LOCALISATION DE NÈRIS-LES-BAINS

Ancienne gare / « Pavillon du Lac » de

NÈRIS-LES-BAINS 1931
Lors de la construction de ligne, des contraintes géographiques liées aux ferrées, une pour chaque quai et également une voie centrale à vocation a été mortel pour sa rentabilité. Apres guerre, le bâtiment sert encore de
fortes dénivellations de terrain obligent la création de 4 viaducs, 3 d’entre plus technique. Les quais sont reliés entre-eaux, semblerait-il, à travers gare pendent les saisons thermales jusqu’en 1957.
eux sont réalisés dans le tronçon Montluçon – Néris-les-Bains. La voie un système de deux passerelles/plateformes amovibles. Le bâtiment
ferrée est construite essentiellement de rails Vignole (rails à patin) et voyageur se compose d’une succession de pavillons, chacun possédant un Entre 1963 et 1971 c’est la S.N.C.F qui l’occupe sans intervenir dans la
La ligne Montluçon – Gouttières
repose sur des traverses en chêne et en hêtre, ballastées en sable et en programme distinct. Au niveau du rez-de-chaussée l’espace central de disposition de son plan. Un centre de formation professionnelle pour les
pouzzolane2. La ligne Montluçon – Gouttières sert quelques fois de terrain l’édifice sert de hall d’accueil pour voyageur et abrite également des salles agents du réseau y est installé et les anciennes salles de bagages sont
L’histoire commence en 1910 quand le Conseil général de l’Allier
d’expériences à l’entreprise Michelin pour l’essai des « Michelines » – dédiées aux bagages. Les pavillons latéraux, quant à eaux, abritent des transformées en salles de classes. Les cours enseignés sont principalement
s’interroge sur une ligne de chemin de fer qui aurait deux objectifs.
véhicules à pneus circulant sur du rail3. C’est en 1939 que la ligne ferme salles d’attente, des espaces administratifs, des sanitaires et des espaces de nature technique 6.
Premièrement elle permettrait de relier plus directement Montluçon aux
villes environnantes et deuxièmement elle garantirait la desserte du bassin pour le trafic voyageur. Apres la guerre, subsiste jusqu’à 1957 seulement de stockage. Selon P. Delmont « Le premier étage recevait 4 logements
la liaison directe entre Paris et Néris-les-Bains durant l’été. En 1969 le de service destinés au chef de gare et au employées titulaires. Au C’est en 1974 que la commune de Néris-les-Bains entreprend une
houlier de Pontaumur (partie occidentale du département du Puy-De-
trafic de marchandises est supprimé et en 1972 la ligne est officiellement deuxième étage, un dortoir de treize lits, des toilettes, des vestiaires et un démarche pour le rachat de l’ancienne gare. Le 31 août 1975 la
Dôme). Cette ligne projetée est déclarée d’utilité publique en 1913 par le
déclassée. Durant l’année 1974 la S.N.C.F se charge de l’enlèvement des réfectoire, accueillaient le surplus de personnel nécessaire au service municipalité prends possession du bâtiment et dans les années suivantes
parlement. Six ans plus tard l’appel d’offre est lancé. Dès 1920 les travaux
rails. pédant la saison thermale. L’éclairage électrique et le chauffage central elle réalise plusieurs projets d’aménagements. En novembre 1979 un
d’aménagement et de terrassement de la ligne commencent. Le chantier
étaient installés dans tout le bâtiment. »4 Dans l’alignement aux rails, une terrain de camping caravaning est créée qui s’étend depuis l’étang jusqu’à
suit alors un double financement : les travaux en infrastructure sont
cinquantaine de mètres plus au nord, se trouve un bâtiment autonome de l’ancienne gare. De nombreuses nouvelles places de parking y sont
subventionnés par l’Etat, ceux en superstructure – par le réseau Paris-
taille moins impressionnante. C’est l’ancienne gare aux marchandises, rajoutées pouvant accueillir plus de 100 voitures.
Orléans1. La ligne d’environ 45 km de longueur, traverse alors les villes et
L’histoire du bâtiment voyageur aujourd’hui le bâtiment de l’accueil pour l’espace de camping qui se trouve
villages de Montluçon, Néris-les-Bains, Durdat-Larequille, Terjat, Marcillat,
à proximité. Le 29 octobre 1975, l’édifice est inscrit à l’inventaire des monuments
St. Fargeol, Pionsat et Gouttières. C’est notamment la desserte de la ville
La gare de Néris-les-Bains est construite par l’entreprise « Léauté historiques. Accompagné des gares : de Paris-Nord, de Metz, de Limoges
de Néris-les-Bains (alors peuplé d’environ 3000 habitants), qui présente
d’Étampe » sur les plans de l’architecte Louis Brachet. Le principal Jusqu’en 1931, trois trains de voyageurs circulent par jour dans chaque et celle de la ville de Vitré, l’ancienne gare de Néris-les-Bains est la
un intérêt particulier. Cette ville de taille modeste, possède des eaux de
fournisseur de pierre de taille pour ce chantier qui a duré presque 3 ans sens. A Montluçon une bonne correspondance est assurée mettant en première architecture ferroviaire à bénéficier de ce titre dans
qualités thermales. Plusieurs institutions y proposent des cures traitant les
est l’entreprise Payard de Vallon-en-Sully. L’ouverture de la gare est relation Paris et Néris-les-Bains, Saint-Gervais, Châteauneuf, Royat et l’histoire des monuments français. Cela est d’autant plus important
pathologies rhumatologiques et neurologiques. La création d’une liaison
prévue pour le 8 mars 1931 mais les intempéries de l’hiver précèdant Clermont-Ferrand5. Malheureusement, seulement 8 ans après son que ses qualités architecturales, esthétiques et historiques ont été
ferroviaire à Néris-les-Bains permet alors de rendre les soins thermaux
retardent les travaux. Elle est finalement inaugurée le 15 mai 1931. Son inauguration, la gare ferme pour trafic voyageur. Cette période d’activité reconnues par l’Etat en priorité, bien avant celles des nombreuses grandes
plus accessibles.
plan est composé d’un bâtiment voyageur imposant avec une superficie de aussi éphémère résulte de l’échec économique de la ligne. Le déclin du
800 m² et de deux quais latéraux. Ceux- là sont séparés par 3 voies nombre de curistes accentué par la faiblisse démographique de la région

FRISE CHRONOLOGIQUE

FAÇADE EST

Granite de Treignat
pour les frontons Lieu
d’extraction : 31 km
de Nèris-les-Bains

Grès rose de Montviq Tuiles vernissées polychromes

Lieu d’extraction : 15 km pour la toiture
de Nèris-les-Bains

Le béton armé a été utilisé pour certaines parties du

soubassement et pour l’abri de quai (aujourd’hui inexistant)

1 3 5
2 4 6
 ÉVOLUTION DU PLAN AU RDC gares parisiennes. A l’occasion, grâce aux subventions de l’Etat, la
2010 – réfection complète de la toiture a été possible.
A la fin du XXe siècle, entre 1989 et 2002 le bâtiment est confié à une
CENTRE association aquariophile. Elle y met en place un département d’études et
de recherches sur les espèces aquatiques d’eau douce. Elle y installe
SOCIOCULTUREL également 22 bassins comportant de 450 à 2100 litres d’eau maintenus
à plus de 20°C chacun7. L’établissement est largement ouvert au public,
avec une des missions de sensibiliser les visiteurs aux fragilités des
différentes espèces marines.
Aspects architecturaux
Salle pour
spectacles/conférences Le contexte joue un rôle majeur dans la conception de l’ancienne gare
car le site d’implantation est très particulier. Légèrement excentré de la
ville et de son bourg, l’édifice est construit sur un vallon, alors dans un
cadre préservé de toute construction. L’absence d’un quartier de gare et
de tissu bâti a dû être un facteur facilitant la conception pour l’architecte.
Etant libre de toutes confrontations architecturales et contraintes
urbaines il a pu donner au bâtiment les cadrages et les dimensions qu’il
souhaitait. Sa façade ouest abritant les quais est orientée vers un plan
d’eau – l’étang du Cournauron.
Le style architectural de la gare sera nommé ultérieurement comme le
régionalisme Art déco. Celui-ci juxtapose les références Art Déco aux
esthétiques et matérialités locales créant un ensemble architectural
formellement riche et multicolore. L’asymétrie dans la juxtaposition de
différents volumes en plan et en coupe donnent au bâtiment une
Sanitaires Salle apparence de manoir habilement ostentatoire. Il semblerait que
Petite salle l’architecte ait voulu créer un édifice décorativement riche afin de
Stockage d’expositions l’opposer à l’univers ferroviaire usuel. Malgré l’asymétrie apparente dans
la composition générale du bâtiment, les formes géométriques simples
dominent pour de nombreux éléments décoratifs. Les toitures et les
frontons a multiples pans et les encadrements des fenêtres en sont les
exemples. Les points de raffinement sont nombreux à enrichir l’œuvre.
Le souci des détails amena l’architecte jusqu’à dessiner les différents
appareillages de pierres, les détails décoratifs de revêtements et la
ferronnerie. Des frises de mosaïque se distinguent sur la façade côté voies
et des fontaines également en mosaïque sont accolées à cette même
1989 – 2002 façade au niveau du rez-de-chaussée. La toiture est ornée, entre autres
avec des houteaux triangulaires et des girouettes. Initialement, les
parquets du hall d’accueil et des salles d’attente étaient réalisées en bois
AQUARIUM TROPICAL OUVERT AU PUBLIC exotique.
(Plans et informations manquants)
Louis Brachet – architecte ferroviaire
1963 – 1971 Il est né le 2 octobre 1877 à Paris - sa ville natale dans laquelle il décédera
91 ans plus tard. Elève de Joseph Vaudremer a l’école des Beaux-Arts et
de Charles Genuys à l’école Nationale des Arts décoratifs il suit une
CENTRE DE FORMATION DES AGENTS DE LA S.N.C.F éducation riche est complète 8. Brachet entame une double carrière
d’architecte-décorateur et devient membre du GAM (Groupement des
Architectes Modernes) dès sa création en 1922. En 1923 il fonde la Société
des Architectes modernes avec, entre d’autres, Hector Guimard, Henri
Sauvage et Frantz Jourdain 9. C’est en 1928 que sa carrière prend un
véritable essor lorsque la compagnie des chemins de fer Paris-Orleans lui
propose une collaboration étroite pour la conception des gares. Depuis, les
Archives
Sanitaires Salle de Salle de gares seront au centre de ses réflexions. « Une gare est une porte
Hall Espace de ouverte sur un pays ; elle annonce quelle espèce locale
classe classe
Salle de recréation d’architecture le voyageur va pouvoir aimer »10 Brachet déclarait à ce
T. D. sujet. Il en réalise plusieurs comme la gare de Capdenac en 1925
(département d’Aveyron) et plusieurs gares de la ligne de Sceaux (ligne
de la banlieue sud de Paris, aujourd’hui ligne du RER B) durant la période
1932 – 1938.
1931 – 1957
BÂTIMENT VOYAGEUR (PROGRAMME INITIAL)
Salles
Hall de
Sanitaires d’attente voyageurs Bagages Espace pour
Bagages
au Magasin manipulation des
à l’arrivé
départ bagages à l’arrivé
bagages
7 8 9 10
Pavillon du Lac – rencontre de l’ancien et du contemporain
Au début du XXIe siècle une réhabilitation importante de l’ancienne gare
a lieu. Elle a principalement pour vocation d’accueillir un programme
nouveau – transformer le bâtiment en centre socioculturel. Les travaux
commencent par la toiture de l’ancienne gare. Refaite en 1975, elle est
entièrement restaurée en 2005 sous la direction de l’architecte Anne de
Kergrohenn. Ceci a permis de combler les manques d’étanchéité qui
subsistait par endroits. Simultanément, une réhabilitation est menée par
l’agence d’architecture de Nicolas C. Guillot. Une grande extension
(environ 400m²) de forme ovoïde est rajoutée du côté ouest. L’espace
reliant la nouvelle construction au bâti ancien se fait par une longue galerie
vitrée. Les locaux sanitaires changent d’emplacement. Les logements au
premier étage gardent leur fonction première, mais sont dédié à la
location. L’ancien hall avec les salles d’attentes devient un espace
d’expositions. La matérialité que choisi l’agence d’architecture Guillot est
celle de la lamellé collé, du métal et du verre qui établit un contraste fort
entre la minéralité du bâti ancien. L’ancien bâtiment voyageur, la galerie
et la coupole – chacun de ces espaces présente un degré d’opacité
diffèrent. Du côté du vallon la transparence domine, offrant un large
cadrage sur l’environnent proche et lointain, largement dominé par les
espaces verts. Le centre socioculturel de Néris-les-Bains est livré en 2009
sous une nouvelle appellation – Pavillon du Lac.
Depuis sa création l’édifice est fréquemment loué pour divers
manifestations, conférences, concerts et mariages. Il est le centre et le
témoin de la vie culturelle, politique et sportive dont la renommée dépasse
largement le cadre de la ville de Néris-les-Bains. Bel exemple de
réhabilitation réussite, l’édifice est aussi une fierté locale pour tous les
amateurs d’architecture. Dans le département majoritairement agricole et
rural qu’est celui de l’Allier – un édifice relativement récent et d’une telle
importance architecturale est absolument unique.
Remercîments
En premier lieu j’aimerais remercier Monsieur Sébastien Auclair, responsable
actuel du Pavillon du Lac. Volontaire et enthousiaste, son aide m’a été très
précieuse lors de mes recherches. La visite guidée à ses côtés a été pour moi
une source d’information riche et complète.
Je me permets également quelques mots de gratitude, vis-à-vis de Monsieur
Michel Bezy, journaliste et correspondant local auprès du quotidien régional
« La Montagne ». Son savoir m’a permis d’assembler et reconstituer les
informations concernant la ligne ferroviaire Montluçon – Gouttières.
J’aimerais remercier Monsieur le Maire de commune de Néris-les-Bains –
Monsieur Alain Chapy, qui par dérogation exceptionnelle m’a permis l’accès
aux archives de ville relatives à l’ancienne gare.
Enfin, je remercie Madame Anne-Claire Berr, directrice du Conseil
d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement de l’Allier (C.A.U.E. 03)
pour m’avoir dirigé vers des publications et des sources d’information fiables
et pertinentes.
Sources
Brochures
• Patrick Delmont & Raymond Desvachez (2010) « Néris-les-Bains et son
ancienne gare – Pavillon du lac ». Editions Victor Desray
J’y fais reference en notes: 1,3,4,5,7,9
• Maurice Malleret (compte rendu de la session mensuelle du 11.03.2006) La
lettre des amis de Montluçon n°106 « La voie ferré Montluçon- Gouttières, La
voie piétonne de Montluçon à Néris-les-Bains » J’y fais référence en notes :
6,8,10
Articles
• Observatoire de l’union régionale des CAUE Auvergne-Rhône-Alpes (2017),
archi20/21 – DOSSIER PEDAGOGIQUE – exposition du 4 septembre au 22
novembre 2017, « analyser un bâtiment » p. 11–14
• Observatoire de l’union régionale des CAUE Auvergne-Rhône-Alpes
(2014), archi20/21, « agrandir gare, Néris-les-Bains (Allier) > Descriptif
opération »
https://www.archi20-21.fr/edifices/gare/descriptif-operation/
• Auteur pas identifié, La Montagne (29.07.1991) « La gare de la station a 60
ans »
• Auteur pas identifié, La Montagne (15.07.1991) « Soixante bougies pour une
gare »
• Auteur pas identifié, Le P.O illustré (1931) « La nouvelle ligne de Montluçon
à Gouttières » p. 8-9 J’y fais référence en notes : 2
LUKASZ BRIERRE 2021
ÉTUDIANT EN L2 N°20280
ÉCOLE NATIONALE D’ARCHITECTURE DE PARIS LA VILLETTE