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Cet Etat absolu s’est imposé contre des modèles alternatifs moins
centralisés. Les luttes entre les princes en Europe centrale ne
conduisent pas à la construction de royaume et notamment cette
retranscription des territoires. On a un maintient face à la prétention
des empereurs du Saint Empire sur un territoire extrêmement large.
L’une des faiblesses aura été le manque de ressource financière. On
considère que la tentative d’un centre politique aura été celle des
Habsbourg (Charles Quint). Ce dernier possédait des ressources
formidables, avec l’Espagne, l’Italie du Nord, mais ces possessions
avaient la caractéristique d’être extrêmement étendu et discontinu sur
le plan géographique. Ce centre n’a pu se faire car il n’a pas réussi à
faire une administration indépendante, centralisatrice, et une armée.
La taille de l’unité politique est un facteur extrêmement décisif pour
constituer un Etat. Ainsi on considère que très largement, l’Angleterre
avait des dimensions relativement réduites. Elle aurait rempli
objectivement les conditions pour optimiser la perception des impôts
et la construction d’une armée.
On a l’émergence de villes avec une bourgeoisie enrichie participant
au commerce. Cette sortie de la féodalité dans le centre de l’Europe se
fait sans qu’apparaisse un centre politique riche et puissant pour
éliminer les différentes seigneuries en concurrence avec ce centre
politique.
L’exemple intermédiaire est le cas français avec les rois de France qui
vont essayer de contrôler un domaine qui fait 4 ou 5 fois la superficie
de l’espace anglais. Ils y sont poussés à cause de la concurrence des
seigneurs français. Cette étendue est ouverte à la concurrence et cela
va rendre le contrôle du territoire beaucoup plus difficile et coûteux.
Une forte pression fiscale va ainsi se développer avec un pouvoir
coercitif. L’Etat français doit prendre à sa charge le poids d’un
appareil fiscal et militaire beaucoup plus lourd que l’Etat outre
manche. L’autorité même de l’Etat en France va se constituer sur la
base de la force, plutôt que sur celle d’un processus d’adhésion
volontaire caractérisé par le modèle anglais.
Anderson développe aussi le fait que la forme que prend cet Etat
repose sur la mobilisation à des éléments propres à l’Antiquité et à la
féodalité redécouverts au XVIe siècle. Cela s’est fait autour d’une
redécouverte de traces de l’antiquité romaine, de villes, l’existence
de propriétés libres non soumises, et des règles juridiques sur la
propriété. On a une redécouverte de la notion de « souveraineté
politique » autour des vestiges romains. Le passé antique permet la
venue de l’Etat capitaliste selon Anderson. L’unité européenne de la
féodalité expliquerait le développement aux Etats qui sont issus de
cette féodalité.
Ces caractéristiques communes se situent autour de la concentration
progressive du pouvoir. On observe le soutien au roi d’une partie de la
noblesse féodale. Selon Anderson, cette noblesse féodale tirerait des
avantages autour d’expositions militaires de grandes envergures ou de
la concession d’apanage qu’elle reçoit du roi. Une autre
caractéristique de cet Etat absolutiste est l’association de grandes
familles féodales à l’entreprise royale concernant le financement et la
richesse urbaine. Enfin, on a une souveraineté politique monopolisée
par le pouvoir royal.
Cela provoque une série de révolte qui permet aux nobles de mobiliser
des hommes de lois, des bourgeois, population soumise au pouvoir
royal et des révoltes des nobles qui vont instrumentaliser les
populations paysannes ou urbaines contre la monarchie. Ce type de
mouvement en France constitue la Fronde (1648-1653), ou encore la
révolution napolitaine en Italie qui ont toutes avoir avec ces révoltes
nobiliaires contre l’absolutisme royal.
La Prusse figure parmi les sociétés qui ont connu des trajectoires
voisines à celle de la France. Cependant, ils n’ont pas vu un Etat
fortement différencié. L’Etat s’est construit sur les ruines du Saint
Empire Germanique. Cet Etat est sans doute importé, construit par
les princes successifs autour de ces agents de la construction de l’Etat
que sont les grands propriétaires fonciers anoblis, les junkers
jusqu’au XVIIe siècle. La Prusse se présente comme une sorte d’Etat
garnison où l’armée et la police joue le rôle essentiel. La bureaucratie
civile est colonisée par les junkers, ces grands seigneurs de la Prusse.
Cet Etat ne parviendrait pas à s’autonomiser de l’influence de cette
noblesse allemande. On aurait une fusion constante entre la noblesse
et l’Etat. Cela caractérise cet Etat et qui sans doute le distinguerait de
la trajectoire française.
Les landräte sont des équivalents aux intendants français. Mais ces
landräte sont directement choisis par la noblesse locale et dépendent
de celle-ci. Toutes les forces sont colonisées par la noblesse
traditionnelle. Badie et Birnbaum relève que ce modèle se distingue
de la trajectoire anglaise et est proche de la trajectoire française en ce
qu’elle a engendré un fort interventionnisme au sein de l’économie
(création de manufacture royales, système fiscal important, création de
grandes écoles techniques). On voit la création de la Baueakademie.