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Un certain Plume de Henri Michaux

A. Contextualisation

Henri Michaux est un écrivain, poète et peintre belge d’expression française naturalisé
français en 1955, il est né le 24 mai 1899 à Namur et mort le 19 octobre 1984 à Paris. Il a
fait ses études à Bruxelles au collège Saint-Michel avec d’autres auteurs du XXe siècle
comme Norge, Herman, Closson et Camille Goemans. Mais même s’il lisait beaucoup durant
ses études chez les Jésuites, il ne songeait pas à devenir écrivain mais plutôt médecin.
Cependant, la découverte de Lautréamont va le pousser à écrire. A partir de 1922, ce poète
a décidé de collaborer à la revue d’avant-garde Le Disque vert fondée par son ami Franz
Hellens où apparaissent ses premiers écrits. En 1923, il entre dans la comité de rédaction de
la revue et dirige le numéro spécial consacré à Sigmund Freud. Par ailleurs, il rejoint
également en 1936 le comité de rédaction de la revue Hermès créée en 1933 par Jacques
Masui. Michaux lors de sa carrière devint ami avec des personnes jouant un grand rôle dans
le monde artistique comme Brassaï, Claude Cahun ou Jean Paulhan. En plus des textes
purement poétiques, cet écrivain rédigeait aussi des carnets de voyages réels ou imaginaires,
des récits de ses expériences avec les drogues, des recueils d’aphorismes et de réflexions. A
partir de 1925, Henri commençait à s'intéresser à la peinture et aux arts graphiques en général.
En 1948, suite à la mort de sa femme Marie-Louise Termet, il écrit le texte Nous deux encore.

Un certain Plume est un recueil poétique écrit en 1930 et publié aux éditions de Carrefour.
L’un des principaux thème de cette oeuvre est l’insouciance car Plume perd sa maison, sa
femme et est jugé car il se rendort à chaque fois insouciant. Cette oeuvre aborde aussi le thème
du meurtre car le personnage principal avec ses deux compagnons vont assassiner sept
bulgares dans un train, et qui est lié au surnaturel car Plume et un autre personnage seront des
assassins qui arrachent des têtes en tirant les cheveux de leurs victimes. De plus, le protagoniste
marche sur le plafond, ce qui sort de l'ordinaire. En outre, cet écrit présente le thème de la nudité
car Plume ainsi que la Reine sont nus dans la chambre de celle-ci. Par ailleurs, ce recueil peut
être relier au thème de la violence car le personnage principal se fait dépouiller, violer et jeter
dans les escaliers par plusieurs femmes. Enfin, elle présente de l’humour noir.
C’est un texte de type narratif car c'est une histoire racontée à l’aide d’un narrateur, qui décrit
une succession de faits qui s'enchaînent et qui présente un personnage qui évolue dans un
temps donné et un lieu donné.
Concernant le registre littéraire de cette œuvre, elle appartient au fantastique : l’irruption
d’éléments surnaturels, de phénomènes inexpliqués et inquiétants dans un univers quotidien et
banal, ici le vole de la maison, l’arrachage des têtes, le serpent mangé par le personnage
principal et Plume qui est au plafond.
Ce texte fait partie du surréalisme qui a pour origine le mouvement Dada, né de la première
guerre mondiale.

B. Notes de lecture

● Partie I :
Le personnage qui a le plus évolué est Plume, le personnage principal. Au début de l’intrigue,
on apprend que c’est une personne qui ne se soucie de rien car lorsqu’il se fait voler sa maison :
« on nous a volé notre maison » (p .4), et perd sa femme : « Quelques morceaux de sa femme
gisaient près de lui » (p. 4), il n’éprouvait pas de haines envers les offenseurs dans ses réponses
après les faits : « Bah, la chose est faite » (p. 4) ; « si ce train pouvait n’être pas passé, j’en
serais fort heureux. Mais puisqu’il est déjà passé…» (p. 4). De plus, son insouciance peut être
accentuée par l’utilisation à plusieurs reprises de l’expression : « il se rendormit » (p. 4 et 5).

● Partie II :
Plume se retrouve à déjeuner dans un restaurant et commande une côtelette, un plat qui
n’existe pas sur la carte mais le maître d’hôtel s’en rend compte et lui fait une remarque : « ce
que vous avez là ne figure pas sur la carte » (p. 7). Plusieurs personnes interviennent alors et ce
fut un scandale et le protagoniste « s’excusa » (p. 7, 8, 9) et s’expliqua différemment à chaque
fois qu’un nouveau personnage apparaît, on peut alors imaginer que Plume manque de
confiance en lui.

● Partie III :
Le personnage principal est victime de la vie car il est considéré comme un vaurien, on lui
accorde peu d’importance : « Les uns lui passent dessus sans crier gare » (p. 12) ; « les autres
s’essuient tranquillement les mains à son veston » (p. 12). Il accepte son sort sans aucunes
résistances, on retrouve encore sa passivité envers les événements qu’il subit.

● Partie IV ;
En arrivant au palais, Plume apprend que le roi n’est pas disponible : « Le Roi en ce moment
est fort occupé » (p. 16), la Reine décide donc de rester avec lui pour attendre le roi et décide de
l’emmener dans sa « chambre à coucher » (p. 16). Il exécute tout ce que la Reine lui demande.
Ici Plume est comme soumis à la Reine car il obéit au doigt et à l'œil à ses requêtes.

● Partie V :
Le personnage principal ainsi que ses compagnons se retrouvent dans un train « avec un tas
de Bulgares » (p. 21) qui «murmuraient entre eux» (p. 21). Les trois amis décident alors de les
tuer car ils se méfiaient d’eux. Puis ils jettent les cadavres hors du train et s’enfuient : « ils
s’enfuient » (p. 26). On remarque ici une réaction impulsive de la part de Plume et ses
camarades face aux Bulgares qui murmuraient seulement.

● Partie VI :
Plume rêve « assis au pied de son lit » (p. 29), d’un « fromage » (p. 28), d’une « cavalerie »
(p. 28) et on assiste à la mort du « chef » (p. 28) qui tombe : « il tomba de tout son long [...],
descendait avec un bruit clair, et qui semblait parfaitement creux et gai » (p. 28, 29). On peut
imaginer que Plume est quelqu’un de rêveur car il s’imagine un scénario «assis au pied de son
lit» (p. 29)

● Partie VII :
Plume à cause d’une douleur au doigt : « Plume avait un peu mal au doigt » (p. 31), consulte
« un médecin » (p. 31) et est obligé de se faire amputer le doigt Après s’être fait amputé, il
revient chez lui, là où il retrouve sa femme furieuse de ne pas l’avoir « demander son avis » (p.
32). On constate que Plume est quelqu’un de solitaire car il ne dépend pas de personne (ici, sa
femme) pour prendre des décisions importantes (la perte de son doigt).

● Partie VIII :
Le personnage principal ainsi que son ami seront des assassins qui arrachent les têtes de
leurs victimes : « Ils lui ont arraché la tête d’un coup » (p. 35) pour les donner à un homme.
Ensuite, dans l’obligation de rapporter une nouvelle tête, ils trouvent l’idée de lui offrir leur tête
mais ils n’y parviennent pas et décident donc de fuir : «ils partiront au hasard» (p. 38); «ils se
perdent dans la nuit» (p. 38). Plume et son camarade peuvent être considéré de lâche car pour
faire face à leur problème, il décide de fuir au lieu de la résoudre.

● Partie IX :
Plume dans la rue est arrêté par une « mère de neuf enfants » (p. 40) et refuse ses avances
mais face à la remarque d’un policier : « Ne soyez pas si dur, dit-il à Plume, une mère de neuf
enfants » (p. 40), il la suit et se fait dépouiller, violer, et jeter sur l’escalier. Il peut être ici
considéré de victime.

● Partie X :
Le protagoniste se retrouve à Casablanca où il avait une grande liste de tâches à accomplir
mais il n’a rien achevé. Il n’a fait que se montrer devant la « police » (p. 44), ce qui lui vaut d’être
surveillé. Ici, Plume semble être désorganisé car lorsqu’il réalise ses tâches, il trouve toujours
une nouvelle course à faire et par conséquent il ne finit rien.

● Partie XI :
Plume mange un « serpent » (p. 46), par « politesse » (p. 46). « La maîtresse de maison » (p.
46), pour attirer son attention « se mit un sein à nu » (p. 46). Sa voisine, s’étouffe avec « une
langue de mouton » (p. 46), on fit mine de l’aider mais on la tue car une personne lui bouchait «
les narines » (p. 46) et d’autres l’étranglaient : « lui comprimaient la glotte » (p. 47). Le
personnage principal est ici très poli car il ne refuse pas ce qu’on lui demande, même les
propositions les plus déplacées comme manger un serpent.

● Partie XII :
Le personnage principal par inattention : « un stupide moment de distraction » (p. 49), marche
« les pieds au plafond » (p. 49). Il a peur car redescendre signifierait la mort : « redescendre eût
été, autant dire, se tuer » (p. 49) mais « une délégation de Bren Club » (p. 49) le cherche et le
retrouve « en levant la tête » (p. 49), et le fait descendre. Ici, Plume fait preuve d’un grand
courage car il arrive à rester au plafond malgré sa peur.

● Partie XIII :
Plume, est avec « un homme » (p. 52) dont son visage « se décomposait » (p. 52). Plus tard,
il arrive devant un « arbre » (p. 52) dans laquelle se tenait « une réunion de culs-de-jatte » (p.
52), chacun devait « aider de nouveaux culs-de-jatte à monter dans l’arbre » (p. 52), mais Plume
« plein les bras » (p. 52) se plaint « intérieurement » (p. 52) qu’il n’est pas « travailleur » (p. 52).
On peut imaginer Plume comme quelqu’un de paresseux car il se plaint qu’il n’est pas «
travailleur » (p. 52)

C. Bibliothèque de citations

« Bien, bien, oui… certainement. C’était pour rire, naturellement. Oh oui, par… plaisanterie. » (p.
12).

Plume durant son voyage, se fait traiter comme un vaurien par les personnes qui l’entourent :
ils essuient tranquillement leurs mains sur son veston, lui passent dessus, il s’imagine alors
qu’on lui refuse tout ce qu’il souhaite mais dans ses réponses, on a l’impression qu’il dit le
contraire de ce qu’il pense : on appelle cette figure de style une antiphrase. Elle est utilisée ici
pour dénoncer les inégalités de richesse car Plume qui est une personne modeste ne peut pas
se permettre ce dont il souhaiterait avoir ou faire comme voyager en train, voir le colisée… Il ne
peut rien contre contre son sort, d’où sa réponse ironique.
« On se cale entre des corps froids et les têtes de ces « dormeurs » penchent tout le temps » (p.
21).

Pour laisser entrer d’autres voyageurs, Plume et ses compagnons ainsi que les « dormeurs »
doivent occuper qu’un seul compartiment. Ici, le terme « dormeur » est un euphémisme qui a
pour but d’atténuer une idée choquante : la mort des 7 bulgares, tués par Plume et ses amis.

« Comme vous êtes riche, vous n’avez pas besoin de tant de doigts » (p. 31).

Plume ressent une douleur au doigt, sa femme lui demande de consulter un médecin, ce
dernier lui annonce qu’il va devoir amputer son doigt. Cette expression suggère que les
personnes riches n'exercent pas de métiers ingrats c’est-à-dire qui nécessitent des activités
manuelles, répétitives comme dans les usines.

« Il regarde d’un regard fixe, d’un regard qui ne dit ni oui ni non » (p. 37).

Plume accompagné d’un amis, offre une tête d’homme, de femme et de chien à un homme
qui ne dit ni oui ni non. L’utilisation de cette expression nous laisse entendre que cet homme est
peut être indécis car il n’apporte pas de solution, n’arrive pas à choisir entre oui et non.

« Ils ne savent plus que faire, ils reviennent, ils retournent, ils reviennent, ils repartent, ils
repartent » (p. 38).

Plume et son ami, essayent d’arracher leur tête mais ils n’y parviennent pas, ils sont pris de
panique. On remarque la présence de deux antithèses : « ils reviennent » et « ils retournent » ; «
ils reviennent » et « ils repartent » dans le but de créer un effet de contraste en rapprochant deux
termes opposés pour accentuer un message, ici, les deux assassins qui ne savent plus quoi
faire.
« Il arriva à une réunion de culs-de-jatte » (p. 52).

Plume arrive devant un arbre où a lieu une réunion après avoir croisé un homme dont le
visage se décomposait. Ici, le terme «culs-de-jatte» est un euphémisme qui désigne les
personnes amputées des membres inférieurs.

D. Impressions de lecture

En lisant le récit, j’ai été surpris par la femme de Plume qui a été tuée, découpée en
morceaux au début le l’histoire, et se retrouve de nouveau en vie au moment où Plume s’est fait
amputer le doigt mais aussi par le vole de sa maison car voler une maison est impossible. En
outre, sa passivité envers les événements qu’il subit nous laisse croire qu’il est dénué de
sentiment, d’expression car au moment où il perd sa maison, où sa femme meurt et où il se fait
juger, il ne laisse transparaitre aucunes émotions. Enfin, les événements qu’il subit peuvent
parfois être étranges voire surnaturels : il se retrouve nu dans la chambre de la Reine,
l’arrachage des têtes, Plume qui marche au plafond, la réunion de culs-de-jatte dans l’arbre…

J’ai apprécié la lecture de ce livre car on retrouve des histoires farfelues, extravagantes au fur
et à mesure qu’on avance dans l’intrigue. Par ailleurs, le temps de réflexion que le livre nous
oblige à avoir afin de comprendre l’histoire est, selon moi, très intéressant car il ne se passe
jamais ce à quoi on s’attend. Cependant, ce n'est pas la meilleure lecture que j’ai pu avoir car
malgré le temps de réflexion, certains passages sont pour moi encore flou.

E. Lien avec l’objet d’étude

L’objet d’étude, “la poésie du Moyen Age au XVIIIe siècle”, peut assez difficilement avoir un
lien avec l’oeuvre Un certain Plume de Henri Michaux car la poésie du Moyen Age aborde des
thématiques lyriques et courtoises qui met en scène le désir et la souffrance amoureuse tandis
que l’oeuvre d' Henri Michaux traite des aventures farfelus, surréaliste relevant de l’absurde et de
l’humour noir qui abordent parfois des thèmes d’une grande violence. Cependant, on peut tout de
même établir un lien : c’est un texte poétique écrit en prose qui comporte des figures de styles :
euphémisme : « ces dormeurs » (p. 21) ; antiphrase : « Bien, bien, oui… certainement. C’était
pour rire, naturellement. Oh oui, par… plaisanterie. » (p. 12).

F. Lecture de l’image

Sujet et sens

Cette image appartient au Romantisme, elle a été produite en 1814 en Espagne par
Francisco de Goya. Sur cette peinture, on peut voir une exécution de plusieurs personnes par
des soldats pendant la nuit. Cette œuvre est accompagnée d’un texte, son titre, Tres de Mayo,
qui nous donne des informations sur le contexte, ici, le 3 mai 1808 qui représente l’exécution de
combattants espagnols, fusillés par des soldats français en représailles à la révolte du 2 mai
1808.
Cette image illustre la Guerre d’indépendance espagnole. Cet événement devrait nous mettre
en garde face aux violences de la guerre et aux répercussions qu’elle peut engendrer envers la
population qui en est victime.
Le but de cette œuvre est de faire exprimer de la tristesse au lecteur car elle montre des
personnes sans défense qui se retrouvent à la merci des soldats français.

Cadre et composition

Dans l’image, le regard du spectateur est guidé par la diagonale qui part du côté gauche du
haut de l’image vers le côté droit du bas de l’image qui marque une démarcation entre là où se
déroule la scène et le fond où il ne se passe rien. Le point de vue est légèrement en plongée et
de profil droit, il nous donne un effet d’immersion dans la scène, comme si on y participait.
La peinture est découpée en 2 plans : le premier plan (personnes, éclairé) et l'arrière-plan (le
ciel sombre et un bâtiment) . On remarque la présence d’une opposition de matière entre le
premier plan et l'arrière-plan : le premier plan est défini par des personnes physiques tandis que
l'arrière-plan, on a du mal à distinguer la matière à l’exception d’un bâtiment du fait de l’obscurité.
Le plan le plus important est le premier car c’est là où se déroule la scène, elle est très claire
tandis que l’arrière-plan est sombre, on ne peut rien distinguer à part un bâtiment religieux.
Les couleurs dominantes sont le clair opposé à l’obscur,
La lumière provient d’un élément qui se situe juste devant les soldats français et se diffuse
vers les patriotes espagnols.
L'œuvre est divisée en 2 triangles rectangulaires : en haut à droite qui représente le fond de
l’image et en bas à gauche où apparaît les personnes.

Hors-cadre

Grâce au hors-cadre, on apprend des informations essentielles concernant l'œuvre comme


son titre qui nous aide beaucoup à comprendre ce qui est représenté, son auteur, sa date qui
permettent de le situer dans l’histoire de la peinture. Il peut également nous donner d’autres
informations toutes aussi importantes : sa matière (Huile sur toile), ses dimensions (268 x 347
cm) et son lieu de conservation (Musée du Prado, Madrid, Espagne).
On peut imaginer la présence d’un plus grand nombre de combattants espagnol dans le
hors-cadre car grâce au titre, on apprend que 43 patriotes espagnols ont été exécutés durant
cette nuit.

Originalité

Ce qui a retenu mon attention dans l’image est la personne habillé en blanc dans le groupe de
patriotes espagnol qui lève les bras.
On peut mettre en parallèle cette image avec la partie 5 qui s’intitule : « La nuit des bulgares »
du livre Un certain Plume de Henri Michaux où Plume accompagné de ses compagnons vont
assassiner plusieurs bulgares dans un train. On peut établir plusieurs similitudes comme les
crimes qui ont tous les deux été effectués de nuit : « La nuit à passer » (p. 22) et avec des armes
à feu : « On a sorti nos revolvers » (p. 21).

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