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Terminale 2
Pascal distingue deux types de connaissances. La première est régente de la mémoire, elle
est purement historique, elle utilise le savoir des anciens. La seconde, elle, est régente de la
raison, soumise à un raisonnement entièrement dogmatique. Son objectif est de chercher et
de découvrir les vérités cachées. Un dogme est une affirmation considérée comme
fondamentale, incontestable et intangible formulée par une autorité politique, philosophique
ou religieuse. Selon Pascal, le deuxième type de connaissances se base sur des dogmes
rationnels et intangibles. Alors que le premier type se base lui, uniquement sur l’autorité des
anciens.
Cette distinction est justifiée, car le premier type de connaissances est borné, il s’enferme
dans une réalité qui n’évolue pas, sur des découvertes passées et sur des contraintes d’un
autre temps. Pascal soutient même que le respect que l’on accorde aux sciences antiques,
nous contraint dans un rôle d’oracle sans réfléchir en fonction des avancées et découvertes
de son temps. Le premier type de connaissance est donc biaisé tandis que, la connaissance
de deuxième type, elle obéit aux, et utilise les progrès techniques en accord avec son temps,
pour se maintenir en perpétuelle évolution.
3. Quelle attitude juste et légitime faut-il établir avec ceux que Pascal nomme
“les anciens” ? Quelle forme paradoxale de “respect” leur devons-nous, et
pourquoi ?
Dans les matières ou l’usage du passé se justifie, dans les matières où, il est fait mention de
l’homme ou d’une quelconque institution divine, il faut s’en référer aux anciens, car le seul
support d’étude réside dans les textes passés. Les connaissances sont dans les livres, donc
pour ces domaines, comme l'histoire, la géographie et les langues, on doit respecter le
passé, car ce sont les anciens qui sont à la base de ces sciences, l'homme ne peut les
inventer, les modifier ni les nier. L’attitude juste avec les anciens, mêle le respect des propos
des découvertes, des pensées et expériences, mais aussi, la remise en question des
savoirs. Un respect toutefois paradoxal, car selon Pascal, même si elles font preuve d’une
certaine autorité inébranlable qui leur donne toute la légitimité, notamment dans la théologie,
ou elle est indissociable de la vérité, ces connaissances qu’il nomme du premier type sont
bornées et figées. Leur caractère figé nous oblige à “régler” le respect dû.
Ce texte propose une représentation de l’histoire comme une connaissance du premier type,
c'est-à-dire une connaissance figée, borné qui s’appuie uniquement sur le respect des
savoirs des anciens. C’est parce que les anciens ont conservé leurs pensées et leurs
expériences que l’Homme y a par la suite accès de tout temps et peut bénéficier lorsqu’il le
souhaite. De l’expérience des anciens, il peut tirer des conclusions, et même dépasser cette
expérience pour en faire quelque chose de plus grand, de plus abouti et de nouveau, de
sorte que les Hommes sont aujourd’hui en quelque sorte dans le même état où se
trouveraient ces anciens philosophes s’ils pouvaient avoir vieilli jusqu’à "présent”. C’est-à-
dire que s’ils avaient eu accès à tous les progrès ayant été faits depuis leur mort jusqu’au
moment où écrit l’auteur, les anciens auraient eu le même état d’esprit que les hommes de
l’époque. La condition humaine d’une époque donnée correspond en fait à un état d’esprit, à
une culture, à des événements historiques et à des découvertes, lesquels reportés sur les
anciens auraient sur eux un impact qui les ferait correspondre au monde "moderne”.
5. Quelle serait notre faute "inexcusable" vis-à-vis de ce que les Anciens nous
ont apporté ? Comment avons-nous pu corriger, depuis, leurs erreurs
“inexcusables” ? (Grâce à quelle invention technique du XVIIe siècle en
astronomie notamment ? Vous pouvez trouver d’autres exemples.)
6. A). Quelle thèse Pascal entendait-il questionner, voire réfuter ? Que voulait-il
démontrer ?
Dans un premier temps, Pascal réfute la thèse sur l'inexistence du vide dans la nature lors
d’expériences en 1647. Thèse formulée par Étienne Nöel, jésuite, théologien catholique et
grammairien. Nöel avait donc formulé la thèse selon laquelle la nature n’aime pas le vide,
c'est-à-dire que le vide ne peut pas y exister. Or, Pascal lui non seulement réfute la thèse, il
formule une autre hypothèse selon laquelle le vide existe bien à l'état naturel. C’est le début
de la polémique du vide qui oppose l'Église et ses vérités à la science. Nöel après avoir
appris pour les expériences de Pascal, lui adresse une lettre virulente critiquant son
hypothèse et sa méthode. Pascal lui répond dans une lettre très détaillée où il retrace son
expérience et sa méthode scientifique qui l’a amené à ce résultat. Par la suite, Pascal
s’adressant à un autre mathématicien, analyse les textes du Jésuite, il y trouve des
incohérences et des présuppositions. Le père de Pascal s’adressera par la suite à Nöel,
dans un courrier à nouveau virulent ou il critiquera le ton ironique et peu scientifique employé
par l'homme d’église. La polémique s’estompe lorsque, comme nous l’avons expliqué en
introduction, en réalisant l’expérience du Puy-de-Dôme, Pascal remarque la présence
irréfutable du vide dans la nature. Cette polémique fut l'occasion pour Pascal de définir
précisément sa conception de la méthode scientifique. Dans la lettre de Pascal à Étienne
Noël, considérée comme un chef-d'œuvre littéraire et scientifique, figure en effet un des
principes fondateurs de la méthode scientifique au xvii siècle.
e
6.B). Quelles ont été «les nouvelles expériences» décisives menées sur cette
question ? Que démontre Pascal -avec d’autres- grâce à cette expérience ?
Les seuls principes de la physique, affirme Pascal, sont les expériences. Ce sont elles qui
révèlent les effets, observations dans un temps et lieu déterminés. Elles donnent naissance
à ce que Roberval appelle des propositions sensibles singulières ; en s’appuyant sur leurs
résultats, le physicien formule des propositions sensibles générales comme « l’eau éteint le
feu », « tout animal est vivant », c’est-à-dire des hypothèses qui doivent être mises à
l’épreuve par d’autres expériences. En revanche, Pascal ne conçoit pas l’expérience comme
ce qu’on nomme en rhétorique un exemple, c’est-à-dire un fait particulier et isolé qui illustre
une affirmation générale. Pour lui, les effets ne sont pas des faits élémentaires bruts, ni ces
observations ordinaires dont Descartes pense qu’elles suffisent au début des recherches. Il
s’agit d’observations de phénomènes naturels déjà intégrés dans une structure complexe,
composée de plusieurs éléments qui font apparaître un paradoxe étonnant, parfois
incompréhensible. Elles sont toujours construites de manière à appeler une raison.
Pascal ne bannit pas la logique du corps, mais celle du cœur est plus abyssale, plus forte,
plus intense. L'expérience profonde de notre humanité se situe sur ces deux axes-là
pour Pascal : la raison et le cœur. De plus, pour les «vérités démonstratives » il faut tout
définir, sauf les notions premières dont la signification est "évidente" ; il faut tout démontrer,
sauf les principes premiers dont la vérité est "évidente".
C) Les acquis essentiels de l’étude de ce texte pour vous :
2)
Les conflits opposant dans l'histoire, la science à l'institution religieuse ne laissent guère de
doute sur la réponse à apporter à notre question. Lorsque l'Eglise fait brûler Giordano Bruno
en 1600 pour avoir affirmé l'infinité de l'univers, lorsqu'elle condamne Galilée à renoncer à
soutenir l'option copernicienne en matière de système planétaire, il est clair que les énoncés
des deux domaines sont incompatibles car à l'opposé de la science naissante, les autorités
religieuses s'en tiennent au principe d'un monde fini et à l'option ptolémaïque. De deux
affirmations contradictoires, il est impossible qu'elles soient vraies toutes les deux. Elles
peuvent être fausses l'une et l'autre, mais s'il y en a une de vraie, l'autre est fausse.
Néanmoins, On peut souligner qu'elles témoignent l'une et l'autre d'un souci d'intelligibilité et
que la religion achève une quête que le savant est contraint de limiter. Il décrit
l'enchaînement des causes et des effets mais il est impuissant à dire la cause première. La
religion la formule sous le nom de Dieu. Loin d'être incompatible avec la science, la religion
lui serait paradoxalement nécessaire pour fonder la possibilité de son objet.