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ET DÉMARRAGE
d’un projet
Sous la direction
de Hervé COURTOT
A. BOULENOUAR
S. CHANTREUIL
H. COURTOT
B. HAFID
J.-L. PERRIN
M.-N. VANDAMME
© AFNOR 2018
ISBN 978-2-12-465679-0
Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé
que ce soit, des pages publiées dans le présent ouvrage, faite sans l’autorisation de
l’éditeur est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une part,
les reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées
à une utilisation collective et, d’autre part, les analyses et courtes citations justifiées
par le caractère scientifique ou d’information de l’œuvre dans laquelle elles sont
incorporées (loi du 1er juillet 1992 - art. L 122-4et L 122-5, et Code Pénal art. 425).
AFNOR – 11, rue Francis de Pressensé, 93571 La Plaine Saint-Denis Cedex
Tél. : +33 (0) 1 41 62 80 00 – www.afnor.org/editions
Présentation
de la collection
Cette collection a pour ambition de donner aux lecteurs une vision complète des
thématiques relatives au management de projet, programme et portefeuille.
Elle est organisée en cinq livres :
Livre n° 1 : Management de projet, programme et portefeuille.
Livre n° 2 : Organisation et gouvernance d’un projet, programme et portefeuille.
Livre n° 3 : Financement et démarrage d’un projet.
Livre n° 4 : Maîtrise d’un projet.
Livre n° 5 : Cycle de vie et typologies des projets.
Le premier livre Management de projet, programme, et portefeuille présente les notions
de base en management de projet, de programme et de portefeuille. Il a pour objet de
permettre au lecteur d’avoir une vision synoptique de la problématique du management
de projet, de programme et de portefeuille.
Le deuxième livre Organisation et gouvernance d’un projet, programme et portefeuille
est consacré à l’organisation et à la gouvernance d’un projet, d’un programme et d’un
portefeuille. Il décrit la prise en compte de tous les facteurs humains et la façon de les
organiser pour que le projet, le programme ou le portefeuille atteigne ses objectifs.
Le troisième livre Financement et démarrage d’un projet est organisé en deux parties.
La première partie concerne le financement d’un projet et a pour but de répondre à la
question : « Comment trouver le financement le mieux adapté à la réussite du projet ? »
La seconde partie détaille les étapes-clés qui permettent de préparer au mieux la mise
en œuvre d’un projet.
Le quatrième livre Maîtrise d’un projet est consacré aux méthodes et aux outils
permettant d’en assurer la maîtrise à ses différentes phases : depuis les phases
VI LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
Hervé Courtot est Project Office Manager au sein du Groupe Orange France.
Diplômé d’un doctorat en Sciences de gestion – Paris 1 (Panthéon – Sorbonne), il
est également certifié PRINCE2® et membre du PMI. Hervé Courtot a plus de 25 ans
d’expérience de conseil et de formation en management de projet et en management
des risques projets. Il est également en charge de développer et pérenniser la culture et
le fonctionnement en mode projet et d’animer le dispositif de gouvernance des projets,
et enseigne dans plusieurs universités. Auteur du livre La gestion des risques dans les
projets, publié en 1998 aux Éditions Economica, Hervé Courtot est aussi co-auteur du
Dictionnaire de management de projet, publié chez AFNOR Éditions en 2010.
Marc-Noël Vandamme (retraité) est ingénieur civil des Mines de Paris et membre de
la commission de normalisation AFNOR « Management de projet et de programme ».
Il a travaillé de 1977 à 2015 dans l’industrie chimique et pétrolière aux postes de mana-
gement de projet, achats et contrôle interne. Il a également enseigné au sein de l’INP
de Grenoble « Maîtrise des projets internationaux ». Auteur de l’article « Coûts des
investissements industriels », publié en 1996 aux Éditions Techniques de l’Ingénieur, il
est aussi co-auteur du Dictionnaire de management de projet, publié chez AFNOR Éditions
en 2010.
Abdelhamid Boulenouar est créateur et directeur général de la société CMS Informatic.
Il est aussi consultant senior en management de projet, diplômé en génie industriel et
titulaire d’un doctorat en traitement de l’information (Paris 11). Certifié PRINCE2®, AFITEP
– Certification Européenne en management par la valeur, Abdelhamid Boulenouar est
membre du CA d’IIBA France et ancien membre de l’AFAV et du PMI. Il possède plus de
25 ans d’expérience dans le conseil, dans la mise en œuvre de solutions de gestion de
portefeuille de projets et dans l’enseignement en management de projet. Consultant en
charge des méthodes, des outils et des formations en management de projet (R & D,
télécom, industrie, banques, université et école d’ingénieur), il est également co-auteur
du Dictionnaire de management de projet, publié chez AFNOR Éditions en 2010.
VIII LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
Présentation de la collection.................................................................................................... V
Les auteurs ......................................................................................................................................VII
Introduction...................................................................................................................................... 1
Partie I
Financement de projet
Partie II
Les étapes clés pour préparer la mise en œuvre d’un projet
7 Bien démarrer la réalisation d’un projet ......................................................... 111
7.1. Processus de lancement .................................................................................... 112
7.2. Approches de conduite de projet ................................................................. 114
7.3. Processus de planification ................................................................................ 121
Dans la mesure où il n’est pas envisageable de se lancer dans la réalisation d’un projet
dont le financement ne serait pas assuré, le choix a été fait de traiter ensemble, dans ce
livre, le financement et le démarrage d’un projet. Une telle approche part de l’idée que le
succès d’un projet ne repose pas uniquement sur ses seules caractéristiques techniques,
économiques ou organisationnelles, mais qu’il dépend aussi de ses conditions de
financement et des ressources mises à disposition.
Ce livre comporte donc deux parties :
L’objectif de la partie 1 « Financement de projet » est de décrire les principales
caractéristiques du financement des projets sous tous ses aspects. Les notions dé-
crites dans le présent livre nécessitent, pour leur approfondissement, de se référer
à des ouvrages spécialisés.
Le chapitre 1 introductif s’efforce de répondre à la question « Comment rechercher
le financement le mieux adapté à un projet ? » dans le contexte actuel. Il rappelle
quelques notions de base sur la logique financière des organismes et la notion
de rentabilité d’un projet. Les chapitres 2, 3 et 4 en précisent les modalités.
Les chapitres 5 et 6 abordent le cas particulier des grands projets et celui des projets
soumis à des risques spécifiques comme les projets à l’exportation.
Ainsi :
le chapitre 2 s’intéresse aux principaux financeurs des projets ;
le chapitre 3 recense les différents modes de financement des projets (finan-
cements conventionnels et financements non conventionnels ou en dévelop-
pement) ;
le chapitre 4 s’attache à préciser les principales qualités d’un montage finan-
cier ;
le chapitre 5 donne quelques éléments sur le financement sur projet (project fi-
nance) et les financements structurés qui se rencontrent dans le cas des grands
2 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
projets et qui peuvent être mis en œuvre dans le cadre d’un partenariat public-
privé ;
le chapitre 6 présente brièvement des pratiques de financement couramment
utilisées dans le cadre des affaires commerciales et des projets à l’exportation.
Mais le choix d’un financement implique au préalable que le montant de l’inves-
tissement ait été correctement apprécié (voir les méthodes d’estimation et
d’évaluation dans le livre n°4 – Maîtrise d’un projet) ;
La partie 2 s’intéresse aux « étapes clés nécessaires pour préparer la mise en
œuvre d’un projet », c’est-à-dire l’ensemble des opérations à accomplir avant de se
lancer dans la réalisation du projet.
Par démarrage d’un projet, il faut entendre les étapes clés situées après l’accep-
tation du projet, juste avant sa mise en œuvre (il s’agit des processus de lancement,
de définition et de planification précédant la réalisation de ce projet). À ne pas
confondre avec les opérations de démarrage qui consistent à préparer la mise en
exploitation de l’ouvrage (l’installation, le logiciel, le service, etc.), produit du projet.
Cette étape du démarrage est l’une des étapes essentielles pour s’assurer de
l’atteinte des objectifs d’un projet. Le fait qu’elle soit souvent négligée, voire ignorée
(car perçue comme une perte de temps), explique en grande partie les échecs de
certains projets.
Le chapitre 7 introductif de cette partie énonce les grandes lignes permettant de
s’assurer du bon démarrage de la réalisation d’un projet. La réponse à la question
« Comment bien démarrer la réalisation d’un projet ? » est donnée dans les
cinq chapitres suivants :
Les dossiers de référence, base d’un projet (chapitre 8) : le projet est-il suffisam-
ment défini pour que sa réalisation puisse commencer sans poser problème ?
La mise en place de l’organisation d’un projet (chapitre 9). Ce sujet est déjà
traité dans le livre n° 2 – Organisation et gouvernance d’un projet, programme
et portefeuille, qui décrit les différents types d’organisation et les différentes
manières de manager l’équipe-projet et les parties prenantes. Il s’agit ici de
s’assurer que tout est bien planifié (y compris les approvisionnements) pour
commencer la réalisation du projet.
La structuration d’un projet (chapitre 10) : quelle structuration du projet per-
met d’en assurer la maîtrise ?
Le chapitre 11 regroupe l’ensemble des outils à mettre en place dès le démar-
rage du projet :
- le budget initial : base du contrôle budgétaire ;
- le planning de référence : base du suivi des délais du projet ;
Introduction 3
Tout projet ne peut être étudié et lancé que s’il a une raison d’être pour l’organisme.
Sa justification doit être continue tout au long de son cycle de vie et ce dès les phases
d’avant-projet où doit être élaborée une ébauche du cas d’affaire (business case). De plus,
tout projet ne peut être réalisé que s’il est possible de mobiliser les moyens financiers
nécessaires. Il existe donc un lien de dépendance étroit entre deux mondes, celui des
projets et celui de la finance.
Le cas d’affaire répond à la question du « pourquoi ». Il est traité en détail, dans la partie 2.
Le monde du financement des projets se caractérise par une multitude de bailleurs de
fonds et de manières de procéder. L’internationalisation des marchés financiers et la
mondialisation des échanges et des services, depuis plus de deux décennies fournissent
aux porteurs de projets un important potentiel de choix de leurs sources de financement,
d’une part, et de possibilités de faire jouer la concurrence, d’autre part.
Cette première partie, relative au financement de projet, s’efforce de proposer à toute
personne intéressée ou concernée par la réalisation d’un projet :
une réflexion sur le contexte dans lequel s’effectue aujourd’hui la recherche de
financement (chapitre 1) ;
un recensement des financeurs potentiels précisant leurs domaines d’interven-
tion et leur adéquation aux besoins des différents porteurs de projet et soulignant
la montée en puissance de certains d’entre eux comme les fonds d’investissement
(chapitre 2) ;
une présentation des principaux modes de financement privilégiant les évolu-
tions marquantes de ces dernières années (financement participatif, financement
de l’innovation, etc.) et montrant leur adaptation à la prise en compte de nouvelles
préoccupations comme le développement durable (chapitre 3) ;
une réflexion sur les conditions à réunir pour disposer d’un financement de projet
de qualité à la base d’un plan de financement équilibré permettant d’engager la
réalisation du projet (chapitre 4) ;
quelques remarques sur des procédures particulières rencontrées dans le cas
des grands projets : partenariat public-privé, financement sur projet (project
finance), financement structuré (chapitre 5) ;
un aperçu sur des procédures courantes utilisées dans les affaires commerciales et
les projets internationaux (chapitre 6).
1
Les projets étant très divers, quelle que soit leur typologie, leur financement est l’une
des plus importantes préoccupations de tout porteur de projet.
Le paragraphe 1.1 souligne l’importance de la prise en compte du contexte et la
grande variété des solutions de financement. L’anticipation nécessaire de la recherche
du financement dès l’avant-projet est traitée au paragraphe 1.2. Puis, est montrée
dans le paragraphe 1.3, la différence à faire entre le choix du projet et le choix de son
financement. Le paragraphe 1.4 rappelle l’intérêt des financements externes spécifiques.
Le paragraphe 1.5 traite de la prise en compte du lien existant entre financement et
risque. L’intérêt d’adopter une démarche d’ingénierie financière est présenté au
paragraphe 1.6. Enfin, le paragraphe 1.7 met en exergue le besoin d’adapter la recherche
de financement au besoin de financement du projet.
À noter
Les politiques des banques centrales qui ont maintenu des taux d’intérêt faibles et les poli-
tiques volontaristes des pouvoirs publics en faveur des investissements font qu’en 2018, il y a
souvent plus d’argent disponible que de projets pertinents qui répondraient aux conditions
des financeurs ou à leurs exigences de rentabilité.
1. Voir François Villeroy de Galhau, « Le financement de l’investissement des entreprises », rapport au Premier
ministre, septembre 2015.
Comment rechercher le financement le mieux adapté à un projet ? 9
2. Voir Jean-Louis Muller, Les fondamentaux du management de projet – 100 questions pour comprendre et agir,
AFNOR Éditions, 2016.
Comment rechercher le financement le mieux adapté à un projet ? 11
Dans le cas d’un projet ayant comme finalité une exploitation commerciale, la logique
financière que sous-tend la notion de rentabilité implique de bien différencier les
choix financiers du choix des projets. L’organisme faisant appel à différentes sources de
financement a un coût moyen pondéré du capital calculé de manière globale à partir
des coûts de ses financements. Et c’est à ce coût moyen pondéré du capital que doit
être comparée la rentabilité globale du projet (rentabilité intrinsèque calculée sans tenir
compte de l’influence du mode de financement). Et pour l’organisme, il n’existe qu’un
seul coût moyen pondéré du capital.
Il y a donc indépendance entre les projets d’investissement et les sources de financement
(voir figure 1.2). Ce qui signifie que la rentabilité intrinsèque d’un projet susceptible de
bénéficier d’un financement privilégié (comme un projet d’économie d’énergie) ne
peut pas être appréciée par rapport au seul coût de ce financement privilégié. Ce qui
n’exclut pas, au-delà du calcul de la rentabilité intrinsèque d’un projet, d’effectuer en
complément le calcul d’une rentabilité financière (rentabilité des capitaux propres,
rentabilité pour l’actionnaire, etc.) spécifique à une source de financement.
Dans certains cas, le projet doit assurer son financement par les seuls revenus
dégagés par le projet lui-même. Le montage financier relève alors de la technique du
financement sur projet* (project finance) utilisée en particulier pour les grands projets
(voir chapitre 5) et qui implique des montages juridiques sophistiqués entre partenaires.
3. Voir Romain Girac, Pierre Prejean et Elsa Simon, Le financement des entreprises, Ordre des experts comptables,
mars 2017.
14 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
et celui des financeurs. Mais, dans tous les cas, le financement des projets absorbera
une part importante des ressources financières d’une entreprise ou d’un organisme,
d’une région, d’un pays ou d’une zone économique.
Afin d’apprécier l’importance et le poids relatif des modes de financement et des
financeurs (étudiés dans les chapitres suivants), il serait utile de connaître le montant
global des financements affectés à des projets tant au niveau mondial qu’au niveau d’un
pays ou des entreprises. Mais de telles statistiques globales spécifiques au financement
des projets n’existent pas vraiment.
Cependant, en faisant l’hypothèse que pratiquement tous les investissements sont
initiés dans le cadre de projets, il devient possible d’avoir une idée des montants en
jeu en s’intéressant aux statistiques d’investissement du type formation brute de capital
fixe. Il s’agit d’un seuil minimum, car tous les projets ne sont pas systématiquement
enregistrés comptablement en tant que formation brute de capital fixe, comme certains
projets de recherche et autres projets immatériels (enregistrés en tant que dépenses de
fonctionnement), ainsi que de nombreux projets d’entrepreneuriat qui n’apparaissent
qu’en tant qu’investissements financiers.
Selon cette approche, les besoins de financement en capital fixe pour l’ensemble des
projets peuvent être estimés pour 20164 à :
20 000 milliards de dollars US/an au niveau mondial ;
3 500 milliards de dollars US/an pour les États-Unis ;
3 000 à 3 500 milliards de dollars US/an pour l’Europe ;
et près de 600 milliards de dollars US/an pour la France.
Les financeurs potentiels d’un projet sont multiples et divers selon la nature et la taille
du projet. Si certains organismes ont depuis longtemps vocation à intervenir dans cette
activité (banques, institutions financières, etc.), d’autres acteurs font aujourd’hui leur
apparition à la faveur de l’évolution technologique, du développement de nouveaux
modes de financement ou des changements dans la législation financière (particuliers,
compagnies d’assurances, etc.).
Sans être totalement exhaustive, la figure 2.1 (voir page suivante) donne une vue
synthétique des organismes susceptibles de financer un projet :
les entreprises industrielles et commerciales (paragraphe 2.1) ;
les banques et établissements de crédit spécialisés (paragraphe 2.2) ;
les institutions financières publiques et organismes publics (paragraphe 2.3) ;
les grandes institutions financières et organisations internationales (para-
graphe 2.4) ;
les fonds d’investissement et gestionnaires d’actifs (paragraphe 2.5) ;
les investisseurs institutionnels (paragraphe 2.6) ;
les particuliers, les associations et les fondations (paragraphe 2.7).
Ces financeurs appartiennent pour l’essentiel au secteur financier5, mais peuvent aussi
relever de secteurs non financiers (entreprises ou ménages).
5. Pour la Banque centrale européenne, le secteur financier comprend les institutions monétaires et financières,
les banques et autres établissements de crédit, les autres intermédiaires financiers (y compris les fonds d’in-
vestissement), les compagnies d’assurance et les fonds de pension (voir l’annexe 2).
18 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
6. Voir Louis Gallois, Clément Lubin, Pierre-Emmanuel Thiard, « Pacte pour la compétitivité de l’industrie
française », rapport au Premier ministre, Commissariat général à l’investissement, France Premier ministre,
5 novembre 2012.
Principaux financeurs d’un projet 19
des réseaux de solidarité entre les entreprises. Ce mouvement concerne de plus en plus
l’accompagnement de start-up. En France, sur la seule année 2015, huit accélérateurs de
start-up et quatre fonds d’investissement de capital-risque en propre ont été lancés par
des grandes entreprises. Ce mouvement s’est poursuivi en 2016 et 2017.
2.2.1. Banques
Seules les banques sont autorisées à effectuer toutes les opérations de banques
(réception de fonds remboursables du public, opérations de crédit, mise à la disposition
de la clientèle ou gestion de moyens de paiement). Elles sont habilitées à collecter des
ressources à moins de deux ans.
Concernant le financement des projets, les banques sont plus ou moins spécialisées : les
banques de détail (banques commerciales) sont les partenaires privilégiés des parti-
culiers, des associations et des petites et moyennes entreprises, alors que les banques
de financement et d’investissement (souvent une division de grande banque),
spécialisées dans les opérations de haut de bilan (augmentation de capital, émissions
de dette, etc.) restent les interlocuteurs des grandes entreprises, des institutionnels et
de l’État dans le montage financier de projets complexes.
7. Le nombre d’établissements de crédit a tendance à diminuer en Europe. Entre 2008 et 2016, la zone Euro a
perdu 20 % de ses banques et établissements de crédit (voir l’annexe 2).
20 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
Les principaux organismes publics français qui peuvent financer un projet sont :
le Trésor public français et les ministères concernés qui gèrent les dotations de
l’État et administrent des fonds d’intervention spécialisés8 ;
les régions et autres collectivités territoriales françaises qui gèrent des fonds
régionaux ou locaux et peuvent soutenir des projets à partir de leurs ressources
propres ou de transferts financiers (dotations de l’État, subventions spécifiques de
ministères, fonds européens, etc.). La tendance est au cofinancement avec des par-
tenaires financiers locaux.
gouvernement et peuvent parfois faire partie d’un ministère. Outre l’AFD (Agence
française de développement), la plupart des pays occidentaux disposent d’orga-
nismes de ce type10 ;
les Institutions financières de développement (IFD) du secteur privé qui ont
été mises en place pour soutenir le développement des entreprises dans les pays
en développement. Contrairement aux IFD multilatérales qui sont souvent une
branche dédiée au secteur privé d’une institution financière internationale, comme
la SFI (Société financière internationale), filiale de la Banque mondiale, les IFD bi-
latérales sont soit des filiales de banques bilatérales de développement comme
DEG (Deutsche Investitions- und Entwicklungsgesellschaft), filiale de la Banque de
développement allemande KfW (Kreditanstalt für Wiederaufbau), soit des institu-
tions indépendantes comme FMO (Nederlandse Financierings-Maatschappij voor
Ontwikkelingslanden, société de financement du développement des Pays-Bas).
L’une des principales institutions européennes de financement du développement
est française : Proparco (Promotion et participation pour la coopération écono-
mique), filiale de l’AFD.
Cette programmation est encadrée par des accords de partenariat qui définissent les
principes directeurs de l’utilisation des fonds européens par chaque État membre.
Dans ce cadre, l’Union européenne confie aux États membres la gestion d’une
grande partie de ces crédits. La période actuelle de programmation a été lancée
le 1er janvier 2014 et 83 programmes européens sont concernés (pour la période
2014-2020, la France reçoit 26,7 milliards d’euros de fonds européens mis en œuvre
par ces 83 programmes). Les directions élaborent et financent sur appel à projets
ou appel à propositions des programmes thématiques pluriannuels (recherche-
développement et innovation, environnement énergie et climat, coopération
et aide au développement, etc.). La règle est que les bénéficiaires financent une
partie de leurs projets au moyen de leurs ressources propres et des revenus générés
par des projets antérieurs ou par des contributions d’autres bailleurs de fonds
(cofinancement).
À titre d’exemple, il est possible de citer le programme Horizon 2020, programme
de financement de la recherche et de l’innovation de l’Union européenne pour la
période 2014-2020 qui mobilise actuellement un grand nombre de porteurs de
projets. Doté de 79 milliards d’euros, ce programme a trois priorités : l’excellence
technologique, la primauté industrielle et les défis sociétaux. Il soutient les
travaux des acteurs de la recherche et de l’innovation (organismes, établissements
d’enseignement supérieur et de recherche, entreprises, etc.). Parmi ses objectifs
figurent la promotion de la recherche fondamentale pour ouvrir des voies nouvelles
vers les technologies futures et émergentes, le soutien à la recherche collaborative,
le soutien à l’innovation et l’encouragement aux partenariats public-privé en matière
de TIC (Technologies de l’information et de la communication), nanotechnologies,
biotechnologies, le soutien aux PME innovantes (avec un soutien aux projets tout
au long du processus, de l’idée à la phase de commercialisation, et un soutien accru
aux innovations proches du marché), ainsi que l’accès au financement à risque,
l’encouragement aux projets interdisciplinaires permettant de répondre aux grands
défis (santé, agriculture durable, climat, transports, énergies propres, etc.).
Les possibilités de financement offertes par l’Union européenne12 lui permettent
d’intervenir dans des domaines très variés (recherche, emploi, développement
régional, coopération, culture, environnement, aide humanitaire, énergie,
etc.). Les instruments financiers et produits financiers associés sont multiples :
subventions (financement complémentaire pour des projets contribuant aux
politiques de l’Union européenne), assistance sous forme de prêts, garanties,
12. Voir la BEI (Banque européenne d’investissement), Guide sur les possibilités de financement offertes par l’Union
européenne, édition 2017.
Principaux financeurs d’un projet 25
Pour le grand public et de manière restrictive, les fonds d’investissement sont des fonds
de capital-investissement (fonds de private equity), c’est-à-dire des investisseurs privés
(ou publics) concourant au renforcement des fonds propres des entreprises afin d’en
faciliter la création, le développement, la reprise ou la transformation. Il s’agit souvent
de fonds privés de private equity qui peuvent prendre la forme de sociétés de capital-
risque/capital-innovation (capitaux versés au démarrage de l’entreprise) ou de sociétés
de capital-développement (capitaux versés pour financer le développement).
Cette interprétation qui correspond à la vision nord-américaine est cependant restrictive.
Pris au sens large, le terme de fonds d’investissement désigne, en France, l’ensemble des
fonds de placement* qui sont des organismes de détention collective d’actifs financiers.
14. Autorité des marchés financiers (AMF) : OPCVM et fonds d’investissement (www.amf-france.org/Acteurs-et-
produits/Produits-et-SICAV/Presentation).
28 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
15. Au niveau mondial, le montant des actifs des fonds à capital variable régulés (UCTIS et IAF) était de
45 554 milliards de dollars US fin 2016 et de 47 371 milliards de dollars US au troisième trimestre 2017
(source : IIFA – International Investment Funds Association et EFAMA – European Fund and Asset Manage-
ment Association). “Net assets of worldwide regulated open-end funds” (voir l’annexe 3).
Principaux financeurs d’un projet 29
Les premiers sont en fait des FCP spécialisés plus risqués que les FCP à vocation générale
et ont vocation à intervenir dans des sociétés non cotées :
les FCPR (Fonds communs de placement à risque) dont l’actif doit être constitué,
pour 50 % au moins, de titres qui ne sont pas admis aux négociations sur un marché ;
les FCPI (Fonds communs de placement dans l’innovation) dont l’actif doit être
constitué d’au moins 60 % de titres de sociétés de moins de 2 000 salariés ayant
leur siège dans un État membre de l’Espace économique européen et ayant un
caractère innovant ;
les FIP (Fonds d’investissement de proximité) dont l’actif doit être constitué d’au
moins 60 % de titres de sociétés répondant à la définition des PME et situées dans
une zone géographique choisie.
En revanche, les FPCI (Fonds professionnels de capital investissement), nouvelle
dénomination du FCPR à structure allégée (dont l’actif est constitué pour 50 % au moins
de titres non admis aux négociations sur un marché) sont ouverts exclusivement aux
investisseurs professionnels ou avertis.
Cet ensemble de fonds concentre plus de 60 % des levées de fonds du capital-
investissement en France.
Parmi les autres FIA susceptibles d’être soumis à la directive AIFM, il est possible de citer :
les fonds de fonds qui favorisent la création de nouveaux fonds spécialisés ;
les fonds spéculatifs (hedge funds) qui s’intéressent à des valeurs à risques suscep-
tibles de permettre des gains considérables. Soumis à des exigences limitées en
matière de contrôle et d’information financière, ces fonds ont été perçus comme
ayant été l’une des causes de la crise financière de 2008 ;
les fonds immobiliers (real estate funds) et d’infrastructures.
Sont explicitement exclus du champ d’application des FIA et ne relèvent pas de la
directive AIFM :
les fonds souverains qui sont des fonds d’État (Norvège, Koweït, Qatar, etc.) gérant
une épargne nationale (excédent budgétaire provenant du pétrole ou de matières
premières) affectée à des investissements sûrs avec des rendements à long terme ;
les sociétés holding détenant des participations dans une ou plusieurs autres so-
ciétés et dont le but principal est de produire une rémunération pour leurs investis-
seurs par la cession de filiales ou sociétés associées ;
les structures de Family Offices et holding patrimoniales qui assurent une gestion
de patrimoine au profit de leurs seuls membres ;
les sociétés agissant pour leur propre compte.
Principaux financeurs d’un projet 31
16. En France, en 2017, 16,5 milliards d’euros ont été levés au titre du private equity et 14,3 milliards d’euros d’in-
vestissements sous forme de fonds propres ont été réalisés dans 2 142 entreprises dont 81 % d’entreprises
françaises (source : France Invest – ex AFIC – Association française pour l’investissement et la croissance –
Activité des acteurs français du capital-investissement 2017) (voir l’annexe 4).
La croissance de fonds levés a été de 51 % en 2016 et de 13 % en 2017, mais présente d’importantes varia-
tions (fonds levés : 12 milliards d’euros en 2005 avant la crise des subprimes, 3,7 milliards d’euros en 2009).
17. En Europe, en 2017, 91,9 milliards d’euros ont été levés au titre du private equity et 71,7 milliards d’euros
d’investissements ont été réalisés. Les investissements ont progressé de 82 % depuis 2012 (39,7 milliards
d’euros en 2012) et de 36 % entre 2016 et 2017 (source : Invest Europe – « 2017 European Private Equity Acti-
vity » et « 2016 European Private Equity Activity ») (voir l’annexe 5).
L’ensemble Royaume-Uni + Irlande représente 51 % des fonds levés, mais seulement 26 % des investisse-
ments. À l’inverse, l’ensemble France + Benelux, qui ne lève que 25 % des fonds levés, réalise 27 % des
investissements et l’ensemble Allemagne + Suisse + Autriche, qui ne représente que 8 % des fonds levés en
Europe, réalise 20 % des investissements.
32 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
capital-développement ;
capital-transmission (dont LBO – Leverage Buy-Out) ;
capital-retournement.
L’étude de la situation française en 2017 permet d’apprécier l’ordre de grandeur des
tickets dont est susceptible de bénéficier un porteur de projet (voir l’annexe 4) :
dans le cas du capital-innovation/capital-risque (8,5 % de l’ensemble du capital-
investissement pour 847 entreprises bénéficiaires, soit 1 223 millions d’euros), près
de 60 % du montant des investissements réalisés portent sur des tickets inférieurs
à 5 millions d’euros versés à 94 % des entreprises bénéficiaires. Les tickets compris
entre 15 et 30 millions d’euros représentent près de 30 % du total pour 50 entre-
prises. Les tickets les plus élevés, supérieurs à 15 millions d’euros, représentent 11 %
du total mais concernent seulement 5 entreprises (avec un seul ticket supérieur à
30 millions d’euros). Le capital-innovation progresse en France et a concerné en
2017 40 % des entreprises financées par le capital-investissement. L’activité est sou-
tenue pour les tickets inférieurs à 5 millions d’euros ;
pour le capital-développement (22 % de l’ensemble du capital-investissement
pour 932 entreprises bénéficiaires, soit 3 152 millions d’euros), la situation est diffé-
rente. Près de 23 % du montant des investissements réalisés sont obtenus avec des
tickets compris entre 15 et 30 millions d’euros versés à seulement 4 % des entre-
prises bénéficiaires. En revanche, 114 entreprises, avec des tickets compris entre
5 et 15 millions d’euros, reçoivent près de 31 % du montant total, c’est-à-dire plus
que 773 entreprises avec des tickets compris entre 0 et 5 millions d’euros qui n’en
perçoivent que 28 %. Mais 9 entreprises bénéficient d’un ticket supérieur à 30 mil-
lions d’euros. La tendance est à la baisse des tickets supérieurs à 30 millions d’euros ;
le cas du capital-transmission (69 % de l’ensemble du capital-investissement pour
342 entreprises bénéficiaires, soit 9 882 millions d’euros) est particulier car il mobi-
lise des sommes plus importantes. 84 % du montant des investissements réalisés
impliquent des tickets supérieurs à 30 millions d’euros versés à près de 21 % des
entreprises bénéficiaires, dont des tickets supérieurs à 100 millions d’euros pour
22 entreprises ;
le capital-retournement (d’une plus faible importance, inférieur à 1,5 % pour
21 entreprises bénéficiaires, soit 19 millions d’euros) correspond à un apport de
fonds à une entreprise en difficultés financières.
Une comparaison pour 2017 entre les données françaises (association France Invest
– ex Afic) et les données européennes (association Invest Europe) montre que les
montants moyens investis en Europe sont du même ordre de grandeur :
34 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
Ces chiffres peuvent être rapprochés des résultats d’une étude récente18 sur le
capital-risque (pris au sens large du capital-innovation plus une partie du capital-
développement), en 2016, en France, qui considère que 574 opérations ont permis de
lever 2,206 milliards d’euros, ce qui correspond à un montant moyen de 3,8 millions
d’euros par opération. La répartition des montants moyens investis par type de levées de
fonds est la suivante : amorçage : 0,9 million d’euros, premier tour : 2,4 millions d’euros,
deuxième tour : 5,9 millions d’euros, troisième tour et plus : 14,1 millions d’euros.
Si les secteurs traditionnels des biens industriels et des biens de consommation
continuent de bénéficier d’un peu plus de la moitié des investissements, il convient
de remarquer que les secteurs de pointe comme le médical et les biotechnologies,
l’informatique et le numérique, les services et l’énergie, les technologies propres
commencent à occuper, en France comme en Europe, une place importante dans le
recours au private equity (plus de 30 % en 2017).
Les principaux souscripteurs des fonds levés sont, dans l’ordre : les compagnies d’assu-
rances, les fonds de fonds, les personnes physiques et Family Offices, les caisses de
retraite, les fonds souverains, les banques, le secteur public et les industriels. Les capitaux
levés proviennent à 45 % de l’épargne internationale.
18. Ernst & Young, « Baromètre EY du capital risque en France – Bilan annuel 2016 ».
Principaux financeurs d’un projet 35
Les entreprises nouvelles ou jeunes (du type start-up) sont particulièrement concernées
par le capital-investissement. En France, près de trois entreprises investies sur quatre
sont des start-up.
Mais, du point de vue d’un porteur de projet et surtout de celui du porteur de projet
de création d’entreprise, il ne faut pas oublier que les investisseurs, considérant
qu’ils interviennent dans des projets à risques, attendent de leur investissement des
rendements élevés. Une étude récente de France Invest montre que le taux de renta-
bilité interne (TRI net) sur 15 ans (début 2002 – fin 2016) pour l’ensemble du capital-
investissement français a été de 10,4 % (avec une performance nette de 14,7 % pour les
fonds clos).
La rentabilité la plus élevée est celle du capital-transmission (TRI net sur 15 ans : 14 à
15 %). En revanche, celle du capital-développement (TRI net sur 15 ans de 5 à 6 %)
et celle du capital-innovation (TRI net sur 15 ans de 1 à 1,5 %) sont beaucoup plus
faibles. Ceci explique pourquoi les fonds d’investissement sont rarement les premiers
investisseurs à intervenir au début d’un projet.
En matière de capital-investissement (private equity), tous les pays sont confrontés à une
suprématie écrasante des États-Unis. Cette suprématie américaine se retrouve dans les
enquêtes annuelles menées par la société Bain & Company auprès des grands fonds
d’investissement19.
Pour ce qui est du seul capital-risque/capital-innovation (venture capital), la France se
situe au deuxième rang en Europe, derrière l’Allemagne, mais devant le Royaume-Uni.
Bien que les comparaisons internationales pour le venture capital soient délicates du fait
de l’absence de définition internationale standardisée, une étude récente de l’OCDE20
montre la prédominance des États-Unis et donne une indication sur le poids relatif
d’autres pays, comme le Japon et la Corée, qui devancent la France. En revanche, cette
étude ne fournit aucune donnée sur la Chine dont le capital-risque se développe très
rapidement et qui occupe déjà la deuxième place au niveau mondial, derrière les États-
Unis, en se situant loin devant les pays européens et loin devant le Japon et la Corée.
19. Bain_and_Company, Global Private Equity Report (2015, 2016, 2017, 2018).
• En 2015, les vingt plus gros fonds d’investissement du monde ont levé à eux seuls 332,7 milliards de dol-
lars US (307,5 milliards de dollars US en 2013). En 2015, les dix fonds les plus puissants ont levé 227 mil-
liards de dollars US soit 12 % de plus qu’en 2013. Quant aux cinq leaders (Carlyle, TPG, Kohlberg Kravis
Roberts, Blackstone, Apollo Global Management, tous américains), chacun a levé au cours des cinq années
écoulées des montants allant de 32 à 22 milliards de dollars US. Les deux suivants, CVC Capital Partners
(Royaume Uni) et EnCap Investments (États-Unis), les suivent de peu avec 21 milliards de dollars US.
• Aux États-Unis, en 2015, les investissements en capital-risque ont atteint 77 milliards de dollars US pour
plus de 8 000 opérations. En six ans, depuis 2009, le nombre d’opérations a été multiplié par 1,8 et les
montants ont été pratiquement multipliés par trois.
20. OCDE, rapport Entrepreneurship at a glance (2017), donnant des estimations de venture capital pour un cer-
tain nombre de pays (voir l’annexe 6).
36 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
Les entreprises d’investissement sont des personnes morales, autres que les établis-
sements de crédit, qui ont pour profession habituelle et principale de fournir des services
d’investissement tels que : la réception et la transmission d’ordres, l’exécution d’ordres
pour le compte de tiers, la négociation pour compte propre, la gestion de portefeuille
pour le compte de tiers, le conseil en investissement, la prise ferme d’instruments
financiers et/ou le placement d’instruments financiers avec engagement ferme, le
placement garanti d’instruments financiers sans engagement ferme, le placement
non garanti… Ces entreprises possèdent un agrément de « prestataires de services
d’investissement » qui peut être également accordé à des banques ou établissements de
crédit souhaitant exercer leurs activités sur les marchés et développer leurs prestations
financières.
Les gestionnaires d’actifs (au sens de gestion d’actifs financiers, asset management),
appelés aussi gestionnaires de portefeuille, ont pris une place particulière au sein des
entreprises d’investissement du fait du développement des fonds d’investissement.
Ce sont eux qui gèrent les capitaux détenus en propre ou confiés par des investisseurs
tiers et qui investissent dans des actions boursières ou des produits obligataires ou
monétaires.
Le rôle des fonds d’investissement et des gestionnaires d’actifs peut être décisif pour le
financement des projets d’entreprises non cotées en Bourse. Souvent spécialisés dans un
domaine d’investissement, ils peuvent faire partie de banques, d’autres établissements
financiers ou de personnes individuelles. Certaines sociétés de capital-risque ou de
capital-développement ont le statut de sociétés financières et peuvent accorder des
prêts participatifs, des crédits à moyen terme.
En Europe, les gestionnaires d’actifs (asset management) se partagent en parts égales
entre la gestion de fonds d’investissement et la gestion sous mandat21.
Comparables aux fonds d’investissement par leur puissance financière, mais disposant
d’un statut juridique différent, avec des capitaux permanents et un actionnariat
stable (familial et institutionnel), les grandes compagnies financières/sociétés
21. En 2017, les actifs financiers gérés par les gestionnaires d’actifs étaient de 22 800 milliards de dollars US
(source : EFAMA – European Fund and Asset Management Association, Asset Management in Europe, 9th edi-
tion, 2016, Facts Sheet, novembre 2017).
La répartition des 22 800 milliards de dollars US d’actifs sous gestion était la suivante en 2016 :
• investment fund asset : 11 800 milliards de dollars US ;
• discretionary mandate : 11 000 milliards de dollars US.
Principaux financeurs d’un projet 37
22. Eurazzeo et Wendel sont des exemples de compagnies financières bien connues.
38 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
Au sein des modes de financement conventionnels utilisés depuis longtemps par les
porteurs de projets (paragraphe 3.1), certains d’entre eux ont évolué (paragraphe 3.2).
Mais d’autres modes de financement moins conventionnels se sont développés
(paragraphe 3.3). Ces nouvelles sources de financement peuvent être particulièrement
bien adaptées à certains types de projets. Mais elles interviennent le plus souvent en
complément des sources traditionnelles. De plus, le choix des modes de financement est
affecté pas des mesures fiscales et réglementaires (paragraphe 3.4).
Les capitaux propres, appelés aussi fonds propres, représentent l’argent apporté par les
actionnaires à la constitution de la société ou ultérieurement, ou laissés à la disposition
de la société en tant que bénéfices non distribués sous forme de dividendes23.
Les porteurs du projet, eux-mêmes, peuvent décider de lui allouer une partie de leurs
fonds propres (capital social, réserves, report à nouveau, résultat net, etc.). Ils attendent
du projet une rentabilité sur capitaux propres. Cette mise de fonds leur donne le pouvoir
de décider de ce qu’il va advenir du projet. Dans le cas où le projet fait l’objet de la
création d’une société filiale dans laquelle plusieurs sociétés mères investissent, un soin
particulier doit être apporté aux différents poids des partenaires dans la société et à la
répartition du pouvoir dans la filiale : répartition des rôles, instances de gouvernance,
minorité de blocage, etc.
23. Voir Pierre Vernimmen, Pascal Quiry, Yann Le Fur, Finance d’entreprise 2019, 17e édition, Éditions Dalloz, 2017.
Modes de financement d’un projet 43
Ces montages juridiques peuvent être complexes. L’apport de chacun des partenaires
doit être défini dans le temps en fonction du planning de réalisation du projet.
Les capitaux peuvent avoir une origine interne ou externe.
24. Voir Gérard Charreaux, Finance d’entreprise, 3e édition, Éditions EMS, 2014.
44 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
Quasi-fonds propres
Concernant les fonds propres, plusieurs instruments ont récemment été développés
ou renforcés afin de faciliter l’accès des entreprises aux capitaux. Parmi ces instruments
hybrides, dont plusieurs ont à la fois le caractère d’une action et celui d’une créance, on
peut citer :
les avances en compte courant des associés ;
les titres et dettes subordonnées (une dette est dite subordonnée lorsque son rem-
boursement dépend du remboursement initial des autres créanciers) ;
les prêts et titres participatifs, assimilables à des fonds propres et permettant le ren-
forcement de la structure financière d’une entreprise (de tels prêts présentent par
exemple de l’intérêt pour des PME engagées dans des projets innovants, en phase
d’amorçage, dans l’attente d’un apport en fonds propres de la part de partenaires
financiers) ;
25. En 2017, la distribution de dividendes en France a représenté 47,5 % des bénéfices des entreprises du
CAC 40 (45,1 milliards d’euros sous forme de dividendes, 55,7 milliards d’euros sous forme de dividendes et
de rachat d’actions pour un résultat net de 95 milliards d’euros). Ce qui globalement fait que le bilan de ce
mode de financement est déficitaire. En 2018, les dividendes distribués devraient se situer à 46,8 milliards
d’euros.
Au niveau mondial, les dividendes distribués en 2017 ont été estimés à 1 250 milliards de dollars US.
Modes de financement d’un projet 45
Emprunts obligataires
L’émission d’obligations, c’est-à-dire de titres négociables en Bourse représentatifs
d’un emprunt contracté à long terme par la société émettrice (société par actions de
plus de deux ans d’existence et ayant libéré son capital social), est un mode de finan-
cement essentiellement utilisé par les grandes entreprises et les entreprises de taille
intermédiaire29.
Ce mode de financement reste marginal pour les PME en raison du caractère dissuasif
du coût de mise en œuvre d’une émission obligataire, des montants minima d’émission
28. Entreprises de taille intermédiaire. Dans l’industrie française en 2012, les prêts et crédits bancaires de moyen
et long terme représentaient 96 % de l’endettement externe des PME (petites et moyennes entreprises)
et 77 % de celui des ETI (entreprises de taille intermédiaire) (source : rapport du CNI/Conseil national de
l’industrie, novembre 2014).
29. En France, en 2012, les emprunts obligataires représentaient 33 % de l’endettement des grandes entreprises,
13 % de celui des entreprises de taille intermédiaire et 3 % de celui des petites et moyennes entreprises
(source : rapport du CNI/Conseil national de l’industrie, novembre 2014).
Modes de financement d’un projet 47
attendus et des formalités de publicité, ainsi que des garanties à apporter au prêteur
quant à leur risque de défaut (niveau élevé des capitaux propres, réputation sur
les marchés, etc.). N’ayant pas les caractéristiques requises, elles sont souvent dans
l’impossibilité d’accéder au financement obligataire.
Les obligations sont émises par des entreprises ou par des États. Au cours des
dix dernières années, la dette des entreprises a fortement augmenté et se trouve
aujourd’hui pratiquement au même niveau que la dette publique pour l’ensemble
des pays. Ce développement du financement obligataire, en période de taux faible,
est source de risques (baisse de la qualité des emprunteurs, vulnérabilité de certains
secteurs emprunteurs, etc.).
Face aux nouvelles règles prudentielles que doivent respecter les établissements de
crédit et les investisseurs institutionnels, ainsi qu’au besoin de diversifier les sources
de financement des entreprises, le financement de la dette par le marché obligataire
devrait continuer à se développer car cette forme de crédit est attractive pour les
entreprises industrielles30. Cependant, l’évolution du marché obligataire dépend des
politiques de soutien à l’économie (par achat de titres sur les marchés) et de taux d’intérêt
des banques centrales. Ces politiques ont été favorables aux obligations pendant une
décennie, mais depuis 2018 la remontée des taux crée un nouveau contexte.
Depuis 2014, la Commission européenne préconise le développement des marchés
de titres de dette des sociétés pour suppléer les prêts bancaires. Le développement
des marchés obligataires est également au cœur de la récente initiative sur la création
de marchés de capitaux uniques dans la zone euro.
30. La part du financement obligataire dans l’endettement des entreprises industrielles françaises est passée
de 12 % en 2008 à 23 % en 2012 (source : rapport du CNI/Conseil national de l’industrie, novembre 2014).
48 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
3.2.1. Cofinancement
La tendance actuelle est au cofinancement des projets dans le cadre de partenariats
entre secteur public et secteur privé, entre banques et institutions financières, entre
grandes et petites entreprises, etc.
Modes de financement d’un projet 49
Exemples
Interventions en cofinancement de Bpifrance (50 % de prêts à moyen et long
terme et offre de crédit-bail mobilier et immobilier) au côté des banques pour
des projets d’investissement matériel et immobilier d’entreprises.
Projets associant des fonds européens (programme européen de recherche)
à des financements privés : un projet d’énergies renouvelables de 15 millions
d’euros sur une île grecque financé par un cofinancement de l’Europe (10 mil-
lions d’euros), des intérêts privés (4 millions d’euros) et un fournisseur de maté-
riel (1 million d’euros).
Appel à des fonds d’investissement en capital-innovation pour prendre le relais
d’une aide publique à la phase d’amorçage d’un projet innovant.
Interventions de l’AFD (Agence française de développement) financées à 50 %
par des acteurs non étatiques au moyen d’alliances avec le secteur privé et la
société civile.
Alliances de start-up avec de grands groupes qui leur permettent d’accéder non
seulement au financement de projets, mais aussi à un réseau, à la notoriété et à
de nouvelles compétences technologiques.
Projets collaboratifs bénéficiant de subventions de l’ADEME (Agence de l’envi-
ronnement et de la maîtrise de l’énergie) et associant une ou deux grandes en-
treprises, deux PME et un laboratoire public.
Partenariat entre le fonds pour l’environnement mondial et le secteur privé et
des ONG ou fondations (dont la Fondation Bill & Melinda Gates) pour financer
des projets environnementaux.
31. Le marché mondial des green bonds est passé de quelques centaines de millions de dollars US en 2007 à plus
de 40 milliards de dollars US en 2015 avec un taux de croissance annuel de 40 à 50 %. En 2015, la France était
le deuxième émetteur de ces obligations derrière les États-Unis. Mais la Chine est le pays où le plus grand
volume de green bonds a été émis depuis le début de l’année 2016.
32. En 2016, la société Mornings (fournisseur d’information sur les fonds) a analysé 20 000 fonds d’investisse-
ment (estampillés ou non ISR). À l’arrivée, seuls 10 % d’entre eux peuvent être considérés comme relevant
pleinement de l’investissement socialement responsable, 57,5 % comme se préoccupant modérément des
aspects ISR, et plus de 40 % ne les prenant pratiquement pas en compte. Au sein des fonds, deux catégories
peuvent être véritablement considérées comme des fonds ISR : les fonds éthiques qui investissent dans des
entreprises bien notées sur un plan social et environnemental, et les fonds de partage reversant une partie
de leurs bénéfices à l’association caritative à laquelle le fonds est dédié. Mais d’une manière générale la
préoccupation ISR est de plus en plus prise en compte par les gestionnaires de fonds car les performances
des fonds ISR ne sont ni meilleures ni inférieures à celles des fonds classiques (www.morningstar.fr/fr/news).
Modes de financement d’un projet 51
On peut aussi remarquer que des « fonds d’impact » privés, équivalents d’une
fondation, alimentés par des mécènes souhaitant concilier rentabilité et intérêt général,
commencent à intervenir dans les domaines du patrimoine et des projets culturels.
Ces dernières années, un nombre croissant d’entreprises a levé des capitaux auprès
du grand public permettant à des particuliers de contribuer au financement d’un
projet. À l’origine, les projets concernés étaient essentiellement des petits projets et en
particulier des projets artistiques et musicaux.
Pour des projets plus importants, ce type de financement concerne essentiellement les
phases d’amorçage et de démarrage du projet.
52 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
33. Le financement participatif est passé en France de 167 millions d’euros en 2015 à 234 millions d’euros en
2016 et 336 millions d’euros en 2017 (source : Financement participatif France, « Le baromètre du crowd-
funding en 2017 »).
Modes de financement d’un projet 53
le prêt (crowdlending) : cette formule est appréciée des entreprises. Le prêt peut
être rémunéré ou non rémunéré34 avec un plafond de prêt. Le prêt peut aussi être
proposé sous forme de minibons (instruments financiers disponibles depuis 2016,
se présentant sous la forme de titres amortissables et nominatifs, titres n’impliquant
pas de passer par une banque) et sous forme d’obligations (taux d’intérêt fixe, titre
négociable sur les marchés). Une entreprise peut lever au maximum via un prêt ou
un investissement participatif la somme d’un million d’euros ;
l’investissement participatif (equity crowdfunding ou crowdinvesting) : l’investisse-
ment participatif désigne un mode de financement relatif à une entreprise, réalisé
auprès du public, avec participation directe des investisseurs à sa sélection. La phi-
losophie première du crowdfunding est la désintermédiation entre le particulier
et le projet financé : il permet à chacun de savoir où va son argent. Appliquée au
crowdinvesting, cette approche considère l’investisseur comme décisionnaire sur le
34. En France, un décret de 2014 limitait le plafond de prêt rémunéré à 1 000 euros par prêteur et par projet
(porté en 2016 à 2 000 euros) et le plafond de prêt non rémunéré à 4 000 euros (porté à 5 000 euros en 2016)
par prêteur avec une durée maximale de 7 ans.
54 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
projet qu’il soutient35. Cette forme d’investissement qui donne droit à certains avan-
tages fiscaux est bien adaptée aux besoins des petites et moyennes entreprises.
Elle peut concerner soit un investissement en capital, soit un investissement en
royalties36. Au-delà du moyen de financer un investissement, le financement par-
ticipatif permet aussi aux entreprises de gagner en notoriété (communication).
Il présente pour l’entreprise l’avantage de disposer d’une ressource complétant un
financement bancaire (mais avec plus de transparence). Il permet aussi au prêteur
d’envisager un taux de retour attractif. Aujourd’hui, un nombre croissant d’entre-
prises lève des capitaux auprès du grand public au travers des plateformes Internet
de crowdfunding37.
En 2017, la répartition selon les différentes formes de crowdfunding était en France la
suivante : dons = 25 % (dons avec récompense : 20,5 %, dons sans récompense : 4,5 %),
prêts = 58 % (obligations : 34 %, prêts en minibons : 3,5 %, prêt rémunéré : 19,5 %, prêt
non rémunéré : 1 %), investissement participatif en capital = 17 %).
Le montant moyen de la collecte par projet est de 4 000 à 5 000 euros pour les dons, varie
de 130 000 euros pour les prêts rémunérés à 200 000 euros pour les prêts en minibons
et à 500 000 euros pour les prêts obligataires. Il est d’un peu plus de 400 000 euros pour
l’investissement en capital.
En France, en 2017, le crowdfunding a permis de financer 24 126 projets, en progression
de 13 % par rapport à 2016 (voir l’annexe 7).
Le crowdfunding qui s’est développé au départ dans les industries créatives (musique,
vidéo, jeux, bande dessinée, etc.) concerne aujourd’hui de nombreux domaines. Il s’est
fortement développé dans l’immobilier et la construction qui sont aujourd’hui le plus
gros secteur utilisateur avec plus de 30 % des montants (81 % des financements en
obligations sont adressés à la promotion immobilière). Certaines communes françaises
ont pu utiliser le crowdfunding pour la reconstruction de bâtiments communaux,
un financement privé compensant ainsi l’insuffisance du financement public38.
35. Voir Dominique Stucki, Financer une entreprise par le crowdfunding : les nouvelles règles de l’investissement
participatif, Éditions Eyrolles, 2017.
36. Investissement contre royalties : il s’agit d’un investissement en vue d’une contrepartie financière, il n’y a pas
de dilution du capital. Le porteur de projet verse chaque trimestre aux investisseurs un pourcentage de ses
revenus (chiffre d’affaires ou économies réalisées) pendant 3 à 5 ans.
37. Alors que le montant des fonds collectés par les plateformes de crowdfunding a plus que doublé entre 2014
et 2017, passant de 152 à 336 millions d’euros, ceux levés par les entreprises a triplé passant de 42 à 122 mil-
lions d’euros sous forme de prêts et d’investissement.
38. Voir Sophie Renault, « Quand un maire fait appel au financement participatif pour reconstruire une école ».
Décryptage et analyse, Annales des mines - Gérer et comprendre, n° 131, mars 2018 (numéro spécial sur le
crowdfunding).
Modes de financement d’un projet 55
Notons également que des centrales solaires financées et gérées par des habitants
commencent à voir le jour et que la préservation et la rénovation du patrimoine
commencent à s’intéresser à ce mode de financement.
Les formes de financement participatif (crowdfunding) et de leur utilisation dépendent à
la fois de la spécificité du porteur de projet et du type de projet (voir tableau 3.1).
À l’origine, il s’agit d’une jeune entreprise innovante, dans le secteur des nouvelles
technologies. Mais l’usage courant a élargi la notion à des entreprises parfois moins
jeunes, mais à fort potentiel de croissance. En l’absence de définition et de statistiques
officielles, il est difficile d’effectuer un recensement précis du nombre de start-
up. Plusieurs sources professionnelles estiment qu’en 2016 il y aurait eu en France
10 000 start-up constituées au cours des cinq dernières années, dont environ 3 000
en région parisienne. Au niveau mondial, des estimations retenaient en 2016 environ
140 000 start-up.
39. Voir Séverine le Loarne et Sylvie Blanco (ed.), Management de l’innovation, 2e édition, Pearson, 2012.
40. Voir Sophie Pommet (GREDEG-CNRS, université de Nice), Jean-François Sattin (PRISM université Paris I),
Le développement des start-up françaises : un problème de financement ?, ISTE OpenScience, 2016.
Modes de financement d’un projet 57
Jeunes entreprises
Pour l’OCDE, il s’agit des entreprises de moins de cinq ans employant au moins un salarié.
En France, le taux de survie à cinq ans des entreprises nouvellement créées est de 39 %
(il varie de 34 à 42 % dans les pays européens). Ce qui signifie que plus de la moitié des
start-up disparaissent avant cinq ans.
Ces chiffres illustrent le haut niveau de risque et la probabilité d’échec des jeunes
entreprises et permettent de comprendre pourquoi le secteur financier traditionnel est
souvent réticent à financer les jeunes entreprises innovantes. Pourtant, les défaillances
ne sont pas spécifiques à cette catégorie d’entreprises.
41. Le Gouvernement français a débloqué en 2018 des sommes importantes pour développer l’innovation
en matière d’intelligence artificielle (voir le « Rapport de synthèse France intelligence artificielle » de
Cédric Villani, 28 mars 2018).
42. OCDE, Indicateurs de démographie des entreprises, données SGBS, avril 2018 (voir l’annexe 8).
Synthèse des résultats dans le rapport “Entrepreneurship at a glance” (OCDE 2017).
43. Voir la Direction générale des entreprises (DGE)/ministère de l’Économie et des Finances, « L’entrepreneuriat,
Faits et Chiffres » (novembre 2017).
58 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
Pour l’OCDE, il s’agit des entreprises de moins de cinq ans employant au moins un salarié
et dont le taux de croissance est de 20 % ou plus soit en termes d’emploi, soit en termes
de chiffre d’affaires.
Pour l’OCDE, le nombre de jeunes entreprises françaises de moins de cinq ans ayant une
forte croissance de plus de 20 % par an en termes d’emploi était de 1 056 en 2015.
Licornes
Une licorne est une start-up ou une jeune entreprise valorisée à plus d’un milliard de
dollars US. En 2016, leur nombre était estimé à 150 au niveau mondial.
R&D et formulation
Maturation-incubation
44. Voir Véronique Bessière et Eric Stephany, Le financement de l’innovation - Nouvelles perspectives théoriques et
pratiques, Édition De Boeck, 2015.
Modes de financement d’un projet 59
Lorsque le projet est bien structuré, il peut faire l’objet d’une sélection et accéder à un
« accélérateur ». Il bénéficie alors de programmes limités dans le temps (généralement de
3 mois) destinés à un petit nombre de porteurs de projets. Ces programmes permettent
de bénéficier d’investissements de pré-amorçage, de contacts avec des experts et
des financeurs potentiels, de travaux en commun avec d’autres start-up, de journées
de démonstration, etc. Ces accélérateurs sont sélectifs mais permettent d’anticiper la
réponse à apporter aux problèmes susceptibles de se poser lors de contacts ultérieurs
avec les investisseurs. Ils peuvent être d’origine publique ou privée (en 2015, les grandes
entreprises françaises ont lancé huit accélérateurs de start-up).
En France, 40 % des start-up survivantes sont préalablement passées par des structures
d’accompagnement de types incubateurs ou accélérateurs qui constituent des
apporteurs efficaces de projets pour les investisseurs potentiels.
À l’issue de ces deux étapes, il y a création formelle d’une entreprise.
Amorçage
Développement
Maturité
L’expansion de l’entreprise et l’accès à de nouveaux marchés impliquent de nouveaux
investissements et des moyens financiers de plus en plus importants. Pour disposer du
financement dont elle a besoin, l’entreprise peut effectuer une introduction en Bourse,
accepter une prise de participation extérieure (fusion-acquisition) ou envisager une
revente.
La figure 3.3 (voir ci-contre) donne une synthèse des différentes étapes du développement
d’une entreprise innovante en lien avec les étapes du projet innovant qui la précède.
45. Voir Claudine Gay et Bérangère Szostak, Management de l’innovation, Éditions Dunod, 2017.
Modes de financement d’un projet 61
46. Voir Sandrine Fernez-Walch et François Romon, Management de l’innovation – De la stratégie au projet, 4e édi-
tion, Éditions Vuibert, 2017.
64 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
47. En 2017, les Business Angels français ont investi 48 millions d’euros avec 509 opérations (dont 340 pour le
premier tour de table). 26 % des investissements concernent la région parisienne, soit le double des régions
Auvergne-Rhône-Alpes et Bretagne (14 % chacune) (voir l’annexe 9).
Modes de financement d’un projet 65
Les tickets du crowdfunding sont plus faibles que ceux des Business Angels.
Les crowdfunders (crowdinvesting) sont donc plus nombreux à entrer au capital.
Les Business Angels se caractérisent par leur accompagnement alors que les crowdfunders
investissent à travers une plateforme et rencontrent rarement les entrepreneurs ;
les fonds d’amorçage : afin de combler le déficit en fonds propres dont souffrent
les jeunes entreprises innovantes, la création de fonds d’amorçage, publics ou pri-
vés, a été encouragée afin d’aider ces entreprises à financer les premières phases de
leur existence et les accompagner dans leur croissance. Dans le cas de la France, un
fonds national d’amorçage (FNA) a été créé qui ne finance pas directement les en-
treprises, mais souscrit à une trentaine de fonds d’amorçage (nationaux et interré-
gionaux) qui investissent dans des start-up en phases d’amorçage et de démarrage.
Ces fonds ont pour cible des entreprises matures sur le plan technologique et
semblant en mesure de commercialiser rapidement leur produit. Une étude récente
sur les retombées du FNA48 montre que 61 % des entreprises investies projettent
de commercialiser leur produit un an après l’investissement (83 % dans le secteur
des technologies de l’information et de la communication). Ces fonds d’amorçage
répondent au besoin de financement des start-up entre la conception du produit
et le stade où elles atteignent une maturité suffisante pour intéresser les fonds de
capital-risque.
Le premier vrai tour de table des financeurs est appelé « levée de fonds en seed »
(généralement précédé par le pre-seed qui associe subventions et love money).
Les acteurs clés sont toujours les fondateurs, leurs familles et amis, mais des Business
Angels et des fonds d’amorçage peuvent commencer à intervenir, avec parfois des
fonds d’investissement spécialisés en capital-amorçage. Les fonds levés lors de la
phase d’amorçage sont généralement compris entre 100 000 et 500 000 euros.
Une fois passées la phase d’amorçage et la levée de fonds en seed, le relais est assuré
par d’autres acteurs professionnels :
le capital-innovation (fonds de capital-risque) : il regroupe des investisseurs spé-
cifiques en fonds propres qui relèvent en fait de fonds d’investissement en capi-
tal-risque et qui interviennent en phase de démarrage et au début de la phase de
développement du projet. Leur action se caractérise par :
un caractère minoritaire de la participation dans le capital de la start-up,
un impératif de performance qui se traduit par la plus-value obtenue lors de la
sortie du capital,
une durée de financement limitée dans le temps (trois à cinq ans),
En phase de démarrage
En phase de développement
En phase de maturité
L’entreprise est mature et veut accélérer son expansion en multipliant sa présence sur de
nouveaux marchés et pratiquer une stratégie plus agressive vis-à-vis de ses concurrents
pour accroître ses parts de marché. Les fonds levés lui permettront d’accentuer son
développement à l’international. Les montants levés deviennent très élevés, de quelques
dizaines à plusieurs centaines de millions d’euros et l’entreprise peut être amenée à se
tourner vers des fonds spéculatifs.
Prêts d’honneur
Ces prêts à taux zéro sans caution ni garantie sont accordés à des porteurs de projets
en tant que personnes physiques. Ces prêts peuvent être accordés par des réseaux
d’accompagnement et gérés par des associations, des collectivités territoriales ou des
institutions publiques comme la Caisse des dépôts. Les montants varient de 2 000 à
50 000 euros49.
49. Voir Romain Girac, Pierre Prejean et Elsa Simon, « Le financement des entreprises », Ordre des experts-
comptables, mars 2017.
68 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
Minicrédits et microcrédits
Dans le cadre de projets de développement, il peut être fait appel à des minicrédits que
l’emprunteur rembourse sur le profit réalisé grâce au projet qu’il réalise. Par exemple,
dans le cadre de l’aide au développement, l’organisme prête à des paysans l’argent leur
permettant d’acquérir quelques têtes de bétail qu’ils prennent soin d’élever. À la vente
de ce bétail, les paysans remboursent l’emprunt contracté.
Conçu dans les années 1970 pour les pays en développement, le microcrédit était destiné
à une population pauvre exclue ou peu susceptible d’accéder à des prêts classiques.
Mais aujourd’hui, le concept concerne aussi les pays développés.
En France, le microcrédit professionnel développé dans les années 1980 est un crédit d’un
montant généralement inférieur à 25 000 euros accordé par un établissement de crédit
ou une association, consenti à titre onéreux, à destination de créateurs d’entreprises ou
d’entreprises exclues des circuits bancaires classiques. Ce microcrédit est réservé aux
entreprises de moins de cinq ans, employant moins de dix personnes, avec un chiffre
d’affaires ou un total de bilan inférieur à 2 millions d’euros50.
Le microcrédit constitue l’un des volets de la microfinance qui est une offre globale
de financement offert aux exclus du système bancaire (avec la microépargne, la
microassurance, la formation et le conseil, etc.).
Crédits islamiques
La finance islamique d’aujourd’hui a su adapter les principes musulmans aux instruments
financiers modernes. Ainsi, sur les marchés financiers, tous les modes de financements
sont proposés sur la base des principes de l’Islam. Néanmoins, il est important d’en
connaître les principes avant toute négociation.
Les obligations conformes à la loi coranique (sukuk) sont adossées à des actifs tangibles
souvent immobiliers. Leurs possesseurs détiennent une part des actifs sous-jacents et se
partagent les revenus générés par les actifs. Ils encourent également les risques associés.
Le système entend remplacer celui des intérêts proscrits par l’Islam.
Ce système conçu pour soutenir l’économie réelle se développe actuellement en Afrique
subsaharienne pour répondre aux besoins en matière de logement, santé, énergie, en
matière d’infrastructures ou d’industrialisation. Les États africains émettent de plus en
plus d’obligations souveraines conformes à la charia. En 2016, la Côte d’Ivoire, le Sénégal
et le Togo ont procédé à des émissions d’obligations. En janvier 2017, l’Africa Finance
50. Voir Romain Girac, Pierre Prejean et Elsa Simon, « Le financement des entreprises », Ordre des experts-
comptables, mars 2017.
Modes de financement d’un projet 69
51. Voir François-Xavier Carayon, « L’Afrique, eldorado de la finance islamique », Le Monde, 11 février 2017.
70 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
Règles d’amortissement
Le résultat net après impôt est calculé à partir du résultat imposable (résultat d’exploi-
tation moins les amortissements et les intérêts des emprunts). L’entreprise paie moins
d’impôts sur les sociétés lorsque la dotation aux amortissements est plus élevée (avec
un amortissement dégressif par exemple). Une moindre imposition donnant un résultat
net plus important permet, selon la structure financière de l’entreprise et la stratégie du
management, de favoriser soit l’autofinancement, soit la rémunération des actionnaires.
Crédits d’impôt
Les crédits d’impôt permettent de favoriser certaines catégories d’’investissement.
Dans le cas de la France mentionnons simplement trois des crédits d’impôt ayant ciblé
les entreprises au cours de la période récente :
Modes de financement d’un projet 71
le CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) destiné à favoriser les dé-
penses d’investissement, de recherche, d’innovation, de formation, de recrutement,
de prospection de nouveaux marchés, de transition écologique ou énergétique et
de reconstitution de leur fonds de roulement ;
le CIR (Crédit d’impôt recherche), mesure de soutien aux activités de recherche et
développement (y compris sous certaines conditions les dépenses de recherche
fondamentale et de développement expérimental). Il cible les entreprises de moins
de 250 salariés, réalisant un chiffre d’affaires inférieur à 50 millions d’euros et dont
le bilan est inférieur à 43 millions d’euros, qui engagent des dépenses d’innovation
portant sur des activités de conception, de prototypes, d’installations pilotes, ou de
nouveaux produits. Le projet relève du CIR s’il fait progresser l’état de l’art, c’est-à-
dire les connaissances scientifiques et techniques ;
le CII (Crédit impôt innovation), mesure fiscale réservée aux PME qui engagent des
dépenses portant sur la conception et/ou la réalisation d’installations pilotes d’un
nouveau produit. Le projet relève du CII s’il permet de concevoir ou réaliser un pro-
totype ou une installation pilote.
Introduction en Bourse
Des changements sont à l’étude pour des sociétés souhaitant s’introduire en Bourse
avec des levées de fonds inférieures à 8 millions d’euros (documentation simplifiée,
allègement de la procédure de retrait obligatoire de la cote, abaissement du seuil de
détention du capital, etc.).
sans intérêts, le plafond de prêt qui était de 4 000 euros est passé en 2016 à 5 000 euros
par prêteur et par projet. Au niveau du crowdinvesting, le seuil minimum pour les levées
de fonds qui était de 1 million d’euros est passé en 2016 à 2,5 millions d’euros. Et des voix
s’élèvent pour que ce seuil passe maintenant à 5 millions d’euros.
Le développement des minibons utilisés par le crowdlending est un exemple de
l’adaptation de la réglementation. Cette nouvelle catégorie de bons de caisse (les
bons de caisse sont des titres émis par une entreprise en échange d’un crédit qui lui
est accordé) a été spécialement créée en avril 2016 et peut être émise par des sociétés
par actions (SA, SAS) et des sociétés à responsabilité limitée (SARL) existant depuis au
moins trois ans. Ces minibons, qui représentent actuellement 25 % des prêts accordés
par les plateformes de crowdfunding (contre 60 % pour les obligations), ont montré
leur efficacité en dépit de leurs limites (souscription ne pouvant pas dépasser une
échéance de cinq ans, taux d’intérêt fixe, seuil d’émission par une même entreprise
émettrice plafonné à 2,5 millions d’euros sur douze mois, obligation de souscrire sur
des plateformes de crowdfunding ayant le statut de CIP [conseiller en investissement
participatif ] ou de PSI [prestataire de services d’investissement]).
Actions et obligations
Les dividendes perçus par les détenteurs de fonds investis en actions, comme les coupons
des porteurs de fonds communs de placement ou de Sicav investis partiellement ou
totalement en obligations sont maintenant soumis au régime général du prélèvement
forfaitaire unique de 30 %. Mais de leur côté le PEA (Plan d’épargne en actions) et le PEA-
PME conservent leur exemption fiscale (exonération totale des revenus et plus-values
après cinq ans de détention).
Business Angels
Jusqu’en 2017, les Business Angels bénéficiaient d’un régime fiscal proche de celui des
investisseurs classiques : réduction d’impôt sur le revenu et réduction d’ISF (sous réserve
que l’entreprise soit reconnue comme PME, à condition de conserver ses titres durant
une durée minimale de cinq ans). Avec la création du compte PME-Innovation en 2017,
destiné à inciter les entrepreneurs à réinvestir dans une entreprise après avoir vendu
la précédente, il est devenu possible pour les Business Angels d’effectuer un report de
l’impôt sur la plus-value éventuellement tirée de la cession des titres ou des parts de leur
société en cas de réinvestissement de ce gain.
Lorsqu’un investisseur décidait de financer une entreprise en entrant à son capital, il
pouvait jusqu’à présent soit choisir une réduction d’impôt sur le revenu à hauteur
de 18 % de son investissement (dans la limite de 50 000 euros pour un contribuable
seul), soit choisir de bénéficier d’une réduction d’impôt de solidarité sur la fortune (ISF)
correspondant à 50 % des sommes investies (dans la limite de 45 000 euros, sous réserve
que l’entreprise soit reconnue comme PME, et qu’il se soit engagé à conserver les titres
pendant au moins cinq ans).
À l’heure actuelle, les demandes des Business Angels portent, tant pour les investissements
dans les jeunes PME que pour les investissements dans les start-up, TPE de moins de
deux ans et de moins de 250 000 euros de chiffre d’affaires :
Modes de financement d’un projet 75
sur un taux de réduction de 30 % ou 50 % de l’impôt sur le revenu et sur le fait de
porter le plafond à 100 000 euros par an et par part ;
sur les OAR (Obligations remboursables en actions) et les OCA (Obligations conver-
tibles en actions), afin qu’elles soient incluses dans les investissements éligibles au
PEA et au PEA-PME pour les entreprises non cotées (au même titre que les entre-
prises cotées) ainsi que sur les actions préférentielles ;
sur le strict maintien du régime actuel de déductibilité des investissements dans les
PME tant pour les plafonds que pour les taux de réduction ainsi que la possibilité
de déduire les pertes du revenu imposable, dans le cadre de la transformation de
l’impôt de solidarité sur la fortune en impôt sur la fortune immobilière.
Pour France Angels, la fédération qui les représente, l’objectif d’un renforcement des
défiscalisations sur les plus-values sur investissement dans les entreprises éligibles est
double : d’une part, permettre aux entrepreneurs de réinvestir tout ou partie du produit
de cession de leur entreprise et, d’autre part, permettre aux investisseurs d’accompagner
les entreprises dans la durée et sans fiscalité confiscatoire.
52. Voir Marie Ekeland, Augustin Landier et Jean Tirole, « Renforcer le capital-risque français », notes du Conseil
d’analyse économique, CAE, n° 33, juillet 2016.
76 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
créer des incitations fiscales pour que les chefs d’entreprise réinvestissent leur gain
dans d’autres start-up moyennant une exonération d’imposition sur les plus-va-
lues de cession. Une fiscalité trop élevée sur les plus-values de cession, lorsqu’elles
constituent la principale rémunération des détenteurs de capital de start-up réali-
sable lors de la vente des parts qu’ils détiennent dans l’entreprise à laquelle s’ajoute
une fiscalité élevée sur les revenus, peut inciter certains d’entre eux à l’expatriation
fiscale. Clarifier la fiscalité relative aux investisseurs étrangers, particuliers ou insti-
tutionnels, qui souscrivent aux fonds de capital-risque français et simplifier l’accès
à ces fonds ;
améliorer la lisibilité pour les étrangers de la fiscalité des fonds de capital-risque
français à destination des institutionnels. En effet, les investisseurs étrangers sont
habitués à des structures totalement transparentes et s’interrogent sur le traitement
fiscal de leurs investissements. Nécessité pour l’administration française d’émettre
des instructions claires sur le régime d’imposition des résidents fiscaux étrangers
investissant dans des fonds de capital-risque français (FPCI, SLP, etc.) ;
orienter l’épargne de l’assurance vie vers le capital-risque ;
réduire l’intervention publique dans le financement du capital-innovation (présence
de Bpifrance dans la moitié des acteurs français du capital-innovation). En dépit de
son effet d’entraînement sur l’investissement privé, cette intervention est suscep-
tible de décourager des investisseurs étrangers. Nécessité de viser à l’émergence
d’une industrie de capital-risque autonome et non d’encourager un substitut per-
manent par les pouvoirs publics. D’autres économistes estiment, a contrario, que
cette intervention publique est un atout concurrentiel pour la France.
Un certain nombre de mesures fiscales et réglementaires prises récemment en France
vont dans le sens des recommandations du CAE en faveur des entreprises et des
détenteurs de capital aux dépens d’une certaine justice sociale vis-à-vis de l’impôt.
Modes de financement d’un projet 77
La qualité d’un bon montage financier repose sur un certain nombre de facteurs de succès
(paragraphe 4.1). Cela implique l’élaboration d’un plan de financement compatible avec
la structure financière et la stratégie de l’organisme (paragraphe 4.2). Il doit tenir compte
de la logique des financeurs (paragraphe 4.3) et chercher à minimiser les risques par des
couvertures et des garanties appropriées (paragraphe 4.4).
confronter les besoins de financement du projet aux ressources financières qui lui sont
spécifiquement affectées.
Lorsque le financement est spécifique au projet, le plan de financement est validé
lorsque le tableau de financement est équilibré, les ressources financières couvrant
l’intégralité des besoins du projet.
Lorsque le projet est le fait d’un organisme, son financement relève du plan de
financement de l’organisme. Le tableau de financement du projet est alors intégré au
tableau de financement de l’organisme et c’est à ce niveau que s’apprécie la cohérence
financière du projet compte tenu de la stratégie financière de cet organisme.
Ce plan de financement qui détermine comment les ressources financières nécessaires
à la bonne réalisation du projet sont mises à disposition, s’accompagne d’un plan de
rémunération de ce financement. Plan de financement et indication sur la manière dont
sera rémunéré ce financement sont bien sûr des éléments clés de la négociation avec les
financeurs potentiels.
Le plan de financement permet d’anticiper l’impact d’un projet sur la situation de
trésorerie d’un organisme au cours de la vie du projet (voir tableau 4.3).
Par ailleurs, le plan de financement d’un projet favorise la négociation avec les financeurs
potentiels.
Tableau 4.3. - Exemple de plan de financement
À noter
Il convient de bien distinguer plan de financement (manière de financer le projet que l’on
envisage) et business plan (simulation de l’activité et des avantages qu’elle procure engendrés
par le projet que l’on envisage). Ces deux documents distincts ont bien sûr des liens : il est
nécessaire pour obtenir des financements de montrer aux financeurs potentiels l’intérêt du
projet et donc de leur présenter le business plan. Par ailleurs, la nature des financements peut
avoir une influence sur la simulation financière de l’activité engendrée par le projet.
Le plan de financement du projet doit être l’une des conséquences des réflexions menées
lors de l’élaboration du business plan et constituer l’un des livrables de la phase de définition
préliminaire qui est la dernière phase de l’avant-projet. Une coordination insuffisante ou
trop tardive entre business plan et plan de financement peut être préjudiciable au projet.
Le plan de financement nécessite une anticipation du déroulement du projet.
en sont fortement affectés (ces calculs de rentabilité sont détaillés dans le livre n° 4 –
Maîtrise d’un projet et dans le livre n° 5 – Cycle de vie et typologies des projets).
Dans le cas de financements spécifiques au projet, le coût du financement (rémunération
du capital engagé, remboursement des emprunts, etc.) est un élément de cette
simulation.
Dans le cas où le financement n’est pas spécifique, le calcul de rentabilité peut se faire
indépendamment du financement pour classer les projets entre eux. Cependant, les
projets doivent permettre de satisfaire au coût moyen du capital de l’organisme.
On comprend bien qu’un organisme ayant du mal à se financer, et donc pour qui le coût
moyen du capital est élevé, se doit d’être plus sélectif dans les projets à entreprendre.
susceptible d’apporter une valeur ajoutée plus élevée et de réduire les charges en
capital (les garanties de la BEI confèrent aux obligations qu’elles couvrent une pon-
dération pour risques égale à zéro) ;
auprès d’autres sociétés : des maisons mères peuvent garantir les financements de
leurs filiales qui, sans cette garantie, n’auraient pas accès à ces financements.
Qualités d’un bon montage financier 87
2. La mise en place d’un bon plan de financement est une étape indispensable
à la bonne marche d’un projet. Ce plan de financement du projet reflète les
choix du commanditaire concernant le montage financier du projet. Il repose
sur le tableau de financement prévisionnel du projet recensant les besoins de
financement et les ressources disponibles. Dans le cas d’un financement sur
projet (project fixing), l’analyse peut se faire de manière autonome car il y a
financement sur mesure pour un projet spécifique. Cette situation ne concerne
pas celle de la majorité des projets. Dans la plupart des cas, le financement
du projet ayant un impact sur l’équilibre financier d’une entreprise ou d’un
organisme doit être analysé dans le cadre du plan de financement et du
tableau de financement de cet organisme. En effet, il convient de rappeler que,
dans ce cas, la rentabilité d’un projet s’apprécie par référence au coût moyen
pondéré du capital de l’organisme, coût unique calculé à partir des coûts de
l’ensemble de ses ressources.
4. Pour les petites et très petites entreprises, l’absence ou la faiblesse des garanties
(du type hypothèques) est souvent un frein à l’obtention d’un financement
bancaire pour leurs projets. D’où la mise en place par les pouvoirs publics de
procédures leur permettant, pour des projets répondant à l’intérêt général,
de se prévaloir auprès des établissements de crédit de la garantie de l’État
ou d’institutions publiques. Ces dispositifs sont complémentaires des actions
visant à favoriser l’accès indirect de ces entreprises aux marchés des capitaux à
moyen et long termes.
5. Le bon financement est donc celui qui est adapté à la nature du projet et
au contexte du moment. Sa flexibilité lui permettra de prendre en compte
les évolutions internes (évolutions du projet), ou externes (évolutions de
l’environnement) qui ne manquent pas d’intervenir durant la vie du projet.
5
Des montages financiers sophistiqués ont été développés pour le financement des
grands projets. Dans la mesure où ces projets à risques font généralement intervenir
plusieurs partenaires, la plus grande importance est accordée à la couverture des risques
et au montage juridique. Comme beaucoup de ces grands projets associent les pouvoirs
publics et des partenaires privés, des formules juridiques originales ont été également
développées pour organiser leurs rapports.
Le partenariat public-privé* (PPP) constitue l’un de ces contrats de partenariat, assez
souvent utilisé pour des projets contribuant au service public (paragraphe 5.1).
Nous présentons ensuite le financement sur projet* (paragraphe 5.2) et la technique
du financement structuré* qui lui est liée (paragraphe 5.3).
PARTENARIAT PUBLIC-PRIVÉ
« Contrat de partenariat permettant à une collectivité publique de confier à une entreprise
la mission globale de financer, de concevoir tout ou partie, de construire, de maintenir,
de gérer des ouvrages ou des équipements publics et services concourant aux missions de
service public de l’Administration, dans le cadre de longue durée et contre paiement effectué
par la personne publique et étalé dans le temps. » (AFITEP, Dictionnaire de management de
projet, AFNOR Éditions, 2010, p. 190).
Le schéma de la figure 5.1 (voir page suivante) illustre cette définition : une « Société Projet »
est créée avec son actionnaire. Elle contractualise avec une collectivité publique un accord
qui définit les rôles et responsabilités de chacun, trouve des financements, fait construire
voire exploite, maintient et gère l’équipement public pour lequel elle a été créée.
90 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
Les organismes publics, pour répondre aux besoins des populations en infrastructures
et en équipements, ont de plus en plus recours à des sociétés privées pour construire,
exploiter et financer ces besoins. Ce type de contrat PPP comporte, d’une part, des
exigences demandées à l’entreprise privée pour satisfaire le bien public et, d’autre part,
des garanties sous diverses formes afin de lui assurer une rentabilité à son investissement.
Pendant longtemps, il n’existait en droit français que deux formes de contrats pouvant
lier les pouvoirs publics à des entreprises privées : les marchés publics (simple relation
client-fournisseur) et la délégation de service public (délégation à des sociétés privées
du soin de remplir des services relevant de la puissance publique). Dans le premier cas,
les risques de l’entreprise contractante sont limités. Dans le second cas, l’entreprise
supporte tout ou partie des risques liés à l’utilisation du service par les usagers.
La délégation de service public peut prendre plusieurs formes :
la régie : le délégataire exploite pour le compte de la puissance publique et est
intéressé aux résultats ;
l’affermage : le délégataire exploite pour son propre compte et verse à la puissance
publique une redevance ;
la concession : le délégataire investit, construit et exploite sur une période définie.
Partenariat public-privé, financement sur projet et financement structuré 91
Ces différentes formes de délégations ayant montré leurs limites en matière de finan-
cement et de maîtrise d’ouvrages publics ou privés et ne répondant plus à l’attente des
usagers concernant les services publics, il devint nécessaire de rechercher de nouvelles
solutions.
S’inspirant du succès des expériences tentées dans d’autres pays, de nouveaux dispositifs
sont testés en France à partir de 2002, avant que la loi ne définisse en 2004 puis en 2008,
avec le contrat de partenariat PPP, les conditions dans lesquelles une autorité publique
peut faire appel à des prestataires privés pour financer et gérer un équipement assurant
ou contribuant au service public. L’objectif est de pouvoir associer dans un même
contrat le financement, la conception, la construction, l’exploitation et la maintenance
d’un ouvrage.
Pour des raisons de recherche de performance, la puissance publique peut faire appel
à travers des contrats de ce type à des organismes privés et concéder une part de sa
responsabilité.
Ce type de financement qui permettait de s’affranchir des contraintes budgétaires euro-
péennes sur le déficit budgétaire a eu ses heures de succès, notamment entre 2007
et 2012.
En 2018, c’est moins le cas53 car :
les règles budgétaires européennes ont changé et maintenant les PPP sont pris en
compte dans les déficits budgétaires ;
les États peuvent emprunter à des taux nettement inférieurs à ceux des investis-
seurs privés ; ce qui renchérit considérablement les coûts de ces projets ;
le contrôle du projet échappe à la puissance publique en ce qui concerne les modi-
fications ou les différents choix de conception ;
on s’est rendu compte qu’à terme les bénéfices des investissements financés par
PPP revenaient essentiellement aux investisseurs privés (le cas des concessions
d’autoroutes).
Aujourd’hui, les PPP présentent un intérêt surtout lorsque l’investisseur privé apporte
une réelle plus-value dans la réalisation et l’exploitation de l’équipement public.
Divers schémas peuvent se présenter selon le degré de concession (voir figure 5.2, page
suivante) :
le schéma traditionnel : il n’est fait appel aux sociétés privées que pour la construc-
tion. Exploitation et financement restent publics ;
53. Article « Les partenariats public-privé n’ont plus la cote », Le Monde, 13 mars 2018.
92 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
Dans une acception large, le financement sur projet (project finance) peut être défini
comme la mise en place d’un financement sur mesure, adapté à un projet spécifique et
à ses caractéristiques propres54.
54. Voir Ivan Bénichou et David Corchia, Le financement de projets – Project finance, Éditions Eska, 1996.
55. Voir Michel Lyonnet du Moutier, Financement sur projet et partenariats public-privé, Éditions EMS, 2002.
Partenariat public-privé, financement sur projet et financement structuré 95
pérennes. La puissance publique peut bien sûr financer directement ou par em-
prunt ces investissements. Mais devant le manque de ressources (autant en termes
de capacités financières que de capacités d’exploiter les installations) elle peut aussi
concéder à un opérateur privé en partenariat public-privé, suivant différents mon-
tages (voir paragraphe 5.1), le droit de réaliser une infrastructure, de la financer,
d’exploiter le service public et de rembourser les financements par les recettes de
cette exploitation avant de rendre cette infrastructure à la collectivité. Une société
concessionnaire ou société de projet est créée. Les ressources de l’exploitation de
l’ouvrage doivent non seulement couvrir les dépenses d’exploitation, mais aussi
le remboursement des financements qui ont été nécessaires. Un tel montage ne
peut fonctionner que si l’opérateur privé a une certaine garantie de la puissance
publique sur les ressources de la société concessionnaire.
On voit bien que dans un tel montage la coopération entre partenaires est essentielle et
que la grande difficulté est de mettre d’accord divers partenaires dont les intérêts sont
différents dans un contexte souvent multinational.
Du fait que le flux de trésorerie du projet est à la base même du project finance, les
principaux partenaires du projet surveillent avec la plus grande attention la capacité
du projet à générer un cash flow suffisamment élevé pour couvrir le service de la dette.
En effet, le financement du projet est assuré par des prêteurs dont le remboursement
dépend en totalité (financement sans recours) ou partiellement (financement avec
recours limité) de ce cash flow.
D’où l’importance accordée aux études préalables, aux études préliminaires et aux
études de faisabilité qui, en project finance, ont pour objectif central la maîtrise des
risques inhérents au projet, de sorte à assurer sa viabilité et sa rentabilité56. Ces études
de faisabilité impliquent une analyse économique, financière et technique couplée
avec une analyse juridique, environnementale et sociale circonstanciée du projet. Mais
comme l’une des étapes majeures de la mise en œuvre du project finance consiste dans
le traitement des risques, il est nécessaire de les identifier et de les analyser de manière
systématique, à l’aide d’une analyse de risques et d’élaborer une stratégie de gestion
des risques.
Par ailleurs, le montage juridique et financier du projet doit être préparé avec soin, car
il est complexe et repose sur une association de compétences faisant intervenir une
multitude de parties ou d’entités, d’instruments juridiques, économiques et financiers
dont l’assemblage doit permettre de réaliser et d’exploiter un projet de manière
satisfaisante pour tous ses intervenants57. Ceci tient aux spécificités du project finance :
décision d’accorder un crédit prise exclusivement en considération des performances
futures du projet, financement sans recours ou en recours limité contre les sponsors
du projet (la renonciation à recours doit être organisée juridiquement), difficulté
d’appréciation de la bancabilité du projet (un projet est dit bancable si sa structure est
acceptable comme base du financement du projet) qui repose sur une appréciation
subjective des risques par les financeurs et qui est fonction de l’organisation juridique
de l’opération… D’où l’importance du contrat dans le financement sur projet car c’est
lui qui reflètera l’allocation des risques entre les financeurs et les autres intervenants58.
56. Voir Nimrod Roger Tafotie Youmsi, Introduction au project finance, Larcier Business, Bruxelles 2015.
57. Ibidem.
58. Voir Virginie Haubert-McGetrick et Guillaume Ansaloni, Financement de projet : enjeux juridiques et bancabilité
d’une opération, RB Édition, 2011.
Partenariat public-privé, financement sur projet et financement structuré 97
pétroliers ou miniers, d’autre part, dans les pays industrialisés tant pour de nouveaux
types de projets (projets d’unités de cogénération, projets industriels, projets hôteliers et
parcs de loisir, projets de télécommunication, etc.) que pour des projets d’intérêt général
encouragés par les pouvoirs publics (projets autoroutiers et projets d’aménagement,
etc.).
La fréquente association du financement sur projet avec un partenariat public-privé
contribue à une convergence entre les modes de financement des projets publics et
des projets privés. Mais la mise en œuvre de ces techniques n’est pas sans risque et à
la suite des difficultés rencontrées pour certains projets, l’État comme les collectivités
territoriales font aujourd’hui preuve d’une certaine prudence avant de faire appel à de
telles solutions de financement.
Il convient de retenir la relation pouvant exister entre le financement sur projet et les
montages juridiques utilisés par le partenariat public-privé.
Des similitudes existent entre les deux techniques du financement sur projet et du
partenariat public-privé lorsqu’il s’agit de financer un bien avec des fonds privés, en
particulier au niveau des contrats. En revanche, le financement sur projet se distingue
du partenariat public-privé par le fait que « le financement sur projet » concerne
prioritairement la relation entre les établissements financiers, les sponsors et la société
de projet alors que le partenariat public-privé traite principalement des liens entre la
société de projet et la personne publique. De plus, il existe des financements sur projets
uniquement privés et réciproquement des partenariats public-privé qui ne font pas
intervenir d’établissements financiers59.
Cette relation peut être illustrée par l’exemple d’un montage BOT (Built, Operate, Transfer)
souvent appliqué aux projets d’infrastructures (très utilisé pour les projets d’autoroutes),
comme le précise Michel Lyonnet du Moutier60.
Dans ce cas particulier, l’autorité publique prend la décision d’investissement. Puis, elle
entreprend une démarche d’appel d’offres pour attribuer la concession. Elle négocie
ensuite le contrat de concession. Le groupe de promoteurs retenus pour monter
l’opération forme alors une société concessionnaire. Celle-ci signe le contrat de
59. Voir Anne-Marie Toledo et Paul Lignières, Le financement de projet, Éditions Joly, 2002.
60. Voir Michel Lyonnet du Moutier, Financement sur projet et partenariats public-privé, Édition EMS, 2002.
Partenariat public-privé, financement sur projet et financement structuré 99
61. Voir Charles-Henri Larreur, Financements structurés : innovations et révolutions financières, Éditions Ellipses, 2014.
62. Banque de France, Les prêts de la Banque européenne d’investissement (BEI).
100 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
les prêts et garanties subordonnés d’un rang supérieur à celui des prêts subordon-
nés des actionnaires (une dette est dite subordonnée lorsque son remboursement
dépend du remboursement initial des autres créanciers) ;
le financement « mezzanine », y compris des instruments d’emprunt à rendement
élevé pour le compte de PME en forte croissance ou en cours de restructuration
(le terme de dette « mezzanine » désigne la dette la plus risquée ; le financement
« mezzanine » est un type de financement qui combine les caractéristiques d’un
prêt et celles du financement par actions ; il se présente comme un mélange de
dettes et de capital et doit être remboursé après la dette senior. De ce fait, il affiche
une rémunération élevée). Pour un projet, la dette senior sera remboursée par des
flux de trésorerie certains, la dette « mezzanine » par des flux de trésorerie pro-
bables et la dette junior par des flux de trésorerie incertains ;
les produits dérivés liés au projet (exemple : titres négociables résultant de la titri-
sation d’actifs peu liquides du type créances, vendus à une société intermédiaire et
permettant d’accéder à une quote-part de son capital).
Partenariat public-privé, financement sur projet et financement structuré 101
Pour compléter cet aspect financement, il est utile de connaître les principes de finan-
cement du commerce international qui interviennent forcément lors de la réalisation
de projets industriels internationaux. Il n’est pas question ici d’approfondir le sujet, mais
seulement de donner quelques indications.
Le développement des activités export dans le cadre de projets internationaux comporte
des risques spécifiques (risques juridiques et politiques liés au caractère international
de l’activité, risque de change pour l’exportateur lorsque les opérations sont effectuées
en devises, etc.) et nécessite la mise en place d’outils particuliers (financement de la
prospection, mobilisation de créances nées à l’étranger, financement de l’export en
devises étrangères, etc.).
Ce chapitre a pour objectifs de rappeler succinctement les instruments disponibles pour
le financement à l’export (paragraphe 6.1) et de donner un aperçu des aides françaises
en faveur d’un projet à l’exportation (paragraphe 6.2).
Pour vendre, il peut être nécessaire d’apporter à ses clients le financement qui leur
donne les ressources nécessaires pour acheter. Ce crédit acheteur fourni par les
organismes financiers peut être garanti par des assurances (agréées par les États, Coface
en France, Ducroire en Belgique) contre des risques de défaillance (risque politique,
risque commercial) pendant l’exécution du contrat (risque de fabrication) ou pendant la
période de remboursement (risque de crédit).
La mise en place d’un crédit documentaire* permet de s’assurer du bon paiement des
prestations lors de la remise des documents. La figure 6.1 (voir ci-contre) nous donne le
schéma de fonctionnement d’un crédit documentaire.
CRÉDIT DOCUMENTAIRE
« Engagement de paiement généralement irrévocable souscrit par le banquier d’un Acheteur*
de marchandises ou autres prestations commerciales de payer le Vendeur* si celui-ci lui
présente pendant la période de validité de cet engagement les documents conformes à
ceux spécifiés dans le crédit documentaire et qui sont censés attester de la bonne exécution
par le vendeur de ses obligations. » (AFITEP, Dictionnaire de management de projet, AFNOR
Éditions, 2010, p. 66).
Les banques peuvent mettre en place des cautionnements qui assurent chacun des
partenaires de la bonne exécution de leurs engagements.
Les principaux cautionnements disponibles sont :
la garantie de soumission (bid bond) ;
la garantie de restitution d’acomptes (advance guarantee) ;
la garantie de bonne fin ou d’exécution de contrat (performance bond) ;
la garantie de retenue de garantie (retention money) ou garantie de maintenance
(maintenance bond) ;
la garantie de paiement (labour ou material payment bond).
Dans cette partie sont traitées les étapes clés situées après l’acceptation du projet et
jusqu’au début de sa mise en œuvre. Il s’agit des phases de définition et de planification
précédant la phase de réalisation du projet (à ne pas confondre avec les opérations de
démarrage qui consistent à préparer la mise en exploitation de l’ouvrage, produit du
projet).
Pourquoi la préparation de la réalisation d’un projet est-elle si importante et comment
s’y prendre pour bien la réussir ?
C’est l’objet de cette partie 2 qui traite de ce qu’il convient de faire pour s’assurer du
bon démarrage d’un projet. Elle vient compléter une autre démarche cruciale dans les
phases initiales d’un projet, celle de son financement décrite en partie 1.
Après avoir énoncé les grandes lignes permettant de s’assurer du bon démarrage de la
réalisation du projet (chapitre 7) sont détaillées :
la constitution des dossiers de référence du projet (chapitre 8) ;
la mise en place de l’organisation du projet (chapitre 9) ;
la structuration du projet (chapitre 10) ;
la mise en place des outils de maîtrise du projet (chapitre 11) ;
la rédaction des documents de référence et l’organisation de la réunion de lance-
ment du projet (chapitre 12).
Nombre de notions développées dans cette partie 2 sont reprises, sous l’angle cycle de
vie, dans le livre n° 5 – Cycle de vie et typologies des projets.
7
Les cinq groupes de processus de management d’un projet (voir figure 7.1, page
suivante) sont :
les processus de lancement utilisés pour démarrer une phase de projet ou un pro-
jet, pour définir les objectifs de la phase de projet ou du projet ainsi que pour dési-
gner le responsable de projet qui sera autorisé à mener les travaux du projet ;
les processus de planification utilisés pour détailler la planification. Il convient que
cette planification soit suffisamment détaillée pour établir les références de base
permettant de gérer la mise en œuvre du projet et pouvoir mesurer et maîtriser les
performances du projet ;
les processus de mise en œuvre utilisés pour mener les activités de management
du projet, de manière à être en soutien pour la production des livrables du projet
conformes aux plans du projet ;
les processus de maîtrise63 utilisés pour surveiller, mesurer et maîtriser les per-
formances du projet par rapport au plan du projet. Par conséquent, des actions
préventives et correctives peuvent être menées et des demandes de modification
peuvent être faites lorsqu’elles sont nécessaires, pour garantir la réalisation des
objectifs du projet ;
les processus de clôture utilisés pour établir formellement la fin d’une phase du
projet ou du projet et pour tirer les retours d’expérience à prendre en compte et à
appliquer, le cas échéant.
Le démarrage d’un projet concerne les processus de lancement et les processus de
planification du projet (voir dans la figure 7.1 les deux pavés dans le rectangle encadré
en pointillé).
63. La maîtrise de la conception et la maîtrise de la réalisation d’un projet sont traitées dans le livre n° 4 – Maîtrise
d’un projet.
112 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
CHARTE DE PROJET
« Document émis par l’initiateur ou le commanditaire du projet, qui en autorise formellement
l’existence et donne autorité au responsable de projet pour affecter des ressources de
l’organisation aux activités de ce projet. » (AFITEP, Dictionnaire de management de projet,
AFNOR Éditions, 2010, p. 41).
LETTRE DE MISSION
« Document officialisant le lancement du projet et la désignation de son responsable
auprès des principaux acteurs-projets. » (AFITEP, Dictionnaire de management de projet,
AFNOR Éditions, 2010, p. 145).
114 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
Cette lettre a pour objet de définir les conditions dans lesquelles le responsable de
projet va exercer son rôle et ses missions.
Elle officialise le lancement du projet et la désignation du responsable de projet auprès
des principales parties prenantes* du projet.
Elle doit préciser clairement les missions du responsable de projet (en incluant
notamment l’étendue de ses pouvoirs et le périmètre de ses responsabilités) et les
objectifs à atteindre (en exprimant clairement et quantifiant, si possible, les résultats
attendus).
Ce document a pour objectifs de :
définir la prise en charge du projet ;
positionner les objectifs assignés au responsable de projet et les performances
attendues du projet ;
indiquer la durée de vie du projet et les moyens mis à disposition (budget, commu-
nication, investissement, etc.) ;
préciser les missions du responsable de projet ;
contractualiser la relation entre le responsable de projet et le management de l’or-
ganisme ;
impliquer les différentes parties prenantes concernées par le projet ;
fixer le calendrier des rencontres avec le management de l’organisme et formaliser
la structuration du projet.
Á noter
Elle résulte forcément d’un dialogue avec le futur responsable de projet, qui doit « accepter »
sa mission, voire y mettre des conditions, notamment en ce qui concerne la mise à dispo-
sition des ressources. Le responsable de projet devient alors entièrement responsable de la
réussite du projet.
Elle doit être formalisée au plus tôt, diffusée largement et modifiée au cours du projet si
des changements s’imposent.
du projet. Elle permet de planifier d’un coup l’ensemble du projet. C’est seulement
en fin de projet que l’on vérifie que celui-ci a bien répondu aux attentes formulées
dès le départ ;
l’approche Agile (paragraphe 7.2.2) qui fait s’interpénétrer les phases de défini-
tion et les phases de réalisation. Le produit du projet est livré par lots successifs.
Chaque lot constitue un sous-projet pour lequel on définit les attentes, on planifie,
on réalise et on vérifie la bonne concordance de la réalisation avec les attentes.
On n’entreprend de réaliser le lot suivant que lorsque le lot précédent répond par-
faitement aux attentes exprimées. Elle est largement développée dans de nom-
breuses publications récentes.
Bien entendu, la manière de conduire un projet peut être une combinaison de ces deux
approches. En fait, le choix entre l’une ou l’autre de ces approches dépend étroitement
de la nature du projet, de ses objectifs, de son environnement et de son contexte :
dans les projets industriels d’importance, lorsque les enjeux financiers mis en
œuvre sont considérables, une approche prédictive peut être utilisée car c’est la
précision de la planification dès le début du projet qui importe (notamment sur le
plan financier). On va très loin dans la définition du projet avant de se lancer dans sa
réalisation. Cette approche permet notamment d’optimiser la réalisation en termes
de coûts et délais. En revanche, elle n’offre que peu de souplesse dans l’évolution de
la définition du projet (voir paragraphe 7.2.1) ;
en revanche, lorsque l’appropriation des utilisateurs est primordiale et qu’ils ont du
mal à exprimer leurs besoins, une approche Agile peut être utilisée (comme celles
décrites dans les méthodes Scrum, Safe, Kanban, DevOps…). Elle offre de la sou-
plesse dans la définition du projet et permet de mieux répondre aux évolutions des
besoins. Cette approche est particulièrement utilisée dans les projets informatiques
(voir paragraphe 7.2.2), même si elle commence à être appliquée sur d’autres types
de projet.
À noter
Le Agile Practice Guide64 publié en 2017 par le PMI (Project Management Institute) distingue
quant à lui quatre approches pour conduire un projet (voir tableau 7.1, page suivante) :
– une approche prédictive : on planifie dès le démarrage de la réalisation l’ensemble du
projet ;
64. Créé en partenariat entre le PMI et l’Agile Alliance®, ce guide fournit des outils, des directives de situation
et une compréhension des différentes approches Agiles disponibles pour permettre de meilleurs résultats.
Il est particulièrement utile, aux responsables de projet habitués à un environnement plus traditionnel, pour
s’adapter à une approche plus Agile.
116 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
Exigences
Approche Activités Livrables Objectif
du projet
Prédictive Déterminés Réalisation de la Livraison du Maîtrise du projet.
et connus. totalité du projet produit du projet
tel que planifié. en une seule fois.
Itérative Évolutifs. Reprise de la Livraison du Réponse aux
réalisation du produit du projet attentes.
projet jusqu’à en une seule fois.
ce que celui-ci
réponde aux
besoins.
Incrémentale Évolutifs. Réalisation du Livraison du Rapidité.
projet par lots. produit du projet
en plusieurs lots.
Agile Évolutifs. Réalisation du Livraison du Recherche de
projet par lots et produit du projet valeur pour le
reprise de cette en petits lots. client via des
réalisation jusqu’à livraisons et des
ce que chaque lot retours fréquents.
soit correct.
L’approche itérative est une variante de l’approche prédictive. Elle consiste à planifier
et à réaliser le projet en un seul lot. Mais elle insiste sur les réponses aux attentes et aux
besoins en prenant soin, au fur et à mesure de l’avancement, de tester la réponse aux
attentes (par exemple, par des prototypes permettant d’enrichir la définition du projet).
L’approche incrémentale est une approche où la livraison se fait par lots, ce qui offre
de la souplesse à la réalisation. Mais l’intérêt est moindre que dans l’approche Agile
puisque l’on ne s’assure pas de la satisfaction des besoins lot par lot.
Bien démarrer la réalisation d’un projet 117
Plutôt que suivre une démarche séquencée entre élaboration du cahier des charges,
réalisation des développements, réception et tests de l’ensemble des fonctionnalités
associées au produit, il est préférable de travailler de manière collaborative sur des
sous-ensembles du produit facilement appréhendables par tous, et sous-ensemble par
sous-ensemble, de définir, de construire et de tester conjointement chacun d’entre eux
(voir figure 7.2, ci-contre). L’approche Agile permet de réduire considérablement l’effet
tunnel de la phase de réalisation en donnant davantage de visibilité, en impliquant les
utilisateurs depuis le début jusqu’à la fin du projet et en adoptant un processus itératif.
L’ensemble des fonctionnalités attendues du produit et des exigences fonctionnelles,
ainsi que tous les éléments nécessitant l’intervention de l’équipe-projet, sont centralisés
dans un document appelé product backlog65 (qui n’est pas un cahier des charges).
Ils sont classés par priorité (par valeur ajoutée ou par ROI – Return Of Investment)
indiquant l’ordre de réalisation. Ce document évolue tout au long du projet et sert à en
planifier les réalisations.
Une fois le product backlog établi et ordonnancé, chaque sous-ensemble est planifié
dans une période de temps appelée itération ou sprint. Chaque itération inclut des
travaux de conception détaillée, de spécification, de développement et de test. La durée
des itérations est fixée en accord avec le client. Elle doit être courte (de 2 à 4 semaines)
et la même pour l’ensemble des itérations afin de maintenir un rythme régulier et de
favoriser l’amélioration continue.
L’ordre dans lequel les travaux sont réalisés est donc déterminé principalement par la
valeur ajoutée des fonctionnalités du produit.
On voit bien que ce travail nécessite, d’une part, une coordination d’ensemble pour
s’assurer que tous les sous-ensembles font bien partie du puzzle général et restent bien
en cohérence avec celui-ci et, d’autre part, un entraînement particulier des équipes à ce
travail collaboratif.
Le découpage en itérations, avec pour chacune d’elles la définition des livrables, tout en
gardant la cohérence de l’ensemble avec les objectifs du projet global, est bien sûr une
tâche essentielle pour bien démarrer la réalisation du projet.
À titre d’illustration, le tableau 7.2 (voir page 120) donne les quatre valeurs et les
douze principes (formalisés dans Le Manifeste Agile66) sur lesquels repose l’approche Agile.
V1 L’interaction avec les personnes plutôt que les processus et les outils.
V2 Un produit opérationnel plutôt qu’une documentation pléthorique.
Valeurs
V3 La collaboration avec le client plutôt que la négociation de contrat.
V4 La réactivité face au changement plutôt que le suivi d’un plan.
P01 Notre priorité absolue est de satisfaire le client en livrant tôt et régulièrement
des logiciels utiles.
P02 Le changement est accepté, même tardivement dans le développement.
Les processus Agile exploitent le changement comme un avantage compétitif
pour le client.
P03 Livrer fréquemment une application fonctionnelle, toutes les deux semaines à
deux mois, avec une tendance pour la période la plus courte.
P04 Les gens du métier et les développeurs doivent collaborer quotidiennement au
projet.
P05 Bâtissez le projet autour de personnes motivées. Donnez-leur l’environnement
et le soutien dont elles ont besoin et croyez en leur capacité de faire le travail.
P06 La méthode la plus efficace de transmettre l’information est une convocation en
face-à-face.
Principes
P07 Un logiciel fonctionnel est la meilleure unité de mesure de la progression du
projet.
P08 Les processus Agile promeuvent un rythme de développement soutenable.
Sponsors, développeurs et utilisateurs devraient pouvoir maintenir le rythme
indéfiniment.
P09 Une attention continue à l’excellence technique et à la qualité de la conception
améliore l’agilité.
P10 La simplicité – l’art de maximiser la quantité de travail à ne pas faire – est
essentielle.
P11 Les meilleures architectures, spécifications et conceptions sont issues d’équipes
qui s’auto-organisent.
P12 À intervalle régulier, l’équipe réfléchit aux moyens de devenir plus efficace, puis
accorde et ajuste son comportement dans ce sens.
Bien démarrer la réalisation d’un projet 121
La planification initiale doit bien sûr périodiquement être revue et ceci au minimum à
chaque date de passage de jalon.
Au cours de ce travail de planification, pour assurer un bon démarrage du projet, il
convient de veiller particulièrement à :
disposer du financement adéquat (voir partie 1) ;
s’assurer d’avoir une définition de base claire et partagée (voir chapitre 8) :
cerner qui est le client et ce qu’il veut,
bien comprendre et analyser le(s) objectif(s) du projet,
évaluer la faisabilité du projet (la pertinence de la demande, le réalisme des
résultats attendus, la cohérence du projet dans le contexte de l’organisme, etc.),
définir l’objet, les exigences, les limites, le niveau de priorité et le cadre de réa-
lisation du projet ;
mobiliser les ressources nécessaires à la réalisation du projet (voir chapitre 9) :
bien attribuer les rôles et surtout les responsabilités correspondantes,
124 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
s’assurer que les acteurs de la conduite du projet sont désignés et leurs mis-
sions délimitées,
faire attribuer les moyens humains, matériels et financiers nécessaires à la
conduite du projet,
cerner les parties du projet pour lesquelles on envisage un appel à un presta-
taire externe,
mettre en place une politique d’approvisionnements adaptée au projet,
associer l’ensemble des parties prenantes à la réussite du projet ;
bien définir la structuration du projet (voir chapitre 10) ;
mettre en place les différents outils qui permettent de maîtriser la réalisation du
projet (voir chapitre 11) :
expliciter le budget initial,
formaliser le planning de référence,
définir et mettre en place le management des risques (menaces et opportuni-
tés) du projet,
expliciter les hypothèses de départ et les différentes contraintes à prendre en
compte,
cerner l’environnement et le contexte du projet,
identifier et mettre en place les critères de réussite et les indicateurs de pilo-
tage qui permettront d’en assurer le suivi ;
formaliser l’ensemble des documents de référence du projet (voir chapitre 12) :
référentiel du projet,
plan de management de projet ;
lancer toute l’équipe-projet « sur de bons rails » (dynamisée et focalisée sur la réus-
site du projet) et réaliser la réunion de lancement du projet (voir chapitre 12).
L’implication du client et de l’ensemble des parties prenantes lors du démarrage du
projet permet d’obtenir un engagement commun, une acceptation des livrables à
fournir et accroît généralement les chances de succès du projet.
Bien préparer la réalisation du projet donne le ton pour l’ensemble du projet et posi-
tionne souvent l’équipe-projet sur sa réussite.
Cette démarche est bien sûr itérative et doit être un souci permanent de l’équipe-projet
tout au long du déroulement en fonction des évolutions du projet qui ne manqueront
pas de se présenter.
Bien démarrer la réalisation d’un projet 125
L’expression des besoins doit donc être claire, concise et synthétique et formalisée dans
un document appelé « Dossier d’Expression de BesoinS » (DEBS) (on parle également de
« cahier des charges du projet »).
67. Ce document peut être rédigé par différents acteurs internes ou externes à l’organisme (la MOA [Maîtrise d’ou-
vrage], le responsable de projet, le Business Analyst, un représentant marketing, un prestataire externe, etc.).
130 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
Il importe de l’actualiser tout au long du déroulement du projet pour vérifier que les
hypothèses qui ont servi à l’élaborer demeurent pertinentes. Si ce n’était pas le cas, il
faudrait savoir en tirer les conséquences pour le projet : arrêt du projet, modification de
la définition du projet…
Le cycle de vie de ce document de référence est explicité dans le livre n° 5 – Cycle de vie
d’un projet et typologies des projets.
68. Un bénéfice est l’aboutissement du produit ou du service fournissant de la valeur tant à l’organisme qu’au
client final.
134 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
La démarche concernant la mise en place du plan de gestion des bénéfices consiste à :
identifier les bénéfices ciblés ;
s’aligner avec la stratégie de l’organisme ;
évaluer le délai de réalisation des bénéfices ;
réaliser la collecte des mesures référencées ;
désigner la personne en charge de la gestion des bénéfices (souvent, c’est le res-
ponsable de projet).
Il est souvent demandé, en phase de clôture de projet ou après projet, au responsable
de projet de montrer que les bénéfices ciblés du projet ont été atteints. La revue des
bénéfices après projet peut servir pour le retour d’expérience.
EXIGENCE
« Besoin (ou attente) formulé, habituellement implicite, ou imposé (NF EN ISO 9000). »
(AFITEP, Dictionnaire de management de projet, AFNOR Éditions, 2010, p. 112).
L’exigence peut être une fonction, une aptitude, une caractéristique ou une limitation à
laquelle doit satisfaire un produit, un service ou un processus.
Les exigences69 d’un produit, service ou livrable guident toutes les étapes du processus
de développement depuis le cahier des charges jusqu’à l’acceptation des livrables
correspondants. Elles formalisent les besoins et contraintes ainsi que les engagements
des parties prenantes.
Elles doivent être recueillies, analysées et enregistrées d’une manière suffisamment
détaillée pour être insérées dans le référentiel du projet. Elles constituent la base de la
structure de décomposition du projet. Elles permettent d’établir et de maintenir une
référence unique qui s’affine et se complète au cours du cycle de vie du projet.
69. Pour le modèle de maturité du CMMI niveau 2, la gestion des exigences est obligatoire.
Dossiers de référence d’un projet 135
70. Les lettres « o » dans MoSCoW ne servent qu’à mémoriser cette technique.
136 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
Le tableau 8.1 donne un tel exemple de matrice de traçabilité avec les attributs de
chaque exigence (référence unique, responsable, description…) et le type d’exigence
auquel elle appartient.
Tableau 8.1. - Matrice de traçabilité des exigences
Statut Commentaires
Description Justification Responsable Livrables Réalisation Test
Matrice de traçabilité des exigences
demande
de la
ID projet
Nom projet
ID unique
Dossiers de référence d’un projet 137
NOTE DE CLARIFICATION
« Document succinct synthétisant les données d’entrée d’un projet. » (AFITEP, Dictionnaire
de management de projet, AFNOR Éditions, 2010, p. 181).
FICHE PROJET
« Document de référence ayant pour but d’informer l’ensemble des parties prenantes du
projet sur les orientations générales et sur les objectifs assignés au projet, en termes de
performances techniques, de coûts, de délais, de risques, etc. » (AFITEP, Dictionnaire de
management de projet, AFNOR Éditions, 2010, p. 117 et 197).
71. À ne pas confondre avec le « dossier de définition du projet » (voir paragraphe 8.5).
138 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
DOSSIER DE DÉFINITION
« Ensemble structuré des documents constituant la réponse du concepteur d’un produit
aux exigences techniques du client et dans lesquelles il exprime toutes les caractéristiques
vérifiables du produit (y compris les critères d’acceptation) et indique les procédés imposés
pour le réaliser. Ce dossier permet d’identifier le produit, de préparer son dossier de
fabrication et de contrôle et sa documentation d’utilisation. » (AFITEP, Dictionnaire de
management de projet, AFNOR Éditions, 2010, p. 85).
Ainsi, l’organisme ne peut décider de lancer un projet que si les données le concernant
sont suffisamment précises, et donc que l’ensemble des documents constituant le
dossier de base sont établis.
Un dossier de définition est le fruit des études de base* (menées à l’issue des études
d’avant-projet) du type de celles détaillées ci-après à titre d’exemples pour deux types
d’études exigées dans la plupart des grands projets industriels : l’ingénierie de base
(BED – Basic Engineering Design) et les pré-études de détail (FEED – Front End Engineering
Design).
ÉTUDE DE BASE
« Approfondissement de la solution d’ensemble retenue (à l’issue de l’étude d’avant-
projet), avec les estimations des dépenses, les modalités générales et les délais d’exécution
permettant d’arrêter les caractéristiques générales du projet, et un budget d’investissement
pour sa réalisation. » (AFITEP, Dictionnaire de management de projet, AFNOR Éditions, 2010,
p. 103).
Et, d’une façon générale, mener à bien toutes les études de base constituant le
dossier procédé ou Basic Engineering Design Package (BEDP) et permettant à une
société d’ingénierie d’entreprendre les études de détail pour réalisation.
Ces études de base peuvent consister à consolider des dossiers de sociétés exté-
rieures, lorsque des procédés sous licence sont mis en œuvre.
Dossiers de référence d’un projet 141
Et, d’une façon générale, mener à bien toutes les études de détail autorisant la
passation des commandes du matériel principal.
142 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
L’organisation d’un projet, au sein de l’organisme, doit se faire dès la phase de démarrage
du projet si l’on veut être en mesure de garantir qu’elle soit mise en œuvre dans des
conditions optimales.
Sont décrits ci-après les prérequis indispensables à la mise en place de l’organisation
d’un projet :
la mise en place des instances de gouvernance du projet (paragraphe 9.1) pour
assurer le pilotage du projet durant toute sa réalisation ;
la rédaction d’une note d’organisation du projet (paragraphe 9.2) pour formaliser
le cadre de travail et les règles de fonctionnement du projet ;
une réflexion sur l’externalisation possible ou nécessaire de parties du projet
afin d’en optimiser la réalisation (paragraphe 9.3) ;
la définition de la politique de gestion des approvisionnements72 qui permet de
préciser la politique d’achat à mettre en place pour s’assurer que les approvision-
nements répondent aux besoins du projet dans des délais maîtrisés, à des coûts
optimisés tout en prenant des risques mesurés (paragraphe 9.4) ;
la prise en compte des parties prenantes (paragraphe 9.5) pour s’assurer que cha-
cune d’elles contribue à la réussite du projet ;
la finalisation de la contractualisation avec le client du projet pour s’assurer que
les relations contractuelles sont claires et partagées (paragraphe 9.6).
On peut aussi se référer au livre n° 2 - Organisation et gouvernance d’un projet, programme
et portefeuille qui détaille l’organisation et la gouvernance d’un projet.
72. Très souvent, le terme « Approvisionnement » recouvre les activités d’achats (purchasing), de relances (expe-
diting), d’inspections (inspection), d’emballage (packaging) et d’expéditions (shipments).
144 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
COMITÉ DE PILOTAGE
« Instance décisionnelle de suivi et d’arbitrage d’un projet, composée de décideurs issus des
parties prenantes, dont la responsabilité est définie par, ou en accord avec le commanditaire. »
(AFITEP, Dictionnaire de management de projet, AFNOR Éditions, 2010, p. 46).
le comité de projet (ou coproj) : c’est l’instance où les divers acteurs du projet
rendent compte de l’avancement de leurs tâches auprès du responsable du projet
et se coordonnent (suivi du planning, des charges, des risques, etc.) ;
le comité « utilisateurs » (ou comité métier) : c’est l’instance qui réunit les utilisa-
teurs du produit du projet afin qu’ils adhèrent au projet et qu’ils se l’approprient le
mieux possible.
À noter
Il peut y avoir d’autres comités (exemple : un comité de contrat, pour les contrats les plus
importants du projet réunissant les acteurs du contrat).
Il convient donc, dès le début du projet, de définir les diverses instances de gouvernance
à mettre en place (composition, présidence, fréquence des réunions, etc.) et de préciser
leurs rôles et leurs prérogatives. La clarté sur ce sujet est indispensable à un bon
démarrage de la réalisation du projet.
Mise en place de l’organisation d’un projet 145
À noter
Annexées à cette note d’organisation, on retrouve les fiches de description de poste pour
l’ensemble des personnes affectées au projet ainsi que les délégations formelles de pouvoir
qui peuvent être accordées à certaines d’entre elles.
À noter
Cette note d’organisation est bien sûr évolutive tout au long du projet, en fonction de
l’évolution de l’équipe-projet.
73. Le reporting du projet concerne l’ensemble des activités qui concourent à rendre compte, à intervalles régu-
liers, du déroulement du projet (délais, avancement, coûts, risques, etc.) aux différentes parties prenantes.
146 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
Cette note d’organisation, à usage interne à l’organisme, peut être structurée selon
l’exemple ci-après.
(ou des compétences internes moins performantes) dans certains domaines, mais
aussi l’intérêt financier d’avoir recours à des ressources externes d’un coût inférieur aux
ressources internes.
Cette externalisation peut se faire de différentes façons suivant la part de responsabilité
que prend la société externe dans le projet : en partenariat si elle prend à sa charge une
part de responsabilité ou en sous-traitance lorsque cette responsabilité est moindre (voir
dans le livre n° 2 – Organisation et gouvernance d’un projet, programme et portefeuille, le
paragraphe 1.4).
Mais cette externalisation ne peut pas se faire sans quelques précautions :
il convient de garder la maîtrise entière du projet ;
le partage des rôles et des responsabilités doit être clair ;
une coordination entre les partenaires doit être mise en place pour permettre de
résoudre les éventuelles difficultés ;
la compétence des prestataires externes doit répondre aux besoins et apporter une
réelle valeur ajoutée au projet ;
une intégration correcte des prestataires externes est nécessaire de façon à ce que
les relations avec l’équipe-projet se déroulent de manière satisfaisante ;
une compréhension et une intégration des cultures de chacun, voire la création
d’une culture propre au projet transcendant les cultures de chacun sont à dévelop-
per (voir dans le livre n° 2 – Organisation et gouvernance d’un projet, programme et
portefeuille, le chapitre 5) ;
une réflexion sur les outils à utiliser est indispensable : les siens, ceux des parte-
naires ou les deux. Il faut savoir que le management du projet ou programme sera
facilité par une intégration des outils et procédures, mais pour ce faire il faudra faire
accepter les outils et les méthodes communes par les équipes opérationnelles et
former ces équipes à leur utilisation ;
le caractère confidentiel des informations traitées est à préserver ;
les savoir-faire acquis lors de la réalisation des projets doivent pouvoir être capitali-
sés au sein de l’organisme : le risque de perte des connaissances dans un domaine
d’activité doit être pris en compte.
Fort de ces précautions, le responsable de projet peut décider en début de projet de sa
stratégie de réalisation et de l’apport que peut fournir un partenaire externe.
148 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
compléter et de les formaliser dans le plan de management de projet. C’est aussi une façon
de s’assurer de la cohérence entre les coûts, les plannings, le plan d’approvisionnements
et l’organisation en place pour effectuer ces approvisionnements et réaliser les contrôles
nécessaires (relances et inspections).
Approvisionnements critiques
Une attention particulière doit être portée aux approvisionnements « critiques ».
Plusieurs raisons peuvent rendre un approvisionnement critique :
son délai : dans les grands projets industriels, le délai de certains approvisionne-
ments est critique et il convient de passer commande dès le début de la mise en
œuvre du projet pour optimiser le délai de réalisation du projet. Il convient donc de
préparer ces commandes dans les phases antérieures ;
sa qualité : sur ces approvisionnements, les procédures de sélection des fournis-
seurs (parfois il n’existe qu’un nombre très limité de fournisseurs capables de four-
nir la prestation demandée) et de contrôle qualité des prestations fournies sont
particulières et doivent retenir toute l’attention du responsable de projet (l’appro-
visionnement de la cuve du réacteur nucléaire de l’EPR de Flamanville en est un
exemple criant).
L’identification de ces approvisionnements « critiques » et la mise en place de procédures
particulières les concernant font partie de la mise en place de la politique de gestion des
approvisionnements du projet.
150 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
manière plus avantageuse pour tous, tout en répondant aux besoins. A contrario, la
maîtrise de la qualité des prestations exige d’avoir le contrôle de la spécification des
prestations.
L’analyse des approvisionnements à effectuer doit permettre de déterminer, par
catégories d’approvisionnements, le degré de définition qui sera imposé aux fournisseurs
et le degré de liberté qui leur est laissé de façon à optimiser le projet tout en maîtrisant
les risques.
Autres regroupements
Le regroupement des approvisionnements peut être d’autres natures.
Il est nécessaire de déterminer les approvisionnements dont le paiement se fait en
devises pour, d’une part, estimer par devise le coût du projet (voir paragraphe 11.1.5) et,
d’autre part, mettre en place une couverture de change qui mettra le projet à l’abri des
variations monétaires.
Dans les projets internationaux, il est nécessaire de déterminer quelle sera la part
des approvisionnements qui vont se faire localement et celle pour laquelle on devra
lancer des appels d’offres internationaux. Car ces choix influencent, de façon notable,
le coût du projet et l’organisation de l’équipe de projet (équipe locale et contrôle des
approvisionnements).
bonne technicité et ayant des possibilités restreintes de répondre aux à-coups de charge,
il faudra compenser par un système de contrôle plus exigeant permettant de prévenir au
plus tôt des éventuelles défaillances de ces fournisseurs.
À noter
Dans le cas des marchés publics, le Code des marchés publics s’impose strictement
et limite les possibilités du responsable de projet en matière de politique d’achat. Les
recommandations de ce paragraphe sont, dans ce cas, à relativiser.
Les règles à respecter en termes de procédures d’achat sont généralement définies dans
le référentiel de management de projet propre à chaque organisme (voir dans le livre n° 2
– Organisation et gouvernance d’un projet, programme et portefeuille, le paragraphe 2.2.3).
Elles définissent :
Qui fait quoi dans le processus d’approvisionnement ?
Comment sont choisis les fournisseurs (processus de sélection, d’appel d’offres, de
négociation, etc.) ?
Comment sont documentés ces choix ?
Comment sont suivis les fournisseurs (gestion des relations avec les fournisseurs,
relance, contrôle qualité) ?
Comment sont évalués les fournisseurs ?
Dans chaque projet, en fonction des particularités du projet et éventuellement des
exigences du client, il convient d’adapter ces règles pour définir celles qui seront
adoptées par le projet.
La manière dont est mise en œuvre cette politique de gestion des approvisionnements
durant la réalisation du projet est décrite dans le chapitre 17 du livre n° 4 – Maîtrise d’un
projet.
154 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
Au démarrage d’un projet, une attention toute particulière doit être portée sur les
parties prenantes de façon à les mobiliser pour la réussite du projet, ou du moins à
bien comprendre les oppositions qu’elles peuvent éventuellement apporter à sa bonne
réalisation et en tenir compte.
Le management des parties prenantes est un facteur de succès du projet, car il permet
d’apprécier les aides que pourraient apporter ces parties prenantes à la bonne réalisation
des objectifs, et d’anticiper d’éventuels conflits dommageables à la réussite du projet.
Il est indispensable de les identifier rapidement et de les impliquer dès les premières
phases du projet de façon à organiser et coordonner leurs interventions aux moments
opportuns et à répartir judicieusement leurs responsabilités.
La mise en place d’un plan de communication ciblé sur les parties prenantes dès le
début du projet est souvent négligée, car dans cette période de mise en place le temps
manque. C’est un facteur essentiel qui permet d’anticiper nombre de problèmes et de
nuisances au projet et, le moment venu, de faire gagner le projet.
Mise en place de l’organisation d’un projet 155
Ceci permet de bien préciser à la fois ce qui doit être réalisé au cours du projet, la façon
dont on devra s’y prendre pour le faire et les moyens nécessaires à y apporter.
Ce n’est qu’après avoir réalisé ce premier travail de structuration analytique que le
responsable de projet peut envisager de faire des regroupements pour simplifier la
structuration de son projet.
La façon de structurer un projet dépend de nombreux paramètres : sa complexité, la
structure de l’organisme, la disponibilité des ressources, etc.
En effet, plusieurs critères de découpage peuvent être utilisés pour structurer un projet :
par fonctions à remplir (relevant de l’analyse fonctionnelle). Elle est très utile en
phase de conception lorsque l’on a défini les fonctions attendues du produit ou du
service dans un cahier des charges fonctionnel, avant d’aborder le raisonnement
par produits ;
par produits (tâches contribuant à la réalisation des produits et sous-produits à
livrer). Elle permet de s’assurer que tous les constituants du système sont bien pris
en compte ;
par nature d’activités (études, approvisionnements, montage, essais, gestion du
projet, etc.) ;
par métiers ou spécialités (ingénierie, système d’information, exploitation, etc.).
Elle s’avère utile pour sélectionner les travaux à faire en interne et ceux à confier en
externe (fournisseurs, sous-traitants, etc.) ;
par sites géographiques. Elle est adaptée pour suivre des chantiers de construc-
tion où les ouvrages sont séparés géographiquement sur un même site ou sur des
sites différents.
Avant la réalisation d’un projet, il faut mettre en place les outils qui permettront d’en
assurer la maîtrise. Ce chapitre reprend des points essentiels de la maîtrise de la réali-
sation d’un projet :
le budget initial qui permet de disposer d’une base solide pour le contrôle des
coûts du projet (paragraphe 11.1) ;
le planning de référence qui permet de contrôler le bon déroulement du projet et
de s’assurer de la maîtrise des délais (paragraphe 11.2) ;
le plan de management des risques qui permet de faire face aux aléas qui ne
manquent pas de se présenter dans la réalisation du projet (paragraphe 11.3) ;
les indicateurs de pilotage et de mesure de la performance du projet qui per-
mettent de mesurer son avancement et l’obtention des résultats attendus (para-
graphe 11.4).
À noter
Il est fondamental que les acteurs du projet s’approprient ces outils de façon à bien maîtriser
le projet avec toutes ses composantes.
BUDGET INITIAL
« Budget du projet fixé en début de projet. » (AFITEP, Dictionnaire de management de projet,
AFNOR Éditions, 2010, p. 31).
LIGNE BUDGÉTAIRE
« Plus petite division de l’organigramme des tâches, que l’on s’attache à suivre au niveau
budgétaire, et qui correspond généralement à une responsabilité unique de gestion et
d’exécution. » (AFITEP, Dictionnaire de management de projet, AFNOR Éditions, 2010, p. 147).
On retrouve là toute l’importance d’une bonne structuration du projet (voir chapitre 10).
Cette structuration doit répondre à certains critères :
permettre une comparaison avec les dépenses qui sont effectuées. Plus cette
comparaison est facile, meilleur est le contrôle des coûts ;
être engageante pour l’équipe-projet. Si on veut responsabiliser les membres de
l’équipe-projet, il convient que chaque ligne budgétaire ait un responsable qui en
assure le respect.
La figure 11.1 (voir ci-contre) montre comment peut s’effectuer le découpage du budget
initial d’un projet en lignes budgétaires.
Mise en place des outils de maîtrise d’un projet 169
PLANNING DE RÉFÉRENCE
« Planning contractuel réputé faisable, issu de la synthèse du planning directeur et du
planning général, faite par un processus itératif entre le responsable de projet de l’organisme
client et le responsable de projet de l’organisme réalisateur, et qui s’intègre au dossier de
lancement de la réalisation aux côtés du budget et du cahier des charges fonctionnel. »
(AFITEP, Dictionnaire de management de projet, AFNOR Éditions, 2010, p. 201).
Tout comme pour l’estimation des coûts, à chaque phase préliminaire du projet une
estimation des délais de réalisation du projet doit être établie.
Jusqu’au lancement du projet, cette estimation sert à apprécier la date à partir de laquelle
le projet fournira le résultat escompté (ce qui a donc une incidence non négligeable
dans l’évaluation du coût du projet).
172 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
À la mise en place du projet, l’optique est tout autre. Il faut mettre en place un planning
de référence suffisamment détaillé pour pouvoir assurer la maîtrise des délais tout au
long du projet.
De toute évidence, le planning de référence du projet dépend non seulement du projet
lui-même, mais aussi de la stratégie de réalisation du projet (ressources disponibles,
recours à la sous-traitance, etc.).
Une erreur classique dans la réalisation de ce planning de référence est de le faire trop
détaillé et, de ce fait, de ne pas pouvoir le suivre dans le détail, car la réalisation ne
se passe jamais comme on l’avait prévue dans le détail. En revanche, un planning de
référence trop peu précis ne permet pas de repérer les dérives.
Le plan de charge aide aussi à anticiper une charge de travail importante et à mieux
affecter une ressource sur les différentes tâches qu’elle a à réaliser.
Le plan de management des risques a pour objectif d’indiquer la manière dont les
risques associés au projet seront managés.
Il vise de ce fait à s’assurer le mieux possible que les objectifs du projet sont atteints,
quels que soient les aléas qui pourraient se présenter, et à en convaincre à la fois le
management et le client.
Ce document donne un ensemble de réponses organisationnelles, techniques et opéra-
tionnelles précises, argumentées et cohérentes.
Mise en place des outils de maîtrise d’un projet 177
Même s’il n’est pas toujours explicitement demandé par le client, il s’avère être un
document indispensable à la bonne maîtrise du projet.
Le plan de management des risques d’un projet doit traiter les points suivants :
l’objet du document : son contenu, son domaine d’application, les documents ap-
plicables et de référence (normes, textes réglementaires, plan d’assurance qualité,
etc.), la terminologie associée, etc. ;
la mise en œuvre du plan : les règles d’élaboration, de vérification, de validation,
de diffusion et d’évolution ;
les objectifs et les enjeux du projet : son contexte, ses enjeux, ses objectifs, les
contraintes et les résultats attendus ;
les objectifs de la démarche de management des risques du projet ;
l’organisation mise en place et son fonctionnement : les acteurs concernés par
ce management des risques et leur rôle respectif, les relations formelles entre les di-
vers participants et la délimitation de leurs responsabilités respectives, les principes
de management retenus, le circuit d’acquisition et de traitement de l’information,
les formations éventuelles à prévoir ;
les dispositions prévues pour identifier et analyser, évaluer et hiérarchiser, traiter,
suivre et contrôler les risques :
moyens et ressources mis en œuvre, rôle et fonction du manager des risques,
planification des tâches de management des risques à exécuter tout au long du
déroulement du projet : réunion d’analyse de risques, suivi des plans d’actions
associés à la prévention des risques, élaboration de solutions alternatives si un
risque se présentait,
procédures à appliquer, données utilisables et hypothèses prises, méthodes
d’analyse et d’évaluation ainsi que les outils à utiliser, y compris les banques de
données existantes au sein de l’organisme ;
les modèles de documents à élaborer : grille de hiérarchisation, fiche de risque,
tableau de bord de suivi des risques du projet (registre de risques).
Le sommaire d’un plan de management des risques peut être structuré suivant l’exemple
donné page 178.
178 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
Ces indicateurs servent tout au long du projet pour mesurer les critères qui permettent
de s’assurer de l’atteinte des objectifs. Généralement, ils sont regroupés dans le tableau
de bord du projet qui est l’outil d’information de base du projet (voir le livre n° 4 – Maîtrise
d’un projet). Il importe donc de bien les déterminer avant la réalisation du projet.
74. Voir la norme FD X 50-171 – Système de management de la qualité : indicateurs et tableau de bord, publiée par
AFNOR en juin 2000.
180 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
Un indicateur de performance peut être défini comme une information devant aider un
acteur, individuel ou plus généralement collectif, à conduire le cours d’une action vers
l’atteinte d’un objectif ou devant lui permettre d’en évaluer le résultat.
La qualité d’un indicateur dépend donc de trois facteurs (voir figure 11.7) :
il doit correspondre à l’objectif à atteindre (mesure de l’atteinte de cet objectif (indi-
cateur de résultat) ou mesure de la bonne réalisation d’une action visant à atteindre
cet objectif (indicateur de pilotage) ;
il est étroitement lié à une action à piloter (réalisation et mesures correctrices éven-
tuelles) (processus d’action précis) ;
il se rapporte à un acteur (individuel ou collectif ) qui pilote ce processus d’action.
Tout comme les objectifs, les indicateurs doivent respecter les critères SMART, c’est-à-
dire être : Spécifiques, Mesurables, Acceptables, Réalistes et Temporellement définis.
Ils doivent aussi être :
pertinents : donner des indications sur les données clés du projet. C’est pourquoi
ils sont spécifiques à chaque projet ;
mesurables et reproductibles : Comment chaque indicateur est-il calculé ? D’où
viennent les données qui servent à son élaboration ? ;
simples et clairs : un indicateur trop compliqué à établir risque de ne pas être suivi
et surtout de ne pas être accepté et compris par les acteurs du projet (donc sans
efficacité) ;
Mise en place des outils de maîtrise d’un projet 181
À noter
Il convient de ne pas tomber dans le piège de la « dictature » des indicateurs. Pour obtenir
des indicateurs favorables, les acteurs de projet peuvent, même sans déformer les données,
tout faire pour avoir de bons résultats en négligeant les autres aspects du projet. Ce serait
une erreur de ne pas considérer le projet dans sa globalité et de se limiter seulement à la
tenue des indicateurs, quelle que soit leur pertinence.
182 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
1. Il faut avoir mis en place les outils qui permettent d’en assurer la maîtrise avant
de se lancer dans la réalisation d’un projet.
2. Tout contrôle de coûts est déficient sans budget initial. Le découpage en
lignes budgétaires permet durant le projet une comparaison facile entre les
dépenses du projet et son budget.
3. La maîtrise des délais est un leurre sans planning et plan de charges partagés
par tous.
4. Si le plan de management des risques (menaces et opportunités) n’est pas en
place, le projet est soumis à tous les aléas qui peuvent se présenter.
5. La mise en place d’indicateurs de pilotage et de mesure de la performance
permet de piloter correctement le projet vers les objectifs qui lui sont assignés.
12
Récapitulons-nous et lançons
la réalisation du projet
Ce chapitre conclut sur les documents de référence et sur l’une des réunions essentielles
pour bien démarrer un projet.
Le paragraphe 12.1 reprend les éléments essentiels constituant le référentiel du projet*.
Le paragraphe 12.2 détaille le contenu du plan de management de projet* établi à
partir de la charte de projet* qui rassemble dans un même document le référentiel de
projet.
Le paragraphe 12.3 décrit la réunion de lancement*, qui est une réunion capitale pour
le succès du projet, car l’appropriation par l’équipe-projet de l’ensemble du projet, de la
manière de le réaliser conformément aux objectifs à atteindre, est indispensable pour la
réussite du projet.
Le plan de management d’un projet (PMP) est un document qui formalise la façon dont
le responsable de projet entend piloter son projet. Il décrit les règles, les méthodes et les
processus utilisés pour maîtriser le déroulement du projet ainsi que la politique et les
directives de management mises en œuvre pour atteindre les objectifs fixés.
Même s’il est construit à partir d’un cadre standard (disponible auprès du bureau des
projets*), chaque projet dispose de son propre PMP, rédigé par le responsable de projet
en concertation avec son équipe directe et les intervenants majeurs.
Outil de dialogue, il permet de convenir des dispositions de management à adopter
pour la réalisation du projet et de les faire partager par tous les intervenants (devenant
ainsi une référence commune de conduite du projet).
Récapitulons-nous et lançonsla réalisation du projet 185
C’est aussi un des outils essentiels de communication pour le responsable de projet, car
il aide tous les intervenants et les parties prenantes à se situer dans l’organisation du
projet et à clarifier leurs responsabilités particulières.
Pour toutes ces raisons, la réalisation d’un PMP est une des clés de la réussite d’un projet.
gestion des relations avec le client : décrit le reporting mis en place avec le client,
les interactions avec les instances de gouvernance du client, les procédures appli-
cables pour gérer le contrat établi avec le client, les procédures de réception des
livrables.
Elle constitue donc un investissement capital autant pour le projet que pour chacun des
participants. Plus l’information est connue par un grand nombre d’acteurs impliqués,
plus cette réunion est bénéfique pour tous.
Les objectifs recherchés sont :
officialiser le lancement du projet et la constitution de l’équipe-projet, et lui per-
mettre de se reconnaître en tant que telle ;
prendre tous ensemble connaissance du projet à réaliser, créer une vision commune
et faire partager les objectifs ;
permettre au responsable de projet de faire connaissance avec les membres de
l’équipe-projet ;
développer la confiance pour assurer la réussite du projet ;
impliquer les personnes selon les besoins du projet et leurs compétences.
Dans cette partie 2, nous avons préconisé quelles étaient les étapes clés durant les
phases d’initialisation et de planification pour bien réussir la mise en œuvre du projet.
Mais une fois le lancement et la planification du projet réalisés, rien n’est joué. Il y a,
durant sa mise en œuvre, des éléments perturbateurs qui peuvent intervenir : l’évolution
de l’environnement de l’organisme, la priorisation donnée à certains projets au détriment
du projet en cours, les demandes de changement de la part du client, la disponibilité
des ressources (financières, humaines, matérielles, etc.) aux moments opportuns et tous
autres types d’aléas auxquels le responsable de projet devra faire face avec son équipe.
Pour toutes ces raisons, il convient d’être vigilant lors de la phase de mise en œuvre,
et ce, dès le début de cette phase pour procéder au suivi et au pilotage du projet afin
d’effectuer les éventuels réajustements et compléments nécessaires pour mieux cadrer
avec le référentiel établi et approuvé (budget, ressources, contenu, etc.).
Tout dépend donc de la maîtrise de la réalisation du projet. C’est l’objet du livre n° 4 –
Maîtrise d’un projet.
13
Annexes
Annexes chiffrées
Annexe 1 – Données sur l’investissement dans le monde
Prévision
Investissement
Investissement d’investissement
Formation brute de capital fixe (FBCF)a direct étranger
pour l’énergie pour la transition
(IDE)b
énergétique
2017
en 2016 en 2016 en 2016 en 2016 entre 2017 et 2030
(3e trimestre)
(en Mrd USD) (en Mrd EUR) (en Mrd USD) (en Mrd USD) (en Mrd USD)
(en Mrd EUR)
Monde 18 682 1 750 1 700 20 000*
États-Unis 3 632 275
Chine 4 800 350
Inde 614 85*
Russie 270 85*
Union européenne 3 267 (Europe : 245*)
Zone Euro 2 422 2 289
France 541 489
Allemagne 697
Royaume-Uni 437
(source : (source : (source : (source : CNUCED (source : (source : One Planet
Banque Banque Comptes de la – Rapport sur International Energy Summit – Paris 2017)
mondiale centrale Nation – Insee) l’investissement dans Agency – World
– World européenne le monde 2017) Energy Investment
Development - Évolutions Outlook 2017)
Indicators – économiques
données juin par secteurs
2018) institutionnels)
* Estimation.
a Formation brute de capital fixe (FBCF) : agrégat mesurant, en comptabilité nationale, l’investissement. Il est constitué par les acquisitions
moins les cessions d’actifs fixes réalisés par les producteurs résidents (les actifs fixes sont les actifs corporels ou incorporels issus de processus de
production et utilisés de façon répétée ou continue dans d’autres processus de production pendant au moins un an).
b Investissement direct étranger (IDE) : investissements qu’une unité résidentielle d’une économie effectue dans le but d’acquérir un intérêt
durable dans une unité institutionnelle d’une autre économie et d’exercer dans le cadre d’une relation à long terme une influence significative sur
sa gestion (mouvements internationaux de capitaux réalisés en vue de créer, développer ou maintenir une filiale à l’étranger et/ou d’exercer le
contrôle ou une influence significative, sur la gestion d’une entreprise étrangère).
194 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
* Pour la Banque centrale européenne, le secteur financier comprend les institutions monétaires et financières, les
banques et autres établissements de crédit, les autres intermédiaires financiers (y compris les fonds d’investisse-
ment), les compagnies d’assurance et les fonds de pension.
* Collecte auprès de fonds dédiés au private equity. Ne sont pas pris en compte les fonds d’infrastructure,
les fonds immobiliers, les fonds de dette (fonds vautours) et les fonds de fonds (primaires ou secondaires).
** Pour Invest Europe, les pays de l’Europe du Sud regroupent l’Espagne, l’Italie, le Portugal et la Grèce.
198 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
* Le capital-risque (Venture Capital) pris en compte par l’OCDE concerne les premières étapes du cycle de vie
d’une entreprise (amorçage, démarrage, post-démarrage). Mais en l’absence de standard international, tous les
pays ne donnent pas le même contour à ce qui est souvent dénommé capital-innovation.
Remarques :
– Pour un même pays, les chiffres du capital-risque peuvent varier significativement selon les sources. Pour la
France, en 2016, les estimations concernant les investissements en capital-risque sont de 894 millions d’euros
pour l’OCDE et de 874 pour l’AFIC. Mais le « Baromètre du capital-risque en France – bilan annuel 2016 »
d’Ernst & Young* retient 2 206 millions (amorçage : 116 Mio EUR, 1er tour : 717 Mio EUR, 2e tour : 584 Mio EUR,
3e tour et plus : 789 Mio EUR) et les études KPMG 1,6 milliard de dollars US. Au-delà de l’écart entre levées de
Annexes 199
fonds et montants investis, les différences peuvent s’expliquer par la prise en compte au titre du capital-risque
de montants relevant déjà du capital-développement.
– L’étude OCDE présente l’intérêt de permettre des comparaisons par pays sur des bases similaires. Mais en ne
mentionnant pas des pays comme la Chine, elle a l’inconvénient de ne pas mettre en évidence l’importance
du capital-risque en Asie. Or, des études récentes comme celles de KPMG** montrent qu’avec un montant
d’investissements stable de 39 milliards de dollars US, l’Asie n’a pas été affectée en 2016 par le ralentissement
du capital-risque mondial (conséquence de la volatilité des marchés financiers) dont les investissements sont
passés de 140,6 milliards de dollars US en 2015 à 127,4 milliards de dollars US en 2016. La part des investisse-
ments en Asie est passée à plus de 30 % du montant total des investissements financés par le capital-risque
mondial, alors que la part des investissements dans la zone Amérique dominée par les États-Unis (82 milliards
de dollars US en 2015 et 72 milliards de dollars US en 2016) qui était de 58 % en 2015 a diminué, tout comme
celle de l’Europe. Cette tendance se poursuit alors que le capital-risque mondial a retrouvé son dynamisme en
2017. Depuis 2012, ce dynamisme asiatique est porté par la Chine. Cette évolution s’est poursuivie en 2017.
Au deuxième trimestre 2017, plus de 19 milliards de dollars US ont été investis en Asie (de la Chine à l’Inde
en passant par l’Indonésie) et, pour la première fois, l’Asie a dépassé durant ce trimestre les 18,8 milliards de
dollars US des États-Unis. Aujourd’hui, le capital-risque de la Chine concurrence celui des États-Unis et se situe
loin devant celui de l’Europe, même en retenant les chiffres favorables de KPMG qui estime que les levées
de fonds du capital-risque européen auraient été de 4,4 milliards de dollars US au deuxième trimestre 2017.
Start-up 40
TPE/PME-ETI 219
Économie sociale et solidaire 48
Particuliers 19
Autres (y compris collectivités) 10
TOTAL France 336
Nombre de projets 24 126
France 1 130 060 127 549 11 % 104 395 82 % 84 518 65 % 69 971 54 % 60 573 47 % 54 572 39 %
202 LIVRE n° 3 – Financement et démarrage d’un projet
Pays-Bas 228 916 20 557 9 % 16 803 80 % 13 788 66 % 12 481 56 % 11 436 48 % 8 803 42 %
Suède 279 397 28 448 10 % 27 728 98 % 24 865 93 % 23 834 87 %
(industrie et services marchands hors activités financières et assurance)
Création et survie des entreprises en 2015 dans différents pays d’Europe
Annexes 203
Répartition régionale
(source : AFIC – France Angels)
14
Liste des figures
FINANCEMENT ET DÉMARRAGE
d’un projet
Titres de la série :