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3.1.

L’oral en classe (partie 3)


Nastasja Caneve : Mes étudiants sont souvent mal à l’aise quand ils doivent prendre la parole
en classe. Ils se sentent en insécurité car ils ont peur de commettre des erreurs. Que puis-je
faire pour les désinhiber et faciliter leur prise de parole ?

[Extrait d’un cours de FLE]

Laurence Wéry : Alors je commencerai, avant de proposer des stratégies, par un rappel sur
le profil cognitif de notre public d’apprenants. Le didacticien du siècle passé David Kolb
répartit les apprenants en quatre catégories distinctes :

- le divergent » : concret, imaginatif, désinhibé, à l’aise dans l’expression et dans la


compréhension orale ;
- le « convergent » : peu émotif, privilégiant la chose à la personne et à la relation,
moins à l’aise à l’oral ;
- l’« assimilateur », plus théoricien, conceptuel, moins à l’aise à l’oral ;
- l’« accommodateur » privilégiant les expériences concrètes, en interaction avec les
autres, donc à l’aise dans la pratique orale.

Clairement, deux catégories apparaissent ici et nous devons travailler avec des profils
d’étudiants bien différents. Par exemple, l’exercice de compréhension orale tant redouté par
une partie des étudiants (les profils « convergent » et « assimilateur ») est devenu moins
stressant et perturbant avec un support préalable écrit et rassurant, un objet plus concret, et
permettant une mobilisation des connaissances sur le sujet de la compréhension. Certes, les
autres, « divergent » et « accommodateur », en avaient moins besoin comme objet
déstressant mais la classe ainsi devient plus équilibrée face à l’exercice.

Dans ce qui nous occupe maintenant – la prise de parole en classe – l’approche


méthodologique d’exercices de production orale repose aussi sur cette typologie : si j’ai une
classe majoritairement à profils « convergent » et « assimilateur », il vaut mieux éviter les
longs échanges directs enseignant/apprenants, et plutôt privilégier les échanges et exercices
en groupes de pairs, moins stressants. La simulation globale est un exercice à cet égard très
efficace puisqu’en situation, les apprenants ont une tâche à accomplir en groupe (préparer un
voyage, accueillir un groupe de touristes dans leur ville, etc.). C’est un tâche à réaliser en

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groupe sur base de documents qu’ils utilisent à leur guise. Les jeux de rôles préparés restent
aussi un exercice ce profil d’étudiants moins expansifs se sentent à l’aise puisqu’ils prennent
la parole en tant que personnage et non en leur nom propre. Pour ce profil, il est important
de bien préparer l’expression orale avec, au préalable, une mobilisation thématique et
lexicale.

Quant aux « divergents » et « accommodateurs », tout type d’exercices leur convient : le


débat en groupe puis en présentiel, une présentation orale individuelle, et bien évidemment
les activités précitées de jeux de rôles et de simulation globale. Ils ont moins besoin, voire pas
besoin, de supports préalables pour se lancer.

Comme souvent, nous nous trouvons avec les deux profils en classe, il est impératif de varier
les exercices de production orale (simulation, débat en groupe et présentiel, jeux de rôles
préparés ou non, ou encore des présentations avec interaction avec le reste de la classe).
Soulignons ici l’importance des activités ludiques très désinhibantes que l’on peut introduire
dès les niveaux A2 comme le Pictionnary ou le Time’s up. On laissera les jeux de rôles axés sur
l’argumentation comme le Loup Garou pour les niveaux B et C.

[Extrait d’un cours de FLE]

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