Vous êtes sur la page 1sur 4

Le Baroque

Le nom et l'adjectif « baroque » viennent de « barroco », terme portugais


qui désigne une perle irrégulière. Jusqu'au 19ème siècle, le terme aura
une connotation péjorative et sera synonyme d'excentricité ou
d'étrangeté. Aujourd'hui, il caractérise, en histoire de l'art et en
littérature, un style esthétique européen qui, à partir de la seconde
moitié du 16ème siècle, refuse les normes classiques. Le mouvement
littéraire baroque dure environ un siècle (de 1560 à 1660).

I) Baroque et classicisme en France

Même si le baroque se caractérise, au sens large, par un rejet des


contraintes et une propension à l'exubérance, il n'a jamais existé
d'école baroque et nombre d'écrivains, Corneille en tête, furent baroques
avant d'être classiques. Schématiquement, on peut dire que le baroque
est la tendance dominante de la première moitié du 17ème siècle (même
si le courant est né vers 1560-1570) tandis que le classicisme est celle de
la seconde moitié. Les figures et thèmes récurrents qui définissent
l'esthétique baroque ne seront analysés qu'à partir de la moitié du 20ème
siècle. Le courant baroque fut un mouvement à dimension
européenne, qui envahit toutes les sphères artistiques (arts
plastiques, architecture, musique...). En Italie, le baroque a succédé au
classicisme.

II) Inquiétude et mouvement

La sensibilité baroque est fondée sur l'instabilité, l'inquiétude et


le doute. Ces sentiments agités trouvent leur origine dans cette période
de l'Histoire de France où les guerres de religion successives et la Fronde
ébranlèrent les certitudes et les savoirs traditionnels. De cette instabilité
et cette inquiétude naquirent le goût du courant baroque pour
le mouvement. En littérature, ce goût du mouvement se traduit par
l'abondance des scènes d'action tandis que l'architecture l'exprime dans
les formes mouvantes (volutes, arabesques). Le détour, autre forme du
mouvement, est un des fondamentaux de la littérature baroque. Les
romans héroïques et les tragi-comédies se perdent en circonvolutions et
en digressions excessives. L'intrigue n'est jamais simple et le détour
linguistique des périphrases très prisé. Parmi les éléments, l'eau, le plus
mouvant et le plus inconstant d'entre eux, tient une place privilégiée dans
l'imaginaire baroque, en particulier dans la poésie.

III) Les thèmes

On retrouve la prédominance des sentiments d'instabilité, d'inquiétude et


de doute dans les thèmes chers au courant baroque :

 Inconstance amoureuse

 Vanité de l'homme

 Folie

 Règne du hasard et de la Fortune (le sort)

 Jeu de l'illusion (procédés récurrents de mise en abyme,


interventions du monde onirique, jeux de miroir, personnages
déguisés, métamorphoses prodigieuses...)

 Illustration de la précarité de la vie (éléments naturels


éphémères : bulle, fleur, fumée...)

 Eau

 Obsession de la mort

IV) Les figures de style

Si l'utilisation de nombreuses périphrases traduit le goût du détour,


d'autres figures de styles expriment l'attirance du courant baroque pour
l'exubérance des
formes : métaphores, antithèses, hyperboles et paradoxes se
succèdent afin de surprendre le lecteur.

La pointe, trait d'esprit placé en fin de texte, destiné à étonner et à


charmer le lecteur, témoigne également du penchant du baroque pour le
spectaculaire.

V) Le théâtre, scène du baroque

Le baroque s'affirme par le refus des contraintes. Sa revendication


permanente de liberté se manifeste par un affranchissement par rapport
aux formes classiques et aux usages littéraires traditionnels. Le baroque
ose mêler genres et tonalités antinomiques : au théâtre, il privilégie
la tragi-comédie, sous-genre hybride qui traduit parfaitement
l'ambivalence de la vie. La pastorale, autre genre emblématique,
apparaît au début du 17ème siècle et utilise largement les procédés de
l'illusion : déguisements, magie, métamorphoses, jeu de la Fortune,
péripéties extraordinaires...

Le théâtre, à la frontière de l'illusion et de la réalité, est le genre le plus à


même d'incarner parfaitement la sensibilité baroque qui perçoit la Vie
comme une vaste scène théâtrale où tout est illusion. Le hasard et
la violence règnent en maîtres dans les aventures mouvementées de la
tragi-comédie baroque : incestes, viols, suicides, actes de torture,
vengeances ne sont plus des sujets tabous.

VI) Les auteurs

Agrippa d'Aubigné (Les Tragiques)


Cyrano de Bergerac (L'Autre monde)
Saint-Amant (La Solitude)
Corneille (L'illusion comique)
Théophile de Viau (Élégie à une dame)
Tristan L'Hermite (Amaryllis : pastorale)
Honoré d'Urfé (L'Astrée)

La tragi-comédie :

1. Pièce de théâtre dont l'action est romanesque, l'intrigue tragique et le dénouement


heureux. Le Cid a été donné sous le nom de tragi-comédie (Ac.1835-1935).

2. Pièce de théâtre dans laquelle sont entremêlés des événements graves et des incidents
comiques, gais.

La Pastorale :

1. LITT. OEuvre littéraire (poésie, roman, drame) qui relate la vie, les amours des bergers et des
bergères dans le cadre conventionnel de la douceur champêtre. Synon. bergerie (v. ce mot B
− En partic.
a) Pastorale (dramatique). OEuvre théâtrale à nombreux épisodes, parfois avec choeurs de
musique. En France, la pastorale dramatique est surtout florissante de 1556 (Les Ombres, de N.
Filleul) à 1632 (Silvanire, de Mairet), mais sa grande vogue se limite à la période 1610-1632 (P.
VAN TIEGHEM,Dict. des litt., Paris, P.U.F., 1968, p.2994).

b) Pastorale (en musique). OEuvre dramatique et lyrique à décor champêtre dont les héros sont
des bergers et des bergères. Pomone est une pastorale en 5 actes de l'Abbé Perrin, musique de
Cambert (ROUGNON1935, p.317).

2. PEINT. Tableau à sujet champêtre. Les pastorales de Boucher furent (...) transposées en


biscuits (HOURTICQ,Hist. art, Fr., 1914, p.268).

3. MUS. Thème musical ou pièce instrumentale qui évoque les joies de la nature, la vie des
pasteurs

Vous aimerez peut-être aussi