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K.

SADDOUR DRIDI DFGT-3ème Finance AU : 2019-2020

Chapitre III : Les indicateurs du risque d’exploitation

Introduction
Au niveau du chapitre précédent, nous avons examiné la rentabilité de l’entreprise et sa
performance aussi bien sur le plan économique que sur le plan financier.
A ces rentabilités, on associe des risques : le risque économique (opérationnel, d’exploitation)
et le risque financier.
Le risque opérationnel sera examiné dans les 2 premières sections et la dernière section
traitera le risque financier.

Section 1 : Le point Mort (seuil de rentabilité)


Le risque économique résulte des fluctuations de la rentabilité économique consécutives aux
variations du niveau d’activité.
Les résultats de l’entreprise ont un caractère aléatoire. Il existe donc un risque opérationnel
qui s’y rattache.
L’étude du risque économique de l’entreprise se fait tout d’abord à travers le seuil de
rentabilité ou le point mort.
L’analyse du seuil de rentabilité ou du point mort repose sur la distinction entre les charges
fixes et les charges variables de l’entreprise.
Charge fixe : montant constant et indépendant du volume de production et/ou de vente
(amortissements, frais d’assurance…).
Charge variable : montant varie avec le niveau d’activité de l’entreprise en fonction du
nombre d’unités produites ou vendues (Ĉ des mat.1ères, Ĉ énergétiques liés aux
équipements…)
Les relations entre les coûts fixes et variables, le volume de production et les bénéfices sont
mises en évidence par le point mort qui constitue un important outil pour l’analyste financier.
Le seuil de rentabilité (le point mort) indique le niveau de production (le CA) pour lequel
l’entreprise ne réalise ni bénéfice ni perte.

Le seuil de rentabilité est le niveau de production pour lequel les revenus totaux = coûts
totaux.
 Q.p = Q.v + F
Où : Q : quantité produite (égale à la quantité vendue),
p : prix de vente unitaire (constant quelque soit la quantité vendue),
v : coût variable unitaire (constant peu importe la quantité produite),
F : coûts fixes totaux.

F
 Q*  avec Q* .p : le seuil de rentabilité ou le point mort ⇒ Q*. p =F/Taux de M/CV
pv
ou le chiffre d'affaires critique

Le seuil de rentabilité dépend ainsi directement :


 des coûts fixes totaux : opérationnels et financiers
 et de l’écart entre le prix de vente unitaire et le coût variable unitaire : marge unitaire
sur coût variable.
Pour diminuer le niveau du SR, et donc du risque opérationnel, l’on peut, toutes choses étant
égales par ailleurs, soit réduire les coûts fixes totaux, soit augmenter le prix de vente unitaire,
soit diminuer le coût variable unitaire.
 Utilité : le SR permet de comprendre et d’évaluer l’impact d’un changement de la
structure des charges sur le résultat.

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 Si les charges fixes comprennent des charges financières, le point mort calculé est appelé
SR financier.
 Si les charges financières sont exclues des charges fixes, le point mort trouvé est qualifié
de SR d’exploitation ou opérationnel.
 Exemple 1 : La société ABC présente les données suivantes au 31/12/N :

Questions :
1. Calculer le seuil de rentabilité financier de cette entreprise.
2. Examiner successivement l’effet d’une diminution des coûts fixes totaux de 20 000,
d’une augmentation du prix de vente unitaire de 15 et d’une hausse du coût variable
unitaire de 5 sur le niveau du seuil de rentabilité.
3. Calculer le seuil de rentabilité opérationnel de cette entreprise.
Réponse :
F 120 000
1. Seuil de rentabilité financier : Q*    4 800 unités
p  v 50  25
2. Si F ↓ de 20 000 :
F1 100 000
Q1*    4 000 unités
p  v 50  25
F 120 000
L’effet d’une ↑ de p de 15 : Q2*    3 000 unités
p2  v 65  25
F 120 000
L’effet d’une ↑ de v de 5 : Q3*    6 000 unités
p  v3 50  30

 Le SR ↓ dans les 2 premiers cas et ↑dans le 3 ème cas.


3. Seuil de rentabilité opérationnel :
Coûts fixes opérationnels 60 000
SR opérationnel = = = 2 400 unités
pv 25

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 Exemple 2 :
Soit une entreprise qui présente les données suivantes :
CA = 1 600 000 dinars
CV = 880 000 dinars
CF = 500 000 dinars
Calculer son chiffre d’affaires critique.
Réponse :
=> taux de M/CV = (CA – CV) / CA = (1 600 000 - 880 000) / 1 600 000 = 0,45
=> SR = CAc = 500 000/ 0,45 = 1 111 111 dinars
 Remarques :
- Dans ce qui a précédé, les coûts variables évoluaient d’une façon linéaire en fonction
du niveau de la production. Ces coûts peuvent aussi évoluer d’une manière non
linéaire. L’analyse du point mort en sera alors affectée.
- L’analyse précédente ne prend pas en considération l’incertitude qui peut affecter les
quantités produites et vendues et en conséquence le seuil de rentabilité. Pour remédier
à cette limite, il est possible d’analyser le seuil de rentabilité en situation d’incertitude
et ceci en considérant que le volume de ventes est une variable aléatoire assujettie à
une loi de distribution de probabilité (par exemple la loi normale).
 Limites : La recherche du seuil de rentabilité devient plus complexe dans certaines
situations :
- Séparation entre coûts fixes et coûts variables parfois pas facile à établir.
- Fabrication et vente de plusieurs produits, il faut séparer l’analyse pour chacun d’eux.
Difficulté : le problème de ventilation des coûts communs.
- Variabilité des charges fixes par palier d'activité, en raison d'une modification de
structure.
- Variation du prix de vente, du coût variable, du taux de marge sur coût variable
pendant la période.

Section 2 : Seuil de rentabilité et indicateurs de gestion


1- La marge de sécurité :
La marge de sécurité (notée MS) se définit comme étant la différence entre le chiffre
d’affaires annuel et le seuil de rentabilité (noté SR*) exprimé en chiffre d’affaires, soit :
MS = CA - SR*

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Autrement dit, la marge de sécurité représente le montant de chiffre d’affaires qui peut
éventuellement être supprimé pour quelque raison que ce soit, sans entraîner de perte pour
l’entreprise. Elle constitue un matelas financier afin de faire face aux menaces diverses de
l’environnement. L’entreprise serait à l’abri de retournement de tendance du marché.
La marge de sécurité peut également être calculée d’une autre manière en fonction du résultat
(R) et du taux de marge sur coûts variables (t). En effet :
MS = CA - SR* = CA – (CF/t) = (t.CA - CF)/t = (CA-CV-CF)/t = R/t
 Suite de l’exemple 2 :
Marge de sécurité (MS) = 1 600 000 - 1 111 111 = 488 889 dinars
=> Vérification : MS x Taux M/CV = R => 488 889 x 45 % = 220 000 dinars (CA –
CV- CF = R = 1 600 000 -880 000 - 500 000 = 220 000)
2- L’indice de sécurité :
L'indice de sécurité (IS) est le rapport entre la Marge de Sécurité (MS) et le Chiffre d'Affaires
(CA) :
INDICE de SECURITE = MS/ CA
C’est une mesure relative de la marge de sécurité (MS) dès l’instant où elle est ramenée au
CA de l’année.
Il représente le pourcentage de chiffre d’affaires qui peut être supprimé sans entraîner de
pertes pour l’entreprise.
De la même manière que pour la marge de sécurité, il est possible de calculer l’indice de
sécurité à partir du résultat. En reprenant l’expression simplifiée de MS, on obtient :
⇔ ⇔ or t×CA = marge sur coûts variables (M/CV), d'où :

Une autre formulation est également envisageable : ⇔


L’une ou l’autre expression sera employée suivant le contexte du problème.
 Suite de l’exemple 2:
=> Indice de Sécurité (IS) = 488 889 / 1 600 000 = 0,3055 soit 30,55 %.
=> Si le Chiffre d'affaires (CA) baisse de 30,55 % alors le Résultat (R) est égal à zéro.
Vérification : R = M/CV - CF
Baisse de 30,55 % alors CA = 69,45 % de l’ancien CA
=>R = 1 600 000 x 69,45 % x 45 % - 500 000 = 0
3- L’indice ou le coefficient de flexibilité :
C’est le rapport entre les charges variables à caractère flexible (dans la mesure où elles
suivent les mouvements de l’activité) et les charges fixes ou de structure à caractère rigide
(car ne dépendant pas de l’activité). CF  CVT
CFT
4- L’indice (coefficient) de prélèvement : (IP) :
C'est le rapport entre les Charges Fixes (CF) et le Chiffre d'affaires (CA). Il représente le
pourcentage de chiffre d’affaires permettant de couvrir les charges fixes, soit :

Il est différent d’un secteur à un autre ; d’une branche à une autre.


Il est évident que plus cet indice sera élevé, c’est-à-dire proche de 1, plus il sera difficile
d’atteindre le seuil de rentabilité. En effet plus les CF sont élevées, et plus il faut dégager du
CA et donc de la M/CV pour les résorber.
L’objectif est donc d’obtenir le pourcentage le plus faible.
Actions possibles pour diminuer l'Indice de Prélèvement (IP) :

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- Baisse des Charges Fixes : économies de gestion, réduction des amortissements par recours
aux locations de matériel, etc...
- Augmentation du Chiffre d'Affaires : publicité, promotion, politique de prix, hausse de la
qualité, etc...
 Suite de l’exemple 2:
=> Indice de Prélèvement (IP) = = (500 000 / 1600 000) x 100 = 31,25 %
=> Les Charges Fixes représentent environ 30 % du Chiffre d'Affaires. Résultat à comparer
aux résultats réalisés par les entreprises du même secteur d'activité.

Section 3 : Le levier d’exploitation


Une deuxième mesure du risque économique (opérationnel/d’exploitation) est le levier
d’exploitation (ou opérationnel). Il s’agit d’une mesure de la sensibilité du résultat
d’exploitation à une variation de l’activité (et donc des ventes).
Plus le levier d’exploitation est élevé, plus le risque supporté est grand.
Il se calcule, pour un niveau donné de CA, par le rapport entre la Δ relative du REX et la Δ
relative du volume des ventes.
% de variation du Résultat d'exploitation  REX REX
L. E  
% de variation de la quantité vendue Q Q
On a REX  Q.( p  v )  Fe Avec Fe : les frais fixes d'exploitation
Q.( p  v ) (Q.( p  v )  Fe ) Qp  v  M / CV
  REX  Q.( p  v )  L. E   L.E = =
Q Q Qp  v   Fe REX
 Exemple 1 : société ABC.
5 200.(50  25)
L.E de « ABC » au niveau de 5 200 unités ? L. E   1, 86
5 200.(50  25)  60 000
Si Q ↑(↓) de 1%, le REX ↑(↓) de 1,86%.
Avec le L.E, on peut calculer la Δ relative du REX pour n’importe quelle Δ relative de Q. Si
par exp, ses ventes ↑ de 15% (en passant de 5200 à 5980), son REX passera de 70 000
(=5 200 * (50-25) – 60 000) à 89 530 (= 70 000 * 1,279) car REX↗ de 1,86 * 15% = 27,9%.
 Exemple 2 :
Soient les données suivantes :
CAN = 4 500 000 dinars
CAN+1 = 5 000 000 dinars
Résultat d’exploitation N = 500 000 dinars
Résultat d’exploitation N+1 = 600 000 dinars
=>Variation du CA = 5 000 000 - 4 500 000 = + 500 000 dinars
=>Variation du Résultat = 600 000 - 500 000 = + 100 000 dinars
=> L.E(LO) = (100 000 / 500 000) / (500 000 / 4 500 000) = 0,20 / 0,11 = 1,8
=> Le Résultat d’exploitation progresse de 1,8 fois plus que le Chiffre d'affaires.

 Remarques :
 Le L.E n’est pas défini si Q.(p-v)-Fe = 0, c.à.d. en situation de point mort opérationnel :
La société ABC a un SR opérationnel de 2 400. 2400.(50  25)
Au niveau du SR opérationnel, le L.E devient égal à : L. E  2400.(50  25)  60 000 : indéterminé
Au voisinage du SR opérationnel, le dénominateur du L.E devient très faible et le L.E devient
très élevé.
 Toutefois, les fluctuations du REX dépendent non seulement du niveau de la quantité
vendue % au SR opérationnel, mais également du prix de vente unitaire et de la structure
des coûts d’exploitation.

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Application 1 :
On cherche à déterminer pour la société Alpha :
1. Son chiffre d’affaires critique.
2. Le volume de production requis pour réaliser un bénéfice avant impôt de 40 000.
3. Son levier d’exploitation au niveau de production actuel (5 000 unités).
Informations relatives à la société Alpha au 31/12/N :

Corrigé :
1. Le chiffre d’affaires critique de la société Alpha :
 F  F 50 000  30 000
CAc  Q* . p   . p    160 000
 pv 1 v
p
1  20
40
2. Le volume de production requis pour réaliser un bénéfice avant impôt de 40 000 est tel que
: 40 000 = Q.p – Q.v – F = Q.(p – v) – 80 000
= 20. Q – 80 000  Q = 6 000
Q.( p  v) 5 000.(40  20)
3. L.E   2
Q.( p  v)  Fe 5 000.(40  20)  50 000

Application 2 :
La société Omega envisage la construction d’une nouvelle unité de production en vue du
lancement d’un nouveau produit.
L’investissement s’élèverait à 2 000 000 amortissables sur 10 ans. Des études techniques ont
permis d’obtenir les prévisions de coûts exposées ci-après.
Des études commerciales ont permis de déterminer que le produit sera vendu à 475 et que la
société va vendre 2 500 unités par an.

Charges d’exploitation Charges variables/unité Charges fixes/an


Matières premières 105
Matières consommables 30

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Électricité 47,5 17 500


Charges de personnel 50 275 000
Dotations aux 200 000
amortissements
Redevance pour brevet 52 500

Total 232,5 545 000

1. Calculer le résultat d’exploitation d’Omega.


2. Déterminer son seuil de rentabilité et son levier d’exploitation.
3. Si les quantités produites et vendues étaient inférieures de 5% par rapport aux
prévisions, de combien le résultat diminuerait-il ?

Corrigé :
1. Calcul du REX d’Omega :
REX = CA - Coûts variables - Coûts fixes = 1 187 500 (2 500 * 475) - 581 250 (2 500
* 232,5) - 545 000 = 61 250
2. Seuil de rentabilité :
F 545 000
Q*    2 247 unités
p  v 475  232,5

 CAc  Q* * p  2 247 * 475  1 067 325


Q.( p  v) 2 500.(475  232,5)
L.E    9,9
Q.( p  v)  Fe 2 500.(475  232,5)  545 000
3. Si Q ↓ de 5% par rapport aux prévisions, alors ΔREX% =Δ Q%*L.E = -5%*9,9 = - 49,5%
 le REX ↓ de 49,5%, soit 61 250 * 49,5% = 30 318,75

Section 4: Risque d’exploitation Vs. Risque financier


Le risque financier correspond à la variation de la rentabilité financière imputable au seul
endettement.
Il s’agit de calculer, en cas de variation du CAHT et de la rentabilité économique :
 De combien variera la rentabilité financière ?
 Quelle part de cette variation est imputable au seul endettement ?

Si la rentabilité économique varie de ∆Re, la rentabilité financière connaitra à son tour une
variation de ∆Rf.
En utilisant la relation de l’effet de levier, on a :

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 R f  Re  (1  D K )
L’effet de l’endettement sur la variation de la rentabilité financière est d’autant plus grand que
l’endettement est plus important.
Le risque financier dépend du risque économique et du niveau du levier financier.
Si par exemple ∆Re= -10%, alors ∆Rf prend les valeurs suivantes comme le montre le tableau
suivant :
Ratio du levier financier D/K 0 1 1,5
∆Rf indépendante de l’endettement (Risque d’exploitation) -10% -10% -10%
∆Rf liée à l’endettement (Risque financier) = ∆Re*D/K 0% -10% -15%
∆Rf globale -10% -20% -25%

Le degré levier financier mesure la sensibilité du bénéfice net à une variation du REX. La
formule du degré de levier financier (DLF) est : DLF  RN RN
REX REX
Le Risque combiné est mesuré par le degré de levier combiné (DLC) :
DLC = (LE) * (DLF)
CLE = (ΔREX/REX) / (ΔQ/Q)
DLF = (ΔRN/RN) / (ΔREX/REX)
DLC = ((ΔREX/REX) / (ΔQ/Q)) * ((ΔRN/RN) / (ΔREX/REX))= ((ΔRN/RN) /
(ΔQ/Q))

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