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Llengua francesa 6 Gr. B (35680) Dissertation: Quelle est la finalité de l’art ?

L’art et la littérature, ainsi que la production musicale ou même la danse, en tant


qu’expression humaine, ont contribué à civiliser les sens et à déterminer l’apparition parmi le
public de personnes sensibles et capables de jouir de la beauté artistique. Néanmoins, l’artiste,
génial ou pas, vit dans un stade social donné que voit un certain degré de progrès technique et
productif. De sorte que des hommes géniaux tels que Leonardo da Vinci, William Shakespeare
ou Antonio Vivaldi n’auraient pas pu s’exprimer de la même façon dans l’âge néolithique,
comme c’est évident1. Le concept d’artiste et la finalité de l’art est abordé par plusieurs courants
de la pensée. En revanche, je fais référence à un courant matérialiste qui conçoit les rapports
sociaux parmi les lois de la dialectique, prenant en considération comme facteur déterminant des
expressions artistiques la façon avec laquelle chaque société s’organise la production pour
exister. En considérant les pièces artistiques comme une forme d’expression humaine ; c’est-à-
dire, l’expression artistique comme consécution sensorielle d’une façon de vivre, celle-ci sera
inévitablement trempé de préoccupations vitales, désirs, etc. de l’artiste. La pièce d’art, poème
ou composition musicale exprimera en fin de compte, quelquefois explicitement et d’autres
tangentiellement, les sentiments de l’artiste envers le monde qui l’entoure.
Il ne s’agit pas de définir une finalité artistique dans sa supériorité ou infériorité morale
par rapport aux autres, mais de concevoir l’art en tant que production humaine d’un côté inutile,
mais au même temps intrinsèque à son élévation parmi le règne animal.
« La seule excuse d’avoir fait une chose inutile est de l’admirer intensément. L’Art est
tout à fait inutile » disait Oscar Wilde. C’est son caractère improductif, inutile, ce qui dote de
valeur a l’art. Le geste gratuit et pas nécessaire nous éloigne d’une vie rustique et aveugle
tiraillé par l’instinct et le besoin. L’art humanise l’être humain car il l’implique forcément, il
l’impose une intervention dans leur environnement parmi la manifestation matérielle. Cette
inutilité artistique permet que l’homme puisse tirer de ses entrailles des éléments cachés et, de
plus, puisse créer un autre type de « nature ». Un artiste essaie de dominer les forces chaotiques
de la nature à travers l’art en leur donnant une direction. Quel geste pourrait-il être plus
magnifique, que d’orienter ces forces anarchiques envers le néant ? De la même façon qu’on a
lutté contre un bout de bois ou contre le feu, l’artiste se confronte a une page blanche.

1
A ce propos c’est éclairante la discussion parmi Marx et Stirner autour de l’individualité unique de
l’artiste. Après se référer au fait que plusieurs des frais de Raphaël ne furent pas “exécutés” par lui, il
indique que « n'importe quel autre artiste, a été conditionné par les progrès techniques que l'art avait
réalisé avant lui, par l'organisation de la société et la division du travail qui existaient là où il habitait, et
enfin par la division du travail dans tous les pays avec lesquels la ville qu'il habitait entretenait des
relations. Qu'un individu comme Raphaël développe ou non son talent, cela dépend entièrement de la
commande, qui dépend elle-même de la division du travail et du degré de culture atteint par les individus,
dans ces conditions. »
L’empereur romain Caligula exprime mieux ce sentiment avec sa célèbre exhortation aux
Dieux : « Ou vous me montez ou je vous fais descendre ! », ce qui pourrait être aussi une
consigne de la Renaissance : Dieu s’humanise, il devient homme et on le met au centre de notre
attention. On a un « Dieu » créateur et universel, mais il est tout à fait inutile. N’est-il pas un
geste de rébellion l’affirmation de l’inutilité ?
D’ailleurs est curieux que la « mort » de l’art marche en parallèle avec l’essor de la
bourgeoisie. Depuis le XVIIIe siècle, avec la montée du rationalisme, les intellectuels
remettront en cause la poésie en se demandant si elle appartenait à une époque passée liée au
mythe. Diderot l’aurait certainement condamnée : « Tout ce qui n’est pas utile est dédaigné.
L’emploi du temps est trop précieux pour le perdre à des spéculations oisives. » L’antithèse
bourgeoise on la trouve dans la réalité. Milliers d’étudiants de langues modernes, beaux-arts ou
philosophie sortiront cette année des salles dorées de la faculté pour impacter contre un monde
qui n’a pas besoin de philosophes, artistes ou écrivains mais d’ingénieurs, sanitaires, ouvriers,
journaliers, maçons, médecins, menuisiers, chauffeurs… principalement de force de travail que
puisse produire richesse. Les étudiants de beaux-arts, parmi un monde qui se « noie dans les
eaux glacées du calcul égoïste », ne trouveront pas d’endroit pour pouvoir développer ses
intrinsèques et inutiles impulsions artistiques qui permettront de nous élever par rapport au
règne animal.
En définitive, l’art est la preuve manifeste de notre capacité créative. Dans ce monde
déshumanisé et barbare, l’art peut nous montrer la possibilité d’ériger une alternative qui puisse
le surmonter. L’art peut nous découvrir un choix. Il est immutable car il exprime la capacité de
l’être humain d’objectiver nos désirs et espoirs. La guerre est inutile. L’avidité débridée de gains
est inutile. La mort de milliers de personnes immigrés sous notre nez, aux portes de l’Europe, ou
des personnes âgées dans les maisons de retraite… voilà ce qui est vraiment inutile ! Ce monde
est inutile ; il étouffe l’activité créatrice de l’humanité en l’amenant envers les abattoirs des
éventuels gains économiques. Ceci est le vrai néant. La finalité de l’art est d’aider à vaincre ce
néant.

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