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Definition enjeux et optimisation

Une bonne gestion des stocks est indispensable pour assurer la pérennité de votre entreprise. En
effet, les stocks doivent être bien évalués, avoir un taux de rotation cohérent et ne pas être trop
importants. Dans le cas contraire, cela veut dire que vous avez immobilisé votre argent inutilement.
La gestion des stocks doit être pertinente pour ne pas alourdir votre besoin en fonds de roulement.

La gestion des stocks : Définition et enjeux

Les stocks s’apparentent à l’ensemble des biens intervenant dans le cycle d’exploitation d’une
société soit pour être consommé, soit pour être vendu en l’état ou à l’issu du processus de
production. Une bonne gestion des stocks permettra de satisfaire des besoins futurs. 

Une bonne gestion des stocks constitue un facteur de flexibilité pour l’entreprise. En effet,


les stocks  repésentent une charge financière et une immobilisation de capitaux. La gestion
des stocks au sein d’une entreprise concerne les postes suivants :

 Le stock de marchandises : revente de biens à profit, sans transformation préalable.

 Le stock de matières premières : produits achetés pour être transformés.

 Le stock de produits semi-finis : il s’agit de produits en cours de fabrication.

 Le stock de produits finis : une fois la transformation des matières premières achevée, le
produit est prêt à être vendu.

 Le stock d’emballages : il s’agit d’emballages vides tels que des caisses, des palettes…

La gestion des stocks : les méthodes

La gestion des stocks commence dès les achats. En effet, lorsque vous commandez un bien, il est
important de faire attention à la date et à la quantité. Pour cela, différentes possibilité s’offrent à
vous :

La méthode de réapprovisionnement à date variable et quantités fixes (ou « méthode du point de


commande ») : il s’agit de définir un niveau de stock minimum, qui une fois atteint déclenche le
réapprovisionnement.

Elle est adaptée pour les produits coûteux, périssables ou encombrant et dont les consommations
est régulière (meilleure optimisation des approvisionnements). Il est important de mettre en place
des stocks de sécurité puisque si la consommation subit une croissance irrégulière, vous risquez
d’être en rupture de stock.

La méthode de réapprovisionnement à date fixe et quantités variables (ou « méthode de


recomplètement ») : vous devez analyser votre stock restant et émettre une commande vous
permettant de le remonter au niveau maximum de stock autorisé.

Cette méthode concerne notamment les produits coûteux, périssables ou encombrant, dont la
consommation est régulière (simplification de la gestion et maîtrise des immobilisations financières).
Là encore, vous devez faire attention aux ruptures de stock et aux cumuls.
La méthode de réapprovisionnement à date et quantités fixes (ou « méthode calendaire ») : elle est
souvent utilisée dans le cadre de contrat de livraison annuel conclus en auparavant avec un
fournisseur.

Cette méthode est adaptée aux produits dont la consommation est constante et régulière
(simplification de la gestion et économies d’échelles). En cas de rupture de stock, les livraisons
urgentes ou hors contrat, peuvent s’avérer très coûteuses.

La méthode de réapprovisionnement à date et quantités variables : adaptée aux stocks de projets.


Les commandes se font exclusivement sur besoin.

En d’autres termes, les quantités sont à chaque fois le résultat d’une estimation des besoins à court
terme. Elle permet de limiter les immobilisations financières inutiles à une date donnée. Cependant
elle reste sensible aux aléas de l’environnement.

La gestion des stocks : l'optimisation

Après avoir choisi la méthode de réapprovisionnement la plus adaptée à votre activité, il est
important de vous assurer de la bonne rotation des stocks (consommation annuelle/stock moyen),
car souvent elle rime avec une bonne gestion des stocks. Si les stocks ne tournent pas, la trésorerie
devra supporter de lourdes charges et les capitaux seront immobilisés.

Certains produits se vendent mieux que d’autres. Il faut donc se focaliser sur les références qui ont
du succès et prévoir des réassortiments réguliers. A l’inverse, vous devez repérer les produits qui ne
se vendent pas ou peu et qui encombrent vos rayons. Ces produits ne doivent pas être recommandés
de façon régulière (ou éventuellement non renouvelés).

Il est important de noter que la qualité et la rapidité de transmissions des informations constituent
des atouts essentiels pour la réduction des stocks (prévisions commerciales, transmission des
commandes, réceptions…).

Une bonne gestion de vos stocks vous permettra de réaliser des gains de trésorerie et contribuera au
développement de votre chiffre d’affaires

A. − ÉCONOMIE

1.

a) Ensemble des matières (directes ou indirectes) et des produits (finis ou en cours de fabrication) qui
appartiennent à une entreprise industrielle ou commerciale à une date donnée et qui sont
entreposés dans l'attente de leur utilisation ou de leur vente. Constitution, contrôle, évaluation,
inventaire, exploitation, gestion d'un stock. Le budget de la production est (...) fixé (...) de façon que
(...) les stocks [soient] constitués en vue de satisfaire aux consommations de pointe (Villemer, Organ.
industr., 1947, p. 243).V. grossiste ex. du Monde.
b) Quantité variable d'une matière, d'une marchandise, d'un produit qui se trouve en réserve dans
un magasin, sur un marché (d'apr. Tez. 1968). L'organisation comptable du magasin a pour objet de
tracer numériquement la marche du stock de chaque article (Villemer, Organ. industr., 1947, p. 104).

SYNT. Stock considérable, énorme, épuisé, important, limité, restreint; fonctionnement, gestion,


livraison, mouvement, rotation des stocks; approvisionnement, diminution, liquidation d'un stock;
article en rupture de stock; avoir un grand stock de qqc. en magasin; écouler un stock de qqc.

♦ Stock(-)outil. ,,Stock minimal nécessaire à la poursuite de la fabrication`` (ceneco Entr. 1980). Les


documents comptables ne distinguent pas le stock-outil de l'ensemble des stocks mais cette notion
est toujours identifiée pour la conduite et la gestion de l'entreprise (Bern.-Colli1981).

♦ Stock de sécurité ou stock tampon. ,,Stock nécessaire et suffisant pour éviter une rupture de


l'approvisionnement en matières (production) ou en produits finis (distribution)`` (Lauzel-
Muss. 1970). Les services de répartition ont créé un stock important de riz − dit « stock de sécurité »
− qui permettra d'honorer les tickets des consommateurs pour les mois à venir (L'Œuvre, 18 mars
1941).

− Locutions

♦ (Avoir qqc., être) en stock. (Avoir quelque chose, être) en magasin, en réserve. J'ai encore oublié de
commander le volume de Hardy, et s'ils ne l'ont pas en stock chez Galignani, il faudra que j'ajourne
cet article-là (Du Bos, Journal, 1922, p. 161).

♦ Mettre qqc. en stock. Entreposer quelque chose en attendant de l'utiliser ou de le mettre en


vente. Synon. emmagasiner, entreposer, stocker.Le goudron recueilli dans les divers condenseurs est
mis en stock (Chartrou, Pétroles natur. et artif., 1931, p. 184).

2. P. anal. Réserve en numéraire (d'un État, d'un établissement financier); quantité (de monnaie)
disponible à un moment donné. Stock métallique d'une banque  (Rob.). Le stock d'or de la Banque de
France (Lar. Lang. fr.). Stock monétaire*.

B. − P. ext.

1. Familier

a) Quantité de quelque chose que l'on conserve pour pouvoir l'utiliser en temps opportun; p. ext.,
grande quantité de quelque chose. Synon. provision, réserve, tas.

− [Le compl. désigne un inanimé concr.] Stock de boîtes de conserve, de cigarettes, de fiches; puiser
dans le stock de chocolat; en avoir tout un stock. Il vous faut une provision, un vrai stock. Après ça,
vous gâchez la drogue, vous la partagez avec les copains (Bernanos, Joie, 1929, p. 651).

− [Le compl. désigne un inanimé abstr.] Stock d'histoires drôles, de souvenirs; se constituer un stock
de citations. Je dois leur raconter tant d'histoires abracadabrantes pour les endormir tous les soirs. Et
j'ai justement épuisé mon stock de contes de fées (Anouilh, Répét., 1950, II, p. 44).

b) Loc. (Avoir qqc., être) en stock. (Avoir quelque chose, être) en réserve. Il affirmait en avoir [des
émissions de télévision] une dizaine en stock (Le Monde, Suppl. radio-télév., 20-21 sept. 1987, p. 15,
col. 1).

A. − Action de gérer les affaires d'autrui et, par extension, ses propres affaires; manière dont on les
gère. Gestion d'une fortune, d'un immeuble, d'un patrimoine; gestion de portefeuille; gestion
automatisée; bonne, mauvaise, sage, saine gestion; rendre compte de sa gestion. Sa femme restait
souvent seule à Véretz et il l'avait chargée de tout le poids de la gestion de la
ferme  (Delécluze, Journal,1825, p. 184).Les Laroque possèdent une fortune territoriale considérable,
dont la gestion était confiée dans ces derniers temps à un intendant  (Feuillet, Rom. j. homme
pauvre,1858, p. 65) :

1. Les deux amis occupaient tout le deuxième étage dans l'ancien hôtel. Cette double maison
appartenait à M. Pillerault, un octogénaire qui en laissait la gestion à M. et MmeCibot, ses portiers
depuis vingtsix ans. Balzac, Cous. Pons,1847, p. 44.

− DR. CIVIL. Gestion d'affaires. ,,Fait pour une personne de s'occuper des intérêts d'un tiers sans en
avoir reçu mission`` (CIDA 1973).

− P. méton. Durée d'une gestion. Au cours de sa gestion; durant sa gestion. Pendant les huit
premières années de sa gestion, le régisseur administra Presles consciencieusement; il s'y
intéressa  (Balzac, Début vie,1842, p. 324).

B. − Spéc. [Dans une administration ou une entreprise] Action de diriger un service ou d'assurer une


fonction effective. Gestion commerciale, financière; comité de gestion. Obtenir que les syndicats
ouvriers de ces grandes corporations soient associés à l'État dans la gestion et le contrôle des
nouveaux services publics  (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. 29).Remplacement de la bureaucratie industrielle
par la gestion ouvrière directe  (Camus, Homme rév.,1951, p. 284) :

2. Aux États-Unis, la politique de l'A.E.C. [Atomic Energy Commission] a pour objet de confier
la gestion de tous ses établissements à des organismes privés : universités (pour les centres de
recherche) et sociétés industrielles (pour les centres de production)... Goldschmidt, Avent.
atom.,1962, p. 240.

♦ Gestion d'une entreprise. ,,Mode d'administration de l'entreprise suivant des techniques


appropriées dites « techniques de gestion » afin de dégager un profit`` (Bouv.-Ibar. 1975) L'associé
commanditaire ne peut à aucun degré intervenir dans la gestion de l'entreprise où il a engagé une
partie de sa fortune  (Jaurès, Ét. soc.,1901p. 253).Associer, par l'esprit et par le cœur, aussi bien que
par les mains, à ce qui est gestion, organisation, perfectionnement des entreprises  (De Gaulle, Mém.
guerre,1959, p. 454).

♦ Gestion du personnel. ,,Organisation de tous les problèmes touchant au personnel (paie, fiscalité,


carrières, régimes sociaux, embauches)`` (Ging.-Lauret 1973).

C. − COMPTAB., FIN. PUBL. Ensemble des opérations comptables effectuées soit pendant l'année
budgétaire, soit pendant la durée de fonction du comptable. Compte de gestion. Anton. exercice.Le
ministre inscrivait au budget d'exercice une somme de 441 800 drachmes. Il espérait (budget de
gestion) que sur cette somme, l'État serait assez heureux pour percevoir 61 500
drachmes  (About, Grèce,1854, p. 300).

Prononc. et Orth. : [ʒ εstjɔ ̃]. Ds Ac.  dep. 1694. Dupré 1972, p. 1120 souligne que la prononc. [ʒ εsjɔ ̃]
est négligée. Étymol. et Hist. 1481 dr. (Ordonnances,  XVIII, 732 ds Bartzsch, p. 75). Empr. au lat.
class.gestio  « action de gérer, gestion, exécution ». Fréq. abs. littér. : 158. Bbg. Artur (J.). Gestion,
direction  ou management. Déf. Lang. fr.  1971, no56, p. 9 - Dubuc (R.). Sans ménagement
pour management. Meta.  1970, t. 15, pp. 110-112. - Giraud (J.). Vingt termes contestés. Vie
lang.  1971, p. 495.

I. − Domaine concret

A. − PHILOS., PHYS. [Au sing. avec l'art. déf.]


1. PHILOS. (MÉTAPHYS.), PHYS. CLASSIQUE. Substance dont sont faits les corps perçus par les sens et
dont les caractéristiques fondamentales sont l'étendue et la masse. Constitution, structure de la
matière. La matière n'a d'action que par le mouvement (J. de Maistre,Soirées St-Pétersb.,t.1, 1821,
p.365).J'ai connu un chimiste qui a usé tant de saisons à essayer de définir d'une façon satisfaisante
la matière qu'il n'a jamais trouvé le temps d'aller plus loin (Arnoux,Double chance, Paris, A. Michel,
1959 [1958], p.25):

1. L'esprit parvient à expliquer tour à tour la lumière, l'attraction, l'électricité, la notion d'énergie
pure, jusqu'au jour où la science moderne sera tentée de réduire la matière, jadis sacro-sainte, à
n'être plus qu'un aspect de cette même énergie, de ne considérer dans sa particule élémentaire,
l'électron, en somme, «qu'une apparence... une localisation de cette énergie dans un espace
généralement très petit». Huyghe,Dialog. avec visible,1955, p.144.

SYNT. Lois, propriétés de la matière; divisibilité, inertie, mouvement de la matière; désintégration,


modification de la matière.

♦ [P. oppos. à esprit, âme] Affirmer que des formes applicables aux choses ne sauraient être tout à
fait notre oeuvre; qu'elles doivent résulter d'un compromis entre la matière et l'esprit (Bergson,Essai
donn. imm.,1889, p.172).

Substance corporelle. Le corps tient-il à toi comme tu tiens au corps? Quel jour séparera l'ame de la
matière? (Lamart.,Médit.,1820, p.61):

2. Cela fait songer à ces faces succulentes et d'un relief merveilleux que Gustave Doré a semées dans
ses illustrations de Rabelais ou des Contes drolatiques et qu'il suffit de regarder pour éclater de rire.
Ou plutôt on pressent là tout un poème d'ironie, une âme très fine et très alerte empêtrée dans trop
de matière, et qui s'en accommode... Lemaitre,Contemp.,1885, p.202.

Avoir l'esprit enfoncé dans la matière. ,,Avoir l'esprit grossier`` (Ac. 1878-1935).

♦ Nature matérielle, ensemble des choses matérielles. Vous êtes, dans ce temps trop tourné vers la
matière, un distributeur d'idéal (Hugo,Corresp.,1865, p.508):

3. Puis, ensuite, c'est l'étalage coutumier des préparatifs, le nombre des nouveaux navires lancés,
leur tonnage, la supériorité bientôt écrasante de la flotte et des armements américains sur ceux de
l'Axe... Après quoi le moindre revers devra paraître honteux, et la victoire, un triomphe du plus grand
nombre et de la matière. Gide,Journal,1943, p.185.

− [Conçue dans ses grandes catégories]

Matière brute, matière organisée. Les rapports dont les anneaux successifs conduisent de la matière
brute au plus faible degré d'organisation, de la matière organisée à celle qui donne les premiers
indices de sensibilité et de mouvement spontané (Condorcet,Esq. tabl. hist.,1794, p.182).Un
phénomène de biologie générale dont il faut, semble-t-il, aller chercher les conditions dans les
propriétés essentielles de la matière organisée (Durkheim,Divis. trav.,1893, p.4).

Matière inanimée, matière vivante (ou animée). Il nous suffira de considérer la matière animée dans
quelques états, où tantôt les lois fixes de la nature, et tantôt ses jeux bizarres, nous la présentent
(Cabanis,Rapp. phys. et mor., t.1, 1808, p.124).Ces réactions chimiques ne peuvent se produire qu'en
relation plus ou moins directe avec la matière vivante, car elles s'observent dans des conditions
propices à l'accumulation de la matière organique, produit de la matière vivante
(Vernadsky,Géochim.,1924, p.42).Nous avons l'habitude de partager le monde en deux zones: celle
des êtres vivants et celle de la matière inanimée (David,Cybern.,1965, p.13).
Matière organique, matière inorganique. Aux phénomènes de la nature vivante comme à ceux que
produisent les forces qui sollicitent la matière inorganique (Cournot,Fond. connaiss.,1851,
p.48).J'entends ici par sensibilité la propriété vitale inconsciente que possède la matière organique
vivante de recevoir l'impression des agents extérieurs (Cl. Bernard, Principes méd. exp.,1878, p.155).

Matière animale, végétale, minérale. De nos jours encore, l'atmosphère reste le grand réservoir
intermédiaire de ce gaz carbonique, et la matière végétale offre toujours la seule transition entre la
matière inorganique et la matière animale (E. Schneider,Charbon,1945, p.298).Le rôle dévolu aux
microorganismes semble être précisément de transformer la matière minérale en matière vivante (P.
Morand,Confins vie,1955, p.19).

− PHYS., vx ou vieilli

♦ [Chez Descartes] Matière subtile. Fluide formé des parties les plus fines et les plus mobiles de la
matière, qui remplit l'espace et fait mouvoir l'univers. [Descartes:] «(...). On s'est beaucoup gaussé de
mes tourbillons et de ma matière subtile, comme si un siècle et demi après ma mort on n'expliquait
encore les aimants et le mouvement de la lumière par l'activité d'un milieu tout garni de petites
toupies en rotation» (Valéry,Variété IV,1938, p.222).

♦ [Désignant la cause inconnue de certains phénomènes] Matière du calorique (Littré). Il me paroît


que le calorique et la matière électrique suffisent parfaitement pour composer ensemble cette cause
essentielle de la vie (Lamarck,Philos. zool., t.2, 1809, p.16).

2. [P. oppos. à forme]

a) PHILOSOPHIE

− [Chez Aristote et les philosophes scolastiques] ,,Élément déterminable dont une chose est
faite``(Foulq.-St-Jean 1962). Nous faisons nôtre (...) la formule d'Aristote que le genre est matière et
que la différence et l'espèce sont formes (Hamelin,Élém. princ. représ.,1907, p.185).V. forme I C 2 b a
ex. de Franck, de Gilson et ex. 35.

[P. réf. plais.] Avoir la forme enfoncée dans la matière (loc. vieillie). Synon. de avoir l'esprit enfoncé
dans la matière (supra I A 1).

− [Chez Kant] ,,Donnée de l'expérience sensible, considérée indépendamment des formes a priori
que lui impose la sensibilité`` (Foulq.-St-Jean 1962). Déjà les logiciens, et Kant en particulier, ont
insisté sur la distinction entre la matière et la forme de nos connaissances, et ils ont très bien fait voir
que la forme pouvait être l'objet de jugements certains, quand la matière ou le fond restait à l'état
problématique (Cournot,Fond. connaiss.,1851, p.2).V. forme I C 2 b b ex. de Cousin et ex. 37.

Dans le domaine de la morale.Les faits par opposition à l'intention. V. forme ex. 38.

− Contenu de ce qui peut être un objet de pensée. On admet que la matière de la durée psychique
peut se représenter symboliquement à l'avance (Bergson,Essai donn. imm.,1889, p.169).Ni la forme,
ni la matière de l'obligation morale ne sont donc l'expression d'un impératif sans racine dans la vie
réelle, d'un commandement mystérieux et arbitraire (Blondel,Action,1893, p.302).

LOG. ,,Termes des propositions ou propositions du syllogisme considérés en eux-mêmes,


indépendamment des rapports affirmés ou niés (rapports constituant la forme)`` (Foulq.-St-Jean
1962). Dans la forme du syllogisme comme dans sa matière, le caractère absolu n'est qu'apparent
(Boutroux,Contingence,1874, p.38).

b) P. anal.
− DR. Matière d'un crime, d'un délit. Faits qui constituent le crime ou le délit, indépendamment des
motifs. (Dict. xixeet xxes.).

− THÉOL. Matière d'un sacrement. Ce dont est constitué l'acte rituel. Changements survenus au cours
des siècles dans la matière ou la forme de certains sacrements (Théol. cath.t.14, 1939, p.534).V.
forme ex. 39.

3. PHYS. MOD. ,,Énergie condensée dans une portion de l'espace`` (Charles 1960).

B. − [Désignant une forme particulière de la matière]

1. [Au sing. ou au plur., avec l'art. déf. ou indéf.]

a) Substance particulière qui a les caractéristiques fondamentales de la matière. On agita ce mélange,


on le laissa reposer, puis on le décanta, et on obtint un liquide clair, contenant en dissolution du
sulfate de fer et du sulfate d'alumine, les autres matières étant restées solides, puisqu'elles étaient
insolubles (Verne,Île myst.,1874, p.157).La terre éventrée avait été fouillée jusqu'aux entrailles, si
bien que cent cathédrales et dix villes avaient peut-être été bâties avec la matière extraite de ce
gisement (Cladel,Ompdrailles,1879, p.155).

α) [Avec déterm. évoquant la spécificité de la matière considérée] Matière albumineuse, cornée. Les
choux ont aussi une teneur appréciable en matière azotée (Macaigne,Précis hyg.,1911, p.254).Les
jarres, les vases et poteries en Espagne, comme en Berbérie et en Égypte, s'y reproduisent tels
encore qu'ils sortirent des mains des premiers potiers qui pratiquèrent l'art de façonner la matière
argileuse (Vidal de La Bl.,Princ. géogr. hum.,1921, p.129).

SYNT. Matière aimantée, alimentaire, animale, azotée, bitumineuse, caséeuse, cellulosique,


charbonneuse, coronale, fibreuse, hydrocarbonée, ligneuse, minérale, organique, pierreuse, textile.

Matière(s) grasse(s)*. Matière(s) plastique(s)*.

− ANAT., MÉD.

♦ Substance évacuée ou excrétée. Matière sébacée; matières exsudées, rejetées.

Matière(s) fécale(s). Excréments. V. fécal.P. ell. du déterminant. Quand on a replié le «zélé», il sentait
si fortement les matières et le jus de la fosse, et Courtial d'ailleurs aussi, entièrement capitonné,
fangeux, enrobé, soudé dans la pâte à merde! (Céline,Mort à crédit,1936, p.481).

Matière purulente. Cette tumeur vient à s'ouvrir, et forme un ulcère (...) duquel suinte une matière
ichoreuse, et quelquefois sanieuse (Geoffroy,Méd. prat.,1800, p.328).La rage communiquée par
injection de la matière rabique dans le système sanguin offre très fréquemment des caractères fort
différents de ceux de la rage furieuse donnée par morsure (Pasteurds Travaux,1882, p.380).MÉD.
VÉTÉR. Matière soufflée aux poils. ,,Matière purulente qui s'élève de l'intérieur du sabot du cheval, le
long des feuillets, dans le cas de la maladie de la sole, et s'échappe par le biseau, entre les poils de la
couronne, qui se hérissent`` (Littré-Robin 1858, 1865).

Matière des vomissements, de la transpiration, de la sueur (Littré). D'autres portions épaisses et


consistantes sont en même temps expectorées, et sortent mêlées à la matière de l'expuition
(Bretonneau,Inflamm. tissu muqueux,1826, p.317).

♦ Matière nerveuse. Cette petite boîte crânienne avait été vidée de la matière cérébrale
(Gide,Journal,1949, p.336).
♦ Matière grise. Synon. de substance* grise.La RMN [résonance magnétique nucléaire] permet de
distinguer la matière blanche et la matière grise beaucoup plus nettement que le scanographe (Sc. et
Avenir, no428, 1982, p.53).

P. méton., fam. Cerveau comme siège de l'intelligence. Il y a réjouissance en quelque endroit de la


matière grise; des velléités s'ébranlent, pareilles à des carrioles de maraîchers; on entend galoper les
lourdes carnes des idées (Fargue,Piéton Paris,1939, p.11).Faire travailler sa matière grise. Réfléchir.
Intelligence, réflexion, facultés intellectuelles, de raisonnement et d'invention; p. méton. ensemble
d'individus chez qui ces facultés sont très développées. Plus de cent cinquante mille ordinateurs sont
à l'oeuvre; personne ne s'était soucié des ressources en matière grise indispensables à leur bon
fonctionnement (Elgozy,Le Désordinateur, Paris, Calmann-Lévy, 1972, p.259).La distinction habituelle
entre sociétés de «matière grise» et sociétés de travail à façon s'estompe de plus en plus (Le
Monde,7 juin 1972, p.29, col. 2).

♦ Matière blanche. Synon. de substance* blanche.V. supra matière grise.

− ASTRON. Matière interstellaire. Matière située entre les étoiles, qui se compose de gaz faiblement
ionisés, principalement d'hydrogène, et de poussières (d'apr. Astron. (CILF) 1980). La lumière des
étoiles est polarisée, et le taux de polarisation croît avec l'épaisseur de matière interstellaire
traversée (Schatzman,Astrophys.,1963, p.116).

β) [Avec déterm. évoquant une caractéristique de fonction] Matière absorbante, agglomérante,


conductrice, épurante, fertilisante, tannante, tinctoriale; matière d'agrégation. La présence, dans les
sucs de certaines plantes, d'une matière colorante fort sensible à l'action des acides (Cournot,Fond.
connaiss.,1851, p.146).Souvent les constructeurs mettent des séparations en matières isolantes
entre les plaques [dans les batteries] (Soulier,Gdes applic. électr.,1916, p.182).

♦ Matière active. Constituant essentiel dont dépend l'efficacité d'un produit:

4. Ce jour-là, le fleuve [le Rhin] fut contaminé par un tonneau de produit pur [insecticide
organochloré], perdu accidentellement par une péniche (...). Les quelques dizaines de kg de matière
active qu'il contenait, suffirent pour faire périr en quelques jours plusieurs millions de poissons... F.
Ramade,Éléments d'écol. appliquée, Paris, Édiscience, 1974, pp.2-3.

♦ Matière de charge. ,,Substances souvent d'origine naturelle, insolubles dans les milieux de
suspension et qui, bien que ne présentant dans ces milieux qu'un faible pouvoir colorant et un faible
pouvoir opacifiant, sont fréquemment incorporées dans les peintures ou dans les préparations
assimilées`` (Forest. Métall. 1977).

γ) [Avec déterm. évoquant une caractéristique de nature] Matière âcre, collante, dure, gluante,
homogène, pulvérulente; matière explosive, flexible, inflammable, lavable, volatile; matière fondue,
moulée; matière précieuse. Un pays présente alors l'image d'un grand incendie, qui s'alimente sans
cesse de nouvelles matières combustibles (Sénac de Meilhan,Émigré,1797, p.1685).La nutrition
fournit graduellement aux parties plus de matières fixes que de matières fluides et de substances
coercibles (Lamarck,Philos. zool., t.2, 1809, p.124).Une matière fragile ne se prête pas au travail du
sculpteur (Alain,Beaux-arts,1920, p.189):

5. La société bourgeoise, brusquement «parvenue» depuis la révolution française, crut trouver ce


principe dans la richesse: confondant étroitement le beau avec le luxe, elle le poursuivit dans
l'étalage des matières coûteuses, dans l'exécution dispendieuse prouvée par l'entassement du
décor... Huyghe,Dialog. avec visible,1955, p.38.
Matière sèche. Produit restant après déshydratation complète [Dans un corps ligneux] la formation
d'un kilogramme de matière sèche nécessiterait l'absorption de 250 à 300 kilogrammes de liquide
(Pesquidoux,Livre raison,1928, p.17).

♦ FIN. Matière imposable. Ce qui est assujetti à l'impôt. Le sel (...) est en effet la matière imposable
rêvée pour le fisc: les moyens de production sont concentrés et très localisés, donc d'une surveillance
facile (Stocker,Sel,1949, p.96).

♦ PHYS. NUCL. Matière fissile. Matière qui peut subir une fission. V. fissile ex.

b) Substance particulière destinée à être utilisée dans le cadre d'activités techniques ou artistiques.
Sur des socles richement sculptés posaient de grands vases et de larges cratères d'or, d'un prix
inestimable, dont le travail l'emportait sur la matière (Gautier,Rom. momie,1858, p.318).Ils [des
arbres] constituent la matière d'élection des industries de déroulage et contreplaqué établies en
Afrique du Sud (Industr. fr. bois,1955,p.32).La contraction des achats de machines et matières qui
restreint le produit brut des firmes vendeuses ne peut pas être indéfiniment compensée par la
diminution des profits (Perroux,Écon. XXes.,1964, p.180).

α) Matière brute, matière travaillée. Bronze ou bois, ivoire, or, argent, granit, ils conservaient à la
matière travaillée sa pesanteur et sa délicatesse, sa fraîcheur végétale, son grain minéral (Faure,Hist.
art.,1909, p.49).Les Samoans se procuraient la matière brute pour leurs herminettes en faisant
éclater une roche contre une autre, et choisissaient un fragment qui se prêtât à la taille
(Lowie,Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p.133).

− Matière première. ,,Bien acheté par l'entreprise pour devenir, après transformation, partie du
produit qu'elle fabrique`` (Tézenas 1972). Achat, importation, pénurie de matières premières. Les
fabriquans, forcés de prendre leur bénéfice entre le prix de la matière première et le taux de la vente
aux consommateurs (Recueils textes hist., Cahiers du quatrième ordre, 1789, p.12).Ce pays industriel
et urbain demanda la matière première de son travail, la laine, à l'Angleterre (Vidal de La Bl.,Tabl.
géogr. Fr.,1908, p.80):

6. La sucrerie qui, dans notre pays, n'a comme matière première que la betterave, met sur le marché
trois types principaux de sucre: sucre cristallisé, sucre en poudre et sucre en morceaux.
Brunerie,Industr. alim.,1949, pp.142-143.

♦ P. anal. Une ingéniosité qui devrait nous conduire, logiquement, à faire d'un Mabillon, authentique
pourvoyeur de matière première historique, le contemporain ignoré (et qui s'ignorait) d'une grande
industrie déjà soucieuse de ses matériaux et de leur trituration (L. Febvre,Combats pour hist., De
Spengler à Toynbee, 1936, p.1350).Nous autres écrivains, voyez-vous, l'injustice sociale, la misère,
(...) et autres calamités constituent notre matière première (Aymé,Confort,1949, p.196).

[En parlant de pers.] On en étoit venu à ce point de mépris pour la vie des hommes et pour la France,
d'appeler les conscrits la matière première et la chair à canon (Chateaubr.,Mél. pol.,1814, p.22).Pour
ces chefs de naissance aux gestes étincelants, le reste des hommes n'était guère que la foule, une
sorte de matière première (Magnane,Bête à concours,1941, p.28).

− Matière directe. Matière qui entre dans la composition du produit fabriqué. Matière indirecte.
Matière qui intervient dans la fabrication d'un produit sans entrer dans sa composition:

7. Parmi les matières directes utilisées à l'huilerie, nous citerons les différentes graines oléagineuses
à traiter à l'atelier des presses, les tourteaux de pression à passer à l'extraction, les huiles brutes à
raffiner (...). Les matières et fournitures indirectes sont: le charbon, l'électricité, les solvants...
Brunerie,Industr. alim.,1949p.224.

♦ Comptabilité(-)matières. V. comptabilité A 1 c.On joint à ces renseignements les poids des matières
mises en oeuvre, des produits et des sous-produits obtenus, des fournitures et autres matières
indirectes consommées; l'ensemble est utilisé ultérieurement, comme nous le verrons, à la
comptabilité-matières pour la détermination des prix de revient (Brunerie,Industr. alim.,1949, p.164).

β) [À propos d'un type de matière propre à une activité]

− [Gén. avec déterm.]

♦ Matières d'or et d'argent. Or et argent en lingots employés pour la fabrication des monnaies. On
doit porter ces matières à la monnaie (Ac.1835, 1878).

♦ BEAUX-ARTS. Ce que l'artiste façonne pour réaliser son oeuvre. Depuis Rude, la matière de la
sculpture a emprunté à la chair sa chaleur et sa mollesse (Hourticq,Hist. art, Fr., 1914, p.447).Le
premier, l'écrivain français a conçu son oeuvre comme un objet de belle matière avec de justes
proportions (Chardonne,Attach.,1943, p.93).Matière (picturale). Le goût excessif pour les belles
pâtes, les ragoûts de couleurs, les triturations ostensibles de la matière picturale, n'est pas sans
présenter certains dangers techniques (Arts et litt.,1935, p.30-10).Après avoir préféré à la nature les
formes qu'on en peut dégager ou qu'on y peut créer, l'art en viendra à leur préférer la matière
picturale (Huyghe,Dialog. avec visible,1955, p.191):

8. ... le pastel, qui reste toujours dessin par la touche et par la matière. Et il est bien remarquable
qu'un portrait au pastel, qui pourrait passer, à la première réflexion, pour une espèce de portrait
peint, dans le fait n'y ressemble point du tout. La matière d'abord ne se prête point aux préparations
et aux recherches du peintre. Et, d'un autre côté, la ligne qui revient partout, exclut la vérité des
couleurs. Alain,Beaux-arts,1920, p.285.

P. anal., MUS. C'est grande illusion des musiciens, de croire que la matière de leur art est
radicalement différente de celle des autres arts (Rolland,Beethoven, t.1, 1937, p.22).[Dans les mus.
expérimentales] Matière sonore. Timbre, grain, épaisseur, densité du son ou ,,substance accoustique
dans laquelle le musicien (ou le compositeur) va s'efforcer de «modeler» son oeuvre`` (Mus. 1976).
Où réside l'invention? Quand s'est-elle produite? Je réponds sans hésiter: quand j'ai touché au son
des cloches. Séparer le son de l'attaque constituait l'acte générateur. Toute la musique concrète était
soutenue en germe dans cette action proprement créatrice sur la matière sonore (Schaeffer,Rech.
mus. concr.,1952, p.16).

Rem. ,,Il paraît difficile de donner une définition exacte et complète de la m(atière) s(onore)
autrement qu'en se référant à des données aussi empiriques qu'intuitives`` (Mus. 1976).

P. anal. (plus gén.). Un auteur qui ne frappe pas directement la matière scénique, qui n'évolue pas
sur la scène en s'orientant et en faisant subir au spectacle la force de son orientation, a trahi en
réalité sa mission (Artaud,Théâtre et son double,1938, p.134).La matière verbale n'est-elle pas
prodigieusement régénérée, rafraîchie, avant d'être projetée sur le haut fond où, pour la joie du
lecteur (spectateur autant qu'auditeur), elle s'étoile? (Le Nouvel Observateur,18 janv. 1967, p.376,
col. 1):

9. ...la matière touristique évolue extrêmement rapidement. Tel pays, hier encore oublié des
voyageurs, devient en quelques saisons un haut lieu du voyage. Réalités,juil. 1972, p.16, col. 2.
♦ MÉD. Matière médicale. ,,Ensemble des corps qui fournissent les médicaments`` (Garnier-Del.
1958, 1972). Voir Voy. La Pérouse, t.1, 1797, p.191.

P. méton. ,,Partie de la thérapeutique qui a pour objet la description de tous les agents employés
dans le but de guérir les malades`` (Garnier-Del. 1958, 1972). Tous ces établissements si précieux, et
sur lesquels il reste à faire un grand travail utile pour la matière médicale, sont à un quart et une
demi-heure de chemin de Cauterets (Maine de Biran,Journal,1816, p.181).

− [Sans déterm. spécificateur]

♦ BRASS. Cuve(-)matière. Cuve contenant le mélange de malt et d'eau. L'empâtage du malt (...)
s'effectue soit directement dans la cuve matière ou le macérateur, soit au moyen d'un hydrateur
(Boullanger,Malt., brass.,1934, p.217).

♦ IMPR. Alliage utilisé pour fondre les caractères ou les supports de clichés (d'apr. Comte-Pern. 1963,
1974). Celui-ci, [l'ouvrier] tenant dans sa main gauche le moule garni de sa matrice, y versait de la
main droite la matière en fusion cueillie dans le creuset au moyen d'une cuiller de fer (pochon)
(E.Leclerc,Nouv. manuel typogr.,1932, p.51).Dressé, raboté, tourné, biseauté, le cliché est terminé
comme ceux en plomb. On le monte sur bois ou sur matière (E.Leclerc,Nouv. manuel
typogr.,1932p.538).

♦ TECHNOL. ,,Bois-d'oeuvre`` (Plais. 1969).

c) P. métaph. [À propos de pers. formant une catégorie déterminée; toujours avec déterm.] La ville
palpitait comme un rayonnement se renverse. Pour lancer dans les deux sens tant de matière
humaine, le centre n'avait pas eu besoin de bouger (Romains,Hommes bonne vol.,1932, p.210).Pour
résistante que soit, à tout choc, la précieuse et étrangère matière féminine, les raisons de chanceler
et de périr ne lui ont pas manqué (Colette,Pays. et portr.,1954, p.9).

Quand la matière électorale royale pénétra dans l'intérieur de l'Hôtel de Ville, des murmures plus
menaçants accueillirent le postulant (Chateaubr.,Mém., t.3, 1848, p.631).Pénétrons en ce cabinet,
presque toujours d'un si beau vert, où le directeur, − un de ces hommes qui traitent les honnêtes
bourgeois de «matière abonnable», − est assis devant sa table (Villiers de l'I.-A.,Contes cruels,1883,
p.46).

2. [Au sing., gén. avec art. déf. et le plus souvent avec compl. prép. de] Ce dont quelque chose est
fait. La gélatine et la fibrine sont la véritable matière des membranes (Cabanis,Rapp. phys. et mor.,
t.1, 1808, p.206).Ils [les Samoyèdes] trouvent dans l'élevage du renne et dans l'existence du bouleau-
nain (...) la matière des vêtements dont ils se couvrent, des peaux ou des écorces dont ils revêtent
leurs tentes d'été, des récipients dont ils font usage (Vidal de La Bl.,Princ. géogr. hum.,1921, 130).Les
protéines qui constituent la matière essentielle de toutes les cellules vivantes (Bérard,
Gobilliard,Cuirs et peaux,1947, p.27).

♦ GRAMM. Complément de matière. Complément introduit le plus souvent par de ou en qui indique
de quoi est fait un objet. Dans la langue courante, lorsque le complément de matière est attribut et
épithète, on préfère se servir de en: sa montre est en or, son corsage est en soie, plutôt que: sa
montre est d'or, son corsage est de soie, phrases qui ont un air archaïque (BrunotPensée1953,
p.663).

− P. métaph. On trouve facilement par soi-même que ces événements incessants et impalpables sont
la matière dense de notre véritable personnage (Valéry,Variété [I], 1924, p.75).Il n'y a pas de
mauvaise souffrance (...) il n'y a qu'une souffrance tout court celle dont la vie est faite, la matière
dont la vie est faite (Green,Journal,1950, p.45):

10. [Je] travaille maintenant à un pastiche de Proust avec grand plaisir. (...) après trois pages, la
matière de la phrase, à la fois liquide et végétale, devient (je crois) assez proustienne. Maurois,Mes
Songes,1933, p.142.

II. − Au fig.

A. − Ce dont il est question.

1. Ce dont on traite (par écrit ou oralement). Matière d'un débat, d'un discours, d'un entretien, d'un
reportage, d'un roman; matière romanesque. Échelonné mes leçons du mois et distribué le restant
de la matière de mon cours (Amiel,Journal,1866, p.311).La lecture des journaux fournissait parfois
des diversions bénies de nous, quand, sur une matière trop épineuse, le ton allait se monter
(Blanche,Modèles,1928, p.56):

11. Le Père (...) dit qu'après avoir montré l'origine divine de la peste et le caractère punitif de ce
fléau, il en avait terminé et qu'il ne ferait pas appel pour sa conclusion à une éloquence qui serait
déplacée, touchant une matière si tragique. Camus,Peste,1947, p.1297.

Synon. de fond (p. oppos. à forme).Ils admiraient l'art avant tout, et tout ouvrage dont ils pouvaient
dire: l'art y surpasse la matière, était à leurs yeux un chef-d'oeuvre (Joubert,Pensées, t.1, 1824,
p.409).

♦ Entrer en matière. Commencer à traiter de quelque chose. Je dois, avant d'entrer en matière, me
justifier du reproche qui m'a été fait d'énoncer mes idées sur la société d'une manière trop absolue
(Bonald,Législ. primit., t.1, 1802, p.6).Parfaitement... dit Gaspard en avançant d'un pas. Façon
d'entrer en matière et de se faire remarquer (Benjamin,Gaspard,1915, p.106).Entrée en matière. Il
posa la main, affectueusement, sur l'épaule de Gilbert, si bien que celui-ci n'eut pas la peine de
chercher une entrée en matière et un prétexte pour s'arrêter (R.Bazin,Blé,1907, p.264).

− BIBLIOTHÉCON. La Deutsche Bücherei de Leipzig recevait, en 1935, 18105 périodiques de langue


allemande, dont le classement, par matières était le suivant... (Civilis. écr.,1939, p.32-8).

Catalogue, index (des) matières. Table* des matières.

2. Contenu spécifique d'un enseignement. Matière enseignée, obligatoire; matière d'éveil; matières
d'un (examen) écrit, oral. J'ai suivi des cours de pathologie mentale (c'était la matière à option que
j'avais choisie pour la licence de philo) (Vailland,Drôle de jeu,1945, p.84).Une matière faisant l'objet
d'un cours annuel ou deux matières faisant chacune l'objet d'un cours semestriel et choisies soit
parmi les matières spéciales de la section de droit privé ou de la section de droit public et science
politique de 4eannée (Encyclop. éduc.,1960, p.215).

B. − Ce sur quoi s'exerce ou peut s'exercer une activité. Matière de recherche; être
compétent/incompétent en telle matière. La géographie n'a donc pas de matière propre, mais
seulement une méthode, un point de vue, qui, à la vérité, est très général (Civilis. écr.,1939, p.26-
10).La répudiation du comportement logique par André Breton et ses disciples ne signifie pas
l'aveugle abandon aux modes primitifs de communication et d'action qui sont la matière de l'étude
parapsychologique (Amadou,Parapsychol.,1954, p.328):

12. En statuant sur certaines matières le législateur les réserve expressément à la loi. Dès que le
législateur statue sur une matière, il en fait une matière législative. Il n'est plus en effet possible au
pouvoir exécutif de prendre dans cette matière des dispositions contraires à celles de la loi. Vedel,Dr.
constit.,1949, p.497.

DR. Matière(s) sommaire(s)*.

En la/cette matière, en ces matières, en pareille matière. Je n'ai pas besoin de vous dire que vos
observations en cette matière comme en toute autre seraient bien reçues (Tocqueville,Corresp. [avec
Gobineau], 1851, p.177).En territoire étranger, le commandant en chef concentre tous les pouvoirs
civils et militaires au nom du gouvernement français; il les exerce dans les conditions fixées par les
conventions internationales conclues en la matière (J.O., Loi organ. gén. armée, 1927, p.7269).

− En matière + déterm.Dans le domaine de, en ce qui concerne.

♦ En matière + adj.En matière budgétaire, constitutionnelle, économique, financière, fiscale,


forestière, législative, politique, religieuse, tarifaire. Mais la plaisanterie, en matière scientifique, est
toujours fausse (Renan,Avenir sc.,1890, 438).Les interventions de l'État, notamment en matière
sociale, apparaissent comme des moyens d'évolution de la démocratie formelle vers une démocratie
plus concrète (Belorgey,Gouvern. et admin. Fr.,1967, p.15).

DR. En matière contentieuse, disciplinaire, pénale. En matière civile − c'est le cas de ton fils − en
matière civile, la contrainte par corps ne peut être exercée que dans le cas prévu de stel-lio-nat
(Châteaubriant,Lourdines,1911, p.96).Elle [l'inviolabilité] ne s'oppose qu'aux poursuites pénales en
matière correctionnelle ou criminelle (Vedel,Dr. constit.,1949, p.403).

♦ En matière de + subst.En matière d'art, de crédit, de doctrine, d'expropriation, d'impôt, de


sentiments, de science. Vous admireriez, j'en suis sûr, qu'entre des hommes de sentiments si
opposés, surtout en matière d'élections, il ait pu se trouver un point sur lequel tous fussent d'accord
(Courier,Pamphlets pol., À conseil préfect. Tours, 1820, p.49).Il convint qu'en matière de défense
nationale les économies sur la qualité pouvaient être néfastes, et même criminelles
(Romains,Hommes bonne vol.,1938, p.155).Dans ses derniers jours d'existence, la première
assemblée constituante réalise une oeuvre législative aussi importante et plus durable que son
oeuvre constitutionnelle, notamment en matière de nationalisations (Vedel,Dr. constit.,1949p.581).

C. − [Dans des loc., sans art.] Ce qui constitue l'occasion d'une action. Mais ils n'aiment point que les
rêves restent rêves, et que les possibles demeurent indéfiniment sans actualité et sans matière
(Nizan,Chiens garde,1932, p.165).

− Matière à ou de (vieilli) + subst. ou inf.Quel texte et quelle matière à réflexions! (Chamfort,Max. et


pens.,1794, p.78).Reconnais qu'il n'y avait pas matière à une brouille (Mauriac,Mal Aimés,1945, iii, 1,
p.223).

Avoir, trouver matière à. Puisque je ne trouve pas matière à une analyse dans ce qui fut une réelle
aliénation (Bourget,Disciple,1889, p.188).Des unes comme des autres, elle ne tirait ni motif
d'édification ni matière à s'indigner (Boylesve,Leçons d'amour,1902, p.243):

13. Tu la trouves un peu sèvère, Pour toi, qui n'as rien dans ton verre, Cette fête?... Mais qu'un
chacun Ayant vidé sa tire-lire, N'y trouve pas matière à rire, Elle amuse toujours quelqu'un.
Ponchon,Muse cabaret,1920, p.243.

Être, devenir, faire matière à. Dans la société une idée doit être matière à échange (L. Blanc,Organ.
trav.,1845, p.207).Tout ce qui nous fait pénétrer dans la vie du passé peut être matière à réflexion
(Lavedan,Urban.,1926, p.241).
Donner, fournir matière à. Je ne veux pas donner matière aux discours par ma présence à Lisbonne
(Lemercier,Pinto,1800, i, 2, p.10).Elles [des mesures] permettent de pallier les inconvénients et la
contre-publicité qui résultent de disparités locales, et apparaissent ainsi comme un élément non
négligeable de l'accueil, en même temps qu'elles fournissent matière à propagande (Jocard,Tour. et
action État,1966, p.218).

Prononc. et Orth.: [matjε:ʀ]. Ac. 1694, 1718 matiere, 1740 -é-, dep. 1762 -è-. Étymol. et Hist. A. 1.
Début xiies. «substance dont une chose est faite» (St Brendan, 1680 ds T.-L.); 2. ca 1256 «substance
évacuée par le corps» (Aldebran de Sienne, Régime du corps, 28, 13, ibid.); spéc. 1538 matiere fecalle
(Est.); 3. 1280 «substance d'une médication» (Clef d'amour, 2415 et 2442 ds T.-L.); d'où 1717 matière
médecinale «ensemble des substances utilisées dans les médications» (Tournefort, Voyage du
Levant, t.2, p.386); 4. 1580 matières grasses (B. Palissy, Discours admirables, p.429 ds IGLF); 5. 1681
«substance que l'industrie ou l'artisanat met en oeuvre (ici, les métaux précieux pour les monnaies)»
(Colbert, Lettres et Mémoires, éd. P. Clément, II, 157); 1771 matières premières (Baudeau,
Philosophie Economique, D., II, p.660 ds Brunot t.6, p.381, note 2); 6. 1764 «alliage à base de plomb
dans lequel sont fondus les caractères d'imprimerie» (Fournier, Manuel typographique, 109 ds IGLF);
7. 1913 matière plastique (Lar. mens., oct., p.859); 8. 1922 gramm. complément de matière (Brunot,
La Pensée et la langue, p.397). B. 1. 1121-34 «sujet d'un ouvrage» (Ph. de Thaon, Bestiaire, 362 ds T.-
L.); ca 1655 entrer en matière (La Rochefoucauld, Mémoires, Œuvres, éd. Gilbert et Gourdault, t.2,
p.167); 1690 table des matières (Fur.); 2. 1174-76 «cause, occasion, circonstance déterminante»
(Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, c.f.m.a., 5975); cf. aussi Chrétien de
Troyes, Charrette, éd. M. Roques, 26 (voir J. Rychner ds Vox rom., t.26, pp.1-23); 1erquart xiiies.
doner matere (Reclus de Molliens, Miserere, 127, 11 ds T.-L.); 3. a) 1280 «sujet, domaine d'étude»
(Clef d'amour, 77, ibid.); b) 1478-80 dr. «cas, affaire, type d'affaire faisant l'objet du jugement» en
cas et matiere de saisine (G. Coquillart, Plaidoyé, 22, oeuvres, éd. M. J. Freeman, p.5); c) début xviies.
plus gén. en matière de «dans le domaine de» (E. Pasquier, Rech. de la France, éd. 1665, 646 ds
IGLF); d) 1790 matière imposable (Montesquieu, Rapport, 27 août 1790, p.10 ds Littré). C. 1. a) Ca
1165 «nature, naturel, composition, fonds (d'une personne)» (Chrétien de Troyes, Erec et Enide, éd.
M. Roques, 1488); b) 1270 «fonds indéterminé des éléments et des êtres susceptible de recevoir une
forme déterminée» (Mahieu Le Vilain, Les Metheores d'Aristote, éd. R. Edgren, livre I, chap.I, p.7); 2.
1555 «ce qui constitue la substance de tous les corps et éléments concrets, indépendamment de la
forme qui peut leur être donnée et par opposition à ce qui est spirituel» (Ronsard, Hymne de la mort,
332, Œuvres, éd. P. Laumonier, t.8, p.178); 1659 avoir la forme enfoncée dans la matière (Molière,
Précieuses ridicules, 5); 1690 esprit enfoncé, abysmé... dans la matière (Fur.); 3. 1690 (Fur.: Matiere,
se dit aussi en Theologie, de ce qui sert de base et de fondement aux Sacrements qui sont spirituels).
Empr. au lat. materia, -ae, d'abord materies, ei qui désignait le bois de construction, d'où tous
matériaux et en gén. la matière, la substance fondamentale des choses, le sujet d'une oeuvre, la
cause de quelque chose. Fréq. abs. littér.: 8083. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 12134, b) 8692; xxes.: a)
8485, b) 13660. Bbg. Besse (H.). Paraphrases et ambiguïtés de sens. Cah. Lexicol. 1973, no22, p.20. _
Quem. DDL t.18. _Sculpt. 1978, p.572.

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