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LA TURQUIE KEMALIS TE
Revue paraissant tous les deux mois et publi6e par la
Direction G6n6rale de la Presse au Ministöre de l'Interieur.

No. 1-Juin, 1934


GAZ' MUSTAFA KEMAL
Pr6sident de la R6publique Turque
J o
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ğ
L.
lıı F
Les Pechepches nouvelles
autouP de ı'Hİstoİı'e TuPqUG.
Nous publions ici, Ie derni.er article q'ue Reşi,t Galipı Bey, döputö d'Aydın, Secrğtaire gönöral
de La Soci,ötğ pour l'Etude de I'Hi'stoi,re Turque aİ,t öcrit, quelques semaines auant sa morl.
II t'auait compıosö spıöcialement pıour Jo Turquie K6maliste, et comptai.t Ie faire sui,ure
d'une s6rİ,e compıIöte d'ğtudes hi.storiques. La mort prömatur4e de Reşit Gali'pı, qui a öt€
douloureusement ressentie pıar Ie pıays tout enti.er, pıriue 4galement Ia Tıtquie K€ma|iste d'un
collaborateur et d'un ami, fort pıröcieur.

I. POURQUOI LES RECHERCHES ONT ETE ENTREPRISES


-
T ES recherches et travaux sur )l'histoire tur- dence effarante. La dlcadence intellectuelle alla de
I que se trouvent 6tre centralis6s, depuis pair avec la ddcadence politique.
L-J trois ans, i la Soci6t6 pour 1',6tude de l'His- La deuxiöme puissance politique consista, dans
toire tuıque. Le fondateur de la Soci6t6 les organisations rnilitaires. Celles - ci se divi-
est notre grand Chef, Son Excellence Gazi Mustafa saient en diff6rentes cat6gories comme les la-
Kemal, Pr6sident de la Rdpublique, qui l'a prise sous nissaires, les Sipahi, etc. Les Janissaires forrnaient la
son haut patronage, et dont il est personnellement
I'animateur et le guide le plus attentif, le plus 6cout6.

L'Histoire tufque, sous l'Ernpire ottomaı, avait'6t6


assujettie i
deux courants successifs, n6s de deux dif-
f6rentes conceptions de la politique d'Etat, et dont
le premier 6tait l'lslanıi'sıııe, Ie second |'ottomanisme ,
L'Islamisme divisait l'humanitı6 en deux camps: les
Croyants et les Infidöles. Les rdgions oü les effets de
cette classification que l'on peut 6galement obser-
-
ver dans I'histoiıe du chıistianisme peuvent ötre
particuliörement 6tudi6s sont celles -de l'Eurasie, et
d'une façon plus sp6cia1e l'Asie ant6rieure et l'Euro_
pe. L'habitude, qui r1gnait dans ces r6gions, de divi-
ser les groupements humains en Musuknans et Chr6-
tiens, sans tenir compte des rapports de race et de
nationalit6, existe aujourd'hui encore dans plusieurs
pays. Il est 6vident, n6anmoins, que nous n'enten-
dons pas affirmer paı l}ı que Cette propension est
sp6ciale i ces r6gions, et qu'elle n'existe pas dans les
autfes paıties du globe, Par exemPle dans Ie Nou-
veau Monde.

Aprös la conquGte de l'Egypte, le Sultan ottoman Se-


lim Ier eut l'id6e de ressusciter le Khalifat, dont on
peut dire qu'il 6tait complötement abandonn6 et mort
i cette 6poque, et de poursuivre une trös vaste poli-
tique d'union islamique. Cette politique, qui rappor-
ta ağx Turcs fort peu d'avantages et leur Yalut Par
Contfe de ttös gfaves d6sagr.6ments, a laiss6 des tra- majorit6 iIstanbul, siöge de la Monarchie et du Kha-
ces profondes dans la marche de I'histoire turque. lifat. La classe religieuse conclut une alliance avec
Cette m6me politique exigeait que la classe religieuse les organisations rnilitaires. Alors I'autoritf des Sul-
I
des Ulönıas et leur cbe| le Cbeik uI-IsIaıı Pussent tans disparut complötement, et il y eut m6me des si-
jouir d'une grande influence et d'un tang politique öcles oü cette autofit6 des souverains et leuf tiche se
ComPortant les plus Vastes pouvoiıs. Ce systöme bornörent i l'administration de leurs palais et i la
\ dont les inconv6nients nldtaient pas aussi apparents surveillance des constructions faites avec des sommes
ı
s
SouS des Sultans de Caractöfe autoritaire et fort, pıises dans leur tr6sor. Le pouvoir requis pour la
aboutit avec les souverains de faible volontd au tri- ğestion des affaires de l'Etat 6tait d6volu aux grands
omphe du fanatisme, dont les effets se manifestörent Y6zirs,lesquels, ballott6s entre les influences contru-
I
Paf un aıt6t dans le d6veloppement de |a vie dictoires de la classe religieuse, des militaires et de
I intellectuelle turque et enfin aboutirent ) une d6ca- la Cour, ltaient incapables de gouverner et se suc-
I

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cötlaient sans reliche. Quand les Sultans tentaient siöcles aprös les premiers journaux publi6s en occi_
dc goüter au pouvoir en s'occuPant au moins des af_ dent '[!]. Il a fallu des siöcles Pouf que les Cheik-ul- Le courant d'<<(
fajı'es municipales d'Istanbul, ils se heurtaient alors Islams Ottomans d6cidassent s'il 6tait conforme ou grande influencı
i I'opposition des Cadis de leur capitale. non aux prescriptions religieuses de publier un que a 6t6 d6fil
tr-<ırsque une tentative de r6forme fut entrePrise sous journal et de donner un fetva i ce sujet. I1 en avait l'oubli oü elle
Selim ItrI, Ie İait que les r6formateurs avaient sur le 6t6 de m6me, quelque temps ayatt\ pour I'imprirne- m6 des Turcs n
Pcuple une influence bien ınoins consid6rable que rie, et deux siöcles avaient 6galement 6t6 perdus dans et de la Roumı
les religieux et gu'il importait de cr6er une force ar- ce domaine. oubli6 leur car
ırıĞe nouvelle qui ne serait pas 1'a1li6e traditionnelle Ces observations liminaires tendent i relever sp6cia- La politique d'
dcs m6mes religieux imposa Ia n6cessit6 de comm,en- Iement Ie point suivant: c'est que la supr'6matie de la pe de l'Islamis
Ccr pü une refonte de l'organisation militaite du classe religieuse, dont I'influence a 6t6 aussi d6sas- faire reconnaitr
1ıays. Il 6tait d'autre Part d'une importance vitale de treuse sur le d6veloppement culturel et la civilisa- tionale, poursuj
1ır<ıt6ger l'Empire ContIe les ennernis ext6Iieurs, PoS- tion de la nation que sur les destin6es politiques de zarre qu'offfail
sldant des arm6es organis6es d'aprös les progrös I'Etat, est dgalement intervenue dans la'İorme d'6la- n6it6 dont s(
scicntifiques les plus r6cenrs et dot6s d'un outillage boration de l'histoire turque et s'est efforc6e de la fit que le terı
ır-ıııderne. Mais le r6gime militaire 6tabli s'entendit ddnaturer complötement. ment des livteı
aı,ec la classe religieuse qui n'avait souci que de ses Ainsi qu'il en a 6t6 depuis les temps les plus recul6s peu ) peu de
interöts pfopfes, et S'opposa ) cette tentative. En dans plusieurs pays et, pour donner un exemple plus non - turcs les ı
1807 6clatait le mouvement r6actionnaire connu sous familier, dans I'Europe m6di6vale, la classe religieu- effet, i la fin dt
Je ılom de <<soulövement de Kabakçı Mustafa>>, et qui se avait, dans I'Empire Ottoman 6galement, la haute il se forma un s
f ut pr6par6 pat 7e grand Yezir intlrimaire Köse Mu_ main sur l'6ducation et I'instruction nationales, et nadofl composdt
sa pacha et le Cheik-ul-islam Topal Ata Efendi. La 6tendait sa domination i lı6cole et au rnedresö, d6- ;

et ce modöle pr
rdaction ne put 6tre vaincue rnalgrl un contre-rnou- tenant de la sorte un pouvoir r6gulateur des courants drait un peuple
\/ement r6volutionnaire dirigl par Bayraktar Musta-
l

culturels. C'est en s'appuyant sur cette force que la l,i


La dynastie Ott
fa pacha, mouvement qui fut victorieux mais ne don- << Classe Noile ı> 6labora un sch6ma nouveau des li- condamner ö' 1'oı
na pas tous les fruits qu'il 6tait en son pouvoir de gnes essentielles de l'Histoire tu(que, oü l'existence lamismg de m6m
d<ınner. Ce fait Pıouve trös clairement, une fois de de la nation turque avant I'Islamisme 6tait ni6e, igno- d'un Etat et d'un(
plı-ıs, que la bonne volontd ne suffit pas dan,s les ten_ ı6e. Ainsi, d'aprös l'Histoire Ottomane, il n'existe fut, splcialement
tatives de r6alisation d'une grande idde ni dans les aucun rapport entre le Turc d'avant I'Islamisme et le I par les hommes ,

nı()uvements r6volutionnaires nationaux. Turc d'aprös l'Islamisme. Les prerniers y Sont consi- que I'historien et
C'est Mahmut II qui, lorsqu'il se vit assez puissant,
ıi
d6r6s des ltrangets, ö' 1'6gal de tous les adeptes des 6tait consjdörğcon
ıut supprimer le corps de janissaires, parvenu au autres religions. C'est un v6ritable d6lit que de parler
v i. 1ctire:
piıint le plus extr6me de la d6g6n6rescence et deve- de parent6 de sang avec eux, et un p6ch6 mortel de
ıru impopulairc en taison de son irrespect de tout ce se rappeler et surtout de rappeler qu'il y eut un <<Noas sornnes
qui est sacr6 aux yeux d'un peuple et de son arro- temPs oü les Turcs professaient d'autres religions. Il tribu
gallce qui n',avait plus de bornes. Aprös Ia suppres- est formellement interdit de parler de I'existence I Eıat
sjon des Jannissaires, Mahmut II se crut libre de ses d'une civilisation, d'une science, d'un art turcs pr6is-
ln()uveınents et voulut jouer le röle d'un r6forma-
,

lamiques. Dailleurs, les peuples turcs musulm,ans


I

teı-ır. Mais on Peut dire que toutes les tentatives Comme tant
d6signaient la phase ant6islamique de leur existence
I
I

qu'il fit dans cet ordre d'id6es Se teIminörent par


I

vefs, en un
par les mots de I'Ere de I'Ignorance ). Le Turc Ot-
<<

des mouvements de retraite. Mahmut II, ob6issant toman n'6tait pas autorisd i 6tudier, ö connaitre les tufc
aux suggestions de certains de ses familiers plus ou p6riodes pr6islam,iques de son histoire pour y retrou-
ırı<ıins au CouIant des affaires du rnonde et de Cer- ver les pages glorieuses qui sont i. la source de I'or-
tains patriotes qui souhaitaient voir le pays d6livr6 te grande
gueil national, de la confiance en soi d'une nation,
de l'enlisernent oü il se trouvait, avait compris la lie et en
de ses vertus et de sa puissance.
n6cessit6 de lutter contre Ie fanatisme qui tenait I'es- Ne nous
Le nom mdme du premier Sultan, qui fut par la suite
prit national herm6tiquement ferm6 i toutes les lu- donn6 a la nation et e l'Etat, et dont la forme origi-
temps plus
ıı'ıiöres de la science. Mais plesque tout Ce qu'il vou- 6tait ornle
nelle turque 6tait otman, fut d6formıie en osırıan'
lut r6aliser aboutit ) des rıisultats risibles, et cela qui est le nom de l'un des quatre familiers de Maho-
ments de
ıılalgrd la passivitd de la classe religieuse momenta- s'6tonnera
met flrJ. Les documents byzantins orthographient ce
n6ınent intimid6e par les nouvelles organisations mi- court espace
norn Atbman, et dafls un ouvrage 6crit au nom d'une
litaires. Le röglem,ent vestimentaire de |828, |'iradö sions, faites
secte qui se s6parait de la religion officielle de I'Etat,
de 1829 ordonnant de cacher les seize caisses de vö- de millions
il est orthographi6 plus exactement ot?7ıao r'1. zares, Bulgares,
ternents envoy,6s en cadeau par I'empereur d'Autri- İ
che, le |irınan de 1836 ordonnant aux dignitaires de |'} Le Neu, TiıJingeıı d'Aıvers commença h' paraitre en 16o5, La
Gızeİİe (plus tard sous le nom de Gazetİe de France), en 1631 et
l'Etat de laisseı pousser leur barbe etc.' Sont quel- le Takıimi - Vakayi d,e Mahmut II, en 1831.
C]ues exemPles du Caractöre ridicule du mouvement f''J Gregoıios Pachymeres: Histoire de Conslanİ'inoble d.e|ais le
rĞılovateur et de Ses r6sultats ['J. Mahmut II avait rögne de l'ancien fustin iusqu') la |in d.e l'Empire, traduit sur les
originaux grecs par Cousin, Paris 1673 (t. VI). (Cf. I'6tude du
pcndant de longues annı5es h6sit6 ) demander au professeur Akçura Yusuf Bey sur <<La Fondation de l'Etat Otto-
Clreik-ul-Islam le letua reguis pour la publication man et les souıces pıincipales de documentation. > )
d'un journal officiel hebdomadaire et cela deux fol Vilayetnaınei Hacı Bektaş (Bıbliothöque d'Ankara, exempiaire
- unique manu,scrit) : le nom otmaıı y est mentionn6 plus de vingt
|] Histoh'c d.e Lut|i; Hisıoire de l'Fnderıın, Hodja Hızlr Ilyas. fois.

2
\'

I
ıubli6s en occi-
ue les Cheik-ul- Le courant d'<<Ottomanisme>> a lgalement eu une Kouman dans les r6gions Commençant aux mufs ffE-
it conforme ou gtande influence dans la maniöıe dont l'Histoire tur- mes d'İstanbul et s'6tendant jusqu'aux confins de
de publier un que a 6t6 d6İigur6e sous l'Empire ottoman et dans I'Europe Centrale, ainsi qu'aux Etats et aux civilisa-
ujet. Il en avait l'oubli oü elle 6t6 1aiss6e. L'Empire 6tait for- tions successives qu'ils ont cr66s, on est stup6fait par
pour I'imprirne- m6 des Turcs musulmans et chrdtiens de I'Anatolie la profondeuİ de l'ignorance et paf le sot aveugle_
6td perdus dans et de la Roumdlie, d'6l6rnents ayant plus ou moins ment qui ont fait que la ridicule prdtention comrne
oubli6 leur Caractöfe turc et d'6l6ments non - tufcs. quoi I'immense Empire nouveau 6tait n6. selon Ia :[a-
ı relever sp6cia- La politique d'Etat ottomane, en ajoutant au princi- meuse l6gende ottomane <<de 45o tentes)> ait pu öı-re
upr6matie de la pe de l'Islamisme l'Ottomanisme qu'elle entendait introduite dans les livres officiels de classe comnrc
6t6 aussi d6sas- faire reconnaitre com,me une nouyelle formation na- une version officielle, adopt6e par I'Etat, des origi-
:l et la civilisa- tionale, poursuivait le but de rem6dier i l'aspect bi- nes de l'Empire. Notte pfoPre g6ı6ration n'a_t-cllc
es politiques de zate qıı'offrait l'Empire, et i l'absence d'homog6- pas 6t6 au cours des derniers vingt - cinq ans cie la
la forme d'6la- n6it6 dont souffrait sa composition. C'est ce qui Monarchie le t6m'oin et l'objet de cette singuliĞre
: efforc6e de la fit que le terme <<Turc>> disparut presque entiöre- m6thode d'enseignement ?
ment des livres d'histoire, de ın6me qu'il devenait A la proclamation de la Constitution de 1p18, tın
les plus recul6s peu i peu de tradition de r6server i des 6l6rnents crut que I'Ottomanisme, c'est-i-dire I'utopie consis-
ın exemple plus non - turcs les charges les plus hautes de I'Etat. En tant e cr6er autour de la dynastie ottomane une na-
. classe religieu- effet, d la fin de Ce Courant qui dura prös d'un siöcle, tion Ottomane compos6e d'6l6ments divers, venait dc
lement, Ia haute il se forma un spdcimen de nation, une miniature de se rdaliser. En effet, les Turcs et les 6l6ments non -
r nationales, et nation compos6e de la Cour et de son entourage, Turcs, chacun suivant, bien entendu, un point de
u medresö, d6- et ce m.odöle prouva qu'une telle exp6rience engen_ - vue particulier, avaient salu6 avec une satisfaction
eur des courants drait un peuple sans dme et sans id6al.
,tte force que la
un Peu confuse la chute de l'absolutisme, Ie retcıur
La dynastie Ottomane, de möme qu'elle entendait de la Constitution aprös un exil de tfente ans et ]e
nouveau des li condamner i I'oubli I'existence des Turcs avant l'is- d6but d'une öre parlementaire oü tous les 6l6ments
e, oü l'existence Iamisme, de m6me ne souffrait point que I'on parldt ottomans seraient repr6sent6s. Hodjas et pr6tres se
6tait rıi6e, igno- d'un Etat et d'une nation turcs avant elle. Ce courant jetaient dans les bras l'un de l'autre, les patriaclıes
rane, iI n'existe fut, spdcialement aPfös le Tanzimat, pouss6 si loin grec et arm6nien donnaient, avec le Cheik-ul-Islan-ı.
I'Islamisme et le par les hommes d'Etat et les intellectuels ottomans le spectacle de trois amis ayant lontemps 6proı_ıv6
3rs y sont consi- que l'historien et poöte Namik Kemal, lui-m6me, qui la tristesse de la sdparation et qui se letrouvent iır()-
les adeptes des 6tait consid6r6 comme un grand patriote,n'h6sita pas pin6ment, tandis que <<comitadijs> Tuıcs, Grccs,
lit que de parler i 6crire : Bulgares, Arm6niens, Albanais et Arabes se f6lici-
p6ch6 mortel de
taient comme des camarades ayant r6alis6 un id6al
qu'il y eut un <<Nous Somluıes les glorieux d.escend.ants d.e cetİe Commun. Ainsi, ce spectacle faisajt de 7a <<naüon ot-
ıtres tel'igions. I1
r de I'existence tribu d'oıtomans ,qui d'une tribu ont fait un tomane)> un fait accompli. La politique d'ottomanis-
Etat aictorieux d.u
-ınonde.>> me' et particuliörement l'effort des hommes d'Etat et
n art turcs pr6is-
des intellectuels venus apIös Ie Tanzjmat n'avaien[
ürCS musulmans
Cornm'e tant d'autfes,Namik Kemal t6pöte dans ces donc pas 6t6 vains. La Constitution se trouvait av<ıir
le leur existence
vers, en un style pompeux,que le nouvel Empire commenc6 }ı 6lever l'6difice de l'ottomanisme sur lcs
le )). Le Turc Ot-
turc qui avait reçu le nom d'ottoman 6tait l'euvre fondem,ents les plus solides, tels que l'affection ınu-
, h connaitre les tuelle entre les divers 6l6ments et 7a satisfaction que
re pou( y retrou- des d6bris d'une tribu et d'une famille, et niait
aveugldment I'existence d'une nation turque, de cet- ces 6l6ments trouvaient dans l'administration des af-
[a soıırce de l'or-
te grande race turque qui avait pris racine en Anato- faires du pays.
ıoi d'une nation'
lie et en Roum6lie bien avant la dynastie Ottomane. Mais Ie rdve fut de courte durde. Il ne s'6tait l)as
Ne nous occupons pas, pour l'instant, de I'histoire des 6coul6 cinq mois que les invit6s de la f6te :e r6ı.eil-
ıi fut par la suite
temps plus recu[6s. Quand on songe que I'Anatolie lörent aVeC un malaise et tinfent tout Ce qui s'6tait
ıt la forme origi-
,rrn6e en Osrnan. 6tait orn6e d'un bout i I'autre des grandioses monu- pass6 pendant cette pdriode pour les folies d'une
ments de l'6clatante civilisation seldjoucide, dont on ivresse sans mesufe. Li-dessus, chacun se jeta lılırs
miliers de Maho-
s'6tonnera touiours qu'elle att 6t6 cr66e dans un si du palais de cristal de I'esprit ottomaniste afin de
ırthographient Ce
court esPace de temps; et quand on songe aux inva- dissiper son malaise et de respirer un air neuf et
rrit au nom d'une
sions, faites durant des siöcles, et chaque fois i l'aide cela se fit sans un ((au revoir>. -
fficielle de l'Etat,
t Otmaıı |a}. de millions d'individus, des Turcs Huns, Avares, Ha- Tel est l'6tat oü Gazi Mustafa Kernal trouva l'his-
zaıes, Bulgares, Magyares, Peçeneks, Oguz et de toire turque.
paraitre erı 16o5' La
'e Fraıce), en L637 et

nstanİinople d'epuis le
tradıit slt |es
1,ınpire,
VI). (Cf. l'6tude du
lation de l'Etat Otto-
ıtion. >> )
'd'Ankara, exemplaire
:ntionn6 plus de vingt

g
LE

DEVELOPPEM ENT
ü -t

de
L',l NSTRUCTIoN PU BLıQU E
en
TURQuıE.
ŞEVKET sUREYYA
Directeur du lyc6e de
commerce d'Ankara

dPerça hisıori^que, L'histoire de tin6 i dispenser l'6ducation et I'enseignement selon droits sur le tröne.
T TN un systöme religieux, fut l6gu6 aux Turcs ottomans d,ressös, chez les Tı
ı | l'instruction publique en Turquie peut
par les Etats turcs qui les pr6c6dörent (comme les lement qu'aptös la
\,/ 6tre divisde en deux p6riodes: celle qui
6gard un grand ceı
prdcöde la R6publique et celle qui beldjoucides). DĞs le VIIIörııe siöcle, de grands ıned.-
ress'ös existaient dans les ı'illes d'Irak, et plus tard Par la suite, il se 1
suit l'instauration de Ia Rdpublique. Car ces deux
periodes sont entiörement diff6rentes l'une de l'au- dans les villes du Khorassan, de M6sopotamie et d'E- travail entre les z
trc, stıit qu'il s'agisse de la politique suivie en ma- A cette 6poque, ces dtablissements 6taient les oü celui-ci donn
gypte. -mier corırs et l
tiöre d'instruction publique, soit encore du niveau lieux oü s'enseignaient la philosophie grecque, dont -
l'Islam avait h6rit6. et les sciences positives qui s'6- d6s par Süleyman
qualitatif et de I'impoİtance quantitative de celle-ci.
panouirent librement dans le monde musulman du Fatih se bornörent
L'instruction publique d'avant l'öre r6publicaine d
ligieuses, tandis qu
prcscnte e11e-m6me deux phases distinctes; lo la p6' Moyen-Age, alors que cela leur 6tait interdit en Eu-
ri<idc pendant laquelle l'6ducation et l'enseignern'ent fope. le centre des 6tud
Les dizaines de rıı
6taient le privilöge exclusif des medressös, et 20 |a Dös que les Turcs ottomans eurent fond6 leur Etat,
pays d'Europe, d'.
p6ri<ıcle oü les 6tablissements scolaires religieux ont ils crdörent iı iznik leur premier nıed'ressö' 'İa Ia t6te t'
d'Egypte, des Inde
r,6cu cöte i c6te avec les 6co1es de type europr3en. duquel passa Alaeddin Pacha, fils aind du premier
souverain osman bey, aprös qu'il eut renonc6 i ses
ces 6tablissements,
Lc ııı r:dressö, c' est-d-dire l'6tablissement scolaire des- ,4
ves et i la pens6e
I
en devenaient les r
La p6riode de proı
!

en g6n6ral de Tur
septiöme siöcle. Il
vants turcs qui Po
libre contre le fan
r tenir les sciences P
* tres et suivre le n
de commencer en I
ffiü est l'un de ces saı
Depuis, |es medreı
B::: '
d6clin. L'enseigneı
Fıl parut; la pens6e s
miques tournörent
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çıl incarnörent PaItoı
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peu, la r6action e
commence i la mo
p6riode de prosP6
&Eta
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tisme m6di6val, la
des philosophies ı
tent de cette 6poc
science et la pens
riode de d6cadenr
naissait un 6Panor
maine, que la Tuı
rı5novation qui se
trouva en retard
L'Institut Gazi d Ankara.

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EVKET SÜREYYA
irecteur du lyc6e de
)mmerce d'Ankara
L'Institut de jeunes filles d'Ismet Inön ii i Ankara.

seignement selon droits sur le tröne. Mais le ddveloppement des me- veau intellectuel atteint par l'occident. Ce retarc] iıı-
: Turcs Ottomans dressös, chez les Turcs ottomans, ne Commença ftel- tellectuel, par ailleurs, se trouvait compl6t6 par le
rent (comme les lement qu'aprös la prise d'istanbul, qui devint i cet retard consid6rable existant dans le domaine techni-
:, de grands nıed,- 6gard un grand centre. que. Le temPs qui s'est 6cou16 entre 1650 et 1l]5tı .ı
rak, et plus tard Par la suite, il se produisit une sorte de division de non seulem'ent compromis la puissance intellectuel-
sopotamie et d'E- tlzvail entre les rned.ressös cr66s pat Fatih L{ehrnet le de la Turquie Ottomane, mais encore, compl'o-
)ments 6taient les oü celui-ci donna personnellement lectufe du pre- mettant son oıdre '6conomique national en la 1ıri-
ıie grecque, dont -mier couıs et les medressös de Süleymaniye fon- vant de pens6e scientifique, d'industrie nationale et
positives qui s'6- -
d6s par Süleyman le L6gislateur. Les medressğs de de technique avancı5e, l'a fina|ement I6duite i ıınc
de musulman du Fatih se bornörent iı l'enseignement des sciences re- demi-colonie, politiquement' 6conomiquement et iır-
it interdit en Eu- ligieuses, tandis que Ceux de Süleymaniye devenaient tellectuellement asservie.
le centre des 6tudes m6dicales, math6matiques, etc. Tel 6tait 1'6tat de l'Empire ottoman au d6but dı,
fond6 leur Etat, Les dizaines de milliers d'ötudiants originaires des Tanzimat (1836). Mais ce mouvement t6formateur,
ıedressö, i la t6te pays d'Europe, d'Ibdrie, des bords de l'Atlantique, dü ö la PIession eufoPdenne, ne visait qu'i s'acla1ı-
ain6 du premier d'Egypte, des Indes, de I'Asie Centrale furent, dans ter d'une façon aPParente i l'ordre politique et jı.ı-
eut ıenonc6 i ses ces 6tablissements, initi6s aux sciences administrati- ridique 6tabli en Europe. Car les homrnes du Tanzi-
ves et i la pens6e islamique, en m6me te,mps qu'ils mat 6taient avant tout Cosmopolites, et guöfe natio-
en devenaient les missionnaires. nalistes. Aussi l'euvre que le Tanzimat put r6ali.ser
La p6riode de prosp6rit6 des med.ressös d'istanbul et dans le domaine culturel se borna-t-elle ) la ıröa-
en g6n6tal de Turquie duta jusqu'au milieu du dix- tion d'6tablissements scolaires de type nouveau, des-
septiöme siöcle. ll y avait, i cette 6poque, des sa- tinğs i prdparer les 6l6ments n6cessaires au m6canis-
vants turcs qui pouvaient encofe d6fendre la pens6e me de l'Etat europ6anis6. D'ailleurs les ııed.ressl.ç'
libre contre le fanatisme du scolasticisme, placer et devenus des citadelles r6actionnaires, ne permettaient
tenir les sciences positives au-dessus de toutes les au- pas, grice i leur rdsistance, de faite dayantage. L(:5
tres et suivre le mouvement scientifique qui venait nıed.ressös entendaient d6tenir le monopole dc 1.ı
de commencef en Eutope. KAtip Çelebi, par exemple, science. Et m6me, lorsque fut fond6e l'univeı:sitj
est l'un de ces savants. d'istanbul, Les medressls exigörent qu'elle füt ciesi-
Depuis, les medressls sont entrds dans la p6riode de gn6e sous la d6nomination de Darülfünun (Mais<>rı
d6clin. L'enseignement des sciences positives y dis- des Sciences appliqu6es, de la technique), car celles-
parut; la pens6e scientifique et la philosophie isla- ci 6taient, i. leurs yeux, le contraire mcrne de la stieıl-
ilh miques toufnöIent au scolasticism'e, et Les medressös Ce, et Peu pris6es. Ainsi, C'est dans ces conditi<ın.s
ıtı incarnörent paftout l'esprit Consefvateur et, peu i que les hommes d'Etat du Tanzimat et leurs succe.s-
peu, la r6action et l'ignorance. Or, la p6riode qui Seurs pulent crı5er une universit6 destin6e i prc1ıa-
rfir Commence i la moiti6 du 17e siöcle est, en Europe, la rer les hommes de l'öre nouvelle, une facult6 de n-ı6-
ııı p6riode de prosp6ritd scientifique. La mort du fana- decine, une 6cole de gdnie civil, une 6cole militairc
tisme m6di6val, Ia naissance des sciences naturelles, moderne et enfin une <<Ecole civile>> Pour les fı_ı-
des philosophies nouvelles, des sciences sociales da- turs agents de l'administration. C'est i la möme Ğp<ı-
tent de cette 6poque. C'est en raison du fait que la que que furent aussi organis6es les 6coles primaires
science et la pens6e turques entrörent dans une p6- et secondaires qui, bien que loin d'ötre laiques, fonc-
riode de d6cadence i un moment oü l'Europe con- tionnaient selon un systöme diffdrent des medressös,
naissait un 6panouissement consid6rable dans ce do- et offraient un Cafactöfe eufop6en. De la sorte, lc
maine, que la Turquie, au d6but des mouvements de medressö et 1'6co1e d'Etat commencörent aprös lc
r6novation qui se dessinörent entre 1836 et 1850, se Tanzirnat i vivre cöte ) cöte en Turquie, et la luttc
tfouva en retard de deux siöcles Pa( raPPoft au ni- entfe Ces institutions et les 6l6ments qu:elles a'ı'a.ieılt
L'Institut Gazi )' Ankaıa.

5
pr6par6s dura sans interruption jus- litique d'instructioı
qu'e l'instauration de la R6publique. la R6volution au F
La nouoelle Turquie 'ö 'l'auure ,- tion publique se tr
Tel 6tait 1'6tat des choses dans le do- qui fait honneur i
maine de I'instruction publique lors Il conviendrait, afi
de la fondation du nouvel Etat turc d'appr6cier f impor
[1]. Les medressös Se trouvaient dans passer en revue les
un 6tat de d6g6n6rescence ComPlöte. i I'instruction publ
Quant i l'6cole, elle ne r6pondait ni larit6s sont telles, ,

quantitativement ni qualitativement Ce trös consid6rablt


aux exigences de la vie nouvelle qui jadis et celle de 1'
Commençait dans le pays. tout aussi grande i

Il est vrai que des 6tablissements mes appliqu6s en


d'enseignement supdrieur comme dans les autres pay
I'Ecole militaire, I'Ecole civile ou Les bases actuelles
L'Ecole Nornıitle dc musique d'Ankara. l'Ecole de M6decine rendaient les premier des princil
services sp6ciaux qu'on attendait de I'instruction pul
d'eux, et que les 6coles secondaires l'enseignement" Ja(
Convefties aprös la R6volution jeune- ou i 1'6cole. Or, ct
turque en lyc6es de tyPe français pr6sentait la r6act
prlpanient pour l'universit6 d'İstan- dernes, ltaient enr
bul des 6l6ments rnieux form6s. Mais du 3 mars |924,l
la majoritl quasi absolue des dcoles truction et d'6ducr
primaires se trouvaient entre les L'enseignement pi
mains d'anciens 6löves d,es medıessös. Xl existe bien des ,

mal instruits et sans id6aI aucun. mes Sont les möm,


L'enseignement hors de l'6cole 6,tait, d'autre part elles r

lui, presque inexistant. s6vöre et pefman€


Ainsi, le gouveınement de la R6pu' ıl d'appliquer tous
f instruction publ
l

blique avait, d'une Part, d r6.oıgani-


ser les cadres de I'instruction publi- n'engager que de
que et d'autre part, e appliquer les ı', tions exig6es du
principes avanc6s qui sont aujour- fait que, ) une 6p
d'hui la caract6risdque de notre Po- d'Am6rique et d'.
['J On sait comment s'est fond6 le nouvel Etat Partagle entre les
tufc: les dcoles officiel
L'armistice qui mettait pratiquement f in i la
guerre glnlrale fut sign6 ) la fin d'octobre
19 rg ) Mondros entre les repr6sentants de
l'Entente et le gouvernemeot Ottoman. Mais
les Alli6s, violant les clauses d6ji assez lour-
Le lyc6e de (,tıııımerce d Ankaıa.
des du trait6 d'armistice, occupörent les cen-
tles les plus impoıtants de la Turquie otto_
mane. Ils provoquörent eıfin, en mai 1919, l'oc-
cupation d'Izırıiı par les Grecs. Cet 6v6nement
poussa i son comble l'exasp6ration du pays.
Le 19 mai 1'g|g, Mlstafa K6mal dğbaıquait )
Samsun, et Commençait ) encouragBr, i stimu-
lef paftout la rdsistance nationale, qui s'oıga-
nisa particuliĞrerrı,ent dans la r'€Bion d'Izmiı.
Le congrös d'Erzurum plaça Mustafa Kemal )
la töte des organisations de la D6fense des
droits nationaux (23 juillet 1919), auxquelles
I

le congrös de Srvas doına plus d'extension ,et ll


de force. Le 27 dğcembre |9|9, Mustafa Ke_ t,

mal se rendit i Ankara dont il fit le centre


de la lutte nationale. La Grande Assembl6e
Nationale, qui y fut inaugur6e le 23 avril
l9?O, prit en mains les destin6es de I'Anatolie t
rıon occup6e. Le gouvernement issu de la
Grande Assembl6e Nationale entreptit par-
tout la lutte contle les forces d'occupation. La
p6riode qui s'6coula depuis cette date jos-
qu'au p septembre 1922 est celle de la lutte
poursuivie sur le terrain militaire et sur le
terrain politique. Mais lorsque, le 9 septem-
bre, les Hellönes furent jet6s h' la mer, la Tur-
quie prouva au monde entier sa vitalit6 et sa
puissance. Son ind6pendance politique et 6co-
nomique fut consacr6e pat \e trıit6 de Lau-
sanne sign6 le 24 jııillet |923 avec toutes les
puissances alli6es. Le nouvel Etat turc procla-
ma, le 29 octobre 1923, la R6publique et entra
dans l'histoire du monde nouveau comme un
6l6ment de pro8rös jeune, victorieux et ind6-
Un dcs bitjııcıııs de l'Institut Agronomique d'Aııkara. pendant. lJne classe au lyc6

6
interruption jus- litique d'instruction publique. La tdche ddvolue par sont entiörement instruiteJs par l'Etat constitue l,uıne
le la R6publique. la R6volution au personnel rour enrier de l,instiuc-
uie,i,l'uuure .- tion publique se trouYe 6tre accomPlie d'une façon
:hoses dans le do- qui fait honneur i celui-ci.
on publique lors Il conviend tait, aİin de mettre le lecteur ) rnöme
nouvel Etat turc d'apprdcier f importance des r6sultats obrenus, de
e trouvaient dans
Passer aritds distinctives propres
escence complöte. İ l'inst Tuıquie: Caf Ces purJic.r_
ı ne rdpondait ni larit6s impliquent une diff6ren- tat, et la Constitution turque ne renferme aucun a[-
i qualitativemenr Ce tfös consid6rable entfe l'instruction publique de ticle ayant trait i' la religion. Ce principe a trouı,6
vie nouvelle qui jadis et celle de I'heure actuelle er une diff6rence particuliörement dans 1''6cole son apPlication la pl s
pays. tout aussi grande avec le Cafactöre Social des systö_ totale. L'enseignement ni 1'6ducation religieux e
)s 6tablissements
ıp6rieur Comme T"' appliqu6s en matiöfe d'instruction publique
dans les autres pays.
sont pratiquds dans aucune 6cole turque. La conscien-
ce de la jeune g6n6İation y est Prot6g6e contre toute
I'EcoIe civile ou Les bases actuelles d,e I'instracİion publiqı'ıe' Le influence et contre tout pros6lytisme religieux. S'il
ıe rendaient les premier des principes qui sonr aujourd'hui i la- base n'y est fait aucun pros6lyrisme, il n'y est fait non plus
qu'on attendait de I'insffuction publique esr celui de I'unification de aucune propagande anri-religieuse [1]. Les sciences
coles secondaires l'enseignement. Jadis, l'enfant dtudiait au nıedressö
Positives exefcent Sarıs heuft leur influence dans l'cs_
l6volution jeune- ou i 1'6cole. or, ces deux institutions, dont l'une ıe- prit de la jeune g6n6ration. Le laicisme absolu, sans
le tyPe fıançais pr'6sentait 7a rlaction et I'autre les conceptions mo- discussion, est une autre immense victoire de n<ltı:r-
ıniversit6 d'İstan- dernes, 6taient enne.mies l'une de I'autre. Mais, la loi politique cukurelle, et qui fait que celle-ci non seu-
:ux formds. Mais du 3 mars |924 ıınifia tous les 6tablissements d'ins- lement pr'6sente un progrös 6norme sur l'ancienne
ısolue des 6coles truction et d'6ducation. Les med,ressös furent abolis. Tuıquie, mais place aussi, dans cet ordre d'id6es.,
,aient entre les L'enseignement passa entre les mains de I'Etat. notre pays i la t6te de tous les autres.
es des med,ressös, Il existe bien des 6co1es priv6es; mais leurs program- Troisiöme principe: d6mocratie. La Turquie est une
ns id6al aucun. mes sont les m6mes que ceux des 6coles de I'Etat, et R6publique d6mocratiqııe. La CaractdIistique, l'id6al
r de 1'6cole ,6rait, d'autre Paft elles Sont Soumises i un contröle officiel de la nouvelle Turquie est d'6tre un <<Etar sans pri-
nt. s6vöre et Permanent. Ces '6tablissements Sont obtig6s
vilöges ni classes>>. C'est pourquoi toutes les 6ccıles
üent de la R6pu_ d'appliquer rous les principes qui sont i la base de
turques sont gratuites, et chaque 6cole est destinde a
Paft, h, r1organi- I'instruction publique dispens6e par I'Erat, et de tout Ie monde. Les enfantı aPPaİtenant e toutes Ies
nstruction publi n'engager que des instituteurs r6unissant les condi-
i appliquer les couches de la population y 6tudient cöte i cöte et y
tions exig6es du personnel enseignant de I'Etat. Le
ui sont
t,
sont form6s dans les rndmes conditions. I1 existe, il
aujour- fait que, i une 6poque oü dans Pfesque tous les PayS cst vrai, des 6löves Payants dans les lyc6es. Mais les
1ue de notre po- d'Arn6rique et d'Europe I'instruction des enfants est
fondğ le nouvel Etat
PaİtagĞ.e entre les 6coles dirig6es Paf les religieux et [ı] L'6cole est Iaique Mais on y fait ile la
,en Rulssie lgalement'
les 6coles officielles, les jeunes g6n6rations turques
ptopagande antireligieuse. or, en Turquie, le laicisme se tıü)LıVc
ratiquement fh )ı la 6tre institu6 dans sa forme Ia plus pure et Ia plus essentiellc
6 h la fin d'octobıe
Ies repr6sentants de
ıent Ottoman. Mais
uses d6ji assez lour-
occupĞrent les cen-
de la Turquie Otto-
[in, en mai 1919, I'oc-
Grecs. Cet 6v6nement
.asp6t^tion du pays.
Kömal d6baıquait iı
encourager, i stimu-
nationale, qui s'orga-
s 7a rĞgion 'd'İzmir.
ıça Mustafa Kemal ir
de Ia D6fense des
et r99), auxquelles
a plus d'extension et
1919, Mustafa Ke-
dont il fit le centıe
Grande Assembl€e
ıauguı6e le 23 avıil
estin6es de l'Anatolie
lrnement issu de la
ınale entıeprit par-
rces d'occupation. La
,uis cette date jrs- I

3st celle de la lutte I


militaire et sur le
orsque, le 9 septem-
t6s i la mer, la Tur-
ıtier sa vita7it6 et sa
ıce politique et 6co-
ır le trait6 de Lau-
1923 avec toutes les
vel Etat turc procla.
- R6publique et entra
nouveau comrne un
, victorieux et in 6-
IJne classe au lyc6e de commerce d'Aııkara.

7
L'Ecole normale dt
dre des prcıfesseutı
A cöt6 des 6co1es n
6coles des Arts, les
professionnelles de
Les clich6s que no
id6e de nos gran(
Quelques-uns con(
commerce d'Ankarr
L'6cole de comn
dans deux salles c
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l-
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Tous les cours pr(
le systöme qui s'a1
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sonnelles de ['6löv
! Les 6löves jouissen
dispose 1'6cole et s
existe diff6rentes r
i la töte desquell
vend certains objet
plus une <<banque
:x*şşş d'6pargne et proci
des 6löves en leuı
t 1
I-ı jeune g6n6ration devamt 7e GazL
cr6dit en dehors d
tIavaux des 6löves
Le d,öueloppemenı
sit6s de la religion musulmane, vivent dans les 6co- que. Le nombı
Sollllnes vers6es par les familles des 61öves ais6s ser- -
I'instauration de l
ı,cnt i assurer l'alimentation de ceux-ci, qui sont in- les mixtes, dans une harmonie et un ordre incompa-
terlles. Quant aux externats, ils sont entiörement gra- rables. La collaboration, la participation commune i
tuits, de m6me que l'universitı5, les 6coles sup6- tous les actes de I'existence 6taient i la base de I'or-
ricures, les 6coles professionnelles et les 6coles pri- ganisation sociale des Turcs et Turques des temps an-
marres. ciens. Elles ont repris leur rögne dans la nouvelle
L'esprit et les principes d6mocratiques qui pr6sident vie turque.
a l'admission des 6löves pr6valent en m6me temps Alors que le systöme de l'enseignement mixte est en-
darıs l'administration des 6coles. Il n'existe aucune Cofe en discussion en Europe, le problöme Se trouve
hıĞı:archie entre 6löves. Et m6me, aucune s6paration 6tre d6finitivem'ent r6solu en Turquie; il est devenu
n'est impos6e dans les classes aux bons 6löves et aux en quelque sorte un 6tat nat:urel a, pat l) rn6me,
ınauvais, oü les uns et les autres choisissent librerııent cess6 d'6tre discut6.
leurs places, et oü il n'existe pas de <<premier>> ni de Il convient aussi, dans 1'6num,6ration des corrquötes
.<second>>. Aucune distinction sociale n'y est admi- r6alis6es par la politique culturelle de la nouvelle
se. Les notes des 6löves ne Sont Connues que de Turquie, de signaler les modifications apport6es aux
l'administration de l'6cole et des parents des 6löves. Systömes d'enseignement et d'6ducation. La Turquie,
Il. ı-ı'existe pas de r6compenses1 d'autre part, les pu- entendant introduire dans ce domaine les m6thodes
ıritions ne Sont pas rendues publiques. les plus neuves et les plus ayancees, a appliqu6 cel-
En r6sum6, tout I'effort des 6coles turques tend i les-ci dans tous les 6tablissements scolaiıes, et les
su1ıpriıner la s6paration entre 1'6cole et la vie ext6- cadres d'instituteurs form6s en partie dans le pays
rieure qu'imposent les murs de l'6cole, et de faire des m6me, en partie en Occident ou aux Etats-IJnis, ont
elör,'es, en les maintenant en Contact Pefmanent avec fait de ces 6tablissements un vaste champ d'applica-
Ies conditions de la vie, des 6tres d'initiative qui tion des m6thodes d'6ducation et d'enseignement les
agissent par eux-m6mes. plus ,6volu6es.
Uı-ı autre principe encore, tout aussi imPortant que L'Institut Gazi d Ankara est, dans cet ordre d'id6es,
les pr6c6dents, est celui de I'enseignement mixte, devenu un 6tablissement sup6rieur de premier plan
ceuvre de la Rdpublique, et qui peut 6tre cit6e corn- pouf ce qui est de la formation de ces 6tablissements.
ıne modöle quant 'i ses r6sultats. Toutes les 6co1es L'institut prlpare les instituteurs destin6s i enseigner
1ıriırraires, toutes les 6co1es sup6rieures, toutes les les sciences sociales et naturelles dans les 6coles se-
6coles de cornmerce sont mixtes. Les lycdes le sont condaires. ll y a 6t6 r6cemment annex6 des sections
en partie. Les jeunesses turques masculines et f6mini- destin6es h' prlparcr des pıofesseurs de tfavaux ma-
ıres, tenues s6par'6es pendant des siöcles par les n6ces- nuels et de culture physique.

t
L'Ecole normale de musique d'Ankara forme le ca' quie dans des proportions trös consid6rables, c{ı, ,i [e

dre des pr<-ıfesseurs de musique des 6coles. tableau ci-bas peut donner une id6e.
A cöt6 des 6coles ınixtes, il faut aussi mentionner les 1923 1932
6coles des Arts, les 6coies de commetce et les 6coles
professionııelles de jeunes filles.
Filles Garçons Filles Gırç'l,ııs
Les clich6s que nous reproduisons ici donnent une Ecoles primaires 50.000 250.000 195.000 3(ı().()()0
id6e de nos grands 6tablissements d'enseignement. Ecoles secondaires 500 5.000 7.500 22.{J00
Quelques-uns concernent sp6cialement le lyc6e de
Lyc6es 25O 1.000 T.750 5.250
commerce d'Ankara. Universit6 et 6co-
L'6cole de commerce d'Ankara, cr66e en 1925 les sup6tieures 285 2.914 716 4.'353
dans deux salles d'un med.ressö d6|abr6, fonctionne Ces chiffres d6montrent qu'en dix ans, le nombre cles
aujourd'hui dans un ddifice des plus modernes, rnuni 6löves a augment6 de 100 /o. Cette augm,entat'i()n a
de I'outillage le plus perfectionn6. Elle est devenue acquis une plus grande rapidit6 au Cours de ces ttıu-
une institution de premier ordre, oü se trouvent aP- tes derniöres ann6es.
pliqu6s les systömes d'enseignefilent les plus avanc6s. I1 convierıt aussi de relever que le gouvefnement de
Tous les cours professionnels y sont pratiqu6s selon la R6publique accorde une 6gale importance a l'6'
le systöme qui s'appelle la <<m6thode de laboratoire>> levation du niveau culturel en dehors de l'6c<ılc. t]n
et qui est bas6 sur les recherches et les 6tudes per- l)27 (aın6e i laquelle la population de la Turquie
sonnelles de l'6löve. 6tait de 14.000.000 d'ömes), le nombre de cit<ıycns
Les 6löves jouissent librement de tout l'outillage dont et citoyennes sachant lire et 6crire 6tait de 685.000.
dispose l'6cole et s'en servent i leut convenance. II v En T932, ce total 6tait mont6 i' 2.oT3.255. Pendaılt cet
existe diff6rentes organisations cr66es par les 6löves, eSPaCe de temps, les Ecoles Nationales, destiııĞes )
i la t6te desquelles Se tlouve une coopı5rative, qui apprendre i lire et i 6crire aux adultes, ont d6livr6
vend certains objets, fait fonctionnef une table d'höte, des certificats A 800.000 personnes.
plus une <<banque>> des 6löves qui reçoit des d6pöts, En r6sum6, I'instruction publique en Turquie a r6ali-
d'lpatgne et procöde i des pr6ts, assure les besoirıs s6 depuis I'instauration de la R6publique une Rdvo-
des 6löves en leur offrant la possibilit6 d'acheter i Iution complöte et positive, au point de vue qı_ıalita-
cr6dit en dehors de l'6cole et fait mönre imprimer les tif comme au point de vue quantitatif. Il est clair
travaux des 6löves. qu'au Couls de la deuxiöme pdriode d6cennale ılü la
Le d.öueloppement ,quantitati| d.e l'instrucıion publi- R6publique vient d'entrer, cette R6volution, cc Pro-
que, Le nombre des 6löves et 6tudiants, depuis grös iront suf un fythme plus acc6[6rı5 vers des ı'ic-
, vivent dans les 6co- -
l'instauration de la R6publique, s'est accru en Tur- toires plus grandes et touiours Plus f6condes.
et un ordre incompa-
ricipation commune i
ient ) la base de I'or-
lurques des temps an-
;ne dans la nouvelle

lnement mlxte est en-


e problĞme se trouve
'urquie; il est devenu
]fel a, par la m,öme,

'=tation des coııquates


ırelie de la nouvelle
cations apport6es aux
lucation. La Turquie,
Iomaine les m6thodes
nc6es, a appliqu6 cel-
3nts scolaires, et les
I paftie dans le pays
u aux Etats-Unis, ont
aste champ d'applica-
et d'enseignement les

ans cet ordre d'id6es,


rieur de premier plan
de ces 6tablissements.
:s destin6s i enseigner
es dans les 6coles se-
rt annex6 des sections
iseurs de travaux ma-

I
L
a"

E trös l
ette d'une forte
que dispense ce
ment puis6 da
obtenue ) contrr
est l'un des terr
tomb6s en ruir
substantiel d'hir
les textes des in
quartiers et la v
vent paraitre t(
's l'atmosphöre pl
tiers cl'İstanbui
de nos musties,
les hisroriens s
resser suffisamr
Vous retrouver
clit6 de la stepl
1
ciel est haut, s
cröpuscule ont
ce ciel. Il est
la r6gion est i
ı aceident6e du ı
k nudit6; elle ror
Aıkara. La rue tü du sepctacle gı
Necati- - Be5'. bitants de ce li

ilo
L FAUT
A'N
ü

a"
Ankara. R6sidence du Pı6sident de la Rdpublique.
-

E trös loin, vous Yeffez la silhou-


ette d'une forteresse m6di6r,ale. Le plaisir
que dispense ce sPectacle peut ötre 6gale-
ment puis6 dans une belle photographie
obtenue ) contre-jour. Le temple d'Auguste
est l'un des temples les plus complĞtement
tomb6s en ruine. N'importe quel traitl
Ankara. -- La Banque Cent.rale de Ia R€publique.
substantiel d'histoire vous offre I'image et
les textes des inscriptions de ce remple. Les
quartiers et la vie <ii la vieille Ankira peu-
vent paraitfe tefnes et grossiers auprös de
l'atmosphöre Plus subtile des vieux guar_
tiers d'İstanbui. Quant aux tr6sors hittites
de nos mus6es, seuls ies archöologues et
les histoıiens sp6cialisös Peuvent s'y int6-
resser suffisamment.
Vous retrouveriez partout, en Asie, la nu-
dit6 de la steppe ğui entoure Ankara. Le
ciel est haut, sans nuages, et I'aube et le
cr6puscule ont les particuiarit6s propres ö
ce ciel. Il est vrai que la topographie de
Ia Ğgion est accident6e. Mais Ia nature
accident6e du terrain ne rem6die pas ) sa
nudit6; elle rompt seulement la monotonie
Ankara. La rue du sepctacle qui s'offre i. la vue des ha-
Necati- - Bey.
bitants de ce lieu. Ankara. Le palais du Croissant Rouge.
-


Ankara. l,'2vg11us de la Gare,
- Place de la Souverainet6
vue de la
Nationale.

Ankara. Le
töre de- la D6f,
Nationale.
t
{r

(i

Ankaıa. _ L'İ,t
Maior G6n6ral

Que verrez-vous dans la partie neuve de la ville? Nous avons de beaux /


immeubles, des artöres bien faites, des 6coles et des institutions mo_
dernes, des monuments et des statues. Vous viendriez d'un pays oü
tout ce|a existe en abondance. Et möme, Vous Pouffiez tfouvef
matiöre ) critique Pouf Ceftaines maladfesses dans l'am6nagement de
notre Cit6. Vous fegfettefiez que toutes nos rues ne soient Pas maca-
damis6es, que les 6difices ne soient Pas Plus gfands ni plus riches.
Pourquoi, dans ce cas, viendriez-vous ) Ankata? N'est-il Pas Plus
doux de s'abandonnef quelques jours de plus aux beaut6s d'istanbul,
de subir la magie de ses vieux paiais et de ses mu(s?
Mais, si vous Yeflezö' Aıkara, VouS Veffez une chose unique. La renais_
sance nationale est un spectacle auquel on assiste Paftout, qu'on Peut
toucher, qu'on peut suivre i toutes les minutes. Une ime trouve un
cofps suf la tefre jaunie, d6nud6e de ce ftagment de steppe. Vous ver-
fez comment, dans l'atdeur d'un id6al jeune, se fedfesse une nation
/
que ceftaine litt6rature a f.ait Passef Pour molte i vos yeux. Est-il rien
de pl,rs beau au monde que la aie, qııe l'espoir,|e courage, l'idöal, Ia
foi et I'optimisme? Ankara. _ L'hı
Le pass6, d Ankara, est moins riche que Paftout- ailleurs. Quant au
pr6s'ent, nos bitisses sont insuffisantes, nos arbfes sont Ag6s de
quelqres ann6es i peine. En venant )ı Ankara, Vous Veffez |Lfle chose
ar,.^nouvelle: vous verrez l'Invisible qui s'aPPelle aı)enir: n'est-ce
pas li, Pour le tourisme, un aPPel ineffable?

a2
, L'avenue de Ia Gare, ANKARA EN CONSTRUCTION
- place de la
la Souverainet6
ı]e.

z\nkara. Le minis-
töıe de- la Ddfense
Nationale.

Ankara. L'Etat-
-
Major G6n6ral.

avons de beaux
institutions mo-
]z d'un PayS oü
|oLüf|ez tfouver
.mlıagement de
ioient pas maca-
i plus riches.
['est-il pas plus
ıut6s d'istanbul,

ıique. La renais-
tout, qu'on Peut
: ime trouve un
:eppe. Vous ver-
'esse une nation
yeux. Est-il rien
arage' l'idöal, Ia

Ankara. L'höpital Central.


eufs. Quant atı -
sont dg6s de
'erfez une chose
auenir: n'est-ce

a3
Ankara. La Maison du PeuPle
-
(h, cauche), le Mus6e d'Ethno-
gruphi" et la statue 6questre du
Gazi.

ce aux seules vertus humaines, une Poign6e d'id6a-


listes ont SauV6 cles millions d'ötres humains de la
plus terrible des impasses de l'Histoire'
i ,rr. heure oü l'on parle de la mort de la civili-
,lc lıı force humaine, de la volont6, du caractöre' Sation, des t6nöbres oü elle s'effondre, n'appr6-
ciez-vous Pas l'avantage qu'il y a d
(esPirer l'air
,_]c Lı ı/lüsion de aiare , et ilez de ceux qui Sont
]lıs et d6sesp6r6s des difficult6s oiı S'agitent tous
cl'Ankara, tout imPf6gn6 de la lumiöre d'un carac-
yeffez comment' gfa- töre et cl'une Volont6? FALiH RIFKI
lcs 1lays eufoPöens. Car vous

Ankı r ı -- I-e Ministöre de Ia


Les phoı
Sunt6 Publique.
oıt 6t6

K4
i

La Maison du Peuple
), le Mus6e d'Ethno-
la statue 6questre du
Gazi.

ıe Poign6e d'idöa-
res humains de la
listoire.
mort de la civili-
ffondre, ri'appr6-
a ) respirer I'air
d'un carac-
ırniÖre
FALiH RIFKI

La vieille citadelle d'Ankara,


vue de la campagne.

Les photographies reproduites dans cet article


ont 6t6 fouınies par l'atelier Cemal.

ı5
Ces vers 6voquent,
paysages que nous aI
Les Eaux-Douces d'Aı
phore jusqu'au <<peti
kiosque imp6rial et I
ries velout6es de gaz,
des ,sycomoros. Le ve:
d'arabas et de talikı
rem e'6tendaient sur

DE LA VıEıLLE
de rnarbııe blarrc cht
croisaient avec les aI
contait la gloir.e de
valiil6-sultane. On y

ALA Loti, des dames sans


ques a|mar]ı6s dans I
dl6nigrnes. De petiti
sur les beııges, et le

NOUVELLE mable cohue, ,enfla


enchantaient Th6op
Je ıne rappelle un

TURQUıE
caique avec mon aJr
ınaitre d.es c6r'6tnor
Iimite ile I'horizon
ves; les arbres se d,
Regardez, dis-je,
-ile Watteau!
! me ilit.
- P,ardon
Je r'egardai mieux:
raffin6 cette petite
Ku^r/'ü' Mme ile Noailles 6
Ah des Albanais, recon

lr-- LNiJ I
6taient pas brn6es
sur des arcades oi
Greos et des Juifs;
glise dite iles Incorl
sur le Bosphore, I
et qu'i passent pou:
t6es ö la mer.
Dans Consta,ntinopl
lui que notre amie
M. E. Herriot, minislre d,'Etat d'e Frb.nce, auait pırononca d Paris, en dacemhre derni'er,
<<Sainte-Sophi
deur confbrences sur h Rauolution turque qui eurent un grand retentissement. Nous deuons tİ
L,obligeance d,e L'Aminent conf1rencier et d.e Madame Y. Sa,rceA de pouaoir reprodui,re in-ertenso C'est li que se m€
ces conf'rences, d,ont Ie ton amical et ad'mirati,f pıour notre pa,as ne peuuent que nous iny' 1453, la prise de p
pi.rer une hgiti,me lierti. ho,rnet avait transf<
de deux contr,eforl
non seulemont lİ,
Premiöre ConfĞrence (29 Novembre 1933 posite enchanteres
leurs traces, s'aper,
avait fait trembler
\'l csdames, Messieurs, ane ııieİlle |aisaiı cuire d'es aubergines
on oublie parfois ,
Sur l'herbe, sııus un toİt,
gieuse corıqu6te ö
T, maintenant, passons en Turquie. Le cİel ilu soİr .6tait plus beau qu'on n'imagİne, pas seul,ement les
Les tableaux ne nous manquent pas, dans ]'aaaİs pitİ,6 ile nıııi.
nos lettres françaises, de Constantinople et
du vieil Empire Ottoman. Eı puİs j'ai ııu, cerm6 tl'arbres et ile tomtaines,
ll v a, tou,t naturellement, Pierre Loti; il y ,a Claude Un palaİs ronil et |raİs,
F'iırröre. Il y a a11c'gi 'il y a, j,e serais tent6 de dire il Des salons oil, luİsait une 6toİIe il'6böne
v a surtout - adorables de Mme de Noailles
les vers Au ınİIieu d.es parquets.
-
L c s Eblouissernert'ts :
Fİguiers il'Arnaout'Keuİ, azur qui luiı et treınble'
!'d ou Constantinople ,6tant petİte |İlle, Monotone langueul
le ın'en souııiens un peu De contenıpler sanıs tr6ae une riue quİ senıble
]e me souaiens il'un aase oü la ın1.rrhe gı6sille, D6ili6e ııu bıınheur!
Et il'un ıninaret bleu.
L'İmmense oileur ilu ınusc, ilu cöilre et ile Ia rose
lc ne souııiens d''uıı soİr aux Eaux'Douces d'Asİe; Glİsse cotır-ıır.e le ııent;
Soİı si traİnant, sİ ınou,
fuLais I'Anour, de ses iloİgts dİoİns, tra recom7ıose
Qııe il6jd, comtne un chauil aerp)ent'' Ia Pcı6sİe Au creux il'un chauil d.İııaıı.
S'enroulaİt d mon cou.
IIıııı barque passa, pleine ile |rianilises, Saİnte-Sophİe' aDec 8e8 |oı6ıs cle lumiöre
O parfums balanc6s! Et ses bosquets d.'encens

Ilı's ınarchanils nous tenilaient iles pöıes ile cerises Se laİsse contempleı et toucher tout entiöre
Et ',deş c6ilrats glac6s. Sur un corPs languissant..-

ı6
Ces vers 6voquent, rnieux que toutes les proses, les qui nous disaient la ]oılqıle
virı,gts mosqu6es, |es djaınis,
paysages que İrous avo,rr,s jadis connuŞ. gloire de l'Empire ottoman: moı'qu6e d'Ahmed aıır sir
Les Eaux-Douces d'Asie. On remontait en caique le Bos- minar'ets qui avaient soulev6 la ialousie de la Me,:,1ııc :
phore jusqu'au '<<petit ruissoau azır6>>; on longeait le mosqu6e de Beyazid, i la cour emplie de ralııil'rı;
kiosque imp6rial et l'on d6couvraj,t deux a,ima,bles prai- mosqu6e d'Eyoub, interdite au profane' construitı, 1ıitr
ries ve.lout6es de gazon avec des fr6nes, des platanes et le conqu6rant en l']honneur de Son po,rte-6teıııIlırıl.
des sycomores. Le vendredi surtout, elles s'encombraient Chaque visiteur avait sa mosqu6e favorite. J'ui ıııiıi.,
cl'arabas et de talika. Les beaut6s paresseuses du ha- pour ma part, la Gül Djami, la mosqu6e des Rose.. (,'il-
rem s?6tendaient sur les tapis de Smyrne. Une fontaine tait l'ancienne 6glise Lainte-Th6odosie, c'6tait, dalı. lıı
de marbre blanc cha,ntait, et tres arabesques de l'eau se vocabulaire 'gr.ec; Ia Rose qui ne se flöt.rit jamais; <ııı7,
cr:oisaieır't avec les arabeıques d'or de l'6criture. Ce lieu retrouvait le souvenir de l'antique Byzance, du lt,ııı1ıs
contait la gloir,e de Mahmoud Ier, de S6lim, d'urre oü ce santuaire s1enveloppait de fleurs. Il y avaiı ıııssi
valiil6-sultane. On y rencontrait, suivant l'expression de la mosqu6e des Tul.ipes.
Loti, des dames sans visage, immobiles comme leurs cai-
ques amarr6s dans les joncs. Autant de fem,mes, autant
Plus pr6cis6,ment encore' l'histoire turque s16voılııiıit
dans les turbös, c'est-i-dire dans les jardins de tomllt'atıx,
d'6nigrnes. De petits h6Atr,es de marionnettes jouaierıt
sur les berges, et le coucher du soleil dispersait cette ai- Comme celui qui, prös de Mehmed Fatih Djami, ıı ıtit
reçu le corp de Mahmoud II; le coffre funöhre, sul'llloll-
mable cohue, enflammant ces d6mes i croissants qui
enchantaient Th6ophile Gautier. t6 d'un 6norme turban, s'6clair.ait İ la lueur des ,:it'r_
ges.
Je me rappelle un soir oü je revenais İ Stamboul erl
caique avec mon ami Ismail Djenani bey, qui fut grand Cette C,onstantinople de jadis, deyenue aujourd'lıtıi ls-
ınaitre des c6r,6,monies. Derriöre le Vieux S6rail, i la tanhul, ce n'6tait pas seulement, pour le voyaserrr,
limite de l'horizon, le ciel s'enflam,mait de tons fau- une r6serve in6puisable de pittoresque. Cl6tait un nru-
ves; les arbres se dorai,ent. s6e, co'mpliqu6 maiı vivant; c'6tait une 'biblioılıt'<1ııe,
un tr6sor d'archives. Depuis Constantin, depuis le I\e
Regardez, dis-je, i mon oompagnon; voici un fond siĞcle au moins, toute l'histoire s'y inscrivait: l'hi.toire
-de Watteau !
de l'Europe longtemps prot6g6e ou menac6e par c(,ttc
Pardon ! dit-il, c'est un Lancret. sentinelle, l'histoire de notre civilisation 6clair6t'. ııu
-Je rogardai memieux: j'avais .tort ; j'acce.ptai d'un Turc temüps de la Renaisgance' par Les lu,miöres vemies lltl t:et
rafıfin6 cette petite humiliation. horizon. Et la pens6e du voyageur s'y renouvelalt, s'y
rafraichissait constamment, comme oette eau qui cou-
Mme de Noailles 6voque aussi Arnaoutkeui, le village lait dans les pıo6iq1es scupt6s et peints, on pleiıı ıir,
deş Albanais, reconnaissable i ceci que les .fen6tres nay sous le dörne bleu d'urr ciel nuanc6.
6taient pas brn6es de moucharabiehs. Le port donnait
sur des arcades oü circulaient, parmi les Turcs, des Aujourd'hui, quel changernent ! L'accös des ,urbris l.st
Greos et des Juifs; c'est li que l'on avait construit l'e- interdit. Jadis, i Scutari, ,on allait visiter Ie telık[ des
glise dite des Incorporels. De lİ, on pouvait observer, Derviches. Il y avait les tourneurs et les hurl,eurs. jls ııe
sur le Bosphore, les alcyons qui ne se posent jamais tournent plus. Ils ne hurlent plus. Bierı plus. Je vais r'i-
et qu,i passent pour enfermer les Ames des ,sultanes je- siter un vendredi la mosqu,6e de Suleiman le lt1gislı-
t6es ö la mer. teur ou le Magnifique. C'est un des beaux d6ct,rs ,iıı
Dans Consta'ntinople ,möme, le spectacle 6tait bien monde. Elle couronne une colline et s'impo'se ö trıtıt le
pay,sa]ge. Elle traduit le g6nie du grand archi,tecte Siııaır
ce_
en dAcembre dernier, lui que notre amie d6crit en quelques touches :
Elle e'enveloppe de cyprös, d'alisiers et de miıılrt:ts
vment. Nous deuonş i <<Sainte-Sophie, avec ses for6ts de lıımiöre...>> şemblables i des lances; elle invite Ie passant av(,(: s()s
r repr oduire in- ertenso
C'est lö que Se marquait le mieux ce qu'avait portiques et l'apaise par Ses fontaines ; elle uılit ]e
6t6, erı
peuuent que nous ins-
1453, la prise de
posses,sion p.ar les Turcs, lorsque Ma-
marbre au granit et au porphyr,e. El-le fut constrııite
homet avait transf orım6, par l'6rection d'un minaret et ainsi pour l'irnrnortalit6, et l'on dit que ses colrıııııtıs
de ileux contreforts, le chef-d'oeuvre de Justinien. Et ont 6t6 prises au temple d'Ephöse. Elle 6tait autrtllııis
non seulement lö, mais partout, dan's la capitatre com- pleine de foule. Aujourd'hui, sous l'irnrnense crııı;ııı|c,
pooite enchanteresse oü tant de siöcles avaient laiss6 sous les galeries viiles, ,elle abrite } peine u,ne dorız,ıiııe
leurs traces, s'apercevait l'image de ce Mahomet II qui de fidöles, ıprostr6s dans la p'6nombre que m6ııagtlııt lt's
avait fait tııembler toute l'Europe jus,qu'ö Venise et qui, vitııaux du verrier Ibrahirn l'Ivro,gne.
ls
ur l'herbe, sous un toİt, on oublie parfois ce rl6tail, avait r6alis6 sa plus poodl- Les versets du Coran, inscrits sur la base de la ctıt,1,ırle,
n'iınagine, gieuse conqu6te i l'6,ge de vingt - trois ans. Ce n'6taiı semblent eux-m6mes une 6criture morte ö ce 1ıetı1ıle
J'aoaİs pitİ6 de ınoi.
pas seulement l,es mosqu6es, les 6uatre cent quatre- qui pratique mai'ntenant l'alpıhabet latin. Nue]le I)art ()ıı
tomtaİnes,
Un polcİs ronil et |tais,
'ne
Au ınİIieu iles parquets.
I et tuemble, I
Monotone langueuı.
uİ semble
D6di6e au bıınheur!
et ile la rose
Glisse ioınıne Ie ııenı;
''a recoıfıoose
reux d'un chauil iliııaıı.
İüe
: seE bosquetE ıI'encens.
enıİöre
un corps languİssant',,. istanbul

t7
ment l'offensive et
r)(' se rend mieux compte de la transformation de la malgr6 ses malheurs i I'ext6rieur, peut, dans le cadrc 6tait complöte. on
r;,rille Turquie. Il n'est plus perrnis d'approcher le cer- des institutions traditionnelles, entreprendre ses c6lö- ö coudre.
ı'ılrıil du fondateur, de Suleiman Ier. ni celui du grand bres r6formes, exterminer les janissaires, organiser ses
5rıliman lI eI l(anun| le Conqu6rant, le Magnifique, le troupes i l'europ6enne, donner aux chr6tiens certaines C'est alors que com
l,ri:Jis]ateur, le vainqueur de la Hongrie, l'adversaire de Mustapha I(emal,
libert6s. En 1876, ilIidhat Pacha cherche seule,menr i
.

(.lıarles-Quint, l'aııi de François Ier, le triomphateur de forme.


augmenter .le,s libertes int6rieures. De nos jours, Mous-
t3ııgdad. Dans le turb6. oclogone, encadr6 de vert anti- tapha I(ernal supprime İ Ia fois Ie sultanat, le califat, Depuis le il6but dı
ı;ıııl, je voudrais 6voquer, sous son cercueil couvert d'un c'est-i-dire le pouvoir politique et le pouvoir religieux. taient efforc6s de
t'lıile et ooiff6 d'un turban ö aigrette, celui dont les ll d6truit une oeuvre qui rernonte i Osman le fondateur, toujours sans succĞ
ı iıisseaux vinrent se joindre aux n6tres devant Toulon. c'est-ö-dire au XIII e siöcle. Vous jugerez sans doute före un CaractöIe i
I'ircellente occasion pour entrevoir du m6me coup la qu'un tel '6venement m6rite quelques explications; cet- mains duquel s€

ı iı'ille civilisation ottomane au te'mpS d'un souverairr te r6volution est l'acte d'un homme agissant dans le ca- s,'6tait 'toujours f
iııstruit, sage organisateur de l'administration, des fi- dre ,de certains 6v6nements qu'il convient tout d'abord novation. Les Je
niluces, de l'arm6e. Je voudrais voir revivreo ne ffit-ce de pr6ciser. Comme je l'ai fait la sernaine derniöre pour de 1909, ne renco
ı1ıı'un instant, sa ,favorite Roxelane; la jalouse et cru- Ia Bulgarie, je dois rappeler quelquos dates essontielles. D'ailleurs, ils prire
li|rı möre de Bayazid, Ia meurtriöre de Moustafa. Roxe- En juillet 1908, Abd-ul-Hamid, inquiet de certaines 16. politiques qui ren,
liıııe Rouchenek est inabordable. Impossible, m6- voltes en Mac6iloine, retablit la constitution de Midhat fet, co,mrnent 6tabll
ıııı' ö-un Turc, -
surtout İ un Turc, d'aller saluer Pacha. Mais c'est une com6die. En avril 1909, il provo- dont la population
-
,ıııı turbö. L'enceinte de la moıqu6e Suleiman s'est vi- que une s6dition militaire; des officiers er des soldars constitu6e par des
ıli'll de torrs ces 6tab]issernents charitables ou litt6raires r6clament, en Vertrr du Cheriat, c'est-ö_dire de la loi de el6ments turcs pr6t
ı1ııi erı faisaient rrn Centre de l'ancienne vie turque. Url Mahomet, la suppression du r6gime parle,mentaire. vil6gi6e? Cornmen
lı<ıılrme est Venu qui a rompu' coupe avec tout ce passe L'armee de Salonique, fiilöle İ la C,onstitution et com_ qu'elle constituait,
1'rırııidable; l'islamisme a disparu de Constantinople. mand6e par le ,mar6chal Mahmoud Chevket, marche sur ces privilöges? Et
l ıııı Turquie nouvelle est n6e. Istamboul et d6ciile la il6position d'Abtl-ul-Hamid, qui tilit6 granilissante
est ıransporı6 ö Salonique' ce? En co'mmençi
(.ı'tte Turquie nouvelle, plusieur's fois d6jİ elle a paru R6chad Pacha monte sur le tr6ne sous le nom de comprit que la per
ııır le point de se r6.aliser. Comprenons poulquoi Cebte Mehmet V. Mais, en 1912 et 1913, les guerres balkani- re ottoman, peupl(
ı.rıiation 6tait di,fficile. Depuis Mahornet Ir, c'est-i-dire ques coütent i l'E'rnpire ottoman presque toutes ses pro- mettrait de oonstiı
ılı';ıuis le d6but du XVIe siöcle, depuis gue le Sullal vinceg eulop6ennes, sauf ]a Thrace et Andrinople. Eır principe du droit
r i<:ıorieux, vainqueur de Constantinople, de la Bosnie, 1914, la Turquie prend parti pour les Empires cen- Clest dans ce cha
ılı'la Croataie, ile la Syrie, avait reçu du Soudan d'Egyp- traux. Elle fut vaincue; mais la liquidation de la guer- qu'il entreprit d'e:
ıt'" dernier h6ritier des caliles, le titre d'imam et l'ıj- re fut trongue. L'armistice de Moundros (30 octobre l9l8.1 Redoutant avant t
ıı,ııtlard du Prophöte, le sultan 6tait İ la fois ulr grand livre aux Alli6s Constantinople. Les 6vönements politi- comme un dictate
ques ise pr6cipitörent Sous le dernier sultan Mehmet soin, dös que les
l)()rvoir religieux et un grand pouvoir militaire. Depuis reconnu la pleine
lıı l'in du XVe siöcle, ce pouvoir n'avait jamais 6t6 con- Vahidettin VI jusqu'au trait6 de Lausanne et A la procla-
tr'ıt6. Mahmoud II lui-möme, au d6but du XIXe siöcle, mation de la R6publique, 6vönements qui' en 1923, fi- les capitulations, ı
xeront la nouvelle situation territoriale et politique de sormais n'6tre plur
la Turquie. De 1908 d 1923, il y a lö quinze anır6es qui solu concentr6 dar
auront eu une importance essentielle dans I'histoire te constitutionnell
ce pays. califat, ce n'est pı
Ap'rö,s l'armisitice de Mondros, au rnois de ırovembre tour, ctest pour fc
1918" aucun espoir ne restait plus i la Turquie: la politiques, les con
question d'Orient allait reoevoir une solution d6finiti- ciaux ne difförenı
ve. Un problöme se posait pourtant' dont le röglement l'on rencontre pal
prdtait i controverses. Car, si toutes les provinces notr Mustapha I(emal,
turques de l'ancien Empire ottoman, qu'elles fussent p6en au ,m6me
chretiennes ou ,musulmanes, devaient recouvrer leur in- mand. C'est par u
d6pendance ou leur autonomie, que deviendrait l'Ana- nombre des peul
tolie, peuplee de Turcs en srande majorit6, et que de-
viendrait Constantinople? Il se trouva quelques per-
sonnes pour estimer qu'aux Turos m6mes le b6n6fice
du principe des nationalit6s ne devait pas 6tre refus6.
Leur avis ne put alor's pr6valoir, car M. Lioyd George
en avait d6cid6 autrement. Il entendait que l'Angleter-
re recueillit l'h6r'itage de l'Empire ottoman. Bien que
le ,gouverne,ment de Constantinople efrt acquiesc6 i ces
volont6s, Mustapha I(emal partit pour l'Anatolie en vue
d'y pr6parer l'insurrection. Sans armes, sans munitions,
lassı5es par dix ans de guerre, demoralis6es par la d6_
faite, que pouvaient les populations d'As.ie Nlineure? fl
fallait une folce d'Ame singu.liöre pour tenter pareille
entreprise.
on sa'it comment Mustapha I(eınal, se trarrsportant de
Samsun İ Erızurum, puis i Ankara, et y r6unissant
succe,ssivement des co,nıgres popu}aires, r6veilla le pa-
triotis'me au c@ur de ces vaincus et s'imposa comme
chef supröme, malgr6 les intrigues de ses lieutenants.
En 1920, ayant sign6 avec les Russes un trait6 qui ren-
dait ö la Turquie les provinces perdrres depuis lB77 et
assurait aux insur.ges la syrnpathie et les secours des
Soviets, ayant oonclu avec M. Franklin-Bouillon l'ac-
cord d'Ankara qui restituait la Cilicie aux Turcs, il d6-
fit ]eş tloupes envoy6es contre lui par le sultan, laissa
les Crecs s'engager en Asie Mineure, puis reprit hardi-

Gazi Mustafa Kemal au corııs des tlltinres


batailles de la guerre d'Ind6pendance.
rr, peut, dans le cadrc ment lloffensive et les vainquit. La victoire militaire
entreprendre ses c6Iö- 6tait complöte. on avait bien taill6; i.l fallait se mettre
anissaires, organiser ses i coudre.
aux chr6tiens certaines alors que Commença vraimont la grande euvre cle
-Cest
a cheıche seule,ment i Mustapha I(emal, l'euvre de reconstruction et de 16-
s. De nos jours, Mous- forme.
ı Ie sultanat, le califat, L'rslam se voit priv6 de son chef spirituel. Les ı,r,ll't,_*
et le pouvoir religieux. religieux sont chasses, les seminaireJ se vident. oıı
l i Osman le fondateur, vait croire que le peuple turc, si striotement ıırlıt,lıö1ı,;ıı-
rus jugerez sans douıe 1
aux pratiques religieuses, se r6volterait. Respectuı,ııı ılu
lques explications; cet- pouvoir sup6rieur, disciplin6, il se soumit. La rıil'lll.ıııe
me agissant dans le ca_ vestimentaire fut d'une application ptus diffioilt:. l)tıııs
convient tout d,abord sa coiffure rorrrge, emprunt6e d,ailleuis aux marins qr,,cs
_semaine derniöre pour des Iles, le Turc avait fini par voir comme le sr,,,l,,,lc
lques dates essenlielles. ext6rieur de sa sup6ııiorit6 sur le reste des ottonı,,ıı.. []
nguiet de certaines 16- religieuse. Le Ir'z Iut
constitution de Midhat tions capitales ['irt'ııt
ln avril t909, it provo- r6forme inrpo1ı ıı llıire
officiers et des so.ldaıs
Jest-i-dire de la loi de
r6gime parlernentaire.
a Constitution et com-
d Chevket, marche sur
ı d'Abd-ul-Hamid, qui ı.İ
"//
7
r6ne sous le nom de .tl
3, les guerres balkani- '"hİ
presque toutes ses pro-
ce et Andrinople. Eıı
Dur les Empires cen-
iquidation de la guer-
dros t30 ocrobre iglBr
Les ıivönemenls politi-
'rnier sultan JVIehmer ,}

au6anne et ö la procla_ reconnu la pleine ind6pendance de la Turquie et aboli


ıents qui' en 1923, fi- les capitulations, d'abandonner l'uniforme. Il veut d6-
oriale e[ politique de so qu'un le pouvoir ab-
ı lö quinze an'nı5es oui so sos rn 6 par la l6gali_
ıtielle dans l'histoire t6 S'il sultanat ei le
ca pour ni calife i son
u mois de rıovembre tour, c'est pour fonder un Etat nouveau dont les bases
ıs ö la Turquie: la
une solutioıl d6finiti-
nt, dont 'Ie röglement
ıtes les provinces ııolr
nan, qu'elles fussent
)nt .recouvrer leur in-
ue deviendrait l'Ana-
,majorit6, et que de-
trouva quelques per-
s m6mes le b6n6fice
evait pas 6tre refus6.
car M. Lloyd George
rndait que I'Angleter- Int6tieur de la Mosqude de I}ı 1 ıtzıt
l ottoman. Bien que
e eüt acquiesce e ces
our l'Anatolie en vue
rmes, sans munitions,
noralis6es par Ia d6-
ıs d'Asie Mineure ? I]
pour tenter pareille
l, se tra,nsportant de
ara, et y r6unissant
ıires, r6veilla le pa-
et s'imposa comme
ı de ses lieutenants.
es un trait6 qui ren-
rdues depuis lB77 et
) et les secours des
anklin-Bouillon l,ac-
icie aux Turcs, iI d6-
par le sultan, laissa Mosqu6e d,e Bayazır.
'e, puis reprit hardi-

mes
ı9
Ji.lı 1926, le Cheriat, oode religieux qui d6finissait le d6mora'lis6es songeaient ö solliciter soit la protection de
camarades qui s'6tai
ŞtitLut personnel du musulman confolm6ment aux ples- I'Angleterre, soit le mandat des Etats-Unis.
nationale ont pass6
cri lrtions coraniques, fut 6galement abandonn6, et le Non, leur dit Mu,stapha I(emal, il n'y a qu'une seu- mites de leur port6e
( ]ıırle suisse remplaça la parole m6me de Dieu. -le r6solution i prendre, celle de cr6er un nouvel Etat
rales se trouvaient
,'\ılrıptant enfin, deux ans plus tard, le veu quelquefois turc, fond.e sur ]a souverainetı5 nationale, jouissant d'urre vie nationa,le, jusqu'i
l'ıırnrul6 par certains ]ettr6s d'occident, Mustapha l(emal ind6pendance sans r6serve ni restriction aucune. et i la mise en vigr
1ıroscrivait les caractöres arabes, incommodes et ma] Le plan est hardi; le but, lointain. Mais quel noble pa- Et voici une phrase
ltılaptes aux inflexions de la langue turque. nlais ren- triotisme! <<Ou l'ind6pendance ou la mort.>> Nous con- d'ötre m6ilit6e: <J'6
111;., pr6cieux, aux yeux de tous les mahom6tans, par la ıraissons Ia formule, et celui qui la prononce' plus d'urre luer par degr6s notı
l'ıırce de la tradition, par des raisons d'ordre religieux fois se r6ctamer'a de la R6volution française. C'est l'in' lon la grande capaci
t't uussi par des consid6rations artistiques, et leur subs- surrec[ion que proclame le jeune chef. Il a bien voulu, nais dans l'Ame de ı
ıiı ııait l'alphabet latin. dans un long et pr6cieux entretien, me r6sumer cette m6me dans ma const
Si r:es reformes, prodigieuses pour qui con- Le secret national, j
siıli're l'6tat de la Turquie au d6but du siĞ- sens. On ne saurait
r'lı', o'accomplirent sans al6solalre' Sans r6vol- pr6cautioııs, les ruse'
t(. iıpp:ırente, il ne faudrait pas croire qu'ei- ö son but. Dös juin
lı,s aieırt forc6 son approbation. on peut di- dant de corps d'arm
rc sans crainte d'erreur qu'au debut la mas- sacr6 que je travaille
.,' ıle la nation y 6tait hostile. A l'opposi_ qu'd ce que nous ay(
tiıııı des masses ignorantes s'ajoutait I'hostili- ce. J'ai pris la ferm
1ıi ıles classes riches. Et, dans l'entourage natolie.>> II presida
llıiıne du Ghazi, plusieurs 6taieırt effray€ıs
1ıır la lrardiesse de cos transformations. Si
J.'lllı avait fait de si lourds sacrifices afiıı
ıl'cviter le joug 6tranger, pourquoi rejeter
ttıııles les traditions nationales et transfor_
ıııı'r la Turquie, heritiöre il'un pass6 glo_
rit.tıx, en une rn6diocre puissance de forme
occiderrtale? Le Ghazi triompha de tous les
tılısüacles et imposa seı volont6s' ,nous al-
ltıııs voir comment.
l l ılous faut maintenant leplendre certains
It'ıi[s, certains faits et voir comment Musla-
;llıı I(emal est arriv6 ö ses fins. Pour rııoi,
ııııl doute. Dös le debut de son action, dös
1919, il a su clairement quel 6tait son bui:
lı 1ıroclamation d'une r6publique civile et
lıil1ue. Mais oe qui est int6re,ssant ou mölrıe
;ıııssionnant, C'est de rechercher paI quelles
i'liı;ıes, savamment calcul6es, il a r6alis6 soıı
rlt,ssein. Malgr6 toutes les diff6rencös qu'inr-
1ıt.,sent les lieux et les te'mps, on songe i
(,rtımwell, se formant lentement par I'6[u-
ılı'- s'enfermant pour m6diter dans la petite
ı ille de Saint-Yves; un t,6moin l'aperçoit
\ ('rt] Ce temps, <l'6p6e coll6e ö la cuisser>.
I)ııig iI dirige les fanreuses Cötes de fer, les
srılrlats qu'il a lev6.s dans son comt6, |es lrcın-
sirlııs, prend le commandenlent de la cavale- Mosqu6e d'Aya Sof
l'iı., ruine par ses victoires le parti du sou-
r crain, s'impose i l'arm6e par une populari-
ta' immense et devient lord proteoteur. modeste congrös İ J

|)ı'licisonı. Nous sommes au ]endemain de eut l.ieu le conlgrös


L'ırmistice de Moundros, gui date de l9I8. program,me nationa
( ]ııınment va proc6der Mustapha l(emal? sultan le fameux td
Il a d6barqu6 le 19 mai 1919, i Samsoun, pas accepter la pair
ılıııs cette ville ile ,soixante-dix mille habi- pour r6pondre. T6I
1ııııts environ, qui est le grand port de la se. Il y eut i Sivas
'l'ıırguie sur la mer Noire, et qu'une voie arn6ricain.
lr'rr6e relie d la M6diterran6e par Sivas. Statue du Lib6rateur de la Patrie ) izmiı.
Si vous d6,sirez savc
Qtıelle situation trouve_t-il? L'Empire otto- t dressait au gouvern
l)laı] est vaincu" l'arm6e, d6sempar6e; la nation,6pui- eüonnante histoire, mais je veux vous citer quelques lecture du t6l6gram
.,l"t'. Le cabinet pr6sid6 par Darnad F6rid Pacha n'a alı- phraseı de lui-m6me oü vous le verrez, tel qu'il fut, tel ternbre I9I9 au miı
ı'ııııe force. Les flottes et les arm6es alli6es occupent qu'il est, portant en lui-m6me sa v6rit6 et ne la d6oou- <<LAches criminels !..
(,ııırstantino,ple. Nous, Français, nous tenons le vilayet vrant que peu i peu. tre la nation. Je sı
rl-' { daıra; les Anglais' les ltaliens, occupent d'autres <R,6v,6ler mes desseins, a-t-il ıicrit, pouvait donner ö la d'appr6,cier i sa va
1ıııints. De plus, ]e 15 mai ]9]9, l'arm6e hellöne a d6- lutte que nous avions entreprise un caractöre d'utopie. sa volont6. Mai,s je
lıitrqu6 d Srnyrne; elle est redoutable. En effet, de pareil,les d6clarations pouvaient provoquer, jouer le röle de tra'
II faut savoir rendre justice möme İ un adversaire; c'est, au d6but, la r6sistance de ceux qui, se laissant dticoura- de la patrie.R6fl6ch
rlıı moins, la loi du calactöre français. Daııs une tellc ger par la perspectiye des con:,6querıces prochaines clu Suit une rnenace di
si tuation, r6duit i de si m6diocres ressources, un homme danger extı5rieur, craindraierrt les bouleversements 6ven' mal a envoy6 Ie 1l
ı,rılinaire ou m6me moyen se ffrt d6coılra,g6. Mustapha tuels contraires i leurs traditions, i leur mentalit6, i de so,mmation. Il s
llemal sait bien ce qu'il a fait lorsqu'il a demand6 A leur psychologie. Pour r6ussir, le chemin le plus prati- rr'obtenant pas de r
(]ııırstantinople des pouvoirs 6tendus, le commandement que et le plus sür 6tait de r6a1iser chaque phase İ solr ment et le suiltan.
rlı' deux corps d'arm6e. Autour de lui, des personnes heure... C'est ainsi que j'ai agi... Quelques-uns de me."

20
soit la protection de
tats-Unis. camarades qui s'6taient engag6s avec moi daırs la lutte Si nous avions les d6lais n6cessaires pour 6tudier en tlr'.-
il n'y a gu'une seu- nationale orrt pass6 i l'opposition İ mesure que les li_ tail ce grand drame politique, vous y verriez, Mesdamt..
r6er un nouyel Etat mites de leur port6e intellectuelle et de leurs forces mo- et Messieurs, plus d'une analogie avec nos 6tats g6ııi.-
nale, jouissant d'une rales ,se trouvaient d6pass6es par les 6volutions de la raux. C'est ö peu prös le m6me conflit; mais, cette foi.-
;tion aucune. vie nationa,le, jusqu'i la proclamation de la R6publique ci, Mirabeau s'adresse au ,souverain par le t6l6graplıt..
Mais quel noble pa- et İı la mise en vigueur de ses lois.>> Et toujours, au rnilieu des cornplications les pi... n,,-
r mort.>) l\ous corr- Et voici une phrase que je trouve trös belle, trös digne ri6es, Mustapha I(emal r6clame pour lui, torı lt'
)rononce, plus d'urre d'6tre m6dit6e: <<J'6tais dans l'obli,gation de faire 6vo- l'auto,rit6, toute la responsabilit6. Il proteste d'ailleııı.
française. C'est l'in- luer par degr6s notre orga,nisme social tout entier, se- i chaque instant que son programme est nou pas bııl.
ef. Il a bien voulu, lon la grande capacit6 de d6veloppement que je discer- cheviste mais p'urement national.
, me r6sumer cette nais dans l'Ame de mon peup'le et que je portais rnoi- Il nous faut, par malheur, passeI sur les d6tails et ıı()ııt
m6nıe dan,s ma conscience coır-Lır"Le un secret national.>> nepr6senter 'les diff6rentes 6tapes par lesquelles Must.ı-
Le secret national, je trouve cette expr.ession pleine de pha I(emal passa avant d'atteindre ses buüs.
sens. On ne saurait songer i d6crire les d6marches, les Premiöre ötape' Le 23 avril ]920, il ouvle la Graıırlı,
prı5cautions, les ruses de Mustapha I(ernal pour arriver -
Assemb}6e Nationale d'Arı,gora. C'est lö que nous alloııs.
ö son but. Dös juin 1919, i,l t6l6graphie ö. un commarr- une fois de plus, apipr6cier sa rn,6thode, celle que norts
dant de corps d'arm6e: <<J'ai jur6 sur tout ce qui m'e,st avons d6finie. La grande Assembl6e est conyoqu6e uri
sacr6 que je travaillerais avec un entier d6vouement jus- vendredi, aprös la priöre. Avec quel prograrnrn,e? As.tı-
qu'i ce que nous ayons obtenu notre pleine ind6pendan- rer l'ind6pendance de la patrie et la d6livrance du -qii-
ce. J'ai pris la ferme r6solution de ne plus quitter l'A- ge du califat et du sultan. <<on pr.ofitera, 6crit Mustıt.
natolie.>> Il pr6sida d'abord, dans une salle d'6cole, un pha I(emal, du carac,töre sacr6 de ce jour en faisant Iı

Mosqu6e d'Aya Sofya (Sainte-Sophie)

modeste congrös A Erzeroum. Puis, en septembre l9l9, priöre solennelle, oü assisteront tous les lronorables ı]ti-
lieu l'e congrös de Sivas. C'est lİ que fut r'6dig6 le
,eut put6s, et au couls de laquelle la lurniöre du Coran inıııı-
programme nationaliste. C'est de lİ que fut envoy6 au dera les fidöles.> on d6filera avec le drapeau et la rt'-
sultan le fameux t6l6gramme qui lui demandait de ne lique. on imrnolera des moutons. Partout, on proc6dtlrlı
pas accepter Ia paix ,et lui laisı,ait quarante-huit heures aux appels sacr.6s sur les minarets, etc. on n'est pas p}ı,s
pour r6pondr.e. T6l6gramme qui ne reçut pas de r6porr. orthodoxe. En v6rit6, Mustapha I(emal r6vöIe mieux siı
se. Il y eut i Sivas de trongues discussions sur le ,mandat pens6e loıısque, le 22 avri| 1920, il envoie un cour;t ıti-
am6ricain. l6gramme-circulaire: <<C'est l'Assembl6e eui, d6sor.
Si vous d6,sirez ,savoir de quel ton Mustapha I(emal s'a- ,mais, sera l'autorit6 comp6tente i laquelle tous devroııt
/i dressait au gouvernement de Constantinople, 6coutez la s'adresser.>)
us citer quelques lecture du t6l6gramme suivant envoyıi par lui de ll sep- En effet, 91 ç'g51 la dquxiöme ötape, le 20 janvieı'
:2, Iel qu'il fut, tel ,ternbre 1919 au ministre de l'int6rieur Ailil Bey: - - une loi or-
1921, la Grande Assembl6e Nationale vote
it6. et ne la d6oou-
<<LAches criminels!... vous conspirez avec l'6tranger con- ganique par laquelıle d6ia l'Etat turc est transfornıi'.
ıuvait donner i la tre la nation. Je savais bien que vou,s 6tiez incapables L'article Ier proclame qu,e <<la souverainet6 appartieııt
d'appr6cier ö sa valeur la puissance de la nation et de au peuple, sans conditiou ni restriction, et que le r6gi-
caractöre d'utopie. sa volont6. Mais je me refusais i cr.oire que vou.s pussiez
uvaient provoquer, me administratif doit 6tre conçu de façon i permetlrt,
jouer le r6le de traitres et de bourreaux de la nation et au peup'le de pr6sider par lui-m6me et de façon effecli-
e ]aissant d6coura- de la patrie.R6fl6chissez bien i ce que vous faites...>>
ıces prochaines du ve i ses destin6es.> La Grande Assembl6e Nationale rri.
Suit une menace directe de mise İ mort. Mustapha I(e- clame i la fois le pouvoir ex6cutif et le pouvoir l6gislıı_
ıleversements 6ven-
mal a envoy6 Ie II septembre au sultan le t6l6gramme tif. Il faut d6fendre le pays en m6me temps contre l'iıı_
leur mentalit6, iı de sommation. Il se tient lui_m6me prös de l'appareil;
rmin le plus prati- vasion 6trangöre et contre le sultan. L'Assembl6e Nı-
n'obtenant pas de r6po'nse, il rornpt avec le gouverne- tionale entend g6rer elle-möme par l'interm6diaire dt's
ıaque phase i sorr
ment et le su[tan. min.i,stres. Je vous prie d'observer, mesdameg et me.-
elques-uns de mes


le califat, c'est-ö-dire abolit le pouvoir reli- taliöres, ainsi que d
.i('ılrs' que c'est le systöme de not're Convention lorsque subsister
Voici maintenant lr
l,'. miniitr,es composent le Comit6 ex6cutif provisoire-et 29 octobre 1923, Mı
ı1ııtl l'Assembl6e i'arroge la dictature et que fe Co'mit6 pubılique, dont il d
ıi,' salut pıı,blic concentie dans ses mains tout le pouvoir La neuuiöıne. Le 3
l'rıicutif, suivant le r6gime qui durera jusqu'au 9 ther_ Abd-ul-Medjid, ö so
ılı irlor. tachement d'infantt
l,'ıınalogie s'explique. L'arrn6e glecque-_ prononce, le tc}ı6, Abd-ulMedjit
l{l juitlet 1921, une attaque g6n6rale, e-t I'arm6e turque mande seulement uı
,I,ıii se roplier İ l'est ile-Ia Sakharia. ou, plutöt, il ı'y ration est d6licate. Il y eut des mancuvres, des tentati-
assez dignernent et
,ı 1ılus d'a'._6e turque. Il faut battre en retraite' Mal' ves ile renvoi aux comrnissions (nous connaissons ce
rnobi,le qui avait eı
g-ro l'6,motion publique, Mustapha I(emal l'ordonne en proc6il6 !). Le Ghazi intervint avec une extr6me v-igueur'
.,L" fuit, d6clare-t-il, aura lieu de toute façon. Si ceux vieille histoire otto
('('s termes: <App,liqrons sans h6siter ce que nous d-ic- parai'ssait comme d
tı'ııt les r6c"..it6. de ]'art militaire. Pour ce qui est iles qui sont r6unis ici trouvaient la chose naturelle, cela qu'Osman Ier avail
iıııtres inconvenients, nous sauro'ns bien y parer'>> Je rre s]erait trös o'ppoItun. Dans le cas corrtraire, la r6alit6 se-
ra tout de m6,me manifest6e dans les forrrles requises, Enfin, diriönıe 6ta1
1ıııis pas attendre davantage pour placer d c6t6 du
chef
mais il se peut alors que certaines tötes soient tran' la R6pubüque turc
.,,,, collaborateur imm6iliat, Ismet acha, comme lui lib6ral, sur Iequel r
urund g6n6ral et grand Politique. oh6es.>>
la trace ile I'infilu,
'l'rııisiöıne ötape. Le Ghazi 6vita un vote. On il6olara la rnotion de d6-
- Le 5 aofrt 1921, Mustaplra I(em^al ch6ance accept6e i l'unanimite. On entendit une seule
pour l'instant cet i

ı'ı'ı'oit le commandement supröme, avec des pouvoils dic^' vit libre. La libert6
ıııoriaux. La bataille de üi Sakharia dura en'tre le 23 voix crier: <lJ" -'y opp'ose>>; mais elle fut 6toaff6'e actes qui ne portelı
par les cris dle Le avait v6cu.
sultanat
lıııüt et le 13 septem|ıre I92l, soit vingt- et un jours' Ren-
<<Sile,nce!>>
Nous yoi'Iö parvenu
ılııırs hom,mage aux deux arm6es de deux peuples qui, Le craignant pour Sa vie, ,se r6fugiait d bord
srı]ltan, lait parcourir pouı
,,ııiourd'hui, j" ,orc l'ai dit, se Sorrt sincörement r6con- d'un navire britannique, le cuirassl Malatya, et faisait que de toute premi
ı'ili6s. Mustapha I(emal a cont6'la terrilıle lutte' route vers Malte. On conservait encore le califat, confi6 lurque. IJn homme
Au point 'd" .,r" militaire, rn'a-t-il dit, je n'6tais plus çoit qu'il Soit ent(
,J,,e siıirple solilat, puisque Constantinople m'avait en- ceux qui save,n,t ne
li"6 tous mes g..dei; mais chacun rn'ob6issait' J'avais homrne d'Etat. Je
ııııe c6te cass6e, mais j'en 6tais heureux, car ]a souffrarr- des aspects qui ra
ı'r'. m'empÖchant de dormir, m'obligeait i veiller }reure deux qualit6s ma
1,,ır heure. comme une flamm
i,'est seu'lement apIös sa victoire que la Crande Assem' toute son euvre u
lrltie Nationa,le le no'rnrnait rnar6chal avec le titre de ple. et d'unite. Je ne sr
()lıazi. Septiöme ötape. Lausanne et les discussions qui abou- tizon, qlui lui a cor
du Ghazi' Dans son vrai - 24 juillet. La Turquie Voit Con'saorel
tirent au tra.itıi du
.l ı, note ici ıın trait particulier le rapproche de Pi
.ı',rs, ülan,s son sells romain, ]a dictature est ulre magis- r6alise plus de r6fo
trlıtule tempolafe, ailmise seulement en temps de guer' cinq siöcles.>> C'est
r(), pour cr6-er l'unit6 de commandement; elle ne laissait notre prochaine cot
.ıılısister que les tribunes du peuple, et, i l'instant oü on sait l'autorit6,
Ic dictateui sortait de sa charge, il devait rendre cornpte
i

t6moignage i'mpart
ıle sa gestion. En vrai republicain, Mustapha I(emal Ainsi, l'Orient turc
.',lst conforrn6 iı la vieille A-t-il pour cela p
lııi romaine, celle sous la- Nous ferons, la foi
l1tıelle se sont inolin6s un Mineure, vers la n
( .iııcinnatus, ü[ Fabius yerrons bien. Möm
(.ıınctator. C'est de I'Assem- prosaique se Seürt
lılile qu'il obtiendra, par la vieille Turquie:
ses nouveaux Pou' La maison au portai
i:"X? D'oü jaillit une odeı
(,)uatriöıne 6tape. Le 2o Le sol de cendre ma
ııtıtobre 1921, par- l'accord Et, le long du chem
ıl'Angora, Mustapha I(ema] Le vert frais d'un n
J'iıit sa paix avec la Frarrce, Ce que Mustapha I
i la suite ile la mission avec le c6t6 maıTLamoucl
\1. Frank'lin-Bouillon. Ainsi spectacles qui nou
sı' trouvait r6tablie une ami- ıSlotlS IroS yeux. La
ıiil traditionnelle. Mais, d'au- des plus beaux spe
lrr-, part, le Chazi se trou- les quatre lances d
r uit maintenant il6gag6 de met et' İ l'arriöre-
['trrre de." difficult6,s extı5_ fih d'un jour d'6t6,
rieurıes qui le g6naient le trainent dans le c;
;
ı lus. bAtiments des con
(Juelle force pourrait d6sor- ques, la minusoule
ıı,ais l'emp6cher ile lompIe le d6me byzantin
ir!'ec ce sultan qu'il m6Pri- cient les souvenirs
.tl? Jusque-lö, il a ilfr cou- II, le vert sombre r
r riı son sentiment sous les res, les baraques
ltppalences du respect. Maiır- dans Ies lueurs cui
lonant, I'operation chirurgi- aff,luörent, jadis, lt
ı:ale est possible. C'est la tinople, pardon
,'inquiöme 6tape. La loi du de paysages trouy€
lı'f Ilovembre 'l ,o22 suppri' sa r6verie. Peut-6tr
ıııe ]e su]tanat en laissant fois, d'entrer dans ,

oü s'est insta]l6 ]e
Le Bosphore et les tours de Rumeli Hisar

ıı
)olit le pouvoir reli- des vieilles rues oü, jarlis,'hurlaient les derviches' ll()l j
ie. Celte fois, \4 usta- retrouverons les maison de bois, les menus jardirıs ,,iı
nt u'n point d'appui fleurit la centaur6e violette, oü l,on croise les voiııır,..
16 par la docilite de harnach6es ö la cicilienne. Vous reverrez le cimetii.l ı'
.ngleterre. <<Nous ne solennel et poussi6reux oü Mahomet II faisait cleji ı'ıı-
pacha; nous sommes terrer ses soldats; vous irez vous asseoir sous la trcill,,
i vend i prix fixe.>> de ]a vieille mosquee oü le d6funt, pour la derıliĞre {'rıis.
le Assembl6e. L'op6- assiste ) la priöre. La vie et la mirt vivent ici eıı l.ı-
rn@uyres, des tentati- miliarit6; c'est un lieu d'6lection pour les renılez-r,,ıı.
nous connaissons ce assez digne,m.ent et monta dans la m6me voiture auto_ amouIeux. Et je sais,_ prös des Sept Tours, prĞs dt' iiı
une extr6me vigueur. rrıobi,le qui avait enlevı5 le suıltan. C,en 6tait fini de la mer doır,t on _perçoit I'haleine, unJ petite 6giise brr',,,,_
toute façon. Si ceux itine devenue la mosqu6e de l'Ecuyer, dont'ia coo. ,..i
chose naturelle, cela un vrai jardin domin6 par les pistachiers et les ı,iı.i,.
ılrtraire, la r6alit6 se- binthes; _les oiseaux' san; fin, y p6pient; les cou;ı,ılt'.
les formes requises, se sont 6croul6es, mais entre les co]bnnes de vert iııııi_
es t6tes soient tran- que' un ciel tendre se d6p oie. Car l,orient turc ıı'ı.si
point le pays des couleurs violentes. En Afrique, lıt lıı-
rra la motion de d6- miöre mange le ton; ici, 1
n entendit une seule ıııi-
teiııles. Et, daııs
ris elle fut 6touff6e l'avenir qui se de
i.ı _

ıt avait v6cu. t6, s'unissent sa,ns


[ı.:-

se r6fugiait i bord s6s. Mais, par l'action d'un homme, d,un che[, un llıil
)irs_

ı6 Malatya, et faisait domine: la Turquie, en apparence rel6gu6e en .\.it,,


:ore le califat, confi6 opöre un r6tablissement remalquable et vient s,incoı
s musulmans protes. 1ırı-
rer i ]'Europe par sa volont6 d'ordre, de paix et de ;,'ı.t,_
iscu,ssions historiques grös. Et cela ne nous empdche pas d,y percevoir ce (lllı,
re grande connaissan- Mme de Noailles d6finissait ,, vers-adorable:
Mustapha I(emal est L'immense odeur du musc, du", cödre et d,e la rose.
entend substituer ö
iiöcle le principe mo- Deuxiöıne Conf6ıence (6 ddcembre ı933).
souverainet6 du peu-

discussions qui abou-


ürrquie yoit consacrer
I
ın du r6gime des ca-
t, plus sp6cialernent,
net pacha. La p6rio-
6e. Isrnet adresse au
engage ) reconnaitre
,s, scoilaires et hospi-

La maison au portail ferm6, drun rouge sang,


D'oü jaillit une odeur provocante et musqu6e,
Le sol de cendre marlve, un ciel incandescent. ple,.ou Edirne, qui garde Ie nom de l,empereur Adrit,ıı.
Eı. le long du clıemin ravin6 qui descend, servit pendant un siöcle de r6sidenc. or* su]tans el i'ıll
Le vert frais d'un rnürier ombrageant la rnosqrr6e. rnaintentle ö la Turquie par le trait6 de Lausanne. ( ''ı.-i
[a que se rencontre le chef.d'euvre de l,art turc, la ı-ııııs-
qu6e Selimiye, dont le grand architecte Sinarr di.ııiı
qu'il la consid6rait Com,me son meilleur travail. Jiıılis.
c16tait aussi l'un des centres les plus c6löbres de la ı.i.-
ligion islamique; on Vantait Ia cour ö portique, les l,ıı-
_quatre
tronnes enlev6es ö des 6difices rornains,' les ,ı,i-
narets et les neuf cent quatre-vingt-dix-neuf fen6tres.
Nous prendrons aussi cone6 d,Isianbul, dont nous r) ir-
vons entr-evü q.u'ıIne bien petite partie. Nous jetterıııls
un regaıd sur.l'un de ces monuments oü se m6]ent ıtır
souvenirs de la civilisation byzantine ceux de l,hist<ıiı.t'
lyrs}". La _I(ahriye Djami, par exemple, corresponıl i
l'ancienne 6glise du rnonastöre de Chora; et l,oiı y rı,-
connait ce goilt de l'abstraction qui fut un des cura,,ın',-
res du byzantinisme puisque le Christ y est d6siü.ıııli
comme la terre de l'iır,fini. Pour retrouver ce trn()llt!-
rnent, il faut ]e ohercher aux extremit6s de la ville,
1ıri,.
des nrurs. Le cadre est charmant: sous un ciel cl,aigıı,.-
tinople, pardon! dans Ista,nbul, l,arnateur d,art et marine, le cirneti6re avec ses vieilles grilles, les herlrt,s
-
de paysages trouyera toujours cent- endloits oü abriter söches, de pauvres jardins, les maisons de bois, quelcltl('s
sa r6verie. Peut-6tre aurons-nous le temps, la prochaine façades xouges' une rue]le qui d6vale en maniöre de l()].-
fois, d'entrer dans ce petit cloitre baign6 d,eaul fraiches rent et ce cyprös cnlenu plus haut que la coupole. Le sr,-
oü s'est instalJ6 l.e mus6e de l,Evkaf. A Scutari, le Iong leil a roussi les mrırs, et tout' ici, se d6]abre ;mais i] ,.i..

ı'
sr)e une paix adorable. On y entend la plus belle des Et, dans ce tragique S6rail, je donne un souvenir au boı Le site est admiral
ıııtısiques: l'accor,d de la solitude et du silence, et toute vizir Ibrahim, qui fut si nettement notre ami et que coup6es par ileux I
t'ı'tte misöre contraste avec la richesıe intı5rieure des Roxelane la rieuse fit etrangler un soir, dans l'une des le voyageur arrivar
ıııırbres et des ors. Nous sommes au dı5b,ut du XIVe siö- chamkıres de ce paılais. Ne puis-je au m'oins retenir d'une gnes plus hautes e
clc. Si je remonte aux origines, je retrouve I'ombre de tetrle histoire cette iil6e que le Turc, Iorsqu'il a donni: caprice de l'heure
,| tıstinien le fondateur et celle de la mys6rieuse Theo- sa parole, sait la tenir? Nous sommes en face d'un peu- mand Jansen a tr?
ı|lıra, l'ancienne danseuse appotr6e sur le tr6ne, qui en- ple loyal, dur souvent, 'mais honnöte en Ses accords. poursuit la creati
('orrragea la passion de so,n 6poux imp6rial pour les cou- C'est un errıse,ıgnernent. programme qui cor
l l'()verses th6oloıgiques. Et dans les ,mosaiques du XIVe Tout ce d6,cor, aujourd'hui, c'est le pass6. Le sultanat croix et I'envelopp
siöcle, infiniment plus riohes que leurs ainıies de I(iev est mort; le califat est m'ort, et la R6publique turque pecter la vilıle ancj
tııı de Daphni, la Renaissance apparait d6jö, par une s'est donn6, Ie 20 avril 1924, an statut d'un type tout
J'ai donc retrouv6
rı'l;herche sincöııe clu 'mouvement et ,de la vie. L'histoire nouveau. Quelles en sont les id6es directrioes? rot, cet initiateur
ıltl la Vierge est un charmant poöme en une quinaine La souverainet6 appartient, sans auc,une r6serve, i la
,

la clairvoyance, pu
ı|ı' tab'leaux; on y voit, par exernple, Joachirn et Anıre nation et i l'Assembl6e. Les tribunaux, d6clar6s ind6- la r6v6lation iles F
ı1ııi se rencontlent devant la porte Dor6e et s'embrasserrt pend,ants, doivent re'ndre la justice seılon les seules lois. guste, les ruines dr
lııivement, ou la distribution aux jeunes filles de Ia lai- Tout citoyen Age de dix-huit ans r6volus est 6lecteur; jalouse, et la c6löb
lll'porrT filer le voile du ternple, Marie ayant reçu les ö trente an:, il d,evient 6ligi'ble. L'artidle 13 dit: <<Lc Galates ,en I'honne
l'ils ile poruxpr,e. Aimable vision ilu temps des Paleolo- d6put6 repr6sente non pas seutrement la criconscription brülant, il faut m<
ıııtıs, de l'6poque oü l'Ernpire d'Orient se d6sagröge. qui l'a 6'lu, 'mais la nation tout entiöre.>> Le mandat de bazar oü voisinen]
\ rıulez-vous savoir si, en dehors de l'architecture, il y d6put6 n'est pas com,patibile avec des fonctions dans 6piciers, -les marai
('tıt tıII art tur'C? Entrez dans ce petit musı5e de l'Evkaf l.'administration gouvernementale. Le pr6sident de la d.e corail ou l'aubı
ılııılt je vous ai d6ji dit qu'il se cachait darrs l'immense R6publiqu,e est 6lu pour la dur6e d'une l6gislature; il qui vous offrent I
ı'ııse,mble ,de la mosqu6e Suleymanie. Autour d'un jar- peut ötre r6,6lu. Il pr6side l'Assembl6e et, au besoin, le d'oreille>>.
ıliıı secret et dans la fraicheur d'ea,ux vives, le long du Consell des rninistres. Il doit prornulguer, dans un d6lai
ı'loitre, de menues sal]es enferment les plus pr6cieux de dix jours, les lois vot6es. Tous les d6crets promul- Pour construire lı
stıuvenirs du pass6 : des tapis de I(oniah avec certaines gu6s par lui doivent ötre contresign6s par le pr6sident ville; dans Ies mu
casrt'rent des chapiı
ıli.<ıorations que l'on dirait conçues par Dufy, des boites du Conseil et par le ministre comp6tent. Il choisit le
iı (}oran, des encensoirs, les eufs d'autruche porte-bon- premier ministre, qui d6signe les autres mern}ıres du ca- statueŞ, des fragmı
Lcırr', de subtiles 6to,ffes, des linons br'od6s. binet.
tifs de toute sorte,
}l ıis la vraie r6v6lation ile ce mus6e nous est donnöe Avais-je tort, mesdames et messieurs, de vous dire que On chernine avec F
la salIe des Miniatu.res. La tradition veut que la le p'euptre turc, dont le pass6 prouve la loyaut6, est aus- granit. Deux li'ons
1ı,ır Dis1oqu6e, mutiü6e'
'l'ıırquie se soit toujours montr6e hostile ö la repr6sen- si un peupıle sage? De toute 6vidence, son a'ctuelle Cons- ga coüleur chaude
ıiııion d'images humairres. Cette opinion n'est pas exac- titution procöde de la n6tre. L'article 49 d6clare: <<Tous
ıt,. Et, par exernple, ce Mahomet II, auquel il faut tou- les Turcs sont 6,gaux ,devant la loi, i laqtrelle ils sont te- La cit6 moderne, ,

tants, rappelle, par


.itıurs revenir, se laisse peindre par Bellini. Ce sont les nus d'ob6ir sans aucune exception. Tous priviilöges foır-
sııltans fanatiques tels que Beyazid qui oırt prononc6 d6s sur les groupements, claıs, familles et tous les au- villes marocaines.
cı'tte interdiction. Iü y a une peinture turque. Nous pos- tres avantages individuels sont abolis.>> L'artiole 70 t6es, longent les b
.tiılon'sı au Louvre, une miniature du XIVe siöcle repr6- ajoute: <<L'inviolabilit6 personnelle, la libert6 de con- blics avec un sen
st,ııtant trois j'eunes femmes qui, dans un jardin, 6cou- science, de pens,5e, de parole, 'de pubılication, de voya- yeut a'ııoir son chaı
lı'ılt debout trois musiciennes assises; Ieurs robes echan- ge, d,e travail, de possession, d'association font partie jö sa vaste piscint
cı'ı!e's, d6couvrent le corr et la naissance de la gorge; elles des droits naturels des Turcs.>> Plus loin, article 75: Anatolie, l'illusion
sııııt envelopp6es d'arnandiers en fleur. Assur6ment, cet <NuI ne peut ötre inqui6t6 poul la religion, le rite ou qui tıaverse le quı
lı rt n'a ni le galbe de l'art chinois ni la perfection de la secte auxquels il apıpartient, ni pour ses opiniorrs se sont group6es; 1

|'lırt persan, ses infüexions, Sa grice, sa sou'plesse; c'est, philosophiques. Toutes les c6r6monies rituelles qui ne chitecture national
si ['oır veut' un alt provincial, mais ç'gg1 un art. so'nt pas contırailes A l'ordre ou i la nrorale, ni en con- poct d'une expositi
l)ııfin, avant de quitter Is'tanbul, nous irons dire adieu tradiction avec la loi, sont autoris6es.>> Je vous cite eır- line, la villa du I

ııı Vieux S6rail. A lui seul, il semble un rnonde. Jadis, core l'article B0: <L'enseignement de toute nature est par son bon gofrt t
()ll ne ,p,ouvait visiter le Harem; on y accöde aujour_ libre dans les limites de la loi, sous la surveiülance et le i peu, naissenıt, rit
ı[']rui et l'on y entre aVeC une certaine curiositı5. A vrai contr6le de l'Etat>; l'article 85 : <<Tout impöt ne peut leur manque seuler
ılire' c'est le triorııphe du rococo et du stuc' i part la 6tre lev6 et perçu qu'en vertu d'une loi>>, et l'article dins que le temps
t'lıiırnbre de Mourad III. L'ensemlı e n'6,chappe pas i 87: <<L'enseignernent primaire est obligatoire et gratuit Dans la grande sailJ
llı banaiit6 distingu6e des appartements officiels. Mon pour tous les Turcs et doit se donner dans les 6coles de santes jeunes femt
ıtLention reste fix6e sull cette salle du l(ubbealti qui ser- l'Etat.>> qui scande le fox-t
ı,ıit aux r6unions du Conseil des rninistres' avec' au fond, Aucun de ceux qui auront 6tudi6 cette constitutiorr n'en enfin leurs yeux, lı
|ıı fenötre grillag6e derriöre laquelle se tenait le sultan. pourra nier le caractöre lib6ral et d6rnocratique, Il est i ceux des miniatu
\l 0me, si mon imagination mlemporte un peu tropı proprement ridicule de parler d'une dictature. L'autori- ce q.ue no'us avons
('jtı. nous n'avons pas pour ncıus guider une histoire - t6 du Chazi est faite de la reconnaissance que le peuple n6es demeuraient ı
r raiment d6taill6e d,e l'Empire ottoman, j'6voque ici a pour lui. Si c'est une dictature, avouons qu'elle est 16" Essay'ons, maintena
lı's 6v6nements qui provoquörent, au XVIe - siöcle, unc gitime, voire souhaitable. forme entreprise
si 6troite alliance entre la Turquie et la France, entre le Dot6e d'uıle constitution, la R6publique turque avait
I
europ6aniser son p
lis et le croissant. François Ier a longtemps h6sit6; mais be:oin d'une capitale. Istanbul 6tait deyenue excentıi tude ne serait pas
il a 6t6,,battu et fait prisonnier ö Pavie. Contre Charles- que. Le centr'e, g6ographiquement. d6sign6, c'6tait AnLa, <<L'Asie est un me:
()ııint, il fait appel au sultan, au grand vizir Ibrahim; ra ,ou Angora, en plein ceur de la Turquie d'Asie. ne ceux qui le maı
il leur envoie son anneau, et le padischah n'h6site pas La Turquie d'Asie contient d'autres villes importanter. Ce sera, vous le ver
iı ]e seco,ur:'ir', sur la demande que lui appo'rte l'envoy6 Tr6bizonde fut jadis le ,siöge d'un ,fastueux ,empire, c6- Cette nouvelle hisl
Ii ı'aır,gipani. löbre par la beaut6 de ses pirincesses, que vantent nos Gentizon dans un
Sııivant noS propres historiens,'suivant le jugemorrt romans de chevalerie; mais sa position est trop orien- ou l'orient en Mrıı
ıl'Alfre,d Rambaud' il fut, dans l'alliance, le p'lus loyal, taüe. sııpp,rime les 6colel
lı. plus resolu. Il 6tait aussi le plus riche; ses ressorrrces Sivas, qui Ieçut, comme norr's l'avons vu, le deuxiöme c''est-iı-dire les m6
(,ll ol, ges ressources en hommes, d6passaient tres nötres; Congrös nationaliste, fut le siöge des Seliljoucides, c'est- I'administration re
lıı discipline de ses troupes l'emportait sur l'organisatiorr i-dire d'un autre et magnifique em-pire, florissant jus- ferm6s les tribuna
ılıls n6tres; devant Nice, c'est lui qui nous foıırnit des qu'ö I'invasion du prodigieux Tarnerlan. tences sur les preı
1ırojectiles et de ]a poudre. C'est lui qui nous a conc6d6 I(ay;eri, lui aussi, est plein de souvenirs; il vit couron- taient pas le t6mo
Iı's privilöges dont nous avons lon'gte,mps joui en orient, ner un empere.ur de Byzance. qui est abandonnĞ
iıvec le protectorat des chr6tiens. Mais, par sa situation centrale, Ankara s'imposait. orienta'l dans lequ

24
e un sorrvenir au borı Le site est admir,able. Trois hautes roohes volcaniques,
rt notre ami et que coupı5es par deux lıröches profondes, se dı5tachent, pour
soir, dans l'une des le voyageur arrivant d'Istanbul, sur un fond de monta'
ı rnoins retenir d'une gnes püus hautes et lointaines, bleues ou roses selon le
rc, lorsqu'il a donnıi caprice de l'heure et de la lumiöre. I-e professeur alle-
ıes en face d'un peu- mand Jansen a tracı5 Ie plan d'extension sur lequel se
nöte en ses accords. poursuit la crlation nouvelle. Fort heureıısement' ce
programme qui cou'pe la ville de deux larıges avenues en
Le pass6. Le sultanat croix et l'enveloppe d'un boulevard circıılaire, a su les-
ı R6pub'lique turque pecter la vil,le ancienne.
tatut d'un type tout J'ai donc retrouv6 l'Ancyre de m'on maitr,e Georges Per-
directrioes ?
rot, cet initiateur dont orr reconnait mieux aujourd'hui
ıuoune r6serve, i la la clairvoyance, puisqu'il ,est un de ceux i qui l'on doit
ınaux, d6clares ind6- i
la r6v6lation des Hittites. Jlai retrouv6 la Sebaste d'Au-
selon les seules lois. guste, Ies ruines de ces 6difices dont Rome pouvait 6tre
r6,volus est 6lecteur; jalouse, et la c6löbre inscription du temple 6lev6 par les
L'artiole 13 dit: <<Le Galates ,en l'honneur de llernpereur. En d6pit du soleii
:nt la criconscription l

brffilant, il faut monter jusqu'ö l'Acropoile, ö travers le


tiöre.>> Le manilat de bazar oü voisinent les condiers, les chaudronniers, leı
I

des fonctions dans 6piciers, les maraichers qui vendent le piment couleur
Le pr6sident de la l
de corail ou l'aubergine en camail violet, les jardiniers
d'une l6gislature; il qui vous offrent la petite fleur rou,ge dite <la boucle
bl6e et, au besoin, le d'oreille>>.
ulguer, dans un d6lai
ı les d6crets promul- Pour construire les rernparts, on a d6truit toute une
ville; d'ans les murs, entre les blocs 'formidables, s'en-
1n6s par le pr6sident casrtrent des chapiteaux, des tambours de colonnes, des
np6tent. Il choisit le
statues, des fragments d'architraves, des motifs d6cora-
ıtres membres du ca-
tifs de toute sorte, des inscriptions grecques et latines.
On che,mine avec peine i travers un chaos de lave ou de
ırs, de vous dire que
granit. Deux li'ons hittites attendent qu'on les recueille. Int6ıieur du Pavillon de Bagciııd au Vieux S6rail
ıe l,a loyaut6, est aus-
rce, son actuelle Cons-
Disloqu6e, mutii6e, c'est bien la vieille ville turque avec
sa couleur chaude et son Acre paı:fum.
cle 49 d6clare: <<Tous avec l'Etat. Contre ces innovations' les I(urdes se soııIı'-
i laquelle ils sont te- La cit6 rnoderne? qui assemble rs,oixante-,dix mille habi-
tants, rappelle, par sa rapide croissance, certaines de nos vörent sous la conduite clu Ch6ik Said. L'instırre('ti()ıl
Tous priviilöges [orr- fut r.6prim6e; quarante-six r6volt6s furent penilus i iı
milles et tous les au- villes marocaines. De larges avenues, pav6es ou as,phal-
t6es, longent les bAtiments trac6s pour les services pu- nuit tombante devant la grande rrr'osqu6e de Diar]ır'Liı'.
abolis.> L'artiole 70 Le Ch6ik Said lui-rynöme monta au gibet.
e, la libert6 de corr- blics avec un sentiment 6vident de grandeur. Ankara
pub[ication, de voya- veut avoir son charrrp d'aviation et son stade, E'lle a d6- Puis le Ghazi s'attacha i r6former la langue, a]tıirt''ı'
jİ sa vaste piscine i l'air libre, qui donne, en pleine au couls des siöcles sous l'influence du persan e't dt'I'lı_
isociation font partie
)lus loin, article 75: Anatolie, f illusion d'une plage. Sur la magnifique all6e rabe. Il se pIopose ainsi de sup'prirner toute diff6ı'ı'ııt't'
[a religion, le rite ou qui traverse le quartier neuf, les ambassades 6trangöres entre l'idiome des intellectuels et l'idiome du peıı1ılt.
ri pour ses opinions se sont group6es; p usieurs ont voulu con.,erver leur ar- on change les norrrs, grecs ou arm6niens, de certiıiıır'.
ınies rituelles qui rre chitecture nationale, ce qui donne ö cette r6gion l'as- localit6s. Le programme est toujours le m6me: rt:ıll'lır-
la rnorale, ni en con- poct d'une exposition universe,lle. Au sornrnet de la col- Cer par tous les moyens possibles le sentiment natiııııııl.
6es.>> Je vous cite eu- line, la villa du Ghazi, @uvre d'un Autrichien, plair San Stefano devient Y6chil-tr(eui, le village vert. Les ıııt,_
de toute nature est par son bon goirt et sa dıicence aimah]e. Les parcs, peu nus des restaurants doivent 6tre 6.crits en turc. C'es[ ı';ı
s la surveiilance et ie ö peuo naissent, riches de jeunes arbres et de fleurs; il turc qu'il faut demander les nu'm6ros de t6l6phoııl' lııl
<Tout impöt ne peut Ieu.r manque seu(ement un peu d'ige, le charme des jar- 6crire les adresses des lettres. Dans les 6coles, on tli'vt'-
'une loi>>, et l'article dins que le temps a vieillis. Ioppe l'enseignement de la langue nationale et sor,-
obligatoire et gratuit Dans la grande sailile du restaurant de la ville, de ravis- vent, il faut bien le ilire, au d6triment ilu frai'ıçai;, ı1ııi
ner dans les 6coles de santes jeunes ;femmes devisent au bruit d'un orchestre r.este cependant employ6 pour l'enseignement au irctir
qui scande le fox-trot, Du, Schıaarzer Zigeuner. on voit de Calata S6rai.
cette constitution n'en errfin leurs yeux, treurs beaux yeux de turquoise, pareils Une autre r6forme suscita plus ile ilifficult6s: ce f ııt iı
t d6moeraıique' ['| esı ö ceux des miniatures' et l'on cornprend, İ les regarder, r6forme de la coiffure. Nous abordons le cha1ıitrtl ılı's
ne dictature. L'autori- ce que nous avons perdu, au temps oü leı.r,rs seurs ai- chapeaux. Affaire en appalence insignifiante, mai. ,'ıı
rissance que le peuple n6es demeuraient voil6es. r6alit6 fort inrportante. En Turquie' en effet' C(]ll)Illı'
avouons qu'elle est 16" Essayons, maintenant, de comprendre ce c1u'a 6t6 la 16- nous l'explique M. Genlizon, la variation de la coil'i'ıır,'
forme ontreprise par Ie Ghazi pour moderniser, pour permettait de ilistinguer non seulement la race, lı ı't'-
,ublique turque avail europ6anisor son pays. Si nous 6coutions Gobineau, l'6- [igion, mais aussi la profession. Il y eut' en lB29. ııııt'
lait rlevenue excentri tude ne serait pas trös tentante. C'est l,ui qui a 6crit : premiöre r6forme des couvre-chefs par Mahınouıl ll:
d6sign6, c'6tait Anka, I
<<L'Asie est un mets trös s'6duisant, mais qui empoisorr- jusqu'i cette date les turbans 6taient s6vörement ıliIf'ıi-
Turquie d'Asie. ne ceux qui le ma'ngent.>> Essayons de goirter A ce mets, renci6s. <<Ces espöces de hauts turlıans qui 6levail:ııı llı
:es villes importantes. Ce sera, vous le verrezl sans danger. tail'le 6taient, nous dit Voltaire, pİuı imposants ittt\
ı fastueux empire. c6- Cette nouırelle histoire nou|s a 6t6 cont6e par M. Paui yeux que les perruques et les jus'taucorps et 1ılus ı'tııı-
)sges, que vantent nos Gentizon dans un livre int6ııessait: Mustapha l(eınal venables aux climats froiils.>>
ısjtion esl trop orien- ou I'Orient en Marche. Ayant aboli le califat, le Chazi La coiffure des sultans eux-m6mes Varia, selon les tt'ııı;.ls.
supprime les 6coles coraniques attach6es aux mosqu6es, 'depuis le bonnet de feutre couleur de miel jusqtı'i l,ı
VonS v:tl' le deuxiöme c'est-i-dire les m6dress6s, le commissariat du Cheriat, tiare orn6e de püumes de h6ron et de pierres pr6ciı'ııst's.
les Seldjoucides, c'est- l'administration religieuse de l'Evkaf. De m6me sont Au XVIIIe siöcle, le grand vizir porte un turban lılrıııiı
empire. florissant jus- ferm6s les tribunaux religieırx qui, fondant leurs sen- en forrne de pain de sucre ooup6 en son rnilieu d'ıııı rtı'
nerlan. tences sur los pr6ceptes de la loi islamique, n'admet- ban d'or. Le grand amiral, le capitan pacha en arlıtıı-ı'
uvenirs; il vit couron- taient pas le t6rnoi,gnage des chr6tiens. En somme, ce un semblable. Ce]ui du chef des uilıimas est ulre llrıııjı'
qui est abandonn6, c'est tout le r6girne th6ocratiq,ıre ile mousseline verte. Les icoglans 'ou pages du grltıırl
ıkar'a s'imposait. orienta'l darrs lequel l'Eglise muşulmane se confondait seigneur ont droit au brocart dor6. on a möme sotl[('lüt|

ı5
mariage a 6t6 compLi
je ne s,ais quelle est la valeur de cette hypothöse une nouvelle r6volution. Le Gazi la d6finit dans les la polygamie 6tait tol
-
ı1 ıııl le casque des janissaires donna l'i,il6e du shako des termes suivants: ans 6taient admises aı
ıı lı lans prussiens. La couleur noire 6tait assignıie aux <<La tenue internationale des peuples civilis6s convient interm6iliaire, sans
parfaiternent i notre nation. Nous cha,ırsserons souliers
(

t:lır6tiens. Les cimetiöres turcs sont un vrai mus,6e de la L'homme pouvait ro


l:tıif'fure, et il avait fallu inveırter des meubles sp6ciaux et bottines; nous porterons pantalon, chemise, gilet, m6me sans ,motif. Le
1ııııır remiser,iı domicile, ces encombrants olnements. faux-col, cravate, veston; nous coifferons un couvre-chef moins I'union d'une r
\l ıılım.oud II entreprit la lutte Contre le turban et le İ visiöre ou' poul parler plus clairement' un chapeau. Ainsi, tout le statut d
rı'ıııplaça par le fez, fabriqu6 au Maroc, mais aussi par' Nous porterons redirıgote, jaquette, smoking, frac, et s'il s6. Il faut dire, d'aill
l'ıris en France et, sp6cialement, i orl6ans. Le fez 6tait, se trouve des gens qui h6sitent, je leur dirai qu'ils sont somblent comme
()ll :'oIIlIIl€9 une coıiffure africaine, et il fut impos6 com- des sots et des ignorants.>> -
s'ötre montrees peu r
I

lll('un progrös;,mais, ö son tour, il fut consid6r6, ainsi Le Ghazi proc6da d'abord progressivement, selon cetle Messieurs, si, dans nı
l1ııtl l'avait 6t6 le turban' Colnme le symbole de la na- m6thode que nous l2avons vu constamment appliquer. II admiı:6 la hardiesse
ıiııııalit6 turque; le porteur de chapeau,le chaplıali, se n'imposa le chapeau qu'aux fonctionnaires. Les intellec- jourd'hui de sa hard
sigııalait lui-m6me au rn6pris public. tudtrs suivirent. Horreur ! on vit le pr6fet d'Istanbul,
par exernple, que l'ar
Lcs Jeunes Turos avaient choisi une coiffure de transi- Emin bey, paraitre avec un chapeau haut de forme. La par la cr6ation d'une
lioıı: un bonnet de fournıırerJ,e halpak; nous le voyons, presse railla le fez, ce <cachet roır,ge di'gne d'ur._e bou- le r6gime de la propı
sııı' nombre de photographies, portıi par Mustapha I(e- teille de vin>>. Les repasseurs ,J.e fez etaient ruin6's, mais tres r6formes.
ııııı| et par l'es r6publicains. Au printemps de 7925, le les chapeliers 'faisaient fortune. Les rites de la polites-
gouvernement d'Angora ordonna I'adjonction d'une vi- se' du salut,6taient modifi6ı; on prit l'usa,ge de se tenir C'est l'adoptionilu ca
sii.rtı au k6pi de l'arrn6e. Ce d6tail peut Vous paraitre t6te nue dans les ,mosquı5es. Le pr6sident de l'Assembl6e
jaıwier ]927. C'est l,
Nationale montait İ son fauteuil en habit et se 'coiffait, que-lİ d6compt6e ö
ilısignifiant; il 6tait glave en r6a' it6 car il eınpöchait conte qu'un soir de R
1

ltl <ıroyant de toucher la terre avec le front pendant la i la française, p,our maIquer la fin de la s6arrce. Le tur' des eunuques: uQ..
;ıriı]re (il ,est vrai que cortains ,soldats tournaient la dif- ban 6tait r6serv6 aux pr6tres, sı.rr autorisation sp6ciale.
cette l6ponŞe: <L'heu
1'icıılt6 en mettant leur kepi d l'envers)' La garde re_ Urıe loi fut vot6e par l'Assembl6e Nationaile, malgr6 Ia
r6sistance de Nourettin pacha, un des h6ros de la guer-
Ilyad6sormais un,
1lıı}ıIicaine d'Angora appar,ut la premiöre avec le nou- du recensement et dı
\'elıtr couvle.Chef. re d'ind6pendance. Il y eut des 6meutes ilans les vila-
ler septernbre 1925, d I(astarnouni, Mustapha I(emal yets orıien;taırx de la Turquie; l'6tat de siöge fut procla- phabet latin suivant
complie ni les Russe
.[,<,
se rlrontra coif,f6 d'un chapeau; il resta t6te nue pendant rn6; İ Sivas, un imam fut perıtlu; il y eut des dizaines
de condamnations i mort. Mustapha I(emal, une fois de sörent les Hongrois,
ttıııtes les c6r6monieş organis6es en son honneur. C'6tait
plus, tint bon; dans son patriotisme u'nificateuro toujours me essentielle: les I
sous l'ern_pire de la möme id6e, il ne voulait pas d'une vant leur place danı
gner de points; il y
difrf6rence d'aspect entre Turos musu,lmans et Turcs
chr6tiens. C'6tait une r6forme symbolique mais essen- vait transposer un no
tielle; nous avons tent6 de le d6montrer. La lecture et l'6critı
t primaires, ne ponvai
Nous ne reviendrons p,as sur les r6'form'es religieuses et,
par exomple, sur la dispersion des derviches, bien qu'el' ne culture. La 16[or
le ait donn6 lieu İ des incidents curieux. Iil rne parait pu dire que la Turqı
plus int6ressant de vous iniliquer de quelle façon Mus- ne ı'6crivait pas et ı
pas. Le Ghazi ,a fai
iapha I(emal s'attaque maintenant'au v6ternent f6minin,
au voile. En 1927 encore' toutes les femmes portent ce cou,p' iI a pernris İ s
voile, le petch6, joint au tchartchaff, qui recouvre la lographie et de la st
ehevelure; on a möme renolrüc6 aı yachınalı' İ cette sor-
rie. Lui-m6me, il en
te de voilette qui laissait apercevoir les yeux. La m'obi- bleau noir. La Ioi qu:
lisation, en obligeant les femrnes i remplacer les hom- vot6e ö l'unanirnit6,
mes au travaiil, portait un coup fatal i l'antique usage.
tions en caractöres l
Peu ö peu, elles se d6voilaient, portaient des costumes d'Ankara. Tout le vi
tailleur. O scanilale ! on vit le Ghazi emmener' dans des dictionnaires arabes
tramger peut lire un
inspections militaires, ,sa jeune femme, v6tue en arnazo'
ne et chauss6e de bottes İ l'6cuyöre.
un prix. Une fois dt
d6rable.
D'ailleurs, cette transf,ormation ext6rieure n'ıitait que la
rnanifestation d'une r6vo[ution pro,fonde dans la condi'
Bien enten'du, les cr
ces r6formes. En moi
tion intellectuelle, juridique et sociale de la femme tur-
que. R6volution intellectuelle: elile 6tait admise 'dans que a construit plus
lee .5coles. J'ai visit6 dans Ankara un charmant institut
fer. Elle a dot6 le I
mettes; elle construi
profesı-tionnel organis6 souş la protection d'Ism'et pacha
lopper toute une in
J'ai 6t6 reçu liı par les plus aimables des institutrices, ensei,gne,ment technic
toutes ferventes des enseignements de Postalozzi. La
u les droits civiques.. Ainsi que me emploie de pl'us en
Maksoudi, professeur İ la facult6 culture du pavot i o
n seulement elle est devenue juri' Dominant tout cet er
diquement ll6gale de l'homme, mais elle a m6rne un miration, c'est la rı
_"iıı"rr, Statrıt que Ia 'femme .firançaise, ıpar exemple croit i la science, i I
pour le droit successoral. repr6sente CoInIne ı
C'est le moment ile dire que Mustapha I(emal a cl'onn6 il'Aııguste Comte et ı
i la R6publique un co'de italien, un code de commerce, vre d'ı5ducati.on. Lorı
u, code civil, un code de proc6dure. Le code civil, c'est çoit eılcore, parmi lt
le code suisse: le coile français parut tIop archaique; le ceptes coraniques: <<

code allemand, trop compliqu6. Mahmoud Essad beyo cordieux !>> Mais on
ministre 'de la Justice, a fait pr6c6der les nouveaux tex- verainet6 appartient
tes des d6claration suivantes: <<Il n'y a pas de 'diff6' L'alcool>>. Ou: <<Verr

rence essentielle entre les besoins des nations qui ap' Disons-le İ cette ooc
partiennent civilis6s des temPs force irnportante av€
-actuels. huit divisions'd'infaı
Les sociaux ont fait de
l'humanit6 familial.> Le nou- rie. Avec une popu
veau code fut vo't6 par le Parlement d'Angora en une
Paysage du Bosphore. seule s6ance (quel exerrıple!). Par suite, le r6gime du

26
la d6fiırit dans -les
mariage a 6t6 complötement6 modifi6. Selon ]e Corarl,
Ia poly,gamie 6tait tol6r6e; des fillettes de dix ou douze
es civilis6s convient ans 6taient admises au harem. Le mariage se faisait par
cha,usserons souliers intermediaire, sans que la fianc6e eirt vu son fianc6.
lon, chemise, gilet, L'homme pouvait rom,pre d son 916 le lien conjugal,
)Iors un couırre_chef m6me sans motif. Le nouveau code admet tacitement au
'ement, un chapeau. moins l'union d'une musulmane avec un non-musulman.
ımoking, frac' et s'il Ainsi, tout Ie statut des femmes turque3 a 6t6 boulever-
eur dirai qu'ils sont s6. Il faut dire, d'ailleurs, que, dans les 6lections, elles
İ
semblent comme peut-6tre les femmes espagnoles
-
s'6tre montr6es peu reconnaissantes. Mais, Mes,dames -et
ivement, selon cetle
nment appliquer. fI Messieurs, si, dans notre derniöre r6union' nous avons
rnaires. Les intellec- admir6 la hardiesse politique du Ghazi, que dire au-
ı pr6fet d'Istanbul, jourd'hui de sa hardiesse sociale? Il e:t bien evidenr,
ı haut de forme. La par exemple, que l'adoption du coile suisse, confirm6e
par la cr6ation d'une facu]t6 de droit, a transform6 toui
;e digne d'une bou- le r6ei'me de la propri6t6. On citerait encore bien d'au-
6taient ruin6s, mais
rites de la polites- tres r6formes.
t l'usa,ge de se tenir C'est l'adoption du calendrier gr6gorien, İ. partir du ler
:dent de l'Assernbl6e janvier 1927. C'est la fin de l'heure ö la turque, jus-
habit et se 'coiffait, que-li d6compt6e i partir du soleil couchant. (On ra-
le la s6ance. Le tur- conte qu'un soir de Ramazan le sultan dernanda au chef
ıtorisation sp6ciale. des eunuques: <Quelle heure est-il?>> Il n'obtint quc
\ationale, malgr6 la cette r6ponse: <<L'heure qu'il plaira i Votre Majest6.>)
es h6ros de la guer- Il y a d6sormais une heure officielle. C'est l'adoptioiı
ıeutes dans le,s vila- du recensement et du ca,dastre. C'est l'adoption de l'ai-
de siöge fut procla- phabet latin suivant une r6forme que n'ont encore ac-
I y eut des dizaines complie ni les Russe3 ni les Chinois, m,ais que s'impo-
I(e'mal, une fois de sörent les Hongrois, les Polonais, les Allemands. R6[or-
unificateur, toujours me essentielle: les lettres arabes se transforment sui- Le monument de la R6publique ) istanbul
re voulait pas d'une vant leur place dans le mot; elles doivent s'accompa-
rusulmans et Turcs gner de points; il y a trös peu,de voyelles. on ne pou- d.'habitants, elle garde cent qrrarante mille hommes s',,ı'
bolique mais essen- vait transposer un nom 6tranger en turc sans le mutiler. les armes.
Intrer. ,'
La lecture et l'6criture, qui doivent 6tre des exercices Mais autant qu'i son arm6e la nouvel'le Turquie esl .tt-
ormes relisieuses et, primaires, ne pouvaient s'enseigner qu'aprös une certai_ taoh6e ö ses 6coles. Elle a adopt6 un r6gime assez Sell)-
erviches, bien qu'el- ne culture. La r6forme a facilit6 l'enseignement. On a blabe au nötre, laique, d6mocratique et rrational. Eilt'
rrieux. I,l me parait pu dire gue la Turquie poss6dait une langue parl6e qui a l'6cole unique; l'ensei'gnement secondaire y est griı-
e quelle façon Mus- ne e'6crivait pas et une langue 6crite qui ne se parlait tuit et ouyert au seu],rn6rite. Les.Ieunes filles solrt iıı.-
u v6ternent f6minin, ı pas. Le Ghazi a fait cesser cette anomalie; du m6me truites suivant le m6me programme que les jeunes giır'
cou,p, il a pernis i ses compatriotes l'usage de la dacty-
i femmes portent ce çons. Le ministöre turc' aVeC Ses guatre directions, ı'.ı
ılf, qui recouvre la lographie et de la st6nographie; il a facilit6 l'imprime- organis6 comme le n6tre. Une cornrnission permaneıı!t'
achıııal+' a cette sor_ rie. Lui-rn6me, il enseignait le nouvel alpha'bet au ta- d'6ducation 6tablit les programmes, choisit les livres ,'ı
' les yeux. La rnobi- bleau noir'. La loi qui imposait cette trans,formation 6tait le mat6riel scolaire, La culture physique et le sport soııt
remplacer les h,onı- Vot6e a l'unaniıırit6, et l'on voyait flaınber des ins,crip- tenus en grand honneur. L'universit6 d'Istanbul, entoıı-
ıl ö l'antique usage. tions en caractöres latins sur les rnonuments illumines r6e de plusieurs 6tablisseıırent's d'enseignernent sU;ıti_
:taient des costumes d'Ankara. Tout le vieux mat6riel des grammaires et des rieur, se trouye plac6e au so'mmet ile cette hi6rarc'[ıiı'
i emmener, dans des dictionnaires arabes fut jet6 au relbut. D6sormais, l'6- spiritırelle; je souhaite que ia science française y Coıl_
ne, v6tue en amazo. tlarırgeI peut lire un nom de rue ou de gare' un horaire, serve sa place, que la Turquie comprenne notre voloıı-
un prix. Une fois de plus, c'6tait une r6volution consi- t6 de collaborer avec elle, sans aucun es,prit de donriııiı-
rieure n'etait que la d6rable. tion, et que la France, si elle en est pri6e, puisse dilı,ı-
onde dans la condi- Bien enten,du, les creatioırs mat6rielles a,ccompagnaient cher dans ce centre d'importance consid6rable des hoııı'
ıle de la femme tur- ces r6formes. En moins de six ans, la nouvelle R6publi- nıeg, de prerniöre va'leur. Je souhaite aussi, conforrııi'-
, 6tait admise dans que a construit plus de mille kilomötres de chemins de Inent aux accords de Lausanne, que puis3ent travaillt'ı'
rrı charmant iırstitul fer. Elle a dot6 le pays de fabriques de sucre, ,l'ırllu- en toute libert6 chez nos amis, peut-dtre aa prix d'uııt'
rction d)Ism.et pacha mettes; elle construit ses avions. Elle s'efforce de döve- adaptation- n6cessaire, ces maitres et maitresses, d'1,,,
les des institutrices, lopper toute une industrie turque; elle a institll6 lılr d6vouement si m6ritoire' laiques et plus souverıt cong] a'
ile Posıalozzi. La enseignement technique et un Conseil 6conomique. ljl]e ganistes, qui ont bien servi la France, ııais en t6mrıi-
ıiques. Ainsi que me emploie de plus en plus l'6lectricit6. Elle reırrplace la gnant aussi un d6:vouement sincöIe ö la Turquie, alr,ı'.
ıfesseur ö la facult6 culture du pavot i opium par celle de la betterave. que l'instruction y 6tait si n6glig6e.
Ile est ilevenue juri- Dominant tout cet ensemble, ce qui impose le plus d'ııd- Vous pouvez juger rnaintenant, Mesıdaı:nes et Messierıl'ı.
is elle a m6me un t miration, c'est la r6forme de l'instruction. Le Ghazi de l'importance de l'euvre immense r6alis6e par Mııs'
çaise, par exemple croit İ la scien,ce, i la raison. Je vous l'ai dit: je ırıe le tapha I(emal, non par des gestes de dictature, j'in_ıi.-
-
I

i repr6sente co(nme un disciple, inconscient petrt-ötre, te sur ce fait en plein accord avec la Granile An-
pha I(emal a clonn,5 d'Auguste Comte et de Des,cartes. Tout pour ltri est üu- -maisIl me restc i vous montrer l'un ri,'"
semibl6e d'dnkara.
coile de commerce, vre d'6'ducation. Lorsque revient le Ranrazan, rır_ı aper- aspects les plus s6duisants du caractöre et de l'euvre ıit'
. Le code civil, c'est çoit eılcore' parmi les inscriptions lumineuses' cles pr6- ce remarquable homme d'Etat. Il a supprirn6 du pas.i'
t trop archaique; le ceptes coraniques: <Allah est grand! Allah est rnis6ri- tout ce qui 6tait d6cor artificiel: les derviches et letır:
ahmoud Essad beyo cordieux!>> Mais on lit aussi, on lit surtout: <<La sou- ,derviiheries, les visites aıx turböS, les s6lamliks. Miıi"
er les nouveaux tex- verainet6 appartient au peu,ple>>, ou: <<N'usez pas d.e ]ui.m6,me instruit, 6clair6, passionn6 et presque fanıti'
n'y a pas de diff6- L'alcool>. Ou: <<Versez votre obole pour I'aviation.>> que d'histoire, il s'attache i conserver de ce pass6 toilı
İes nations qui ap- Disons-le İ cette oocasion' l'arm6e turque demeure une ce qui a un sens, une valeur.
ı civilis6s des ternps force importante avec ,ses neuf corps d'arm6e, ses dix- Or, de ce point de vue, I'Asie Mineure est un mervc'ii-
. sociaux ont fait de huit divisions d'infanterie, ses cinq divis'ions de cavaie- leux trıisor. Il n'est pas de contr6e plus favorable A ]ıı
c familial.>> Le nou- rie. Avec une population d'environ quatorze milliı-ıırs rec}rerche du savant, i la promeılade spi.rituelle du ıli'

ı7
nt d'Angora en une
suite, le r6gime du
Icttante. Tout son rivage occidental fut occup6 par des si que le Mus6e de Berlin, iles bijoux, iles objets mobi' UN GRAND RO]
<'ıı[onies glecques et des colonies de la plus grande ri' liers retrouv6s sous la terre.
ı'lıesse. Ephöse est un mus6e rempli des plus beaux sou- Ici, le mystöre commence. Pour Dörp,feld rectifiant
,,ı'ııirs, et I'on y voit revivre des siöcles entiers, depuis Schliemann, Ia Troie hom6rique, Ia Troie ile I'Age ilu
Itronze, la Troie qui prosperait entre l'an 1500 et l'an

Leilla
l'lipoque oü fut construit ce temple de l'Art6mis luxu'
ricuse dont on a fait bien i tort un sanctuaire de la 1000, est ]a sixiöme de ces vil'tres, i partir ile l'6tablisse_
ı'lıaste Diane jusqu'aux divers conciles, en passant par ment Ie plus ancien. En tout cas' on distingue nette-
<'ı' th6Atre oü saint Paul pröcha dans des conditions et ment un vaste plan inclin6, daül6 de larges pierres, qui
ilıı mi]ieu d'incidents que l'on reconstitue facilement 'donnait accös İ l'int6rieur, et un mur' un mur aux bel_
sılı' place. Il me ,:ouvient d'avoir couch6' jadis, dans uıre Ies assises, flanqu6 de tourıs, et que la tradition repr6-
llltraque prös des ruines de la licencieuse Milet. on a sente coınme le mur d,e L'IIiade. On imagine I'emotioı
ı'ı'trouv6 Priöne, patrie du philosphe Bias; Hi6rapolis' du visiteur qui touche ce mur de la main et pense pas' Yakup Kadri Bey e
;ıııtrie d'Epiotöte, est un lieu de ma,gie, le plus curieux ser par la porte Dardan6enne. Par 'malheur, les pol6mi-
ques de,s savants troublent notre 6motion. Selon certains
connus de la Turqu.,
rl,ı monde, selon Elis6e Reclus, avec €es eaux p6trifian-
ıes qui, sur le versant d'une montagne' ont form6 dcs arch6olbgues français, comme M. Charles Vellay, la but soruLaai1. röside dan
r"tıges de bassins oü glissent des eaux diapr6es de ref]ets te d'Hisısarlik serait trop petite pour avoir support6 en 4uolution constaı
ıiıi,talliques. Per'game, la cit6 du parchemin, accuse eır- tan't d'hi:toire. On hesite; l'esprit demeure en suspens. phases sııccessiaes d
(:()re, sur sa haute colline, son caractöre de luxueuse ca_ C'est bien li cependant que les Romains ont 6rig6 leur une personııalit', tot
;ıiıale, et les Allemands le savent bien, qui en ont im- ville nouvelle; c'est bien de li que ,l'on pouvait 'surveil- II a döpeirıt Ia sociı
1ııırte, pour I'eriger i Bei}in, l'autel oü s'inscrivait le Ier le ,il6troit. Il faut ısouhaiter que de nouveaux cher-
l'tıııIbat des dieux et des g6ants. cheurs se laissent gagner par la hantise qui nous a pos- dul-Haınid dans Nu
Lı Gröce metropolitaine 6tait pauvre; la Cröce il'Asie, ,s6d6 ,nous-möme et qu'une mission 'd6cisive, ilont le tution>> dans La Nu
iııı contraire, accueillait et retenait les grandes fortunes. champ d'action ne serait pas d'ailleurs bien 6tendu, dans Sodome et Go
()ıı s'en rend bien com,pte au mu86e des Aırtiques de nous dise un jour avec pr6cision en quel lieu C6sar vint pendance dans Yııbı
(lonstantinop'Ie, plus riche d bien des 6gards que le mu' ı6ver pour retouver les scönes de cette lliad'e qui a joue Artkara, ceux de L
..tltl d'Athönes'lui-rn6me. N'est-ce pas lö que sont aujour_ dr... fl'histoire de la culture humaine un r6le si presti-
ll_lıui r6unisı $rice il la vigilaırce de l'illustre Harndi gieux. |aut ne pas oublieı
lr,ly, les tornbeaux sompterrx oü furent ensevelis pen- L'A.i. Mineure enıferme encore un autre mystöre, plus Sont proİoncl6ment
r]ıılt deux siöcles les roi,s de Sidon et les membres de lointain, non moins secret. Il y a un certain nombre qui s'explique d'aill
lt'tırs famil]es. T-'un d'entre eux est si beau, dans son d.'ann6es, un explorateur lyonnais, M. Cantre, signalai[ lutiorı de la uie de
;,ıır marbre pent6lique et sous sa d6coration sculpt6e, i la curiosit6 des chercheurs un peuple auquel nous de' La page que nous r(
ı1ııe Ia tradition l'a d6no'mıne tom'beau d'Alexandre. Nul- vrions la premiöre des langues in'do_europ6enneıs con-
It. part, l'art grec du IVe siöcle, l'art sensilıle et vivant nues, les Hittites. Aujourd'hui, l'on co'mmence ö d6chif- Leila, lille de Co
ıltl Sco'pas et de son 6cole n'a laiss6 de che,f-d'euvre plus frer leurs hieroglyphes. Ce peuple 6tait sirrement aryell, I
française de Sodon,
,ı,.compli; architecture, sculpture, peirrture nı6me puis- non s6mite. Venu on ne sait d'oü, il exerça ,son in'fluen' La caract4ristique a
r1ııe la polychromie pri,mitive a 6t6 conserv6e err partie. ce au XIIIe siöole avant l'öre, occupa les borcls ile la Se et le jugeınent
']'<ıut concourt i faire du lıas-relief oü a 6t6 figur6e la mer Noire, pla'ça sa capitale ö Boghas'I(eui, dans la bou- Sounxet Iu sociötö e
lııtaille d'Issus un chef-d'euvre d'un 6quilibre admira- cle du fleuve Halis, s'6tendit vers le sud jusqu'aux con-
lıle. Un Renan seul, qui d6couvrit en Syrie le tombeau fins d'Aılep. Ce peuple guerrier et semi-lbarbare subit la nous aüaient jusqu
ıl'rrn autre roi de Sidon, etıt 6t6 capable de d6crire, d'a- civi'lisation babylonienne, mais fut'd6truit, ısemble-t-il, d'adrniration. De lı
ııirner cette collection magnifique oü se groupent tres par le militarisme assyrien. On le recherche aujourd'hui quie, touiours mal
1llııs pr6cieux 6chantillons de l'art depuis les 6poques un peu partout en Asie Mineure, mais sp6cialement ) Europ4ens) renuerst
lı's plus ardhaiques jusqu'i l'6poque ' noderne. La nou_ Boghas_I(eui et iı Malatia; dans ce dernier site, c'est et rompt l'enchant<
r r'lle Turquie conserve avec soin cos reliques, ainsi
ı1ıjelle fait rechercher } Sainte-Sophie, par exemple' les
ıılosaiques byzantines que le fanatisme de certains sul-
notre savant comıpatriote M. Delaporte qui dirige les
fouilles. La Turquie d'Asie est d6je, eile demeurera le
centre de cette science hittite qui sembile nous r6server
o
<<Af ioun-tr(ara-Hissar
tiııls avait fait disparaitre sous le badigeon. p'our l'avenir bien des surprises. Les Arn6ricairıs ont fail rnies a 6t6 d6truit İ
r

l,ııtre tant de souvenirs, iI en est deux que je voudrais dans Alisar \de bien 6tonnantes d6couvertes. dans Ia (direction d'O
isoler, tant ils sont pr6cieux et expressifs. C'est I'Asie I-,a jeune R6publique montre pour ces travaux anciens Dans un silence 6mı
\lineur,e qui conserve les ruines de Troie. Pour se ren' l'nt6r6t Ie plus intelligent. Elle a d6jA ses propres ar- des rurneurs circuler
rlre sur ce site bien cher iı tout 6tre cu'l'tiv6, la route ch6ologues. Le Ghazi vient lui-ım6me visiter les chan' pr6cisent de jour en
ıl'est pas trös facile. I'l faut descendre i Tchanak, sur les tiers. C'est que, dans ca pens6e, les Turcs modernes se 6branler les scoptiqu
l)ardaneliles, traversıer quelques villages aussi abinr6s rattachent İ ces Hittites qui' peu İı peu, 6mergent de Istanbul depuis des
(ttle nos vil'lages du front, longer'la nasse İ la fois si l'ombre du pass6. Ainsi, dans un esprit si vas,te se re de croire au triompl
s;llendide et si tragique' traverser le Simois, oü des fem- -joignent e,t se concilient avec les soucis du pr6sent et de d6cadence ottomane,
ıııes lavent leur linge, gravir quelques gloupes et attein- l'avenir la curiosite de l'autrefois. Par son goirt de la dans son histoire, q
rlre les chau,mes du harneau d'Hissarlik. C'est li que, ja- science comrlre par son ar]deur pour Ie progrös, la jeune ininterrompue de iI(
rlis, Schliernann a fait ses fouilles aussi importantes que Turqui,e s'incorpore i ['Eur'ope, et rrien ne lui manque victoire, que les ofifi
tlclles de Mycönes; M. Dörpfeld a repris son @uvre en d6soimais pour que notre sympathie puisse 'saluer en d6ji dans toutes les
;rr6tendant la corriger. Ce qui est certain, c'est que, sur eltre un des foyers les plus ardents de la civilisatiorr ac- veux. Mais ce n'egt
ıııı 6troit espace' Sllr une butte d'oü l'on aperçoit l'en_ tuolle. Et cette incontestable v6,rir6, je souhaite que la ia dynastie a'bien v6
ır6e des Dardanelles et le monument d6ali6 aux Allies France soit la premiöre i la comprendre, afin qu'entre ne qui, dans le rude
rl<ı l9I5, des villes su,ccessives se sont superpos6es; on en la Turquie nouvelle et notre pays se renouent des rela- mer son droit i la vi
com,pte neuf depuis la vilile romaine, qu'explore, au- tions dtamiti,6 aussi loyales, aussi sirres que celles dont le n'a plus rien de
jourd'hui enCore, une mission amı5ricairr'e, jusqu'aux notre histoire conserve le souvenir. Une granile esp6- tremb]e derriöre les
iııstallations prirnitives de l'ige 'de la pierre polie. rance a surgi sur l'Orient; sachons la saluer, l'accueil- les oiseaux de nuit
\ ingt-cinq siöcles ont laiss6 deis souvenirs sur cet e'm- ]ir. Et ce sera tout profit non seulement po'ur nous.mö- un vol 6perdu au rni
1ıtacernent et le Mus6e de Constantinople conserve, ain_ mes, mais pour la paix tlu monde. blime Pcırte. Commt
mique, l'oreille coll6,
f,oouınp HERRIoT ,des bataillons en lr
tent. On n'a plus le
['l Traduit en ukrainit
['J Chez E. Figuiöre,

ıt
rx, des objets mobi-
UN GRAND ROMANCIER TURC TRADUIT EN FRANÇAIS
Dörpfeld rectifiant
Troie de l'ige du

Lei[a t Fillle
re l'an 1500 et l'an

C[e Goxrrorrheo
partir de l'6tablisse-
on distingue nette-
: larges pierres, qui
I
ır' un mur aux bel-
la tradition repr6-
r imagine l'emotiorı
main et pense pas- I
Yahup Kadri Bey est I'un des roınanciers les plus tei,gnent d6jİ ble qu'eıı
nalheur, les pol6mi- diijours, iis d'Izmir'i
ıti,on. Selon certailrs
de la Turcluie. Une particularit| de sa per' Dans sa stupe Mais c'6-
"onnrn
sonnalEtö r4side darıs le f ait que, enf ant d'un pays s qu'il eiıı
ıar'Ies Vellay, la but tait un ,6ve
our avoir supportıi en 1uolution constante, iI suit dans ses roınans les
Iemeure en suspens. phases successiues de cette \uolution et garde a'irısi
nains ont 6rig6 leur
l'on pouvait 'surveil-
ufı.e fraiche.
, de nouveaux cher- Il a l'homme du temPs d'Ab'
tise qui nous a pos- clul- a l'f , ceux de Ia <<Consti' subitement en apprenant J'entr6e des troupes d'Anatoliı'
ı d6cisive, dont ]e tution>> darıs Lcı Nuit du jugeınent, de I'arnlistice i lzmir.
lleurs bien ı5tenilu, dans Sodome et Gomorrhe, de Iu guerre de l'Ind6- A cet enthousiasme d6bordant de toute une populatioıı'
quel lieu Cı5sar vint
ne Iliade qui a jou6 -Aııkara, dans Yalıanb et dans son dernier out)rage'
pendance
ceux de la Turquie rle la R1aolution. Il
ne un r6le si presti-
faut r que ces sociöt6s) ces hommes
autre mystöre, plus Şont difförents les uns des autres, ce
un certain ırombre qui s leıırs par Ie dynamisme de l'6'uo'
M. Cantre, signalait lution de la aie de la nation turque. personne ,et comrne s'ils avaient craint d'6tre reconnus'
ıple auquel nous rle-
La page que nous reproduisons ci-bas est extraite de i)'autres s'6taient prudemrnent 6clips6s et nul n'aurııit
do-eur.op6enneıs con- pu ilire oü ils se terraient.
commence i d6chif- Leila, |iIIe de Goınorrhe, Qui est Ia traduction '

Nombreuses 6haiont, parmi les 6cervel6es les plus setlui-


f |rançaise de Sodome et Gomorrhe f"l.
I

rtait sfrrement aryeut


santes de Chichli et rle Nichantache, qui avaient fait 'i
l exerça son in,fluen_ La caractöristique d.e ce roıTLCtfL röside 'dans l'analy' bon march6 de leur honneur sous les caresges des 6traıı-
upa les borils de la se et le jugement iınpitoyables auxquels l'auteur
as-I(eui, dans la bou-
Soumet la soci6t6 et l'homme occidentaux, qui rıe
e suil jusqu'aux con'
;erni-lbarbare subit la nous auaient ju,sque-ld inspirö que des sentiınents
. d6truit, ısemble-t-il, d'admiratiorı. De Ia sorte, un homıne de cette Tur'
:cherche aujourd'hui quie, toujours mal connue et mal ötudi1e par les
mais sp6cialement İ Europ6,ens' refı''üerse pour Ia preıniöre fois les r6les 6taient soudain saisis de frayeur ö l'approche d'uır c]ıii-
re dernier site, c'est
et rompt I'enchantement du <<mythe>> europ6en. timent qu'ils pressentaient terrible.
porte qrıi dirige les
iö, elle demeurera le
semble nous r6server
o
<<Afioun-tr(ara-Hissar a 6t6 re,pris. Le gros des forces enne-
Quant aux
arrogants e
('r
Il)

s Am6ricaiırs ont fait mies a 6t6 d6truit i Doumlou-P'ounar. Nous avançons comrne des )s-

tile. Leurs l'-


)ouvertes. ilans la (ilirection d'Ouchak.
' ces travaux anciens Da.ns un silence 6mu, d.ans un recueillement angoiss6,
d6j}ı se,s pIopres ar' des rumeurs circulent. Fantastiques et vagues, elles se
lme visiter les chan- pr6cisent de jour en jour et leur persistance linit par
,s Turcs modernes se 6branler les scoptiques.
i peu, 6mergent de Istanbul depuis ilei siöcles a perdu jusqu'i Ia facult6
esprit si vaste se re de croire au triomphe des siens. Au cours de la longue
ıucis tlu pr6sent et tle il6ca,ilence ottomane, il n'a plus aussi loin 'qu'il 'remonte
Par son gofrt de la dans son histoire, que le souvenir pesant d'une 'suite
r le progrös, la jeune
'rien ne lui manque
.hie puisse saluer en
de la civilisatiou ac-
ıi, je souhaite que la
,rendre, afin qu'entre jours demeur6e İ l'abri des soupEons.
se renouent des rela- Dans cette agitati h6rente qui l'entotı'
;ffres que celles doııt
ır. Une granale esp6-
t rait, le capitaine
juss'qu'a, b
un des rares A rloıı-
rve digne, son.calılır'
s la saluer, l'accueil- ""r'",
et sa ıiaitr'ise de tout bon Anglais' il
lement pour nous-,m6'

ıDoUARD HERRIoT
tent. On n'a plus le ternps de s'interroger. Les Turcs at-
sorte de m6pris pour les manif'estations de joie de la ;'ı''
fl Traduit en ukrainien. pulation trrrque auxquelles il assistait en ce mom('ılt'
f'] Chez E. Figuiöre, Paris.

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trırque est un'e af'fa
l'tıurquoi ce delire? Aprös tout que s'6tait-t_il dorıc pas_ Alora, d'aprös Vous' que conviendrait-il de faire? tr)mPs que noJS Pass
sıi qui füt de rıature ö modifier la carte du monde? Est- - de ıficher le camp d'ici oü nou,g rı'avorıs plus Pour'la Pl'emrere tol
ı'ı' qu'on avait touch6 aux rndes, i l'Eigypte, i la Pales- -Mais
rien iı entreprendre, du moins pour l'instant. tant de neıtet6 la di
tilıe ou İ l'Irak? Est_ce qu'on avait menac6 sur les mers Je vous concöde que je quitterai cette ville bien vo_ son camarade' En
iiı domination de la flotte britannique? Est-ce (Iue, -
ıl_ontierıs dös qu'il ,le faudra. Si, cornm'e vous le pr6ten- th6oricien loquace'
r'ornmeun torrent arbondant, ne continuaient pas i af- 'dez, \e prestige de l'Angle,terre a disparu en Orient, le
1'lı'ırrer toujours de tous leı ooins du monde vers la grande 'charme de cette contr6e a d'autre part toitalement ces-
ıııtitropol,e les :matiöres prerniöres et les richesses n6ces- 's6 'Mais sur ce p,oint, Vous |ne Serez sans
sıires i la satisfaction de ses habitants? Mais alors, tan do avis, mon cher George?
ıliı que ses compatriote,s continuaient i savourer dans orus avou,erai que je n'ai pas encore tre de tous les 6v6n
lı'ıır lin,ge de soie ,en lbuyant leur whisky et en mangeant ,eu re 'le bilan de mes impressions, mais
Iı'tırs cakes', l,a douceur du bien-6tre' pourquoi lui, Jaok- je ne sais pas si en fin de comp,te, j'ai viaiment connu
.tlıı Read, se tr'ouvait_il ici 'soudain expos6 aux priva_ ici des plaisirs nouveaux. Allez, je ne suis pas loin de
litlıls, aux tlif,ficult6s et peut-etIe aux affronts? Les lois ,croire que l1orieırt ''m'a 6galeıneııt d6çu.
11ııi prot6geaient les .siens ne s'6ten'daient_elles donc plus Ll ,ss 1u1 un instant puis iI reprit: f6rence, coırme s
iııl territoire sur lequel il se trouvait? Allons donc, qui L'Orient aux yeux ardents n'est ni plus sensuel ni ,r'.rait pas 6t6 möl
iıtıl'ait pu oser porter atteinte d sa dignit6, lever la nrain -p,lus pa,ssionn6 que l'ho,mrne ilu N,ord aux yeux bleus
de Ia siiuation Pri
sıır Iui ou m'enacer sa vie? Un jour, que Marlow I'avait et froiıds. Je .trouve .mö,rne que ce dernier est plus subtil <<...Les Turcs ont,
trtıırv6 nonchalamment allong6 dans son fauteuil et fu- 'dans tre 'plaisir. L?oriental Jst comme ur. enfant, c'est-İ- eux-rnömes leurs a
ııı:lılt paisib,lernent sa pipe et qu'il s'6tait 6tonn6 d'urre 'dire candide, innocent et par Cons6querrt insipide. Eı. cela recours i un
iııı]iff6rence qui com'mençait ö lui paraitre ,de l'iırcon- pourtant, j'.i exp6riment6 des ,ge,ns qui passent ici Mais erıfin, ils o
.ı'irlnce, le capitaine avait eu un sourire de piti6. poul experts. Eh bien, 'croyez-ırnoi, j'ai dfr leur ensei_ quand cela ne sel
Mon cher George, vous vous faites vraiment bierr g,ner des rafıfinements du vice et des secrets de la vo- attente trop l'on'gı
ılıı mauvais Sang pouI rien' II y a quelque vingt ans, me lupt6 dont ils n'avaient möme pas entendu l.e prenrier sr6ab]e. A eet 6'9ı
sıı is-je laiss6 raconter, un 'expıl6r.r"r. français tomba mot. En somme je'partirai ayant beaucoup ,donn6, n'a- iaissants, bien q
il\ec ses Compagnıons aux mains ile je ne sais quels sarr- yant presqu,e rien reçu. D6cid6rnent, je crois que dans arnis hellönes' J'i
riıqes dont la tribu n'avait jamais vu encore de blarrcs. tous les domaines, cette occrrrpation aur,a 6t6 pour nous nresence des noı
(]rlııduits ,deyant le chel ils 'furent interrog6s. Sans piti6, '"lle enıen'dra 'adı
une 'op6ration bien d6ficitaire.
rılı les fit 6gorger. Mais quaıld on arriva au d.ernier et II s',arr6ta et laissant tomber sur Jackson Read un re,gard que la Iai'Soın ver
ı1ıı'i Ia question qui lui 6tait pos6e il put faire CompIelr- profond, il rectifia avoc une certaine vivacitri: en bons term'es İ
ılrtl qu'il etait Anglais' ,personne n'osa le toucher et oıl --Je ne parle pas pour vous, mon cher G6rald, car utile en vous apf
lııi ]aissa ,sa libert6, car Ia puisisance 'de l'Angleterrc voue au ,moins vous a\r'ez et6 ai.m6. point de vue' Je
ır'ıit port6 la crainte'et le respect jusque chez ces an- A ces mots, Jackson Read eut un geste fatigu6 de protes. vons 6Prouver
ıIıropophages. Sans doute n'est-ce lö qu'une anecdote' tatron. droit, mais siml
ıııiıis el'le m'a toujours beaucotı,p frapp6 et je la trouvc oü sont-elles aujourd'hui, celle qui dites-vou,3, nı'o-ııt i avoir rason.A
utı,iourd'hui d'une,singuliöre actualit6. -aim6? Toutes 6vanouies comme des fantdmes. Voyez- que et reoourlr
l)6ci'd6ment, moll pauüVre ami, je crois que vous 6tes vous, c'est erncore un mirage de l'Orient auquel nous vonu un Peu dI
ılltlint de la ilaıı,ger'euse maladie qui rögne dans notre nou.c, sommes ılaiss6 prendre. Tenez, j'6tais pass6 l'autre de connaitre tot
iIı.. Rien n'existe en dehorıs d,e vous. Vous vous ima,ginez jour chez les Sami pour demander des nouvelles de Lei- certaines id6es
11ıı'il n'e,st pas d'autre pays dans le monde qr. la Ğr.o- la. 'Eh bien, je vous prie de croire qu'on rn'a fait i la peut_ötre mörne
'et
tlı'-Bretagne. Jusqu'a la guerre, l'Alle,magne elle-m6me porte I'a,ccueil qu'on r6:er,ve ,l'habitude i un cr6ancier d'entrerau I
V()tl|] 6tait appaııue comıme une puissance secorrdaire importun et pourtant jlai appris par la sui,te que la pe- dit si ie faisais
qtı'rın m,ot,suffisait ö,soumettre i votr'e loi. Il a fallu les tite 6tait chez elle.
zl'1ı;ıelins et les bombardements de Londres ,pour Vous Comment, Leila 6tait
- Elle venait justement de retour?
rlııııner Ie sens de l'a r6alit6, Nous allons retomber au- de rentrer depuis trois jours.
.iııııril'hui dans les mömes fautes. Nous devrions pourtallt -
D'ailleurs, je n'ai pas i m'6tonner de Cette attitud". Eıt"
trıııt ,de rnArne profiter de l'exp6rience. Depuis 'quatre a 6t6 cel'le ,de tous rnes amis. Au d6but, je ne vous ca-
e lıs, graoe İ ]cles lapports faux et ri,dicules n'ous avons cherai pas que j'en ai 6t6 p6niblement impressionn6;
rlis1ıos6 de l'avenir ,du Proclre orient au 916 de notre m,aiıntenant je rr'y vois plus qu'une disoourtoisie vulgai-
l'iıııtaisie et encore en ice rnoment nous nous refusons re qui ne ,rn6rite que le m6pris. Celui qui n'estime un
iı lıılmettre la force 'avec laquelle il no,us faudra pour- homme qu'autant que dure son succös n'est pas un geh-
tlıllt Composer de'main. Dites-moi, je vous prie, oü est tleman. Il faut croire sans doute qu'il n'y en avait pas
ılcl|e anm6e hell6nique de deux cent mille hommes que parmi les Turıcs.
nous nou6 sommes appliqu6s si conciencieusement a Ne gen6.ralisez pas le r6sultat de vos observations. Le
1ııltırvoir de to,us les 'rnoyens les plus perfectionn6s? Au -mi ieu dans lequel vous avez v6cu ö istanbul n'6tait
cor)tact de qui s'est-elle efforrdr6e en quelques iours? pas i pro,prement paIler un milieu tur.c. Vous ı7'avez
l[ ııous faut tout de m6me bien admettre qu'elle s'est fr6quente que des d6racin6s qui, au fond, ne savaient
rt'ııcontr6e avec qudlque chose et que ce quelque clrose ,pas eux-lmömes ce qu'ils 6taient. Tous ces gens, du genre
l)()llg ne l'avions pas fait entrer darls nos plans. Ainsi 'de Maıdaıne Jimson 'qui, d'aprös mes informations, fait
llııılc, quoique Vous en puissiez dire, pour une fois au m'aintenant des pieds et des mains ,pour qu'on lui recon-
ııırıins, nous avons ,donn6 des ordres qui ,n'ont pas er6 naisse la nationalite turque, sont de v6ritables d6chets
ı'ılir:ut6s. Autre'm'ent dit, nous avons reçu un ma,gistral ,sociaux. On peut en trouver 'dans tous les pays, ici
tlıııı;r de pied qui nous a r6veill6s de notre abstractioır. p'eut-6tre encore plus qu'ail'leurs' mais vous aııt'ıez
(]'ı'st de cette faillite scandaleuse dans le domaine poli_ tort, je crois, de ju,ger d'aprös eux le- caIactöre d.es 'Turcs.
tiı;ııe et militaire que l'on rit maintenant autour de Je m'aperçois aujourd'hui qu'aprös les avoir combattus
ıı<ıııs. Et ce qui est plus grave' ne ]'oubliez pas, c'est que trois ans entiers et avoir occup6 un grarrid ,nombıe ,de
l:t'ltıı d6convenue nous arrive en orient et que le sor- ileurs villes' nous en irons sarr,s möm.e les , avoir con-
tili'q-6 b1;lnrnique qui avait si bien agi dans votre anec. nus et je ne puis m'empöcher d'en sourire en pensarrt i
ıltıte de tout i l'heure risque fort i pr6sent d'ötre us6. L'orsanisation si remarquable de notre fntelligence ,Ser-
(,royez-moi, nous n'a\ıons plus personne ö 6tonner ici et vice qui pr6tenil savoir toutes choses ici-b,as.
ıi ltıs gamiırs ne nouüs jettent pas des pierres dans les Jackson Read eut un long bAillement.
rtı('s, ce n'est pas i cause de notre qualit6 d'Anglais com_ Je suis las de toutes ces discussions
lll(' Volls le ıpensez ö tort, mais bien plutöt, j'en suis sür, -Que les Turcs soient ainsi ou autrement, sociologiques.
qu'est-ce que
i\ r'ause de la correction de notre tenue. vous voulez que cela me fasse? Pour rnoi, la question

30
i

turque est une affaire provisoirement class6e. II est me que je porte. J'ai pu co,,state, notamnrelrt qlre ., iı_
eııdrait-jl de faire? tü)mps que nous passions i autre chose.
oü nous n'avo'ns plus vais une i,nfıluence sur le-. fernmes et si j,en crois-u,r,,,,_
)ur I'rnstant.
Pour .la premiöre fois p,eut-6tre Marlow sentait avec au- Vlage que j'ai lu il y a ğuelque dix ans''cette influeıı,.ll
ai cette ville bien vo-
)m.m.e vous le pr6ten-
disparu en orienı, le
part totalement ces_
nt, vous tne serez sans qu'il 6tait donn6 'de d6couvrir les erreurs commises
Jeorge ? et
d'en ,tirer les cons6quences logiques, tandis qu,İ l,encon- cer et que j'ai gard6 rrloul c(Eur pur cornme un dianııiıi
'e je n'ai pas encore
tre de tous Ies 6v6nem,ents, l'Anglais demeurait in6bran-
ıes impressions. mais i
tralble, impassible et ferm6.
, j'ai vrainıent connu I Lorsque Marlow ]'.eut quitt6, 'Jackson Reaıd g'asgi1 ; 5..
: ne suis pas loiıı
de I
bureau pour 6cIile İ ,sa rnöre, com'me il en avait l,habi-
Ieçu.
tude, ,sa lettre Avoc une parfaite inciif-
f6rence, connm d6v6nementi auxquels ii
t ni plus sensuel ni
I
ri rı'avait pas ete c hum,our un ,long expos6 ne sont en Somme que des perruihes qui oııt ap1ıı.i.
lord aux yeux bleus de la situation que'lques mots d'aınglais et de français dont elles ig,,t,-
ernier est plus subtil
rent le sens et qu'elles r6pötent avec une volubi]it6 ılti-
re un enfant, crest_d- I
concertante ıderriöre leurs grillages de ıbois encort, il
s6quent insipi,de. Eı;
moiti6 ferm6s. C'est un. gazouillis ori,ginal qui vous ;ı,t_
)ns qui passent ici rait charmant au premier abord, mais au bout r]'ııı,
j'ai dfı leur ensei- jour il devient insipide.
les socrets de la vo- attente trop lonıgue et
entendu le prenrier
qui commençait İ devenir d6sa- <<Je ,ne crois pas que je pourrais vous rapporter u n(:

eaucoup donn6,
gr6ahle. A cet 6,gard' nous devons donc leur ötre recorr- chatte d'Angora, au poil long et au maintieın'ğr^u"'
nra_ naissants, bien qu'ils aient s6rieusement malmenıi nos me vous m'en aviez exprim6 le d6sir. C,esi ,d,aillt:ııı.u
",,,,,.
t, je crois que dans amis hellönes.
aura 6t6 pour Sans aucun butin que votre fils revierıclra aprös ce lıııl1l.
nous pr6sence des s6jour en orient. L'histoire n'est qu'un 6terııel rec()İlı-
elle entendra mencement. Je connais i mon toul, la triste filr de crliır
lson Read un re,gartl que la raisoın
ne viva,cit6: qui, il y a quelque neuf cents an3, ont pass6 par les,rl,,.-
r cher G6rald, mrn€, que nous ayons pa,rcourus, i la poursuite de: lııi,-
car mes buts. Et co,rnme eux sans doute, je revien,drai ı,r-
te fatigu6 de protes. traordinairement ,f'atigu6, d6çu, et les mains vides. .]\

ui dites-vou!, nl,oııt
ı fantdmes. Vovez- que et recourir i la caresse qui apprivoise. Je suis de-
)rient auquel .ror"
j'6tais passe l'autre
ıs nouvelles de Lei-
1u'on m'a fait i la en nous legardant en Cours de route avoc un peu d,iı,ıı-
rde i un creancier
Ia suite que la pe- nie et ce seIa Sans doute la seule distractioın di ce V()\ı_
dit si ie faisais part de mes obseIvations sous l,urıifor_ ge monotone....>>

depuis trois jours.


cetre attitude. Elle
ıut, je ne Vous ca-
.ent impressionn6;
iscourtoisie vuleai-
ıi qui n'estime urr
i n'est pas un gelr-
I n'y en avait pas

ıs observations. Le
i İstanbul n,6tait
turıc. Vous la'avez
fond, ne savaieııt
ces gens, du genre
informations, fait
r qu'on lui recon-
ı,6rita,bIes d6chets
s les pays, ici
-
mais vous auriez
ractöre des 'Turcs.
i avoir combattu,c
Jrand nombre ,de
ıe les ,avoir corr-
rire en pensant i
Intelligence Ser-
ci,b,as.

rs sociologiques.
nt. qu'est-ce que
noio la question
i

I
I

I
ı
I

L'IMPRIMERIE O'ETAT
ISTANBUL. 1934

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