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Hypoglycémies iatrogènes et
Nelly Wion-Barbot
Serge Halimi
troubles du rythme cardiaque
Service de diabétologie, endocrinologie,
nutrition, CHU, Grenoble chez les diabétiques
Le débat a fait rage durant toute l’année 2008 et début 2009
quant à l’intérêt et aux risques d’un contrôle glycémique
strict chez les diabétiques principalement de type 2 (DT2), Risque lié à l’hypoglycémie
et quelques synthèses commencent à organiser le débat et sur le système vasculaire
à le rendre plus serein et compréhensible (1-4). La question a
porté sur la relation contrôle glycémique-prévention pri- Risque supplémentaire
maire et secondaire cardiovasculaire (CV), sujet non tran- par exposition
ché par les études précédentes. Les travaux anciens ne plai- à l’hypoglycémie
Certains avancent aussi qu’on peut enregistrer des troubles de tels travaux en faisant travailler ensemble plus souvent car-
aigus de la coagulation et de la fibrinolyse. diologues et diabétologues à l’avenir.
Bien des explications ont été proposées pour faire le lien entre
hypoglycémies nocturnes et mortalité en particulier « dans
son lit », le « dead in bed syndrome » chez les DT1 évoqué par En conclusion
des auteurs anglo-saxons. Parmi les causes, ont été avancés
les infarctus du myocarde, les accidents vasculaires cérébraux La surmortalité pour partie cardiovasculaire de l’étude
et les arythmies cardiaques. Nous n’aborderons que cette der- ACCORD, voire VADT, semble bien partiellement liée à des
nière explication. Ce sujet n’en est qu’à ses prémices, et nous accidents hypoglycémiques graves et mal perçus. Même si
ne rapporterons que quelques faits établis, d’ailleurs limités cette surmortalité est très faible, qu’elle a concerné des sujets
aux DT1 (10). Ces décès nocturnes pourraient être dus à un allon- très fragiles, dont le diabète évoluait de très longue date et
gement de QT suite à des tachyarythmies ventriculaires en pour lesquels un contrôle glycémique très strict et très rapi-
réponse à des hypoglycémies nocturnes. Gill GV et coll. dement obtenu n’était nullement indiqué (donc le traitement
(Figure, p37) ont ainsi réalisé un enregistrement continu de d’une lourdeur inhabituelle, on oserait dire illogique), il
la glycémie par capteur sous-cutané (Holter glycémique) paral- demeure vrai que nous devons tout faire pour éviter de tels
lèlement à un Holter rythme en ambulatoire dans des condi- accidents. Pour cela, il convient de bien peser les indications
tions habituelles de vie. Treize épisodes hypoglycémiques noc- et les moyens thérapeutiques choisis dont nombreux
turnes ont été retrouvés (26 % des enregistrements), aujourd’hui n’entraînent pas d’hypoglycémies. Nos efforts
8 < 2,2 mmol/l et 5 entre 2,2-3,4 mmol/l. L’intervalle QT cor- devront aussi porter à l’avenir sur la recherche clinique dans
rigé (QTc) était plus long en période d’hypoglycémie en com- ces domaines, donc sur une collaboration plus étroite entre
paraison aux phases de glycémies normales dites périodes nos spécialités. ■
contrôles (445 ± 40 versus 415 ± 23 ms ; p = 0,037). Des ano-
malies de fréquence et de rythme cardiaques (excluant les
Pour toute correspondance avec l’auteur
tachycardies sinusales) ont été notées dans 8 des 13 épisodes
DI
hypoglycémiques nocturnes (62 %), et d’autres anomalies ont nwion@chu-grenoble.fr
AB
ÉTO
DCI : Nelly Wion-Barbot ne déclare aucun conflit d’intérêts direct avec le contenu et les messages de cet article.
Serge Halimi déclare avoir donné une conférence pour le groupe Medtronic et avoir des relations avec diverses firmes pharmaceutiques toutefois sans
aucune interaction avec le contenu et les messages de cet article.