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Lett Med Phys Readapt (2008) 24: 57–58

© Springer 2008
DOI 10.1007/s11659-008-0098-7

DOSSIER THÉMATIQUE

Mise au point : prise en charge de la spasticité chez l’adulte


A. Schnitzler 1,3 , F. Genêt 1,3 , L. Mailhan 2,3 , P. Denormandie 3
1
Service de médecine physique et de réadaptation, hôpital Raymond-Poincaré, 104, boulevard Raymond-Poincaré,
F-92380 Garches, France
2
Service de médecine physique et de réadaptation, centre Sainte-Marie, 167, rue Raymond-Losserand, F-75014 Paris, France
3
Service de chirurgie orthopédique, hôpital Raymond-Poincaré, 104, boulevard Raymond-Poincaré, F-92380 Garches, France

Résumé : La spasticité focale ou diffuse est une des patients atteints de sclérose en plaques, et uniquement
conséquences d’une lésion du système nerveux central. dans cette pathologie. Ce traitement par le froid est
Son traitement peut être physique (kinésithérapie, réalisé de différentes façons : balnéothérapie froide dans
cryothérapie), médicamenteux par voie générale (baclo- une eau de 18 à 5  C selon les établissements de médecine
fène, dantrolène, tizanidine). La toxine botulinique en physique et de réadaptation la pratiquant, enveloppe-
injection intramusculaire est actuellement le traitement ment des membres spastiques avec circuit refroidissant
de première intention dans le cadre d’une spasticité jusqu’à une température locale de 4  C sur 20 minutes,
focale. Dans le cas des hypertonies diffuses des membres utilisation de cold packs ou plus simplement douches
inférieurs, le baclofène intrathécal peut être une alterna- froides.
tive thérapeutique.
Mots clés : Spasticité – Toxine botulinique – Baclofène Spasticité focale
Lorsque seul un muscle ou un groupe musculaire est en
Treatment of spasticity in adults cause, le traitement est préférentiellement focal.

Abstract: Spasticity is a consequence of an injury to the


central nervous system. Its treatment can be physical Toxine botulique
(physiotherapy, cryotherapy), or with medicines (baclo-
fene, dantrolene, tizanidin). Botulinum toxin is currently Qu’elle soit de type B ou plus fréquemment de type A, la
the first-line treatment in cases of focal spasticity. In toxine botulique a fait la preuve de son efficacité comme
cases of diffuse spasticity of the lower limbs, intrathecal traitement de la spasticité focale dans la plupart des
baclofen may be another possible therapy. pathologies neurologiques. La toxine A a l’autorisation
de mise sur le marché (AMM) dans l’hypertonie
Keywords: Spasticity – Botulinum toxin – Baclofen musculaire d’origine neurologique, quelle que soit la
pathologie, depuis octobre 2006.
Introduction Ses limites en sont son coût et la dose maximale
autorisée dans l’AMM de 360 UI (Botox®) à 1 500 UI
De nombreux traitements existent à l’heure actuelle. La (Dysport®). Cette dose est insuffisante pour contrôler la
prise en charge de la spasticité dépend du caractère focal spasticité multifocale ; ainsi, elle impose de choisir entre
ou diffus de celle-ci, de la pathologie en cause et de le traitement de la spasticité du membre inférieur et celle
l’objectif du traitement. du membre supérieur dans une hémiplégie post-accident
Dans tous les cas, le premier traitement est kinési- vasculaire cérébral. Néanmoins, de nombreuses équipes
thérapique et doit s’aider d’étirements réguliers centrés utilisent des doses supérieures (hors AMM, avec
sur les muscles responsables (ne pas oublier le rectus consentement éclairé du patient) dans les injections
femoris, souvent spastique mais rarement étiré, en multisites, sans effet secondaire notable.
particulier au domicile, du fait de l’installation nécessaire Son délai d’action est de trois à dix jours et sa durée
à des étirements efficaces de ce muscle). d’efficacité est de deux à six mois.
Enfin, la cryothérapie permet de contrôler transitoi- C’est le traitement de choix en première intention.
rement (deux heures environ) la spasticité chez les Son caractère réversible rassure le patient et permet au

Correspondance : alexis.schnitzler@rpc.aphp.fr
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praticien une évaluation fonctionnelle fine avant tout Baclofène intrathécal


geste définitif.
Ce traitement a prouvé son efficacité dans la spasticité
d’origine spinale (blessés médullaires, sclérose en
Phénolisation nerveuse plaques). Il est cependant réservé aux patients non
Il s’agit d’une alternative beaucoup moins coûteuse que marchants, la privation de spasticité s’accompagnant
la toxine botulique. Elle est cependant réservée aux nerfs dans la quasi-totalité des cas par une perte de la marche.
moteurs purs, tel le nerf obturateur, afin d’éviter les L’objectif (confort, nursing) doit donc être clair pour le
douleurs occasionnées par la neurolyse chimique du patient avant toute implantation.
contingent sensitif observées dans 20 à 30 % des cas. Afin de déterminer la dose efficace de baclofène, des
injections itératives de baclofène à doses croissantes sont
faites par ponction lombaire ou via un site sous-cutané
Neurotomie partielle sélective raccordé à un cathéter intrathécal. Ces tests permettent au
Il s’agit d’un geste chirurgical a priori définitif, même si une patient d’évaluer les effets de la privation de spasticité :
récidive de la spasticité peut être observée dans 10 à 15 % des amélioration de l’installation au fauteuil ou au lit, des
cas. La neurotomie est généralement pratiquée aux 4/5, le transferts. La pose d’une pompe de baclofène est ensuite
plus distalement possible, afin d’être le plus sélectif possible. programmée. Les pompes, placées sous la paroi abdomi-
Ce geste est proposé en seconde intention après nale, contiennent 10 à 18 ml de baclofène (concentra-
plusieurs séances de toxine, d’autant plus que l’objectif tion : 500 ou 2 000 g/ml) diffusé de façon continue et/ou
est hygiénique pur. en bolus selon une programmation informatique person-
nalisée et remise à jour lors des remplissages.
La principale complication de ces pompes concerne
Spasticité générale et régionale
les désadaptations du cathéter intrathécal, qui doivent
Traitements oraux être suspectées lors d’une recrudescence des spasmes
et/ou de la spasticité malgré une majoration des doses de
Plusieurs traitements médicamenteux ont prouvé leur baclofène.
efficacité dans la spasticité. Baclofène, dantrolène et Enfin, de façon exceptionnelle, des décès liés à un
tizanidine ont prouvé leur supériorité sur le placebo, surdosage en baclofène, mais aussi à un sevrage ont été
mais aucun n’est supérieur à l’autre. Les autres traitements rapportés dans la littérature.
n’ont pas apporté de preuves d’efficacité suffisante.
Le choix de l’un ou l’autre de ces traitements sera orienté Conclusion
par l’origine spinale ou cérébrale de la spasticité :
le baclofène pour la spasticité spinale, le dantrolène pour En conclusion, les stratégies thérapeutiques générales,
la spasticité cérébrale. régionales ou focales dépendront de l’évaluation de la
Les effets secondaires (somnolence et baisse du seuil spasticité et de son retentissement fonctionnel. Des
épileptogène avec le baclofène, perturbations hépatiques examens complémentaires pourront être réalisés
sous dantrolène) peuvent limiter l’utilisation de ces comme l’analyse quantifiée du mouvement ou encore la
traitements. réalisation de bloc-moteur transitoire.

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