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INTRODUCTION A L’ECONOMIE DU

DU DEVELOPPEMENT

Mesure de la pauvreté

Thimogene Raymond 2013 –2014


Notions de Pauvreté

 La pauvreté est définie de manière générale comme une


situation de privation par rapport à une situation de
référence. Elle se distingue donc des inégalités puisque la
pauvreté n’amène pas à considérer les « Surplus » par
rapport à cette situation de référence mais qu’elle
implique généralement la prise en compte du niveau total
des ressources de la population étudiée.
La pauvreté ,bien que , se distingue aussi de l’exclusion
sociale qui implique une notion de rejet qui n’est pas
nécessairement présente avec la pauvreté.
Différentes vision de la Pauvreté
 La notion de pauvreté peut être appréhendée selon trois
modalités différentes qui impliquent l’emploi d’outils
sensiblement différents en termes d’évaluation, soit :
 La pauvreté subjecttive.
 La pauvreté relative .
 La pauvreté absolue
La notion de pauvrété subjective est relativement peu employée,
La pauvreté relative est généralement utilisée dans les pays
industrialisés tandis que la notion pauvreté absolue domine le
monde en développement.
Méthode de Mesure de la Pauvreté
 Depuis ( Sen,1976), approche en deux etapes de la mesure de la
pauvreté :
 Identification des pauvres.
 Agrégation des situations individuelles en un indice synthétique.
La ligne de pauvreté : Généralités

 La ligne de la pauvreté est le niveau de revenu de référence en deca


duquel un individu est ou se considère comme pauvre. Elle sépare
donc les pauvres et les non pauvres. Sa forme évolue avec la vision
retenue de la pauvreté :
 Dans le cadre de la pauvreté subjective , cette ligne de pauvreté va
être implicite et potentiellement varier d’un individu à l’autre.
 Dans le cas de pauvreté relative, le ligne de pauvreté est unique pour
apprécier le niveau de privation de chaque individu et dépend de la
distribution des revenus observé soit z=z(y).
(Par ex.50% de la médiane pour l’OCDE). Elle varie donc potentiellement
d’une distribution à l’autre).
 Dans le cas de la pauvreté absolue , la ligne est unique et strictement
exogène par rapport à la distribution des revenus observée
La ligne de pauvreté : Approche absolue

 Bien qu’une infinité de méthode puissent être utilisées pour définir une
ligne de pauvreté absolue, deux approche s dominent :
 Cost of basic needs : on estime dans un premier temps le cout d’un
panier de biens alimentaires permettant de satisfaire un niveau jugé
satisfaisant en terme énergétiques ou en termes de nutriments. La
ligne de pauvreté est alors obtenue en divisant la somme par la part de
la nourriture dans les dépenses totales ( pour un ménage de référence
ou une certaine tranche de la population).
 Food Energy Intake: on relève la consommation en calorie de chaque
individu ainsi que les dépenses et on retient comme ligne de pauvreté
le niveau de depenses moyen correspondant aux individus atteigenant
un seuil de prise énergétique.
Les lignes de pauvreté de la Banque
Mondiale I
Depuis les premières estimations , la Banque Mondiale a proposée
différentes valeurs pour les lignes de pauvreté, les révisions ayant
été principalement motivées par les révisions des indices de parité
de pouvoir d’achat :
 1$ et 0.75$ par jour par habitant en PPA 1986 pour le rapport 1990
sur le développement dans le monde.
 1.08$ et 2.16 $ par jour et par habitant en PPA 1993 pour le rapport
2000 sur le développement dans le monde.
 1,25$ et 2$ par jour et par habitant en PPP 2005 depuis 2008.
Les lignes de pauvreté de la Banque
Mondiale II
A chaque fois ces lignes de pauvreté internationales sont établies comme la
moyenne des lignes de pauvreté nationales des pays les plus pauvres
parmi ceux pour lesquels les données étaient disponibles ( 15 pour le
ligne à 1,25 $ en PPA 2005 à savoir le Malawi, le Mali, l’Ethiopie, la
Sierra Leone, Le Niger, l’Ugenda, la Gambia, le Rwanda, la Guinea-
Bissau, la Tanzanie, le Tajikistan, le Mozambique, le Tchad, le Nepal et
le Ghana).
Importance de la valeur retenue pour la ligne de pauvreté et les indices de
prix : dans le cas de la Banque Mondiale , le nombre de pauvres a été
estimé à 1,370 millions d’individus en 2005 avec la ligne de pauvreté
à1,25 $ en PPA 2005 alors qu’ils n’étaient que 930 millions à la
même date avec la ligne de pauvreté à 1,08$ en PPA 1993 et 1,750
millions avec une ligne de 1,45 correspondant à la ligne à 1,08$ corrigée
de l’inflation entre 1993 et 2005.
Approche en termes de bien-être I
 Soit y =(y1,y2….yn) une distribution de revenu pour une population de
taille n où y1 correspond au revenu de l’individu 1, y2 au revenu de
l’individu2…. On note z le niveau de revenus correspondant à la ligne
de pauvreté.
 Pour définir les indices de pauvreté, (Blackorby and Donalson, 1980)
définissent un revenu représentatifs des pauvres ŷp comme le niveau
de revenu qui est attribué à chaque individu pauvre , produirait le même
niveau de bien être . Par ex., si z , y et y˜p sont respectivement égaux
à 10, (2; 4; 8; 12) et 3, 5, alors la distribution (3, 5; 3, 5; 3, 5; 12) est
jugée équivalente à la distribution initiale.
 Par comparaison du revenu représentatif des pauvres y˜p avec la ligne
de pauvreté, [Blackorby and Donaldson, 1980] proposent de définir deux
grandes classes d’indices de pauvreté Θ. Pour une population de taille n ,
on obtient les indices relatifs du type

 Θr := F (z ; y ) (1 -y˜p/z) indiquent la perte relative de bien-être liée à


la pauvreté,

les indices absolus du type Θa := n F (z ; y )(z − y˜p ) indiquent la perte de


bien-être en équivalent monétaire liée à la pauvreté.

Les deux familles d’indices sont telles qu’une valeur plus élevée traduit un
niveau de pauvreté plus important.
Cadre Axiomatique
Des axiomes sont des propriétés qui n’ont pas à être demontrées, ce qui
n’impliquent pas que l’on doivent nécéssairement les supposer valide.
Les différents axiomes proposés permettent de definir des reponses
standards à des scénarios simples de comparaison de distributions de
revenus.
 Axiome de focus (FOC).
Selon l’axiome de focus, une augmentation du niveau de revenu d’un non-
pauvre ne modifie pas le niveau de pauvreté. Ainsi :
Θ(10; (2; 4; 8; 12)) = Θ(10; (2; 4; 8; 12 + 1))

 Axiome de monotonicité (MON)


Selon l’axiome de monotonicité, toute augmentation du niveau de revenus
d’un pauvre (qu’il provoque ou non une sortie du groupe des pauvres),
réduit le niveau de pauvreté. Ainsi :
Θ(10; (2; 4; 8; 12)) > Θ(10; (2; 4 + 1; 8; 12)).
 Axiome de non-décroissance par rapport à la ligne de pauvreté
(NDZ)
Un relèvement de la ligne de pauvreté ne diminue pas le niveau de
pauvreté.
Θ ( 10; (2; 4; 8; 12)) > Θ( 10 + 1; (2; 4; 8; 12)).
 Axiome de normalisation (NOR)
Avec l’axiome de normalisation, on impose que le niveau de
pauvreté soit nul lorsque les agents ont tous un niveau de
revenus supérieur à la ligne de pauvreté. Ainsi :
Θ( 10; (12; 12; 12; 12)) = 0.
Axiome de continuité (CON)

L’axiome de continuité implique qu’une modification marginale


du revenu d’un individu quelconque ne produit pas de grandes
variations du degré d’inégalités. Ainsi :
Θ (10; (2; 4; 8; 12)) ≃ Θ (10; (2; 4 +10^-5 ; 8; 12)).

Cet axiome permet d’éviter qu’une petite erreur de mesure


pour le niveau de revenus d’un individu ne provoque de larges
variations du niveau de pauvreté
Incidence de la pauvreté
 Il s’agit de la part de la population dont le revenu ou la
consommations e situe en dessous de la ligne de
pauvreté, c’est-à-dire la part de la population qui ne
peut pas permettre d’acheter le panier de produits
correspondant au minimum vital.
De même, dans le cas des indicateurs non monétaires,
l’incidence de la pauvreté mesure la part de la
population qui n’atteint pas le seuil défini ( Par Ex. Le
pourcentage de la population ayant bénéficié de moins
de trois ans d’éducation).
L’incidence de pauvreté I

 L’incidence de pauvreté h(z ; y ) est tout simplement la valeur de


la fonction de distribution évaluée pour la ligne de pauvreté,
soit : n

h(z ; y ) := 1/n  I ( yi, z)


i 1
où I (yi,z ) = 1 si yi≤ z et 0 sinon
Mesure attractive par sa simplicité puisqu’elle renvoie la part de la
population vivant sous la ligne de pauvreté.
Incidence de la pauvreté II

 Imaginons la distribution (2; 4; 10; 10; 15) pour une ligne de pauvreté
de10. Un budget total de 6 est attribué à un fonctionnaire qui doit
utiliser au mieux les fonds pour réduire la pauvreté. Les performances
du fonctionnaire sont évaluées à l’aide de l’incidence de pauvreté.
Quelle est la politique optimale ?
L’optimum est d’attribuer 1 aux individus qui ont 10 puisque :
h ( 10; (2; 4; 10 + 1; 10 + 1; 15)) = 2/5
soit une diminution de moitié du niveau de pauvreté (et des économies de
4). Une évaluation basée sur l’incidence de pauvreté produit donc un
biais en faveur des moins pauvres (au détriment des plus pauvres).
Profondeur de la pauvreté ( Ecart de
Pauvreté)

n
F G T1 (z ; y ) = 1/ n  (z yi) / z * I ( yi, z )
n
i 1
Il s’agit du produit de l’incidence de pauvreté et du niveau de
privation relative moyen. Le poids de chaque individu dans le
niveau global de pauvreté est fonction de sa distance
(relative) par rapport à la ligne de pauvreté. z ).

En d’autre termes, elle permet d’évaluer le total des


ressources nécessaires pour amener l’ensemble de la
population pauvre au niveau de la ligne de pauvreté.
 L’écart de pauvreté peut servir de mesure de la quantité
minimale de ressources nécessaires pour éradiquer la
pauvreté, à savoir la quantité qu’il faudrait transférer aux
pauvres, dans l’hypothèse chaque personne recoivent
exactement ce qui lui est nécessaire, pour les extraire de
leur situation de pauvreté.
 car augmenter d’une unité le revenu d’un très pauvre réduit
le niveau de pauvreté de la même manière que si le receveur
est proche de la ligne de pauvreté. En effet :
F G T (10; (2 + 1; 4; 9; 15)) = F G T (10; (2; 4; 9 + 1; 15)).
Sévérité de la pauvreté ( Ecart de
pauvreté au carré)
 Cette mesure tient compte non seulement de la
distance séparant les pauvres de la ligne de
pauvreté ( écart de pauvreté), mais aussi de
l’inégalité entre les pauvres. Elle attribue une
pondération plus importante aux ménages situés
à plus grande distance de la ligne de pauvreté.
Sévérité de la pauvreté II
n
F G T2 (z ; y ) = 1/ n  (z yi)^2 / z * I ( yi, z )
i 1
 L’utilisation du carré de niveau de privation relatif
permet d’obtenir une sensibilité plus forte à l’extrême
pauvreté puisqu’une augmentation donnée du revenu
d’un pauvre réduit d’autant plus le niveau de pauvreté
que le niveau de revenu initial est faible.
Pauvreté Multidimensionnelle

 Insuffisance de l’approche monétaire


S’appuyer sur une approche en termes de ressources peut
être insuffisant pour apprécier le bien-être. En effet :
 existence de biens non-marchands dont certains peuvent
avoir une importance fondamentale.
 inexistence ou imperfection de certains marchés.
 dificulté pratique à observer les systèmes de prix
pourchaque individu.
 lien imprécis entre moyens et résultats.
Influence de l’approche Multidimensionnelle

 Reconnaissance des insuffisances de l’approche purement


monétaire avec l’introduction de l’IDH en 1990 par le PNUD.
Multidimensionalité de la pauvreté explicitement reconnue avec la
mise en place de Objectifs du Millénaire pour le Développement (1,
réduire l’extrême pauvreté et de la fin ; 2, assurer l’éducation primaire
pour tous ; 3, promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des
femmes ; 4, réduire la mortalité infantile ; 5, améliorer la santé maternelle
; 6, combattre le VIH/Sida, le paludisme et d’autres maladies ; 7,
préserver l’environnement ; 8, mettre en place un partenariat global pour
le développement).
Consécration avec l’introduction de l’IMP (indice de pauvreté
multidimensionnelle) en 2010 dans le rapport sur le développement
dans le monde du PNUD.
Dimensions Usuelles
En général, les études retiennent :
 la santé ;
 l’éducation ;
 les conditions de vie matérielle :
 le revenus,
 la possession de biens durables
 les caractéristiques du logement
 l’accès aux services essentiels,
 la participation à la vie de la communauté.
De nombreux autres dimensions sont généralement cités comme
l’accès aux loisirs, les libertés individuelles ou les conditions de
travail mais généralement non traitées pour cause de manque de
données ou de difficultés de mesure.
Approches générales
 Soit I (a) une fonction dichotomique qui renvoie la valeur
1 si la condition a est respectée et 0 sinon. P est le
domaine de pauvreté tel que I (xi ∈ P ) = 1 si l’individu i
est pauvre et 0 sinon. Deux approches générales de
définition du domaine de pauvreté :
 approche de la double limite (dual cutoff) : un seuil de
privation z j est défini pour chaque attribut et un nombre
de privations minimal permet ensuite d’identifier les
pauvres.
 approche welfarist : les individus sont identifiés après
agrégation des niveaux de leurs attributs par rapport à un
seuil en termes de bien-être.
Approche Intersection

 Avec l’approche intersection, un individu est dit pauvre


s’il présente des privations dans toutes les dimensions :
I (xi ∈ P ) = 1 si et seulement m
 I ( xij 
j 1
zj  m

En supposant que le seuil de privation soit 6 pour chaque


dimension, on a donc pour la distribution X :
Approche Intersection
0 1 8 0
5 5 5 1
9 9 4 0
X= 2 9 4 0
11 3 4 0
10 2 9 0
10 12 9 0
I(xi ∈P)

Donc seul l’individu (X2) est considéré comme pauvre


Approche Union
 Avec l’approche union, un individu est dit pauvre s’il présente des
privations dans au moins une dimension :
m
I (xi ∈ P ) = 1 si et seulement  I ( xij  zj )  1
j 1

 En supposant que le seuil de privation soit 6 pour chaque dimension,


on a donc pour la distribution X :
0 1 8 1
5 5 5 1 Donc seul l’individu 7 (X 7) n’est pas considéré comme pauvre
9 9 4 1
X= 2 9 4 1
11 3 4 1
10 2 9 1
10 12 9 0

I(xi ∈P)
 Avec l’approche de [Alkire and Foster, 2007, Alkire and
Foster, 2011], un individu est dit pauvre s’il présente des
privations dans au moins c dimensions :
m
I (xi ∈ P ) = 1 si et seulement si  I ( xij  zj )  c
j 1

Pour c = 1, on obtient l’approche union et pour c = m, l’approche


intersection.

En supposant que le seuil de privation soit 6 pour chaque dimension et


qu’un individu est pauvre s’il souffre d’au moins 2 privations, on a
donc pour la distribution X :
Approche Intermédiaire d’Alkire &Foster
0 1 8 1
5 5 5 1
9 9 4 0
X= 2 9 4 1
11 3 4 1
10 2 9 0
10 12 9 0
I(xi ∈ P)

Incidence de la Pauvreté
n

h(z ; y ) := 1/n  I ( yi, z )


i 1

H(z,x)= 4/7
Incidence de la pauvreté ajusté
[Alkire and Foster, 2007] proposent une mesure définie par
le produit de l’incidence de pauvreté h et la moyenne du
niveau relatif de privation des pauvres, soit :
h a (z ; X )=1/nm n m

 I ( xi  P) I ( xij  zj))


i 1
En approche intersection, h a (z ; Xj 1) = h(z ; X ).
Incidence de la pauvreté Ajusté II
En supposant que le seuil de privation soit 6 pour chaque
dimension et qu’un individu est pauvre s’il souffre d’au
moins 2 privations, on a donc pour la distribution X :
0 1 8 1 2/3
5 5 5 1 1
9 9 4 0 0

X= 2 9 4 1 et 2/3 ha (z,X) = 4/7* 3/4=


3/7.
11 3 4 1 2/3
10 2 9 0 0
10 12 9 0 0
I(xi ∈ P) d(xi)
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