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LE JOURNAL D’INFORMATION DES SOLUTIONS ALTERNATIVES DE SANTÉ SEPTEMBRE 2020

Diagnostic de la maladie
de PARKINSON : il n’y a pas
que les tremblements !
On associe à la maladie de Parkinson cette image d’une personne âgée, agitée
de tremblements et aux gestes difficiles. Pourtant la réalité est autre, avec un
éventail de symptômes plus complexe que cette seule image… D’où la difficulté
de diagnostiquer à un stade suffisamment précoce cette maladie qui touche
actuellement environ 200 000 personnes en France. La science explore aujourd’hui
des pistes alternatives : et si on pouvait débusquer Parkinson dans nos yeux, dans
notre ventre, ou… en reniflant nos aisselles ?

L a maladie de Parkinson touche mouvements simples à cause no- Diagnostic : trop tard ?
principalement les personnes tamment de tremblements – c’est le
de plus de 60 ans, mais peut aussi symptôme le plus connu. L e diagnostic de la maladie de
Parkinson est encore approxi-
débuter avant. Elle se caractérise
dans tous les cas par une dégéné- La cause de cette maladie est en- matif et tardif. Les troubles les mieux
core obscure, même si on sait qu’il connus du public lorsque l’on évoque
rescence progressive des neurones
existe des prédispositions géné- cette maladie sont les suivants  :
dopaminergiques. La dopamine est
tiques. Une influence de l’exposition tremblements, lenteur et rigidité des
un neurotransmetteur nécessaire
à des solvants et à des pesticides ne mouvements – soit des troubles dits
au contrôle des mouvements. Mais moteurs ! Pourtant, il existe d’autres
ce que l’on sait moins, c’est qu’elle fait aujourd’hui aucun doute. Cette
symptômes de la maladie, bien avant
entre aussi en jeu dans le contrôle maladie a d’ailleurs été classée en
(parfois 10 ans plus tôt) l’apparition
de l’humeur et de la motivation. 2012 au registre des maladies pro-
des troubles moteurs : constipation,
Cette destruction du système do- fessionnelles pour les agriculteurs. dépression, troubles du sommeil,
paminergique peut donc entraîner, Curieusement, la cigarette aurait un affaiblissement de l’odorat et de la
de façon lente, des troubles de effet protecteur. Il n’existe actuel- vision… Malheureusement, ces symp-
l’humeur comme la dépression. Et lement aucun traitement, mais une tômes étant trop communs pour per-
évidemment, de façon plus tardive, prise en charge visant à en diminuer mettre d’identifier Parkinson de façon
une difficulté pour réaliser des les symptômes. spécifique, ce n’est généralement
(suite page 2)

Diagnostic de la maladie de PARKINSON : il n’y a pas que
les tremblements !����������������������������������������������������������������������������� 1
Protections menstruelles : comment éviter les produits
chimiques ?����������������������������������������������������������������������������������������� 5
Comment se défouler et vaincre ses angoisses ?����������������������� 8
Sommes-nous devenus tous accros au bonheur ?������������������� 10
Herpès : comment ne pas réveiller le « virus au bois
dormant » ?��������������������������������������������������������������������������������������� 12
Les jumelles qui ont adapté le diabète de type 1 à leur vie���� 18
Tout ce que les camomilles peuvent pour vous������������������������ 21
Petite et grande histoire de la syphilis, ou le mal des autres�� 24
J’ai testé la communication intuitive ��������������������������������������� 27
ISSN 2504-4869
 ÉDITORIAL
À LA UNE
À qui profite
le masque ?
Le masque que tout honnête
citoyen se doit de porter dans
les transports publics et plu-
sieurs autres lieux résume, à lui seul, les profondes
contradictions de notre société en matière de santé
publique.
Tout contrevenant s’expose au risque d’une amende
de 135 euros en France, ainsi qu’à celui de subir l’op-
probre et un procès en irresponsabilité.
Rappelons qu’il n’y a pas si longtemps, le gouverne-
ment français répétait à qui mieux mieux que le port
de tels masques par la population était « inutile » face
au Covid-19. Quelques mois plus tard, il est devenu
une mesure obligatoire de santé publique.
Entre ces deux prises de position radicales, rien n’a
changé du côté de la science : il n’a pas été prouvé
que le port du masque stoppe ou même ralentit la
propagation du Covid-19. Bien au contraire : les
coronavirus faisant une taille de 20 nanomètres,
ils ont tout le loisir de passer entre les mailles de
ces masques, leurs interstices faisant une taille
moyenne de 3 microns… c’est‑à‑dire 150 fois plus
grande !
Ces masques sont, en somme, un totem. Un placé-
bo géant. Un cautère sur une jambe de bois. C’est,
au mieux, une mesure complémentaire de pro-
tection – si tant est que son efficacité soit un jour
démontrée – aux côtés de celles, plus efficaces, de
la distanciation physique, du lavage des mains. Mais,
en l’absence de traitement efficace contre le corona-
virus, le masque rassure.
La sérénité et la bonne conscience que peuvent
apporter ces masques aux personnes les moins in-
formées de leur inefficacité font toutefois pâle figure
comparées à l’absurdité sanitaire et écologique que
leur généralisation représente.
Les masques les plus « efficaces » sont ceux employés
par les personnels hospitaliers, mais ils doivent
être jetés après chaque usage… Qui n’a pas vu des
poubelles remplies, voire des rues jonchées de ces
masques ? C’est écœurant de bêtise environnemen-
tale. L’autorisation du port de masques en tissu, et
même de confection artisanale, est un aveu du pur
aspect totem de cette décision : ces masques filtrent
encore moins bien, et deviennent rapidement des
nids à microbes.
Inutile de parler en outre des difficultés respiratoires et
de la surchauffe que ces masques entraînent : nous
en avons tous fait l’expérience.
Doit-on encore évoquer l’aspect sinistre de tout
voyage en bus ou en train, tout passage dans un lieu
hanté par des silhouettes aux yeux sans visage ?
Nous sommes privés du droit de reconnaître notre
prochain, d’interpréter ses émotions sur ses traits.
On dirait que chaque passant s’apprête à commettre
un hold-up.
À qui profite le masque, alors ? À ses fabricants,
d’abord, c’est entendu.
Mais surtout à une autorité qui masque son désarroi
par une mesure aussi spectaculaire et visible qu’inu-
tile et angoissante.
Rodolphe Bacquet, rédacteur en chef
www.alternatif-bien-etre.com
2 sep t embre 2020 • n °1 6 8
À LA UNE
que lors de l’apparition de signes moteurs, le plus souvent des
tremblements, que les patients sont orientés vers un diagnos-
tic parkinsonien. Hélas, lorsque le patient présente déjà des
troubles moteurs, la moitié des neurones dopaminergiques ont
déjà été détruits par la maladie. L’enjeu consiste donc à diagnos-
tiquer cette maladie avant l’apparition des symptômes moteurs.
Cependant, même au stade des troubles moteurs, le diagnostic
n’est pas toujours facile. En effet, ces symptômes peuvent être
communs à d’autres affections neurologiques, ou encore à des
tumeurs ou à des maladies génétiques rares, rendant difficile un
diagnostic rapide. De plus, les symptômes n’apparaissent pas à
la même intensité et au même rythme chez tous les patients, et
peuvent se présenter de façon atypique. Ainsi, on estime que
seulement 75 % des diagnostics de Parkinson posés rapidement
sont exacts1. S’il existait un test diagnostique simple comme
une prise de sang, on éviterait aux patients une errance théra-
peutique… Malheureusement, un tel test n’existe toujours pas.
Une scintigraphie cérébrale peut éventuellement être réalisée
pour confirmer la perte neuronale, mais c’est généralement le
fait de donner le traitement (un précurseur de la dopamine, la
L-dopa) qui confirme le diagnostic. En effet, si le traitement à la
dopamine parvient à diminuer les symptômes, une maladie de
Parkinson est bien confirmée.
Un diagnostic plus précoce : Parkinson
dans les yeux
A ucun marqueur sanguin n’étant actuellement connu
pour cette maladie, les chercheurs sont donc sur la piste
de marqueurs plus originaux. On dit bien que les yeux sont
la fenêtre de l’âme ; cela se confirme pour les diagnostics de
maladies neurodégénératives. En effet, alors que le cerveau
malade est enfermé dans le crâne à l’abri des regards, la rétine,
quant à elle, constitue un prolongement bien visible et obser-
vable du cerveau ! Or l’aspect de la rétine est modifié dans de
nombreuses affections neurologiques et visuelles comme le
glaucome ou la maladie d’Alzheimer2. Le serait-il dans le cas de
Parkinson ? En 2016, des chercheurs se sont intéressés à l’im-
pact de cette maladie sur la structure de la rétine en exposant
des rats à de la roténone. Cette molécule naturelle extraite de
racines de plantes tropicales a été utilisée dans des pesticides
bio notamment, car elle est très puissante contre les chenilles
et les pucerons. Elle a été interdite en 2011, car on l’accusait
de provoquer des cas de Parkinson3. Effectivement, l’exposi-
tion des rats à cette molécule naturelle provoque chez eux ce
qui peut s’apparenter à la maladie de Parkinson humaine. En
étudiant les yeux de ces rats « parkinsoniens », les chercheurs
ont justement identifié des modifications de la rétine ! En 2018,
pour étayer cette hypothèse, une nouvelle étude, portant cette
fois-ci sur 49 humains atteints de Parkinson, révélait une rétine
plus mince chez les patients parkinsoniens, en comparaison avec
1. Rizzo G, et al., « Accuracy of Clinical Diagnosis of Parkinson Disease: A Systematic Review and Meta-Analysis », Neurology, 2016
2. Yap TE, et al., « Retinal correlates of neurological disorders », Ther Adv Chronic Dis., 2019
3. Normando EM, « The retina as an early biomarker of neurodegeneration in a rotenone-induced model of Parkinson’s disease:
evidence for a neuroprotective effect of rosiglitazone in the eye and brain », Acta Neuropathologica Communications, 2016
 À LA UNE

les 54 personnes non atteintes4. Les

auteurs ne parlent pas encore de
possibilité de diagnostic, mais plutôt
d’une aide pour suivre l’évolution de
la maladie. En 2019, une nouvelle
étude affirme pouvoir distinguer
des patients atteints d’Alzheimer ou
de Parkinson des individus non at-
teints, au moyen d’un test d’imagerie
ophtalmologique. On utilise pour ce
faire une intelligence artificielle qui
s’appuie sur l’analyse de ces images5.
Ainsi, la maladie de Parkinson pour-
rait un jour être détectable lors d’un
contrôle ophtalmologique ! L’écossaise Joy Milne parvient à détecter les patients atteints de la maladie de Parkinson à leur odeur !

Un diagnostic plus tentent à présent d’expliquer ce phé- moteurs9 ! Depuis lors, de nombreux
naturel : l’odeur nomène. Leur hypothèse serait que
le sébum, ce film lipidique sécrété par
chercheurs se sont donc intéressés
à ce sujet. La mort neuronale dopa-
corporelle ! des glandes au niveau de la peau, ver- minergique est intimement liée à
rait sa composition chimique légè­
L es Grecs pensaient que l’accumulation d’une protéine mal
chaque maladie possédait une rement altérée lors de la maladie. repliée : l’alpha-synucléine. Or, cette
signature olfactive, « croyance » ou- Les chercheurs ont donc collecté des dernière se retrouve dans l’intestin
bliée par notre civilisation. Les scien- échantillons de sébum de 43 patients des patients bien avant de gagner
tifiques s’intéressent pourtant à atteints de Parkinson et de 21 sujets le cerveau. L’hypothèse actuelle se-
nouveau, depuis quelques années, à volontaires7. Des analyses chimiques rait donc la suivante : un microbiote
cette modification de l’odeur corpo- de ces échantillons leur ont permis anormal pourrait mener à une inflam-
relle comme marqueur de certaines d’extraire au moins quatre molécules mation du système nerveux intesti-
maladies comme les cancers. Des qui pourraient établir une signature nal et l’alpha­‑synucléine profiterait
chiens entraînés pourraient en effet olfactive spécifique de la maladie de de cette barrière intestinale dys-
reconnaître l’odeur de différents Parkinson. Cette étude, publiée en fonctionnelle pour migrer jusqu’au
cancers, et des études très sérieuses 2019, prévoit une nouvelle expé- cerveau via le nerf vague. Ainsi, la
sont en cours sur le sujet. Très ré- rience de plus grande ampleur, avec présence de l’alpha‑­synucléine dans
cemment, en Angleterre, des équipes notamment des tests de reconnais- l’intestin pourrait constituer un mar-
se sont même lancées dans le dres- sance de cette signature par des hu- queur diagnostic intéressant, tout
sage de chiens pour la détection de mains et des chiens. Les recherches comme la composition du micro-
l’odeur… du Covid 6  ! Alors, qu’en sont donc en cours8 ! biote intestinal : en effet, plusieurs
est-il de Parkinson ? Tout part d’une études ont montré ces dernières an-
nées une différence dans la compo-
femme écossaise aux capacités ol-
factives hors du commun, Joy Milne.
Un diagnostic par l’intestin sition de celui-ci entre des patients
Elle aurait prétendu avoir détecté un
changement d’odeur corporel chez
D epuis quelques années, on ac-
corde de plus en plus d’atten-
atteints de la maladie de Parkinson
et des personnes non atteintes,
son mari bien avant que celui-ci ne tion au microbiote, cet ensemble de avec notamment beaucoup plus de
montre les premiers symptômes mo- micro-organismes présents dans bactéries pro-inflammatoires dans
teurs de Parkinson. Mme Milne au- notre intestin. Chez 80 % des patients l’intestin. Une différence qui se re-
rait ensuite été capable d’identifier, atteints de Parkinson, la constipa- trouverait également dans la bouche
en présence des chercheurs, des pa- tion serait un des premiers symp- et le nez  ! Ce changement de mi-
tients parkinsoniens grâce à l’odeur tômes. Une étude de 2009 suggérait crobiote pourrait arriver bien avant
de leur T-shirt. Les scientifiques ont que cette constipation apparaissait les premiers symptômes moteurs,
pris cette expérience au sérieux et environ 20 ans avant les symptômes constituant ainsi un marqueur

4. Ahn J, et al., « Retinal thinning associates with nigral dopaminergic loss in de novo Parkinson disease », Neurology, 2018
5. Nunes A, et al., « Retinal Texture Biomarkers May Help to Discriminate Between Alzheimer’s, Parkinson’s, and Healthy Controls », PLoS One, 2019
6. https://dailygeekshow.com/chiens-detection-covid-19/
7. Trivedi DK, et al., « Discovery of Volatile Biomarkers of Parkinson’s Disease from Sebum », ACS Cent Sci, 2019
8. https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/parkinson-detecter-la-maladie-a-partir-de-l-odeur-corporelle_29701
9. Savica R, Carlin JM, Grossardt BR, et al., « Medical records documentation of constipation preceding Parkinson disease: a case–control study », Neurology 73:1752–1758, 2009, https://doi. org/10.1212/WNL.0b013e3181c34af5

s eptemb r e 2 0 2 0  •  n°1 6 8 3
 À LA UNE

diagnostic prometteur10 ! Une nou-

velle preuve que beaucoup de choses Suite à ces découvertes sur la nourriture en conserve, soda,
connexion entre microbiote et fritures, bœuf, crème glacée et
se lisent dans nos intestins.
Parkinson, des liens entre alimen- fromage.
tation et probabilité de développer Au contraire, certains régimes
La recherche continue une maladie de Parkinson com-
mencent à s’établir.
nous aident à nous protéger de la
maladie de Parkinson :
Finalement, la recherche
continue et d’autres pistes ap-
Certaines mauvaises habitudes
alimentaires sont associées à un
● Régime méditerranéen : lé-
gumes frais, fruits frais, noix,
paraissent. Une étude d’avril 2020 risque accru de développer la ma- graines, poisson non frit, huile
publiée dans la célèbre revue Nature ladie de Parkinson : d’olive, vin, huile de coco, herbes
● Une consommation de grandes
Communications semble montrer fraîches et épices ;
quantités de graisses saturées
que le profil immunitaire des patients ● Consommation d’aliments
animales ;
est également modifié des années riches en flavonoïdes : thé, pe-
● L’adhésion à un régime typique-
avant les premiers symptômes mo- tits fruits, pommes, oranges, jus
ment occidental : apport calorique
d’orange, vin rouge.
teurs11. En effet, l’accumulation de élevé d’aliments riches en énergie
l’alpha-synucléine pourrait être re- et en acides gras oméga-6, sucres ● Le régime cétogène et le jeûne
connue par les lymphocytes T, des raffinés, apport excessif en sel, sont également des voies de re-
faible consommation d’acides cherche dans le traitement de la
cellules immunitaires, menant à la
gras et de fibres oméga-3, soit : maladie12.
destruction des neurones. Ce serait
donc le système immunitaire des
patients qui détruirait lui-même les
neurones, ce qui ferait de Parkinson l’évolution de la maladie. Ils peuvent Un seul traitement sur le marché
une maladie en partie auto-immune. seulement en diminuer les symp- serait peut-être à même de ralentir
Ainsi, ce profil de lymphocyte T pour- tômes et permettent d’obtenir une l’évolution lorsque celle-ci est détec-
rait participer au diagnostic précoce espérance de vie équivalente à la tée à un stade plus précoce : le sport.
de patients à risques pour la détec- normale, quel que soit le moment En effet, ce dernier semble ralen-
tion de la maladie par simple prise du diagnostic. Ainsi, il n’est pas cer- tir la dégénérescence des neurones
de sang, et ouvrirait également une tain qu’une prise en charge plus en stimulant la production de la do-
éventuelle piste de traitement !12 précoce permettrait de ralentir la pamine, surtout lorsque l’exercice
maladie avec nos traitements ac- physique en question est débuté à
tuels. D’ailleurs, on évite souvent un stade peu avancé de la maladie13 !
Un diagnostic précoce de donner le traitement trop tôt Ainsi, un diagnostic plus précis et
pour une meilleure prise afin d’en conserver l’efficacité et précoce permettrait :
en charge ? d’en limiter les effets secondaires.
Néanmoins, de nombreuses pistes ● d’éviter au patient une errance
thérapeutique ;
A
ujourd’hui, il n’existe pas
de traitement curatif de
de recherche pour un nouveau mé-
dicament existent, et un diagnostic ● de mettre en place un meilleur
Parkinson et les médicaments ne soutien psychologique pour les pa-
plus précoce sera peut-être alors
semblent pas ralentir tangiblement tients et leurs proches aidants ;
salutaire.
● d’offrir une prise en charge par un
spécialiste du sport et par un kiné-
Le diagnostic étant actuellement grés de sévérité de la maladie en sithérapeute pour freiner l’évolution
fondé sur l’observation des signes faisant dessiner au patient une de la maladie ;
cliniques, les chercheurs essaient spirale et en analysant la vitesse ● de suivre un traitement dès les
de perfectionner cette approche. et la force de pression du stylo sur premiers symptômes, car l’équi-
Le développement d’applications la feuille. On sait également qu’un libre des dosages peut être long à
avec des capteurs pour analy- symptôme souvent inaperçu de la déterminer ;
ser les mouvements du patient, maladie se reconnaît dans l’écriture
● enfin, d’espérer une évolution
voire les programmes d’intelli- des patients. Il s’agit de la microgra-
gence artificielle pour établir un phie, un rétrécissement de la taille
plus lente, voire une rémission, si la
autodiagnostic, fleurit. D’autres des caractères. Quoi qu’il en soit, ces recherche progresse de ce côté-là
tentent de se passer du numérique. efforts se concentrent sur un stade dans le futur !
En 2017, une équipe de chercheurs déjà tardif de la maladie : l’appari-
proposait de différencier les de- tion des troubles moteurs.
Aude Grezy

10. Cova I, Priori A, « Diagnostic biomarkers for Parkinson’s disease at a glance: where are we? », Journal of Neural Transmission, 2018.
11. Lindestam Arlehamn CS, « α-Synuclein-specific T cell reactivity is associated with preclinical and early Parkinson’s disease », Nature communications, 2020
12. Jackson A, et al., « Diet in Parkinson’s Disease: Critical Role for the Microbiome », Front. Neurol., 2019
13. Zigmond MZ, Smeyne RJ, « Exercise: Is It a Neuroprotective and if So, How Does It Work? », Parkinsonism Relat Disord, 2014

4 sep t embre 2020 • n °1 6 8

 DÉCRYPTAGE
À LA UNE

Protections menstruelles :
comment éviter les produits
chimiques ?
De nombreuses femmes optent désormais pour des protections hygiéniques
sans produits chimiques. De plus en plus soucieuses de leur flore intime, elles
plébiscitent les serviettes lavables et la coupe menstruelle. Que penser de ces
nouveaux produits ? Tiennent-ils vraiment leurs promesses écologiques, et
sont-ils efficaces ?

D epuis quelques années, de

nouvelles protections hy-
dioxines, pesticides, phtalates, par-
fum allergène… Autant de composés
sont-elles constituées2 ? ». La revue
plaide pour une nouvelle réglemen-
giéniques ont fait leur apparition, potentiellement cancérigènes, mu- tation demandant l’affichage de la
d’abord dans les magasins bio, puis tagènes ou reprotoxiques. Il s’agit totalité de la composition.
en grandes surfaces. Il s’agit notam- pour la plupart de perturbateurs en-
À cela s’ajoute le risque du choc
ment de la coupe menstruelle, un docriniens. Ces substances peuvent
toxique. L’étude de l’Anses montre
petit récipient en matière plastique provenir de la matière première,
que le risque est surtout lié à une
souple qui permet de se passer de comme le coton traité aux pesticides,
mauvaise utilisation des protections
tampons ou de serviettes. En effet, la ou du processus de fabrication. En
intimes, notamment le port trop long
composition, pour le moins opaque, effet, le blanchiment des fibres par
des tampons, et non à la composition.
des protections périodiques impacte des dérivés chlorés peut provo-
L’agence rappelle donc aux utilisa-
à la fois la santé des femmes et l’envi- quer la formation de dioxines. Pour
trices l’importance de respecter les
ronnement. La mode est désormais l’agence de sécurité sanitaire, ces
substances sont en trop faible quan- règles d’hygiène préconisées : bien
aux protections écologiques ! se laver les mains avant la mise en
tité pour être dangereuses pour la
santé. Cependant, comme l’explique place du tampon et respecter le délai
Tampons et serviettes à 60  millions de consommateurs de 6 heures maximum d’utilisation.
toxiques Jean-Marc Bohbot, infectiologue
et directeur médical à l’Institut La poubelle menstruelle
L
a composition des protections Fournier, à Paris, « ce n’est pas parce
conventionnelles est demeu-
rée longtemps confidentielle. Mais
que les taux sont faibles que l’on peut
garantir le risque zéro. En l’absence
L es protections hygiéniques
conventionnelles sont aussi
le magazine 60 millions de consom- d’étude sur le passage systémique de des déchets polluants. Les tampons
mateurs a réussi à percer le mystère chaque substance à partir du vagin, sont emballés dans du plastique,
en 2016 dans un article intitulé on ne peut rien conclure. D’autant encapsulés dans des applicateurs
« Tampons et protections féminines : que le vagin a une perméabilité très en plastique, avec des ficelles en
une réglementation s’impose 1  !  ». sélective en fonction des substances, plastique pendant à leur extrémi-
La revue révélait la présence d’une ce qui a été très bien étudié pour les té, et la plupart d’entre eux incluent
multitude de produits chimiques : médicaments ». même une fine pellicule de plastique
dioxines, dérivés halogénés dans la partie absorbante. Les ser-
(sous-produits liés aux traitements 60 millions de consommateurs a aussi
viettes contiennent encore plus de
des matières premières), glyphosate permis de mieux connaître les ma-
plastique.
(la substance active de l’herbicide tières légales qui composent ces
protections : polypropylène, résines « Déterminer la quantité de déchets
Roundup), résidus de la famille des
et fibres synthétiques, polymères, plastiques provenant des protections
pesticides organochlorés et pyré-
parfums de synthèse, polyéthylène, hygiéniques est difficile, en partie parce
thrinoïdes (insecticides)…
papier siliconé… Cette liste est qu’elles sont considérées comme des
Ces révélations alarmantes ont été accessible dans un article intitulé déchets médicaux et n’ont pas besoin
confirmées en 2018 par l’Anses  : «  Protections féminines  : de quoi d’être suivies, et également parce que
1. https://www.60millions-mag.com/2016/02/23/tampons-et-protections-feminines-une-reglementation-s-impose-10151
2. « Protections féminines, de quoi sont-elles constituées ? », 23 février 2016. www.60millions-mag.com

s eptemb r e 2 0 2 0  •  n°1 6 8 5
 À LA UNE
DÉCRYPTAGE

très peu de recherches se sont intéres- contient normalement aucun rési-

sées à l’ampleur du phénomène. Mais du toxique pour la santé. Dommage
les estimations approximatives de qu’il soit bien souvent emballé dans
produits fabriqués sont vertigineuses : une pellicule plastique…
rien qu’en 2018, 5,8 milliards de tam-
Mais il y a mieux encore : les tampons
pons ont été achetés aux États-Unis réutilisables, en coton biologique
et, au cours de sa vie, une femme uti- certifié Oeko-Tex, de la marque sué-
lise entre 5 000 et 15 000 serviettes doise créée en 1988, ImseVimse 5.
et tampons, dont la grande majorité Ils se composent de deux étroites
finira son voyage en tant que déchets bandes de coton à rouler soi-même
plastiques », explique un article du
pour en faire un tampon. C’est très
National Geographic3 publié en 2019. ingénieux et en même temps facile
De plus, un tampon ou une serviette à confectionner soi-même à partir
«  classique  » mettraient des cen- de vieux tissus en coton ! Comme
taines d’années pour se décomposer pour un tampon conventionnel, il ne
totalement. faut pas le garder plus de six heures.
Enfin, côté finances, une femme dé- Après chaque utilisation, on le rince
pensera dans les 1 000 € au cours de à l’eau froide ou le conserve dans un
sa vie en achat de protections hygié- sac humide en attendant de passer en
niques conventionnelles (d’après Le machine à 60 °C, de préférence dans
Monde)4. Pour toutes ces raisons, il un filet. Il est quand même recom-
est préférable de s’orienter vers des mandé de faire bouillir ces tampons
protections bio et recyclables. Voici dans de l’eau après chaque lavage
mon évaluation des alternatives à la pendant quelques minutes afin d’éli-
miner toutes traces de votre lessive
portée des femmes.
(écologique  !). Garanties 10  ans,
23 € les 8.
Des tampons bio et
même… réutilisables La coupe menstruelle
Un tampon bio, s’il est composé
à 100 % de coton, sera biodé- I
l y a une quinzaine d’années,
j’ai assisté à l’arrivée de cette
gradable, comme celui de la marque innovation et l’ai immédiatement
Natracare, l’une des trois entreprises testée. Pour ma part, l’expérience
européennes à produire des protec- s’est avérée décevante. Je n’ai pas
tions biologiques. Un tampon bio ne vraiment aimé l’effet ventouse au
retrait de la cup. Ceci dit, l’engoue-
ment qu’elle suscite montre qu’elle
convient à de nombreuses femmes.
Non seulement cela permet des
économies, mais c’est évidemment
beaucoup plus respectueux de l’en-
vironnement car réutilisable. La
majorité des coupes menstruelles est
réalisée en silicone médical (vérifiez
quand même sur l’emballage). Ce ma-
tériau est sûr pour la santé, d’après le
journal scientifique The Lancet Public
Health6, qui a consacré une étude à ce
sujet. La revue 60 millions de consom-
Si vous optez pour les serviettes réutilisables,
préférez-les en coton bio, avec un label textile comme mateurs a tenu à vérifier la présence
« GOTS » ou « Oeko-Tex 100 Standard » de quatre familles de perturbateurs
3. « Comment les protections hygiéniques sont devenues si polluantes », 12 septembre 2019.
4. « Précarité menstruelle : combien coûtent les règles dans la vie d’une femme ? », 2 juillet 2019.
5. https://imsevimse.fr/produit/tampons-lavables/
6. Van Eijk AM et al. Menstrual cup use, leakage, acceptability, safety, and availability: a systematic review and meta-analysis, July 16, 2019.
La coupe menstruelle est pratique et économique,
mais ne convient pas à toutes. Pensez à la désinfecter
régulièrement en la faisant bouillir 5 minutes
endocriniens (bisphénols, phta-
lates, hydrocarbures aromatiques
polycycliques [HAP]), aucun n’a été
retrouvé dans les produits testés.
C’est rassurant. Cependant, « le si-
licone médical peut être catalysé au
peroxyde ou au platine », ce dernier
étant plus sûr, note la revue. En effet,
le platine est reconnu comme étant
atoxique et stable, et empêche les
bactéries de se développer à sa sur-
face. Par ailleurs, il faut absolument
respecter des précautions d’hygiène
(se laver les mains, ne pas porter la
cup plus de 6  heures) pour éviter
une infection vaginale ou, pire, le
syndrome du choc toxique, qui a été
rapporté même avec cette protec-
tion. Il faut désinfecter la coupe en
la faisant bouillir cinq minutes avant
le premier usage, puis avant et après
la période des règles. Mieux vaut
avoir deux coupes dans ses placards.
Une coupe menstruelle coûte 15
à 30  euros et dure de 5 à 10  ans.
On en trouve en pharmacie et en
supermarché.
Les serviettes lavables
V oilà une solution pratique
et écologique sans aucun
risque pour la santé. Les serviettes
lavables sont utilisées depuis une
dizaine d’années et leur design n’a
plus rien à voir avec les linges de nos
grands-mères… Il existe désormais
une multitude de fabricants. Mon
conseil est de choisir des serviettes

6 sep t embre 2020 • n °1 6 8

 DÉCRYPTAGE
À LA UNE

en coton bio, avec la mention de la- chine à 60 °C (éviter le sèche-linge). à l’intérieur. Sinon, réservez plutôt
bels textiles : « GOTS » assure que Son prix est assez élevé  : environ vos confections artisanales pour les
le coton utilisé est biologique et que 30 €, mais cela représente une éco- jours où le flux n’est pas abondant.
sa récolte respecte des critères so- nomie sur la durée par rapport aux
ciaux et environnementaux. Le label protections jetables, sachant qu’une
« Oeko-Tex 100 Standard » garantit culotte menstruelle dure facilement Les éponges naturelles
qu’aucun métal lourd n’est présent
dans le textile. Malheureusement, la
plus de cinq ans. De nombreuses
marques en proposent désormais. A lternative 100 % naturelle :
l’éponge naturelle de mer.
quasi-totalité des modèles contient C’est une option intéressante, mais
généralement un tissu synthétique, qui demande de vraiment respecter
pour garantir l’absence de fuite. Ces Faites vous-même votre les précautions d’hygiène pour évi-
composants (du polyuréthane, du culotte menstruelle ! ter tout problème. Il faut désinfecter
polyamide ou du polyester) doivent son éponge avec soin : vous pouvez
être certifiés Oeko Tex 100, pour
s’assurer qu’aucun produit chimique
P our celles qui ont une machine
à coudre ou simplement du fil
la rincer à l’eau savonneuse, puis la
faire tremper quelques heures dans
n’est présent dans les matériaux, que et une aiguille, il est tout à fait pos-
de l’eau bouillante avec cinq gouttes
ce soient l’encre des motifs ou les sible de confectionner soi-même d’huile essentielle de tea tree. Faites-la
boutons pressions et le fil à coudre. ce type de protection. Il suffit de sécher suspendue dans un endroit
Les serviettes hygiéniques lavables coudre sur une culotte assez large aéré. Pour l’insérer, il faut toujours
se nettoient à l’eau froide, puis en quelques bandes de coton à partir qu’elle soit mouillée. Il est préférable
machine à 60 °C. Coût : environ 10 € de vieux vêtements, voire un bout d’avoir trois ou quatre éponges à dis-
la serviette. de chaussette épaisse dépareillée. position. Vous pouvez acheter une
Cela ne vous prendra pas plus d’une belle éponge de mer, et la couper en
heure. Il faut veiller à placer un tissu
La culotte menstruelle imperméable entre les bandes de
quatre morceaux de 4 à 5 cm. Pour
créer un fil, faites un nœud avec un
L a plus récente innovation à coton et la culotte. Vous avez cer- morceau de fil dentaire. Le point né-
propos des protections hy- tainement un vieil anorak ou autre gatif : c’est le même que les coupes
giéniques a de quoi séduire. Facile tissu waterproof qui traîne dans vos menstruelles, il faut prévoir d’utiliser
à enfiler, la culotte menstruelle in- placards ! Ces vêtements sont pas- des toilettes avec lavabo. Choisissez
tègre la protection directement dans sés maintes fois par la machine à une éponge de mer vraiment natu-
le sous-vêtement. On la nettoie à laver et ne présentent certainement relle, non blanchie au chlore. Prix :
l’eau froide avant de la passer en ma- plus de composés toxiques volatils 7 €.

Le flux libre instinctif

Qu’est-ce que le syndrome du choc toxique ?
L’utilisation de tampons ou d’une dans le coma. Attention à ne pas C ertaines femmes se passent
de protections hygiéniques,
coupe menstruelle exige des confondre ces symptômes avec
règles d’hygiène à respecter im- ceux de la grippe.
car elles pratiquent le flux libre ins-
pérativement pour prévenir un tinctif. Le concept est de profiter de
Si vous souffrez de ces différents
choc toxique. symptômes et que vous avez utili-
chaque passage aux toilettes pour
Le syndrome du choc toxique est sé un tampon ou une cup, il faut se évacuer le sang et, le reste du temps,
rare (22 cas en 2014). Il est pro- rendre aux urgences rapidement. de rester à l’écoute des signaux
voqué par les toxines libérées par On vous prescrira des antibio- d’alerte… Ce n’est pas forcément
certaines souches de bactéries tiques et vous serez probablement évident ! C’est plus facile de se lan-
courantes, et notamment le sta- hospitalisée jusqu’à ce que vous cer dans l’aventure le week-end chez
phylocoque doré. Ces toxines, une soyez hors de danger. soi. Pour celles qui sont intéressées,
fois dans l’organisme, vont s’atta- Outre le fait de se laver impecca- j’ai consacré un article complet à ce
quer à différents organes. blement les mains, il ne faut pas sujet sur mon site 7. Vous pouvez
Parmi les symptômes : vomisse- dépasser plus de six heures d’uti-
coupler cette pratique avec l’emploi
ments, diarrhées, fortes fièvres, lisation. C’est pourquoi le port
fatigue, maux de gorge, maux de de tampons et de la coupe mens-
d’une culotte de règles faite maison,
tête, éruptions cutanées ou en- truelle n’est pas recommandé la et c’est l’autonomie !
core rougeurs dans l’œil. On peut nuit. Privilégiez plutôt les ser- Pryska Ducœurjoly
aussi perdre conscience et tomber viettes ou la culotte menstruelle !

7. « Le flux libre instinctif ou les règles au naturel » www.pryskaducoeurjoly.com,le 07/08/18

s eptemb r e 2 0 2 0  •  n°1 6 8 7
 À LA UNE
BIEN DANS SON CORPS
Comment se défouler
et vaincre ses angoisses ?
Angoisse, anxiété, stress, crises de panique : ces états peuvent avoir
des répercussions à la fois sur notre esprit et sur notre corps. Voyons comment
agir naturellement pour retrouver l’équilibre.
C es phénomènes peuvent tou-
cher tout le monde  : crises
d’angoisse, crises de nerfs, surcharge
émotionnelle, excès de stress. S’ils se
manifestent de façon ponctuelle, ils
ne constituent pas un problème en
soi. En revanche, lorsqu’ils tendent à
se répéter et qu’un rien vous trans-
forme en une boule de nerfs ou vous
plonge dans un état d’angoisse, il est
essentiel de consulter ou de mettre
en place des stratégies afin de maîtri-
ser ces états toxiques. Ces épisodes,
s’ils deviennent chroniques, peuvent
dégrader très sérieusement votre
santé, aboutissant à une véritable
saturation nerveuse ou à des at-
taques de panique.
Nous ne pouvons pas contrôler notre
entourage ni notre environnement,
mais nous pouvons apprendre à nous
protéger en observant, par exemple,
les éléments déclencheurs au fur et à
mesure qu’ils se présentent.
N’avez-vous jamais remarqué, lors­
que vous êtes énervé, en colère, fu-
rieux, révolté, épuisé ou juste un peu
angoissé, combien votre corps se
tend, vos muscles se crispent, votre
cœur s’accélère ? Ces sensations cor-
porelles sont des messages que nous
devons apprendre à écouter et à ana-
lyser bien en amont du débordement.
Se reconnecter
avec l’intelligence
neurosensorielle
L ’intelligence neurosenso-
rielle est un concept simple
et pratique destiné à se libérer des
blocages issus de notre conditionne-
ment. Créée par Olivier Masselot et
8 sep t embre 2020 • n °1 6 8
Samy Kallel, cette pratique propose
de nous placer dans une posture
d’humilité, de lâcher-prise, de nous
concentrer sur notre ressenti et de
faire confiance à l’intelligence du vi-
vant ; une intelligence qui réside à la
fois dans le corps et dans notre rap-
port à la réalité. Cette méthode est un
moyen de se rééduquer pour revenir
dans la voie du « sentir ». La question
fondamentale que nous devons nous
poser dans un état d’angoisse ou
d’anxiété est la suivante : « Que me
disent mes sensations corporelles/
mon ressenti ici et maintenant ? »
L’intelligence neurosensorielle pro-
pose d’observer notre état intérieur
à travers trois canaux :
● Nos pensées : considérer le men-
tal à l’œuvre dans une situation. La
présence d’une évaluation ou d’un
jugement est le signe que nous
sommes dans le mental. Exemple :
« Je me sens mal, je n’aime pas ça. »
● Nos émotions : définir quelle émo-
tion j’éprouve dans une situation
donnée. Exemples : « Je suis triste, en
colère, j’ai peur, je suis angoissé… »
● Nos sensations corporelles : ob-
server toutes les manifestations du
corps. C’est une description fac-
tuelle de ce qui se passe au niveau
corporel. Exemple : « J’ai une boule
au ventre. »
Dès que la pensée est perturbée
par l’anxiété, l’angoisse ou la peur, le
moyen le plus efficace pour se sor-
tir de cet état est de diriger notre
mental vers l’observation de nos
sensations corporelles, ce que les
créateurs du concept appellent la
présence sensorielle. Nous pouvons
ainsi prendre du recul pour nous
dissocier du présent et nous y recon-
necter. En changeant notre mode
de pensée grâce à cette technique,
nous entrons dans une dynamique
d’accueil de notre propre vécu face à
l’inconnu. Ainsi, le stress diminue, un
apaisement naît et ce vide intérieur
nous offre un nouvel angle de vue.
Des solutions peuvent émerger.
Ce travail d’acceptation, de recon-
nexion à soi, d’observation de ses
sensations est indispensable pour
anticiper et réduire de façon si-
gnificative les états d’angoisse et
d’anxiété et pour éviter la dépres-
sion ou le burn-out. Accueillir ses
émotions est donc l’unique façon de
s’en détacher.
Rentrer en pleine conscience avec
soi-même ou se défouler en prati-
quant une activité qui procure une
montée d’endorphine (hormone
du plaisir) sont des solutions natu-
relles et faciles qui peuvent soulager
rapidement.
Respirez
La respiration alternée
Respirer, nous le faisons sans arrêt,
mais le faisons-nous efficacement ?
Lorsque l’on est anxieux, notre res-
piration est rapide et peu profonde,
ce qui ne permet pas de se détendre.
L’exercice que je vous propose
est inspiré d’une pratique yogique
appelée Nadi Shuddhi. C’est une
technique très puissante pour oxy-
géner votre cerveau, installer une
quiétude mentale et booster vos per-
formances cérébrales. Grâce à elle,
vous installerez en vous le calme et
éprouverez une relaxation profonde.

Pratiquez 10 respirations à droite et
10 respirations à gauche.
● Placez votre pouce sur la narine
droite, expirez totalement par la na-
rine gauche.
● Inspirez par cette même narine
avec la respiration totale.
● Bloquez la respiration deux
secondes.
● Posez le majeur sur la narine gauche
et libérez le pouce, expirez complè-
tement par la narine droite, inspirez
à nouveau, la narine gauche toujours
bouchée. Bloquez la respiration.
● Placez le pouce sur la narine
droite, libérez le majeur, expirez à
fond par la narine gauche, et ainsi
de suite.
● Pratiquez une respiration lente et
profonde avec un temps égal d’inspi-
ration et d’expiration.
La pratique de la cohérence car-
diaque est également excellente si
cette technique n’est pas à votre goût.
La respiration alternée, une technique efficace pour
vaincre le stress
S’ancrer
L ’ancrage est une thérapie
brève et l’une des techniques
de la programmation neurolinguis-
tique (PNL) qui permet d’observer et
d’améliorer la perception que nous
avons de nous-mêmes et des autres.
Être ancré, c’est avoir de bonnes
racines et vivre les pieds sur terre, ac-
cepter pleinement cette incarnation
et occuper réellement sa vie, sans
vouloir y échapper. La technique que
je vous propose est applicable à tout
moment et n’importe où. Pratiquez-
la tous les matins en vous levant. Dès
que vous vous sentez fatigué(e), sub-
mergé(e) par les émotions ou lorsque
vos projets ne se concrétisent pas,
entraînant de la frustration, pensez
à l’ancrage !
1. Les pieds bien à plat sur le sol,
imaginez des racines plongeant très
profondément dans la terre et allant
jusqu’au magma terrestre.
2. À l’inspiration, imaginez, ressen-
tez, visualisez l’énergie remontant
de la terre jusque dans vos racines ;
puis dans vos jambes, votre bassin.
3. Cette énergie vous apporte tout
ce dont vous avez besoin : amour,
abondance, force et sérénité.
4. À l’expiration, toutes vos pensées
négatives et toutes vos énergies
toxiques se déchargent dans la terre.
5. Pratiquez cette alternance durant
quelques minutes et constatez le
changement.
Méditez
S ilencieuse ou guidée, la médi-
tation procure de nombreux
bienfaits physiques et psychiques.
Intégrer la méditation dans votre
quotidien vous apportera calme,
concentration, apaisera votre stress
et vous permettra de vous connecter
à vous-même. Créer son rituel à la
même heure et au même endroit est
l’un des moyens les plus efficaces
pour amener l’esprit à se poser.
Définissez un espace clairement
dédié à la méditation, dans une pièce
peu encombrée, la plus au calme de
préférence. Commencez par 5 mi-
nutes et, après quelques jours de
pratique, ajoutez une minute chaque
semaine, ou un peu plus si cela vous
semble adapté.
Bouger
Se promener au grand air, en
forêt
La marche est également un an-
tistress très bénéfique lorsque tout
BIEN DANS SON
À LA
CORPS
UNE
nous irrite. Je vous invite à redécou-
vrir l’article « Marche sportive ou
nordique, une super alliée santé » du
no 166 d’Alternatif bien-être pour plus
d’informations.
Le trampoline
Devenus de plus en plus populaires
et fréquemment achetés pour les
enfants afin qu’ils se défoulent,
les trampolines peuvent diminuer
les hormones du stress comme le
cortisol et augmenter les endor-
phines. Vérifiez par vous-même, il
est impossible de ne pas sourire en
sautant sur un trampoline. La sen-
sation d’apesanteur, même pendant
une seconde, peut éliminer beau-
coup de soucis. La combinaison de
concentration, de plaisir et de ré-
pétition sollicite vos compétences
sensorielles. C’est un moyen réelle-
ment excitant de soulager le stress
de la journée et de se calmer. Enfin,
lorsque vous rebondissez sur le
trampoline, vos organes internes
sont stimulés et votre circulation
lymphatique s’améliore. Sauter vous
aidera à chasser les toxines des cel-
lules et, par conséquent, renforcera
votre système immunitaire. En re-
vanche, si vous avez des problèmes
cardiaques ou des incontinences,
optez pour une autre pratique.
La boxe
La boxe est souvent perçue comme un
sport de combat dur et violent. C’est
pourtant bien plus que cela. Le fait de
pouvoir donner des coups de poing
puissants dans un sac de frappe nous
libère et permet d’évacuer notre co-
lère, nos contrariétés, nos pulsions
agressives. Cette pratique permet
également de reprendre confiance
en soi. L’aspect combatif réduit la
peur des éléments extérieurs et agit
positivement sur l’anxiété.
Thomas Mahieu
Coach sportif/santé
www.actif-coaching.com
s eptemb r e 2 0 2 0  •  n°1 6 8 9
 À LA UNE
SANTÉ PUBLIQUE

Sommes-nous devenus tous

accros au bonheur ?
Si le bonheur rime avec épanouissement personnel, il est aussi devenu la
source d’un business très juteux. Preuve en est : importée des États-Unis, la
psychologie positive s’est répandue mondialement, avec des professionnels
de coaching, des experts, des économistes, des psychologues… jusqu’à devenir
une véritable industrie pesant des milliards. Et le bonheur, ça se travaille ! Il
ne s’agit plus d’une aspiration vers un idéal, mais d’une véritable discipline.
Les méthodes sont variées (tenir un journal de gratitude, se lever très tôt le
matin, s’autopersuader, se libérer des émotions négatives, etc.) et le business
rémunérateur. Au-delà d’une simple tendance, la quête du bonheur serait-elle
devenue une injonction sociale ?

L es philosophes grecs légiti-

maient déjà la quête d’une vie
conduirait paradoxalement à une aug-
mentation du niveau de stress1. Avoir
heureuse. Pour Aristote, « le bonheur une vie de famille et de couple épa-
est le but et le sens de la vie, et l’objec- nouie, un travail enrichissant, faire du
tif de toutes les activités humaines ». sport, etc., deviendrait une injonction
Mais qu’entend-on vraiment par au bonheur où les réseaux sociaux
« bonheur » ? joueraient un rôle de vitrine de cette
réussite personnelle. Tout nous pous-
Aujourd’hui, on parle souvent de plai-
serait donc à partir à la recherche du
sir, de bien-être et de bonheur, mais la
frontière entre ces trois promesses bonheur, de façon presque obliga-
de paradis est assez floue. Pour cer- toire. Il n’y a qu’à voir le nombre de
tains, le plaisir consisterait en la sa- livres de développement personnel
tisfaction d’un besoin – physique, sur les étals de certaines librairies ou
affectif ou intellectuel – qui, réalisée des chaînes de distribution de pro-
de façon optimale, provoquerait un duits culturels, pour constater que le
sentiment de bien-être immédiat. Le sujet est « à la mode » !
bonheur, lui, supposerait que nous
La psychologie positive nous en-
puissions satisfaire tous nos désirs seigne d’ailleurs dans ces livres que
pleinement et sans interruption. Il
le bonheur est une question de santé
s’inscrirait donc dans la durée. Au ni- psychique ou mentale, et que l’in-
veau de notre corps, il serait lié à trois
dividu serait parfaitement capable
substances : la sérotonine, ce neu- de changer les choses lui-même. En
rotransmetteur qui régule notre hu-
d’autres termes, nous serions tous
meur et notre émotivité, la dopamine responsables de notre bonheur, et
qui génère un sentiment de plaisir, et
coupables de nous complaire dans
enfin l’endorphine, qui provoque une notre malheur. Voilà qui ne laisse
sensation d’apaisement, notamment
après une séance de sport.
plus de place au fatalisme… Cette
responsabilité est très lourde : pour
un divorce, un licenciement, etc.,
Quand le bonheur passe les raisons seraient à trouver dans
du côté de l’anxiété notre psyché défaillante. Si une per-
sonne souffre, c’est qu’elle n’a pas
Dans nos sociétés actuelles, la
quête de performance dans
fait les bons choix ou qu’elle n’a pas
assez de ténacité pour surmonter les
la vie professionnelle et personnelle conséquences négatives.
1. « Réussir sans se détruire », Dr Christophe Massin et Dr Isabelle Sauvegrain, éditions Albin Michel, 2006
Loin de produire des effets béné-
fiques, ces incitations au bonheur
pourraient donc participer au repli sur
soi et provoqueraient un sentiment
de mal-être. Selon Kirk J. Schneider
(auteur de The spirituality of awe,
Challenges to the Robotic Revolution
- Cardiff, CA  : Waterfront Digital
Press), la psychologie positive se-
rait efficace à court terme. À travers
elle, on diminue les symptômes, on
améliore la productivité au travail,
mais on ne réussit pas à changer
sur le long terme, parce qu’on ne
travaille pas sur la portion anxieuse
ou irritable de notre personnalité.
Autrement dit, nous ne recherchons
pas les causes profondes de notre
véritable mal-être, mais la joie de
vivre à tout prix, ce sentiment d’être
bien dans sa peau, aussi évanescent
soit-il. Un réconfort superficiel,
donc. Pire encore, cette promesse
du bonheur pourrait être une trou-
vaille politique et idéologique.
La standardisation
du bonheur pour mieux
contrôler
D ’un droit à la félicité, le bon-
heur est devenu un devoir
universel. Il serait même un standard
de performance imposé par la socié-
té, au point de le mesurer. L’ONU

10 sep t embre 2020 • n °1 6 8

 SANTÉ PUBLIQUE
À LA UNE

consacre une journée internationale au livre d’anticipation Le Meilleur et contrôlant les émotions)  ! Et si
du bonheur, l’OCDE recommande des mondes d’Aldous Huxley, dans vous n’avez pas eu de chance à la lo-
des indices de bien-être. Dans les lequel les sujets d’un État dictato- terie génétique, vous pouvez vous
entreprises, la figure émergente rial sont drogués au bonheur grâce rattraper en consommant des mar-
du CHO, « chief happiness officer » à une pilule qui assure leur docilité… chandises psychologiques, des livres
(« responsable du bonheur ») s’im- Car le bonheur ne concerne plus la de thérapies, des coachings et autres
pose progressivement. Pourtant, la seule sphère de la psychologie, mais formations estampillées « la vie en
Norvège, pays n° 1 du bonheur selon également l’éducation, la santé, la rose », surfant sur la vague du feel
l’ONU, connaît une prise d’antidé- politique, les neurosciences, le mana- good aux vertus antidépressives. Car
presseurs importante et un taux de gement, les affaires… Il est peu à peu ce marketing à base d’identité heu-
suicide parmi les plus élevés d’Eu- devenu une mesure quantifiable à reuse a le vent en poupe, réinventant
rope (11,6 pour mille personnes en laquelle les économistes se réfèrent nos modes de vie et de consomma-
2016, d’après l’OCDE2). Selon des pour mesurer l’utilité économique, tion. Serions-nous obsédés par cet
chercheurs en santé mentale, ce évaluer le progrès social et guider objectif impérieux et cette perfection
paradoxe scandinave s’expliquerait les politiques publiques. Aux Émirats de santé physique et mentale ? Il faut
par des facteurs tels que le climat arabes unis, un ministère du Bonheur croire que oui, car le bien-être pèse-
ou la luminosité (la nuit tombant à a été créé en 2016, mettant en place rait 37,5 milliards d’euros en France3
15  heures), tandis que des socio- des enquêtes de satisfaction pour et 4 200 milliards dans le monde4 ! Ces
logues de l’université de Warwick les usagers des services publics, des marchandises émotionnelles offrent
en Angleterre arguent la difficulté à séminaires de sensibilisation pour les des moments de joie et de réconfort,
supporter la comparaison avec des salariés de l’État et des programmes elles transforment la poursuite du
concitoyens trop heureux. Le bon- de formation à la positivité. bonheur en une manière d’être, un
heur des uns provoquerait donc le style de vie à part entière.
malheur des autres. À envier son voi- Mais nos sociétés ne reporteraient­
elles pas la responsabilité de leurs Bien que cette quête soit noble, elle
sin, on se sentirait dévalorisé, voire présente certaines dérives mer-
inférieur. Ainsi, malgré un haut reve- dysfonctionnements sur les indivi-
dus ? Sommes-nous les seuls respon- cantiles. À titre d’exemple, le « Blue
nu moyen, une confiance envers les Monday  » a été désigné comme le
gouvernants, une solidarité entre les sables de notre bonheur intérieur
brut  ? Certains auteurs comme jour le plus déprimant de l’année. Un
habitants, et une longue espérance nom poétique, formulé en 2005 par le
de vie… la pression sociale norvé- Edgar Cabanas et Eva Illouz (auteurs
d’Happycratie, éd. Premier Parallèle) docteur en psychologie Cliff Arnall, à
gienne transformerait ce « meilleur partir d’un savant calcul selon lequel
des mondes » en une société d’alié- dénoncent une récupération idéo-
logique. D’autres comme Nicolas tous les critères (fin des fêtes de Noël,
nation. Étonnant ? Pas tant que ça… pic de froid, etc.) seraient réunis pour
Marquis parlent d’une injonction de
La hausse de la prévalence de la dé- riches, car pour choisir une vie entiè- sombrer dans la dépression. L’année
pression, la dépendance à Internet rement heureuse, encore faudrait-il prochaine, il tombera le 18 janvier.
et aux réseaux sociaux, refléterait pouvoir se le permettre. Un stratagème marketing ? Eh oui,
également les côtés négatifs de cette le docteur Arnall a avoué avoir été
recherche permanente. La médiati- engagé par une compagnie touris-
sation de ce courant provoquerait Heureux comme tique, pour inciter les gens à s’offrir
ainsi l’effet inverse de celui recher- Crésus, les marchands des voyages… De quoi s’interroger
sur la bienveillance de ces marchands
ché. Pour Roland Gori, essayiste
et psychanalyste, ce phénomène
de bonheur de rêves. À contre-courant, d’autres
d’injonction au bonheur serait dû
à la diminution des influences reli-
V ous l’aurez compris, à l’heure
où fleurissent les livres de
penseurs évoquent le retour à la
simplicité pour être heureux. Pierre
gieuses, les individus trouvant un développement personnel, de psy- Rabhi parle de sobriété heureuse, un
nouveau but vers lequel se diriger. chologie positive, le bonheur est mode de vie consistant à réduire
Mais cette normalisation des émo- devenu un marché rentable, une vé- volontairement sa consommation ;
tions contribue également à atténuer ritable manne financière. Moyennant Christophe André évoque l’instant
la mobilisation collective dans les quelques centaines de dollars, vous présent, et Mathieu Ricard la simplici-
politiques publiques et les organisa- pourriez même découvrir si vous té heureuse. Le bonheur résiderait-il
tions. En cela, la technocratisation avez le gène du bonheur (un allèle A finalement dans le peu ? À méditer…
du bonheur, cette promesse d’évo- qui empêcherait la dégradation de Béatrice Courtot
lution spirituelle, peut faire penser l’anandamide régulant la douleur
2. https://data.oecd.org/fr/healthstat/taux-de-suicide.htm
3. « Le marché du bien-être en France », INSEE, Mesacosa, 19 avril 2012
4. « Global Wellness Economy Monitor », 2018, disponible sur : https://globalwellnessinstitute.org/industry-research/2018-global-wellness-economy-monitor/

s eptemb r e 2 0 2 0  •  n°1 6 8 11
 À LA
LE DOSSIER
UNE DU MOIS

Herpès : comment ne pas

réveiller le « virus au bois
dormant » ?
Omniprésent ? Oui. Contagieux ? Oui. Récurrent ? Oui. Incurable ? Oui.
Le problème de l’herpès, c’est qu’une fois attrapé, il est absolument
souhaitable de savoir ce qu’il faut faire afin d’éviter de déclencher des
poussées : voici les solutions naturelles et efficaces à adopter.

L’évolution de l’herpès

1ère étape : rougeurs et picotements 2ème étape : apparition de cloques 3ème étape : les cloques éclatent, Le virus se manifeste en général par de petites
sur/au niveau de la zone infectée remplies de liquide faisant place à une croûte solide vésicules douloureuses et rougeâtres, situées
autour des lèvres ou sur les parties intimes

Les virus ont une capacité ex-

ceptionnelle à contourner le
présents partout à la surface de la
terre et tout le monde, y compris les
bien vivre avec ; voici comment y
parvenir.
système immunitaire et à causer des personnes en bonne santé, est por-
infections. Heureusement, la ma- teur d’un certain nombre de virus :
jorité des personnes se remettent ceux-ci font tout simplement partie Un virus parfois très
sans problème d’une infection virale. de la grande famille du vivant. Plutôt discret
Ceci est même vrai du nouveau co- que de chercher à les éradiquer à tout
ronavirus, bien qu’il nous ait aussi prix, il faudrait adopter une attitude A voir de l’herpès sans le savoir
est bien plus courant qu’on
montré combien les virus peuvent plus coopérative, que l’on pourrait ne le pense. Il y a celui qui est bien
être insaisissables et imprévisibles. résumer ainsi : vivre en bonne intelli- visible, le classique bouton de fièvre,
Des scientifiques de haut rang se gence avec le virus pour le maintenir mais aussi l’herpès génital, qui est
sont penchés dessus, comme ils l’ont en dormance et, quand cela est néces- l’une des maladies sexuellement
fait pour les autres virus, et tout saire, se battre à l’aide d’un système transmissibles les plus répandues.
semble indiquer que l’on mettra en- immunitaire capable de gagner. Il concernerait 1  femme sur 4 et
core beaucoup de temps avant de Le virus de l’herpès responsable 1  homme sur 5, dont la majorité,
trouver l’antidote ou le vaccin cor- d’éruptions cutanées récidivantes 80 à 90 %, ignoreraient leur état1.
respondant (voir Alternatif Bien-Être en est une illustration frappante. Il Pourquoi ? D’abord, parce qu’une
n°166). Et même en admettant que est l’un des virus les plus répandus fois que l’on est infecté, on demeure
l’on trouve un jour la parade, la vie dans le monde : en 2017, l’OMS a porteur à vie du virus et il est pos-
étant en continuelle évolution, le estimé que de 67 % des habitants de sible de ne jamais manifester de
virus peut muter ou de nouveaux la planète de moins de 50 ans étaient symptômes ; ou alors, il peut s’écou-
virus peuvent apparaître.
porteurs de l’herpès virus 1 (HSV-1) ler plusieurs années avant de voir
Les hommes cohabitent depuis la et 13 % de l’herpès virus 2 (HSV-2). apparaître une première poussée.
nuit des temps avec la population Autant dire qu’il est indispensable Il est ainsi tout à fait possible d’être
invisible des virus. Ces derniers sont de trouver un modus vivendi pour contaminé sans jamais avoir d’herpès
1. Malvy, Denis Jean Marie; Halioua, Bruno; Lançon, Florian et al. « Epidemiology of genital herpes simplex virus infections in a community-based sample in France: Results of the HERPIMAX study - Référence Sexually transmitted
diseases, results of the Herpimax study ». Sex Transm Dis. 2005 Aug; 32(8) :499-505

12 sep t embre 2020 • n °1 6 8

 LE DOSSIER ÀDU
LAMOIS
UNE

et de transmettre pourtant le virus L’infection initiale passe générale- fesses ou le col de l’utérus4. Par la
à ses proches. Les hommes infectés, ment inaperçue2 et lorsque le virus suite, le phénomène peut être récur-
par exemple, ne présentent souvent redevient actif, il se manifeste plus rent, mais il perd progressivement
aucun symptôme  ; pourtant, pour particulièrement sous forme d’her- en intensité.
des raisons diverses, ils sont bien pès labial. Cependant, le HSV-1 est
plus susceptibles d’être contagieux de plus en plus souvent incriminé À savoir : les deux virus
que les femmes. Le virus peut aussi dans l’herpès génital, la transmis- peuvent coexister et être actifs
provoquer des symptômes que l’on sion se faisant par un contact de la simultanément.
ne pense pas à attribuer forcément salive avec les parties génitales, par
à l’herpès –  on peut le confondre un contact direct génital-génital, ou
par exemple avec une mycose. Ce par auto-contamination des lèvres Comment savoir si vous
défaut de diagnostic et l’absence de vers les parties génitales3. êtes contagieux ?
tests réalisés par les médecins ex- ● Le HSV-2 est associé à l’herpès
pliquent que le virus est parvenu à génital. Le virus se niche dans les L e virus est très contagieux.
Sa transmission provient d’un
se répandre si aisément. sécrétions génitales et sur les mu- contact peau à peau ou muqueuse à
queuses. La transmission passe muqueuse avec une personne infec-
Ordinairement, l’herpès se mani-
souvent inaperçue, le partenaire tée, à un moment où le virus est actif
feste sous formes de petites vésicules
ignore qu’il est infecté et il n’y a pas à la surface de sa peau. Pour éviter la
douloureuses situées autour des forcément de symptômes lors de la
lèvres ou sur les parties intimes. Les contagion, il est tout à fait essentiel
première infection. Quand le virus de repérer les trois périodes où le
vésicules sont remplies d’un liquide se manifeste, les symptômes – très
infecté par le virus Herpes simplex, virus sort de son sommeil et rede-
douloureux – apparaissent entre 2 vient actif :
qui existe sous deux formes : et 20 jours après la contagion. Chez
● Quand les lésions sont appa-
● Le HSV-1 est principalement l’homme, les vésicules sont sur le
rentes : c’est le moment où le risque
transmis de bouche à bouche et il pénis ; chez la femme, sur la vulve,
de contamination est le plus élevé.
infecte généralement les enfants ce qui s’accompagne souvent d’une
Il faut donc éviter les contacts
dès le plus jeune âge à l’occasion de rétention des urines. Parfois, les
bouche à bouche ou uro-génitaux
baisers donnés par leur entourage. vésicules s’installent sur l’anus, les
en cas d’herpès labial. En cas d’her-
pès génital, si le préservatif réduit le
risque, il ne l’élimine pas totalement :
Comment le virus s’endort-il ? des zones de peaux non couvertes
Le virus est un parasite et sa sur- Durant le temps de latence, le permettent encore au virus de se
vie dépend de sa capacité à infec- virus n’est pas exactement inactif : propager. Il n’y a pas d’autre choix
ter une cellule qui lui assure gîte il a pour règle de ne pas être détecté que de cesser les relations sexuelles
et couvert pour se répliquer. Les par les radars du système immu- tant que les lésions ne sont pas gué-
virus de l’herpès doivent donc pé- nitaire. Pour ce faire, il développe ries, et même les 7 jours suivants, car
nétrer des cellules hôtes, au cœur des tactiques de camouflage et le risque d’excrétion virale demeure
desquelles ils prolifèrent, puis ils des stratégies afin d’empêcher la
cessent leur activité et se mettent
particulièrement élevé5.
cellule qui l’abrite de mourir, sa
en sommeil dans les ganglions ner- ● Quand on a des signes annon-
propre survie dépendant de celle
veux du territoire de l’infection. ciateurs d’une poussée  : ce sont
de son hôte. L’élément essentiel
Telle la Belle au bois dormant atten- de son camouflage, c’est d’injecter
des signes que le virus se réveille.
dant le baiser du Prince Charmant, Or, au cours des 7 jours précédant
dans le noyau de la cellule hôte
ils n’attendent que le moment pro- une poussée d’herpès, il est déjà
un fragment de son génome qui
pice pour sortir de leur torpeur, susceptible de contaminer autrui.
se réactiver et infester d’autres mime l’ADN humain.
cellules. C’est très malin, car ainsi le gé-
Il est indispensable d’apprendre à
nome viral reste protégé et n’a reconnaître ce qui s’annonce : des
À ce moment-là surviennent les
poussées d’herpès ou les excrétions pas besoin de pénétrer le noyau picotements, des démangeaisons
asymptomatiques de virus, ce qui à chaque réactivation, ce qui lui ou des sensations de brûlure autour
provoque la transmission du virus évite de déclencher de nombreux de la bouche, de la zone génitale. En
à d’autres personnes. signaux antiviraux. réalité, tout signe inhabituel au ni-
veau des organes génitaux ou des
2. Bradley H, Markowitz LE, Gibson T, et al. « Seroprevalence of herpes simplex virus types 1 and 2 » — United States, 1999–2010. J Infect Dis 2014; 209(3):325–333
3. Arduino PG, Porter SR. « Herpes Simplex Virus Type 1 infection: overview on relevant clinico-pathological features ». J Oral Pathol Med. 2008;37(2):107-121. doi:10.1111/j.1600-0714.2007.00586.x
4. Sen P, Barton SE. « Genital herpes and its management ». BMJ. 2007;334(7602):1048-1052. doi:10.1136/bmj.39189.504306.55
5. Anna Wald, M.D., M.P.H., Judith Zeh, Ph.D., Stacy Selke, M.A., Rhoda L. Ashley, Ph.D., and Lawrence Corey, M.D. « Virologic Characteristics of Subclinical and Symptomatic Genital Herpes Infections » - September 21, 1995 - N Engl
J Med 1995; 333:770-775 - DOI: 10.1056/NEJM199509213331205

s eptemb r e 2 0 2 0  •  n°1 6 8 13
 À LA
LE DOSSIER
UNE DU MOIS

douleurs lancinantes dans les jambes

ou le bassin peut signaler l’activité Des complications graves, mais rares
du virus.
● L’herpès oculaire : la plupart du Le danger est particulièrement
● Quand le virus est en mode temps, il s’agit d’une infection à élevé quand la mère a été conta-
d’excrétion asymptomatique : cela HSV-1 qui, d’une banale conjonc- minée par le virus durant les
signifie que le virus est suffisamment tivite, peut s’étendre à la cornée. derniers mois de sa grossesse. Cela
actif à la surface de la peau, mais pas Il faut éviter de porter le doigt de concerne 1 naissance sur 10 0008.
assez pour déclencher des signes la bouche aux yeux quand le virus ● L’herpès et le VIH (sida) : il existe
ou une poussée6. Il s’agit du mode est actif. des interactions entre le virus HSV-2
de transmission majeur de l’her- ● L’herpès néo-natal : c’est la et celui du VIH. D’une part, l’in-
pès génital. Ces moments où l’on complication la plus grave qui fection HSV-2 multiplie par 3 le
survient lorsqu’une mère por- risque de contracter une infection
est contagieux sans pouvoir s’en
teuse du HSV-2 transmet le virus à VIH ; d’autre part, les personnes
rendre compte pourraient repré- à son enfant au moment de l’ac- infectées par le VIH sont plus sen-
senter jusqu’à 20 % du temps sur couchement. Il est susceptible de sibles à l’infection par le HSV-2
une année. Il est impossible de s’en provoquer de graves lésions cuta- et leurs symptômes sont plus fré-
prémunir totalement, mais il est im- nées et cérébrales chez l’enfant. quents et plus graves9.
portant de savoir que le risque est
multiplié par 3 au cours des 3 pre-
miers mois suivant une première la situation et conduire à des réci- les rayons UV ou à la réactivation
infection, et qu’il demeure particu- dives fréquentes10. Plusieurs études directe du virus14.
lièrement élevé durant toute l’année ont également trouvé des liens entre Il est donc préférable de limiter
suivante. Ensuite, l’excrétion virale la détresse émotionnelle et les pous- les longues expositions au soleil et
a tendance à diminuer, l’organisme sées d’herpès11. d’utiliser une crème protectrice in-
fabriquant des anticorps pour com-
Cela montre combien il est impor- dice 30, en particulier sur les lèvres
battre le virus7.89
tant de dormir suffisamment, d’avoir et autour15.
une alimentation équilibrée et de La fièvre et la baisse
Que faire pour éviter faire de l’exercice régulièrement. Ce d’immunité
les poussées ? sont les éléments de base qui nous
La fièvre est connue pour être un
permettent d’être moins vulnérables
Qu’il s’agisse de l’herpès labial
ou génital, rien ne permet de
au stress. On y ajoute les techniques
déclencheur des poussées d’herpès :
pendant que l’organisme se mobi-
de bien-être que l’on souhaite : mé-
prédire quand le virus se réveille- lise pour combattre une infection,
ditation, cohérence cardiaque, yoga,
ra et s’il provoquera une nouvelle il peut en laisser passer une autre.
massages, groupes de paroles de De même, la chimiothérapie ou le
poussée. Cependant, certains
malades, etc. VIH, qui compromettent le système
déclencheurs qui affaiblissent le sys-
tème immunitaire ont été identifiés : L’exposition au soleil et les UV immunitaire, s’associent plus facile-
ment aux flambées d’herpès.
Le stress et la fatigue nerveuse Plus de 10  % des personnes por-
Il existe une forte corrélation entre teuses de HSV-1 développent une L’approche des règles
le stress et les poussées d’her- poussée après une exposition au Plusieurs études ont montré que
pès. Le stress affaiblit les défenses soleil et les éruptions sont plus fré- certains aspects immunitaires de
immunitaires, ce qui favorise la quentes en été12. L’ensoleillement l’appareil génital féminin étaient sous
réactivation du virus. La durée et peut provoquer tout aussi bien des le contrôle des hormones sexuelles
l’intensité du stress semblent avoir poussées d’herpès labial que géni- et que ces hormones influençaient
de l’importance et c’est surtout le tal 13. Cela est dû à la suppression la sensibilité aux maladies sexuelle-
stress chronique qui paraît aggraver du système immunitaire induite par ment transmissibles, dont l’herpès16.
6. Tronstein E, Johnston C, Huang ML, Selke S, Magaret A, Warren T et al. « Genital shedding of herpes simplex virus among symptomatic and asymptomatic persons with HSV-2 infection ». JAMA 2011 ; 305 : 1141-9
7. David M. Koelle, MD, Jacqueline Benedetti, PhD, Andria Langenberg, MD, Lawrence Corey, MD - « Asymptomatic Reactivation of Herpes Simplex Virus in Women after the First Episode of Genital Herpes » - https://doi.
org/10.7326/0003-4819-116-6-433
8. https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/herpes-simplex-virus
9. Baeten JM, Strick LB, Lucchetti A et al. (2008) « Herpes simplex virus (HSV)-suppressive therapy decreases plasma and genital HIV-1 levels in HSV-2/HIV-1 coinfected women: a randomized, placebo-controlled, cross-over
trial ». Journal of Infectious Diseases 198, 1804–1808
10. Cohen F, Kemeny ME, Kearney KA, Zegans LS, Neuhaus JM, Conant MA. « Persistent Stress as a Predictor of Genital Herpes Recurrence ». Arch Intern Med. 1999;159(20):2430–2436. doi:10.1001/archinte.159.20.2430
11. Stock C, Guillen-Grima F, de Mendoza JH, Marin-Fernandez B, Aguinaga-Ontoso I, Kramer A. « Risk factors of herpes simplex type 1 (HSV-1) infection and lifestyle factors associated with HSV-1 manifestations ». European journal
of epidemiology. 2001;17(9):885-890
12. Ichihashi M, Nagai H, Matsunaga K. « Sunlight is an important causative factor of recurrent herpes simplex ». Cutis. 2004;74(5 Suppl):14-18
13. John J. Perna,Margaret L. Mannix,James F. Rooney,Abner Louis Notkins,Stephen E. Straus - « Reactivation of latent herpes simplex virus infection by ultraviolet light: A human model » - Journal of the American Academy of Dermatology
- DOI: https://doi.org/10.1016/S0190-9622(87)70232-1
14. Vittorio Mazzarello, Marco Ferrari, Stefano Decandia and Maria Alessandra Sotgiu - « Sunlight and Herpes Virus » - Submitted: September 6th 2018 - Reviewed: November 21st 2018Published: December 19th 2018 - DOI: 10.5772/
intechopen.82643
15. Mazzarello V, Ferrari M, Piu G, Pomponi V, Solinas G. « Do sunscreen prevent recurrent Herpes labialis in summer? » The Journal of dermatological treatment. 2019;30(2):179-182
16. Micks E, Son H, Magaret A, Selke S, Johnston C, Wald A. « The Effect of Hormonal Contraception and Menstrual Cycle Timing on Genital Herpes Simplex Virus-2 Shedding and Lesions ». Sex Transm Dis. 2019;46(1):58-62.
doi:10.1097/OLQ.0000000000000907

14 sep t embre 2020 • n °1 6 8

 LE DOSSIER ÀDU
LAMOIS
UNE

  Existe-t-il
des remèdes ● La lysine : le virus a besoin ● Le zinc : le niveau de zinc dans l’or-
anti-herpès ? de grandes quantités d’arginine, ganisme tend à diminuer avec l’âge,
sachant qu’un déficit a tendance à
un acide aminé, pour se répliquer
À ce jour, aucun médicament ne
permet d’éradiquer le virus.
correctement. Son antagoniste, la dérégler le système immunitaire.
La carence en zinc est associée à un
lysine, un acide aminé essentiel,
Tuer le virus reviendrait à tuer les rend la réplication difficile 19. Une risque accru d’infections virales23.
cellules hôtes, ce qui ne l’empêche- Un niveau suffisant de zinc permet
supplémentation de 1 à 3 grammes
ra pas de rester en sommeil dans d’induire des perturbations dans la
par jour de lysine serait efficace pour
le système nerveux. Aucun vaccin réplication des virus HSV-1 et 2 ;
ne permet non plus de prévenir le réduire la récurrence et la gravité
il peut réduire le taux d’excrétion
HSV-1 et le HSV-2. Les médecins des poussées, voire pour accélérer la
virale et empêche l’entrée du virus
utilisent certains médicaments qui cicatrisation, et encore plus en adop-
dans les cellules. Enfin, il protège
permettent de traiter les crises, dont tant un régime pauvre en arginine20.
des infections labiales et vaginales24.
un antiviral, l’Aciclovir, empêchant – Aliments sources de lysine à pri-
Il est conseillé de vérifier son statut
la réplication du virus17. Cependant, vilégier : morue, bacon, persil, veau, sanguin en zinc, à défaut de ne pas
les scientifiques ont découvert que parmesan, thon, bœuf, fromage, dépasser la dose de 15 mg par jour.
les virus ont tendance à mélanger tempeh, lentilles, tofu, etc. – Aliments les plus riches en zinc :
leur matériel génétique et à se re- – Aliments sources d’arginine à li- huîtres, germes de blé, foie de veau,
combiner. Le HSV-2, en particulier, miter : chocolat, bière, cacahuète, bœuf, shiitakes, etc.
continue à évoluer en acquérant noix de cajou, orge, pois, etc.
des gènes de HSV-1, ce qui peut le INFOS PRODUITS
rendre résistant aux médicaments INFOS PRODUITS Zinc (Le Stum) : https://www.
antiviraux actuels18. L-lysine 1000 mg (Solgar) : labo-lestum.fr – 02 97 88 15 88
En outre, les médicaments ne sont pharmacies, boutiques bio Zinc granions (Laboratoire des
utiles que pour agir sur les manifes- L-lysine 500 mg (Supersmart) : Granions) : pharmacies
tations du virus, qui de toute façon https://www.supersmart.com/fr
finissent par se calmer d’elles-mêmes. ● Les probiotiques : une bonne
● La vitamine  C  : ce puissant an- santé intestinale favorise la fonction
Le mieux est encore de prendre
tioxydant est naturellement doté de immunitaire et l’activité antivirale25.
toutes les mesures nécessaires pour
éviter la contagion et d’adopter des propriétés antivirales qui pourraient Certaines souches semblent ca-
stratégies naturelles pour réduire la inhiber, dans une certaine mesure, pables d’améliorer les symptômes
fréquence et la gravité des poussées. la réplication du HSV-121. Avec une et de raccourcir la durée de l’infec-
dose de 2 g par jour, la vitamine C tion herpétique, mais on manque
Généralement, les premières pous- peut réduire de moitié le risque de encore de preuves scientifiques26.
sées d’herpès sont les pires. Ensuite,
récidive22. Le meilleur levier est de consom-
le système immunitaire améliore ses
– Les aliments les plus riches en mer quotidiennement des aliments
réponses pour combattre le virus.
vitamine C : goyave, poivron rouge riches en probiotiques :
L’herpès se manifeste alors lorsque
et jaune cru, cassis, chou frisé, citron, – Les aliments fermentés : légumes
les défenses immunitaires sont in-
poivron vert, brocoli cru, kiwi, etc. lacto-fermentés (choucroute crue),
capables d’empêcher l’infection de
yaourts si vous les tolérez, olives,
se réactiver. Par conséquent, tout
ce qui participe à la bonne santé im- INFOS PRODUITS kéfirs de fruits ou de lait, kombuchas
munitaire aide à prévenir les crises. QuantavitC forme liposomale ● Les aliments à éviter  : certains
Pour accélérer la bonne tolérance (Phytoquant) : https://www. aliments peuvent augmenter l’in-
au virus et le maintenir en sommeil, phytoquant.net – 0 805 11 03 27 flammation, affaiblir les défenses
certains nutriments tiennent une Vitamine C liposomale (Solaray) : immunitaires et aggraver l’irritation
place importante : boutiques bio de la peau :
17. Patel R, Kennedy OJ, Clarke E, et al. 2017 « European guidelines for the management of genital herpes ». International journal of STD & AIDS. 2017;28(14):1366-1379
18. Amanda M Casto, Pavitra Roychoudhury, Hong Xie, Stacy Selke, Garrett A Perchetti, Haley Wofford, Meei-Li Huang, Georges M G M Verjans, Geoffrey S Gottlieb, Anna Wald, Keith R Jerome, David M Koelle, Christine Johnston,
Alexander L Greninger, « Large, Stable, Contemporary Interspecies Recombination Events in Circulating Human Herpes Simplex Viruses », The Journal of Infectious Diseases, Volume 221, Issue 8, 15 April 2020, Pages 1271–
1279, https://doi.org/10.1093/infdis/jiz199
19. Tomblin FA, Jr., Lucas KH. « Lysine for management of herpes labialis. American journal of health-system pharmacy: AJHP: official journal of the American Society of Health-System Pharmacists ». 2001;58(4):298-300, 304
20. Mailoo VJ, Rampes S. « Lysine for Herpes Simplex Prophylaxis: A Review of the Evidence ». Integrative medicine (Encinitas, Calif). 2017;16(3):42-46
21. Wang K, Jiang H, Li W, Qiang M, Dong T, Li H. « Role of Vitamin C in Skin Diseases ». Front Physiol. 2018;9:819
22. Kim GN, Yoo WS, Park MH, et al. « Clinical Features of Herpes Simplex Keratitis in a Korean Tertiary Referral Center: Efficacy of Oral Antiviral and Ascorbic Acid on Recurrence ». Korean J Ophthalmol. 2018;32(5):353-360
23. Read SA, Obeid S, Ahlenstiel C, Ahlenstiel G. « The Role of Zinc in Antiviral Immunity ». Adv Nutr. 2019;10(4):696-710
24. Bourne N, Stegall R, Montano R, Meador M, Stanberry LR, Milligan GN. « Efficacy and toxicity of zinc salts as candidate topical microbicides against vaginal herpes simplex virus type 2 infection ». Antimicrob Agents
Chemother. 2005;49(3):1181-1183. Fernandez-Romero JA, Abraham CJ, Rodriguez A, et al. « Zinc acetate/carrageenan gels exhibit potent activity in vivo against high-dose herpes simplex virus 2 vaginal and rectal
challenge ». Antimicrob Agents Chemother. 2012;56(1):358-368
25. Kanauchi O, Andoh A, AbuBakar S, Yamamoto N. « Probiotics and Paraprobiotics in Viral Infection: Clinical Application and Effects on the Innate and Acquired Immune Systems ». Curr Pharm Des. 2018;24(6):710-717
26. Mohseni AH, Taghinezhad SS, Keyvani H, Ghobadi N. « Comparison of Acyclovir and Multistrain Lactobacillus brevis in Women with Recurrent Genital Herpes Infections: a Double-Blind, Randomized, Controlled Study ». Probiotics
and antimicrobial proteins. 2018;10(4):740-747

s eptemb r e 2 0 2 0  •  n°1 6 8 15
 À LA
LE DOSSIER
UNE DU MOIS

– Le sucre ajouté : sodas, yaourts propriétés anti-infectieuses, anti­ mais moins efficace et il faudra
aromatisés, céréales du petit déjeu- virales et cicatrisantes reconnues29. adopter l’usage du préservatif, qui
ner, etc ; Elle réduit de 98 % la présence du diminue à lui seul de 50 % le risque
– L’alcool ; virus sur les lésions labiales et de de transmission34, éventuellement
– Les aliments industriels. 93 % sur les lésions génitales30. combiné aux autres méthodes de
● La vitamine  D joue un rôle clé ● La propolis a une activité anti­ protection.
dans le système immunitaire et elle inflammatoire et anti-HSV démon- ● Si un partenaire souffre d’herpès
peut aider à lutter contre les pous- trée31. Elle inhibe la réplication de génital : le virus demeure transmis-
sées d’herpès27. De faibles niveaux HSV-1 et HSV-2 32. En outre, l’ap- sible en dehors des poussées, même
sanguins de vitamine D sont associés plication de baumes à la propolis si le risque est faible. Le port du pré-
à des risques accrus de développer augmente le taux de guérison de servatif est donc recommandé pour
l’herpès buccal ou génital28. l’herpès labial et génital, avec une limiter encore le risque.
efficacité supérieure au médicament
de référence, Aciclovir33.
Soigner les lésions L’herpès et la maladie
localement d’Alzheimer
Comment aimer avec
Pour améliorer la guérison
d’un herpès, voici ce qui vous
le virus ? U ne théorie soutient que les
virus jouent un rôle dans le
permet de vous débarrasser des
symptômes et de la douleur :
I
l est parfaitement possible
pour un porteur du virus de
développement de la maladie d’Al-
zheimer. Plusieurs études ont déjà
vivre une relation amoureuse pleine établi des corrélations frappantes
● Évitez de toucher la lésion et la-
et heureuse. De nombreux couples entre Alzheimer et certains types
vez-vous les mains après chaque
dont l’un et/ou l’autre des par- d’Herpes simplex et des travaux épi-
soin.
tenaires souffre d’herpès ont des démiologiques ont montré que les
● N’embrassez personne en cas de relations sexuelles épanouissantes personnes infectées par l’herpès
bouton de fièvre, ne partagez pas sans pour autant se transmettre le avaient plus de risques de dévelop-
votre verre ou les ustensiles en virus. per la maladie d’Alzheimer 35. Plus
contact avec la bouche (brosse à l’infection est sévère, plus le risque
dents, baume à lèvres, etc.). Le principe est toujours d’éviter les s’élève et, à l’inverse, le fait de soi-
● En cas de douleurs, essayez d’ap- rapports intimes au moment où le gner les infections divise le risque
pliquer de la chaleur : une serviette virus est actif, en particulier pendant par 10. Une autre étude réalisée post
trempée dans de l’eau chaude et es- et autour des poussées. mortem a observé que le cerveau
sorée ou prendre un bain chaud. Les recommandations en fonction des personnes décédées et atteintes
d’Alzheimer contenait 2 fois plus de
● Attention aux serviettes de bain : des différents cas de figures :
virus que les autres36. D’autres tra-
utilisez une serviette différente pour ● Si les partenaires sont porteurs du
vaux sont nécessaires pour préciser
le visage et les parties génitales pour même type de virus, cela assure une
le rôle du virus, mais cela encourage
éviter toute contamination. grande protection car l’organisme
grandement à freiner la contagion et
● Utilisez 1 goutte d’huile essen- a déjà développé des anticorps, et
à utiliser des traitements pour dimi-
tielle de tea tree Melaleuca alternifolia, les possibilités de transmission sont
nuer sa réplication.
à appliquer à l’aide d’un coton tige très réduites. Dans ce cas, des pré-
3 à  5 fois par jour sur les parties cautions d’hygiène de base (comme Annie Casamayou
concernées par les lésions buccales. le lavage des mains quand on touche Naturopathe
Cette plante est douce pour la peau, une zone où le virus est actif) sont www.mon-naturopathe.com
mais préférez la diluer dans un peu suffisantes.
d’huile végétale pour les applications ● Si les partenaires sont porteurs
sur les zones génitales. L’huile es- d’un virus de type différent, la bar-
sentielle d’arbre à thé présente des rière des anticorps est présente,
27. Lin LY, Bhate K, Forbes H, Smeeth L, Warren-Gash C, Langan S. « Vitamin D deficiency or supplementation and the risk of human herpesvirus infections or reactivation: a systematic review protocol ». BMJ open. 2019;9(10):e031867
28. Oztekin A, Oztekin C. « Vitamin D Levels in Patients with Recurrent Herpes Labialis ». Viral Immunol. 2019;32(6):258-262
29. Carson CF, Hammer KA, Riley TV. « Melaleuca alternifolia (Tea Tree) oil: a review of antimicrobial and other medicinal properties ». Clin Microbiol Rev. 2006;19(1):50-62. doi:10.1128/CMR.19.1.50-62.2006
30. Schnitzler, P., Schon, K. and Reichling, J. (2001) « Antiviral activity of Australian tea tree oil and eucalyptus oil against herpes simplex virus in cell culture ». Pharmazie 56, 343–347
31. Schnitzler P, Neuner A, Nolkemper S, et al. « Antiviral activity and mode of action of propolis extracts and selected compounds ». Phytother Res. 2010;24 Suppl 1:S20-28
32. Yildirim A, Duran GG, Duran N, et al. « Antiviral Activity of Hatay Propolis Against Replication of Herpes Simplex Virus Type 1 and Type 2 ». Med Sci Monit. 2016;22:422-430
33. Arenberger P, Arenbergerova M, Hladikova M, Holcova S, Ottillinger B. « Comparative Study with a Lip Balm Containing 0.5% Propolis Special Extract GH 2002 versus 5% Aciclovir Cream in Patients with Herpes Labialis in the
Papular/Erythematous Stage: A Single-blind, Randomized, Two-arm Study ». Current therapeutic research, clinical and experimental. 2018;88:1-7
34. Martin ET, Krantz E, Gottlieb SL, et al. « A pooled analysis of the effect of condoms in preventing HSV-2 acquisition [published correction appears in Arch Intern Med ». 2010 Jun 14;170(11):929]. Arch Intern Med. 2009;169(13):1233-
1240. doi:10.1001/archinternmed.2009.177
35. Itzhaki RF, Lathe R. «Herpes Viruses and Senile Dementia: First Population Evidence for a Causal Link ». J Alzheimers Dis. 2018;64(2):363-366. doi:10.3233/JAD-180266
36. Ben Readhead and all. « Multiscale Analysis of Independent Alzheimer’s Cohorts Finds Disruption of Molecular, Genetic, and Clinical Networks by Human Herpesvirus » Published:June 21, 2018DOI:https://doi.org/10.1016/j.
neuron.2018.05.023

16 sep t embre 2020 • n °1 6 8

 INFOS SUR LA SANTÉ NATURELLE

Une activité physique Du yoga contre les maux

modérée prévient de tête ?
les risques d’apnée
du sommeil D es chercheurs indiens ont mis en lumière les bienfaits
du yoga sur la douleur et la prise d’antidouleurs.
L’étude 3 comparait l’effet synergique du yoga et des
médicaments à un traitement antidouleur seul pendant
S i vous êtes concerné par des ronflements, de la
fatigue, de la somnolence ou de l’irritabilité, vous
souffrez peut-être d’apnée du sommeil. Cette pathologie
3 mois. Pour cela, 114 personnes souffrant de maux de
tête épisodiques (entre 4 et 14 céphalées par mois), ont
été suivies, réparties en deux groupes :
largement sous-diagnostiquée nuit pourtant significati-
vement à la qualité du sommeil et présente des risques • Un groupe test qui a appris les postures de yoga grâce
très sérieux : accidents de la route, troubles cardio et à trois séances hebdomadaires le premier mois ; puis qui
cérébrovasculaires, Alzheimer, hypertension artérielle… a pratiqué, les deux mois suivants, une heure de yoga, cinq
jours dans la semaine en toute autonomie.
Mais, d’après une étude récente 1, basée sur plus de
• Un groupe témoin, qui a suivi un traitement conven-
155 000 adultes, une légère augmentation de l’activité
tionnel pendant trois mois. Leur journal de bord a permis
physique quotidienne correspondrait à une baisse de
de suivre la fréquence des maux de tête, leur intensité, la
10  % du risque d’apnée du sommeil ! Ainsi, les cher-
durée des crises et la quantité de médicaments utilisée.
cheurs canadiens conseillent, de marcher 20 minutes de
plus par jour, et de faire 8 minutes de sport énergique Sur la base de ces données, les chercheurs ont constaté
supplémentaire. une réduction de 48 % des maux de tête chez les prati-
Cette observation renforce l’importance de l’activité quants de yoga, contre seulement 12 % pour le groupe
physique dans la prévention et le traitement de l’apnée témoin. Le yoga a non seulement réduit la fréquence et
du sommeil. En effet, en favorisant la perte de poids et l’intensité des céphalées, mais il a aussi permis de réduire
de gras abdominal, il a déjà été démontré que le sport de presque 50 % le recours aux antidouleurs.
permettait de réduire l’indice d’apnée hypopnée (IAH), En effet, les postures de yoga améliorent la souplesse
une échelle permettant de mesurer l’intensité de l’apnée des muscles, des articulations (arthrose, mal de dos…) et
du sommeil. Une baisse de 10 % de l’IMC (indice de masse stimulent la circulation veineuse : autant de mécanismes
corporelle) réduirait ainsi de 26 % la sévérité de l’apnée qui peuvent atténuer la douleur.
du sommeil2 !

Pourrait-on prévenir les risques de diabète de type 2

dès 8 ans ?
L e diagnostic de diabète de type 2 tombe souvent après
40 ans.
À 8 ans, ces patients ont un plus faible taux de cholestérol
HDL (lipoprotéine de haute densité, couramment consi-
dérée comme le « bon » cholestérol). À 16 ans, ces mêmes
Mais des chercheurs de l’université de Bristol4 ont ré-
patients ont toujours un taux plus faible de cholestérol
cemment découvert que l’on pouvait identifier des signes
HDL, mais aussi un taux plus important de cholestérol
avant-coureurs de ce diabète chez des enfants de 8 ans,
LDL (lipoprotéine de très basse densité, considérée à l’in-
soit bien avant que la maladie ne se déclare !
verse comme du « mauvais » cholestérol). Par ailleurs, les
En se penchant sur les cas de 4 000 personnes nées au niveaux d’inflammation étaient plus élevés.
début des années 1990 et suivies pendant 25 ans, les
Cela ne veut pas dire que ces enfants vont forcément
chercheurs ont pu relier les profils des adultes devenus
déclarer un diabète de type 2, mais simplement que les
diabétiques avec les prélèvements qu’ils avaient effec-
subtiles différences dans leur métabolisme les rendent
tués sur eux dès l’enfance. Ils les ont ensuite comparés
plus vulnérables à cette maladie plus tard. Les décou-
avec ceux des adultes qui étaient restés en bonne santé.
vertes de cette étude pourraient ainsi contribuer à mieux
Les chercheurs ont pu identifier des marqueurs précoces prévenir le diabète.
pouvant annoncer un diabète de type 2.

1. Hall Ka, et al., « Physical activity is associated with reduced prevalence of self-reported obstructive sleep apnea in a large, general population cohort study », 2020, Journal of Clinical Sleep Medecine, https://doi.org/10.5664/jcsm.8456
2. Peppard Pe, Young T, Palta M, Dempsey J, Skatrud J, « Longitudinal Study of Moderate Weight Change and Sleep-Disordered Breathing », JAMA, 2000;284(23):3015–3021, https://doi.org/10.1001/jama.284.23.3015
3. Kumar A, et al., « Effect of yoga as add-on therapy in migraine (CONTAIN): a randomized clinical trial », Neurology, May 2020, 94 (21) e2203-e2212, https://doi.org/10.1212/WNL.0000000000009473
4. Bell Joshua A., et al., « Early metabolic features of genetic liability to type 2 diabetes: cohort study with repeated metabolimics across early life », American Diabetes Association, avril 2020, doi: https://doi.org/10.2337/dc19-2348

s eptemb r e 2 0 2 0  •  n°1 6 8 17
 À LA UNE DE PATIENT
PARCOURS

Les jumelles qui ont adapté

le diabète de type 1 à leur vie
Alors que l’épidémie de Covid-19 les désigne comme « personnes à risques »,
Anne et Élise, loin d’accepter ce fatalisme, scandent inlassablement l’antienne
suivante : « On n’adapte pas sa vie au diabète, mais le diabète à sa vie ! » Ces
jumelles marseillaises de 28 ans, fondatrices de la chaîne YouTube Diab’Aide,
aux 13 500 abonnés, ont réussi à apprivoiser la maladie pour devenir « comme
tout le monde » !

insulines alors disponibles sur le

marché, dites d’action lente, durent
environ douze heures et supposent
d’adapter l’alimentation des jumelles
aux doses invariablement injectées.
Anne et Élise sont bien sûr privées
de sucre et de gâteaux. Exit égale-
ment les vacances en colo ou les
classes vertes : « Quand nous étions
en primaire, nous n’en avons jamais
fait ! », déplore Anne.

Diab’Aide , la chaîne youtube d’Anne et Élise Diab’Aide compte aujourd’hui plus de 13 000 abonnés et propose
200 vidéos de vulgarisation autour du diabète, de son traitement et de son fonctionnement
T otalisant à elles deux pas
moins de 42 ans de diabète,
Anne et Élise connaissent tout de
leur pathologie. Elles ont donc dé-
cidé de faire partager leur expertise
le plus largement possible. À l’âge
de 5 ans, c’est Anne qui, la première,
se voit diagnostiquée : lors de va-
cances en famille à la montagne, la
fillette assoiffée fait continuelle-
ment pipi au lit. Inquiets de la voir
amaigrie et fatiguée, ses parents fi-
nissent par appeler les pompiers.
Anne est emmenée à l’hôpital le
plus proche, qui lui diagnostique un
diabète de type  1. «  Je n’ai pas de
souvenirs d’avant le diabète, explique-
t-elle, c’est comme si c’était la couleur
de mes cheveux ou de mes yeux, cela
fait partie de moi ! » Pour Élise, les
choses sont différentes. Ce n’est que
trois ans plus tard que ses parents,
informés du risque important de la
voir contracter la même pathologie
que sa sœur, s’inquiètent des quan-
tités d’eau excessives absorbées
par leur petite fille. Ils décident de
lui faire une simple glycémie, qui
permet de poser le diagnostic. « La
découverte fut bien sûr violente, car on
comprend que c’est une maladie que
l’on aura toute sa vie, mais d’une cer-
taine manière, j’étais contente d’être
enfin comme ma sœur ! »
L’artillerie lourde
À l’époque, le diabète était traité
de façon tout à fait différente
d’aujourd’hui : enfants, les jumelles
reçoivent la visite d’une infirmière
qui leur fait deux piqûres par jour,
tandis que leurs parents pèsent tous
les aliments qu’ils leur donnent afin
que les glucides absorbés soient
adaptés aux doses fixes d’insuline
injectées aux fillettes. C’est que les
Une nouvelle
philosophie de soins
D epuis, grâce aux nouveaux
traitements, la philosophie de
soins a radicalement changé : avec
l’apparition des insulines d’action
rapide et des stylos à insuline rem-
plaçant les seringues, « nous avons
pu adapter nous-mêmes nos doses d’in-
suline à ce que nous avions dans notre
assiette », explique Élise. Agissant
en quatre heures au lieu de douze
précédemment, ces insulines de
nouvelle génération se révèlent par-
faitement adaptées à leurs repas et
à la digestion. Loin d’être exemptées
d’une alimentation équilibrée, Anne
et Élise sont toutefois soumises à des
restrictions beaucoup moins nom-
breuses qu’auparavant. Et, grâce
au progrès de la médecine connec-
tée, leur qualité de vie n’a, depuis,
jamais cessé de s’améliorer : elles
bénéficient aujourd’hui d’un capteur
sans fil d’une durée de vie de quinze
jours, le FreeStyleLibre, qui, permet-
tant une vérification en continu de
leur glycémie, remplace les quatre

18 sep t embre 2020 • n °1 6 8


à cinq piqûres par jour autrefois né-
cessaires pour mesurer leur taux de
glucose dans le sang. Ce dispositif
particulièrement discret (3,5 cm de
diamètre pour 5 mm d’épaisseur) se
colle au niveau du bras et affiche le ré-
sultat obtenu au moyen d’un lecteur.
Remboursé par la sécurité sociale
en France depuis le 1er juin 2017, ce
capteur coûte 240 euros par mois.
Une dépense non négligeable, qui
permet cependant aux jumelles,
grâce aux données ainsi collectées,
de s’injecter les doses d’insuline
rapide nécessaires. Cela au moyen
d’une pompe directement posée sur
leur peau changeable tous les trois
jours, l’Omnipod. Diffusant de pe-
tites quantités d’insuline d’action
rapide, grâce à une canule (petit
tube), il est piloté par une télécom-
mande ressemblant en tout point à
un smartphone : un gage de discré-
tion ! Aujourd’hui convaincues que
l’on peut vivre tout à fait normale-
ment avec un diabète, Anne et Élise
n’ont pourtant rien oublié du chemin
long et tortueux qui les a menées là
où elles en sont aujourd’hui.
Un long chemin
P etites, « nos parents géraient
tout  », se souviennent-elles
et, malgré une offre de soins encore
sommaire, les jumelles ont une en-
fance à peu près normale. Mais à
l’adolescence, les choses se gâtent.
«  À cet âge-là, clament-elles en
chœur, pour toute maladie chronique,
c’est compliqué ! » Les jouvencelles
testent les limites et, si elles font
bien leurs insulines tous les jours,
elles décrochent en revanche au ni-
veau du suivi médical : elles omettent
notamment de réaliser certaines
glycémies dont elles doivent tenir le
registre quotidien dans des carnets :
«  On allait voir le médecin tous les
3 mois et on remplissait les carnets la
veille pour le lendemain avec de fausses
bonnes glycémies. » Mais à l’hémo-
globine glyquée (HbA1C – la prise
de sang donnant une moyenne de la
glycémie sur 3 mois) que leur impose le
Tour d’horizon du diabète
Avec pas moins de cinq cents mil-
lions de malades dans le monde, les
cas de diabète ont littéralement ex-
plosé au cours des dernières décen-
nies. Si l’on en croit l’Organisation
mondiale de la santé, il devrait se
hisser au rang de septième cause de
décès dans le monde dès 2030. En
France, on dénombre aujourd’hui
médecin à chaque consultation, « on
obtenait 12 %, quand un diabétique
contrôlé se situe normalement autour
de 6,5 % ! » se rappelle Anne. « Nous
ne mesurions pas les risques de glycé-
mies très hautes pour notre santé »,
conclut Élise.
L’ignorance, mère
de tous les maux
O n ne le dit pas assez : à toute
chose, malheur est bon ! En
2011, ce n’est pas la mère, mais le
père des jumelles qui, à son tour, est
diagnostiqué diabétique de type 1.
Immédiatement pris en charge
dans le service d’endocrinologie à
Marseille, leur père trouve là l’occa-
sion de reprendre en main la santé
de ses filles. « Il nous a encouragées
à retourner consulter et nous sommes
tombées sur une équipe médicale qui,
loin de juger les excès que nous avions
pu faire précédemment, nous a ac-
compagnées et appris énormément
de choses sur le diabète. » Prises en
charge par le docteur Raccah, chef
du service d’endocrinologie à l’hôpi-
tal Sainte-Marguerite de Marseille,
les jeunes femmes apprennent, lors
des consultations, comment comp-
ter leurs glucides. Dès lors, elles sont
capables d’adapter elles-mêmes leur
traitement grâce à une méthode dite
d’insulinothérapie fonctionnelle,
permettant de prévenir l’avènement
de complications aiguës et chro-
niques, les hypoglycémies sévères
notamment. Tout en assurant une
vie sociale normale, l’insulinothéra-
pie fonctionnelle vise à reproduire
PARCOURS DEÀPATIENT
LA UNE
plus d’un demi-million de diabé-
tiques de type 1 et 3 millions de
diabétiques de type 2. En Suisse,
500 000 personnes souffrent au-
jourd’hui de diabète, dont 40 000
de type 1. Avec le temps, le diabète
peut endommager le cœur, les vais-
seaux sanguins, les yeux, les reins
et les nerfs.
l’insulinosécrétion naturellement
opérée par le corps. Cela en se cal-
quant sur le fonctionnement du
pancréas avec son débit basal (in-
suline d’action lente qui s’apparente
à l’insuline dont un patient a be-
soin pour stabiliser sa glycémie sur
24 heures et donc pour vivre) et ses
bolus prandiaux (insuline d’action
rapide  : il s’agit de l’insuline pour
manger, nécessaire au moment des
repas ou pour rectifier d’éventuels
écarts réalisés au cours de la jour-
née). En apprenant aux diabétiques
à devenir acteurs de leur traitement,
elle permet une amélioration no-
table de la qualité de vie.
Adapter le diabète
à sa vie
P our cela, l’insulinothérapie
fonctionnelle propose la prise
en compte séparée de l’insuline ba-
sale et de l’insuline prandiale. L’idée
est alors d’adapter les doses de ces
insulines aux différentes situations
de la journée (activité physique,
repas de fête ou même stress) grâce
notamment à des doses d’insuline de
correction et à la détermination de
la quantité de glucides nécessaires
pour prévenir une hypoglycémie.
Ainsi, les inséparables peuvent do-
rénavant faire comme tout le monde.
D’autant plus que, lors des consul-
tations avec l’équipe médicale, elles
apprennent également à dédrama-
tiser leur maladie : « On ne peut pas
mourir d’une hypo ou d’une hyperglycé-
mie ! » leur explique le médecin, dont
le discours tranche drastiquement
s eptemb r e 2 0 2 0  •  n°1 6 8 19
 À LA UNE DE PATIENT
PARCOURS
avec les phrases anxiogènes enten-
dues dans leur enfance. « Petites, on
nous défendait de nous piquer l’index
ou le pouce car, nous disait-on, si nous
devenions aveugles, nous ne pourrions
plus lire le braille ! C’était leur moyen de
sensibiliser les enfants sur le diabète »,
explique Anne. « Depuis, nous avons
appris à relativiser et, dans le même
temps, à nous responsabiliser au sujet
des possibles complications sur le cœur,
les reins, les yeux, en raison d’une mau-
vaise hygiène de vie. »
Diab’Aide
D ès lors, les jeunes femmes se
métamorphosent en bonnes
élèves et ne cesseront plus de
chercher à comprendre le fonction-
nement de leur pathologie pour
mieux arriver à la gérer. Dans leur
vingtaine, alors qu’Anne a décidé
de se tourner vers le métier d’assis-
tante sociale et qu’Élise s’est, elle,
dirigée vers la diététique, les jeunes
femmes se passionnent pour les ré-
seaux sociaux : Facebook, Twitter,
Instagram. Elles sont particulière-
ment attirées par YouTube, où elles
suivent avec délectation les grandes
chaînes à succès généralistes telles
que Enjoy Phoenix ou Norman. Mais
alors, pourquoi pas elles ? Au cours
de ses études, Élise se décide à lan-
cer sa chaîne, Diet’Aide, pour aider
les étudiants en diététique. Dans le
même temps, à la faveur de différents
Diabètes de type 1 et 2 : quelle est
la différence ?
Caractérisé par un excès perma-
nent de sucre dans le sang, le
diabète peut être de type 1 ou de
type 2. Le diabète de type 1, re-
présentant 10 % des cas, est dit
« diabète maigre » : il se caractérise
généralement par un amaigrisse-
ment et touche généralement des
sujets relativement jeunes. En rai-
son de la disparition des cellules
bêta dans le pancréas, il aboutit
à une production insuffisante
20 sep t embre 2020 • n °1 6 8
stages en diététique à l’hôpital où
elle côtoie notamment des diabé-
tiques, elle fait une découverte : « Je
me rends compte que beaucoup de
personnes diabétiques n’ont pas toutes
les informations. » C’est la naissance
de Diab’Aide, qu’elle décide d’abord
de lancer seule en 2014, sans sa
sœur Anne. Ses premières vidéos
ciblant le grand public sont d’ordre
général  : Quelle est la différence
entre les diabètes de type 1 et 2 ?
Comment fonctionne le pancréas ?
Ou encore : qu’est-ce que l’insuline ?
Bref, les vidéos se succèdent et, à
la grande surprise d’Élise, semblent
plaire aux diabétiques, de plus en
plus nombreux à la suivre. Dès lors,
Élise, rejointe par Anne en 2017,
décide de se spécialiser. « Quand on
a rendez-vous avec le médecin, cela ne
dure que 30 minutes, il n’a pas le temps
de nous présenter tout ce qui existe,
parce qu’il y a beaucoup de choses
dans ce domaine ! », explique Anne.
Du pancréas artificiel aux tests de
consommateurs sur l’éventail des
pompes ou des capteurs disponibles
sur le marché, les contenus se font
de plus en plus spécifiques, pour le
plus grand bonheur des followers
de Diab’Aide. Ceux-ci, grâce aux
quelque 200 vidéos réalisées, frisent
aujourd’hui les 13 500 abonnés. En
2018, alors que les jumelles, jamais
à court d’idées, prévoyaient de dé-
velopper des projets pédagogiques
autour du diabète, la chaîne devient
d’insuline, voire à une carence. Il
n’est pas évitable, contrairement
au diabète de type 2, dit « diabète
gras ». Ce dernier, touchant gé-
néralement des sujets matures,
représente la majorité des cas
de diabète dans le monde. Il ré-
sulte d’une mauvaise utilisation
de l’insuline par l’organisme et
est souvent la conséquence de
l’évolution des modes de vie, du
surpoids et de la sédentarité.
une association. Un an plus tard,
alors qu’elles viennent de courir le
marathon de Paris, Anne et Élise
lancent leur première course vir-
tuelle sur 42 km (comme les 42 ans
de diabète qu’elles totalisent à elles
deux) pour prouver aux patients at-
teints de la même pathologie « que
l’on peut tout faire avec un diabète ».
Baptisé « One year, one kilometer »,
ce marathon connecté, réalisé grâce
à des applications de suivi telles
que Strava ou Runtastic, a réuni pas
moins de 1 000 personnes dans le
monde. « Avec un diabète, rien n’est
impossible ! », s’exclame Anne, visi-
blement soucieuse de faire parler
du diabète de type  1, qu’elle juge
injustement méconnu par rapport
au diabète de type 2 : « Il y a encore
trop d’amalgames entre les diabètes de
type 1 et 2, déplore-t-elle, et quand on
parle aux gens de diabète, ils pensent
à leurs grands-parents qui sont morts
amputés des deux pieds  !  » Afin
d’améliorer la connaissance de cette
maladie auprès du grand public, les
jeunes femmes ne comptent pas
s’arrêter là. Une deuxième course
devrait voir le jour en 2020 et les
filles ont déjà mille et un outils édu-
catifs en tête pour faire parler du
diabète, notamment auprès des ado-
lescents. Ces projets, Élise y tient
d’autant plus qu’elle a suivi une for-
mation de patient expert à Marseille.
Son diplôme en poche, elle souhaite-
rait maintenant animer des ateliers
thérapeutiques. Elle y parlera sans
doute des thématiques qui ont fait
leur marque de fabrique : les nou-
velles technologies et les nouveaux
dispositifs thérapeutiques. Parmi
eux, le très attendu pancréas artifi-
ciel, un outil dans lequel le capteur
et la pompe à insuline sont reliés
entre eux par un smartphone, avec
une application qui décide des doses
d’insuline et fonctionne en qua-
si-autonomie. « Il est en cours d’essai
clinique, mais c’est certain, nous allons
l’adopter ! », concluent en chœur ces
championnes du diabète.
Clélia Fortier
 LA RUBRIQUE
À LA
PHYTO
UNE

Tout ce que les camomilles

peuvent pour vous
La camomille, voilà une plante bien connue du grand public et assimilée à la tisane
« pisse-mémé », qui aide à digérer et bien dormir. Quand on emploie le
nom camomille seul, c’est souvent pour désigner la camomille noble.
Il en existe cependant d’autres. Tour d’horizon des trois camomilles :
la romaine, l’allemande et la grande. En tisane, en huile essentielle ou
encore en eau florale, chaque déclinaison a son indication.

Romaine Allemande Grande

Nom latin Chamaemelum nobile Chamomilla recutita Chrysanthellum parthenium
Famille astéracées
Nom commun romaine matricaire partenelle
Partie utilisée fleur fleur plante
Principes actifs majeurs sesquiterpénones, chamazulène, alpha-bisabolol, énolide, camphre, acétate de
angélate d’isobutyle sesquiterpénone chrysanthémyle, flavonoïdes
Forme d’usage tisane, gélule, extrait fluide, macérat huileux, huile essentielle, eau florale
Propriétés majeures digestive, anti-inflammatoire, antimigraineuse
antispasmodique, antiallergique,
antinévralgique, calmante antispasmodique, calmante

En herboristerie, notamment
dans la boutique du Palais-
plantes. Une visite que je vous re-
commande chaleureusement si vous
que je conseille aussi aux enfants en
bas âge, qui l’apprécient beaucoup.
Royal à Paris, la camomille fait bien êtes de passage dans la région. Elle est antispasmodique également,
souvent partie des têtes de vente. ● La camomille romaine est un bel mais encore plus anti-inflammatoire
C’est une plante d’agrément de soi- antispasmodique avec un tropisme que la romaine et pourvue d’une ac-
rée qui jouit d’un usage traditionnel digestif et nerveux bien connu tivité antihistaminique bienfaisante
et culturel bien ancré en France. pour apaiser les digestions dif- en cas d’allergie aux pollens. On
La camomille romaine est une fleur ficiles accompagnées de nausées, l’emploie pour ses vertus digestives
jaune clair, voire blanc crème, en contre les coliques du nourrisson, en
de crampes, de reflux gastrique.
forme de petite boule duveteuse, l’associant aux graines de fenouil, et
Elle rejoint dans ce rôle la menthe
douce au toucher, dont émane un contre les spasmes douloureux des
poivrée, la verveine et la mélisse.
joli parfum. Cependant, elle de- ventres richement nourris. Son infu-
Calmante nerveuse et névralgique,
vient vite amère lorsqu’on l’infuse ; sion est réputée en dernière eau de
la camomille romaine apaise aussi
la durée d’infusion doit être de 3 rinçage pour les chevelures blondes,
les maux de tête, les courbatures, les
à 5 minutes. Elle est la gloire de la dont elle ravive les reflets dorés.
règles douloureuses. On peut donc
commune de Chemillé, en Anjou, qui
la trouver en synergie avec les fleurs On peut faire des macérats hui-
produit la totalité de la camomille
romaine consommée en France. de lavande ou de souci, la menthe leux de ces deux camomilles dans
J’ai eu l’occasion de m’y rendre en poivrée et la partenelle. de l’huile de tournesol en remplis-
2019 et de visiter le jardin botanique ● La matricaire est, quant à elle, une sant de fleurs un flacon en verre ; on
« Camifolia »1, créé en 2008. Celui-ci, bien plus petite fleur : c’est une pe- recouvre d’huile en laissant dépas-
au travers de jardins à thèmes très tite boule jaune de la taille d’un petit ser d’un bon centimètre au-dessus
pédagogiques, nous fait découvrir, pois à l’odeur exquise, mielleuse et des fleurs. On ferme et on laisse
toucher, sentir la camomille romaine, dépourvue d’amertume quand on macérer, idéalement au soleil, pen-
mais aussi 600 autres espèces de l’infuse. C’est ma préférée, et celle dant 3 semaines, avant de filtrer et
1. https://www.jardin-camifolia.com/jardin/histoire

s eptemb r e 2 0 2 0  •  n°1 6 8 21
 À LA
LA RUBRIQUE
UNE PHYTO

d’obtenir une huile efficace pour les pas sans effets sur le foie, organe en journée ou en soirée, en préven-
douleurs articulaires, les lumbagos, auquel il convient de faire attention tion des récidives. En cas de crise,
les rhumatismes, les maux de tête, en cas de maux de tête. En effet, adopter plutôt le litre, à raison de
les peaux et muqueuses irritées (ec- une surcharge hépatique due à 4 cuillères à soupe de ce mélange.
zéma, psoriasis...). une alimentation inadéquate, à la
● La grande camomille, c’est la par- consommation d’alcool ou à l’effet
tenelle, encore surnommée « herbe à de certains médicaments pourra se Ce qu’en dit la
tête ». La légende veut que quiconque manifester par des maux de tête – recherche scientifique
souffrant de migraine se voit immé- manifestation d’ailleurs fréquente
diatement soulagé en marchant dans lorsque les gens pratiquent une Les vertus anxiolytiques de
la camomille romaine 3 en
un chant de partenelles, par le simple détox. En cas de migraine, les trip-
tans sont des médicaments qui huile essentielle sont démontrées4.
fait de respirer ses effluves. D’autres études confirment l’effi-
agissent sur la recapture de la sé-
rotonine. Ce sont des médicaments cacité de son infusion pour mieux
Maux de tête, migraine efficaces, mais forts et non dénués dormir et atténuer les douleurs5. La
matricaire, en tisane ou en extrait
et céphalée d’effets secondaires.
aqueux, montre des effets sédatifs et
En herboristerie, on aura donc une
U n mal de tête, c’est en jar-
gon médical une céphalée. Il approche triple : veiller à un drai-
anxiolytiques6 notables. L’action an-
ticoagulante et anti-inflammatoire
s’agit d’une douleur à la tête, dite nage réparateur du foie, améliorer de son huile essentielle 7 est bien
« en casque » car elle prend le haut la gestion du stress et privilégier une documentée.
du crâne (elle «  prend la tête»  !). approche symptomatique antimi-
graineuse et microcirculatoire. L’usage traditionnel de la partenelle8
La céphalée dure plus ou moins
est également marqué, notamment
longtemps, mais s’estompe géné- Ainsi, on pourrait tout à fait envisa-
en Grèce. Ses propriétés sont nom-
ralement en quelques heures avec ger une formule de tisane associant
du repos et une bonne hydratation. breuses : contre la fièvre (son nom
nos trois camomilles  : la noble et
En revanche, une migraine se situe anglais est d’ailleurs feverfiew), la mi-
l’allemande ont un spectre d’action
en général d’un seul côté de la tête, graine, les maux de tête, l’arthrite, les
nerveux contre le stress, et hépa-
est pulsatile et vous donne l’impres- rhumatismes, les maux d’estomac,
tique pour un drainage en douceur ;
sion que quelque chose bat sous les douleurs dentaires, les piqûres
la partenelle assure une action anti-
votre crâne. Une migraine dure de migraineuse ; le desmodium favorise d’insectes, l’infertilité et la régula-
4 à 72 heures ; elle s’accompagne la réparation hépatique. L’écorce de tion du cycle menstruel. Elle est en
de nausées, voire de vomissements saule blanc, plante dont fut extraite outre emménagogue (elle stimule
et d’une intolérance au bruit et à la l’aspirine, joue un rôle antidouleur l’écoulement des règles), facilite
lumière (on parle de photophobie). souverain (à éviter toutefois en cas le travail lors de l’accouchement,
d’allergie aux dérivés salicylés) ; le calme le psoriasis, l’asthme et l’aller-
La cause du mal de tête peut être gie. Ses actions pharmacologiques
ginkgo biloba2 aussi, car sa compo-
hormonale à l’approche des règles, sont anti-inflammatoires, antis-
sante microcirculatoire est toujours
digestive lorsqu’elle est liée à un pasmodiques, cardiotoniques et
bienvenue ; enfin, la menthe poivrée,
aliment qu’on tolère mal, nerveuse anticancéreuses. Une autre revue9
qui ajoute une note gustative, est un
quand elle générée par le stress, valide l’indication préventive et cura-
stimulant hépatique et un antidou-
les contrariétés, traumatique, enfin, tive des attaques de migraines grâce
leur névralgique.
lorsqu’elle est associée à de précé- au parthénolide de la partenelle et
dents chocs à la tête qui ont laissé 20 g de chacune des plantes forme- son usage séculaire, les effets se-
des séquelles. raient un paquet de 140 g, à faire condaires n’étant que mineurs et
préparer en herboristerie.
Les traitements classiques à base de transitoires. En association avec
paracétamol, de codéine ou d’aspi- Prendre une cuillère à soupe de l’écorce de saule blanc, la partenelle10
rine soulagent sur le moment, mais plantes dans 25 cl d’eau bouillante, exerce un effet neuroprotecteur et
ne traitent pas la cause et ne sont infuser 15 minutes, filtrer et boire préventif des migraines. Une étude

2. Esposito M, Ruberto M, Pascotto A, Carotenuto M, « Nutraceutical Preparations in Childhood Migraine Prophylaxis: Effects on Headache Outcomes Including Disability and Behaviour », Neurol Sci., 2012 Dec;33(6):1365-8, https://
doi.org/10.1007/s10072-012-1019-8, Epub 2012 Mar 23
3. Srivastava JK, Shankar E, Gupta S, « Chamomile: A Herbal Medicine of the Past With Bright Future », Mol Med Rep, 2010 Nov 1;3(6):895-901, https://doi.org/10.3892/mmr.2010.377
4. Setzer WN, « Essential Oils and Anxiolytic Aromatherapy », Nat Prod Commun., 2009 Sep;4(9):1305-16
5. Bethesda MD, « Chamomile, LiverTox: Clinical and Research Information on Drug-Induced Liver Injury », National Institute of Diabetes and Digestive and Kidney Diseases, 2017 Jan 23
6. Viola H, et al., « Apigenin, a Component of Matricaria Recutita Flowers, Is a Central Benzodiazepine Receptors-Ligand With Anxiolytic Effects », Planta Med., 1995 Jun;61(3):213-6, https://doi.org/10.1055/s-2006-958058
7. McKay DL, Blumberg JB, « A review of the bioactivity and Potential Health Benefits of Chamomile Tea (Matricaria recutita L.) », Phytothera Res, 2006 Jul;20(7):519-30, https://doi.org/10.1002/ptr.1900
8. Pareek A, Suthar M, Rathore GS, Bansal V, « Feverfew (Tanacetum Parthenium L.): A Systematic Review », Pharmacogn Rev., 2011 Jan;5(9):103-10, https://doi.org/10.4103/0973-7847.79105
9. Studzińska-Sroka E, Znajdek-Awizeń P, Gawron-GzellaWiad A, « Studies on the Antimigraine Action of Feverfew (Tanacetum Parthenium (L.) Sch. Bip.) », Lek., 2013;66(2 Pt 2):195-9
10. Di Giacomo,V, Ferrante C, et al., « Multiple Pharmacological and Toxicological Investigations on Tanacetum Parthenium and Salix Alba Extracts: Focus on Potential Application as Anti-Migraine Agents », Food Chem Toxicol., 2019
Nov;133:110783, https://doi.org/10.1016/j.fct.2019.110783, Epub 2019 Sep 3

22 sep t embre 2020 • n °1 6 8

 AGENDA
LA RUBRIQUE
À LA
PHYTO
UNE

Stage de sylvothérapie :
en double aveugle 11 contre Spray d’eau florale de matricaire le pouvoir relaxant
placebo a évalué l’efficacité sur les yeux et le visage en de la forêt
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améliorant ainsi notablement dans un litre d’eau froide, Tarif pour deux jours de stage : 70 euros
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ser 10 minutes, filtrer et boire d’un parent)
dans la journée en cas de maux Ce week-end est conçu pour apprendre
Comment l’utiliser ? de tête, céphalée, migraine. les bases de la thérapie par les arbres, dans
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règles douloureuses, allergies, d’emploi 10 personnes maximum, vous pourrez ainsi
douleurs névralgiques. poser toutes vos questions et profiter d’un
● E n h u i l e e s s e n t i e l l e   : E n cas d’allergies aux asté-
racées, les 3 camomilles
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sont interdites. La camomille
solaire et olfaction de 2 gouttes
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rique, en proie à l’énervement). - des producteurs bio et locaux ;
- des artistes et des procédés de création
11. Shrivastava R, et al., « Multiple Pharmacological and Toxicological Investigations on Tanacetum Parthenium and Salix Alba originaux.
Extracts: Focus on Potential Application as Anti-Migraine Agents », Clin Drug Investig., 2006;26(5):287-96, https://doi.
org/10.2165/00044011-200626050-00006 Restauration sur place : plats, desserts,
menus traditionnels et végétariens.
s eptemb r e 2 0 2 0  •  n°1 6 8 23
 À LA
LA CHRONIQUE
UNE DU P R FABIANI
Petite et grande histoire de la
syphilis, ou le mal des autres
Quand on vous annonce que vous avez attrapé la vérole, c’est rarement une
bonne nouvelle. Qu’il s’agisse de la petite comme de la grande ! Car le mot
vérole désigne bien deux maladies distinctes. Si l’on restait dans cette logique,
la petite devrait être plutôt moins grave que la grande. Mais la réalité, comme
toujours en médecine, est un peu plus complexe.
D ans le langage commun, la
vérole désigne en fait la
«  grande vérole  » (qu’on nomme
parfois aussi la « grosse vérole »),
c’est‑à‑dire la syphilis, reine des
maladies vénériennes au cours des
siècles précédents. Quant à la « pe-
tite vérole  », elle n’est pas moins
grave que la grande, tant s’en faut.
Pour tout dire, les deux véroles n’ont
strictement rien à voir, sinon l’éty-
mologie. Car le mot vérole (ou variole
d’ailleurs !) vient du latin variola qui
signifie « petite pustule ». En fait de
petite pustule, la petite vérole est
caractérisée par une terrible pous-
sée de vésicules puis de pustules
confluentes sur tout le corps, alors
que la grosse vérole signe son en-
trée dans l’organisme par un chancre
unique, situé habituellement près du
lieu d’inoculation.
Pour mettre les choses en perspec-
tive, « petite vérole » est le nom qu’on
donne au Moyen Âge à la variole.
Et la variole, c’est tout de même du
sérieux ; cette maladie virale repré-
sente la plus grande tueuse de tous
les temps, toutes catégories confon-
dues. On estime qu’elle est respon-
sable de plus de morts que toutes les
guerres réunies. Aujourd’hui dispa-
rue (sauf peut-être des laboratoires
d’armes bactériologiques, il faut
rester réaliste !), elle a sans doute
tué un quart de la population hu-
maine depuis la création du monde.
Ubiquitaire, elle s’est développée
sur tous les continents. Égalitaire,
elle a touché les manants comme les
rois, les riches comme les pauvres,
sans distinction et sans préférence.
24 sep t embre 2020 • n °1 6 8
Possessive, elle a laissé sa trace in-
délébile, par de profondes cicatrices
sur le visage de tous ses rescapés.
Quant à la grosse vérole, qui nous re-
tient aujourd’hui, son incubation est
silencieuse (entre la contamination
et les premiers symptômes) et dure
en moyenne 3 semaines, mais elle
peut se prolonger jusqu’à 3 mois. Ce
chancre est une lésion rosée, indo-
lore, non inflammatoire, propre, bien
limitée, devenant dure, laissant sor-
tir un liquide clair. Il peut être loca-
lisé au niveau des organes génitaux
(gland, peau des testicules, grandes
lèvres, clitoris, paroi du vagin, col
utérin), mais peut aussi être extra-
génital (lèvres, langue, amygdale,
anus), selon les habitudes sexuelles de
chacun. Détail important : ce chancre
est extrêmement contagieux…
Pour continuer sur la « grande vé-
role », le nom de syphilis qui la désigne
maintenant est utilisé pour la pre-
mière fois par Girolamo Frascatorio
en 1530 dans son ouvrage Syphilis
sive de morbo gallico, dans lequel il
décrit l’histoire d’un berger nommé
Syphilus. Ce dernier aurait été le
premier à contracter la maladie
pour avoir mis en colère les dieux,
schéma classique de la « maladie pu-
nition ». Nous devons l’apparition
en France de ce que tous appellent
encore la «  grosse vérole  » au roi
Charles  VIII et à ses troupes, qui
la rapportèrent de l’expédition de
Naples en 1495. Nommée à l’origine
« le mal de Naples » par les Français,
elle devient rapidement le « mal fran-
çais » pour les Italiens. Le fléau se
répand à la vitesse du cheminement
des troupes, laissant dans chaque
ville le souvenir de leur passage,
sans que personne ne veuille en re-
connaître l’encombrante paternité.
Dès le début, c’est l’horreur. Le mal
frappe donc partout, principalement
les prostituées et les hommes de
troupe, mais aussi les seigneurs et
les bourgeois des villes.
Un prêté pour un rendu
S oyons clairs, la médecine de
l’époque est complètement
impuissante à enrayer le fléau, et
la maladie peut évoluer à son aise.
Chaque pays nouvellement atteint
ne manque pas de donner au nouveau
mal le nom de son voisin, suspecté (le
plus souvent avec raison !) d’avoir
été le contaminateur. Peu de ma-
ladies ont connu des appellations
aussi variées : les Russes parlent du
« mal polonais », les Polonais du « mal
des Allemands », les Allemands du
« mal français » – ce dernier terme
recueillant en outre les suffrages
des Anglais qui le baptisent french
pox. Les Flamands, les Hollandais et
les Maghrébins l’appellent quant à
eux « mal espagnol » ; les Portugais,
«  mal castillan  »  ; tandis que les
Japonais et les habitants des Indes
orientales parlent de « mal portu-
gais »… Dieu reconnaîtra les siens !
Et les Espagnols, que disent-ils ? Ils
ne disent rien, justement. Bizarre,
non ? Étrange silence qui vaut en fait
signature. Vingt ans après son ap-
parition, les chroniqueurs révèlent
en effet que ce sont probablement
 LA CHRONIQUE DU PÀ
R
FABIANI
LA UNE

les hommes de Christophe Colomb,

puis ceux de Cortès, qui ont rapporté
l’agent de la syphilis, le tréponème
pâle, d’Amérique, où l’épidémie sé-
vissait chez les Indiens, donc aussi
chez les Indiennes. N’oublions pas
qu’il s’agit d’une maladie véné-
rienne  ! Pourtant, conformément
aux habitudes du temps, la plupart
des médecins d’Occident expliquent
cette nouvelle maladie par une
conjonction astrale défavorable.
On peut d’ailleurs aborder ici une
question épineuse, mais très instruc-
tive sur la liaison entre la guerre et
la médecine : existe-t-il une relation
entre petite et grosse vérole  ? Si,
d’un point de vue médical, il n’y en a
aucune, l’histoire nous apprend ce-
pendant que les rapports entre ces
deux fléaux furent intimes. Et le récit
ne manque pas de piment… Lorsque
les Espagnols conquirent l’Empire
aztèque en 1518, ce pays comptait
vingt-cinq millions d’habitants. En
1620, il en survivait seulement un
million et demi. Que s’est-il passé ?
Génocide  ? Massacre organisé  ?
Folie meurtrière ? Rien de tout cela.
En débarquant dans le Nouveau Albrecht Dürer fut le premier à représenter un syphilitique. On peut noter au- dessus du personnage
la mauvaise conjonction astrale, qui expliquait à l’époque l’arrivée de la maladie. Le sujet malade est
Monde, Cortès avait transporté un Français, stigmatisant pour cet Allemand les dispensateurs du « mal français » !
dans ses bagages une alliée bien plus
puissante que ses conquistadors et pendant les siècles suivants. C’est Elle se caractérise par la roséole qui
leurs arquebuses : c’était la petite ce qui s’appelle, en langage courant, est constituée de petites taches de
vérole. Elle causera d’immenses rendre la monnaie de sa pièce… couleur rose sur la peau et de cou-
ravages auprès des populations leur rouge sur les muqueuses. C’est
autochtones, dont les organismes la diffusion du tréponème pâle par
étaient totalement vulnérables à ce Une terrible maladie voie sanguine dans tout le corps du
virus, qui leur était complètement malade. On retrouve également au
étranger. Et c’est cette petite vérole D ès 1514, les médecins occiden-
taux, tout particulièrement le niveau du visage et des paumes des
qui a largement contribué à vaincre syphilides, qui sont de petites papules
les Aztèques ! Mais si de nombreux grand médecin et chirurgien génois
brunes très contagieuses. Quant au
Amérindiens moururent à cause des Jean de Vigo, après avoir expliqué
stade tertiaire, il n’apparaît qu’après
virus européens, les Indiennes, dans par les signes du zodiaque la surve-
plusieurs années d’évolution et se
une flamme patriotique vengeresse, nue du mal, commencent à étudier caractérise par l’atteinte des organes
refilèrent aux Espagnols la grande la seule chose qu’ils peuvent envisa- profonds : cœur et aorte, système
vérole, celle du tréponème pâle, ger à l’époque : la description de la nerveux et articulaire. Certaines
bactérie endémique en Amérique et maladie. La syphilis évolue donc en de ces atteintes peuvent causer la
inconnue en Occident. Transmis aux trois phases : après la phase primaire mort du patient après l’apparition
conquistadors, le tréponème débar- d’inoculation, celle du chancre, dont d’infirmités majeures (insuffisance
qua en Europe, transita par Naples, nous avons déjà parlé, se produit lo- cardiaque, anévrismes, paralysie gé-
alors propriété de la Couronne giquement la phase secondaire. Elle néralisée, impotence articulaire…).
d’Espagne, arriva en France par les apparaît plusieurs semaines après Ainsi, la fameuse « neurosyphilis »
guerres d’Italie et décima l’Europe le chancre et dure plusieurs mois. est une inflammation chronique du

s eptemb r e 2 0 2 0  •  n°1 6 8 25
 À LA
LA CHRONIQUE
UNE DU P R FABIANI

cerveau et des méninges qui peut la toxicité, c’était pour le moins un pâle, fut découvert à la grande
aboutir, après une phase d’exci- choix discutable. En 1928, un mé- époque qui suivit les travaux fon-
tation, à la démence 1. Ce tableau decin autrichien constata que la damentaux de Koch et de Pasteur.
était connu autrefois sous le nom de forte fièvre provoquée par le palu- En 1905, à Berlin, Fritz Schaudin
« paralysie générale ». Les malades disme améliorait l’état des malades et Erich Hoffman décrivaient cette
peuvent aussi souffrir de troubles de atteints de syphilis. Le plasmodium bactérie en forme de ressort appar-
la coordination des membres, asso- malariae fut alors directement injec- tenant à la famille des tréponèmes,
ciés à des douleurs lancinantes et à té aux patients pour les traiter... On dont elle s’avéra être la seule à être
des pertes de contrôle de la vessie et donna à cette technique, heureuse- sexuellement transmissible. Elle
des intestins : c’est le « tabès syphili- ment éphémère (mais qui fut aussi fut découverte dans un frottis de
tique », qui est une dégénérescence utilisée en psychiatrie), le nom de chancre d’inoculation grâce au mi-
secondaire des racines nerveuses malariathérapie. croscope à fond noir.
et d’une partie des cordons posté- La pénicilline découverte par
La grande époque de la syphilis fut
rieurs de la moelle épinière. Quant Alexander Fleming en 1928 montra
pourtant le XIXe siècle, quand elle
à l’enfant d’une mère infectée, il immédiatement son efficacité sur le
toucha non seulement toutes les
risque de naître avec des malforma- tréponème, ce qui fut évidemment
couches de la société, mais aussi les
tions congénitales comme une cécité une révolution pour toute la popula-
artistes et les hommes politiques,
partielle, une surdité ou des malfor- tion infectée.
qui lui firent, volontairement ou non,
mations des os et des dents, ce qui a
une publicité gratuite. Pendant la Cependant, les cas de résistance se
fait croire (à tort) que la syphilis était
seule année  1860, la syphilis tua multiplièrent progressivement, en
héréditaire (hérédosyphilis).
120 000 personnes en France. Ainsi, lien avec un usage inapproprié ou
Guy de Maupassant mourut à 42 ans abusif des antibiotiques2. Pour ten-
450 ans de mercure d’une paralysie générale liée à une ter d’enrayer ce développement de
syphilis contractée seize ans plus tôt. souche résistante, l’Organisation
L e traitement de la syphilis a
été fortement marqué par les
Il écrivait assez stupidement : « J’ai la mondiale de la santé a publié en
vérole ! Enfin la vraie, pas la misérable août 2016 de nouvelles recomman-
croyances du XVIe siècle dans l’astro- chaude-pisse, pas l’ecclésiastique cris- dations de traitement mettant en
logie et l’alchimie. Ainsi le mercure talline, pas les bourgeoises crêtes de avant la nécessité de traiter avec la
fut-il rapidement proposé comme coq, les légumineux choux-fleurs, non, bonne substance antibiotique, au
expression de l’esprit de terre (au non, la grande vérole, celle dont est bon moment et à la bonne dose. Elle
même titre que le sel et le soufre), ce mort François Ier. » recommande la prescription d’une
choix étant influencé par les auteurs
La syphilis a en effet coûté la vie à injection intramusculaire unique
arabes que l’on découvrait à l’époque
François Ier, qui s’est éteint en 1547 de benzathine benzylpénicilline, un
et qui le considéraient comme in-
à 53 ans, après neuf ans d’atroces antibiotique de la famille des péni-
contournable pour éliminer les pa-
souffrances. Elle a aussi détruit cillines. Lorsque cette substance ne
rasites. Il semblait d’ailleurs assez
ou fragilisé des poètes et des écri- peut pas être utilisée (en cas d’al-
efficace sur les manifestations cuta-
vains comme Baudelaire, Rimbaud, lergie par exemple), une cycline par
nées de la syphilis, ce qui fut une des
Flaubert, Feydeau, les peintres voie orale (essentiellement la doxy-
raisons de son succès. Mais, bien en-
Gauguin ou Toulouse-Lautrec, les cycline) ou une céphalosporine par
tendu, il n’agissait en aucune façon
compositeurs Mozart, Beethoven, voie injectable (la ceftriaxone) peut
sur l’infection elle-même. Ce que l’on être prescrite pour 10 à 15 jours.
comprend moins, c’est qu’il fut pres- Paganini, Schubert, Schumann... Les
hommes politiques n’ont pas non Dans certains cas, une administra-
crit avec constance pendant 450 ans tion unique d’azithromycine peut
malgré une toxicité effroyable et plus été épargnés, comme Lénine,
Mussolini et Staline. Et l’on ne parle être envisagée.
une efficacité qui ne fut jamais dé-
montrée. On peut considérer sans pas des épouses contaminées par les Pourtant, on assiste à une recrudes-
beaucoup se tromper que le traite- frasques extra-conjugales de leurs cence actuelle de la maladie, souvent
ment a fait dans l’histoire autant de compagnons. associée au sida.
morts que la maladie. Au début du La vérole n’a pas fini de faire parler
xxe siècle, (enfin) convaincue de la
toxicité du mercure, la médecine se
Enfin, la pénicilline ! d’elle…

L
tourna vers un traitement alterna- e germe responsable de la sy- Pr Jean-Noël Fabiani
tif : l’arsenic ! Dans le but de diminuer philis, c’est‑à‑dire le tréponème
1. On peut se demander si Le Horla, fameuse nouvelle de Maupassant, n’est pas l’expression directe de sa propre atteinte neurologique syphilitique.
2. Les antibiotiques sélectionnent des germes résistants. Plus les antibiotiques sont prescrits de façon inappropriée ou désordonnée, plus le risque de sélectionner des souches résistant à tout traitement est élevé avec le risque de se
trouver à nouveau démuni devant le microbe.

26 sep t embre 2020 • n °1 6 8

 LES EXPÉRIMENTATIONS
D’EMMANUEL D À ULA
QUUNE
OC

J’ai testé la communication

intuitive
Dialoguer par télépathie avec les animaux et les végétaux, connaître leurs
douleurs, leurs besoins et leurs souhaits pour mieux les soigner : tels sont
les buts de la communication intuitive. Et si cette approche de plus en plus
populaire pouvait bénéficier également aux humains ? C’est ce que pense
l’ostéopathe Émeline Pajot-Mora, qui l’utilise aujourd’hui quotidiennement
pour soulager les douleurs physiques et morales de ses patients privés de
capacité de communication. Curieux, j’ai voulu apprendre cette technique…

– Juste un message pour toi : c’est ici
que tu dois habiter. Bienvenue ».
«  Peut-être que je me raconte des
histoires ? », se demande Bérénice.
Comme pour lui répondre, l’oiseau
volette jusque sur son épaule, y reste
un instant puis s’envole, en pleine
possession de ses moyens…
À nous de nous mettre à leur por-
tée pour contribuer à l’harmonie du
monde… En France, l’une des figures
de ce mouvement est Anna Evans,
une vétérinaire qui emploie cette
forme de connexion afin de mieux
diagnostiquer les troubles de ses
patients à quatre pattes…

Une autre forme

Émeline Pajot-Mora
Bérénice Vanesse vient de
s’installer dans le sud de
l’Aveyron. Elle a le projet d’acheter la
maison attenante à celle des amis qui
l’hébergent depuis quelque temps.
Franchissant le seuil de leur ter-
rasse, elle aperçoit un petit oiseau au
sol. Et tandis qu’elle s’avance, lui ne
s’envole pas comme le font habituel-
lement les passereaux. Intriguée, elle
s’approche, se baisse. Toujours pas
de mouvement de fuite. Le croyant
blessé, elle le prend dans ses mains
pour l’examiner. Toujours pas de ré-
action… C’est alors qu’elle a l’idée de
le questionner intérieurement :
« Tu t’es cassé l’aile ?
– Non.
– Tu as mal à la patte ?
– Non.
– Qu’est-ce que tu as, alors ?
1. http://www.pajosteoequin.fr/indication/
Désactiver les peurs par
télépathie
L a jeune femme revient tout
juste d’un stage de commu-
nication intuitive dans la région de
Nantes. C’est là que je l’ai rencontrée.
Également appelée communication
animale, cette pratique est proba-
blement ancienne, mais elle a été
popularisée en Californie puis dans
le monde anglo-saxon par Penelope
Smith à la fin du XX e  siècle, avant
d’être diffusée par Laila del Monte
en Europe et en France. Proche du
chamanisme sans se revendiquer de
cette pratique, c’est une forme de
télépathie permettant aux humains
de se mettre à l’écoute des animaux
et des végétaux pour mieux intera-
gir avec eux. Ceux qui la pratiquent
disent ne plus pouvoir établir de hié-
rarchie entre les différents règnes
du vivant. Pour un communicant in-
tuitif, plantes et animaux sont des
êtres sensibles capables d’éprouver
des émotions, des sentiments et,
d’une certaine manière, de penser.
de communication
humaine ?
O r, si la communication intui-
tive a pris son essor dans
le domaine de l’art vétérinaire et
de l’éthologie, les humains aussi
peuvent éprouver des difficultés
à exprimer ce qu’ils ressentent…
C’est pourquoi, en Loire-Atlantique,
une ostéopathe formée à cette
approche, Émeline Pajot-Mora 1 ,
l’applique également aux bébés,
aux autistes, aux personnes dans
le coma, aux patients souffrant de
maladies mentales, de démence....
Toutes les personnes non commu-
nicantes peuvent bénéficier de cette
approche. Mieux, Émeline Pajot-
Mora est parvenue à coupler à cette
connexion télépathique une tech-
nique de régulation émotionnelle et
se dit capable d’aider mentalement
tout être non communicant à se libé-
rer de ses perturbations.
Cette technique, c’est la méthode
Alpé (Accompagnement à la libé-
ration des perturbations émotion-

s eptemb r e 2 0 2 0  •  n°1 6 8 27
 LES EXPÉRIMENTATIONS
À ’LA
D E MUNE
MANUEL DUQUOC
nelles). Formé en même temps
qu’Émeline, j’ai pu en mesurer l’ef-
ficacité sur moi-même et sur les
personnes que j’ai accompagnées
(méthode Alpé : voir Alternatif Bien-
être no  140). Mais de là à aider
quelqu’un à désactiver ses peurs par
télépathie, il y a un pas que je n’au-
rais pas osé franchir. Émeline, elle,
l’a fait. Avec des effets tangibles sur
le comportement, et même sur des
douleurs ou des symptômes phy-
siques. Aussi, lorsqu’elle a proposé
une formation pour transmettre le
fruit de son expérience, j’ai aussitôt
dressé l’oreille. Et si la communica-
tion intuitive était l’outil qui me man-
quait ? Je pense à une vieille dame
souffrant d’un début de démence sé-
nile, à un jeune trisomique, ainsi qu’à
plusieurs autres personnes victimes
de troubles psychologiques sévères
et que je ne parvenais pas à aider…
Particularité du cursus de trois jours
que je vais suivre : il est destiné aux
praticiens certifiés ou en cours de
certification de la méthode Alpé.
Ainsi, les stagiaires apprendront non
seulement à recueillir des informa-
tions auprès de non-communicants,
mais également à les guider pour dé-
sactiver leur stress éventuel. Cette
perspective m’apparaît mystérieuse.
Comment donner, sans paroles,
des instructions aussi précises que
celles que l’on fournit au cours d’une
séance ordinaire de libération émo-
tionnelle ? Pour nous y exercer, il
nous est proposé de venir avec les
photos d’animaux de compagnie, de
plantes, de personnes non commu-
nicantes et… de défunts.
Une messagerie du Tout
N ous sommes six autour
d’Émeline dans son ca-
binet de consultation situé à la
Bernerie‑en‑Retz. Michel Gaborit,
le fondateur de la méthode Alpé,
est présent. Il nous avait déjà préve-
nus : la désactivation des mémoires
de la peur fait passer beaucoup de
personnes «  de l’hypersensibilité
28 sep t embre 2020 • n °1 6 8
souffrante à l’extra-sensorialité
épanouie ». Comme si, une fois les
interférences émotionnelles apai-
sées, nos antennes pouvaient se
déployer en toute confiance. C’est
aussi l’avis d’Émeline, qui estime que
la communication intuitive est à la
portée de tous, à condition de lais-
ser toute forme de doute derrière
soi. Il s’agit plus d’être que de faire.
En conséquence, l’apport théorique
est minimal. À titre d’introduction,
Émeline nous demande de réfléchir
à trois questions :
– Pourquoi ne peut-on pas commu-
niquer avec les non-communicants ?
– Qu’est-ce que l’intuition ?
– Qu’est-ce que la pensée ?
Lors des échanges qui suivent, il en
ressort que les habitudes, les peurs
et la croyance que la communication
passe par le langage sont les prin-
cipaux obstacles à la réception de
messages plus discrets, que notre
cœur et nos organes nous adressent
via le système nerveux autonome.
L’intuition, finalement, c’est seule-
ment cela : une messagerie du Tout
dont le support matériel est notre
propre corps. « Nos cinq sens, résume
Émeline, ne sont pas qu’extérieurs.
Ils captent aussi des informations de
l’intérieur via les mécanorécepteurs. »
Pour capter les informations télépa-
thiques, la connexion au corps semble
essentielle. Quant à la pensée, elle
se fera le relais fidèle des messages
transmis par le corps si l’émotionnel
est désencombré. En pratique, le
protocole tient en quelques lignes et
n’a rien de secret. Il suffit de fermer
les yeux, de faire quelques respira-
tions profondes, de visualiser une
porte s’ouvrant au niveau du cœur ;
de celle-ci sort un rayon lumineux di-
rigé vers l’être avec qui on souhaite
se connecter. On dit : « Je commu-
nique intuitivement avec…  ». Les
présentations faites, il n’y a plus qu’à
poser des questions ou recevoir les
messages que notre interlocuteur
est susceptible de nous adresser…
Simple, non ?
« De quelle couleur est
ta gamelle ? »
C es principes posés, nous pas-
sons rapidement aux travaux
pratiques. Chaque participant tend
la photo d’un animal vivant à un
autre participant de son choix. En
communication intuitive, il nous est
demandé de répondre à plusieurs
questions fermées. Je me retrouve
avec l’image d’un gros chat dans une
posture alanguie. Je dois savoir s’il
a accès à l’extérieur, si sa gamelle
est rouge, s’il habite avec plus d’une
personne humaine et s’il peut mon-
ter sur les tables. Je me connecte…
Pas grand-chose... Je questionne…
Le vide me répond. Au petit bonheur,
je note mes réponses. Résultat : deux
bonnes réponses sur cinq. Un score
dans la ligne de ce qu’ont produit
les autres membres du groupe…
Étrangement, cet échec ne me dé-
courage pas. J’ai eu la sensation de
ressentir des émotions qui n’étaient
pas les miennes. Des émotions de
chat  ? «  Les questions fermées sont
les plus difficiles  », nous explique
Émeline. Nous recommençons avec
d’autres animaux. À nouveau, je ne
brille guère par la pertinence de
mes réponses à des questions fac-
tuelles. Je prends un mâle pour une
femelle, me trompe sur le nombre
d’habitants du logis et la couleur
des gamelles… En revanche, quand
il s’agit de la relation au maître, j’ai
l’étrange sentiment de ressentir ce
que vit l’animal. J’entends, comme
s’il s’agissait de mes propres pen-
sées : « Mon maître est doux avec moi,
il est souvent absent et me manque, il
m’impressionne, il est grand. » Je vois
en imagination une longue paire de
jambes minces avec une sorte de sa-
coche foncée en cuir à la taille. Mais
je ne vois pas plus haut… Verdict : le
maître, en effet, porte une sacoche
noire. Il mesure son mètre quatre-
vingt, est affectueux avec le chat,
mais passe une partie du temps chez
sa petite amie. Pas trop mal pour un
début…

Surtout, ne rien
censurer ! Lâcher prise
et laisser venir.
N ous passons à la suite : com-
munication avec les défunts.
J’ai dans la main la photo d’une vieille
dame, avec pour mission de savoir où
elle a vécu, ce qu’elle aimait manger,
si elle était bien là où elle était et quel
caractère elle avait… Au début, rien
ne se passe. Puis je ressens beau-
coup d’amour et de joie. Je suppose
qu’elle est bien, dans les mondes
immatériels où elle réside. Je vois
une maison près d’une rivière. En
creusant un peu plus, je pense à la
Sarthe. Beaucoup d’autres images
me parviennent, dont je ne sais si
elles sortent de mon imagination ou
d’une vraie connexion. Alors je me
concentre sur la Charente-Maritime,
là où réside Michel, qui m’a fourni
la photo. Je l’imagine manger des
champignons et du poulet. Et, côté
caractère, je ressens une affectivité
et une émotivité un peu débordantes,
mais une certaine difficulté pour les
verbaliser, d’où une certaine rete-
nue. Nous passons aux vérifications :
côté factuel, c’est un peu la loterie.
Elle aimait surtout les douceurs, a
habité en Charente-Maritime et en
Espagne, mais a vécu ses toutes pre-
mières années en Touraine, dans un
moulin au bord de l’eau. En revanche,
côté sentiments, c’est plus précis : le
portrait est effectivement proche de
ce qu’en percevait l’entourage. De
quoi me donner du courage…
« Je viens de loin »
A près les animaux et les morts,
Émeline nous propose de nous
connecter aux plantes du jardin… Et
si nous le voulons, à la basse-cour.
Je me place devant un arbre et
lui demande qui il est. La réponse
tarde à venir, comme si la plante
avait un rythme plus lent que moi.
Un abricot puis un gros fruit rouge
m’apparaissent. J’opte pour un nec-
tarinier… Je lui demande depuis
quand il est ici  : deux printemps.
Quel âge a-t-il ? Question sans fon-
dement. Je n’ai pas d’âge. J’en déduis
qu’il est issu de bouturage et non
d’une graine… D’où vient-il ? D’une
pépinière, loin… En langage arbre,
loin doit vouloir dire plusieurs kilo-
mètres. Lors de la mise en commun,
j’ai tout bon, sauf les fruits qu’il pro-
duit. Il s’agit d’un pêcher de vigne
dont les fruits ont la texture de l’abri-
cot… et la couleur de la nectarine.
Émeline précise  :«  Surtout, ne rien
censurer. Lâcher prise et laisser venir. »
Michel, lui, a trouvé la couleur et le
goût acidulé des fruits d’un pommier.
Et Margot a appris de l’olivier qu’il
était originaire d’Andalousie, avait
été acheté au Gamm Vert du coin
et qu’il se plaignait un peu de l’excès
d’humidité… Tout bon ! En passant
près de la basse-cour, j’ai entendu
distinctement en pensée le coq nain
dire : « Je me sens seul. »
Incrédule, j’ai pensé :
– Tu as plein de poules autour de toi.
– Je me sens seul quand même…
Pas étonnée pour deux sous, Émeline
commente : « Il y avait deux autres
poules naines avec le coq. Elles sont
mortes pendant le confinement. »
Étrange sensation d’être
dans la peau de l’autre
C e genre d’exercices m’amuse.
Je m’attendais à un effort de
concentration. Il ne s’agit que de
se détendre et de laisser venir. Et
nous ne sommes qu’au début de
nos découvertes. À présent, nous
allons nous connecter pour soi-
gner. Recueillir des informations
au sujet d’un comportement, d’un
trouble émotionnel ou d’un symp-
tôme. Demander des solutions et,
le cas échéant, libérer les émotions
perturbées. J’attendais ce moment
avec curiosité. Pour Émeline, il s’agit
simplement d’appliquer le même
protocole que lors d’une séance de
libération émotionnelle en vis-à-vis.
Quand une perturbation est repérée,
LES EXPÉRIMENTATIONS
D’EMMANUEL D À ULA
QUUNE
OC
il faut demander mentalement à la
personne de la revivre comme si elle
se présentait de nouveau, puis de
laisser les sensations corporelles
liées avec cet affect négatif se ma-
nifester dans le corps. Enfin, laisser
évoluer les sensations sans interve-
nir, jusqu’à l’apaisement. Le praticien
a le choix entre deux méthodes : soit
il ressent les sensations dans son
propre corps, soit il les visualise sous
forme de lumières sur une silhouette
imaginaire…
Pour commencer, nous communi-
quons deux par deux en essayant
de connaître le métier, la forma-
tion et les éventuels symptômes de
l’autre. Ensuite, nous enquêtons à
la recherche des causes et des so-
lutions. Je travaille en tandem avec
Sandrine Renaudineau, praticienne
Alpé depuis plusieurs années. Je
m’assieds, ferme les yeux, me laisse
aller dans la détente en respirant
lentement et profondément. Mes
ondes cérébrales ralentissent. Le
vide de pensées se fait. La porte
de mon cœur s’ouvre et la lumière
rayonne en direction de celui de ma
partenaire. Je garde le silence afin de
laisser venir ce qui est disponible. Au
bout d’un instant, j’ai vraiment l’im-
pression de ressentir ses émotions.
Étrange sensation d’être dans la peau
de l’autre. Je note sur mon cahier
deux symptômes désagréables et
leur correspondance émotionnelle.
Des mots arrivent, des explications
et, comme si c’était important, l’idée
d’une chute à vélo survenue pen-
dant l’adolescence. Puis je pose les
questions prévues. Côté vie sociale,
j’ai bien du mal à repérer des élé-
ments factuels. J’ai plus l’impression
d’inventer, de déduire, que de rece-
voir des données. Les informations
non connotées émotionnellement
semblent plus difficilement acces-
sibles. Au moment du partage des
résultats, il semble évident qu’une
vraie connexion a eu lieu. J’ai res-
senti, entre autres, un problème de
vision. La chute à vélo aussi était bien
réelle, mais dominait le souvenir de
s eptemb r e 2 0 2 0  •  n°1 6 8 29
 LES EXPÉRIMENTATIONS
À ’LA
D E MUNE
MANUEL DUQUOC
la maladresse qui l’avait provoquée...
À cette évocation, l’émotion revient.
Sandrine en profite pour se connec-
ter à son corps pour la libérer. Au
moment de la pause de midi, elle re-
marque que ses lunettes la gênent.
Sa vue s’est légèrement améliorée !
De son côté, Sandrine a eu accès
à des sensations physiques et des
douleurs qui me sont propres. Je suis
émerveillé par la précision des in-
formations qui nous sont parvenues.
Tout ceci n’étonne pas Émeline, pour
qui les choses sont aisées à partir du
moment où le lâcher-prise est réel.
Face à un groupe non formé à la libé-
ration émotionnelle, elle a dû passer
un certain temps à rassurer les per-
sonnes sur leurs capacités avant
d’obtenir de tels résultats. Quant
à nous, comme nous avons chacun
travaillé depuis plusieurs années à
effacer les mémoires traumatiques,
l’erreur ne nous effraie pas. Et l’ac-
cepter semble faire de nous de bons
récepteurs.
La boule d’angoisse que
provoque Alzheimer
A ussi suis-je confiant lorsque
Sandrine me confie la photo
d’une dame atteinte d’Alzheimer.
Aussitôt connecté, je ressens une
boule d’angoisse que je désactive ra-
pidement. Étrangement, je pouvais
la sentir et la nommer sans toutefois
l’éprouver. Plusieurs images me par-
viennent, évoquant le regret de ne
plus pouvoir interagir avec les en-
fants, la peur de l’hôpital et le besoin
de plus de lumière. Elle demande à
rester à domicile, à ce que les vo-
lets soient ouverts car la pénombre
l’angoisse. Je lui demande de me
montrer une scène représentative
de cette perturbation. Un escalier
sombre se présente et une anxié-
té m’étreint. J’utilise mon outil de
désactivation par le corps, comme
s’il s’agissait de moi. Aussitôt l’émo-
tion apaisée, je me retrouve dans un
lit d’hôpital, une perfusion dans le
bras. Peur d’anticipation ? Histoire
30 sep t embre 2020 • n °1 6 8
vécue ? Peu importe, puisque l’émo-
tion est là. Je la libère comme la
précédente… Au moment de la res-
titution, Sandrine, qui ne connaît pas
personnellement la dame (la mère
d’une amie), me dit seulement qu’il
y a effectivement un escalier en bois
marron foncé, dans un coin sombre
de son domicile. Quelques jours plus
tard, j’apprendrai que la fille de cette
dame a reconnu sa mère dans ce
portrait, que son lieu de vie manque
en effet de lumière mais qu’elle ap-
paraît « plus positive » depuis cette
communication. Un tel retour me
remplit de joie et me conforte dans
l’idée suivante : les liens qui unissent
les êtres vivants sont plus étroits
que ce que nos sens nous disent.
Rien de ce qu’éprouve
autrui ne nous est
étranger
B érénice Vanesse me propose
d’entrer en communication
intuitive avec elle au sujet d’une sen-
sation de vide et de dépression qui
l’étreint en certaines circonstances
et qu’elle ne parvient pas à désacti-
ver par elle-même, malgré son ex-
périence. Aussitôt connecté, je sens
un vide au plexus qui descend vers
le nombril. Mon ventre se creuse. Je
laisse faire. Puis le processus semble
s’interrompre. C’est à ce moment
que Bérénice renonce, faute de sen-
sations à éprouver. Je comprends
qu’il me faut rester connecté à mon
corps. Après quelques instants d’ab-
sence, les sensations reviennent
puis s’apaisent, définitivement. C’est
alors que me vient l’image d’une pe-
tite fille d’environ 4 ans, blonde et
bouclée, dans une cour de récréa-
tion. Or, Bérénice est brune et ses
cheveux sont raides. Je censure
l’image. Elle revient. Je laisse alors la
scène se dérouler. Elle raconte une
détresse enfantine pour laquelle je
désactive sur mon propre corps l’im-
pact émotionnel. Quand je restitue
le fruit de mon investigation télé-
pathique à Bérénice, elle valide les
premières sensations que j’ai éprou-
vées comme étant bien les siennes,
mais ne voit pas qui peut être cette
enfant blonde. Puis elle s’exclame :
« C’est ma mère qui correspond à ce
profil : cheveux clairs, bouclés. » Me
serais-je connecté à une mémoire
transgénérationnelle ? À ces mau-
vais souvenirs qui marquent la des-
cendance ? Pourtant, la maman en
question ne se souvient pas d’une
telle expérience. Il se peut que mon
mental m’ait joué des tours… Ou que
la scène, telle que je me la suis re-
présentée, soit la métaphore d’un
affect bien réel. C’est ce que semble
dire Bérénice. Peu importe, puisque
quelques jours après, elle m’appren-
dra que sa perturbation émotionnelle
ne s’est plus présentée…
Avant la fin du stage, je lui demande
de se connecter à mon fils qui va
fêter ses 18 ans. Un quart d’heure
plus tard, elle dresse un portrait psy-
chologique du jeune homme plus
précis que je n’aurais pu le faire moi-
même. Difficultés émotionnelles,
comportements, goûts personnels,
tout y est. Pas une seule erreur ! Elle
évoque une perturbation émotion-
nelle qu’elle a désactivée. Encore une
fois, je suis bluffé par la précision des
informations recueillies. À mon re-
tour, j’observerai des changements
de comportements favorables.
Le stage se termine. Incités à ne
rien dire de nous-mêmes afin de
ne pas influencer les communica-
tions intuitives entre nous, c’est sans
mot que nous avons appris à nous
connaître, peut-être plus intime-
ment que si nous avions parlé. J’en
reviens avec le sentiment que rien
de ce qu’éprouve autrui ne nous est
étranger. Muni de cette nouvelle
ressource, il ne me reste plus qu’à
cultiver ma connexion, afin qu’elle
gagne en fiabilité et en efficacité...
Emmanuel Duquoc
 LIVRES
Revue mensuelle
Numéro 168 - Septembre 2020
https://alternatif-bien-etre.com/
N’arrachez plus vos mauvaises herbes : mangez-les Société éditrice : SNI Editions AG, société
anonyme au capital de 100.000,00 CHF, dont le
Il n’y a pas si longtemps, trouver sa nourriture ne voulait pas dire remplir siège social se situe Am Bach 3, 6072 Sachseln,
Suisse, inscrite dans le Canton d’Obwald et dont
son caddy d’aliments emballés, plastifiés, pré-pesés. Se nourrir c’était l’IDE est CHE-140.739.081, représentée par
d’abord partir à la recherche de ses aliments : les identifier sur le bord M. Vincent Laarman, en sa qualité d’administrateur
du chemin pour les cueillir puis les manger. Les aliments étaient alors Directeur de la publication : Sébastien de Dianous
Rédacteur en chef : Rodolphe Bacquet
plus riches en vitamines, plus frais et dépourvus de traitement chimique. Éditrice : Mathilde Van Roy
Voilà pourquoi Vianney Clavreul a décidé de revenir à l’autonomie ali- Maquettiste : Isabelle Pillet
Abonnement annuel : 54 € en France métropolitaine
mentaire des premiers hommes, et de se nourrir presque exclusivement
Abonnements : pour toute question concernant
des plantes sauvages qu’il trouvait sur sa route. Dans ce livre, qui est en votre abonnement, contactez le service client :
fait un petit guide de cueillette et de cuisine des plantes sauvages, il vous par téléphone au +33 (0)1 58 83 50 73 ; par mail
apprend à distinguer le cerfeuil sauvage de la petite ciguë (hautement à https://alternatif-bien-etre.com/contact/
par courrier à SNI Éditions - CS 70074 -
toxique) à préparer dans les règles de l’art sa recette spéciale de soupe 59963 Croix Cedex - FRANCE
à l’ortie, à faire germer vous-mêmes vos graines et légumineuses… ISSN 2504-4869 - CPPAP 0121 N 08427
Dépôt légal : Janvier 2020
C’est un petit manuel du mangeur-cueilleur d’aujourd’hui avec :
- Un guide d’initiation à la vie sauvage (lessive, repas, toilette…),
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Marie Dumaine.
Entendons-nous : vous aurez sûrement du mal à remplir votre assiette
seulement avec ces quelques plantes, mais elles complémenteront
joliment vos plats !
Crédits photos : © Galina's Tales © Diana Zuleta © fizkes © Anna-Marie
Le manuel de la vie buissonière © Scio21 © Liliia Hryshchenko / Shutterstock.com - Syphilitique by attributed
to Albrecht Dürer, https://wellcomeimages.org/indexplus/obf_images/10/a6/

Prix : 18 euros
7f940c365c54242ab83def538012.jpgGallery: https://wellcomeimages.org/
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Auteur : Vianney Clavreul commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=35968944

Éditeur : Terran
ISBN : 9782359811353

Avis aux lecteurs :

Alternatif Bien-Être, publication gérée par SNI
Éditions, a pour mission de vulgariser des
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Un régime plus fort que
les neurologues
En 2012, j’effectue plusieurs visites chez
mon médecin traitant pour me plaindre de
sensations étranges dans les jambes. Il reste
dubitatif et me prescrit un décontractant mus-
culaire pendant 6 mois...
Arrive le mois de juin, où je commence à avoir des problèmes
pour marcher et à ressentir des brûlures dans les reins le soir,
mais toujours rien de visible. Je décide d’aller aux urgences, car
je sens que quelque chose cloche chez moi. On m’écoute à moi-
tié ; une neurologue me prescrit une radio du bassin et un arrêt
maladie. J’y retourne une semaine après parce que les mêmes
symptômes reviennent sans cesse : grâce aux supplications de
mon mari, ils décident enfin de me faire passer des examens IRM
et une ponction lombaire.
Et là c’est la douche froide ; la neurologue m’annonce que j’ai
de multiples lésions inflammatoires au cerveau et sur toute la
moelle épinière. Le diagnostic tombe : sclérose en plaques. La
neurologue de l’hôpital de Creil m’annonce qu’elle ne peut rien
faire de plus pour moi.
Comme je n’avais rien à perdre pour éviter le pire, j’ai sonné à
toutes les portes et j’ai eu la chance de rencontrer un ostéo-
pathe qui m’a parlé du régime Seignalet. J’ai aussi découvert,
en regardant une vidéo du Pr. Willem que de nombreuses
maladies auto-immunes étaient en fait liées à des intolérances
alimentaires.
Tout en suivant le traitement traditionnel qui ne me réussissait
pas du tout (maux de tête, douleurs...), je commence donc un
nouveau régime. Je décide de faire d’abord un test alimentaire :
quelle n’a pas été ma surprise de découvrir toutes les intolé-
rances alimentaires que j’avais et dont je n’avais pas idée. 14 en
tout ! Les œufs, les laitages, et le gluten... Pour moi qui adorais
les quiches lorraines, les crêpes, c’était un combo de tout ce qui
ne fallait pas que je mange.
Depuis que je fais attention à mon alimentation et à mes into-
lérances, j’ai retrouvé mes capacités perdues et je suis en bien
meilleure santé. J’ai eu 2 enfants et des grossesses sans souci. À
ce jour, ça fait 8 ans que je n’ai pas eu de nouvelle crise, et que je
n’ai plus de lésion active, que ce soit au cerveau ou sur la moelle
épinière, visible lors d’une IRM.
Marianne
Marianne.messiasse@gmail.com
PROCHAINEMENT DANS ALTERNATIF BIEN-ÊTRE
∙ Une méthode révolutionnaire contre
la dépression ?
∙ Décryptage : le vinaigre
∙ Qu’attendre d’un régime… carnivore ?
Avoir la maladie de Basedow et
être mère : c’est possible !
Je m’appelle Aurore, j’ai 33 ans et je voulais
témoigner de mon histoire avec la maladie
de Basedow, c’est‑à‑dire avec l’hyperthyroï-
die qu’on m’a diagnostiquée il y a maintenant
11 ans.
Pour soigner cette maladie, la médecine traditionnelle ne pro-
pose rien d’autre qu’un traitement assez brutal qui empêche
la thyroïde de fonctionner (Neomercazol), auquel s’ajoutent
des hormones de synthèse. On ne peut pas le prendre plus de
18 mois, car il peut être délicat d’avoir des enfants ensuite.
Or, j’envisageais d’avoir des enfants. À la fin de mon traitement,
j’ai donc demandé à mon endocrinologue si une grossesse était
compatible avec ma maladie. Il m’a dit qu’il y avait très peu de
chances que je puisse avoir une grossesse sans traitement, mais
que c’était possible avec un médicament compatible. On a donc
changé mon traitement pour du Basdene, à petites doses.
En parallèle, j’ai commencé à faire du yoga et à suivre une thé-
rapie : à prendre un peu soin de moi. Puis ma fille est née, et
tout s’est très bien passé. Pendant l’allaitement, j’ai dû arrêter
le traitement, ce qui a entraîné une rechute, mais en reprenant
du Basdene, tout s’est stabilisé à nouveau. Au bout de quelques
mois de stabilisation, on a progressivement arrêté le traitement.
J’ai continué ma thérapie et le yoga… et j’ai décidé de tenter une
deuxième grossesse sans traitement cette fois-ci ! Mon fils est
né, et après 5 mois d’allaitement je suis passé en hypothyroïdie,
que l’on a réussi à stabiliser facilement. Depuis ce moment, ma
thyroïde est stable sans traitement
Ma fille a 6 ans et mon petit garçon 3 ans. Je continue à faire du
yoga et à voir ma thérapeute tous les mois. Je pense que si j’en
suis là c’est surtout grâce à elle, on ne vante pas assez les bien-
faits de la thérapie. Apprendre à s’aimer, ce n’est pas si simple,
mais c’est certainement la clé de beaucoup de guérisons.
Aurore
auroredegevigney@orange.fr
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