, d’aspect variable,
bien délimitée, un peu indurée, voire suintante. La lésion peut
déborder parfois sur la peau avoisinante, où elle prend un aspect
sec, pâle, parfois nacré, et devient progressivement plus épaisse et
indurée. Le diagnostic, visuel, sera effectué par un médecin
expérimenté.

La vaginose

La vaginose mérite d’être considérée à part, dans la mesure où elle


constitue le principal facteur favorisant des infections génitales
féminines, plus particulièrement de la candidose vaginale, avec
laquelle elle ne doit pas être confondue.

De la vaginose à la vaginite
Comme au niveau de l’intestin, la paroi du vagin est normalement
recouverte d’un biofilm bactérien protecteur constitué de façon
dominante (à 95  %) par ce qu’on appelle la flore de Döderlein, qui
est composée de lactobacilles, des bactéries lactiques, essentiellement
Lactobacillus crispatus, L. gasseri, L. jensenii, et L. iners. En produisant
de l’acide lactique ainsi que du peroxyde d’hydrogène (H2O2), et
grâce à leur pouvoir d’adhésion aux surfaces cellulaires vaginales, ces
lactobacilles s’opposent au développement de bactéries anormales et
pathogènes, et exercent des actions antibiotique, antimycosique et
antivirale directes par la production de biosurfactant protecteur. Cette
flore lactobacillaire normale laisse peu de place à la flore sous-
dominante (qui ne représente que 5  % du total), dans laquelle on
peut retrouver Escherichia coli ainsi que C. albicans à l’état de spores.
Le microbiote vaginal peut se déséquilibrer (dysbiose), soit du fait
d’une diminution quantitative des lactobacilles, soit parce que ces
derniers connaissent une baisse qualitative les rendant moins
efficaces (moindre adhésivité, moindre sécrétion en H2O2 ou en acide
lactique). Le microbiote normal est alors remplacé par des bactéries
anaérobies (qui peuvent se développer en l’absence d’oxygène),
responsables de pertes vaginales adhérentes et malodorantes. Il en
résulte une inflammation chronique de la paroi interne de la cavité
vaginale. Cela traduit ce qu’il faut malgré tout considérer comme un
état infectieux, même si celui-ci ne présente pas le caractère de
gravité des vaginites à Trichomonas ou à Chlamydiae. On estime
qu’elle représente de 50 à 60 % de toutes les infections de la vulve et
du vagin. Si vous êtes enceinte, soyez vigilante, car la dysbiose
vaginale, avec ou sans mycose, favorise l’accouchement prématuré et
un poids de naissance insuffisant chez le bébé.
La vaginose n’est pas considérée comme une IST. Elle se
caractérise par une profonde modification de la flore habituelle du
vagin, une quasi-disparition des lactobacilles et le développement
anormal d’une flore polymorphe, dont Gardnerella vaginalis (dans
95  % des cas) et différents types de bactéries anaérobies, comme
Mycoplasmes. Dans ce contexte, C.  albicans a toute latitude pour se
développer !
Entre 10 et 20  % des femmes découvrent les patronymes
inquiétants de ces bactéries à l’occasion d’un prélèvement vaginal
destiné à confirmer le diagnostic de vaginose. Celle-ci est
probablement sous-estimée, car asymptomatique dans la moitié des
cas. Sa guérison n’est pas forcément simple  : 30  % de récidives à
quatre semaines, 82  % à trois mois 11. Son traitement conventionnel
passe par la prise d’antibiotiques spécialisés, les imidazolés, parmi
lesquels le métronidazole (Flagyl®) ou le secnidazole (Secnol®). Avec
eux, les chiffres ne sont pas plus encourageants, car, si l’on constate
70 % de guérison immédiate, la récidive est de 66 % trois mois plus
tard… Lutter contre le candida ou ces bactéries anaérobies qui ont
pris le pouvoir passe aussi par la restauration d’une flore de
Döderlein normale, ce qui suppose notamment l’arrêt des facteurs
favorisants de la dysbiose vaginale (antibiothérapies à répétition,
douches vaginales, produits d’hygiène féminine, bains moussants,
chlore des piscines) et le recours à des probiotiques locaux. Encore
faut-il penser à la vaginose et la diagnostiquer. En effet, celle-ci peut
toucher toutes les femmes, y compris celles qui n’ont pas de rapports
sexuels, et elle accroît le risque d’infections urinaires et de vaginite à
Candida ou à d’autres germes.

Le calvaire des candidoses vaginales


à répétition
Le problème des infections génitales qui émaillent le parcours génital
de nombreuses femmes est qu’elles génèrent des traitements, locaux
ou généraux, qui augmentent le risque de dysbiose intestinale et
vaginale. D’antifongiques en antibiotiques, le microbiote de la filière
génitale n’a pas toujours les possibilités de se reconstituer et de
retourner à l’équilibre, surtout en cas de persistance des facteurs
favorisants ou de traitement inadapté ou trop court. En cas de
persistance de la dysbiose vaginale, le risque de récidive reste élevé,
aboutissant aux très pénibles mycoses vulvo-vaginales récidivantes,
ou candidoses génitales récidivantes chroniques, définies par la
survenue d’au moins quatre épisodes par an. Certaines femmes en
développent un épisode presque tous les mois, notamment en période
périmenstruelle, d’autres après chaque rapport sexuel. On parle alors
de formes sévères.
Récidives fréquentes plus primo-infections à Candida expliquent
que la recherche du candida concerne 20 % des examens pratiqués en
laboratoire d’analyses médicales. Les mycoses vaginales sont
particulièrement pénibles dans leurs manifestations aiguës répétées,
et restent souvent handicapantes le reste du temps. Il suffit de
parcourir la Toile et de lire les témoignages sur les forums de
discussion pour s’en convaincre.
Témoignages
Une anonyme raconte : « J’en souffre énormément ; je ne vais plus à la piscine, je
ne peux plus faire de vélo et même quand je m’assois, ça me brûle, je ne sais plus
quoi porter tellement tout m’irrite. »
Une autre personne témoigne : « J’ai tout essayé ! Antibiotiques durant un an (ce
qui m’a encore plus détruit je pense  !), huiles essentielles, crèmes, reconstituants
de flore, canneberge… J’ai changé plusieurs fois de gynéco ! Durant deux ans, prise
de sang et frottis toutes les semaines… pour qu’à chaque fois on me dise que je n’ai
rien, mise à part que j’ai la flore vaginale détruite et que je suis sujette aux mycoses
et cystites. Tous les traitements n’ont donc jamais servi à rien ! Je pensais que tout
était dû aux rapports (avec un seul partenaire), mais ça fait cinq mois que je n’ai
plus d’activité sexuelle et j’ai toujours aussi mal, dedans, dehors, je ne peux même
plus me laver ou m’essuyer sans souffrir. C’est horrible. »

Du fait de la dysbiose vaginale sous-jacente et/ou de la


persistance locale des levures et des filaments mycéliens,
l’inflammation de la muqueuse peut perdurer de façon chronique de
façon latente, entraînant au minimum de faibles démangeaisons, un
fond plus ou moins permanent de douleurs et des sensations de
brûlure. L’intensité et la persistance des symptômes génitaux peuvent
vite tourner au cauchemar  ! À ce stade, faire un bon diagnostic et
confirmer la candidose chronique est primordial, pour éviter une
automédication sauvage qui peut au final compliquer les choses, et
afin d’apporter une réponse personnalisée adaptée à la situation de
chacune.

Les localisations digestives
Les localisations génitales s’alimentent le plus souvent à partir d’un
réservoir intestinal de candida. C’est en effet dans les entrailles, et
plus précisément tout au long des six mètres de l’intestin grêle (iléon)
et du mètre soixante du gros intestin (côlon), que les levures vivent à
l’état endémique, attendant une occasion favorable pour essaimer.
C’est dès l’entrée du tube digestif que les champignons
unicellulaires peuvent commettre leurs méfaits.

LE MUGUET

Quoique portant le nom de la célèbre fleur du premier mai, cette


candidose buccale ne porte pas chance et il faut s’en débarrasser. Elle
est fréquente chez le nourrisson, la maturation de son système
immunitaire n’étant pas achevée, et elle se traduit par un aspect
pseudomembraneux de la muqueuse, qui se couvre de taches
blanchâtres, à l’aspect de lait caillé, adhérant fortement. Elles
croissent sur la langue et la paroi interne des joues, affectant parfois
tout le palais et les gencives. Pour ne pas confondre le muguet avec
des traces de lait caillé chez le tout-petit, on frotte la zone concernée
à l’aide d’un écouvillon  : en cas de muguet, les plaques de couleur
blanc-crème auront du mal à se détacher. Par ailleurs, elles peuvent
s’accompagner de lésions rougeâtres et de zones dépapillées sur la
langue. Au début de l’infection, les signes peuvent être moins francs.
Il faut aussi suspecter un muguet si le bébé devient grognon,
maussade, s’il a du mal à téter ou à manger, et naturellement en cas
de candidose mammaire s’il est nourri au sein. Chez l’adulte, un
muguet peut également être retrouvé. En l’absence de traitement, il
peut s’étendre au pharynx et être responsable de troubles de la
déglutition. Il concerne plus particulièrement les personnes traitées
par antibiotiques à large spectre, comme les cyclines, en cas
d’immunodépression (sida par exemple).

LA STOMATITE

L’atteinte buccale par le candida peut être moins évocatrice et se


présenter sous une forme érythémateuse atrophique  : la muqueuse
devient rouge, brillante, vernissée. Cela traduit une inflammation
aiguë ou chronique de la muqueuse buccale, la stomatite. On
retrouve l’impression de sécheresse de la bouche, la sensation de
chaleur, la perception d’un goût métallique. Parfois limitée à la
surface de la langue, l’infection fongique donne un tableau
d’inflammation de la langue (glossite), avec impression de langue
cuite, plus ou moins rouge et dépapillée.
Dans d’autres cas, la muqueuse de la paroi interne de la joue et de
la langue se couvre de plaques blanc jaunâtre. Cette forme, dite
hyperplasique, peut se confondre avec un lichen ou une lésion
précancéreuse (leucoplasie), et pourra nécessiter l’avis d’un médecin
dermatologue.

LA PERLÈCHE

La perlèche, uni- ou bilatérale, parfois discrète, toujours persistante et


gênante, est un intertrigo de la commissure labiale  ; le pli devient
rouge, plus ou moins suintant, fissuré. La lésion, discrète à son
commencement, peut s’étendre à la peau adjacente et au reste de la
lèvre. On se gardera de la confondre avec un eczéma et d’y appliquer
une crème corticoïde, qui a la particularité de faire flamber la mycose
locale. La perlèche peut être le siège d’une surinfection bactérienne à
staphylocoque doré ou à streptocoque, et se transformer en impétigo,
nécessitant un traitement antibactérien local et non pas seulement
antifongique.
De plus en plus de chirurgiens-dentistes découvrent la présence
du candida à l’occasion d’un prélèvement au niveau du sillon gingivo-
dentaire, c’est-à-dire entre la dent et la gencive, dans le cadre du
bilan des parodontopathies (maladies du parodonte, le tissu de
soutien de la dent, comprenant l’os et la gencive). L’examen direct au
microscope se fait en temps réel au cabinet dentaire. La détection du
candida est un marqueur de dysbiose buccale amenant à traiter
localement, par exemple à l’aide de probiotiques spécialisés, d’huiles
essentielles et d’extraits de plantes (voir ici).

L’ŒSOPHAGITE

Plus bas dans l’organisme, on trouve les candidoses de l’œsophage.


Elles aussi cohabitent souvent avec une infection par le VIH, au point
qu’elles en constituent le principal marqueur. S’il y a bien un virus qui
déroule le tapis rouge devant le candida, c’est bien le virus de
l’immunodéficience humaine. Aux premiers temps de la découverte
du sida, quand le dépistage n’était pas organisé comme il l’est
désormais, la maladie se manifestait souvent en premier lieu par une
œsophagite à candida. Cela peut être encore le cas de nos jours chez
les patients qui échappent au dépistage. Souvent associée à une
atteinte buccale, cette localisation est aggravée par la consommation
de tabac et d’alcool. Elle se traduit par une déglutition difficile et des
douleurs situées juste en arrière du sternum, au niveau du thorax.
Hors sida, l’atteinte œsophagienne peut se rencontrer chez des
patients se plaignant de reflux en provenance de l’estomac, avec
sensation de brûlure ou de gêne rétrosternale. Cela peut être aussi
des aigreurs d’estomac ou bien la sensation d’être rassasié au bout de
seulement quelques bouchées de nourriture. C’est parfois au cours
d’un examen endoscopique que le médecin gastro-entérologue fait le
diagnostic de candidose, soit à l’examen visuel direct, soit à l’aide
d’un prélèvement et d’un examen en laboratoire.

COLITES, RECTITES…

Allons plus bas encore, à la rencontre de la candidose digestive,


l’originelle, la primordiale, celle qui concerne l’intestin. Elle peut aller
de l’estomac jusqu’à l’extrémité du côlon et au rectum, en passant par
l’intestin grêle, quand elle ne déborde pas au niveau anal. Que cela
soit sous forme d’entérite, de colite, de rectite, voire d’ano-rectite, elle
ne se constate pas de visu, sauf au niveau du côlon et du rectum en
cas de recto-coloscopie. Elle peut rester longtemps silencieuse,
sournoisement discrète. Souvent, la présence active du candida
s’exprime par des troubles fonctionnels intestinaux non spécifiques
d’intensité variable, qui peuvent devenir gênants, voire invalidants  :
ballonnements, douleurs abdominales, spasmes intestinaux,
perturbations du transit avec selles molles ou liquides, épisodes de
diarrhées profuses ou alternance de diarrhée et de constipation. Ces
troubles peuvent aussi bien commencer ou se réveiller à l’occasion
d’un traitement antibiotique ou d’une gastro-entérite virale. Ils
peuvent s’ajouter à des troubles digestifs d’origine haute (mauvais
fonctionnement du foie et de la vésicule biliaire, insuffisance
sécrétoire pancréatique ou gastrique) ou d’origine basse (intolérance
et sensibilité à certains aliments, perturbation de la motricité
intestinale, déséquilibre du microbiote…). Là est toute la difficulté :
la traduction clinique de l’activité intestinale du candida ne porte pas
sa signature. Tant qu’il n’y a pas d’extériorisation de la levure
pathogène en dehors du tube digestif, celle-ci reste invisible et est
présumée innocente. Cela ne doit pas empêcher de la suspecter, car la
candidose intestinale devient facilement chronique. Vous pouvez en
être atteint sans le savoir, et attribuer à d’autres causes la
responsabilité de vos troubles digestifs.

De l’épisode isolé à la candidose


chronique
Un épisode de candidose digestive ne signifie pas pour autant que
l’engrenage inéluctable de la maladie infectieuse chronique est
enclenché. Un déséquilibre du microbiote intestinal, une baisse des
défenses immunitaires ou des facteurs alimentaires donnent
l’occasion à la levure de sortir de sa posture attentiste. Si ces facteurs
sont corrigés, pour peu que la flore se reconstitue dans de bonnes
conditions à la surface de la muqueuse digestive, le candida sera
empêché de pousser plus loin son avantage, et retournera peut-être
même à son réduit d’origine, d’où l’intérêt de renforcer la résilience
naturelle de l’organisme en traitant le terrain (voir ici). Perturbateur
immunitaire de premier ordre, le candida exerce d’autant mieux son
pouvoir pathogène qu’il tire le meilleur parti de la dysbiose locale, de
l’inflammation à bas bruit de la muqueuse digestive et de la porosité
intestinale qu’il contribue à provoquer et à entretenir. Il crée les
conditions de sa survie et de son développement en même temps qu’il
saisit toutes les opportunités pour renforcer ses positions. La
candidose digestive peut prendre tout son temps pour s’installer et
devenir chronique, d’autant que ses signes cliniques sont souvent
banalisés ou non reconnus. C’est particulièrement vrai pour les
symptômes extradigestifs, comme l’apparition d’une fatigue
chronique, de troubles nerveux, allergiques ou métaboliques, et de
toute une kyrielle de manifestations fonctionnelles diverses et variées.
Pris individuellement, chacun de ces symptômes peut être considéré
comme sans gravité, mais leur accumulation et leur persistance font
tout le drame de la candidose chronique, autant que l’épineux
problème de sa non-reconnaissance. Toute la difficulté est de faire le
lien entre tous ces troubles et C. albicans. C’est à cette condition que
l’on peut ensuite envisager une prise en charge efficace et une
résolution de l’infection fongique. En attendant, un mot d’ordre
s’impose : la suspicion.
CHAPITRE III

La candidose chronique

Les critères de suspicion : candida es-


tu là ?
La caractérisation d’une candidose chronique est d’abord un
diagnostic de suspicion. Il faut y penser, et, devant un faisceau
d’éléments qu’il faut rechercher et rassembler au sein d’une synthèse
clinique, déclencher un certain nombre d’examens complémentaires.
Ce qui importe n’est pas de dire que chaque patient est porteur du
pathogène fongique, de nombreuses personnes vivant avec le candida
sans développer la maladie. De même, présenter un épisode isolé de
candidose aiguë sous forme de muguet buccal ou de mycose vaginale
n’implique pas forcément de se retrouver entraîné dans la spirale
infernale de la colonisation fongique.

UN PARCOURS CHAOTIQUE
La plupart du temps, notre organisme retrouve son équilibre en
utilisant ses moyens de défense immunitaire et ses capacités de
réparation tissulaire. Le microbiote local se reconstitue, pour peu que
l’on évite de le contrarier par une hygiène de vie inadaptée, mais c’est
sans compter l’opportunisme du candida. Il est capable de se saisir de
la moindre occasion pour pousser son avantage, profitant des
modifications intempestives de son écosystème, de la complicité
éventuelle d’autres agents infectieux, de la défaillance de notre
immunité, de conditions alimentaires défavorables et, de façon
générale, de l’intrication de causes multiples, pas forcément majeures
quand elles sont prises individuellement, mais dont l’accumulation
finit par modifier le rapport de forces en sa faveur.
Le parcours de Candida albicans est chaotique, tout comme celui
d’Homo sapiens sur cette planète. Les forces et les interactions en jeu
sont nombreuses et complexes. Leurs variations, même faibles,
peuvent aboutir à des résultats très différents. Comment s’écrit
l’histoire de C.  albicans  ? Doit-on la comparer à un phénomène
météorologique, la mycose n’étant qu’un simple orage qui ne ferait
que passer  ? Comme l’écrit avec brio le professeur d’histoire Yuval
Noah Harari dans son brillant opus 12  : «  Il existe deux formes de
systèmes chaotiques. Le chaos de niveau un est un chaos qui ne réagit
pas aux prédictions le concernant. [L’auteur prend justement
l’exemple du temps qu’il fait pour l’illustrer ce premier état.] Le chaos
de niveau deux est un chaos qui réagit aux prédictions le concernant,
et qui se dérobe à toute prédiction exacte.  » L’historien illustre ce
deuxième état par l’évolution du cours du pétrole, des régimes
politiques et, de façon plus générale, d’Homo sapiens dans l’histoire
de l’humanité. À l’échelle individuelle, comment évolue C. albicans ?
À première vue, le niveau un pourrait décrire son parcours. Il suit sa
trajectoire infectieuse de manière opportuniste, au sein de
l’environnement complexe du corps humain, et il évolue dans des
directions très différentes en fonction des forces à l’œuvre et des
interactions, selon leurs variations et leur niveau d’ajustement. Dans
la pratique, les patients atteints de cette infection chronique optent
volontiers pour le niveau deux : les troubles ressentis, leur vie même,
tout est devenu chaotique !
Dans la majorité des cas, fort heureusement, la maladie
infectieuse chronique se manifeste également au niveau local par des
signes cliniques directs touchant les muqueuses visibles (bouche,
parties génitales, région anale) ou internes (tube digestif, avec
notamment des troubles fonctionnels intestinaux). En soi, cela
constitue un argument fort pour incriminer Candida. Cependant, dans
son évolution chronique, la candidose peut parfaitement se traduire
par des manifestations fonctionnelles, extradigestives et
polymorphes, en tout cas peu spécifiques de la maladie, comme l’a
illustré l’histoire de Carole (voir ici).

L’IMPORTANCE DU QUESTIONNAIRE MÉDICAL


En médecine, l’interrogatoire est au centre de la démarche clinique. Il
s’agit de recueillir auprès du malade ou de son entourage les données
du passé médical (les antécédents) et de la candidose (l’anamnèse
classique, qui collecte les renseignements sur l’histoire de la maladie
ou les circonstances qui l’ont précédée). Devant des signes digestifs
ou généraux non spécifiques, il est possible de recourir à un
questionnaire d’évaluation 13 pour renforcer la présomption de
candidose chronique. Celui que propose le Dr  Philippe-Gaston
Besson 14 est un outil de dépistage pertinent pour vous autoévaluer.
L’aspect pratique et la standardisation des questions font que ce
questionnaire constitue une étape utile sur le chemin du diagnostic
de candidose chronique. Des réponses positives sont des éléments
d’orientation qui doivent vous amener à rechercher, dans un second
temps, une confirmation de l’infection. Lorsque plusieurs groupes de
symptômes coexistent (au moins trois) ou lorsque, de façon générale,
vous souffrez de troubles fonctionnels diffus et d’évolution erratique
touchant une ou plusieurs parties de votre corps de façon chronique
ou répétée, affectant un plusieurs systèmes (nerveux, immunitaire,
digestif…), et dès lors que vos symptômes sont pénibles ou
invalidants, il faut certainement avoir le réflexe de mettre en avant
l’hypothèse C.  albicans. Pensez-y même en l’absence d’un point
d’appel local apparent, compte tenu de ce que vous connaissez du
pouvoir de nuisance de cette levure. La placer sur la liste des suspects
est prioritaire. Certes, cela ne doit pas empêcher d’évoquer d’autres
responsables. Et vice versa. Ne passez pas à côté du candida, car il est
vrai qu’un train peut en cacher un autre. Et si cette dépression était
aggravée ou entretenue par une candidose digestive  ? Et si cette
fatigabilité et ces douleurs articulaires n’étaient pas dues qu’à une
possible maladie de Lyme ou à une éventuelle fibromyalgie  ?
C. albicans joue-t-il un rôle dans cette maladie auto-immune qui vient
de se déclencher ? Comment savoir !
En réalité, il est utile de reprendre l’historique de l’état de santé
depuis le début. Peut-être retrouverez-vous le souvenir d’une ou de
plusieurs mycoses locales, auxquelles vous n’accordiez plus
d’importance. C’est alors le moment de raccorder les points ensemble,
et de faire le lien entre un état général perturbé et de tels
antécédents, qui peuvent constituer les prémices des manifestations
générales. Toutes les personnes ayant fait un épisode isolé de
candidose ne vont pas forcément évoluer vers la maladie (encore que
cela puisse se faire à des degrés divers), mais tous ceux qui
souffriront des désagréments de la candidose chronique auront
probablement développé des manifestations fongiques locales, même
minimes, ressenties cliniquement ou non, reconnues ou non,
négligées ou non. Que les symptômes soient généraux ou seulement
circonscrits à la sphère digestive, il ne reste alors qu’à poursuivre
l’instruction du dossier afin de démontrer effectivement la
responsabilité du candida dans la genèse des troubles. La poursuite
de l’enquête est forcément malaisée, car c’est un agent pathogène
sournois qui avance masqué, usant de nombreux stratagèmes pour
brouiller les pistes. Son caractère ubiquitaire, à l’extérieur et à
l’intérieur du corps, et ses capacités opportunistes et transformistes
font de lui cet agent double dont on ne sait jamais vraiment s’il est
inoffensif ou au contraire dangereux, si sa présence avérée ou non
joue un rôle accessoire ou bien si elle est associée au déclenchement
de toute une série de perturbations (la pathogénicité) qui expliquent
les symptômes ressentis.

LES TROUBLES QUI PERMETTENT DE SUSPECTER UNE CANDIDOSE


CHRONIQUE

Le diagnostic médical de candidose chronique est évoqué devant un


faisceau de signes cliniques généraux qu’il faut savoir regrouper pour
faire le lien avec des antécédents de mycose buccale, génitale,
cutanée ou unguéale.

Fatigue et troubles neuropsychiques

Ils sont au premier rang des signes de candidose chronique. Parmi


eux, on trouve :
les troubles du sommeil, avec endormissement difficile, réveils
nocturnes, nuits agitées ;
l’anxiété diffuse ou accompagnée de somatisations cardio-
vasculaires (palpitations, perception anormale des bruits du cœur,
hypertension artérielle labile, c’est-à-dire survenant à la moindre
émotion), digestives (spasmes intestinaux, douleurs) ou tendino-
musculaires (crampes, contractures, douleurs musculo-
squelettiques) ;
les troubles de l’humeur  : de la simple déprime à la dépression
constituée, avec développement d’une hypersensibilité au stress et
aux stimuli sensoriels (bruit, lumière, toucher…), le changement
fréquent d’humeur, allant de la démotivation à l’irritabilité, de
l’apathie à l’irritabilité et à l’agressivité, des troubles de
comportement aux difficultés relationnelles en passant par un
risque accru d’addictions ;
les perturbations cognitives  : concentration difficile, mémoire
défaillante, attention déficiente, rendement intellectuel amoindri ;
la fatigue chronique, avec installation progressive d’un état de
désadaptation au stress et une fatigabilité pouvant conduire au
syndrome d’épuisement professionnel (ou familial), une véritable
épidémie médiatisée sous le terme anglo-saxon burn-out (le
surmenage consume à petit feu), dont l’aboutissement japonais
est le karoshi (littéralement, la mort par excès de travail). Le déni
de ce syndrome est fréquent, ce qui rend très utiles les
questionnaires de dépistage, comme celui de Freundenberger 15. À
ce stade, l’ensemble des troubles neuropsychiques se cumule et
relègue la possibilité d’une candidose au second plan. Il faut
pourtant s’en préoccuper et la prendre en charge.

Troubles immunitaires

Parmi les signes de candidose chronique, on compte le


développement d’allergies en tout genre à l’âge adulte (aggravation
d’un état ancien ou apparition de nouvelles manifestations), comme
l’asthme, l’eczéma ou l’urticaire, les intolérances et les
hypersensibilités alimentaires, les infections à répétition (ORL ou
bronchiques, herpès, cystites, mycoses externes, bien sûr, et
développement de co-infections), le développement de maladies
auto-immunes (avec entre autres la thyroïdite de Hashimoto).

Troubles alimentaires

Les troubles alimentaires font aussi partie des signes de candidose


chronique, notamment ceux avec problèmes de poids (prise
inexpliquée, amaigrissement difficile, poids insuffisant) et
perturbations du comportement face à la nourriture (boulimie,
compulsions de sucres, d’alcool, de graisses).

Douleurs musculaires et articulaires

Parmi les signes de candidose chronique, on relève aussi les


tendinites et les blessures fréquentes, le surentraînement chez le
sportif, les manifestations de type fibromyalgique.

Divers autres symptômes

Les autres signes d’une possible candidose chronique vont de


l’aggravation d’un syndrome prémenstruel (règles douloureuses, cycle
irrégulier, rétention) aux migraines, en passant par l’acné, l’irritation
des gencives, la baisse de la libido et l’infertilité.

ET EN CAS DE TROUBLES DIGESTIFS CHRONIQUES ?


Quels autres éléments peuvent permettre d’accuser le candida ? Il est
certain, par exemple, que la simple existence de signaux digestifs,
comme des troubles du transit intestinal (selles molles, alternance
diarrhée-constipation), des ballonnements ou des spasmes
abdominaux douloureux (colite spasmodique), est un bon élément
d’orientation. Leur caractère répété ou chronique devrait vous mettre
la puce à l’oreille, car, en la matière, il vaut mieux être un peu
parano  : «  Candida, es-tu là  ?  » Or, autant le diagnostic des
localisations externes est relativement aisé (données de
l’interrogatoire, examen visuel, éventuellement un prélèvement pour
analyse biologique), autant les manifestations digestives chroniques
sont plus délicates à interpréter. Près de 20  % de la population en
souffre quotidiennement, plus souvent des femmes, surtout avant
30 ans. S’agit-il de troubles fonctionnels intestinaux (TFI) et, si oui, le
candida est-il impliqué ? Bien sûr, devant des symptômes persistants,
la démarche médicale classique vise à éliminer une maladie
organique, telle qu’une rectocolite, une maladie de Crohn ou une
pathologie abdomino-pelvienne, en particulier si les symptômes sont
récents et si le sujet est âgé. Dans ce cas, échographie, scanner de
l’abdomen et recto-coloscopie peuvent être proposés. Sinon, la
question se posera d’analyser les selles s’il existe une suspicion de
candidose, surtout en cas de diarrhée ou de selles molles.
Qu’en est-il du lien entre candidose et maladies inflammatoires
chroniques de l’intestin (MICI), comme la maladie de Crohn ou la
rectocolite hémorragique  ? Malgré l’existence de nombreux indices
mettant en cause le candida dans la survenue des MICI, peu d’études
avaient exploré la part fongique (composée de champignons et de
levures) du microbiote intestinal. Une étude de 2016 16 a analysé la
composante fongique du microbiote de patients atteints de MICI et a
ainsi constaté un ratio Basidiomycota/Ascomycota plus important, une
proportion plus forte de C.  albicans et une présence plus faible de
Saccharomyces cerevisiae que dans le microbiote de sujets en bonne
santé. Ces travaux ont également mis en évidence une perturbation
du réseau de connexions entre bactéries et champignons dans leur
intestin. L’étude du microbiote fongique est devenue une nouvelle
cible dans le traitement des maladies inflammatoires chroniques de
l’intestin 17. De fait, des antécédents de MICI doivent faire suspecter
une candidose chronique.

LES FACTEURS ALIMENTAIRES : LE SUCRE ET LE GLUTEN

Revenons sur le rôle de l’alimentation. Nous sommes confrontés à un


problème de troubles fonctionnels intestinaux, et nous recherchons
des indices de la présence du candida. Deux éléments en relation
avec le mode alimentaire doivent être évoqués  : l’aggravation des
symptômes lors de la consommation d’aliments sucrés et une
hypersensibilité au gluten.

Le rôle du sucre

Son rôle est facile à comprendre, compte tenu de la nature « sucrée »


du pathogène. La question mérite d’être posée systématiquement  :
vos troubles s’aggravent-ils lorsque vous consommez beaucoup
d’aliments sucrés, comme des jus de fruits, des boissons sucrées, des
gâteaux ? Ressentez-vous alors des signes généraux, comme un mal-
être, de la fatigue ou de la fatigabilité, de la nervosité ? Vous sentez-
vous mieux lorsque vous faites une pause de plusieurs jours ou de
plusieurs semaines sur ces produits, et, a contrario, ressentez-vous à
nouveau les mêmes manifestations quand vous les réintroduisez ?

Le gluten
Le gluten est un facteur favorisant de la candidose (voir ici). Ce
complexe de protéines insolubles peut également entraîner de grands
désordres digestifs, comme la maladie cœliaque ou l’hypersensibilité
au gluten. Comment faire la part des choses ?

La maladie cœliaque
Cette pathologie doit être mise à part. Provoquée par le gluten, cette maladie auto-
immune se traduit par une destruction des villosités intestinales, ces petites
structures en forme de tapis-brosse permettant l’absorption de la majeure partie
des nutriments, des vitamines et des minéraux apportés par l’alimentation et
digérés par l’appareil digestif. Notons quand même que des anticorps anti-levures
Saccharomyces cerevisiae sont présents dans la maladie cœliaque chez plus de 30 %
des patients au moment du diagnostic, plus souvent chez les adultes (61  %) que
chez les enfants (18 %) 18.

Il faut clairement distinguer la maladie cœliaque des troubles


digestifs engendrés par une mauvaise tolérance au gluten, de plus en
plus fréquente. En réalité, on parle plutôt de sensibilité au gluten non
cœliaque. Ce trouble a connu une croissance exponentielle au cours
des vingt dernières années : une véritable épidémie. Son émergence
est sans doute liée à une meilleure reconnaissance, à sa
surmédiatisation, à un meilleur dépistage et à une meilleure
compréhension de ses mécanismes. Elle toucherait de 3 à 6 % de la
population, mais sa prévalence est mal définie compte tenu de la
grande fréquence de l’autodiagnostic qu’aucun avis médical ne vient
confirmer. Elle se traduit par des symptômes digestifs (diarrhées,
douleurs, ballonnements…) semblables à ceux de la maladie
cœliaque et des troubles fonctionnels intestinaux. Le gluten est
associé à ces deux affections autant qu’à la candidose digestive
chronique. En 2011, une étude 19 chez trente-quatre patients souffrant
du syndrome de l’intestin irritable sans maladie cœliaque montrait
l’amélioration de leur score de qualité de vie après adoption d’un
régime sans gluten. Les troubles fonctionnels intestinaux et les signes
généraux correspondant à cette sensibilité non cœliaque au gluten
font curieusement penser à ceux rencontrés au cours de la candidose
digestive chronique. D’ores et déjà, retenons qu’une alimentation
riche en gluten peut être considérée comme pro-inflammatoire. Pour
peu qu’elle soit associée à d’autres facteurs perturbateurs de
l’écosystème intestinal (stress, prise d’antibiotique, gastro-
entérites…), elle est susceptible à elle seule de provoquer une
sensibilité au gluten avec inflammation, hyperperméabilité de la
muqueuse intestinale et troubles de l’immunité. Ainsi, une association
très significative existe entre l’intolérance au gluten et les thyroïdites
auto-immunes (maladie de Basedow et thyroïdites de Hashimoto).
Autant d’éléments qui peuvent favoriser la candidose.
L’explication du lien de causalité entre le gluten et C. albicans nous
vient du Pr Daniel Poulain (PU-PH émérite, unité INSERM U995,
université de Lille 2). Il a montré 20 que les anticorps dirigés contre les
protéines Hwp1 spécifique de Candida sont significativement associés
à la maladie cœliaque, provoquée, on l’a vu, par le gluten. De même,
les anticorps anti-gliadine sont significativement associés aux
candidoses. Il existe une réactivité croisée révélant un lien entre
l’infection fongique et la pathologie auto-immune qu’est la maladie
cœliaque. En clair, le système immunitaire ne fait pas la différence
entre la gliadine du gluten et les protéines situées à la surface du
candida. Le Pr Poulain conclue  : «  Ce mimétisme moléculaire
induisant une réaction anti-gliadine à la suite d’une candidose
pourrait être le facteur déclenchant la maladie cœliaque, même après
des années de consommation de gluten, si elle survient chez des
individus génétiquement prédisposés.  » Nous reviendrons sur cette
notion de prédisposition (voir ici).
Certes, ces explications sont complexes, mais elles permettent de
comprendre comment a été scientifiquement démontré, il y a peu, le
lien formel entre gluten et candida. Il ne s’agit donc pas d’une rumeur
ou d’une mode alimentaire. Certes, la maladie cœliaque se distingue
clairement de la sensibilité au gluten non cœliaque, mais cette
dernière doit systématiquement faire suspecter une candidose
digestive chronique.

De la présomption à la preuve
Peut-on condamner C.  albicans en se fondant uniquement sur la
conviction qu’il est responsable d’une candidose chronique expliquant
l’état de santé de la victime  ? Sûrement, lorsqu’il existe un faisceau
d’arguments cliniques associé à des antécédents de mycose
superficielle aiguë dûment diagnostiquée par un médecin.
Cependant, il y a certainement pléthore de diagnostic par excès,
comme il y en a plus encore par défaut. Comment l’éviter ? Lorsque la
suspicion est forte, il est possible d’envisager un traitement d’essai.
On parle de «  test thérapeutique  ». C’est la preuve par
l’expérimentation. La guérison ou la nette amélioration conforte
l’hypothèse de la responsabilité du candida. Là aussi pourtant,
l’interprétation peut être délicate, s’agissant de manifestations
fonctionnelles. Et si ce n’était qu’un trouble psychosomatique ? Dans
ce système d’interactions complexes qu’est le corps humain, comment
savoir qui a fait quoi ? Une approche rationnelle s’impose donc pour
éviter de dériver vers un ensemble de croyances qui nous coupe des
fondements de la médecine. Recherchons la ou les preuves.
L’ANALYSE DE SELLES

En cas de doute, notamment devant des troubles fonctionnels


intestinaux avec diarrhée, l’analyse des selles avec examen myco-
parasito-bactériologique (coproculture) permet de le confirmer le
diagnostic ou d’orienter vers un autre pathogène infectieux (bactérie
de type Clostridium difficile, salmonelle ou Escherichia coli
entéropathogène). Cette recherche vise à caractériser la présence du
candida sous forme de levure ou de filaments mycéliens, soit par
examen direct, soit par mise en culture. La moindre trace doit alerter,
et être corrélée aux symptômes. Il faut comprendre cependant les
limites de l’exercice. Autant l’examen des selles est utile pour
diagnostiquer certaines diarrhées infectieuses (notamment
bactériennes), autant cet examen n’est positif que dans les formes
cliniques franches de la candidose intestinale. On peut parfois noter
la présence de rares colonies de C. albicans ou de quelques filaments
mycéliens. Pour autant, cela n’emporte pas forcément la conviction
du clinicien, qui peut n’y accorder qu’une importance relative. En
effet, en l’absence de symptômes, une culture positive à C. albicans ne
traduit pas nécessairement une candidose digestive chronique,
puisque celles-ci sont un micro-organisme saprophyte de l’intestin qui
peut être présent à l’état naturel. La mise en évidence, à l’examen
microscopique direct, de quelques filaments mycéliens (traduisant sa
transformation en moisissure) est malgré tout un indice important à
ne pas négliger. Par ailleurs, une coproculture négative n’innocente
pas pour autant notre présumé coupable : sauf si sa concentration est
très élevée, le candida ne s’extrait de l’intestin que très difficilement.
Ses extraordinaires capacités d’adhésion à la muqueuse font qu’il peut
très bien rester accroché à la paroi intestinale et exercer ses méfaits
sans être emporté par le courant des selles qui transitent tout au long
du tube digestif. Il est cependant conseillé de pratiquer cet examen
coprologique trois fois en cas de résultat négatif.

LE FÉCALOGRAMME

Lorsque la suspicion est forte, notamment lorsque les troubles


fonctionnels intestinaux résistent aux traitements antispasmodiques
et aux habituels pansements intestinaux, il est utile de rechercher une
perturbation du microbiote intestinal (dysbiose). Il est alors possible
de faire pratiquer, auprès de laboratoires spécialisés, un
fécalogramme, un examen spécial des selles qui mesure les résidus de
la digestion et quantifie l’importance des différentes populations de
bactéries de l’intestin afin de caractériser l’importance du microbiote
dominant et sous-dominant, notamment la proportion des
lactobactéries, des bifidobactéries. Le fécalogramme permet aussi de
repérer la présence de C.  albicans avec plus de précision qu’une
simple analyse myco-parasito-bactériologique de selles, tout en
gardant à l’esprit que des résultats faussement négatifs sont loin
d’être exceptionnels. Même dans ce cas, la mise en évidence ne serait-
ce que d’une dysbiose intestinale par le biais de ces analyses de selles
est un élément indirect d’orientation en faveur d’une infection
fongique chronique.

L’EXPLORATION IMMUNITAIRE

Lorsque l’examen microbiologique est infructueux, difficilement


réalisable ou à l’interprétation délicate, on peut rechercher des traces
indirectes de sa présence et interroger l’immunité par l’intermédiaire
d’une prise de sang. Plusieurs bilans sont disponibles. Vous
comprendrez cependant, à la lecture de ce qui va suivre, que l’activité
pathogène du candida est impossible à déceler biologiquement de
manière certaine. La négativité des bilans n’exclut donc pas le
diagnostic de candidose chronique, et il faudra s’en remettre au sens
clinique pour s’en convaincre.

Le système immunitaire
Il peut réagir à la présence d’un intrus, notamment par ce qu’on appelle une
«  médiation humorale  » via la production d’anticorps, les immunoglobulines (Ig).
On recherche alors une hypersensibilité allergique. Celle-ci est une réponse
immunitaire disproportionnée face à un intrus dangereux pour l’organisme
(bactérie, virus, toxine d’origine externe ou interne, allergène). Classiquement, la
réaction commence par une phase de sensibilisation (premier contact avec
l’antigène, c’est-à-dire le motif moléculaire permettant de reconnaître l’intrus). Elle
est suivie d’une phase de latence, au cours de laquelle la réaction immunitaire se
met en place. En cas de deuxième contact avec l’antigène, survient alors la phase
lésionnelle, qui se traduit par une réaction inflammatoire locale ou générale.

La recherche des IgE spécifiques

Il est tout d’abord utile de rechercher des IgE spécifiques du candida.


On peut les rencontrer dans l’asthme ou la rhinite allergique. Leur
spécificité est modeste, dans la mesure où d’autres allergènes
(notamment d’autres moisissures) peuvent également être incriminés.

La recherche d’anticorps anti-Candida albicans

La recherche par un test immunologique (analyse non remboursée


par la Sécurité sociale) d’anticorps anti-Candida albicans est plus
intéressante. La découverte de ces immunoglobulines de type G, voire
de type M ou A, traduit un contact plus étroit (et donc une brèche au
niveau de la muqueuse intestinale) entre d’une part les cellules
spécialisées de l’immunité, situées sous la muqueuse intestinale, et
d’autre part les motifs antigéniques (les structures situées à la surface
de l’antigène) installés à la surface du champignon. Elles peuvent
aussi traduire son passage dans la circulation sanguine.
Il est préférable de préciser la technique souhaitée lors de la
prescription. Par défaut, si rien n’est spécifié, les laboratoires
d’analyses biologiques utilisent le plus souvent une méthode
d’agglutination suivie d’une immuno-électrophorèse à la recherche
d’un arc de précipitation caractéristique d’une infection systémique
par le candida. Par manque de sensibilité, les résultats obtenus par
cette technique reviennent souvent négatifs si l’on suspecte une
candidose digestive avec altération de la muqueuse intestinale ; elle
est surtout intéressante dans les candidoses invasives touchant le
reste de l’organisme.
En première intention, on peut plutôt recourir au test Candia 5,
qui utilise une technique d’immuno-chromatographie, mais il n’est
pas très spécifique et présente un risque de faux positif.
En cas de suspicion de candidose chronique, mieux vaut
privilégier un test immuno-enzymatique très spécifique et sensible,
comme le test ELISA (acronyme pour enzyme linked immunosorbent
assay), à la recherche d’IgG anti-Candida.
Signalons également le test Ridascreen®, de R-Biopharm, qui
détermine quantitativement (également par dosage immuno-
enzymatique) trois types d’anticorps : les IgG, les plus importants, les
IgM, les premiers à être produits en cas de contact récent avec
l’antigène, et les IgA, spécifiques d’une infection excessive des
muqueuses.
Bon à savoir
Certains laboratoires d’analyses spécialisés, comme le laboratoire Barbier à Metz ou
Zamaria à Paris, proposent ce type d’examen.

Ces recherches sérologiques peuvent être malgré tout décevantes.


Chez les sujets âgés ou les individus atteints de pathologies multiples,
il peut exister une immunodépression, grandement favorisée par la
candidose chronique elle-même. Dans ce cas, les patients fabriquent
peu d’anticorps. D’autre part, C. albicans étant un commensal du tube
digestif, toute personne saine peut posséder des anticorps anti-
Candida à faible taux. Être colonisé ne signifie pas forcément être
infecté (c’est-à-dire que Candida est passé au stade pathogène).
L’interprétation de ces tests peut être délicate, mais il est certain
qu’une franche positivité est un argument fort en faveur de la
candidose.

L’exploration des réactions retardées

Les hypersensibilités non IgE dépendantes sont dites «  retardées  ».


Elles impliquent d’autres cellules de l’immunité, les lymphocytes. Le
test d’activation des lymphocytes (TAL), qui est pratiqué à Limoges
par le laboratoire Astralab (non remboursé par la Sécurité sociale),
emploie une technique utilisant la cytométrie en flux. Elle mesure la
réactivité retardée de type cellulaire aux antigènes liés aux
moisissures. Le résultat est accompagné d’un compte rendu précisant
la positivité ou la négativité du test vis-à-vis de C. albicans.

LES AUTRES TESTS
Le bilan de parodontopathie

La découverte de Candida par le chirurgien-dentiste lors d’une


analyse mycobactériologique locale effectuée dans le cadre du bilan
des parodontopathies traduit une dysbiose buccale. Recueillir cette
information est utile, car si la levure est active au niveau du
parodonte, il est légitime de suspecter qu’il en est de même plus bas
dans le tube digestif.

Le test de sensibilité à la candidine

Au niveau cutané, le test de sensibilité à la candidine (non remboursé


par la Sécurité sociale), une des nombreuses toxines sécrétées par
C. albicans, fait partie d’un multitest qui évalue le niveau des défenses
immunitaires cellulaires, indépendamment de la fabrication des
anticorps. Une forte réaction locale est un signe d’orientation
significatif vers une candidose chronique.

Le profil urinaire

Une autre méthode, de type indirect, vise à repérer la présence en


trop grande quantité dans la flore intestinale de divers micro-
organismes pathogènes par l’identification dans l’urine de produits
spécifiques du métabolisme de ces micro-organismes intestinaux : les
métabolites organiques urinaires (MOU). Ce profil urinaire à onze
paramètres (non remboursé par la Sécurité sociale) est indiqué pour
rechercher une dysbiose intestinale, en particulier lorsque les
coprocultures sont négatives, ainsi qu’une infection fongique ou
parasitaire chronique (après échec du traitement antifongique, par
exemple). Ce test permet notamment d’identifier les marqueurs
fongiques suivants : le tartarate, le citramalate et le D-arabinitol, un
sucre-alcool produit par C. albicans. Leur présence en excès constitue
un bon argument pour suspecter une candidose aiguë (cas des
personnes immunodéprimés). Cependant, ce profil urinaire sert
surtout pour confirmer ou non une candidose chronique en cas de
négativité des autres examens.
D’autres tests très indirects visent à identifier une éventuelle
dysbiose intestinale, facteur de risque majeur de candidose intestinale
chronique.

Le test à l’indican

Il consiste en la recherche (non remboursée par la Sécurité sociale)


dans les urines d’indoxyl sulfate et mesure la décomposition du
tryptophane intestinal par la flore intestinale de putréfaction, la
mettant ainsi en évidence.

Le test respiratoire à l’hydrogène expiré

Certains services hospitaliers d’explorations fonctionnelles digestives


proposent un test respiratoire à l’hydrogène expiré après ingestion de
lactose ou de fructose. Le taux d’hydrogène dans l’air expiré est
d’autant plus élevé que la malabsorption des sucres est importante
(traduisant une intolérance au lactose ou au fructose). Il indique
également une quantité de bactéries élevée ou anormale dans des
localisations de l’intestin grêle où il ne devrait pas y en avoir, y
compris dans les endroits où les sucres sont normalement présents.
Cela traduit alors une pullulation microbienne évocatrice de dysbiose
intestinale.

Le dosage sanguin d’IgG spécifiques d’aliments


Un dosage sanguin d’IgG spécifiques des aliments les plus courants
permet de suspecter une sensibilité alimentaire, évoquant alors une
dysbiose ou une souffrance à bas bruit de la muqueuse intestinale. La
Société française d’allergologie (SFA) met en doute la signification de
ces tests et les déconseille 21. Dans la pratique, cependant, les
médecins nutritionnistes peuvent être amenés à les utiliser dans les
bilans de troubles fonctionnels intestinaux, car ils renseignent sur le
statut immunitaire fonctionnel vis-à-vis de certains aliments. Leur
interprétation doit rester médicale, et être corrélée à l’interrogatoire
médical, aux symptômes digestifs et extra-digestifs présentés par le
patient, ainsi qu’aux autres tests précités afin d’éviter les évictions
alimentaires inutiles, voire préjudiciables à la santé.

EN RÉSUMÉ

Compte tenu de leur faible spécificité et de leur caractère sophistiqué


et coûteux, la plupart de ces techniques sont peu utilisées en pratique
quotidienne. Le sens clinique du médecin, une bonne démarche
médicale et les tests de base, comme les prélèvements urétro-
vaginaux et les analyses de selles, suffisent dans la majorité des cas
pour faire un diagnostic de candidose chronique. Néanmoins, dans
certains cas d’interprétation difficile, il est utile de connaître ces tests
et de s’en servir à bon escient, car ils rendent de grands services.
Le test de la salive
À défaut, vous pouvez vous tourner vers le test de la salive, à pratiquer à jeun,
avant le dîner ou plus de trois heures après une prise alimentaire ou
médicamenteuse. Il consiste, après vous être rincé une fois la bouche, à laisser
tomber un peu de salive à la surface d’un verre d’eau distillée. La lecture se fait
immédiatement, dans les 60 secondes au maximum. Tout va bien si la salive s’étale
lentement et forme de toutes petites bulles. Si de grosses bulles se surajoutent et
que l’eau se trouble légèrement, cela signe un déséquilibre de votre flore intestinale
(dysbiose) avec présence possible de Candida. Si des filaments visqueux
descendent en tournant au fond du verre, cela évoque la présence de candida sous
sa forme mycélienne pathogène. Si des filaments épais descendent rapidement au
fond du verre, avec de minuscules points blancs à leur extrémité, cela traduit la
présence de parasites. Ce test n’a qu’une valeur d’orientation, mais il a l’avantage
d’être simple et gratuit.

L’impact sur le microbiote
et le déséquilibre de la flore intestinale
(dysbiose)
Au total, face à des manifestations cliniques digestives ou extra-
digestives, l’idée générale est de mettre en évidence un déséquilibre
du microbiote intestinal, la dysbiose, en se basant soit sur des critères
cliniques, soit sur des examens directs ou indirects. Lorsqu’on sait
l’importance du microbiote dans de nombreuses fonctions
physiologiques, il est capital de s’y intéresser.
Le rôle du microbiote intestinal
Il interagit avec le bol alimentaire en permettant de métaboliser les nutriments
non digérés par les enzymes gastriques et pancréatiques. C’est le cas de la
cellulose, du xylane, de la pectine. Le microbiote intestinal fermente
notamment la partie non digérée, les fameux FODMAP (fermentescible
oligosaccharides disaccharides monosaccharides and polyols), qui comprennent
entre autres le lactose, le fructose et les fructanes.
Il fabrique également certains nutriments que les enzymes de la digestion ne
savent pas synthétiser (vitamines, acides gras à courte chaîne, comme le
butyrate, etc.).
Il détoxique les composés nocifs contenus dans l’intestin grêle et le côlon.
Il détoxique les composés nocifs contenus dans l’intestin grêle et le côlon.
Il limite la prolifération de micro-organismes pathogènes, par effet barrière et
sécrétion de substances microbicides.
Il favorise la croissance et le renouvellement des cellules de la muqueuse
intestinale, et par leur intermédiaire agit sur la régulation métabolique de
l’organisme (en particulier l’insuline).
Enfin, il est indispensable à la maturation du système immunitaire.

L’ALTÉRATION DU MICROBIOTE

La dysbiose entraîne une altération des fonctions du microbiote


intestinal.
Tout d’abord, les cellules épithéliales constitutives de la muqueuse
(entérocytes) remplissent moins bien leur rôle immunitaire local,
comme la sécrétion de protéines antimicrobiennes (défensines,
lectines) chargées de limiter la prolifération des bactéries
pathogènes et commensales.
La production locale de mucus, qui recouvre la muqueuse d’un
voile protecteur, est affectée, de même que les anticorps locaux
(IgA) produits par les cellules immunitaires de la paroi intestinale.
Toute dysbiose intestinale entraîne une rupture de l’équilibre
entre la flore bactérienne et les antigènes alimentaires, d’une part,
et les mécanismes de défense et de tolérance qui caractérisent la
fonction du système immunitaire, d’autre part.
Il en résulte une réaction inflammatoire locale et des
modifications de la perméabilité de la muqueuse par lésion des
jonctions serrées qui assurent l’étanchéité entre les entérocytes.
C’est l’hyperperméabilité intestinale, source de nombreux
désordres locaux et généraux.

QUAND LA MUQUEUSE INTESTINALE S’ENFLAMME !

La dysbiose intestinale encourage la propagation des germes


intestinaux opportunistes, au premier rang desquels les spores de
Candida présentes à l’état réprimé à la surface de la muqueuse. Sous
cette forme de levure, Candida tapisse la muqueuse et peut déjà
l’irriter, occasionnant inflammation et hyperperméabilité, lesquels
favorisent sa diffusion.
La dysbiose facilite également la transformation des spores en
moisissure pathogène, capable de traverser la muqueuse digestive et
de passer dans la circulation lymphatique et sanguine. De fait, les
perturbations du microbiote intestinal constituent une des principales
causes de candidose chronique.
C.  albicans constitue lui-même un puissant perturbateur de
l’écosystème digestif. En effet, il contribue à une atteinte de la
muqueuse par des sécrétions d’enzymes de dégradation 22. Leur action
complète les puissantes capacités de la levure à adhérer, à se
transformer et à sécréter d’autres enzymes destructeurs, comme des
aspartyl-protéinases et des phospholipases 23.
Ce faisant, C. albicans favorise en retour les facteurs d’irritation de
la muqueuse et de dysbiose, et facilite les intolérances alimentaires
(elles-mêmes aggravées par une nourriture riche en sucres), au
premier rang desquelles la sensibilité au gluten. Complice objectif, ce
dernier aggrave la situation en passant la barrière de la muqueuse
intestinale et en faisant réagir le système immunitaire. S’il le peut,
d’autres molécules le peuvent aussi, comme des fragments
alimentaires mal digérés, issues de grosses protéines comme la
caséine du lait ou l’albumine du blanc d’œuf. Dans la candidose
chronique, on retrouve souvent une sensibilité à plusieurs types
d’aliments, sans que l’on sache vraiment quel a été le premier des
perturbateurs.
C’est ainsi que, par un enchaînement de causes à effets, un
nombre croissant de personnes se retrouve avec un intestin irrité et
poreux. Le candida est l’un des principaux déclencheurs de ce
phénomène auto-aggravant, au cours duquel, avec le temps, plusieurs
perturbateurs de l’écosystème intestinal parviennent à coopérer pour
générer des troubles digestifs locaux ainsi que des manifestations
extradigestives.

Quelles conséquences sur le système


immunitaire ?
Nous avons vu précédemment les éléments de preuve incriminant
C. albicans dans la survenue des maladies inflammatoires chroniques
de l’intestin (MICI). Qui peut le plus pouvant le moins, il est certain
qu’il n’y a pas besoin d’un envahissement majeur de l’intestin grêle ou
du côlon pour générer de l’inflammation et une hyperperméabilité de
la muqueuse à un niveau moindre que dans les MICI. Le candida peut
alors non seulement se répandre à la surface de la muqueuse au gré
de son développement mycélien, mais aussi pénétrer dans la
muqueuse, atteindre le système immunitaire sous-jacent et altérer
son fonctionnement.

LES PRINCIPALES PERTURBATIONS

On constate diverses perturbations :


une baisse de la réponse de certains globules blancs actifs dans
l’immunité cellulaire, les lymphocytes  T, les macrophages, ce qui
abaisse la capacité de défense de l’organisme ;
une réaction inflammatoire (notamment au cours des mycoses
vaginales chroniques), qui renforce l’immunodépression ;
une augmentation des conditions favorables au développement
des anticorps attaquant les cellules personnelles (en raison de la
perturbation des macrophages), avec risque de maladies auto-
immunes ;
un accroissement des médiateurs de l’allergie (IgE totaux,
histamine).
Au total, le candida réussit le tour de force de mobiliser le
système immunitaire tout en l’affaiblissant.
Une découverte récente explique l’impact
immunitaire complexe du candida
Citons le rôle, désormais démontré dans l’immunité antifongique, d’une variété de
globules blancs spécialisés, les lymphocytes Th17 24. Leur activation est dans un
premier temps protectrice vis-à-vis du candida.
Cependant, des études montrent qu’au cours de la candidose digestive chronique la
stimulation de ces lymphocytes Th17 peut freiner ou empêcher la résolution de
l’infection, ou faciliter des maladies dues à des perturbations immunitaires
(psoriasis, polyarthrite rhumatoïde, sclérose en plaques, maladie de Crohn, asthme
non atopique). Des anomalies immunitaires touchant ces lymphocytes Th17 sont
corrélées à des mutations des gènes STAT3 et CARD9, caractérisant, si elles sont
retrouvées, une prédisposition génétique à la candidose 25.
En résumé, le rôle de ces lymphocytes Th17 est ambivalent  : ils jouent un rôle
positif dans la résolution des infections fongiques, mais ce sont également des
cellules pro-inflammatoires, impliquées dans de nombreuses maladies auto-
immunes.

 
Au cours de la candidose chronique, surtout si la charge
mycosique est importante, le système immunitaire lutte bel et bien
contre l’infection. Le candida finit cependant par se faire accepter par
lui tout en l’affaiblissant et en déréglant sa belle mécanique. Il
s’ensuit des perturbations immunitaires en cascade, qui favorisent
d’autres maladies.

Les conséquences cliniques

Elles se manifestent sous différentes formes. On trouve par exemple :


les réactivations virales (herpès), par dépression de l’activité de
certaines cellules immunitaires spécialisées 26 ;
les manifestations allergiques tardives (rhinite allergique, asthme,
eczéma, urticaire) ;
la survenue de co-infections (maladie de Lyme, infections
virales…) ;
le syndrome de fatigue chronique, par activation de molécules
modifiant l’immunité (les cytokines) et la libération de
nombreuses toxines ;
le développement de maladies auto-immunes (par exemple, la
maladie de Crohn, la thyroïdite de Hashimoto, la polyarthrite
rhumatoïde…) par perte de la fonction de « tolérance du soi » par
le système immunitaire, qui se traduit par la production
d’anticorps dirigés contre certains tissus de son propre corps,
entraînant lésions et destructions.

Le problème des co-infections
C. albicans, très opportuniste, profite donc à la fois des perturbations
de l’écosystème intestinal et des faiblesses du système immunitaire
pour se développer et enclencher le cercle vicieux qui favorise son
implantation, sa pérennité et sa pathogénicité. Tout ce qui renforce
ces deux principales conditions favorisantes ne peut que jouer un rôle
de complice objectif en faveur du candida. C’est plus particulièrement
le cas d’autres agents infectieux de type bactérien, viral ou
parasitaire, qui peuvent dérouler le tapis rouge aux moisissures. Si le
diagnostic de candidose chronique n’a pas encore été posé, la
découverte de ces co-infections doit nous le suggérer.

UNE GUERRE INTESTINALE
La surface de l’intestin fait l’objet d’incessants affrontements avec des
micro-organismes infectieux, dont certains finissent par pénétrer dans
l’organisme, soit en raison de leur virulence, soit en raison d’une
baisse des défenses immunitaires favorisée par la candidose. Ces
agents pathogènes peuvent aussi s’introduire dans le corps par voie
respiratoire ou cutanée (piqûre de tique, par exemple). Certains
d’entre eux provoquent des co-infections chroniques. On parle
d’«  infections froides  », dans la mesure où ils génèrent une
inflammation permanente mais modérée, à bas bruit, par opposition
à l’inflammation aiguë d’un épisode infectieux (comme celle
rencontrée au cours de la grippe).

Liste des maladies dont se rendent


responsables les co-infecteurs
Rickettsioses, néo-rickettsioses (chlamydias et mycoplasmes)
Infections à Helicobacter pylori
Infections à Escherichia coli
Borrélioses
Malaria
Toxoplasmoses
Infections virales (virus d’Epstein-Barr, cytomégalovirus, varicelle/zona,
herpès, parvovirus B19, virus de type herpès 6…)
Trypanosomiases
Babésioses
Bartonellose
Fièvre Q
Brucelloses
Ehrlichiose
Bilharzioses
Amibes
Leishmanioses
Candidoses
POUR QUELS TROUBLES ?

Candida est en bonne compagnie au sein de ces pathogènes. Ils s’y


prennent à plusieurs pour altérer le système immunitaire de manière
inhibitrice ou hyperstimulatrice, causant inflammations, douleurs et
perturbations des capacités de défense et de réparation (au niveau
cellulaire et tissulaire). Ces micro-organismes infectieux génèrent des
co-infections multiples, dont les conséquences cliniques sont liées à
l’installation d’une inflammation chronique de la muqueuse
intestinale avec hyperperméabilité intestinale.
Tout comme dans la candidose chronique, les co-infections
peuvent provoquer des troubles fonctionnels digestifs coexistant avec
des signes généraux non spécifiques, comme la fatigue chronique, les
troubles neuropsychiques, les allergies, les douleurs articulaires et
musculaires… Avec le temps, ou en fonction des facteurs favorisants
génétiques et/ou environnementaux, elles peuvent également
déboucher sur des affections constituées complexes, comme la
fibromyalgie, le syndrome de fatigue chronique, les maladies auto-
immunes ou neuro-immunitaires.

L’INFECTION URINAIRE (PAR ESCHERICHIA COLI)

De manière assez banale, la plus courante des co-infections est


l’infection urinaire. Son principal responsable (dans 80 % des cas) est
le colibacille, alias Escherichia coli. Nous avons vu que ce pathogène
velcro peut être présent, tant au niveau digestif qu’au niveau génital,
réprimé et maintenu sous contrôle par le microbiote dominant.
Si une dysbiose s’installe, E. coli en profitera pour s’échapper de
son territoire initial, en même temps que C. albicans. Les deux fugitifs
ont le même talent, à savoir une fantastique capacité d’adhérer à la
paroi de la muqueuse et de constituer des biofilms pathogènes. Le
colibacille ressemble à une gélule recouverte de poils adhésifs (les
pilis) et prolongée de petits flagelles qui l’aident à se déplacer. Il agit
comme les boules épineuses de la bardane : il s’accroche, et il est très
difficile de le déloger. Il colonise les voies urinaires pour aller
s’implanter à la surface de la muqueuse de la vessie, où ses exploits
vous seront contés sous forme d’infections urinaires volontiers
récidivantes. Si l’un est présent, il y a de grandes chances que l’autre
ne soit pas loin. De facto, on retrouve souvent chez les patientes une
histoire commune d’infections urinaires à répétition et de candidoses
récidivantes, le traitement antibiotique des premières provoquant
souvent l’émergence des secondes dans la foulée.
En d’autres lieux, C. albicans peut rencontrer un autre pathogène
adhésif, Helicobacter pylori. Cette bactérie hélicoïdale en forme de
seiche s’ancre avec ses flagelles sur les cellules épithéliales de
l’estomac grâce à des adhésines. Le travail d’agression de la
muqueuse digestive d’H.  pylori profite au candida, comme pour
E. coli. Tous trois procèdent avec le même mode opératoire, à savoir
mettre le grappin sur la muqueuse et coloniser les territoires alentour,
générant de l’inflammation et des perturbations immunitaires.
Il est donc utile de prendre en compte la découverte d’H. pylori
dans l’estomac, que cela soit par examen direct sur du matériel de
biopsie gastrique prélevé à l’occasion d’une gastroscopie ou que cela
résulte d’une positivité du test respiratoire 27 Helikit© (ou équivalent)
de diagnostic in vivo de l’infection pratiqué au laboratoire d’analyse.
Il n’est pas interdit, en pareille situation, de penser à la présence
concomitante de Candida au sein du tube digestif et de le rechercher.

LES AUTRES CO-INFECTIONS
De façon générale, la problématique des co-infections est importante
au cours de la candidose chronique. Elles peuvent l’aggraver ou
donner un tableau clinique similaire (d’où l’importance du diagnostic
différentiel). C’est le cas de certaines infections mal connues du
grand public, comme la babésiose (causée par un parasite qui infecte
les globules rouges) ou la bartonellose (provoquée par des bactéries
du genre Bartonella). C’est également le cas de la mononucléose
infectieuse, due au virus d’Epstein-Barr (EBV), qui peut persister
toute la vie dans l’organisme en alternant périodes de latence et
périodes de réactivation.

La maladie de Lyme

La plus connue de ces infections froides est la maladie de Lyme, ou


borréliose, maladie infectieuse non contagieuse causée par une
bactérie du complexe Borrelia burgdorferi senso lato (principale
espèce pathogène en Europe avec B. afzelii et B. garinii), transmise à
l’homme par la piqûre d’une tique infectée 28, qui peuvent également
transporter et transmettre le parasite Babesia. Cette infection
émergente est répandue dans le monde entier  ; en France, on
dénombre officiellement plusieurs milliers de cas par an. Compte
tenu des difficultés de diagnostic formel au cours des deuxième et
troisième phases de la maladie, ce nombre est probablement très
sous-estimé.
La borréliose est une pathologie complexe, polymorphe, très
difficile à cerner. En ce sens, elle n’a rien à envier à la candidose
chronique. Borrelia est un pathogène intracellulaire, alors que les
bactéries se développent habituellement en dehors des cellules du
corps humain. Lorsque l’infection n’est pas traitée, elle peut rester
tapie pendant de très longues années sans générer de signes cliniques
évidents  ; elle provoque des symptômes chroniques extrêmement
variés, impliquant notamment le système nerveux, à la faveur d’un
stress, d’une autre infection ou d’une baisse des défenses
immunitaires.

Pour quels troubles ?


Parmi les troubles exprimés, on retrouve fatigue, céphalées,
arthralgies migratrices, troubles cognitifs, dépression et insomnie,
syndrome d’épuisement… Autant de symptômes désespérants, que
certains 29 ont résumé de façon lapidaire : signes multiples, diagnostic
flou, traitement néant en quatre lettres : L-Y-M-E.

Lyme ou candidose ?
Maladie de Lyme ou candidose chronique, la problématique est la
même. Comment faire la part des choses  ? On comprend alors
l’importance de disposer d’éléments tangibles, tant cliniques que
biologiques, pour incriminer l’un ou l’autre, ce qui n’est pas facile.
Cela met souvent le corps médical en difficulté, d’autant que les deux
infections coexistent fréquemment, notamment dans les régions, de
plus en plus nombreuses, touchées par la propagation de Borrelia.
Le Dr  Richard Horowitz 30, directeur de l’Hudson Valley Healing
Arts Center, clinique intégrative de Hyde Park, à New York, est
reconnu comme l’un des spécialistes mondiaux de la maladie de Lyme
et des co-infections. Il a proposé le terme MCIDS, pour multiple
chronic infectious disease syndrome, ou syndrome de maladie
chronique à multi-infections, qui permet d’appréhender la borréliose,
ses co-infections et ses cofacteurs, en abordant notamment le terrain
du malade, les biotoxines et les allergies alimentaires, parmi d’autres
facteurs favorisants.
LA RECHERCHE DES CO-INFECTIONS

Elle est nécessaire chaque fois qu’une candidose chronique est mise
en évidence, et vice versa. Les bilans sérologiques (recherche de
marqueurs immunitaires de la présence des agents infectieux)
permettent dans la grande majorité des cas de faire la part des
responsabilités. Si la plupart des pathogènes décrits précédemment
permettent, selon le stade de la maladie infectieuse, une réponse
thérapeutique spécifique, comme la prise d’antibiotiques, dans
d’autres cas (mononucléose infectieuse, infections chroniques…), il
n’y a pas de traitement conventionnel, ou celui-ci n’est pas consensuel
au sein du corps médical (maladie de Lyme dans sa phase chronique,
par exemple). Cela peut laisser les personnes infectées quelque peu
désorientées, surtout en cas de persistance des symptômes. Ce qui est
certain, c’est que la prise en compte du terrain sera tout aussi
importante dans la prise en charge des co-infections que dans le
traitement de la candidose chronique elle-même.

La candidose chronique : un risque


global sur la santé
Il faut bien admettre que, dans un certain nombre de cas, la
candidose chronique est partie prenante d’un désordre plus grand
encore qui affecte le patient dans toutes ses composantes, physiques,
psychiques et adaptatives. Lorsque l’infection fongique se chronicise
et s’intrique avec d’autres co-infections et d’autres pathologies
préexistantes, aboutissant à une symptomatologie polymorphe (elle
prend en effet de nombreuses formes  !), le médecin clinicien a
souvent des difficultés pour les démêler. Il se trouve alors face à des
causes multiples de perturbations sur un être humain dont la nature
complexe n’échappe à personne.
En ce XXIe  siècle débutant, compte tenu de l’état actuel de la
recherche scientifique, on commence à peine à comprendre l’étendue
des interactions entre le candida, les facteurs coresponsables et toutes
les composantes de la santé. L’état des lieux est difficile à faire. Le ou
les diagnostics sont incertains.
Tant que les mécanismes individuels des anomalies présentées par
le patient ne sont pas analysés et compris, tant que la démarche
physiopathologique (du fonctionnement normal au
dysfonctionnement) n’est pas affinée et personnalisée, tant qu’une
vision globale et intégrative n’est pas assurée, que peut faire le
médecin (ou les médecins, tant les intervenants finissent par se
multiplier au fil des mois et des années devant la diversité des
troubles exprimés dans la candidose chronique) ?
Fort heureusement, toutes les situations ne parviennent pas à un
tel degré de complexité, tant pour le diagnostic et l’état des lieux que
pour la mise en place de solutions thérapeutiques. Le plus souvent,
les mycoses superficielles (qu’elles soient externes ou internes) se
soignent simplement, pour peu que le système immunitaire récupère
ses capacités opérationnelles. Encore faut-il s’en assurer et ne pas
considérer que tout ira forcément bien. On peut être raisonnablement
optimiste sur la résilience du corps humain sans négliger pour autant
de lui donner toutes les chances pour retrouver son équilibre.

AGIR VITE ET TÔT

Candida n’est pas votre ami. « Connais ton ennemi et connais-toi toi-
même, même avec cent guerres à soutenir, cent fois tu seras
victorieux. Si tu ignores ton ennemi et que tu te connais toi-même,
tes chances de perdre et de gagner seront égales. Si tu ignores à la
fois ton ennemi et toi-même, tu ne compteras tes combats que par les
défaites.  » Que de sages paroles de Sun Tzu, issues de son ouvrage
l’Art de la guerre, le premier traité de stratégie militaire écrit au
monde !
On ne le répétera jamais assez : ne sous-estimez pas l’adversaire,
et ne banalisez pas un muguet buccal ou une mycose vaginale.
N’attendez pas la récidive. Le risque, avec C. albicans, c’est qu’il ouvre
la boîte de Pandore. On a vu qu’il est capable de se faire accepter par
le système immunitaire, profitant de sa moindre faiblesse, de
l’affaiblir et de le perturber. N’attendez pas que Candida plonge en
profondeur et agisse à votre insu. Prenez la mesure du risque et
intervenez préventivement, pour restaurer l’ordre bactérien au sein
de l’intestin, le principal réservoir naturel de C. albicans. Lorsque les
choses sont prises à leur tout début, la gestion des problèmes est
simplifiée. De même qu’une cotisation d’assurance semble inutile tant
qu’il ne s’est rien passé, vous pourriez considérer comme excessif de
«  dramatiser  » le risque lié à la candidose. Dans la mesure où les
moyens préventifs ne sont pas disproportionnés, cette approche est
légitime, eu égard au risque final, tellement pénalisant, et pour le
coup, réellement dramatique dans certains cas. C’est d’autant plus
pertinent que cette prévention passe le plus souvent par une bonne
hygiène de vie, des recommandations alimentaires et l’usage des
moyens simples, comme des probiotiques 31 ou des extraits végétaux.
A contrario, bien plus complexe est la prise en charge d’une
situation que l’on a laissée dégénérer, par ignorance, négligence ou
excès de confiance, pour autant qu’on finisse par identifier le
coupable. La progression de la candidose chronique se fait au gré des
circonstances, chaotique, alternant périodes calmes et épisodes
cliniques caractérisés. Alors que le retour à la normale se fait chez de
nombreuses personnes, la rupture d’équilibre est consommée pour
d’autres, pour peu que s’accumulent facteurs favorisants et co-
infections. Cela survient sur une échelle de temps qui amène
naturellement à baisser la garde : qui peut être en permanence sur le
qui-vive  ? Dans bien des cas, on ne sait plus qui fait quoi et on n’y
comprend plus rien. Il faut alors beaucoup de méthode et de rigueur
pour progresser dans la compréhension de la situation clinique et
dans la mise en place d’un ensemble de solutions thérapeutiques. Une
chose est certaine, la candidose chronique, souvent mésestimée et
sous-diagnostiquée, fait courir un risque global sur la santé. Si elle ne
tue pas, comme la tuberculose le faisait jadis, elle n’en est pas moins
redoutable, de par son apparente banalité au départ, de par son
caractère délétère dans la durée. Elle affaiblit l’organisme et favorise
une situation de désadaptation au stress, que ce dernier soit lié au
simple processus de vie et de vieillissement ou qu’il soit lié aux
interactions avec l’environnement.

La prise en compte du terrain

QU’EST-CE QUE LE TERRAIN ?

L’infection chronique à Candida constitue un puissant modificateur de


terrain. Mais qu’est-ce que le terrain ? Ce terme englobe tout ce qui
prédispose un individu à développer certaines maladies, ainsi que la
manière d’y faire face, en fonction de ses prédispositions d’origine
génétique, de son mode d’adaptation à la vie et de ses modes de
réaction physique et psychique. Cette vision de l’être humain prend
en compte ses dimensions physique, physiologique et psychologique.
Elle incite à ne pas considérer seulement les causes d’une maladie,
mais aussi les circonstances qui la favorisent ou l’entretiennent. C’est
une notion déjà ancienne, que les jeunes médecins diplômés
connaissent peu à l’issue de leurs études hospitalo-universitaires, tout
occupés qu’ils sont à combattre les maladies et à traiter les
symptômes. Certes, soulager la souffrance est la première mission du
corps médical, mais — et c’est sans doute l’époque qui veut cela — la
culture de l’immédiat prime sur celle du temps long. L’expérience
d’une vie de médecin permet de mieux comprendre la célèbre phrase
attribuée à Louis Pasteur, chercheur, chimiste et physicien de
formation, pionnier de la microbiologie, au moment où le rideau
s’apprêtait à tomber sur une brillante existence : « Antoine Béchamp
avait raison, le microbe n’est rien, le terrain est tout.  » On lui
attribue, à tort ou à raison, la phrase « C’est Claude qui a raison », un
hommage tardif à Claude Bernard, médecin physiologiste considéré
comme le père de la médecine moderne, de la recherche clinique et
de l’expérimentation animale.
Malgré la technicité de la médecine moderne, il faut savoir relire
les anciens. L’œil rivé sur son microscope, Pasteur défendait la théorie
du microbisme qui considérait que le microbe, un micro-organisme
vivant invisible à l’œil nu découvert depuis peu, était au cœur des
maladies. Son contemporain Béchamp, médecin, chimiste et
pharmacien, soutenait que celles-ci sont toujours des processus de
sauvetage ou de réparation et de vie. Elles ne sont graves que lorsque
le milieu est déficient, c’est-à-dire lorsque le terrain est propice au
développement des «  microbes  ». Entre un Béchamp humaniste et
idéaliste pour qui «  le “microbisme” est une doctrine fataliste
monstrueuse qui suppose qu’à l’origine des choses Dieu aurait créé les
germes des microbes destinés à nous rendre malades » et un Pasteur
pragmatique, célèbre pour son esprit de synthèse, la bonne approche
est certainement quelque part entre les deux. Chaque thérapeute, au
gré de sa formation et de son parcours professionnel, sera plus enclin
à combattre l’agent infectieux proprement dit ou à traiter les
perturbations de ce fameux terrain. Même la médecine moderne le
prend désormais en considération au travers de l’étude de la
génétique, de l’épigénétique 32, de l’étiopathogénie 33 et des facteurs
psychosociaux dans la santé 34.

COMMENT TENIR COMPTE DU TERRAIN LORS D’UN TRAITEMENT ?

En pratique, comment prendre en compte le terrain tout en


combattant activement C. albicans chaque fois qu’il pointe le bout de
son nez  ? En tenant compte non seulement de son retentissement
local, mais aussi de son retentissement sur les mécanismes adaptatifs
chargés de maintenir un état de santé équilibré et optimal.

Bon à savoir
Les cinq grands systèmes de régulation de la santé sont impliqués dans la
candidose chronique :
les trois systèmes de l’ensemble immuno-psycho-neuro-hormonal ;
le système double de soutien structurel et fonctionnel de l’organisme.

Pour comprendre l’importance de ces systèmes de régulation dans


le maintien d’une bonne santé, on ne se contentera pas de la
définition de celle-ci par l’OMS 35  : «  État de complet bien-être
physique, mental et social, et [qui] ne consiste pas seulement en une
absence de maladie ou d’infirmité.  » La bonne santé est le résultat
d’un équilibre homéostatique et allostatique.
Quelques définitions
Homéostasie  : processus de régulation dynamique par lequel l’organisme
maintient stable et en équilibre les différentes constantes (que l’on devrait
d’ailleurs appeler des variables) du milieu intérieur, intracellulaire et extracellulaire
(ensemble des liquides de l’organisme), entre les limites des valeurs normales.
Allostasie : processus qui vise à ajuster les fonctions de l’organisme en réponse aux
conditions externes et internes (les stresseurs, c’est-à-dire les stimuli qui
déclenchent une réaction de stress). L’allostasie est caractérisée par des efforts
d’adaptation constants et se traduit par des changements physiologiques ou de
comportement. Un certain nombre de systèmes de l’individu maintiennent la
stabilité générale de l’organisme, tout en étant eux-mêmes très variables.
Contrairement à l’homéostasie, l’allostasie ne vise pas à maintenir en équilibre la
valeur d’un paramètre biologique, comme la
température corporelle, mais à optimiser le bon fonctionnement des systèmes
internes, comme la régulation de la pression artérielle.
Charge allostatique : notion qui réfère aux conséquences négatives du stress sur
l’organisme, qui s’accumulent avec le temps. Une réponse initialement bénéfique
devient néfaste et dommageable. Elle représente le coût physique et émotionnel
pour faire face à des conditions de stress sur une longue période.

Comprendre les différents mécanismes


physiologiques en jeu

Face à la candidose chronique, il est certes impératif de répondre à la


plainte exprimée, c’est-à-dire aux symptômes (démangeaisons
génitales en cas de mycose vaginale, sensation de brûlure en cas de
muguet buccal…) et à la problématique du moment (troubles
fonctionnels intestinaux, fatigue, troubles de l’humeur…), mais il est
tout aussi nécessaire d’agir sur le terrain du patient.
Cela implique de comprendre les mécanismes
physiopathologiques impliqués dans son état de santé fragilisé ou
perturbé. Concrètement, cela nécessite de prendre en compte d’une
part la spécificité de l’organe concerné par les symptômes (muqueuse
vulvo-vaginale, langue et parodonte dans la bouche…) et d’autre part
les cinq grands systèmes de régulation de la santé, afin de rechercher
leur degré d’implication dans la genèse, la pérennisation ou le risque
évolutif de la candidose.
Trois d’entre eux sont bien connus du grand public  : outre le
système immunitaire, dont nous avons déjà parlé, on retrouve les
systèmes nerveux et endocrinien. Ils fonctionnent en synergie, de
manière intégrée, l’un retentissant sur l’autre. Le cerveau
communique avec le système immunitaire via le système nerveux
autonome et les facteurs neuroendocriniens. Les systèmes
immunitaire et endocrinien retentissent sur le fonctionnement du
système nerveux et périphérique. Cette notion de psycho-neuro-
immuno-endocrinologie est déjà ancienne, puisqu’elle date des
années 1970. Depuis, le concept a bénéficié des énormes progrès
accomplis par l’immunobiologie et les neurosciences dans la
meilleure compréhension des mécanismes intimes de l’immunité et
du fonctionnement cérébral.

L’interaction des systèmes physiologiques


d’adaptation en cas de stress

Pour comprendre ces interactions, prenons l’exemple de l’exposition à


un stress extérieur répété, par exemple le bruit et la mauvaise
ambiance au travail. Le système endocrinien réagit en sécrétant
davantage de cortisol, l’«  hormone du stress  », ce qui permet de
mieux mobiliser les ressources énergétiques de l’organisme. En
situation de stress, il régule les sucres (glucides), les graisses
(lipides), les protéines (protides), les minéraux et l’eau dans le corps.
Ce faisant, il maintient le taux de glucose (sucre sanguin) dans le
sang pour nourrir les muscles, le cœur, le cerveau. Cependant, si cette
situation perdure, elle risque d’épuiser les réserves de l’organisme et
d’altérer ses capacités à les reconstituer. Par ailleurs, le cortisol,
immunostimulant à concentration physiologique (c’est-à-dire à l’état
normal, en dehors de tout stress), devient immunodépresseur
lorsqu’il se maintient à des taux élevés. Cela finit par abaisser les
défenses de l’organisme et favoriser la survenue d’infections, comme
des mycoses vaginales ou une candidose digestive, elle-même source
d’inflammation. Or, tout état inflammatoire perturbe le système
nerveux et favorise l’anxiété et la dépression, ce qui rend plus
vulnérable au stress environnemental, comme le bruit et la mauvaise
ambiance au travail. La boucle d’auto-entretien est enclenchée, et il
faudra une intervention spécifique pour interrompre ce cercle vicieux.

LA PERTURBATION DES PRINCIPAUX SYSTÈMES D’ADAPTATION


PAR LA CANDIDOSE

À l’inverse, prenons le cas d’un état infectieux chronique, provoqué


par exemple par un champignon de type C. albicans. Caractérisé par
des mycoses vaginales à répétition, sur un fond de candidose
intestinale chronique, il génère un état inflammatoire modéré mais
permanent au niveau des muqueuses génitales et digestives, qui
sollicite sans cesse le système immunitaire, avec les spécificités que
nous avons vues. Cela entraîne également une augmentation de la
sécrétion de base du cortisol, lequel finit par altérer les neurones de
l’hippocampe 36, cette structure du cerveau jouant un rôle essentiel
dans les capacités d’apprentissage et de mémorisation. À cela s’ajoute
le problème des microlésions et de l’hyperperméabilité de l’intestin
qui permettent le passage de grosses molécules d’origine alimentaire
dans la circulation générale. Celles-ci fonctionnent comme de
véritables exorphines (par opposition aux endorphines, cette
morphine endogène qui procure une sensation de bien-être, voire
d’euphorie, et qui calme la douleur), en provoquant les effets
inverses  : elles génèrent sensibilité accrue à la douleur, fatigue,
irritabilité, mal-être… Ajoutons l’effet propre des neurotoxines
sécrétées par la levure pathogène (candidine, acide tartrique,
acétaldéhyde…), et on comprend que le cerveau va souffrir et que le
système nerveux, malgré ses immenses capacités d’adaptation,
longtemps sollicitées, va finir par dysfonctionner. Peu à peu, aggravés
par des facteurs extérieurs que l’on prendra pour des causes alors
qu’ils ne sont souvent que des déclencheurs ou des éléments
d’aggravation, vont s’installer des troubles de l’adaptation plus ou
moins invalidants : dépression, anxiété, troubles du sommeil, fatigue,
troubles cognitifs (mémoire, attention, concentration). Dans chacune
de ces situations, le trio psycho-neuro-immuno-endocrinien se
dérégule peu à peu, favorisant la propagation du candida, notre
champignon transformiste et opportuniste au tempérament de
colonisateur. Inversement, les perturbations endocriniennes vont
rejaillir à leur tour sur les autres grands régulateurs et augmenter les
troubles ressentis au cours de la candidose chronique. C’est le cas lors
de l’altération du fonctionnement de la glande thyroïde et des
ovaires.

Les troubles de la thyroïde aggravent les symptômes

La thyroïde mérite toute votre attention. Il s’agit d’une glande en


forme d’aile de papillon située à l’avant du cou. Une faiblesse
fonctionnelle de cet organe reflète une hypothyroïdie fruste (c’est-à-
dire légère à modérée) ou avérée, dont il faudra chercher la cause
(auto-immunité, déficit en iode, en fer, en zinc ou en sélénium,
vieillissement de la thyroïde).
Or, une partie importante des symptômes qu’elle engendre
ressemblent étrangement à ceux de la fibromyalgie, du syndrome de
fatigue chronique ou de certaines manifestations de la candidose
chronique  : fatigue, mal-être, troubles de l’humeur, douleurs
articulaires et musculaires, perturbations intestinales (constipation)
et métaboliques (prise de poids)…
Par conséquent, évaluer la fonction thyroïdienne fait partie du
bilan de ces symptômes, tout autant que la recherche active d’une
candidose digestive chronique, d’autant que, dans ce cas-là aussi, les
pathologies peuvent s’intriquer. La fameuse thyroïdite de Hashimoto
(la plus fréquente des maladies auto-immunes) est souvent liée à
l’intolérance au gluten, dont on a vu qu’elle-même est souvent liée à
C. albicans… Par ailleurs, les carences ou déficits en iode sont légion,
et il serait plus rapide de dénombrer les personnes qui n’en sont pas
dépourvues ! Un simple examen, l’iodurie, effectué sur les premières
urines du matin ou celles de 24  heures, permet de dépister un
manque d’iode et d’envisager une supplémentation avant que la
thyroïde ne soit durement atteinte.

Le manque d’œstrogènes est un facteur défavorable

Les œstrogènes jouent un rôle nourricier sur l’organisme, plus


particulièrement au niveau de l’intestin. En participant à sa nutrition
et à sa croissance, ces hormones contribuent habituellement à son
bon fonctionnement. Au cours de la période d’activité génitale
féminine, il peut exister des situations d’hypo-œstrogénie, c’est-à-dire
d’insuffisance d’imprégnation en hormone sexuelle féminine
(anorexie, dénutrition, raisons constitutionnelles). Cet état s’accentue
lors de la périménopause et devient permanent une fois la
ménopause installée. Cela exerce un rôle aggravant sur la candidose
chronique et sur les troubles fonctionnels intestinaux fréquemment
associés.

Pourquoi surveiller le foie, les reins et l’intestin


en cas de candidose ?

Deux autres systèmes de régulation jouent un rôle plus discret mais


capital dans les capacités d’adaptation de l’organisme. Ils constituent
ce que l’on peut appeler le « système de soutien » du corps humain. Il
s’agit, dans sa partie fonctionnelle, du foie, des reins et de l’intestin,
et, dans sa partie structurelle, du tissu conjonctif. Ils peuvent être
affaiblis par les antécédents médicaux ou par le vieillissement, et sont
fortement sollicités au cours de la candidose. Il est nécessaire de les
évaluer pour mieux les renforcer si besoin est.

Du côté du foie
Détoxiquer étant devenu le mot d’ordre de tout adepte de la santé
naturelle, vous savez qu’il faut régulièrement « nettoyer » son foie et
favoriser la transformation et l’élimination des toxines, qu’elles
viennent de l’extérieur ou de l’intérieur. Le foie possède de
nombreuses autres fonctions, notamment de stockage et de synthèse,
ainsi que de fabrication des acides biliaires qui constituent la bile,
nécessaire à une bonne digestion et à un bon transit intestinal.
Le foie lui-même interagit avec le système immunitaire. Toute
inflammation entraîne une baisse de ses capacités de détoxication, ce
qui favorise une mauvaise tolérance des médicaments de synthèse. La
candidose impose de soutenir le foie et de renforcer ses fonctions,
d’autant que l’inflammation à bas bruit de l’infection digestive
chronique affaiblit la fonction hépatique.
Les reins
Ils fabriquent l’urine et éliminent les déchets de l’organisme.
Habituellement ignorés par les patients, ils accomplissent en silence
leur mission fondamentale de régulation des volumes liquidiens de
l’organisme et des minéraux (principalement le sodium, le potassium,
le chlore et le calcium), tout en régulant l’équilibre acide-base (pH du
sang), auquel les naturopathes se réfèrent quand ils parlent de terrain
acide. Favoriser l’élimination rénale et l’équilibre hydrominéral est
important au cours de la candidose.

L’intestin
Le Dr  Catherine Kousmine en avait eu l’intuition au milieu du
e
XX   siècle  : «  En effet, c’est au niveau de l’intestin que tous les
désordres membranaires auront les plus graves conséquences.  »
Malgré tout, l’intestin est certainement l’organe que l’on comprenait
le moins jusqu’à ces dernières décennies. On sait déjà qu’il sert à
poursuivre la digestion des aliments et permet l’assimilation des
nutriments, mais ce n’est pas tout. Loin d’être un simple tuyau
collecteur et évacuateur, il exerce une action métabolique équivalente
à celle du foie.
Ses fonctions et ses troubles, notamment immunitaires et
neurobiologiques, sont mieux décryptés, de même que les
dysfonctions du trio constitué par la muqueuse, le microbiote et le
système immunitaire (on y retrouve de 60 à 70  % des cellules de
l’immunité). On prend mieux en compte le système nerveux contenu
dans l’intestin —  200  millions de neurones, autant que dans le
cerveau d’un chien  —, qui communique avec le contenu de la boîte
crânienne. C’est ce qui a fait qualifier nos intestins (grêle et côlon) de
«  second cerveau  ». On sait maintenant qu’ils sont au centre de la
genèse de nombreuses maladies chroniques ou récidivantes
(infections, allergies, troubles du comportement, maladies auto-
immunes, cancers, colopathies).
L’intestin est concerné au premier chef dans la candidose
chronique : il constitue le réservoir principal de Candida. C’est à son
niveau que se développent l’inflammation et les microlésions de la
muqueuse, qui le rendent poreux, et que surviennent les
perturbations du système immunitaire. En fonction de degré de
nuisance du candida, les conséquences locales et systémiques se
feront sentir, par le biais des interactions entre l’intestin, le foie et le
système immuno-psycho-neuro-endocrinien.

L’implication du tissu conjonctif

Relativement solide et plus ou moins fibreux, le tissu conjonctif


protège les organes qu’il entoure ou constitue leur trame. Présent
partout dans le corps, il est impliqué dans les fonctions de soutien, de
protection, de nutrition, de liaison, de réparation des tissus, de
mouvement, de réponse immunitaire, de croissance et de stockage.
Au cours de la candidose chronique, il est indispensable de le
réparer, de le renforcer et de le protéger, notamment au niveau de
l’intestin (voir ici).

POUR UNE PRISE EN CHARGE INTÉGRATIVE DES TROUBLES

L’activité pathogène de C.  albicans sollicite l’ensemble de ces cinq


grands systèmes de régulation, entraînant peu à peu des difficultés
croissantes d’adaptation au stress (charge allostatique  ; voir ici) sur
l’organisme, et contribuant à l’apparition progressive de symptômes
variés et intriqués. Comment en dénouer les nœuds  ? La bonne
stratégie thérapeutique pour combattre le candida consiste non
seulement à agir sur la levure elle-même par des traitements
antifongiques, mais aussi à restaurer les capacités d’adaptation et de
régulation du corps humain perturbé par la candidose.
Cette manière d’appréhender le problème de la candidose
chronique n’est pas spécifique à ce type d’infection, même si,
finalement, cette maladie est emblématique de ce que l’on peut faire
en la matière. Comprendre et traiter le terrain autant que les
symptômes est une attitude que l’on peut adopter pour prendre en
charge les co-infections accompagnant la candidose, les
manifestations aiguës et/ou chroniques qui s’y rattachent, tout
comme l’ensemble des problèmes de santé.

NATUROPATHES VERSUS MÉDECINS

Cette approche a souvent tendance à être préemptée par les


naturopathes plutôt que par les médecins. Finalement, ils ne font que
profiter du vide béant laissé par le corps médical « institutionnel ». Ils
« font le boulot » grâce à leur vision globalisante et systémique de la
santé et leur recours systématique à des solutions naturelles. Ils n’ont
peut-être pas tort quand ils citent le Dr  Georges Armand Muri 37  :
« Nous faisons tous, de la naissance à la mort, une seule et une même
maladie, dont les maladies du Larousse ne sont que des épisodes. »
Mais les naturopathes ne détiennent qu’une partie de la clé qui
déverrouille la situation complexe de la candidose chronique. Le
corps médical détient l’autre, par sa capacité à diagnostiquer, à faire
un bilan et à prescrire certains médicaments de synthèse qui restent
indispensables dans la lutte contre le candida. Il faudra bien que tous
apprennent à travailler ensemble !
Sinon qui, pour occuper l’espace entre les deux  ? Il y a bien les
médecins phytothérapeutes, homéopathes, micronutritionnistes et
nutritionnistes, qui ont de longue date intégré une approche globale
de la santé, mais ils ne sont pas assez nombreux. L’évolution de la
médecine et des conditions socio-économiques de son exercice ne
permettent pas au médecin en fin de carrière que je suis d’être
optimiste en la matière.
L’horizon s’éclaircit peut-être du côté de certains jeunes médecins
fraîchement installés en médecine générale. Ils ne manquent souvent
que d’une bonne formation complémentaire pour développer un
regard global sur la santé et exercer tous leurs talents. Au sein des
DIU (diplômes interuniversitaires) de phytothérapie médicale, ils
cohabitent déjà avec les nombreux pharmaciens qui développent
assidûment le conseil officinal. À travers le vaste réseau de
pharmacies, ces derniers s’adressent à l’ensemble de la population et
peuvent mettre en place les fondamentaux de la prise en charge de la
candidose chronique, au travers de conseils hygiéno-diététiques, de
recommandations nutritionnelles et diététiques, et de certaines
solutions naturelles.
Quant aux dentistes, qui sont aux premières loges, si l’on peut
dire, de la pathologie, ils pourraient avoir un plus grand rôle à jouer
en sensibilisant leurs patients aux problématiques du microbiote
buccal et de l’éventuelle présence locale de candida dans le suivi des
parodontopathies.
Ne mettons pas de côté les kinésithérapeutes ostéopathes, les
infirmières et autres membres des professions paramédicales
(podologues, psychologues, diététiciennes), de plus en plus actifs
dans l’accompagnement chronique des patients et dans leurs soins.
Leur rôle de dépistage et d’information est plus que jamais nécessaire
pour ne pas passer à côté du problème de la candidose chronique.

ET SI LE MEILLEUR MÉDECIN, C’ÉTAIT VOUS ?


Soyez à votre écoute, informez-vous et développez votre
compréhension des enjeux d’une bonne santé. Ces critères constituent
la base des qualifications nécessaires pour vous soigner vous-même.
C’est tout à fait possible, et même souhaitable en ce qui concerne les
solutions naturelles. L’automédication n’est pas un gros mot tant
qu’elle reste accompagnée, soit par un ouvrage de référence, soit par
l’intervention ponctuelle d’un professionnel de la santé. N’hésitez pas
à demander des conseils et des explications, à poser des questions et
à vous faire aider dans votre démarche, mais faites-le avec rigueur et
méthode, en évitant croyances et interprétations approximatives. Cet
ouvrage est justement fait pour vous aider. En cas de besoin, parlez-
en à votre médecin, qui reste votre interlocuteur privilégié en toutes
circonstances.

UNE PRISE EN CHARGE EN CINQ ÉTAPES

Que la candidose soit ponctuelle ou qu’elle s’installe dans la


chronicité, la même vigilance s’impose. Une première manifestation
de l’activité pathogène du candida doit suffire pour se sentir concerné
et enclencher toutes les mesures nécessaires pour éviter la récidive et
les perturbations de terrain qui peuvent survenir dans le temps. On
guérit de la candidose quand on s’occupe du global autant que du
local. Agir à tous les niveaux de manière intégrative est le mot
d’ordre, à toutes les étapes du traitement…
1. Savoir incriminer Candida face à des troubles inexpliqués autant
que devant des symptômes évidents, en le considérant comme un
ennemi potentiel jusqu’à preuve du contraire.
2. Combattre la levure par une association de traitements
antifongiques (chimiques et/ou naturels) quand elle devient
pathogène.
3. Traiter l’intestin, à la fois réservoir du candida et théâtre des
opérations pour la candidose, en restaurant l’écosystème intestinal
(microbiote, muqueuse et système immunitaire).
4. Évaluer le terrain en analysant les grands systèmes de régulation
de l’organisme.
5. Améliorer leur fonctionnement chaque fois que nécessaire en
fonction des perturbations rencontrées, et favoriser les capacités
globales d’adaptation au stress et à l’environnement altérées par la
candidose chronique.
Franchir les trois premières étapes constitue l’essentiel pour
améliorer grandement votre état de santé. Dans ce cadre, faire de la
prévention reste incontournable. Des mesures simples appliquées
régulièrement suffisent assez souvent pour éviter le passage à la
chronicité. Entre les erreurs à ne pas commettre et les actions de bon
sens à entreprendre, il y a déjà de quoi faire. De nombreux moyens
naturels sont à votre disposition, même s’il faut utiliser des
médicaments de synthèse pour traiter des épisodes aigus chaque fois
que la situation clinique l’exige.
Pour autant, ne négligez pas les deux dernières étapes, qui
constituent le travail de fond. Certes, la démarche est plus longue et
plus complexe, mais elle concerne le cœur même de votre état de
santé. Hippocrate disait  : «  Devant la maladie, cherchez la cause et
ôtez-la, mais cherchez aussi la cause de la cause et ôtez-la ; cherchez
enfin la cause de la cause de la cause et ôtez-la. Telle est la véritable
guérison. »
Une fois intégrée cette démarche clinique, il est désormais
possible d’aborder dans le concret le détail des solutions
thérapeutiques, pour en finir avec la candidose.
CHAPITRE IV

Les traitements conventionnels

Il est important de replacer le destin du candida dans la perspective


du temps et de l’espace, et de tenir compte de sa résilience et de son
caractère expansionniste. Il ne s’agit pas tant de l’éradiquer que de
circonscrire son territoire et son influence à un écosystème
contraignant, de façon que cela vous dérange le moins possible.
Vous connaissez désormais le pathogène et vous savez de quoi il
est capable. Dès la première manifestation, apprenez à réagir et à y
faire face. Le plus souvent, un traitement antimycosique local et ciblé
a de bonnes chances d’être suffisant. Dans certains cas, la prise de
médicaments antifongiques par voie orale est nécessaire.

Les antimycosiques d’action locale


Les traitements locaux conventionnels sont le plus souvent
indispensables dans les atteintes mycosiques superficielles externes
(peau, ongles) et internes (localisations vaginales, buccales). Certes,
leur efficacité à court terme ne doit pas nous faire oublier de régler la
maladie sous-jacente, comme nous le verrons dans les chapitres
suivants, mais il ne faut pas les redouter  : dans la très grande
majorité des cas, ils sont efficaces et bien tolérés.
Au-delà des symptômes initiaux, il importe avant tout de détecter
tous les foyers de Candida albicans à traiter simultanément pour
éviter les récidives 38. Pour un premier épisode de candidose localisée
ou pour des récidives espacées, on ne saurait se dispenser, en
première intention, des médicaments antifongiques modernes. Ils
agissent pour l’essentiel au niveau de la membrane cellulaire des
champignons, contrairement aux antibiotiques, qui agissent sur
plusieurs structures différentes des bactéries. En dégradant cette
membrane cellulaire et en faisant des trous dedans, ils rompent
l’intégrité des levures et provoquent leur mort.
Parmi les antifongiques locaux actifs sur le candida, plusieurs
familles moléculaires sont délivrées en pharmacie, sur ordonnance, et
remboursées partiellement par l’assurance maladie. Désormais, de
nombreux traitements antifongiques d’action locale sont délivrés sans
ordonnance. Néanmoins, l’automédication ne devrait concerner que
les mycoses déjà diagnostiquées et bien connues par le patient
(essentiellement les récidives).
Privilégiez malgré tout la consultation médicale, pour bénéficier
d’un diagnostic de certitude et d’une prescription en bonne et due
forme.
En cas d’automédication
Si vous vous soignez par vous-même avec un traitement allopathique, c’est-à-dire à
base de molécules de synthèse, suivez les recommandations suivantes.
Lisez attentivement la notice explicative placée dans la boîte du médicament.
Elle contient des informations précieuses sur les précautions d’emploi, les
risques d’effets secondaires et la conduite à tenir en cas de problème.
Conservez-la toujours dans la boîte, car vous pourriez avoir besoin de la relire.
Si, après avoir lu la notice, vous avez toute autre question ou un doute,
demandez plus d’informations à votre médecin ou à votre pharmacien.
Attention, certains produits sont contre-indiqués chez la femme enceinte et
allaitante.
Même délivré sans ordonnance, le médicament correspond à une indication
bien précise. Ne le donnez jamais à quelqu’un d’autre, même en cas de
symptômes identiques, cela pourrait lui être nocif.
Si l’un des effets indésirables décrits dans la notice devient grave ou si vous
remarquez un effet indésirable non mentionné, parlez-en à votre médecin ou à
votre pharmacien.

Le choix de l’antifongique par le médecin se fait en fonction de la


localisation et du contexte clinique.
Dérivés imidazolés  : éconazole (Pevary®), miconazole
(Daktarin®), tioconazole (Trosyd®), isoconazole (Fazol®),
oxiconazole (Fonx® 1  %, sur ordonnance seulement),
sertaconazole (Monazol® 2 %).
Polyènes  : nystatine (Mycostatine®), amphotéricine  B
(Fungizone®).
Pyridones : ciclopiroxolamine (Mycoster®).
Allylamines : terbinafine (Lamisil®).
Amorolfine (Locéryl®).

EN PREMIÈRE INTENTION
La préférence va aux traitements locaux imidazolés (éconazole,
miconazole, tioconazole…), qui ont l’avantage de posséder un large
spectre d’activité, puisqu’ils exercent aussi une action sur les bactéries
à Gram positif, et d’agir sur plusieurs variétés de champignons
microscopiques : Candida, Malassezia furfur (une levure responsable
du pityriasis versicolor), dermatophytes (possédant une forme
filamenteuse et appartenant à Trichophyton, à Microsporum ou à
Epidermophyton, qui sont responsables des teignes, des
épidermophyties, des onychomycoses et des trichophyties).
On retrouve cette action antifongique pour les pyridones (sauf la
teigne), alors que les allylamines ciblent les dermatophytes et les
levures. Concernant plus spécifiquement la lutte contre le candida, le
choix des molécules dépend aussi des habitudes du prescripteur.
La liste complète des médicaments mise à jour 39 peut être
consultée sur le site grand public du Vidal 40, le dictionnaire médical
qu’utilisent quotidiennement les médecins sous la forme papier ou
sous forme intégrée à leur logiciel médical. Cette liste référence les
médicaments contenant les molécules citées précédemment sous leur
nom commercial d’origine (princeps) ou sous leur nom générique.
Le choix de la présentation du médicament (forme galénique) et
les modalités d’utilisation dépendent de la localisation de la zone à
traiter, ou du caractère humide ou sec des lésions 41.

LES MYCOSES DE LA CAVITÉ BUCCALE (MUGUET, PERLÈCHE,


GLOSSITES, GINGIVITES, STOMATITES)

On privilégie pour ces types de mycoses des antifongiques locaux


sous forme liquide, en l’occurrence une suspension, afin de bien
tapisser l’ensemble de la muqueuse et d’atteindre les moindres
recoins. Les molécules disponibles sont la nystatine (Mycostatine®),
l’amphotéricine B (Fungizone®) et le miconazole (Daktarin® gel
buccal). Habituellement très bien tolérés, ces médicaments ne
franchissent pas la barrière de la muqueuse et n’agissent qu’à
l’intérieur du tube digestif. Ils permettent de traiter simultanément
l’ensemble du tube digestif. Compte tenu de la probable
contamination de ce dernier, trois semaines au moins d’un traitement
bien conduit sont nécessaires, sans hésiter à augmenter cette durée
d’une ou de plusieurs semaines en cas de récidive, si le terrain est
déficient ou s’il existe des manifestations générales faisant penser à
une possible candidose chronique.
Complétez avec des bains de bouche en utilisant un produit
contenant un antiseptique (chlorhexidine) ou du bicarbonate de
soude (1 cuillerée à café dans un verre d’eau) pour alcaliniser votre
cavité buccale.
En cas d’utilisation d’une prothèse dentaire, il convient de la
désinfecter régulièrement.
La prise en charge d’un manque de salive (hyposialie) passe
par une meilleure hydratation, par la suppression du ou des
médicaments responsables et par une stimulation de la sécrétion
salivaire (en phytothérapie, avec des plantes amères, comme la
gentiane ou le pissenlit).

Dans le cas particulier des patients


immunodéprimés
Les atteintes buccales requièrent le recours au miconazole (Loramyc®)  : 1
comprimé gingival mucoadhésif une fois par jour pendant 8 jours, le matin après
s’être brossé les dents. Si cela n’agit pas, il est alors recommandé de passer à un
traitement général (ou systémique, voir ici).
En cas d’atteinte de la commissure des lèvres (perlèche),
désinfectez avec un antiseptique pendant 15  jours, et appliquez un
gel antifongique (miconazole, par exemple) sur les deux bords.

L’ATTEINTE ANALE (ANITE)


Elle requiert une crème antifongique azolée locale (voir ci-après)
jusqu’à guérison. De plus, vous traiterez le réservoir intestinal avec la
nystatine (Mycostatine®), l’amphotéricine B (Fungizone®) ou le
miconazole.

LES VULVO-VAGINITES CANDIDOSIQUES
Elles bénéficient, s’il s’agit d’un premier épisode, d’un traitement local
par des azolés (ovule, capsule ou gel vaginal). Plusieurs molécules
sont disponibles  : éconazole (Gyno-Pevaryl®, le médicament
d’origine, ou un de ses génériques chez Biogaran, Arrow, Eg, Mylan,
Ranbaxy, Ratiopharm, Sandoz, Theva, Winthrop ou Zydus), nitrate de
sertaconazole (Monazol®), butoconazole, miconazole, fenticonazole,
isoconazole (Fazol®).
La prescription est d’un ovule ou d’une capsule à introduire le soir
au fond du vagin pendant trois jours ou en une seule prise, selon la
molécule. Suivez la prescription de votre médecin. Pour des raisons
de commodité, il peut vous proposer en effet une «  forme retard  »,
qui ne nécessite qu’une seule prise. C’est le cas de l’isoconazole
(Gyno-Travogen®), du miconazole (Gyno Daktarin®), du tioconazole
(Gynotrosyd®), du nitrate de fenticonazole (Lomexin®) et de
l’éconazole (Gyno-Pevaryl® LP). Le traitement ne doit pas être arrêté
durant les règles.
Chez la femme enceinte
Le traitement conventionnel par crème ou ovule azolé reste possible en cas de
grossesse, notamment au cours des deuxième et troisième trimestres. Cependant,
même si aucun effet malformatif ou fœtotoxique particulier n’est apparu à ce jour,
la fiche pharmacologique de ces médicaments précise que le suivi des grossesses
exposées à ces produits est insuffisant pour exclure tout risque et permettre une
recommandation d’emploi au cours du premier trimestre, sauf si le médecin
considère que c’est nécessaire.

En complément

La prise en charge de la localisation vulvaire aiguë passe aussi par


une toilette avec un savon à pH neutre ou alcalin et par l’application
pendant 3 à 4 semaines :
d’une crème azolée, comme bifonazole (Amycor®), clotrimazole
(Trimysten®), isoconazole (Fazol®) ou kétoconazole
(Ketoderm®) ;
OU
d’une émulsion fluide, comme éconazole (Pevaryl®) ou
isoconazole (Fazol®) ;
OU
d’un lait à base de molécule azolée.

En cas de candidose vulvo-vaginale récidivante

Un prélèvement peut être utile pour confirmer la récidive et ne pas


passer à côté d’un autre germe. Le protocole conventionnel consiste à
traiter pendant 6 mois à raison d’un ovule par jour pendant 3 jours
en seconde partie du cycle menstruel (vers le vingtième jour).
Et chez l’homme ?
L’atteinte de la muqueuse génitale se traite avec une crème azolée, comme pour la
localisation vulvaire féminine. Il est recommandé de faire sa toilette à l’aide d’un
savon à pH neutre ou alcalin.

LES MYCOSES DE LA PEAU

Les atteintes très localisées

Elles se traitent très bien à l’aide d’une crème imidazolée (identique à


celles citées pour les atteintes génitales externes).

En cas de localisations cutanées multiples

Il est judicieux de traiter la totalité du corps à l’aide d’un gel


moussant thérapeutique (Ketoderm® 2 %, par exemple).

Les atteintes des plis (intertrigos)

Les gels et les crèmes (Pevaryl®, Daktarin®, Trosyd®…) font mieux


l’affaire.

Sur les grandes surfaces

La forme solution est bien adaptée, mais elle contient de l’alcool, qui
peut être irritant sur les muqueuses ou une peau lésée. Elle peut être
remplacée, notamment sur les zones sèches, par une émulsion que
l’on applique sur les lésions puis que l’on fait pénétrer par le biais
d’un massage local. Le sulfure de sélénium (Selsun®) est une
suspension pour application cutanée indiquée dans certaines mycoses
de la peau, au niveau du cuir chevelu.
Appliquez ces traitements locaux jusqu’à guérison, sans hésiter à
les prolonger quelques jours, par sécurité.

LES MYCOSES DES ONGLES

Elles concernent principalement le gros orteil. Elles bénéficient des


traitements locaux, sous forme de pommade (Amycor Onychoset®),
de crème (Amycor®) ou de vernis (Loceryl®). Il est conseillé de
commencer par la pommade locale appliquée avec un pansement
occlusif (fermé) maintenu durant la nuit.

Protocole de traitement

Pendant 21 jours, appliquez quotidiennement la pommade sur l’ongle


malade (associé à un pansement local, à poser chaque nuit), puis
appliquez la crème pendant encore 21 jours. Le relais se fait
ultérieurement avec l’application sur l’ongle d’un vernis
thérapeutique. Cette solution filmogène s’applique tous les jours pour
Mycoster® 8 %, ou bien une ou deux fois par semaine pour Loceryl®.
Des mois de traitement sont nécessaires (patience et constance !), en
même temps que l’éradication des mauvaises conditions locales.
Un traitement systémique oral peut être proposé par le
dermatologue si la base de l’ongle (matrice) est contaminée, en cas
de résistance au traitement (après 3 mois) ou si plusieurs orteils sont
atteints. Ce type de médicament n’étant pas anodin (risque
hépatique, nombreuses interactions médicamenteuses…), de
nombreuses personnes hésitent à le prendre pour une localisation
dont la gêne n’est ressentie que sur le plan esthétique. Si c’est votre
cas, tournez-vous vers des traitements naturels.

Attention
Il ne faut en aucun cas négliger ces atteintes unguéales chroniques, qui constituent
un réservoir de Candida dont il vaut mieux se passer.

Les mycoses des espaces interdigitaux des pieds

Les crèmes type Mycoster® ou Lamisil® prescrites par le médecin


traitent les parties cutanées découvertes, jusqu’à guérison. Ces deux
produits existent en poudre, ce qui est mieux adapté pour les espaces
interdigitaux et permet de traiter les chaussures et les chaussettes,
source fréquente de recontamination.
Un talc antifongique contenant du trichlocarban (Cutisan®) peut
également être utilisé dans le traitement d’appoint des mycoses des
orteils chez l’adulte en cas de transpiration excessive ou de port de
chaussures fermées (baskets, par exemple).

L’ÉRYTHÈME FESSIER DU NOURRISSON

Favorisées par le simple frottement de la couche, la macération et


l’irritation, les fesses rouges du bébé sont une dermite du siège
survenant le plus souvent entre 6 et 12 mois. Il ne faut pas la
négliger, car sa surinfection par C.  albicans est fréquente, favorisée
par les selles acides, une diarrhée ou la prise d’antibiotiques. Adoptez
les bons gestes 42 si votre nourrisson a les fesses rouges. Le but est de
sécher les lésions et d’éviter les macérations (fesses à l’air, nettoyage à
l’eau et au savon doux à pH neutre seulement, changes fréquents…).
Le plus souvent, l’érythème fessier régresse seul en quelques jours,
avec des soins d’hygiène et l’application régulière, au moins jusqu’à
guérison, d’une pommade à l’oxyde de zinc (Mitosyl®Irritations,
crème protectrice pour le change Cattier®), actif considéré comme un
composant très sûr, sans contre-indications particulières
(concentration comprise généralement entre 15 et 40 %).
Si la dermite ne passe pas rapidement, suspectez une mycose et
consultez afin que le médecin prescrive une crème antifongique
imidazolée en traitement local.
En complément, vous n’oublierez pas de traiter le réservoir
intestinal par un probiotique approprié.

LA CANDIDOSE DES MAMELONS ET DES CANAUX GALACTOPHORES

Elle est favorisée par un recours souvent excessif aux antibiotiques


avant, pendant et après l’accouchement, ainsi que par des lésions au
niveau des aréoles ou des mamelons qui peuvent survenir,
notamment en cas de mauvais positionnement du bébé —  d’où
l’importance de veiller à bien le positionner dès la première mise au
sein.
Le suintement qui survient souvent en cas de crevasses fait passer
le candida de sa forme commensale inoffensive à sa forme infectieuse
et agressive. Le traitement fait appel à une crème locale azolée, qui
sera appliquée sur le sein jusqu’à guérison, et au traitement de la
bouche du bébé (même s’il n’y a pas de muguet apparent).
Le Dr  Jack Newman, médecin canadien spécialiste de
l’allaitement, préconise sur le site de la Lecche league France 43 (une
association pour le soutien à l’allaitement maternel) son usage en
association avec un onguent d’usage local fait d’une combinaison de
mupirocine à 2  %, de bétaméthasone à 0,1  % et de poudre de
miconazole, à faire préparer en pharmacie.
La préparation semble naturelle, mais elle mélange un
antibactérien, un corticoïde et un antifongique avec du violet de
gentiane (un produit très efficace, mais très salissant), qui se révèle
être mutagène et cancérigène chez l’animal. Par sécurité, je vous
recommande donc de vous en tenir au traitement azolé local
classique.

Les traitements par voie orale


Au cours des candidoses superficielles cutanées, le traitement
dermatologique seul est habituellement suffisant. Dans certains cas, il
est nécessaire de recourir à un traitement administré par voie orale
pour agir soit localement sur le réservoir digestif, soit de façon
systémique sur l’ensemble des tissus du corps.

EN CAS DE LOCALISATION AU NIVEAU DES MUQUEUSES (BOUCHE,


RÉGION GÉNITALE)

Surtout s’il s’agit d’une récidive, il est généralement nécessaire de


traiter non seulement localement, mais aussi l’ensemble du tube
digestif par voie orale avec des molécules n’agissant qu’à ce niveau
sans passer dans le reste du corps (nystatine, amphotéricine B,
miconazole), de façon à agir sur le réservoir intestinal. Sinon, il est
également possible de recourir à des traitements de terrain, comme la
phyto-aromathérapie associée à la prise de probiotiques. L’important
est de pouvoir choisir en fonction du contexte. Un avis médical est
utile afin de faire un choix approprié.

EN CAS DE CANDIDOSE SÉVÈRE ET ÉTENDUE

Surtout si la candidose reste inaccessible à un traitement local simple,


l’utilisation orale d’un antifongique systémique, c’est-à-dire agissant
dans tout le corps, est parfois nécessaire. Il en va de même dans un
contexte de déficit immunitaire génétique ou acquis, chez des
personnes fragilisées, devant des lésions récidivantes ou résistantes
au traitement local, ou dans certains cas au niveau des ongles.
Ce type de traitement expose à des effets secondaires fréquents et
à des interactions sévères avec de nombreux médicaments. Il faut
bien réfléchir avant de s’engager dans cette voie thérapeutique. Cette
notion de rapport bénéfice/risque est mieux prise en compte lorsqu’il
existe des alternatives thérapeutiques à proposer (voir chapitres
suivants).

En cas de mycose des ongles

Le traitement oral de référence est la terbinafine (Lamisil®), à


prendre pendant 45 jours et jusqu’à 6 mois, selon le contexte. Il
engendre parfois des effets secondaires bénins, gênants ou sévères.
En cas d’inefficacité, il est possible de passer à d’autres molécules
(fluconazole, itraconazole), mais le risque de toxicité est accru.
En effet, la molécule habituellement utilisée en médecine non
hospitalière est un dérivé imidazolé, le fluconazole (Triflucan® et ses
génériques), à utiliser pour les mycoses graves ou résistantes. Une
surveillance biologique est nécessaire en raison de la possible toxicité
hépatique et du risque d’hépatite médicamenteuse, des nombreuses
interactions médicamenteuses et des associations interdites. Cette
molécule est contre-indiquée chez la femme enceinte, mais peut être
utilisée chez la mère allaitante.
Parmi les autres molécules disponibles dans les pharmacies de
ville pour traiter les mycoses graves, citons aussi la flucytosine
(Ancotil®). Là aussi, ses précautions d’emploi imposent un strict
contrôle médical.

En cas de candidose buccale résistante


au fluconazole

Il y a aussi l’itraconazole (Sporanox®) en solution buvable. Cette


molécule, également utilisée dans certaines mycoses graves ou
résistantes, doit être prescrite la première fois en milieu hospitalier,
mais peut être délivrée et renouvelée en dehors de l’hôpital. Une
surveillance rapprochée s’y rattache.
D’autres molécules spécialisées ne sont délivrées que dans les
pharmacies hospitalières. Elles sont réservées aux candidoses
profondes, touchant des organes internes, notamment chez des
patients immunodéprimés, hospitalisés ou porteurs d’une sonde ou
d’un cathéter, traités en service spécialisé d’infectiologie. Le
consensus international est de traiter toute candidémie (du Candida
retrouvé dans le sang), même isolée. On recommande également
d’enlever ou de changer si possible tous les cathéters vasculaires
(40 % de mortalité…). À ce stade, Candida ne fait plus de cadeaux.

Les mesures d’hygiène de vie


Nous avons passé en revue les traitements chimiques des différentes
manifestations cliniques de la candidose, mais cela n’est pas suffisant.
Au cours de la candidose, il n’est pas possible de traiter uniquement
les signes cliniques. Ce point capital rencontre l’approbation de tous.
Ce consensus est fort bien énoncé par l’Association française des
enseignants de parasitologie et mycologie 44 (ANOFEL)  : «  Le
traitement antifongique, quelle que soit la gravité des candidoses, ne
se conçoit qu’en prenant en compte les facteurs favorisants et en
maîtrisant la maladie sous-jacente. »
Des mesures simples d’hygiène de vie constituent une étape
importante pour éviter les récidives et le passage à la chronicité.
Vous connaissez les conditions dont tire profit l’opportuniste
Candida pour se développer. La prévention consiste à prendre
systématiquement le contre-pied de tout ce qui favorise le
développement de la levure et sa transformation en moisissure
agressive. Concrètement, il faut rechercher méticuleusement tous les
facteurs favorisants et les éradiquer chaque fois que possible.

LES CANDIDOSES CUTANÉES

Toutes les précautions nécessaires doivent être prises pour éviter ou


réduire les risques de récidive. Il convient notamment d’éliminer ou
de combattre les causes locales favorisantes.

La toilette quotidienne

Séchez-vous bien après votre toilette avec une serviette personnelle,


en particulier au niveau des plis et des espaces interdigitaux des
pieds.
Soyez vigilant sur le type de savon que vous employez pour votre
toilette. Beaucoup d’entre eux modifient le pH naturel de la peau et
la rendent acide, milieu qu’affectionne particulièrement le candida.
Pour limiter sa prolifération, préférez les nettoyants au pH neutre.
L’usage prolongé de savons alcalins peut entraîner d’autres infections.

Le port de vêtements et de chaussures

Évitez les sources de contamination exogènes, comme le fait de


porter du linge sale ou insuffisamment lavé. De fait, évitez les cycles
en machine trop courts.

En cas de mycose des orteils
Assurez-vous d’une guérison complète avant l’arrêt de votre traitement. Trop de
récidives sont dues à un soin incomplet et interrompu trop tôt. Apprenez
également à dépister et à traiter sans tarder une récidive (cette éventualité n’est
pas rare), en examinant vos pieds très régulièrement.

Évitez tout ce qui peut favoriser la macération. Portez des


vêtements amples plutôt que serrés et fuyez les tissus en matière
synthétique. Recourez plutôt aux textiles naturels (essentiellement le
coton, mais aussi la laine ou la soie). En outre, évitez le port de
vêtements humides. Changez-vous au cours de la journée si vous avez
trop transpiré, et ne portez pas durablement un maillot de bain
mouillé.
N’oubliez pas de « traiter » aussi les chaussettes (de préférence en
coton) et, surtout, l’intérieur des chaussures, qu’il convient de
changer un jour sur deux afin de les laisser sécher et, ainsi, de
combattre l’humidité. De plus, privilégiez celles qui sont dotées d’une
semelle intérieure en cuir. Évitez le port de chaussures de sport (sauf
en période d’activité sportive) et de bottes (sauf ponctuellement)
pour éviter la macération des pieds.
Les recommandations sont similaires concernant les mains,
notamment en cas de port prolongé de gants en latex ou de gants de
ménage. En particulier, ne les lavez pas trop souvent et séchez-les
bien. En cas de contact fréquent avec un milieu humide, des
protections sont nécessaires, avec des gants spéciaux qu’il convient
alors de talquer. Des soins de pédicure et de manucure peuvent
s’appliquer, notamment chez les personnes âgées, le vieillissement
étant un facteur aggravant (fréquents problèmes de
microcirculation).

Le linge

Soyez particulièrement vigilant avec les serviettes de toilette, qui


doivent être changées et lavées toutes les semaines pour ne pas
devenir des réservoirs externes de champignons. Ne partagez pas
votre serviette, même occasionnellement.
Évitez de marcher pieds nus dans des lieux publics comme les
vestiaires et les piscines, y compris les douches collectives.

LES CANDIDOSES AU NIVEAU DES MUQUEUSES

Les muqueuses étant par nature humides, dotées d’un écosystème


bactérien particulier (le microbiote), prêtant facilement le flanc à
l’extrême adhésivité de Candida, des mesures préventives
particulières s’imposent…
L’hygiène intime

Au niveau des parties génitales féminines, les modalités d’hygiène


intime doivent suivre des règles simples. Préférez la douche au bain
pour éviter que l’exposition prolongée aux produits du bain ne
dégraisse trop la muqueuse, aggravant les démangeaisons en cas de
mycose, en particulier si votre eau est calcaire ou alcaline ; si vous le
pouvez, utilisez un adoucisseur d’eau. Préférez les huiles de bain
plutôt que les produits moussants.
Évitez les irrigations vaginales et, de façon générale, toute toilette
interne (aucun agent nettoyant ou lavant, comme le savon, et pas
d’eau, qui ne fait qu’introduire des germes depuis l’extérieur).
L’équilibre du microbiote suffit à combattre les agents infectieux. En
cas de mycose vaginale, la muqueuse est irritée, et la consigne
s’impose plus encore. Fuyez en particulier les produits antiseptiques
locaux, qui détruisent le microbiote tout autant que les germes
pathogènes, ce qui est la meilleure manière de freiner la guérison et
d’augmenter le risque de récidive.
Au niveau vulvaire, évitez le gant de toilette, qui se transforme
vite en bouillon de culture avec risque de surinfection. Un linge à
usage unique ou lavé après chaque emploi peut convenir, à condition
de tamponner délicatement plutôt que d’essuyer, et de rincer à l’eau
claire.
Au cours des mycoses récidivantes ou dès les premières
démangeaisons, privilégiez les savons naturels sans parfum au pH
basique (alcalin), comme le savon d’Alep ou de Marseille, ou des
solutions spéciales (Saforelle®, Hydralin Gyn®, Myleuca® Solution
lavante…) pour l’hygiène vulvaire. Le reste du temps, évitez l’usage
prolongé de ces derniers, car ils décapent les muqueuses et peuvent
favoriser d’autres infections.
Pour nettoyer les cellules mortes et les sécrétions vaginales,
préférez le lavage à l’eau claire et un savon liquide à pH neutre (en
tout cas, non acide), comme Intima®, Saugella® Poligyn, gel douceur
toilette intime de B.concept…
Éviter la savonnette, qui se contamine vite. Effectuez un séchage
doux sans frotter, par petites touches.

L’hygiène buccale

Chez le nourrisson
La prévention du muguet chez le nourrisson passe par une bonne
hygiène de tous les objets portés à sa bouche  : après chaque usage,
lavage à l’eau bouillante des tétines de biberon, des anneaux de
dentition, etc., puis rinçage dans un mélange contenant de l’eau et du
vinaigre blanc à parts égales.
Si vous allaitez, lavez vos mamelons après chaque tétée, puis
séchez-les bien avant de les recouvrir de compresses stériles sèches, à
changer à chaque fois.

Tout au long de la vie


Évitez la récidive de mycose buccale ou l’aggravation d’une
parodontopathie en faisant régulièrement des bains de bouche avec
du bicarbonate de soude.

En résumé
Les traitements conventionnels basés sur l’emploi de molécules de
synthèse et associés à des mesures préventives rendent de grands
services, du moins à court terme. Ils ne sont toutefois pas toujours
suffisants pour éviter les récidives, et nous allons voir dans les
chapitres suivants qu’il y a beaucoup plus à faire pour traiter la
maladie sous-jacente afin d’éviter d’entrer dans le cycle infernal des
mycoses à répétition et de la candidose chronique, ou pour en sortir.
CHAPITRE V

Les traitements naturels
de la candidose

Du symptôme au terrain : la démarche


clinique face à candida albicans
Vous connaissez maintenant les manifestations cliniques locales
traduisant l’activité pathogène de Candida albicans ou de l’une des
autres espèces apparentées. Il faut généralement quelques efforts
pour faire le lien entre ces troubles présents dans certaines parties du
corps et des manifestations plus globales, du type fatigue chronique
ou désordres immunitaires. L’approche physiopathologique consiste à
comprendre comment on passe du fonctionnement normal au
fonctionnement pathologique.
Appliqué au candida, opportuniste, transformiste et
expansionniste, cela implique, si l’on veut venir à bout du problème,
une analyse à la fois locale et générale de la situation, afin de mettre
en place des traitements conventionnels locaux, voire généraux,
assortis de recommandations destinées à prévenir le développement
local de la levure. Apparemment efficaces, du moins dans un premier
temps, ces actions ne permettent pas toujours d’empêcher le candida
de pousser son avantage et d’exprimer son pouvoir pathogène. Si
vous baissez la garde, il sait en profiter pour exercer son pouvoir de
nuisance sur le plan général, ou tout simplement revenir à la charge
un peu plus tard. C’est tout le problème des récidives.

ATTENTION AUX RÉCIDIVES
Prenons l’exemple des candidoses vaginales. Même si l’on traite la
muqueuse génitale avec un puissant antifongique à intervalles
réguliers, cela suffira-t-il pour laisser l’immunité locale se refaire une
santé  ? La flore vaginale de Döderlein pourra-t-elle se reconstituer
naturellement pour assurer la police locale  ? Malheureusement, ce
n’est pas toujours le cas, soit parce que les causes locales n’ont pas été
éliminées (hygiène et mode de vie au niveau génital), soit parce que
le terrain n’a pas été suffisamment restauré.
Les chiffres d’une étude publiée 45 en 2004 sont éloquents : en cas
de mycose vulvo-vaginale récidivante, les médecins peuvent proposer
un traitement chimique local systématique de six mois (voir ici). Près
de 91  % des patientes traitées sont épargnées d’une récidive durant
ce laps de temps, contre seulement 40 % en l’absence de traitement.
Cela semble prometteur. Pourtant, trois mois après cette séquence
curative active de six mois, 28  % des femmes traitées ont une
nouvelle mycose génitale, alors que ce chiffre est de 70  % chez les
femmes non traitées. L’écart se resserre. Trois mois plus tard, soit un
an après le début de l’étude, on passe respectivement à 58  % de
récidive dans le premier cas et 80  % dans le second, soit seulement
22 % d’écart entre les deux groupes, pourcentage appelé à se réduire
encore ultérieurement. Malheureusement, cette étude n’a duré qu’une
année, mais son analyse est malgré tout très instructive.
On voit donc bien que le problème de cette candidose locale se
pose dans la durée. Les ovules antifongiques peuvent aider, au moins
au début dans la phase aiguë, mais ils ne suffisent pas.
Il faut donc renforcer l’immunité locale et générale, et agir sur le
réservoir intestinal. L’exemple précédent est valable pour les autres
localisations fongiques, notamment buccales et intestinales. Son
éclairage prend plus de valeur encore si l’on considère la candidose
en tant qu’infection chronique.

PRÉVENEZ ET TRAITEZ LE PLUS TÔT POSSIBLE LA CANDIDOSE


CHRONIQUE

Ne l’oubliez jamais  : Candida est un ennemi potentiel ou avéré. Par


conséquent, que l’on mette en place ou non un traitement
antifongique conventionnel, il est essentiel de mettre en œuvre des
dispositions générales visant à restaurer l’ordre naturel au sein
duquel il ne pourra plus nuire.
Comme dans les sociétés humaines, la notion d’ordre dans le
corps implique stabilité et continuité. De temps à autre, Candida
profite des changements de son environnement pour évoluer. Il tente
de prendre le pouvoir et de changer les règles du jeu. S’il y parvient,
le système immunitaire et les grands systèmes de régulation de
l’organisme en seront durablement affectés, et il faudra faire avec,
sans pour autant renoncer à restaurer un nouvel équilibre
allostatique, c’est-à-dire améliorer les capacités adaptatives de
l’organisme, qui permettront de limiter l’influence pathogène du
candida. Dans les situations de candidose chronique (surtout lorsque
la maladie évolue depuis des années), il existe cette fameuse charge
allostatique (voir ici), qu’il faut évaluer afin de la réduire au
minimum. En effet, même lorsque les traitements sont bien conduits
et la prise en charge, adaptée, la situation ne redevient jamais comme
avant.
Dès lors que la candidose chronique est diagnostiquée, vous ne
vous satisferez pas de quelques victoires faciles, de même que vous
ne vous apitoierez pas sur quelques défaites cuisantes. Il faudra
lancer toutes vos forces dans la bataille contre cette affection, utiliser
tous les moyens nécessaires au combat, les armes conventionnelles
comme les actions thérapeutiques naturelles de terrain. L’ennemi est
intelligent, ne le sous-estimez pas.
Vous vous emploierez surtout à traiter le fond du problème,
notamment en agissant sur les facteurs favorisant la propagation du
candida, à tous les stades de son développement et de ses
transformations. Même dans les formes chroniques, vous disposez
d’un ensemble de moyens considérables qui, mis bout à bout,
constituent une formidable force de frappe. Faites du temps votre
allié et agissez dans la durée.
De façon générale, allez au cœur du problème pour ne pas
réveiller le candida assoupi. Faites en sorte d’agir sur la cause de la
cause de la cause, comme le recommande le médecin et philosophe
grec Hippocrate, considéré traditionnellement comme le père de la
médecine. Dans le meilleur des cas, un nouvel ordre naturel s’installe,
visant à perpétuer la stabilité et la continuité de la santé — en clair, à
prolonger la vie —, en tenant compte des modifications induites par
la présence résiduelle du candida et cherchant à éviter de manière
active qu’il fasse à nouveau des siennes. Vous savez à qui vous avez
affaire ! Désormais, surveillez-le comme le lait sur le feu, construisez
autour de lui un périmètre de sécurité et renforcez vos défenses
naturelles.

COMMENT AGIR ?
Au final, la démarche clinique anti-candida est simple et se résume à
la reconnaissance locale et à la prise en compte globale.
Il faut agir à tous les niveaux, de la localisation sectorielle au
réservoir intestinal, du combat in situ avec les antifongiques de
synthèse à l’activation de tous les moyens d’adaptation de
l’organisme pour retrouver son équilibre et optimiser ses capacités
de protection et de défense de manière durable. La mise en œuvre
est plus complexe. Seule une approche systématique utilisant
toutes les ressources thérapeutiques est susceptible de venir à
bout des situations cliniques récidivantes et/ou chroniques.
L’important est d’agir précocement devant les premières
manifestations locales pour éviter que le candida ne progresse et
ne tapisse peu à peu la muqueuse intestinale sous sa forme
mycélienne, aggravant ainsi la dysbiose intestinale, générant
inflammation et hyperperméabilité intestinale, provoquant
dysfonctionnement et déficience du système immunitaire.
Pour agir sur le terrain, on trouve du côté de la nature un certain
nombre de solutions qui, mises au service d’une stratégie adaptée,
remplissent parfaitement le cahier des charges pour traiter
efficacement la candidose chronique, tant sur le fond que sur la
forme.
En résumé, vous pouvez recourir au traitement «  naturel  » de la
candidose pour combattre les manifestations aiguës, empêcher les
récidives, prévenir ou traiter la forme chronique de l’infection. Cela
passe concrètement par trois étapes :
1. lutter contre l’infection fongique, c’est-à-dire avoir une action anti-
candida avec la phytothérapie et l’aromathérapie ;
2. renforcer l’immunité et l’état général ;
3. restaurer les fonctions intestinales.

É
Étape 1 : lutter contre l’infection
fongique

TRAITER LA CANDIDOSE PAR LA PHYTOTHÉRAPIE

On ne saurait combattre la candidose digestive chronique, ses causes


et ses conséquences sans le recours à la très riche pharmacologie
végétale au service de la phytothérapie médicale. Si l’on peut
récupérer tous les actifs des plantes (importance de leur qualité, de
leur mode d’extraction et de leur conservation), on dispose alors de
vrais médicaments. Il n’est pas question d’opposer la chimie de
synthèse allopathique à la chimie extractive issue de la nature.
Raisonnons plutôt en termes de complément ou d’alternative
thérapeutique. Tout est question de stratégie. Administrés par voie
orale, certains groupements chimiques ou molécules que contiennent
les végétaux ont fait leurs preuves dans la lutte anti-candida. Là
aussi, l’automédication est possible, mais n’hésitez pas à demander
conseil 46 à un pharmacien formé à la phytothérapie ou à un médecin
phytothérapeute.

Les principales plantes à action anti-candida

Toutes les plantes que nous allons aborder n’ont pas le même niveau
d’efficacité, mais leurs actions ont été décrites dans de nombreuses
publications scientifiques. Nous classons dans le tableau récapitulatif
suivant les plantes «  de la candidose  », en incluant en fin de liste
celles qui seront surtout utilisées pour traiter le terrain (voir ici). Pour
chaque indication, elles sont citées par ordre d’importance.
Propriétés recherchées et indications Principales plantes contre la
candidose

Action antifongique Réglisse, échinacée, noyer, alchémille, pépin


de pamplemousse, lapacho, ail, Aloe vera,
bardane, busserole, canneberge, cannelle

Immunomodulation et action anti- Échinacée, astragale, réglisse, sureau,


inflammatoire cyprès, plantain, ginseng, rhodiole, cassis,
prêle

Action sur l’intestin (inflammation à bas Réglisse, curcuma, sureau, noyer, romarin
bruit, porosité, action anti-infectieuse)

Action sur le foie et la digestion Réglisse, curcuma, romarin, noyer,


artichaut, pissenlit chardon-Marie,
desmodium, fumeterre

Action sur les spasmes digestifs Mélisse, passiflore, romarin, marjolaine,


cannelle

À visée psychique, pour aider l’adaptation Ginseng, éleuthérocoque, rhodiole, safran,


au stress et combattre la fatigue millepertuis, guarana, valériane, passiflore,
mélisse, aubépine, bacopa

Action sur la peau Bardane, pensée sauvage, plantain,


fumeterre, radis noir

Action hormonale : régulation du cortisol Réglisse, cassis, rhodiole, ginseng, Ginkgo


biloba

Action hormonale : soutien thyroïdien Avoine et les algues type laminaire ou fucus

Action hormonale  : régulation des Alchémille, sauge, gattilier


hormones féminines

À visée reminéralisante, alcalinisante et Prêle, ortie (partie aérienne), alfalfa, avoine


réparatrice du tissu conjonctif de soutien

Comment les utiliser ?
De préférence sous forme d’extrait de plante fraîche standardisé
(EPS, voir ci-après), notamment en début de prise en charge de la
maladie, période où une action pharmacologique maximale est
recherchée.

Concernant les posologies
La dose d’entretien est de 5 à 10 ml par jour, sur une période allant
de 15 jours à plus de 3 mois, jusqu’à guérison ou tant que l’objectif
thérapeutique n’est pas rempli, ce qui implique une réévaluation
clinique régulièrement. Cette posologie peut monter jusqu’à
20 ml/jour en deux ou trois prises en traitement d’attaque pendant 8
à 15 jours (début de traitement, symptômes forts), et on peut aller
jusqu’à 30 ml/jour en trois prises en situation aiguë pendant quelques
jours : c’est le traitement de charge.

Qu’est-ce qu’un extrait de plante standardisé ?


Les médecins phytothérapeutes disposent, depuis l’an 2000, de
véritables médicaments à base de plantes qui répondent aux critères
de la médecine moderne, basée sur les preuves. Le procédé
d’extraction Phytostandard® est à ce jour le plus abouti pour restituer
l’ensemble des principes actifs et utiles de la plante. En agissant sur
de la plante fraîche préalablement broyée finement à l’état congelé
(cryobroyée), puis soumise à une multi-extraction hydroalcoolique,
toutes les molécules nécessaires à l’activité pharmacologique sont
disponibles dans l’extrait après évaporation de l’alcool utilisé dans le
processus et ajout de glycérine pour assurer la conservation et
édulcorer le produit final. On obtient ainsi des EPS sous forme
liquide, sans sucre et sans alcool, constituant des matières premières
à usage pharmaceutique destinées à la préparation magistrale en
officine. Leur richesse moléculaire est maximale, et leur efficacité, à
l’avenant. En les mélangeant, on peut concevoir des remèdes
personnalisés, adaptés aux besoins de chaque patient. Les EPS ont
révolutionné la phytothérapie médicale depuis près d’une génération.
Ils ont leurs équivalents sous forme sèche (Phytostandard®), la
glycérine étant remplacée par de l’acacia au sein de comprimés (duo
de plantes) ou de gélules (plante unitaire), ce qui peut faciliter
l’observance du traitement.
La prescription s’écrit de la façon suivante  : EPS ginseng-
échinacée ââ qsp 150  ml, par exemple, ce qui signifie que le
pharmacien mélange le ginseng et l’échinacée à parts égales (ââ), en
quantité suffisante (qsp) pour un flacon de 150 ml.
Habituellement, on utilise de une à trois plantes pour chaque
préparation. Plusieurs mélanges peuvent être effectués, sur mesure,
en fonction de l’analyse des besoins du patient. Les préparations
d’EPS se prennent dans de l’eau et peuvent être mélangées dans le
même verre.

Lutter contre le candida au niveau intestinal

Outre l’utilisation de l’aromathérapie (voir pages suivantes), le


traitement s’oriente vers des plantes à la fois antifongiques et actives
aussi bien sur les symptômes intestinaux que sur les mécanismes qui
les provoquent (inflammation, porosité).

Bon à savoir
En cas d’infestation aiguë (muguet, diarrhée avec coproculture positive), ces
pathologies auront été traitées par la nystatine, l’amphotéricine B et le miconazole,
des molécules d’action digestive locale. Si une propagation extradigestive de
l’infection fongique est suspectée, un traitement systémique (fluconazole) peut être
instauré en première intention. En début de prise en charge, il est utile de les
associer simultanément à la pharmacologie végétale.
En première intention : l’association curcuma-
réglisse
La réglisse est la plante antifongique 47 de première intention. Sa
richesse en saponosides anti-infectieux et en polysaccharides
immunomodulants explique son efficacité sur le candida, ainsi que sa
puissante activité anti-inflammatoire et réparatrice sur les muqueuses
en général et sur l’intestin en particulier. Le curcuma agit de façon
similaire et complète son action, les deux plantes étant également
antioxydantes, détoxiquantes et protectrices du foie.

■ Sous quelle forme ?


Clairement, mon choix se porte sur les EPS, extraits de plante fraîche
standardisés (voir ici).

■ Comment l’utilise-t-on ?
Prenez la formule EPS curcuma-réglisse ââ qsp 150  ml à raison de
5  ml dans de l’eau deux fois par jour (en doublant la dose dans les
cas sévères).

Attention
La réglisse est contre-indiquée en cas d’hypertension artérielle non traitée et non
stabilisée, d’insuffisance rénale sévère et de baisse du taux de potassium dans le
sang. Elle peut alors être remplacée dans le mélange par le sureau, aux propriétés
proches.

Les traitements associés, en fonction des symptômes


ou des localisations fongiques
Les troubles fonctionnels intestinaux de la candidose répondent bien
à certaines plantes spécifiques…

■ En cas de diarrhée
On utilise le noyer, antidiarrhéique puissant, grâce à ses tanins. À
ajouter à la préparation précédente ou à prendre séparément sous
forme d’EPS (de 5 à 15 ml par jour) ou de gélules (Phytostandard®,
par exemple, de 2 à 4 gélules par jour), jusqu’à amélioration.

■ En cas de spasmes intestinaux


Ajoutez de la mélisse, soit en gélules, soit en EPS dans une formule
mélisse-curcuma-réglisse, soit dans une préparation distincte mélisse-
noyer ââ qsp 150  ml, à raison de 5 à 10  ml, deux ou trois fois par
jour.
Le traitement dure 1 mois, renouvelable. Il faut souvent traiter
durant plusieurs mois, et assurer un entretien ultérieur, par exemple
5 jours par semaine ou 10 jours par mois, pendant 6 mois, voire plus.

Associez toujours les probiotiques à votre


traitement !
Ces mélanges de plantes s’utilisent parallèlement aux probiotiques spécialisés,
comme le Lactibiane CND du laboratoire PiLeJe (selon la formule, 5 M ou 10 M, 1
gélule délivre 5  milliards ou 10  milliards de bactéries de la souche microbiotique
Lactobacillus helveticus candisis LA 401). La posologie est de 1 gélule 10 M par jour
pendant 15 jours à 2 mois, puis 1 gelule 5 M par jour en entretien durant plusieurs
mois.
En cas de foyer vaginal, complétez par les probiotiques locaux cités ici.
■ En cas de mycoses vaginales récidivantes
Le protocole est le même, il faut traiter le réservoir intestinal. Si elles
surviennent plutôt en période prémenstruelle, ajoutez une formule
EPS alchémille 2/3 + échinacée 1/3 qsp 150  ml, de 5 à 10  ml par
jour, en seconde partie de cycle (de 15 jours après les règles jusqu’aux
règles suivantes). Pourquoi cette formule  ? Puissant stimulant de
l’immunité innée et acquise, l’échinacée est également anti-
infectieuse (active sur Escherichia coli et sur C. albicans). L’alchémille
est très riche en tanins. Elle est également antimycosique et
antihémorragique, et renforce la sécrétion de progestérone, ce qui
combat les troubles prémenstruels (rétention, douleurs dans les seins,
irritabilité).

■ En cas de mycoses cutanées


On propose l’association bardane-échinacée ââ qsp 150  ml, à raison
de 10 ml par jour, 5 jours sur 7, en complément du traitement local.
Antimycosique, la bardane désinfecte la peau et traite l’inflammation
(dermite). Nous verrons plus loin d’autres formulations de
phytothérapie utilisées pour traiter d’autres aspects de la candidose,
comme le renforcement immunitaire.

Autre traitement en phytothérapie


Outre les extraits de plante fraîche standardisés, citons ici un autre
type d’extrait qui fait partie des remèdes traditionnels de la
candidose, bien que son efficacité soit contestée par certains auteurs :
l’extrait de pépin de pamplemousse (EPP) 48. Il n’agit pas comme le
jus du même fruit. Ce serait un antiseptique naturel, une de ses cibles
étant C.  albicans. Attention à sa qualité, car comme il est très à la
mode, de nombreuses fraudes ont été signalées. L’EPP a le mérite
d’être 100 % non toxique. Il peut être utilisé en complément des EPS
et de l’aromathérapie, mais il est préférable de le réserver au
traitement d’entretien ultérieur, par cures séquentielles, pour
maintenir une pression antiseptique sur le candida.

■ Comment l’utilise-t-on ?
Pour un adulte, diluez 20 à 30 gouttes d’EPP, suivant votre
corpulence, dans un peu d’eau et prenez cette dose trois fois, au
minimum, dans la journée. Traitez pendant au moins 1 mois. Après
une pause de 7 jours, le protocole peut être répété, et ce plusieurs
fois.

Attention !
Tout comme le jus de pamplemousse, l’EPP pris par voie orale interagit au niveau
du foie avec de nombreux médicaments, comme les anticoagulants et les
immunosuppresseurs. Avant de prendre de l’EPP, demandez conseil à votre
pharmacien si vous êtes déjà traité par des molécules de synthèse.
N’utilisez jamais d’EPP pur sur les parties génitales ou sur les muqueuses  : en
traitement local, vous utiliserez l’EPP impérativement dilué dans de l’eau pure.

TRAITER LA CANDIDOSE PAR L’AROMATHÉRAPIE

Les huiles essentielles (HE) sont principalement utilisées pour leur


efficacité anti-infectieuse. Elles proviennent d’une distillation par
entraînement à la vapeur d’eau de plantes aromatiques. Orientez-
vous vers des produits bio et chémotypés, c’est-à-dire appartenant à
une famille biochimique d’huile essentielle bien identifiée (on
distingue par exemple le thym à thymol et le thym à carvacrol, qui
sont deux HE distinctes). L’hydrodistillation douce de type
azéotropique apporte un plus, en extrayant davantage les composants
aromatiques des plantes.
En début de prise en charge, il est conseillé d’associer la
phytothérapie et l’aromathérapie afin de faire jouer pleinement la
synergie de leurs principes actifs.
Ultérieurement, les huiles essentielles sont utilisées en cure
chaque fois qu’une nouvelle action antifongique est requise,
notamment lorsqu’une alternative aux traitements chimiques de
synthèse est recherchée.

Les principales huiles essentielles anti-candida

De façon générale, on peut les utiliser par voie orale en préparation


magistrale diluée à 10 % dans un dispersant type Disper, mais il est
préférable de les employer sous forme de capsules prêtes à l’emploi :
c’est plus sécuritaire, et cela permet de respecter la posologie à ne pas
dépasser.
Pour la voie cutanée, les huiles essentielles se diluent de 5 à 15 %
dans un gel neutre ou une huile (type huile de pépin de raisin). De
plus, certaines HE (comme celle d’origan) sont dermocaustiques et ne
doivent pas être utilisées pures, ni sur la peau ni sur les muqueuses.
La posologie usuelle est celle indiquée par le fabricant.
Les huiles essentielles à utiliser par voie orale dans la lutte anti-
candida au niveau du tube digestif, en commençant par les plus
efficaces (à employer en première intention), sont  : l’HE d’origan
(feuilles) à carvacrol, l’HE de giroflier (clous) à eugénol, l’HE de
cannelle (écorce) à cinnamaldéhyde et l’HE de citron (zestes). Nous
verrons que d’autres huiles essentielles peuvent être employées (par
exemple, l’HE de ravintsara), en deuxième intention, en cures
séquentielles d’entretien.
L’HE d’origan
Cette huile essentielle pointe en tête, car elle contient du carvacrol,
puissant composant antifongique qui interfère avec l’activité des
enzymes impliquées dans la pathogénicité des levures.

■ Comment l’utilise-t-on ?
Choisissez parmi Oléocaps®-1 (de Pranarôm), Azéol® AF (de PiLeJe)
et huile d’origan (de Solgar).
La posologie recommandée est de 6 capsules par jour pour les
deux premiers produits, et une ou deux capsules pour le troisième.

Attention
Les huiles essentielles, en particulier celle d’origan, sont contre-indiquées chez la
femme enceinte ou allaitante, chez l’enfant de moins de 12 ans et en cas d’ulcère
gastro-duodénal.

Les HE de clou de girofle et de cannelle


Ces huiles essentielles agissent sur davantage de souches de
C. albicans que les antifongiques imidazolés. On a même constaté un
effet synergique de leurs constituants pour certaines souches testées
lorsqu’elles sont employées avec le fluconazole ou avec
l’amphotéricine B.  En fluidifiant et en dégradant la membrane du
candida, les HE de cannelle et de girofle facilitent la pénétration et
l’activité de ces médicaments. Si votre médecin vous a prescrit un
antifongique imidazolé, sachez que vous pouvez associer vous-même
ces huiles essentielles, s’il ne l’a pas déjà fait.
Les HE de ravintsara, de géranium, de sauge,
de laurier noble, de manuka, de thym à carvacrol
et d’arbre à thé
Ces huiles essentielles sont également employées avec efficacité. En
automédication, il est préférable d’utiliser des associations toutes
prêtes. Ainsi, le laboratoire Phytofrance propose un complexe buvable
d’huiles essentielles 3D (pour diluées, dispersées et dynamisées)
Parafongi®-10.03. D’après Phytofrance, ce mélange d’HE est dilué à
10  %, dynamisé par des ions métalliques d’origine naturelle et
dispersé par des liposomes végétaux, ce qui améliorerait son
assimilation et son efficacité. Des formules sur mesure peuvent être
employées, mais, compte tenu des précautions d’emploi des huiles
essentielles et du risque de surdosage, il est conseillé de consulter un
aromathérapeute confirmé.

■ Comment les utilise-t-on ?
Certaines HE peuvent s’utiliser pures localement ou par voie orale,
comme celle de manuka (feuilles), ou arbre à thé australien, ou
encore tea tree, à raison de 1 ou 2 gouttes, de une à trois fois par jour,
sur un comprimé neutre ou dans du miel. Traitez pendant 1 mois,
puis de manière séquentielle, 5 jours par semaine, ou de 5 à 10 jours
par mois, en fonction de l’ancienneté et de la gravité de la candidose.
Attention
Compte tenu de la toxicité à forte dose de certaines de ces huiles essentielles, leur
usage par voie orale doit se faire avec prudence. Les phénols des HE d’origan et de
giroflier, en particulier, peuvent être toxiques pour le foie, d’où l’intérêt de les
associer à l’HE de citron, également hépatoprotectrice. Demandez conseil à un
pharmacien ou consultez un phyto-aromathérapeute.

Certaines formules d’huiles essentielles sont


également préconisées dans les soins locaux
de mycose
Ainsi, la formule suivante, à faire préparer en pharmacie, est
conseillée pour une atteinte de la peau et/ou des ongles (onyxis) : HE
niaouli, HE arbre à thé, HE sarriette et HE romarin à cinéole ââ 15 %
+ gel neutre 85  %, qsp 1 pot de 50  ml. Appliquer localement trois
fois par jour sur les zones de mycose cutanée et/ou unguéale, dont la
matrice.

COMBATTRE UNE ÉVENTUELLE PARASITOSE INTESTINALE

La désinfection intestinale contre un excès de flore sous-dominante


ou vis-à-vis de pathogènes de passage est souvent utile. L’intérêt de
l’aromathérapie est d’exercer une puissante activité antibactérienne,
notamment avec les huiles essentielles à large spectre, comme celle
de cannelle. De même, il est impératif de traiter d’éventuels parasites
intestinaux, souvent présents dans la candidose chronique.
Un traitement conventionnel par Fluvermal® ou bien par
Combantrin® reste une solution simple, efficace et très bien tolérée.
Les deux sont d’efficacité comparable, bien que le Fluvermal® soit le
plus connu et le plus employé. Délivrés avec ou sans ordonnance,
remboursés par la Sécurité sociale, ces médicaments chimiques
n’agissent que dans le tube digestif et se prennent pendant 3 jours, de
préférence à la pleine lune (période d’activité maximale des parasites,
au cours de laquelle l’efficacité thérapeutique est la meilleure), à
renouveler 3 semaines plus tard et à faire chaque trimestre, voire plus
souvent.

Étape 2 : renforcer l’immunité et l’état


général

EN PHYTOTHÉRAPIE

Certaines plantes sont irremplaçables pour renforcer les défenses de


l’organisme et faire face aux troubles immunitaires rencontrés au
cours de la candidose.

L’échinacée et l’astragale

Les deux plantes immunostimulantes majeures sont l’échinacée (sauf


en cas de maladie auto-immune) et l’astragale (surtout après 50 ans,
compte tenu des propriétés spécifiques de cette plante sur le
vieillissement immunitaire).

Les autres plantes immunomodulantes ou anti-


inflammatoires

Elles permettent de faire du cas par cas  : on utilise la réglisse, le


cyprès, le sureau, le plantain, le ginseng, la rhodiole, le cassis et la
prêle. Par exemple, la réglisse est également antivirale. Elle renforce
l’immunité innée tout en freinant l’auto-immunité (en ralentissant la
production des anticorps dirigés contre soi).

Comment les utiliser ?

Pour tous (y compris chez la femme enceinte ou allaitante)


jusqu’à 60 ans : la principale formule est EPS cyprès-échinacée-
sureau ââ qsp 150  ml, à raison de 5  ml par jour 5 jours par
semaine. Chez l’enfant, la posologie est de 2 ml pour 10 kilos de
poids et par jour, 5 jours par semaine. Le traitement se prend en
cure de 3 mois, renouvelable en fonction du contexte clinique.
L’échinacée renforce l’immunité cellulaire et humorale (production
d’anticorps). Le cyprès est un antiviral très puissant. Le sureau est
antiviral, anti-inflammatoire des muqueuses, immunomodulant et
fluidifiant des mucosités.
Chez une personne épuisée  : EPS ginseng-échinacée ââ qsp
150 ml. On en prend de 5 à 10 ml le matin, 5 jours par semaine
durant 6  semaines, renouvelable. Le ginseng, lui, est une plante
adaptogène (qui favorise l’adaptation au stress et à
l’environnement). À ce titre, il améliore la récupération physique
et psychique, régule le stress et stimule le système immunitaire.
Après 60  ans, en cas d’infections ORL ou respiratoires à
répétition : EPS cyprès-astragale-sureau ââ qsp 150 ml, à raison
de 5  ml par jour, durant 1 mois renouvelable. L’astragale est la
plante pour lutter contre le vieillissement en général (par un
mécanisme de protection des chromosomes). Elle est antivirale,
immunostimulante et anti-inflammatoire, et elle contribue à
protéger contre le risque de cancer et de maladie auto-immune.
Pour une personne fatiguée, avec tension artérielle faible et
terrain auto-immun (présence d’anticorps antinucléaires dans le
sang ou maladie auto-immune, comme la thyroïdite de
Hashimoto) : EPS réglisse-astragale-prêle ââ qsp 150 ml, à raison
de 5 à 10 ml par jour, durant 1 mois renouvelable.

Les autres produits naturels ou à base de végétaux

La gelée royale
Elle est recommandée en cas de fatigue, d’épuisement ou de
surmenage. Riche en nombreuses substances nutritives, elle est
immunomodulatrice 49 et reconstituante. On l’utilise pour renforcer
les défenses naturelles de l’organisme. On peut alors la prendre
pendant 2 semaines consécutives. À cause de son risque allergisant,
commencez par une faible dose que vous augmenterez
progressivement.

Les autres végétaux
Ils peuvent s’employer en traitement de fond de la candidose  :
également adaptogènes, ils s’utilisent sous forme de compléments
alimentaires, par cures ponctuelles.
Le cordyceps de Chine est immunostimulant, il accentue
l’endurance et améliore les performances physiques et mentales.
Dans le même ordre d’idées, vous trouverez des spécialités
contenant de la schisandra, de l’ashwaganda, mais aussi les
remarquables champignons adaptogènes reishi, maitake et
shiitake, sans oublier le chaga, dont l’aspect repoussant ne doit
pas empêcher de le consommer sous forme de décoction, ou cru
dans un jus de légumes. Les gélules de reishi, de shiitake ou de
maitake sont vendues par le laboratoire Solgar ; on en prend 1 ou
2 par jour.
EN MICRONUTRITION

On dispose de nombreux outils pour améliorer l’état de santé et


renforcer l’immunité.

Les vitamines

Il s’agit de la vitamine E, du bêta-carotène et de la vitamine A, des


vitamines du groupe B dont la B6, la B9 et la B12, mais il faut penser
en priorité aux vitamines C et D.

Les apports en vitamine C
Pensez à garantir vos apports quotidiens en vitamine  C, que
l’organisme ne sait ni fabriquer ni stocker. Antioxydant majeur, la
vitamine C est importante pour bien faire fonctionner le système
immunitaire  : prenez-la sous forme naturelle, à dose nutritionnelle
(80 à 160  mg par jour), seule ou dans un complexe multivitaminé
(par exemple, Oxybiane® Cell Protect, de PiLeJe, à raison de 1 ou 2
gélules par jour).

Les apports en vitamine D
N’oubliez pas la très immunostimulante vitamine D, dont le déficit est
extrêmement courant, surtout après 50 ans. Pour vous en convaincre,
faites-la doser dans le sang (non remboursé par la Sécurité sociale
sauf cas particuliers).
La fourchette de normalité est de 75 à 200 nanomoles par litre
(nmol/l), et il vaut mieux se situer autour de 150. L’idéal est de
coupler sa prise sous forme d’ampoules pas trop dosées (préférez
Zyma® D 80, dont l’excipient est naturel) prescrites par le médecin
(remboursé SS) et de gouttes (200 UI par goutte) de vitamine D
naturelle. La posologie dépend du taux sanguin, mais tourne
couramment autour de 2 000 UI par jour, voire plus.

La vitamine A
Elle contribue à la cicatrisation de la muqueuse. Posologie : de 400 à
800 µg au maximum en cas de prise prolongée. Prévoyez une cure de
3 mois, renouvelable en fonction de l’état de votre intestin. On lui
associe souvent le thé vert, qui aide à protéger et à cicatriser la
muqueuse intestinale (voir ici et ici).

Les minéraux (zinc, sélénium, magnésium, calcium,


potassium…)

Le zinc, en particulier, contribue au bon fonctionnement immunitaire.


On l’apporte à raison de 5 à 10  mg par jour, les valeurs
nutritionnelles de référence (VNR) étant de 10  mg par jour. À cette
posologie, qui garantit l’absence de déficit, la prise peut se faire tout
au long de l’année, en continu ou 5 jours par semaine.

Les acides aminés

Certains «  nourrissent  » le cerveau en favorisant la synthèse de ses


neurotransmetteurs pour améliorer les fonctions psychiques. C’est le
cas de la tyrosine, qui se transforme en dopamine, ou du
tryptophane, qui donne de la sérotonine. D’autres, comme la leucine,
protègent et renforcent les muscles, et peuvent être apportés en cas
d’insuffisance musculaire (sarcopénie).

Les acides gras
Il est important de privilégier des apports en oméga  3, comme les
huiles de colza, de noix ou de cameline ou comme les huiles de
poisson riches en oméga 3 EPA et DHA, et en oméga 6, comme l’huile
de bourrache. Ils contribuent à améliorer les fonctions cellulaires,
notamment au niveau du système neuro-immuno-endocrinien.

Les polyphénols

Certaines substances végétales, comme le resvératrol, la quercétine


ou la curcumine, par exemple, exercent une action antioxydante,
améliorent l’épigénétique (voir ici), abaissent le risque de maladies
cardio-vasculaires et de cancer, et régulent l’immunité et le
métabolisme. On les retrouve dans plusieurs spécialités de
micronutrition (par exemple, Generactive resvératrol+, chez PiLeJe,
à raison d’une gélule par jour) pour améliorer le terrain.

Attention
Ces compléments ne doivent pas être extraits de levures et ne doivent pas contenir
de levures. Leur usage peut se faire en automédication, en restant à des doses
nutritionnelles 50 (pas plus de trois fois les apports de base conseillés). Ils s’utilisent
en traitement de fond, soit en continu soit en cure séquentielle (5 jours par
semaine, ou 1 mois sur 2, ou 3 mois une ou deux fois par an), selon le contexte.
Pour une analyse fine et personnalisée des besoins, consultez un médecin
micronutritionniste 51.

Étape 3 : restaurer les fonctions


intestinales
L’intestin héberge la majorité des cellules immunitaires, en
communication permanente avec le microbiote au niveau de la
barrière intestinale. Rétablir l’immunocompétence implique de
restaurer l’équilibre de la flore et l’intégrité des cellules de l’intestin.
Cela est d’autant plus nécessaire que Candida sécrète des enzymes,
dont l’aspartyl-protéase, qui dégradent les mucines 52 de l’intestin et
de l’estomac (ce qui explique les aigreurs gastriques de nombreux
patients).
La thérapeutique de fond au niveau intestinal passe par l’apport
de plusieurs catégories de produits  : compte tenu de leur mode
d’action complémentaire et synergique, ils s’utilisent simultanément,
dès le début de la prise en charge dès lors que l’intestin manifeste des
signes de souffrance (selles molles ou liquides, douleurs,
ballonnements).
Les probiotiques sont utilisés pour moduler le système
immunitaire et combattre directement le candida. Ils agissent en
apportant de bonnes bactéries qui vont améliorer l’écosystème
intestinal.
Les prébiotiques apportent des substrats énergétiques (en clair, de
la nourriture  !), ils alimentent la bonne flore intestinale. En
renforçant le microbiote local, ils lui permettent de retrouver un
fonctionnement normal, d’agir sur la muqueuse et les processus
de digestion-assimilation, et de lutter contre le candida.
Les nutriments cicatrisent la muqueuse et réparent les jonctions
serrées qui empêchent le passage des fragments alimentaires
(zinc, vitamine A, thé vert, glutamine…).
Les plantes médicinales permettent de lutter contre
l’inflammation et l’hyperperméabilité et contre le candida
(réglisse, curcuma, noyer…).
Les huiles essentielles auront pour but de traiter localement la
candidose digestive (origan, cannelle…).
Surtout après la prise répétée d’antibiotiques ou au décours d’une
gastro-entérite virale ou bactérienne (tourista), les priorités sont :
de restaurer le microbiote intestinal, dont le déséquilibre
(altération de la flore dominante) ne lui permet plus d’exercer son
rôle de régulation et de protection vis-à-vis des pathogènes
colonisant le tube digestif ;
de traiter l’inflammation à bas bruit de la muqueuse et restaurer
l’intégrité de la muqueuse, c’est-à-dire de ses cellules superficielles
(les entérocytes) et des jonctions serrées qui les relient. C’est la
meilleure façon de prévenir le risque de candidose digestive
chronique et de réduire ses conséquences immunitaires et
générales ;
d’agir pour restaurer l’écosystème intestinal (muqueuse,
microbiote, système immunitaire) en cas de troubles fonctionnels
intestinaux, notamment en présence de selles molles ou liquides.
Nous avons déjà abordé le rôle de certains des outils nécessaires
pour réhabiliter l’intestin. Une attention particulière doit être
apportée aux probiotiques, aux prébiotiques et aux agents
réparateurs de la muqueuse.

LE RÔLE CAPITAL DES PROBIOTIQUES SPÉCIALISÉS

D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le terme


«  probiotiques  » désigne des micro-organismes vivants (bactéries ou
levures) et, par extension, les produits alimentaires les contenant, qui
exercent un effet bénéfique sur la santé lorsqu’ils sont ingérés en
quantité suffisante, au-delà des effets nutritionnels traditionnels.
Les probiotiques exercent un effet souche dépendant  : chaque
souche présente certaines propriétés spécifiques qu’il faut démontrer
à chaque fois — qui ne sont pas forcément partagées avec d’autres
souches et pour correspondre à l’activité thérapeutique souhaitée, que
cela soit une action clinique, comme traiter le syndrome de l’intestin
irritable, ou biologique, comme exercer une action anti-candida. Les
probiotiques sont également dose-dépendants  : il faut apporter une
quantité minimale pour être efficace, au minimum 1  milliard de
bactéries, le plus souvent entre 5 et 20  milliards, selon la souche et
l’indication.

Attention
Dans le cadre d’une candidose (avérée ou suspectée), on évitera tous les produits
contenant des levures comme Saccharomyces cerevisiae et sa variante S. boulardii.

Comment les choisir ?

Le probiotique idéal est celui qui décline une identité claire et précise,
jusqu’au numéro de souche : classement par groupe, puis genre, puis
espèce, puis souche.
Par exemple, dans le groupe des bactéries lactiques, Lactobacillus
rhamnosus GG diminue les diarrhées de l’adulte liées aux
antibiotiques et les gastro-entérites aiguës chez l’enfant.
On le trouve dans des spécialités comme Lactibiane® Référence et
Lactibiane® Enfant (PiLeJe), Ergyphilus® Confort ou Ergyphilus® Plus
(Nutergia). Dans la mesure où les gastro-entérites post-antibiotiques
ou virales font le lit de la candidose, cet exemple montre un usage
préventif utile de certains probiotiques spécialisés.
Des critères exigeants de qualité sont requis :
profil génétique bien défini (chaque souche est unique) et sécurité
alimentaire (sans danger pour le patient) ;
stabilité à température ambiante (pour assurer une bonne
conservation dans le temps du produit) ;
gastrorésistance (survie dans le tractus digestif pour résister à
l’acidité gastrique et aux sels biliaires) ;
adhésion prolongée aux cellules épithéliales de l’intestin (pour
exercer leur effet).

Bon à savoir
L’idéal est que les souches soient enregistrées dans la Collection nationale de
cultures de micro-organisme de l’Institut Pasteur (CNCM). Les preuves cliniques de
leur efficacité doivent être apportées, avec des tests in vitro et in vivo chez l’animal
et chez l’homme.

Les souches qui présentent un intérêt particulier


par voie orale

Pour limiter les perturbations du microbiote intestinal et la


diarrhée liées à la prise d’antibiotiques, on utilise Lactobacillus
rhamnosus GG 53. De plus, la prise orale quotidienne de bactéries
du genre Lactobacillus favorise le rétablissement d’un microbiote
vaginal sain et lutte contre l’implantation génitale de Candida.
Lactobacillus rhamnosus adhère plus particulièrement aux cellules
du col de l’utérus et combat la vaginose bactérienne 54.
Pour accélérer la restauration de la flore intestinale et face à
toute situation de dysbiose installée ou déclenchée (après une
antibiothérapie ou une préparation colique pour coloscopie
totale), une dose de choc pendant 10  jours de 80  milliards (soit
2  gélules) d’un complexe de huit souches probiotiques
différentes 55 de genre lactobacilles et bifidobactéries (Lactichoc®,
PiLeJe), naturellement présentes dans le microbiote intestinal des
jeunes enfants, permet de commencer la prise en charge par une
action initiale de réimplantation microbiotique, avant de
poursuivre par des complémentations probiotiques plus
spécifiques.
Pour renforcer l’immunité et notamment, parmi les globules
blancs, stimuler les lymphocytes T de type Th1 (notamment en
stimulant la production de substances protectrices comme
l’interféron gamma, qui a des propriétés immunomodulantes,
antivirales et antitumorales, et en agissant sur certains
symptômes, comme la fatigue 56), chargés de lutter contre les
pathogènes intracellulaires, comme les virus, et de contrôler
C. albicans, on utilise le mélange des quatre souches composant
Lactibiane® Référence 57 (PiLeJe). De plus, il a démontré son
efficacité 58 pour soulager la douleur et diminuer les symptômes
de l’intestin irritable (fréquent en cas de candidose). Ce
probiotique généraliste aide à maintenir l’équilibre de la flore
intestinale. On en prend 1 gélule ou 1 sachet par jour.
Pour agir sur le côlon et les troubles fonctionnels intestinaux,
et moduler l’immunité et l’inflammation, la souche
Bifidobacterium infantis 35624 exerce également une efficacité
démontrée et bénéficie 59 des recommandations de la Société
française de gastro-entérologie. On la trouve dans Symbiosys
Alflorex® (Biocodex).
Pour lutter contre les symptômes d’inflammation et
d’hyperperméabilité intestinales (diarrhée, avec ou sans
alternance avec de la constipation) et stimuler les lymphocytes T
régulateurs (qui contrôlent l’inflammation et l’allergie, se
traduisant par de l’asthme, de la rhinite ou des allergies
alimentaires), l’association des cinq souches de Lactibiane®
Tolérance 60 a une action démontrée 61. Elles agissent en
augmentant la production d’interleukine 10, substance à action
anti-inflammatoire et immunomodulante, notamment dans les
maladies auto-immunes et dans l’allergie.
Pour limiter spécifiquement la prolifération du candida, les
souches Bifidobacterium (bifidum, longum, infantis, adolescentis) et
Lactobacillus (plantarum, acidophilus, rhamnosus, casei) sont
particulièrement adaptées pour lutter contre la candidose
digestive 62.
La prolifération intestinale de C.  albicans est très
significativement réduite par la souche Lactobacillus helveticus
candisis LA401, que l’on retrouve dans Lactibiane® CND 5  M ou
10  M (PiLeJe), ou Nergeflore® CND 5  M (LPEV). In vitro, elle
inhibe d’un facteur dix la croissance de la levure. In vivo, chez la
souris, elle réduit significativement la prolifération intestinale de
Candida. Elle peut s’utiliser par voie orale pour agir sur le tube
digestif et freiner la diffusion au niveau génito-urinaire.
Pour améliorer la flore vaginale, le mélange Lactobacillus
acidophilus, gasseri et rhamnosus et de Bifidobacterium bifidum
contient un complexe de ferments lactiques (6  milliards par
gélule) que l’on retrouve dans Ergyphilus® Intima (Nutergia). On
en prend de 2 à 4 gélules par jour.

Les souches qui présentent un intérêt particulier


au niveau local

Au niveau vaginal, dans le même ordre d’idées, la souche


Lactobacillus plantarum LA901 s’utilise localement, par exemple avec
Féminabiane® Flore vaginale (PiLeJe). Elle est active sur C albicans et
C.  glabrata, ainsi que Gardnerella vaginalis et Escherichia coli. Elle
s’utilise pour améliorer la flore vaginale au cours des vaginoses,
faciliter la guérison des infections vulvo-vaginales, notamment à
candida, et réduire la fréquence des récidives.
En intravaginal, la souche de Lactibiane® CND 10 M a les mêmes
propriétés antiseptiques que la flore de Döderlein, et, en tapissant la
muqueuse, elle empêche la prolifération du candida (effet barrière).
Pour l’utiliser, on verse le contenu de la gélule dans la paume de
la main, on forme une petite boule avec une goutte d’eau et on
l’insère en intravaginal, le soir, 5 jours par semaine, 3 semaines par
mois pendant 1 à 3 mois.
De façon générale, n’oubliez pas non plus le recours à d’autres
probiotiques généralistes à visée digestive, ou d’action plus spécifique
(axée sur le renforcement immunitaire, notamment en cas
d’infections ORL répétées ou d’herpès récidivant). Il existe de
nombreuses marques proposant ce type de produits  : Lactibiane®
Référence, Ergiphylus® Confort, Probactiol®, Flore Vital®, Lactophar®,
Probactiol®, Probioplex®… Il faut apporter environ 10  milliards
(quantité en général indiquée par «  10  » ou «  10  M  » sur les
emballages) de bactéries probiotiques par jour pour obtenir un réel
bénéfice.

Comment les utiliser dans la durée ?

Les traitements durent au moins 1 mois et, dans le cas de la


candidose, doivent être prolongés sur plusieurs mois pour agir
durablement sur l’équilibre de la flore intestinale et vaginale.
Il existe plusieurs protocoles thérapeutiques dans l’emploi des
spécialités qui contiennent ces souches probiotiques. Elles peuvent
s’associer entre elles, et s’emploient dans des durées et à des doses
proportionnelles à l’intensité de la candidose et à son ancienneté.
Compte tenu de la résilience du candida, 3 mois de traitement sont
un minimum. Il faut généralement agir pendant de longs mois, voire
entretenir ultérieurement par des cures séquentielles (5 jours par
semaine, 1 jour sur 2 ou 10 jours par mois) tout au long de l’année.

Une souche probiotique d’importance


À titre d’exemple, Lactobacillus helveticus candisis LA401, que l’on retrouve dans le
Lactibiane® CND 5 M ou 10 M, ou Nergeflore® CND 5 M (PiLeJe), s’utilise au lever
ou au coucher (en dehors des repas), par voie orale à 10 M pendant 15 à 60 jours
(parfois même après une première séquence à 20 M pendant quelques semaines),
puis en entretien à 5  M pendant 3 mois, et enfin, éventuellement, en cures
séquentielles.
En cas de prise d’antibiotiques (par exemple pour traiter une infection urinaire), il
s’emploie à la dose de 20 M pour prévenir le risque de mycose vaginale.

L’INTÉRÊT DES PRÉBIOTIQUES

Les prébiotiques peuvent s’avérer utiles pour nourrir les bonnes


bactéries intestinales qui peuplent naturellement l’intestin et
constituent notre meilleur allié contre le candida. Ils renforcent la
flore dominante, notamment les bifidobactéries, dont le rôle
nourricier (trophique) est primordial sur la muqueuse, de même que
leur action sur le métabolisme du sucre et des graisses, sur la
réparation de la paroi intestinale et sur l’assimilation des minéraux et
des nutriments.
Parallèlement aux prébiotiques, on fait appel aux fructanes, plus
particulièrement aux fructo-oligosaccharides (FOS) et à l’inuline 63,
contenus par exemple dans la racine de chicorée ou de pissenlit, mais
aussi dans l’artichaut, l’ail, l’asperge, le topinambour ou la banane,
pour favoriser la croissance des lactobacilles et des bifidobactéries, et
freiner la croissance de micro-organismes pathogènes.
On peut les apporter sous forme d’aliments, de compléments
alimentaires (1 sachet de Biofilm® de PiLeJe apporte 2,4 g de FOS et
autant d’inuline. Prendre ½  sachet par jour pendant 1 mois, puis
1 sachet par jour pendant 2 à 3 mois, voire plus) ou au sein d’extraits
de plantes standardisés (pissenlit, piloselle).

■ Comment les utiliser ?
Attention au début de leur utilisation  : pour éviter les effets
secondaires (ballonnements), introduisez-les progressivement. En cas
de troubles intestinaux avec diarrhées, il est même conseillé de les
supprimer dans un premier temps pendant 1 à 3 mois (au même titre
que les aliments fermentescibles non digestibles, les FODMAP  ; voir
ici) avant de les réintroduire peu à peu, en quantité modérée, en
testant leur tolérance les uns après les autres, progressivement.

Pour des recettes à base de prébiotiques


http://sites.arte.tv/futuremag/fr/prebiotiques-probiotiques-et-nutritherapie-quand-
laliment-devient-medicament-futuremag

LES NUTRIMENTS RÉPARATEURS DE LA MUQUEUSE INTESTINALE

Ces substances nutritives ont un statut intermédiaire entre l’aliment


et le métabolite. Elles n’ont pas besoin de subir de transformation
digestive pour être assimilées, et jouent un rôle fonctionnel pour
réparer et cicatriser les tissus abîmés lorsque l’intestin est poreux et
les villosités intestinales, altérées.
Outre le thé vert, la vitamine A et le zinc, les principaux
nutriments utilisés sont  : la L-glutamine, la N-acétylglucosamine, le
psyllium blond, l’huile de riz (ou de son de riz) et la chlorophylle.

La L-glutamine

Issue des protéines de riz, elle répare les joints entre les cellules
intestinales et nourrit ces dernières, leur permettant de se refaire une
santé : cet acide aminé peut être fabriqué par l’organisme ou apporté
par l’alimentation (protéines animales, comme la viande ou le
poisson, ou végétales, comme les céréales ou les légumineuses).
Outre la réparation intestinale, la glutamine améliore le sommeil et la
récupération, renforce l’hormone de croissance et le développement
musculaire, soutient le système immunitaire (en cas d’épuisement, ou
de surentraînement chez le sportif).

■ Comment l’utilise-t-on ?
Pour un bénéfice intestinal, elle peut être apportée sous forme de
complément alimentaire, à dose modérée de l’ordre de 2,5 à 3 g par
jour.
Attention
Respectez cette posologie, car le candida peut métaboliser la glutamine en
glutamate, qui est le neurotransmetteur excitateur le plus important du système
nerveux central. Bien qu’il soit le précurseur principal du GABA, dont les effets
inhibiteurs contrebalancent son action, le glutamate (par ailleurs un exhausteur de
goût très présent dans l’alimentation industrielle) est toxique à haute dose pour les
neurones. En cas de prise régulière ou à dose plus forte de glutamine, demandez
un avis médical, notamment en cas de troubles bipolaires, de prise de médicaments
antiépileptiques ou d’insuffisance hépato-rénale.

La N-acétylglucosamine

Cette substance naturelle est obtenue par l’hydrolyse enzymatique de


carapaces de crabes et de crevettes. Bien tolérée 64, elle freine la
dégradation et favorise la réparation des lésions du tissu conjonctif,
non seulement cartilagineux, mais aussi digestif 65. Par son action
nourricière, elle renforce la mucine, principal constituant du mucus
qui recouvre les muqueuses digestives, et exerce une activité anti-
inflammatoire de fond. Elle favorise l’implantation du microbiote,
freinant les capacités d’adhésion de C. albicans.

■ Comment l’utilise-t-on ?
Le procédé d’extraction de la firme japonaise Kaneka Pharma permet
d’obtenir une qualité maximale. Prenez 1 gélule de 500 mg à chaque
repas. À utiliser en seconde intention, en alternative ou en relais de la
L-glutamine, en cure de 1 mois renouvelable tant que persistent des
selles molles ou un inconfort intestinal.

Le psyllium blond
Cette plante médicinale est reconnue depuis 1996 par la Danish
Medicines Agency, puis ultérieurement par de nombreuses études,
pour son intérêt dans le traitement de la constipation, du syndrome
du côlon irritable et de la diarrhée. Il absorbe les toxines produites
par le candida, freine l’inflammation et renforce la flore de l’intestin.
Dans la candidose, la constipation doit être évitée, car elle favorise
l’infection chronique.

■ Comment l’utilise-t-on ?
Commencez par 1 cuillerée à café dans un verre d’eau une fois par
jour. Augmentez progressivement par paliers de quelques jours
jusqu’à, potentiellement, 1  cuillerée à soupe deux ou trois fois par
jour. La prise peut-être continue dans le temps ou être réservées aux
périodes de troubles du transit, par cures, aussi longtemps que
nécessaire.

L’huile de riz (ou de son de riz)

Elle contient de la vitamine E naturelle et de nombreux autres


antioxydants. Elle est riche en gamma-oryzanol, qui améliore le
fonctionnement du foie et réduit l’inflammation intestinale.

■ Comment l’utilise-t-on ?
Elle agit comme un pansement de la muqueuse : versez-en 5 ml, deux
fois par jour sur les aliments. Son usage est de type alimentaire et
peut se poursuivre en entretien tout au long de l’année.

La chlorophylle
Cette substance est détoxiquante, antioxydante et anti-inflammatoire
du foie et de l’intestin. Elle favorise la cicatrisation des microlésions
de la muqueuse intestinale causées par le mycélium fongique. On la
trouve dans l’alfalfa ou l’ortie partie aérienne (à utiliser de préférence
sous forme d’EPS), plantes à visée réparatrice ou reminéralisante au
niveau du tissu conjonctif et du squelette.
Elle peut être apportée spécifiquement de manière concentrée
dans des spécialités, par exemple Chlorophyllum de Sofibio (qui
contient aussi de la propolis) ou Chlorophyllea de Nutrixeal®.

■ Comment l’utilise-t-on ?
Si elle est contenue dans une plante intégrée dans une préparation
comme l’ortie partie aérienne, c’est l’indication reconstituante de
celle-ci qui prime (ostéoporose, dénutrition, convalescence…)  :
l’utilisation est de 3 mois, en cure renouvelable. Sous forme de
spécialités, par cures de 1 mois, surtout au moment des périodes de
fragilité intestinale.

LES AUTRES REMÈDES ANTIFONGIQUES NATURELS

Nous abordons ici l’usage d’autres produits naturels 66 utiles dans la


prise en charge de la candidose chronique. Généralement utilisés en
automédication ou conseillés par des naturopathes, ils ne se
substituent pas aux traitements précédemment étudiés, dont l’emploi
est prioritaire compte tenu des actions recherchées (lutte anti-
infectieuse, renforcement immunitaire et réparation de l’intestin). En
revanche, ces remèdes naturels viennent utilement compléter la base
thérapeutique axée sur la phyto-aromathérapie médicale et sur les
probiotiques spécialisés. Leur efficacité est moins documentée, mais
l’intérêt pour ces soins complémentaires va croissant.
Leur mode d’action est global, tant sur la levure elle-même que
sur l’état général de l’organisme et sur le système digestif. Leur usage
est très utile en traitement de fond pour contenir les velléités
expansionnistes du candida et renforcer les défenses de l’organisme.
On peut les utiliser en association avec les traitements chimiques
conventionnels des trois étapes précédemment étudiées (cela allonge
la liste des traitements utilisés, ce qui peut se justifier notamment au
cours des candidose chroniques sévères), ou en seconde intention,
après avoir résolu le plus gros de l’infection fongique.

■ Comment les choisir ?
Tous sont potentiellement intéressants, mais vous ne pouvez pas tous
les prendre. Dans une approche empirique, le mieux est de les tester
vous-même et d’évaluer leur intérêt dans votre cas à l’aide d’un
tableau « score-symptômes 67 ». Ainsi, vous déterminerez laquelle des
combinaisons est la plus efficace pour vous.
Ces produits peuvent s’employer par cures séquentielles de 2 à 4
semaines. Dans le cas de la candidose chronique, ces cures se
répètent chaque mois ou chaque trimestre tout au long de l’année.

Le gel d’aloe vera (ou, à défaut, son jus)

Il est antifongique et renforce l’équilibre du microbiote intestinal tout


en luttant contre l’excès d’acidité gastrique et intestinale.

■ Comment l’utilise-t-on ?
Prenez 5 à 10  ml par jour de gel à visée alimentaire (attention,
certains tubes de gel sont destinés pour la peau seulement) dans de
l’eau ou un grand verre de jus. En usage cutané ou muqueux local, le
gel d’aloe vera apaise et réduit l’inflammation. Choisissez un produit
bio, à conserver au frais après ouverture. Faites des cures
occasionnelles de 8 jours, à répéter à la demande.

L’acide caprylique

La réputation antifongique de cet acide gras à chaîne moyenne


présent naturellement dans de nombreux dérivés de la noix de coco
(lait, huile, pulpe) va croissant. On le retrouve aussi dans le lait
maternel (difficile de s’en procurer !) et l’huile de palme.
Mis en évidence pour la première fois dans du lait de chèvre (d’où
son nom), il agirait en altérant la paroi du candida. Il serait aussi
antiviral et antibactérien. Outre l’usage alimentaire des produits de la
noix de coco, il est utile et surtout plus pratique de se supplémenter
en acide caprylique avec des compléments alimentaires, qui
permettent d’en apporter régulièrement à l’organisme de plus
grandes quantités. Lorsqu’on arrête de prendre de l’acide caprylique
dès lors que le candida est sous contrôle, cela n’entraînerait pas
d’effet rebond, c’est-à-dire de réactivation des colonies de Candida,
contrairement à ce qui pourrait arriver à l’arrêt d’un traitement
pharmacologique par la nystatine (Mycostatine®).

■ Comment l’utilise-t-on ?
Prenez par exemple le complément alimentaire Cleanse Candida® (de
Solaray), qui contient 350  mg d’acide caprylique par gélule, du
lapacho, de l’extrait de pépin de pamplemousse et de l’huile
essentielle d’arbre à thé. Posologie indicative du fabricant : de 1 à 3
gélules, en cure de 1 mois renouvelable. Vous pouvez aussi prendre
Candida Support (Now Foods®), qui contient du lapacho et de
l’origan : 2 gélules par jour à prendre pendant un repas, en cure de 1
mois renouvelable. Des pauses thérapeutiques peuvent être effectuées
durant les fins de semaine ou durant 1 mois par trimestre.

Le lapacho (pau d’arco), ou arbre à l’écorce divine

Cet arbre, dont on exploite l’écorce, aurait des propriétés


antibactériennes, antifongiques et antiparasitaires. Son action
immunostimulante se rapprocherait de celle de l’échinacée ou du
ginseng, contribuant à renforcer les capacités de défense de
l’organisme.

■ Comment l’utilise-t-on ?
Il peut s’utiliser seul, sous forme de teinture mère à raison de 20
gouttes trois fois par jour pendant 6 mois, puis en entretien prolongé
deux fois 10 gouttes par jour. On peut l’utiliser en décoction (écorce
de l’arbre), à consommer plusieurs fois par jour  : on fait bouillir la
plante, contrairement à l’infusion, au cours de laquelle le végétal est
mis à tremper dans l’eau après ébullition.
Le lapacho se retrouve aussi dans des complexes naturels, associés
à d’autres actifs antifongiques naturels, comme Candidapur
(Nutrixeal®), qui contient 40 mg par gélule de lapacho standardisé à
1 % lapachol et de l’extrait de graines de pamplemousse, de la feuille
d’olivier et de l’acide caprylique. On en prend 1 à 3 gélules par jour,
en cure de 1 mois renouvelable. Des pauses thérapeutiques peuvent
être effectuées durant les fins de semaine ou durant 1 mois par
trimestre.

L’ail
Riche en polysaccharides stimulants de l’immunité innée (stimulation
des macrophages, cellules tueuses naturelles pour une action anti-
infectieuse non spécifique des micro-organismes pathogènes), en
fructanes et en dérivés soufrés (l’alliine), cette plante est un
antiseptique intestinal — elle est active sur les entérobactéries — et
elle est antivirale. Elle est active sur de nombreuses levures, dont
C.  albicans. L’ail aide à neutraliser et à éliminer les toxines du
candida, et à réduire le biofilm qu’il constitue à la surface de la
muqueuse.

■ Comment l’utilise-t-on ?
Si vous l’aimez sous forme d’aliment, vous le prendrez à haute dose
(au moins 1 gousse crue ou cuite trois fois par jour). Si sa
consommation intensive vous pose problème, vous l’utiliserez sous
forme de capsules d’ail bio lyophilisé de 300 à 500 mg, trois fois par
jour, ou bien utilisez Ail’actif (Nutrixeal®) en gélules, macérat huileux
d’ail bio à teneur garantie en principes actifs. Prenez-en 1 ou 2
gélules par jour. Pas de limite dans le temps, tant que votre système
digestif le supporte.

La berbérine

Cette substance est un alcaloïde issu de plantes comme l’hydraste du


Canada, le coptis du Japon ou l’épine-vinette. Elle favorise l’activation
d’une enzyme, l’APKM, impliquée dans la production d’énergie au
niveau cellulaire. Elle régule le métabolisme de base et améliore le
profil cardio-vasculaire (graisses et sucres du sang). Elle exercerait
également une puissante action antifongique (notamment en cas de
prise d’antibiotiques) et antibactérienne  ; elle serait
immunostimulante et active sur la dysbiose intestinale. La médecine
ayurvédique (médecine traditionnelle indienne) utilise des plantes
très concentrées en berbérine pour combattre C. albicans.

■ Comment l’utilise-t-on ?
Choisissez par exemple Berbérine comprimés de 500  mg
(Supersmart), à prendre trois fois par jour en cure de 1 mois
renouvelable. Des pauses thérapeutiques peuvent être effectuées
durant les fins de semaine ou durant 1 mois par trimestre.

Pseudowintera colorata

De cet arbuste néo-zélandais, également connu sous les noms


horopito ou mikoplex, on extrait le polygodial. Cette substance serait
aussi efficace que l’amphotéricine B 68. Elle agirait plus lentement que
le fluconazole, mais générerait moins de récidives et, selon une étude
californienne, serait trente-deux fois plus efficace contre le candida
quand elle est associée à Pimpinella anisum (anis épicé d’Amérique du
Sud).

■ Comment l’utilise-t-on ?
La posologie conseillée est de 350 mg de polygodial associé à 450 mg
de graine d’anis. On retrouve P. colorata (horopito) dans les produits
Kolorex 69© (soit seule dans Advance Candia Care, 2 à 4 capsules par
jour, ou associée à de la canneberge, à la même posologie, soit
contenue dans des crèmes d’action locale). La cure est renouvelable
une fois par mois pendant 3  mois, à prolonger si nécessaire. Cette
plante, citée sur de nombreux sites Internet spécialisés dans la
candidose (par exemple, candida-albicans.fr), peut être obtenue par
correspondance.
La biotine, ou vitamine B8

Elle freinerait la transformation des spores de Candida en mycélium.

■ Comment l’utilise-t-on ?
Prenez-en 1 000 à 1 500 µg/jour. Par exemple : 1 gélule par jour du
laboratoire Solgar (soit 1 000 µg) ou 3 gélules par jour du laboratoire
Nutrimea (soit 1 350 µg) pendant 3 mois. Faites une pause de 1 mois
avant de recommencer. Deux ou trois cures par an sont possibles.

L’huile d’olive

L’huile d’olive, qui est riche en acide oléique, doit être vierge, bio et
pressée à froid, et est à consommer crue.

■ Comment l’utilise-t-on ?
Prenez-en jusqu’à 2 cuillerées à soupe trois fois par jour (mettez-en
dans vos salades, par exemple).

La propolis

Elle est notamment antiseptique et immunostimulante.

■ Comment l’utilise-t-on ?
Elle est à utiliser pure sous forme de teinture alcoolique (jusqu’à
50  % d’extrait de propolis pure), notamment en gargarisme dans le
muguet de l’adulte : prenez-en 10 gouttes deux ou trois fois par jour
par voie orale. Elle s’utilise aussi en application locale sur la peau.

Le bicarbonate de soude
Il est fongistatique et alcalinisant.

■ Comment l’utilise-t-on ?
Il s’utilise en bain de bouche ou par voie orale (½ à 1 cuillerée à café
dans un demi-verre d’eau) en cas de candidose buccale et/ou
cutanée. On peut aussi l’ajouter à l’eau du bain en cas de mycose
cutanée. On peut l’associer au borate de sodium, ou borax, pour
traiter les mycoses des ongles. Ce minéral d’origine naturelle est un
fongicide puissant. Mélangez à parts égales le borax et le bicarbonate
de soude, et ajoutez de l’eau de façon à former une pâte. Frottez
doucement le mélange sur les ongles infectés, préalablement
mouillés, deux fois par jour pendant plusieurs semaines.

La camomille (Matricaria chamomilla)

Riche en polyphénols antibactériens et anti-inflammatoires, elle est


dotée de propriétés antispasmodiques et digestives, et elle calme le
système nerveux.

■ Comment l’utilise-t-on ?
Sous forme d’infusion (3 feuilles par tasse, jusqu’à 4 tasses par jour) à
boire. À donner très diluée chez l’enfant. Évitez la voie orale en cas
de grossesse ou en cas d’allergie avérée. On peut badigeonner
directement l’infusion sur la langue en cas de muguet ou sur les
mamelons en cas de candidose mammaire. La camomille peut aussi
s’employer en cataplasme sur la région cutanée touchée par le
candida (pendant 20 minutes, une ou deux fois par jour).

L’acide tannique
Notamment antidiarrhéique, il est extrait de nombreuses plantes,
dont l’écorce du chêne, mais aussi le thé.

■ Comment l’utilise-t-on ?
Faites bouillir un sachet de thé dans une tasse d’eau, et utilisez après
refroidissement en application externe (badigeonnez la zone de
mycose cutanée) ou en usage interne (1 tasse à boire plusieurs fois
par jour).

L’huile d’arbre à thé

Cette «  huile  » (fabriquée à partir de Melaleuca alternifolia) est


vendue sous cette appellation dans un but antiseptique, pour un
usage externe, mais il s’agit bel et bien d’une huile essentielle.

■ Comment l’utilise-t-on ?
Pour une atteinte cutanée, on peut en mettre 1 ou 2 gouttes dans le
bain ou dans son nettoyant ou son produit hydratant, ou l’appliquer
localement à l’aide d’un Coton-Tige après un essai de tolérance. On
peut aussi l’utiliser en bains de bouche en cas de muguet, ou en
toilette locale pour une localisation vulvaire (appliquer et rincer)  ;
comptez alors 1 goutte pour un verre d’eau.

En cas de recrudescence
des symptômes…
Une dernière précision importante à propos des traitements naturels
de la candidose (également valable quel que soit le type de
traitement antifongique utilisé)  : il est possible que vous ressentiez
une recrudescence temporaire des symptômes dans les jours suivant
vos essais, voire d’en découvrir de nouveaux. C’est la réaction
d’Herxheimer. Ce n’est pas un effet secondaire du traitement, cela
traduit au contraire son efficacité, due à la libération de déchets et de
toxines liés à C.  albicans. Le renforcement de la détoxication
hépatique (voir chapitre suivant) permet de réduire cette réaction si
elle survient.
CHAPITRE VI

Candidose et terrain :
pour une prise en charge globale

Choisir la bonne stratégie


À ce stade du traitement de la candidose, nous avons franchi les
premières étapes et accompli une bonne partie du chemin. Cela suffit-
il pour arrêter l’évolution chronique de l’infection  ? Si, au fil du
temps, l’équilibre physiologique n’est pas restauré, la candidose
s’accompagne souvent de troubles fonctionnels intestinaux avec
développement d’intolérances alimentaires et de perturbations
immunitaires. Elle fragilise l’organisme, altère ses capacités
d’adaptation au stress et le rend plus vulnérable aux contraintes de
l’environnement, aux co-infections et à la capacité de gérer le pouvoir
de nuisance du candida, générant un cercle vicieux qu’il est parfois
très difficile de rompre.

DU PLUS SIMPLE AU PLUS COMPLIQUÉ, DE L’AIGU AU CHRONIQUE,


DU SYMPTÔME AU TERRAIN
Une mycose cutanée se traite simplement avec un antifongique
chimique local et la mise en place de règles hygiéno-diététiques
préventives. Une atteinte des muqueuses, essentiellement buccale,
anale et génitale, doit faire penser à l’existence d’un réservoir
intestinal de Candida, qu’il faut traiter même s’il n’existe pas de
problèmes digestifs. Cela implique de traiter le système digestif, de
préférence avec des antifongiques naturels, les formes chimiques
d’action digestive locale (amphotéricine B et nystatine) étant plutôt
employées en cas d’infestation importante et cliniquement parlante.
Dès lors qu’il existe des récidives, il faut considérer que le candida
est actif, ce qui implique de traiter non seulement l’infection locale
(mycoses vaginales à répétition, candidose buccale, atteinte des plis
cutanés…), mais aussi d’agir sur le réservoir de candida et
d’enclencher une prise en charge globale.

GARDEZ À L’ESPRIT UNE VISION GLOBALE DE VOTRE SANTÉ

Vous savez désormais que la candidose chronique découle des


interactions entre le candida et un terrain dans un contexte donné.
Dans votre parcours thérapeutique, ne perdez pas de vue les éléments
suivants.
Concernant votre organisme, tenez compte de la génétique, de la
biologie, des lésions préexistantes (notamment au niveau de la
muqueuse intestinale).
Votre état psychique (adaptation au stress, gestion des conflits) et
les facteurs environnementaux (aspects climatiques, existence de
co-infections et autres facteurs, comme la nutrition,
l’alimentation, l’exposition aux métaux lourds, aux vaccins…)
influencent l’ensemble du processus de candidose chronique.
Sur le plan immunitaire, vous avez compris que la candidose
favorise les réactivations virales (herpès, mononucléose
infectieuse…) et les manifestations allergiques tardives
(notamment avec des réactions retardées). Du fait des toxines
sécrétées, la candidose participe au syndrome de fatigue
chronique.
L’essentiel des symptômes généraux de la candidose résulte des
perturbations immunitaires qu’elle engendre (répression, activation,
toxines agissant comme des superantigènes 70…) et de l’action propre
des toxines libérées par le candida. Ils s’expriment sur un fond
d’hyperperméabilité intestinale systématique, avec des facteurs
alimentaires aggravants (protéines, sucres, sensibilité à certains
aliments…). Ils créent une charge «  toxique  » à laquelle le foie doit
faire face, plus ou moins bien.
En clair, au cours des années, vous pouvez vous retrouver face à
une maladie chronique dont la gestion peut devenir compliquée.
Dans ce contexte, le travail de votre terrain doit être poussé le plus
loin possible. Si cela vous concerne, sachez qu’il faut de la méthode
pour analyser toutes les perturbations locales et générales liées
directement et indirectement à l’activité de Candida, et pour traiter
les troubles fonctionnels des grands systèmes de régulation
physiologique d’adaptation.

DE L’AUTOMÉDICATION À L’ACCOMPAGNEMENT MÉDICAL


Avec cette approche intégrative, vous entrez de plain-pied dans la
complexité du suivi de la santé puisqu’il est dès lors nécessaire de
prendre en charge plusieurs dysfonctions s’intriquant les unes avec
les autres. Un accompagnement est souvent nécessaire, au moins au
début, pour déterminer la bonne stratégie à développer.
Même si de nombreuses solutions relèvent de l’automédication,
dès lors que l’on entre dans la pharmacologie végétale (phytothérapie
et aromathérapie) et qu’il faut envisager des séquences
thérapeutiques successives, associant souvent médicaments issus de
plantes et molécules de synthèse, un avis médical est utile, non
seulement pour le diagnostic et l’état de lieux, mais aussi pour
personnaliser la prise en charge. L’accompagnement médical vous
sera d’autant plus utile que le médecin aura été, de par son
expérience professionnelle, sensibilisé aux problématiques de la
candidose chronique, qu’il adoptera une démarche clinique de
terrain, qu’il maîtrisera l’ensemble de la pharmacopée chimique et
végétale, et qu’il intégrera les aspects alimentaires et nutritionnels de
la maladie. Il saura vous conseiller dans le choix des remèdes et dans
la gestion de leurs interactions et de leurs contre-indications
(notamment en cas de grossesse ou d’allaitement).
Qu’on le veuille ou non, le candida fait partie de votre univers
intestinal, et il vous faut domestiquer la bête sauvage qu’il est
devenu, apprendre à vivre avec lui. Il vous faut seulement le
combattre sans pour autant être radical. L’approche doit être
équilibrée et durable. Venir à bout de la candidose prend du temps
quand elle est devenue chronique. Le risque, avec les antifongiques
de synthèse à répétition, c’est de les employer trop systématiquement,
de favoriser les récidives et de passer à côté de l’essentiel : restaurer
l’écosystème local, qu’il soit cutané, vaginal, buccal ou intestinal.
Inutile de vouloir tuer le candida à coups de doses massives de
médicaments ou de remèdes, mêmes naturels. La monothérapie
s’accorde mal avec le caractère opportuniste et adaptable du candida,
alors mieux vaut jouer la carte de la synergie ou de la
complémentarité. Ainsi, les antifongiques de synthèse voient leur
action amplifiée par l’ajout d’huiles essentielles. Les probiotiques
complètent l’action de la phytothérapie et d’une alimentation
adaptée. Cette dernière doit d’ailleurs faire l’objet d’une attention
particulière.

La rééducation alimentaire : le régime


anti-candidose
Au cours de la candidose chronique, des modifications alimentaires
s’imposent pour ne pas aggraver la maladie. Pourquoi faciliter la
tâche au candida ? Pourquoi, au contraire, ne pas perturber son mode
de vie ? Pour autant, ne passez pas d’un extrême à l’autre. Certes, il
vous faut apprendre à manger sainement et vous savez qu’une
alimentation riche en sucres favorise le développement du candida,
mais inutile de vouloir l’affamer au point de vous créer des carences !
Combien de régimes anti-candida débouchent sur d’authentiques
déficits nutritionnels, source d’autres perturbations ! Paradoxalement,
cela finit par altérer les capacités de défense et d’adaptation de
l’organisme. Le candida étant impossible à éradiquer complètement,
le risque en adoptant un régime trop radical est qu’il s’adapte et qu’il
survive sous forme de spores au niveau des couches plus profondes
des tissus, notamment dans l’intestin. Il sera plus difficile de l’en
déloger, et les récidives sont facilitées. Finalement, il vaut mieux
l’avoir sous les yeux et le rendre inoffensif sous la pression de
«  bonnes  » bactéries de la flore intestinale. Ainsi assagi, le candida
restera «  sous surveillance  » dans le cadre d’un écosystème digestif
local équilibré.
LES EFFETS SECONDAIRES DES MÉDICAMENTS SUR LA QUALITÉ
DU MICROBIOTE

Malgré tout, il y a des erreurs à ne pas commettre et des


modifications alimentaires à apporter impérativement.
Il vous faudra prêter particulièrement attention aux effets
secondaires des médicaments, sans compter les antibiotiques, qui
perturbent directement le microbiote intestinal. Certains d’entre eux,
par exemple les atropiniques (retrouvés dans des antispasmodiques,
des bronchodilatateurs ou des antidépresseurs) diminuent les
sécrétions et la production de salive, des conditions très favorables
pour le candida.
De même, certains antiacides (les inhibiteurs de la pompe à
protons) pris de façon prolongée pour traiter gastrites et reflux
œsophagiens favorisent l’activité du candida.
Chaque fois que cela sera possible, ces médicaments doivent être
supprimés ou remplacés par des alternatives végétales éprouvées.

Bon à savoir
Mastiquez bien vos aliments, c’est la première étape d’une bonne digestion, et
pensez à vous hydrater suffisamment tout au long de la journée.

LE RÉGIME D’ÉPARGNE DIGESTIVE


L’idée générale, du moins au tout début, est d’aller vers un régime
d’épargne digestive adapté à la candidose.

1. Évitez le sucre et les produits industriels !


Veillez autant que possible à ne pas nourrir le candida en vous gavant
de sucreries, de jus de fruits, de sodas et autres biscuits sucrés. En
clair, réduisez les sucres rapides et raffinés, et freinez votre
consommation de nourriture industrielle, pleine de calories vides et
pauvre en nutriments essentiels (vitamines, minéraux, acides gras
polyinsaturés…).
Au début de la maladie, limitez fortement vos apports en sucre, y
compris en lactose (lait, yaourts, fromage blanc, desserts à base de
lait) et en fructose (fruits frais ou secs et légumes riches en sucres,
comme la betterave, la carotte, le maïs, la rhubarbe, le chou de
Bruxelles…).
Au bout de quelques semaines, réintroduisez-les modérément, en
évitant de les prendre en dehors des repas sur un estomac vide.
Concernant les fruits, gardez une restriction sur les agrumes, riches
en acide citrique (sauf le citron), sur le melon et sur le raisin, et
tournez-vous plutôt vers la pomme, la framboise ou la myrtille.
Dans tous les cas, privilégiez la consommation de sucres lents
pour reconstituer vos réserves d’énergie, c’est-à-dire de glucides
complexes, dont l’indice glycémique (la capacité à faire monter le
taux de sucre sanguin au cours des deux heures suivant l’ingestion)
doit être le plus bas possible. Privilégiez ceux dont l’indice est
inférieur à 35. Il existe des tables 71 qui listent les aliments en fonction
de ce critère.
Tableau 72 simplifié des principaux aliments et catégorie de leur indice
glycémique (IG)

IG faible IG moyen IG élevé


À consommer plus souvent À consommer de À éviter (sauf exception)
temps en temps

Pain Pain Pain


Grains entiers broyés à la meule Blé entier Pain blanc
Grains lourds mélangés Seigle Petit pain empereur
Seigle noir Pita Bagel blanc

Céréales Céréales Céréales


All-Bran® Blé soufflé Flocons de son
Gruau cuit Gruau Flocons de maïs
Son d’avoine Gruau à cuisson Riz soufflé
rapide

Produits céréaliers Produits céréaliers Produits céréaliers


Orge Riz basmati Riz à grains courts
Boulgour Riz brun
Pâtes, nouilles Couscous
Riz étuvé (précuit)

Autres Autres Autres


Patate douce Pommes de terre Pommes de terre au four
Igname nouvelles/blanches Pommes de terre frites
Légumineuses cuites à la vapeur Bretzels
Lentilles Betterave Galettes de riz
Pois chiche Maïs sucré
Haricots rouges Haricots noirs
Pois cassés Soupe aux pois
Haricots de soya
Fèves au lard

Limitez surtout les pâtes et le pain (difficiles à digérer du fait


de la perte de l’efficacité enzymatique de l’amylase et des
disaccharidases lors de la candidose), bref les céréales qui
contiennent du gluten.
On a vu que la sensibilité au gluten est concomitante à la
candidose, l’un aggravant l’autre. Au début du traitement, il est donc
sage de supprimer complètement les pâtes et le pain, et de réduire les
autres sources de gluten sans chercher à les supprimer complètement.
La dose faisant le poison, il suffit de réduire les apports de gluten de
80 à 90 % pour améliorer les troubles digestifs liés à la candidose.
Apportez les glucides lents sous forme de riz ou de pomme de
terre, et privilégiez la cuisson prolongée à basse température.
Remplacez la farine de blé par celle de riz, de châtaigne, de sarrasin.
Pour des recettes sans gluten 73, pensez aussi à la farine de noix de
coco, de millet, de quinoa, de maïs, de lentilles ou de pois chiche.
Vous pouvez épaissir vos gratins ou vos purées avec de la fécule de
pomme de terre, du tapioca ou de l’amidon de maïs.
Si le goût du sucre vous manque, vous pouvez le remplacer par
du xylitol de bouleau, en petite quantité (50 g au maximum, mais de
10 à 15  g devraient suffire) et en testant sa tolérance au préalable.
Non seulement c’est un remarquable substitut du sucre classique,
mais il dispose de propriétés antibactériennes et antifongiques. Vous
tenez votre revanche : le candida le digère très mal !

2. Consommez des aliments fermentés


par un processus naturel et traditionnel

Il peut s’agir de la choucroute (à petite dose et très cuite) ou du kéfir.


Tenez compte de la tolérance individuelle à certains d’entre eux (par
exemple, le yaourt, souvent mal toléré en cas de sensibilité
alimentaire). Ces ferments naturels agissent comme les probiotiques
et viennent réoccuper l’espace de la muqueuse intestinale laissée libre
par le candida éradiqué par le traitement antifongique.
3. Détournez-vous des aliments contenant
des ferments, de la levure ou des moisissures

Cela inclut bien sûr les fromages à levures (comme le bleu) ou


fermentés, une nouvelle fois le pain (en particulier la mie), mais aussi
les gâteaux et les pâtisseries (par ailleurs riches en sucres), les
champignons crus, toutes les boissons fermentées (bière, cidre…), les
sauces au soja, les fruits trop mûrs (risques de moisissures). Cette
liste n’est pas limitative.

4. Privilégiez les aliments frais et bio, achetés


peu de temps avant consommation

Agissez ainsi notamment pour la viande, en évitant les produits


d’élevage industriel, car ils sont susceptibles de contenir des
antibiotiques, néfastes pour le microbiote intestinal. La conservation
des aliments doit être optimisée pour éviter le développement de
champignons microscopiques. Ne laissez pas de produits alimentaires
en dehors du réfrigérateur, qu’il faut régler impérativement à une
température inférieure de 4 °C, même si cela vous semble trop froid.
Les aliments mal conservés ou laissés à une température trop élevée
favorisent le développement du candida. Utilisez des récipients
adaptés, plutôt en verre ou en céramique, fermant bien,
éventuellement permettant de faire le vide. Évitez de laisser des
restes, ou consommez-les sous 24 heures après les avoir gardés dans
des conditions optimales.

5. Consommez des aliments qui améliorent


le fonctionnement intestinal

Consommez par exemple des aliments riches en acide caprylique


(noix de coco, huile de coco et lait de coco), et favorisez la
consommation d’ail cru (sans le germe), d’huile d’olive, de thé, de
gingembre, de marjolaine, de thym et de rutabaga, autant d’aliments
utiles pour combattre la candidose et améliorer le fonctionnement
intestinal. En temps ordinaire, consommez des aliments riches en
fibres (au moins 30 g par jour) et en prébiotiques. Parmi ces derniers,
privilégiez ceux qui apportent beaucoup de fructanes 74, et plus
particulièrement des FOS (fructo-oligosaccharides), que l’on retrouve
dans des légumes comme l’oignon, l’asperge, l’artichaut ou la banane.
Ces recommandations générales sont indispensables à mettre en
place dès que le diagnostic de candidose a été porté. On trouve sur
Internet plusieurs sites spécialisés 75 qui proposent même des menus 76
ou des recettes 77 (voir carnet d’adresses). N’hésitez pas à vous en
inspirer pour établir votre propre programme alimentaire. Vous
pouvez également consulter une diététicienne expérimentée pour
vous guider dans votre démarche.

Attention
Un seul bémol  : ces bons nutriments, qui nourrissent les bifidobactéries et
renforcent la flore dominante, sont souvent mal digérés et/ou mal tolérés en cas de
troubles fonctionnels intestinaux (TFI), notamment avec diarrhée. Ils entrent alors
dans la problématique des « hypersensibilités alimentaires » (voir ci-après).

COMMENT FAIRE FACE AUX INTOLÉRANCES ET HYPERSENSIBILITÉS


ALIMENTAIRES ?

En cas de troubles fonctionnels intestinaux avec selles molles ou


liquides, ou alternance de diarrhée et de constipation, alors même
que l’implication du candida est suspectée mais pas encore confirmée,
le régime d’épargne digestive peut s’avérer insuffisant, même s’il
améliore les symptômes de manière significative dans la majorité des
cas. La candidose favorise les troubles de la digestion ainsi que les
intolérances et les sensibilités alimentaires. L’action néfaste du
candida peut s’ajouter à une faiblesse fonctionnelle du couple foie-
vésicule biliaire et à une baisse des capacités de digestion au niveau
de l’estomac et de l’intestin grêle.

Les FODMAP

Sur le plan alimentaire, face à des troubles digestifs récurrents, le


régime pauvre en aliments fermentescibles non digestibles, les
FODMAP 78, a fait ses preuves. Il est désormais recommandé dans un
premier temps, afin de mettre l’intestin au repos et de faciliter la
résolution de l’inflammation et la réparation des tissus intestinaux.

Le saviez-vous ?
Le mot FODMAP est un acronyme anglais désignant un groupe de glucides à chaîne
courte présents dans certains aliments. Faiblement absorbés, ils apportent des
substances servant à nourrir les bactéries de l’intestin.
F = fermentescibles (rapidement fermentés par les bactéries du côlon)
O = oligosaccharides (fructanes et galacto-oligosaccharides, ou GOS)
D = disaccharides (lactose)
M = monosaccharides (fructose en excès du glucose)
A = and (et)
P = polyols (sorbitol, mannitol, xylitol et maltitol)

Voici un tableau non exhaustif des aliments riches en FODMAP, à


éviter ou à limiter pour améliorer le confort intestinal 79.
Oligosaccharides : fructanes Kaki, melon, nectarine, pêche  blanche, abricot, figue,
datte, groseille, pamplemousse, prune et pruneau, ail,
artichaut, champignon, racine de chicorée, échalote,
oignon, poireau, topinambour, salsifis, chou, y compris
de Bruxelles, brocoli, fenouil, blé, orge et seigle
consommés sous forme de  pain, de pâte ou de biscuits,
boulgour, couscous, barre de céréales, manioc.

Oligosaccharides : galactans Maïs, asperge, betterave, pois mange-tout, chou de


Bruxelles, pois vert, inuline, noix de cajou, pistache,
toutes les légumineuses, tisanes (camomille, fenouil,
pissenlit), thé chai fort, thé oolong, cacao, houmous,
ketchup, sel et mélanges d’épices, qui peuvent contenir
ail ou oignon, sauces commerciales.

Disaccharides : lactose Lait de vache, de chèvre et de brebis frais ou en poudre,


crème, glace, fromage frais, yaourt, aliments à base de
lait.

Fructose en excès Baie d’argousier, cerise, coing, figue, goyave, mangue,


melon, pomme, poire, tamarillo, jus de fruits fait à base
de ces fruits problématiques, fruits en conserve dans du
sirop ou jus de fruits contenant du fructose, asperge,
artichaut et cœur d’artichaut, topinambour, tomate
séchée ou concentrée, miel, mélasse, fructose, sirop de
maïs et d’agave, vin liquoreux.

Polyols Abricot, avocat, cassis, cerise, melon, mûre, nectarine,


pêche, poire, pomme, prune, pruneau, brocoli,
champignon, chou-fleur, pois mange-tout, maïs sucré,
chou de Bruxelles, gommes, bonbons et chocolat sucré
contenant, entre autres, sorbitol, mannitol ou xylitol.

Quand on regarde dans le détail, cette diète recoupe en partie le


régime anti-candida, mais limite également les fructanes et le xylitol,
habituellement recommandés pour lutter contre le candida. La
limitation de ces derniers aliments est alors temporaire ; une fois les
troubles intestinaux diminués et la phase active de traitement
antifongique intestinal passée, il faudra sûrement les réintroduire
progressivement et régulièrement (tous les jours un petit peu).
Pour les autres FODMAP, il en sera de même dans un second
temps. Il convient de rester prudent cependant sur les aliments riches
en gluten. Mieux vaut les limiter durablement, sans pour autant les
supprimer complètement.
Sur le plan thérapeutique, les moyens décrits pour traiter
l’inflammation et réparer l’intestin (voir ici) sont les mêmes que dans
le traitement des intolérances aux produits laitiers, au gluten et à tout
aliment identifié comme délétère sur le plan digestif. En même temps
qu’un régime d’éviction des aliments coupables, le recours aux
probiotiques (en particulier aux cinq souches de Lactibiane®
Tolérance ou à celle de Symbiosys Alflorex®) et au traitement par les
extraits de plante standardisés (EPS) de réglisse et de curcuma
s’impose. La réintroduction des aliments perturbateurs se fait
également très progressivement, sans précipiter le mouvement. Il faut
du temps pour reconstituer l’écosystème intestinal. L’expérience
montre qu’après plusieurs mois (parfois années) d’une bonne prise en
charge (traitement de fond et nutrition), les patients arrivent à
retrouver un mode d’alimentation presque normal, à condition
d’éviter les excès.

Soigner le foie et restaurer une bonne


digestion
Surtout, n’oubliez pas de vous faire plaisir. Courteline ne disait-il
pas : « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement. Ce qu’on mange
avec goût se digère aisément.  » Mais comment est-ce possible si le
moindre aliment déclenche une tempête digestive ?
Il faut bien sûr vous occuper de votre foie. Détoxiquer étant
devenu le mot d’ordre de tout adepte de la santé naturelle, vous
savez qu’il faut régulièrement «  nettoyer  » le foie, et favoriser la
transformation et l’élimination des toxines, qu’elles viennent de
l’extérieur ou de l’intérieur. Comment soigner votre foie ? De la cure
de citrons au massage local à l’huile essentielle de menthe poivrée en
passant par les infusions d’aubier de tilleul ou de feuilles de romarin
et la consommation à jeun d’huile d’olive pendant une semaine, les
solutions naturelles ne manquent pas  ! Cela peut ne pas être
suffisant. Il faut à nouveau se tourner vers la phytothérapie médicale
pour disposer d’une puissante action pharmacologique, qui de plus
est démontrée.

LES PLANTES DÉTOX

Le traitement de base : artichaut-radis noir

Il fait appel au couple de plantes détoxiquantes artichaut et radis


noir, la première étant par ailleurs hépatoprotectrice et régulatrice du
flux biliaire.

■ Comment l’utilise-t-on ?
Prenez des comprimés de plantes fraîches standardisés
(Phytostandard®, 1 comprimé une ou deux fois par jour) ou en EPS
(extraits fluides à parts égales, 5  ml, une ou deux fois par jour) en
cure de 1 mois renouvelable.
Attention
En cas de calculs biliaires  : l’extrait de feuilles d’artichaut entraîne une chasse
biliaire puissante, ce qui peut occasionner des nausées ou des douleurs de la
vésicule si celle-ci contient de la boue biliaire ou des calculs. Si c’est le cas, baissez
la posologie ou remplacez-la par une autre plante d’action hépatique. Évitez-la
d’emblée en cas d’antécédents de colique hépatique.

Les autres plantes du foie

Elles s’utilisent en fonction des autres propriétés de chacune d’elles,


ce qui permet de personnaliser le traitement. Toutes peuvent
s’associer dans une même préparation (dans ce cas, pas plus de trois
par mélange) et/ou sous forme de gélules d’une seule plante utilisées
en complément, de façon à favoriser leur effet synergique.

Le chardon-Marie
Cette plante, également en première ligne, est riche en silymarine et
en taxifoline, elle détoxique, régénère le foie, exerce une action
métabolique (régulation du sucre) et protège les vaisseaux sanguins.
On peut l’associer à l’olivier, dont on oublie souvent que ses
feuilles, riches en oleuropéoside, sont d’excellents antibactériens,
antiviraux et antifongiques, en plus de réguler la tension artérielle, le
cholestérol et la glycémie.

■ Comment les utilise-t-on ?
Faites préparer par votre pharmacien la formule en extraits de plante
standardisés (EPS) chardon-Marie-olivier, ââ qsp 150  ml. Prenez-en
5 ml deux fois par jour en cure de 3 mois renouvelable.
La réglisse et le curcuma
Réglisse et curcuma sont également hépatoprotecteurs et
détoxiquants hépatiques (voir ici).
Dans le même registre, n’oubliez pas le pissenlit, qui traite
également les ballonnements intestinaux et la constipation, ni la
fumeterre, régulateur très puissant du flux biliaire, antiallergique et
stimulant des sécrétions digestives.
Plante de la paix des entrailles, la mélisse est un antispasmodique
intestinal, et elle favorise la sécrétion de mucus et la vidange de
l’estomac.

■ Comment les utilise-t-on ?
La formule EPS fumeterre-pissenlit-mélisse ââ qsp 150  ml est
remarquable pour sa triple action hépatobiliaire, gastrique et
intestinale. Quand l’organisme est vraiment «  encrassé  », j’ai
expérimenté avec succès chez mes patients des doses de charge
(10  ml, cinq fois par jour) sur une courte période (6 jours), suivies
d’un entretien à raison de 5  ml une ou deux fois par jour. Très
efficace !

En cas d’acidité gastrique

Les troubles de la digestion sont fréquents, plus encore en cas de


candidose digestive. Vous allez agir non seulement sur le foie, mais
aussi sur l’acidité gastrique, et vous allez renforcer l’activité du
pancréas. En plus du bicarbonate de soude par voie orale (voir ici),
de la réglisse (plante antiulcéreuse gastrique par excellence) et de la
mélisse, pensez à la bromélaïne (extrait de la tige d’ananas) et à la
papaïne (provenant du latex de papaye), qui exercent une action
digestive naturelle de type protéase (dégradation des protéines)
similaire à celle des enzymes protéolytiques, principalement la
trypsine et la chymotrypsine, produites par le pancréas. Ces
substances, également anti-inflammatoires et antispasmodiques,
exercent une action favorable sur l’ensemble de la muqueuse
digestive.

■ Comment les utilise-t-on ?
Choisissez parmi les compléments suivants  : Extranase® (Meda
Pharma), Digebiane® (avec papaïne, mélisse, carbonate de calcium et
bicarbonate de sodium  ; PiLeJe)  ; Digestive Enzymes® (avec
pancréatine, pepsine, bétaïne ; Solgar).
Vous prendrez 3 comprimés par prise après le repas pour les deux
premiers produits, ou 1 comprimé pour le troisième. Traitez pendant
15 jours régulièrement, puis à la demande, notamment lors des repas
copieux ou hors domicile.

L’approche naturopathique : terrain


acide et équilibre acido-basique
Que la candidose ne soit que localisée ou qu’elle s’enracine au sein du
tube digestif et qu’elle s’exprime également par des signes locaux, son
traitement fait appel à des médicaments chimiques et naturels
associés à des compléments alimentaires, à des conseils d’hygiène de
vie et à des recommandations nutritionnelles et alimentaires.
L’élargissement de la palette thérapeutique est rendu nécessaire
par les caractéristiques mêmes du candida, qui impliquent à la fois
une prise en charge locale, régionale et systémique. Cette approche
globale, très médicale dans un premier temps, semble sortir des
chemins battus et emprunter la voie de la naturopathie. Mais
pourquoi le corps médical ne s’enrichirait-il pas de l’expérience des
naturopathes, et vice versa  ? Il est important de retrouver un
continuum entre les différentes compréhensions des maladies et dans
tous les aspects de la santé. C’est une chance pour tous les patients
exposés à la candidose chronique. Souvent désespérés par une prise
en charge morcelée, écartelés entre leurs besoins et leurs aspirations,
ces derniers saluent la convergence de la science et de l’humain.
D’une certaine façon, ils cherchent la dimension médicale chez le
naturopathe et le naturopathe chez le médecin. Synthèse salutaire
autant que nécessaire. S’ouvrir à une approche naturelle de la santé
n’empêche pas la rigueur scientifique. Il s’agit tout simplement de
hiérarchiser les priorités dans la mise en place des moyens
thérapeutiques.
À un certain moment, vient le temps du «  terrain  ». Nous avons
abordé précédemment de nombreuses solutions naturelles mises en
œuvre autant par les médecins et les pharmaciens que par les
naturopathes. Ces thérapeutes insistent souvent sur la notion de
terrain acide, qu’on requalifie en médecine d’acidose métabolique
latente.

LE TERRAIN ACIDE, OU ACIDOSE MÉTABOLIQUE LATENTE

À quoi correspond cette notion  ? Le pH, ce fameux potentiel


hydrogène qui mesure l’activité chimique des ions hydrogènes (H+)
en solution, détermine le caractère acide ou basique d’un milieu
liquide, par exemple intracellulaire ou extracellulaire (tissus
interstitiels et sang).
La valeur optimale du pH sanguin est de 7,4. Il doit
impérativement rester entre 7,38 et 7,42 —  une fourchette très
serrée  — pour permettre les échanges entre la cellule et son
environnement, et les échanges entre cellules.
On parle d’acidose en dessous de 7,38 et d’alcalose au-dessus de
7,42. Ainsi, si le pH tombe, c’est la mort par arrêt cardiaque, et s’il
monte à 7,7 c’est la tétanie et les convulsions.
Le pH est finement régulé par l’homéostasie de l’organisme, grâce
à des systèmes de régulation qui compensent l’apport continuel d’ions
H+, provenant de l’activité métabolique corporelle, et plus
particulièrement de la dégradation des nutriments au cours de la
digestion et de leur transformation.

L’impact des protéines animales et végétales

Les protéines d’origine animale


Viande et charcuterie, poisson et fruits de mer, œufs, lait et produits
laitiers sont à l’origine de la production d’acide sulfurique, d’acide
phosphorique et d’acide urique. Ce sont des acides forts, qui se
dissocient en grande partie en libérant des ions H+ éliminables par
voie rénale seulement (ce qui sous-entend qu’il faut boire
suffisamment et avoir des reins en bon état de marche).

Les protéines d’origine végétale


Contrairement aux protéines d’origine animale, les protéines d’origine
végétale produisent lors de leur dégradation des acides volatils dits
«  faibles  », comme l’acide citrique, l’acide oxalique ou l’acide
pyruvique, éliminé à 90  % par les poumons (d’où l’intérêt de bien
respirer et de faire de l’exercice physique régulièrement).

Comment apparaît l’acidose ?


Comme pour n’importe quelle autre substance, la concentration d’ion
H+ dans l’organisme ne reste stable (équilibre acido-basique) que si
les entrées sont égales aux sorties. Or, l’acidose se développe à partir
de l’alimentation, lorsque celle-ci apporte en excès des aliments
acidifiants et pauvres en nutriments essentiels. À cela peuvent
s’ajouter une faiblesse métabolique et une capacité insuffisante
d’élimination des ions H+, dont l’accumulation dans l’organisme
engendre un certain degré d’acidose tissulaire. C’est le terrain
« acide ».
Lorsque les mécanismes de compensation sont dépassés (système
tampon), la persistance de cette acidose engendre une
déminéralisation du tissu conjonctif, en particulier des muscles, des
os, des vaisseaux sanguins et des viscères. Cet affaiblissement
structurel se fait très lentement au fil des années. Il fragilise pourtant
bel et bien l’organisme, et on n’en perçoit les conséquences que lors
des complications visibles (fractures, tendinite, douleurs). Par
ailleurs, les échanges cellulaires étant perturbés, le terrain acide
favoriserait les maladies dégénératives et de système (arthrose,
troubles neurologiques, cancer, maladies cardio-vasculaires).

RESTAUREZ VOTRE ÉQUILIBRE ACIDO-BASIQUE !

Nous avons vu que la candidose se développe en milieu acide. C’est


vrai en surface comme en profondeur. En naturopathie, le
rétablissement d’un bon équilibre acido-basique dans le corps est une
condition indispensable pour combattre C.  albicans. L’enquête
alimentaire réalisée auprès d’une personne atteinte de candidose
cherche à reconnaître si l’alimentation est « acide », c’est-à-dire riche
en protéines animales (viande, poisson, fromage, œufs) et pauvre en
fruits et légumes. Cela débouche sur des recommandations
alimentaires qui visent non pas à supprimer tous les aliments
acidifiants, mais à les réduire et à les compenser par une
consommation accrue d’aliments alcalinisants (fruits et légumes).

L’apport en eau bicarbonatée

Dans la prise en charge globale de la candidose, la constatation d’un


apport malgré tout insuffisant en végétaux alimentaires amène à
conseiller une complémentation en eaux minérales bicarbonatées
(Hépar®, Courmayeur®, Badoit®, Donnat MG®…).
Riches en bicarbonate de sodium (2  989  mg/l pour Vichy
Célestins® et 4  368  mg/l pour Saint-Yorre ®), elles combattent les
aigreurs, les brûlures d’estomac et les remontées acides sans risque
d’hypertension artérielle (contrairement au chlorure de sodium,
également acidifiant).

Les minéraux

Il est également possible d’apporter des minéraux (pour compenser


les pertes rénales) sous forme de compléments alimentaires riches en
citrates de calcium, de magnésium et de potassium (en matière
d’alcalinisation, un citrate vaut trois bicarbonates). Ces ions
intracellulaires protègent les cellules et les tissus conjonctifs.

■ Comment les utilise-t-on ?
Les traitements reminéralisants et alcalinisants se prennent par voie
orale en continu ou 6 jours par semaine (pause le dimanche),
pendant au moins 3 mois.
Prenez par exemple Enabiane® (PiLeJe) ou Equisantum® fort
(LPEV), sous forme de sachet à mettre dans un 50  cl à 1  l d’eau à
boire dans la journée, ce qui améliorera votre hydratation. Si les
gélules à avaler ne vous rebutent pas, prenez de 2 à 4 gélules
d’Ergybase® (Nutergia) ou de 6 à 9 gélules par jour d’Acido Base
Nut® (D.Plantes).

Un soin en complément : la détoxication intestinale

Citons, parmi les pratiques naturopathiques de détoxication, la


possibilité de recourir à l’hydrothérapie du côlon. Ce lavement
version moderne consiste à introduire une canule dans le rectum
pour acheminer dans le gros intestin de l’eau tiède, à laquelle on
ajoute parfois des extraits de plantes ou des probiotiques. Ce
nettoyage aurait des vertus positives pour éliminer les toxines
intestinales. En pratique, de nombreuses personnes atteintes de
candidose digestive en ressentent le bénéfice, à condition de réserver
sa pratique à des opérateurs dûment formés et compétents
(infirmière, sage-femme, naturopathe spécialisé), et de limiter cette
technique à une séance par an, plus rarement deux. Au-delà, il existe
un risque réel de déséquilibrer les bonnes bactéries intestinales et
d’irriter la muqueuse.

Évitez l’oxydation des tissus

L’alimentation : un facteur possible d’oxydation


Veillez à écarter ou à modérer la consommation d’aliments raffinés,
les préparations industrielles, les sodas, les sucreries, les viandes
rouges, les abats… En résumé, mangez autant que possible bio et
sain, notamment des fruits et des légumes !
Ces derniers sont non seulement alcalinisants et reminéralisants,
mais aussi antioxydants, ce qui permet de lutter contre le stress
oxydatif (lié à la production de radicaux libres toxiques pour les
cellules), qui agresse les tissus de l’organisme, accélérant leur
vieillissement. Outre la complémentation en vitamines, en minéraux
et en extraits végétaux antioxydants (voir ici), modifiez votre
alimentation dans un but de réduire l’oxydation et non de l’aggraver.

Les autres facteurs aggravants à surveiller


La naturopathie insiste sur les autres facteurs aggravants, comme le
manque de sommeil, le surmenage, le stress mal géré, la sédentarité,
l’exposition à des substances toxiques (tabac, alcool, pollution,
médicaments, vaccins, métaux lourds) ou à un environnement
agressif (bruit, manque de lumière, conflits interhumains), autant
d’éléments sur lesquels il est nécessaire d’agir sur le fond.
Dans le même ordre d’idées, il ne faut pas négliger les troubles
fonctionnels que l’on va analyser et traiter dès leur apparition par des
moyens naturels, et traiter le terrain au cours des pathologies
chroniques et du vieillissement, de manière à combattre l’acidification
et l’oxydation de l’organisme.

Les traitements homéopathiques pour


rétablir le terrain
Une autre approche de terrain peut vous aider si vous souffrez de
candidose chronique  : l’homéopathie, autre mode alternatif ou
complémentaire aux médicaments de synthèse, que l’on peut associer
(mais certainement pas substituer  !) aux traitements de phyto-
aromathérapie et de micronutrition. Le grand avantage de
l’homéopathie est son absence d’effets secondaires et de contre-
indications.
Basée sur l’expérimentation et sur le principe de similitude, selon
lequel similia similibus curantur, «  les semblables sont guéris par les
semblables  », cette thérapeutique ancestrale fait appel à des
substances d’origine végétale, animale, minérale ou chimique diluées
à dose infinitésimale.
L’intention est de traiter l’intégralité des troubles ressentis par le
malade en choisissant le remède homéopathique de manière
personnalisée. Certaines substances non diluées capables de
provoquer des symptômes chez un sujet sain peuvent, à dose
infinitésimale, soulager un sujet malade. C’est fondamentalement
différent de la phytothérapie, qui n’utilise que les plantes, et
seulement à dose pondérale (de l’ordre du gramme ou plus).

LE TRAITEMENT GÉNÉRAL EN CAS DE CANDIDOSE

Un remède homéopathique spécifique s’offre à vous pour soulager


une poussée de mycose cutanée ou digestive : MONILIA ALBICANS.

MONILIA ALBICANS

Le remède MONILIA ALBICANS (Boiron®), anciennement prénommé


CANDIDA ALBICANS, s’utilise en monodoses croissantes de 5 CH, 7 CH, 9
CH, 12  CH, 15 CH et 30 CH, tous les 15 jours en cas de candidose
digestive ou de mycose persistante des ongles et de la peau (en
particulier de perlèche et d’atteinte des plis) : une dose de 5 CH, puis,
15 jours après, une dose de 7 CH, etc., sur une durée totale de 3 mois.
En cas de muguet, d’atteinte digestive et de candidose génitale, le
protocole suivant peut être adopté  : MONILIA ALBICANS D8 ampoules,
une prise trois fois par jour pendant 15 jours, puis deux fois par jour
durant 15 jours, puis une fois le matin pendant 1 mois.
Gardez en bouche plusieurs minutes pour une meilleure
absorption et évitez d’absorber des substances astringentes (café,
tabac, camphre, menthe et camomille) dans la demi-heure précédant
la prise.
Complétez avec la prise du même remède une fois par semaine en
dose de 9 CH, puis de 15 CH, pendant 3 mois pour chaque dilution.

LES TRAITEMENTS LORS D’UNE MYCOSE VAGINALE

La plupart des remèdes homéopathiques ciblent les atteintes


génitales…

CANDIDINUM 9 CH

Cette dilution de CANDIDA se prend matin et soir (3  granules) en


période aiguë de mycose vulvo-vaginale. Relayez avec une dose tous
les 15 jours pendant plusieurs mois.

HELONIAS DIOICA

À prendre en 5 CH, 5 granules deux fois par jour jusqu’à guérison : cet
incontournable des candidoses génitales est adapté en cas de pertes
vaginales épaisses, grumeleuses et irritantes, avec aspect de lait
caillé, surtout dans un contexte de surmenage physique et psychique,
grossesse, fausse couche, chez une femme fatiguée et déprimée,
obsédée par son utérus (qui occupe autant le corps que l’esprit).

SEPIA 5 CH
À prendre 5 granules trois fois par jour jusqu’à guérison  : grand
remède féminin, ciblé sur l’utérus et la région génitale, en particulier
en cas de sécheresse vaginale, de déficit hormonal ovarien, de
pesanteur de la zone utérine, d’intolérance aux traitements
hormonaux, de vaginite, de mycose vaginale récidivante. SEPIA
convient surtout à une femme maigre, lasse, triste et découragée,
alternant hyperactivité et dépression, à la libido en panne, volontiers
constipée et migraineuse. On monte la dilution de SEPIA à 15  CH, une
fois par semaine en cas de pertes blanches irritantes avec
démangeaisons et douleurs lors des rapports sexuels. Ce remède agit
également sur les atteintes cutanées.

HYDRASTIS 5 CH

C’est le remède des infections des muqueuses, notamment génitales,


avec sensations de brûlure et présence de sécrétions jaunâtres,
épaisses, visqueuses et filantes, surtout en cas de grande faiblesse et
de fatigue intense, avec pâleur du teint, maigreur et baisse des
défenses immunitaires. À prendre trois ou quatre fois par jour jusqu’à
guérison.

LES AUTRES MÉDICAMENTS HOMÉOPATHIQUES À ASSOCIER

Voici d’autres traitements qui peuvent compléter les précédents, en


fonction de vos symptômes…
Pertes vaginales irritantes au caractère BORAX 9 CH 5 granules trois
abondant, transparentes, filantes, fois par jour.
similaires à du blanc d’œuf cru, avec
présence de petites ulcérations blanches
(comme des aphtes) au niveau de la vulve.

Démangeaisons et œdèmes brûlants. APIS MELLIFICA 15 CH 5 granules toutes


les 30 minutes.

Démangeaisons et brûlures de la vulve. À BELLADONNA 9 CH 5 granules de trois


prendre systématiquement quand la vulve à cinq fois par jour.
est rouge.

Lorsque les pertes irritent et démangent, MERCURIUS SOLUBILIS 9 5 granules trois


qu’elles sont jaune verdâtre. CH fois par jour
pendant la poussée
de mycose.

Congestion vulvaire avec douleurs et MERCURIUS CORROSIVUS 5 granules trois


brûlures. Également indiqué dans les 15 CH fois par jour tant
mycoses cutanées. que le problème
persiste.

Pertes de couleur marron, sensation NITRICUM ACIDUM 7 CH 3 granules trois


d’épines, ulcération possible avec fois par jour
saignement du col au moindre contact. jusqu’à
amélioration.

Envies pressantes d’uriner, démangeaisons KREOSOTUM 3 granules trois


avec pertes jaunâtres malodorantes irritant 5 CH fois par jour.
les petites lèvres.

Pertes vaginales blanches et laiteuses avec SILICEA 30 CH 1 dose par


prurit intense et sensation de brûlures semaine.
vulvaires.

Selon le terrain et les circonstances, ajouter, à raison d’une dose


par semaine durant 3 mois :
MEDORRHINUM 15 CH en cas de traitements antibiotiques répétés
avec mycoses récidivantes ;
PSORINUM 15 CH, devant des infections urinaires et gynécologiques
récidivantes et décourageantes ;
PULSATILLA 15 CH, lorsqu’il existe des pertes abondantes mais peu
irritantes, dans un contexte de trop grande hygiène, un goût
prononcé pour le sucré.

Bon à savoir
Les localisations mycosiques cutanées peuvent être soulagées par l’application deux
fois par jour de teinture mère de CALENDULA sur la zone irritée.

L’ISOTHÉRAPIE (ISOPATHIE) CONTRE LA CANDIDOSE

C’est une branche de l’homéopathie, mais cette biothérapie se


différencie par le fait qu’elle traite par l’identique au lieu du
semblable. Pour traiter ou prévenir un état pathologique, on utilise, à
dose atténuée, la même substance qui est la cause de celui-ci. C’est
donc une application particulière de la loi d’identité. Les remèdes
correspondants peuvent s’utiliser en complément au cours du
traitement de fond de la candidose, par exemple lors d’une pause sur
les autres remèdes. Leur usage est laissé à l’appréciation du
thérapeute qui les conseille.
Ainsi, le laboratoire Sanum 80 propose des traitements de fond
isopathiques pour la candidose chronique, à prendre habituellement
pendant 3 mois. Le plus connu est Albicansan® D4 capsules, qui
contient une trituration de C. albicans dilué à la quatrième décimale :
vous en prendrez 1 ou 2 capsules par jour, en une prise.
Ce remède existe aussi en gouttes buvables, en ampoules
injectables, en gélules, en pommade, et en suppositoires rectaux et
vaginaux. D’autres produits sont disponibles :
Pefrakehl® D4 (à base de C. parapsilopsis), pour les atteintes des
orifices cutanéo-muqueux ;
Fortakehl® D4 (à base de Penicillium roqueforti), pour les
localisations vaginales, cutanées et digestives ;
Exmykehl® D4 (association des trois préparations précédentes),
pour les colites et les vaginites, par suppositoire.
Ces préparations sont vendues en Suisse ou en Allemagne. En
France, il faut les commander sur Internet.
Dans le même ordre d’idée, les auto-isothérapiques peuvent être
considérés comme des auto-vaccins. Ils se préparent à partir d’un
prélèvement provenant du malade lui-même  : salive, sécrétions
vaginales, selles, squames, croûtes… Ils s’utilisent dilués en 5D, 7D
ou 9D (la première dilution liquide doit être stérilisée).
Ils sont interdits en France depuis l’affaire de la vache folle et du
sang contaminé (qui a proscrit les remèdes fabriqués à partir de
prélèvements humains ou animaux)  ; certains naturopathes
préconisent soit de les commander auprès de laboratoires étrangers,
soit de les fabriquer soi-même 81. À titre personnel, je privilégie les
traitements distribués en pharmacie et je ne fais pas usage de
l’isothérapie.

Optimiser les processus d’adaptation


au stress sur le long terme
Il est indispensable de s’occuper du terrain non seulement pour
combattre le candida, mais aussi pour renforcer les capacités de
défense et d’adaptation de l’organisme (allostasie  ; voir ici) et pour
limiter les conséquences de l’infection fongique (voir chapitre III). La
prise en compte de cette approche ne fait pas seulement appel aux
notions naturopathiques et homéopathiques. Elle touche aux
fondamentaux mêmes de toute bonne approche clinique complète et
globale, telle qu’on devrait l’appliquer en toutes circonstances en
médecine intégrative pour traiter les troubles fonctionnels des grands
systèmes de régulation physiologique d’adaptation. Ce travail de fond
est accessible à l’automédication (à condition d’être un bon juge de
soi-même…) ou avec les conseils du naturopathe, mais reste mieux
encadré et conduit sous l’égide d’un médecin formé à la
phytothérapie médicale.
La pharmacologie végétale règne en maître pour agir efficacement
sur ces processus d’adaptation au stress, dont la préservation est
capitale au cours de la candidose chronique.
Nous avons vu que celle-ci peut entraîner de nombreux troubles
fonctionnels, comme des troubles neuropsychiques, de la fatigue
persistante, de l’épuisement, des douleurs, des troubles immunitaires
(infections à répétition, allergies, maladies auto-immunes) et des
perturbations endocriniennes. Inversement, tout déséquilibre sur ces
grandes fonctions immuno-neuro-endocrinienne doit être identifié et
traité.

RÉGULER L’ACTION DU CORTISOL, L’HORMONE DU STRESS

Sur le plan neuro-endocrinien, la priorité est d’agir sur ce que les


médecins appellent l’axe corticotrope, c’est-à-dire sur le cortisol
sécrété par les glandes surrénales et sa régulation centrale
(hypothalamus et hypophyse, deux structures cérébrales).
Véritable hormone du stress (sous toutes ses formes), le cortisol
est chargé de mobiliser les réserves énergétiques et le système
immunitaire, notamment pour réguler l’inflammation, de façon à
faire face à toutes les agressions de l’organisme.
Dans le syndrome de fatigue chronique lié à la candidose, il faut
agir sur l’excès répété de sécrétion de cortisol (hypercorticisme
fonctionnel), qui épuise l’organisme, au risque de se retrouver après
des années d’évolution vers une insuffisance de sécrétion, générant
fatigabilité et infections à répétition.

Pour prévenir l’épuisement : rhodiole, ginseng,


éleuthérocoque et ginkgo biloba

Entrent en lice les plantes adaptogènes (voir ici), qui régulent cette
sécrétion et préviennent le risque d’augmentation excessive de
cortisol. La rhodiole, le ginseng, l’éleuthérocoque, le ginkgo biloba
sont les plantes phares dans cette indication  : elles protègent le
cerveau contre l’excès de cortisol qui dégrade les neurones à petit feu,
générant dépression et troubles cognitifs (mémoire, attention,
concentration).

■ Comment les utilise-t-on ?
Le mélange d’extraits de plantes fraîches standardisés (EPS) rhodiole-
ginseng-ginkgo s’utilise à parts égales à raison de 10 à 15 ml le matin
dans de l’eau, à prendre en cure de 3 mois renouvelable.

En cas de fatigue profonde : réglisse et guarana

Lorsque le cortisol s’est effondré (fatigue profonde, chute de tension


artérielle, incapacité de faire face à la vie courante), on retrouve la
réglisse. Déjà plébiscitée pour ses propriétés antifongiques, elle
amplifie l’action du cortisol, protège et détoxique le foie, réduit
l’inflammation, répare les lésions des muqueuses, notamment
intestinales, et régule l’immunité (en particulier en cas de maladie
auto-immune).
Lorsque la fatigue prédomine, on l’associe volontiers au guarana.

■ Comment les utilise-t-on ?
Prenez ces plantes sous forme d’EPS réglisse-guarana ââ qsp 150 ml,
à raison de 5 à 10  ml dans de l’eau à boire le matin, en cure de 1
mois renouvelable.

En cas de perturbations neuropsychiques : rhodiole


et safran

Si cela s’accompagne d’une véritable inflammation cérébrale à bas


bruit, des perturbations des neurotransmetteurs et des altérations
structurelles du tissu conjonctif nerveux, le recours aux extraits de
plantes neuroprotectrices et antidépressives s’impose. Dans ce cas,
outre la rhodiole, qui répond à ces critères, on fait appel au safran.

■ Comment les utilise-t-on ?
Prenez-en à raison de 30 mg (dose requise pour être aussi efficace 82
que la fluoxétine, alias le Prozac®), dans le mélange Phytostandard®
rhodiole-safran (2 comprimés le matin) ou mélangé avec du bacopa
et du guarana dans la spécialité Mémobiane® Protect (PiLeJe)  : 1
comprimé le matin.
Bon à savoir
Le millepertuis, dont la prescription doit être réservée aux médecins afin de gérer
au mieux les possibles interactions médicamenteuses (par exemple, il est à éviter
avec les anticoagulants ou les médicaments du sida), est la plante de choix pour
traiter les signes et les mécanismes de la dépression associée à la candidose
chronique.

En cas de perte de vitalité et de motivation :


mucuna

Lorsque la candidose s’accompagne d’un «  démarreur  » en panne


(dopamine faible, avec manque d’envie, de motivation, de plaisir de
vivre), le mucuna, riche en L-dopa, précurseur de la dopamine, est la
plante de choix, à utiliser seule ou associée à une plante
complémentaire.

■ Comment l’utilise-t-on ?
Prenez la plante sous forme d’EPS, par exemple mucuna-millepertuis
ââ qsp 150 ml, à raison de 5 à 10 ml dans un peu d’eau le matin, en
cure de 3 mois renouvelable.

En cas de dépression, d’irritabilité et d’anxiété :


griffonia, passiflore et valériane

Lorsque la dépression ou la mauvaise gestion du stress est


principalement en relation avec des freins qui marchent mal
(sérotonine faible, avec irritabilité, colère, impatience, impulsivité,
état de dépendance notamment aux aliments sucrés), il faut se
tourner vers le griffonia (riche en 5HTP, précurseur de la sérotonine).

■ Comment l’utilise-t-on ?
Vous pouvez prendre le griffonia sous forme d’extrait de plante
fraîche standardisé, soit en gélules (Phytostandard®, 2 gélules de une
à trois fois par jour), soit sous forme liquide en préparation d’EPS, en
mélange avec une autre plante de détente nerveuse (active sur l’acide
γ-aminobutyrique, ou GABA, un neurotransmetteur qui calme le
système nerveux central).
On associe ainsi le griffonia avec de la passiflore, plante
apaisante, en cas d’agitation anxieuse avec hyperactivité dans la
préparation EPS passiflore-griffonia ââ qsp 150 ml, à prendre à raison
de 5  ml le soir (voire le matin, le midi et le soir) dans de l’eau, en
cure de 3 mois renouvelable.
On l’associe avec la valériane (plante tranquillisante, pour traiter
les tensions intériorisées et les contractures musculaires) en cas de
rumination anxieuse avec angoisse, sensation d’oppression, sommeil
perturbé, douleurs tendino-musculaires, dans la formule EPS
valériane-griffonia ââ qsp 150 ml, à prendre à raison de 5 ml matin et
soir dans de l’eau, voire aussi à midi, en cure de 3 mois renouvelable.

En cas de sommeil perturbé : passiflore, valériane


et eschscholtzia

Passiflore ou valériane peuvent suffire en fonction des symptômes


précités.

■ Comment les utilise-t-on ?
Sous forme d’EPS, à prendre à raison de 5 à 10  ml le soir, ou de
gélules Phytostandard®, à raison de 2 à 4 gélules le soir.
En cas de résultats insuffisants ou pour obtenir une action plus
forte, n’hésitez pas à ajouter de l’eschscholtzia (pavot de Californie)
le soir.
■ Comment l’utilise-t-on ?
Prenez de 2 à 4 Arkogélules® (Arkopharma) ou de 2  à 4 gélules de
Phytostandard® eschscholtzia (PiLeJe).

En cas de désynchronisation des rythmes
biologiques : mélatonine

Chez les personnes épuisées et désynchronisées, réguler le sommeil


est fondamental, de même que favoriser un endormissement à heure
fixe et raisonnable.
Le recours à la mélatonine est généralement indispensable,
surtout après 60 ans, car il y a baisse importante de sa sécrétion de
mélatonine après cet âge.

■ Comment l’utilise-t-on ?
On en prend généralement de 1 à 2 mg entre 30 minutes et 1 heure
avant le coucher. Choisissez parmi les compléments suivants :
Circadin® 2 mg (Biocodex), à libération prolongée ;
Chronobiane® LP (PiLeJe) 1  mg de mélatonine par comprimé, à
libération immédiate et prolongée, avec magnésium marin et
vitamines D et E ;
mélatonine Nuit Paisible® (Valdispert), 1  mg de mélatonine par
comprimé avec citrate de magnésium.

TRAITER UN ÉVENTUEL RALENTISSEMENT DE LA FONCTION


THYROÏDIENNE

Toujours sur le plan endocrinien, il est indispensable de traiter le


moindre ralentissement de la fonction thyroïdienne (notamment
lorsque la TSH sanguine, l’hormone hypophysaire qui pilote la
thyroïde, se trouve dans la partie haute des valeurs normales, entre 3
et 4,2 mUI/l), sans attendre de passer à l’hypothyroïdie
décompensée, qui requiert le recours à un traitement substitutif par
des hormones thyroïdiennes (Levothyrox®, Euthyral®) relevant de la
prescription médicale exclusive.
Si cela est nécessaire, ajoutez à votre traitement général un extrait
standardisé d’avoine, pour relancer la thyroïde et agir sur la fatigue
intellectuelle.

■ Comment l’utilise-t-on ?
Sous forme d’EPS avoine qsp 150 ml, à prendre à raison de 5 à 15 ml
par jour, en cure de 3 mois renouvelable.

En cas de déficit en iode (iodurie basse) : Laminaria


digitata

L’apport par l’alimentation ne suffit pas, et il faut supplémenter en


algues riches en iode : on fait appel à Laminaria digitata.

■ Comment l’utilise-t-on ?
Prenez par exemple : Iode Marine (Lescuyer®) ou à I Biane® (PiLeJe),
à raison de 150  µg par comprimé, ce qui correspond à l’apport
quotidien recommandé. La posologie nécessaire est de 1 à 4
comprimés en fonction de l’iodurie, avec un minimum de 1 comprimé
par jour en l’absence de dosage.
Attention
Pour favoriser le travail de synthèse hormonale, n’oubliez pas de garantir des
apports optimaux en protéines, en fer, en zinc et en sélénium, de façon à éviter tout
déficit.

EN CAS DE DÉFICIT EN ŒSTROGÈNES

Celui-ci favorise la candidose, tant génitale que digestive.

Avant la ménopause : sauge sclarée

Soutenez la sécrétion ovarienne grâce à la sauge sclarée.

■ Comment l’utilise-t-on ?
Toujours en extrait de plante fraîche standardisé (EPS) : de 5 à 10 ml
dans de l’eau, du premier jour des règles jusqu’au quinzième jour du
cycle (c’est-à-dire l’ovulation). Cette plante permet en outre de
régulariser le cycle.

Après la ménopause : alfalfa, houblon et graine


de lin

Recourez aux plantes riches en phyto-œstrogènes, comme l’alfalfa


(également très reminéralisante) ou le houblon (aussi apaisante et
très active sur les bouffées de chaleur).

■ Comment les utilise-t-on ?
Prenez 5 à 10 ml par jour d’EPS, en continu ou 5 jours par semaine.
Les spécialités à base de graine de lin, riches en lignanes, sont
également dignes d’intérêt.

■ Comment les utilise-t-on ?
Choisissez parmi Linopause® (LPEV), Triolinum Fort® (Nutreov),
Lignalin® (D.Plantes), Graine de Lin Houblon (Vitarmonyl) ou Lin
(Phytaflor), à prendre à raison de 1 à 2 gélules ou capsules par jour.
 
Ces différentes formulations s’utilisent au cas par cas, de manière
individualisée, en fonction des circonstances et des besoins de
chacun. Elles complètent les associations de plantes déjà
recommandées (voir chapitre  5) pour renforcer le système
immunitaire, tant sur le plan général que sur le plan local et pour agir
sur le couple foie-intestin.

Pour conclure
Si vous êtes confronté à un problème de candidose chronique (ou si
vous le suspectez), n’hésitez pas à consulter un médecin
phytothérapeute (voir carnet d’adresses).
Du local au global, de nombreuses étapes sont à traverser pour
retrouver le sourire face à C. albicans. Franchissez-les avec méthode
et application. Au fur et à mesure des victoires remportées, même si
vous concédez quelques défaites (lors de récidives), vous constaterez
la véracité de ces vers de La Fontaine  : «  Patience et longueur de
temps / Font plus que force ni que rage 83. » À rapprocher d’un autre
vers du génial poète : « Plus fait douceur que violence 84. » En matière
de traitement de la candidose, on ne saurait dire mieux.
Conclusion

La candidose : il faut surtout y penser,


si on veut ensuite l’oublier
À l’issue de ce voyage dans les contrées inhospitalières de la
candidose, il nous faut conclure, et constater que la candidose n’est
pas à prendre à la légère. Quiconque voit sa santé altérée par le
développement pathogène du Candida (qu’il soit albicans ou une
autre de ses espèces) comprend vite qu’il ne peut négliger ici la
menace de récidive, là l’agression permanente qu’il subit. Comme cet
agent pathogène avance masqué, vous ne l’avez peut-être pas vu
venir, ni reconnu quand il s’attaquait à votre derme ou lorsqu’il
colonisait petit à petit vos muqueuses. Par expérience, je sais que le
diagnostic de la candidose chronique est souvent tardif, alors que
celui de mycose vaginale ou cutanée pose en général peu de
problèmes, si ce n’est qu’elle est parfois confondue avec d’autres
maladies infectieuses ou dermatologiques.
Connaître l’ennemi, déjouer ses tactiques, prévenir le risque,
développer des stratégies offensives et défensives, travailler la
logistique et renforcer l’arsenal thérapeutique, autant de nécessités
qui empruntent à un vocabulaire guerrier, lequel n’a pas d’autre
intention que de vous mobiliser, pour gérer tant le risque que la
réalité de l’infection candidosique. Que celle-ci soit faible ou intense,
discrète ou expressive, coup de semonce ou début d’une agression
durable, isolée ou associée à des co-infections et à d’autres problèmes
de santé, vous devez dans tous les cas prendre la mesure du
problème et vous donner les moyens pour comprendre les enjeux et
mettre en place des solutions concrètes et pratiques pour aller à
l’essentiel, sans dépenser plus d’énergie qu’il n’en faut pour venir à
bout du problème.

PRÉVENIR, INTERVENIR, CONSOLIDER


Employez les moyens nécessaires (les petits autant que les grands) et,
par cette médecine que certains qualifient de «  douce  » et que je
préfère nommer «  médecine alternative et complémentaire  »
(MAC) 85, cessez de vous faire violence par un usage exclusif ou
inapproprié de molécules chimiques.
Tirez parti du fantastique potentiel de la phytothérapie médicale
et de l’aromathérapie, des probiotiques et de nombreux compléments
alimentaires modificateurs de terrain.
Très utiles en première intention dans un grand nombre de cas,
les traitements conventionnels sont indispensables au cours des
candidoses systémiques, qui restent grevées d’une lourde mortalité.
Efficaces en début de prise en charge au cours des atteintes locales de
l’infection fongique, les antimycosiques de synthèse n’ont d’intérêt
que s’ils sont relayés par une énergique action de terrain, qui passe
par des mesures d’hygiène de vie, des modifications du
comportement et de l’alimentation, et la mise en place de solutions
efficaces et éprouvées pour renvoyer le candida à son pré carré
intestinal d’origine. Vous ne pourrez jamais le détruire, mais lui peut
vous anéantir. Ce scénario catastrophe n’arrivera pas si vous adoptez
la « juste attitude » : prévention, intervention et consolidation sont les
trois mots d’ordre à retenir.
Medicus curat, natura sanat, «  le médecin soigne, mais c’est la
nature qui guérit »… à condition de retrouver le génie de la nature et
de n’être ni ingénu ni candide face aux risques de la candidose.
Finalement, en défiant nos capacités d’adaptation, Candida nous
lance un défi  : rien n’est acquis sur cette terre, la bonne santé pas
plus que le reste. Préservons-la en restaurant chaque fois que
nécessaire l’équilibre de vie, en nous-mêmes et dans la relation avec
notre environnement.
ANNEXE

Tous les traitements anti-


candidose

Le tableau ci-après synthétise l’ensemble des solutions disponibles


pour traiter les aspects locaux et généraux de la candidose, tant au
niveau des causes qu’au niveau des conséquences. Le détail de ces
traitements est abordé au cours des chapitres  IV, V et  VI de cet
ouvrage.
Antimycosiques d’action locale Traitements locaux imidazolés

Antimycosiques d’action Nystatine, amphotéricine B,


Les traitements
digestive mais non systémique miconazole
conventionnels
Antimycosiques d’action Fluconazole, itraconazole,
systémique flucytosine

La toilette quotidienne
Le port de vêtements et de
Les mesures chaussures
d’hygiène de vie Le linge
L’hygiène intime
L’hygiène buccale

Les traitements Lutter contre l’infection Phytothérapie


naturels de la fongique • 1re  intention  : curcuma-
candidose réglisse
(pour  combattre les • À visée digestive  : noyer,
manifestations aiguës, mélisse
empêcher les • À visée gynécologique  :
récidives, prévenir ou alchémille, échinacée
traiter la candidose • À visée cutanée : bardane
chronique) Aromathérapie
• 1re intention : origan, giroflier,
cannelle, citron
• Autres : ravintsara, géranium,
sauge, laurier noble, manuka,
thym à carvacrol et arbre à thé

Renforcer l’immunité et l’état Phytothérapie


général • 1re  intention  : échinacée et
astragale
• Plantes associées  : cyprès,
sureau, ginseng, réglisse
• Autres plantes ou produits
naturels secondaires  : gelée
royale, cordyceps, schisandra,
ashwaganda, champignons
adaptogènes
Micronutrition
Vitamines (surtout A, C, D),
minéraux, acides aminés, acides
gras et substances
antioxydantes

Restaurer les  fonctions • Probiotiques spécialisés


intestinales (inflammation, • Prébiotiques (FOS, inuline)
hyperperméabilité) • Nutriments réparateurs  : L-
glutamine, psyllium blond, N-
acétylglucosamine, huile de riz,
chlorophylle

Autres produits naturels Gel d’aloe vera, acide


complémentaires d’action caprylique, lapacho, berbérine,
globale sur la candidose ail, Pseudowintera colorata,
biotine, huile d’olive, propolis,
bicarbonate de soude,
camomille, acide tannique,
huile d’arbre à thé

Rééducation alimentaire • Régime anti-candidose


• Régime d’épargne digestive
• Régime des intolérances et
des hypersensibilités
alimentaires (pauvre en
Candidose et FODMAP)
terrain  : pour une
Soigner le foie et restaurer une • Artichaut, radis noir, chardon-
prise en charge
bonne digestion en Marie
globale
phytothérapie • Curcuma, réglisse
• Pissenlit, fumeterre
• Extrait d’ananas et de papaye

L’approche naturopathique • Le terrain acide


• L’équilibre acido-basique

Les traitements • Le traitement général  :


homéopathiques MONILIA ALBICANS
• Les traitements lors d’une
mycose vaginale
• Les autres médicaments
homéopathiques
• L’isothérapie (isopathie)

Optimiser les processus • Réguler l’action du cortisol,


d’adaptation au stress sur le l’hormone du stress, avec les
long terme plantes adaptogènes  : rhodiole,
ginseng, éleuthérocoque,
ginkgo biloba
• Fatigue : réglisse, guarana
• Dépression : rhodiole, safran.
millepertuis, mucuna, griffonia
• Anxiété : passiflore, valériane
• Sommeil  : eschscholtzia
mélatonine
• Ralentissement de la fonction
thyroïdienne : avoine, algues
• Déficit en œstrogènes : sauge
sclarée, graine de lin, houblon,
alfalfa
Carnet d’adresses

Pour consulter un médecin phytothérapeute

Contactez l’Institut européen des substances végétales


(www.iesv.org).
Cette association (loi de 1901) regroupe plus de huit cents
adhérents, tous professionnels de la santé, parmi lesquels de
nombreux médecins et pharmaciens.

Pour consulter un médecin micronutritionniste

Consultez l’Institut européen de diététique et micronutrition (IEDM) :


http://www.iedm.asso.fr

Pour des idées de menus ou des recettes dans


le cadre d’un régime anti-candida

Quelques sites spécialisés :


www.lyme-sante-verite.fr/fs/Root/ddyds-
Traitement_candidose_chronique.pdf
www.regimesante.net/candida-albican/regime-anti-candida-
albican
http://fr.pinterest.com/explore/recettes-anti-candida-
939385706721
Notes et références
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diagnostiquée », Alternative Santé no 18, novembre 2014.
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Brazilian city  », Gasparin AB, Ferreira FV, Danesi CC, Mendoza-Sassi RA, Silveira J,
Martinez AM, Zhang L, Cesar JA, Cad Saude Publica, 2009 Jun; 25(6): 1307-15.
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Degeilha, Sylviane Chevriera, Claude Guiguena, Jean-Pierre Gangneuxa, Revue
francophone des laboratoires, juin 2008, no 403, 41-48.
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candidiasis may cause elevated gliadin antibodies  », Acta Paediatr., 2009 Oct; 98(10):
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infectieuses  : des lois de Mendel au séquençage de l’exome  », bulletin de l’Académie
nationale de médecine, 2013, 197, no 1, 157-171, séance du 8 janvier 2013.
26. Les lymphocytes CD4 et CD8C, cellules tueuses naturelles (NK), qui font partie de
l’immunité innée, constituent des prédateurs redoutables et hautement sélectifs  ; ils
tuent les cellules tumorales ou infectées tout en épargnant les cellules saines.
27. Ce test traduit indirectement la présence d’H.  pylori. Cf.  http://agence-
prd.ansm.sante.fr/php/ecodex/frames.php?
specid=69494455&typedoc=N&ref=N0219177.htm.
28. http://invs.santepubliquefrance.fr/Dossiers-thematiques/Maladies-
infectieuses/Maladies-a-transmission-vectorielle/Borreliose-de-lyme/Points-sur-les-
connaissances (consulté le 14-5-2017).
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verite.fr/Les_specialistes_de_la_maladie_de_Lyme.c.htm#Les_specialistes_de_la_maladi
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31. Définition des probiotiques par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2001 :
«  Micro-organismes vivants qui, lorsqu’ils sont ingérés en quantité suffisante, exercent
des effets positifs sur la santé, au-delà des effets nutritionnels traditionnels. »
32. L’épigénétique (du grec ancien épí, « au-dessus de », et de génétique) est la discipline
de la biologie qui étudie les mécanismes moléculaires qui modulent l’expression du
patrimoine génétique en fonction du contexte (définition Wikipédia).
33. L’étiopathogénie est l’étude des causes et des facteurs d’une maladie.
34. http://www.inrs.fr/risques/psychosociaux/facteurs-risques.html (accès le 8-5-2017).
35. Préambule à la constitution de l’Organisation mondiale de la santé tel qu’adopté par
la Conférence internationale sur la santé, New York, 19 juin-22 juillet 1946.
36. Lupien SJ, Fiocco A, Wan N, et al., « Stress hormones and human memory function
across the lifespan », Psychoneuroendocrinology, avril 2005, vol. 30, no 3, 225-42.
37. https://naturavie.eu/index.php/fr/naturopathie/origine-et-fondements/item/3-
science-et-philosophie
38. http://www.em-consulte.com/en/article/156040 (accès le 8-5-2017).
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pb=traitements (accès le 8-5-2017).
40. VIDAL France est une société du Groupe VIDAL entièrement consacrée à
l’information sur les produits de santé et la sécurisation de la prescription.
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fessier-nourrisson.
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55. Bifidobacterium lactis LA304, B.  bifidum LA803, B.  lactis LA804, B.  breve LA805,
Lactobacillus acidophilus LA201, L. rhamnosus LA801, L.  gasseri LA806 et L.  acidophilus
LA807.
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secretion after administration of Lactobacillus acidophilus”. Clancy RL(1), Gleeson M,
Cox A, et Al. Br J Sports Med. 2006 Apr; 40(4): 351-4.
57. Bifidobacterium longum LA 101, Lactobacillus helveticus LA 102, Lactococcus lactis LA
103, Streptococcus thermophilus LA 104.
58. «  Probiotiques et intestin irritable  : à propos d’une étude randomisée en double
aveugle contre placebo sur l’efficacité du mélange de souches Lactibiane® Référence sur
les symptômes associés à l’intestin irritable  », Sophie Drouault-Holowacz, Séverine
Bieuvelet, André Burckel et Philippe Marteau, Méd. Nut., 2007, 43, 4: 157-160.
59. Le Quotidien du médecin, no 9586, page 7, du 6 juin 2017.
60. Bifidobacterium lactis LA 303, Lactobacillus acidophilus LA 201, Lactobacillus
plantarum LA 301, Lactobacillus salivarius LA 302, Bifidobacterium lactis LA 304.
61. S.  Drouault-Holowacz et al.  : “Anti-inflammatory potential of the probiotic dietary
supplement Lactibiane Tolerance: In vitro and in vivo considerations”, Clinical Nutrition,
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62. Le Grand Livre des probiotiques et des prébiotiques, Danièle Festy, Quotidien Malin,
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63. Gibson G.R. et al.  : “Selective stimulation of bifidibacteria in the human côlon by
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65. Bak YK. Effects of dietary supplementation of glucosamine sulfate on intestinal
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66. http://candida-albicans.fr/antifongiques-naturels-pour-guerir-du-candida-albicans.
67. Modèle de tableau score-symptômes à consulter ici  : http://candida-
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68. McCallion et al 1982. Planta Medica, vol 44, pp. 134-138.
69. http://www.kolorex.com/ (accès le 20-7-2017).
70. Les superantigènes sont des toxines de nature protéique capable de stimuler
l’ensemble des lymphocytes T, entraînant une augmentation des concentrations en
cytokines inflammatoires (IL-2, THNf-alpha, IFN-gamma), jusqu’à des niveaux toxiques.
Consultez : http://dictionnaire.academie-medecine.fr/?q=superantig%C3%A8ne.
71. https://www.lanutrition.fr/bien-dans-son-assiette/le-potentiel-sante-des-
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http://www.centrereveil.com/documents/tableau_index_glycemique.pdf (accès le 5-6-
2017).
72. Adapté pour http://www.diabetesgps.ca/fr/paving-your-path/choosing-the-right-
types-of-carbohydrates (accès le 2-7-2017) avec l’autorisation de : Foster-Powell K, Holt
SHA, Brand-Miller JC. International table of Glycemic Index and Glycemic Load Values :
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Produced in China. World J Gastroenterol 2006; 12: 3430-3.
73. https://www.valpiform.com/cuisiner-sans-gluten/les-farines-sans-gluten-sont-
nombreuses-comment-les-utiliser/ (accès le 5-6-2017).
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oligosaccharides (accès le 5-6-2017).
75. http://www.ateliersante.ch/candida2_traitement.htm (accès le 7-6-2017).
76. http://www.lyme-sante-verite.fr/fs/Root/ddyds-
Traitement_candidose_chronique.pdf, ou bien http://www.regimesante.net/candida-
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77. https://fr.pinterest.com/explore/recettes-anti-candida- 939385706721 (accès le 5-6-
2017).
78. Plus d’infos sur le site du Centre de recherche et d’information nutritionnelles
(CERIN)  : http://www.cerin.org/actualite-scientifique/regime-pauvre-fodmaps-pour-
reduire-troubles-fonctionnels-intestinaux.html (accès le 5-6-2017).
79. Vous trouverez plus de détail sur  :
http://www.passeportsante.net/fr/Nutrition/Dietes/Fiche.aspx?doc=diete-fodmap
(accès le 5-6-2017).
80. https://www.ebi-pharm.ch/fr/unsere-partner/partner/sanum.html (accès le 5-6-
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81. https://gerardleborgne.wordpress.com/depollution-interieure (accès le 5-6-2017).
82. Akhondzadeh S.  et al.  : “Crocus sativus L.  in the treatment of mild to moderate
depression: a double-blind, randomized and placebocontrolled trial”. Phytother Res.
2005; 19: 148-151.
83. Le Lion et le Rat, Livre II, Fable 11, Jean de La Fontaine.
84. Akhondzadeh S. et al. : “Crocus sativus L. in the treatment of mild to moderate
depression: a double-blind, randomized and placebocontrolled trial”. Phytother Res.
2005; 19: 148-151.
85. http://www.lepoint.fr/sante/les-autres-medecines-qui-marchent-14-10-2010-
1252351_40.php (accès le 5-6-2017).
Remerciements

Je tiens à remercier les éditions Solar de m’avoir donné l’opportunité


de réaliser ce travail de synthèse sur toutes les facettes de la
candidose et de ses traitements.
Ma reconnaissance s’adresse également à Juliette Collonge et à
Lama Younès-Corm pour leur lecture très attentive.
Merci à tous les professionnels de santé et à mes nombreux
patients, qui ont nourri mon expérience au cours de ma carrière.
Je remercie plus particulièrement mon épouse Catherine et mes
enfants, qui ont supporté mes absences pendant les longues journées
passées à rédiger et à corriger cet ouvrage.
Du même auteur

Cent Questions sur la phytothérapie, Dr Éric Lorrain, La Boétie, 2013.


50 Solutions plantes pour votre santé au quotidien, Dr Éric Lorrain, Tallandier, 2016.
Direction : Jean-Louis Hocq
Direction éditoriale : Suyapa
Directrice de collection : Juliette Collonge
Édition : Lama Younès-Corm
Rédaction : Chloé Chauveau
Conception graphique de la couverture : Stéphanie Brepson
Illustrations de couverture : Stéphanie Brepson
Mise en pages : Nord Compo
Fabrication : Céline Premel-Cabic

© 2017, Éditions Solar

Tous droits de traduction,


d’adaptation et de reproduction par tous procédés,
réservés pour tous pays.

EAN : 978-2-263-15356-3

Code éditeur : S15187


Dépôt légal : octobre 2017

Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo.

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