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Faculté de médecine d’Alger

Département de médecine dentaire

Cours d’Histologie
2ème année

HISTOLOGIE DE L’EMAIL
DENTAIRE

Présenté par : Dr Z.MESSAOUDI

Année universitaire 2020-2021


1. Introduction :
L’émail tapisse la surface externe de la couronne dentaire et protège ainsi
la dentine et la pulpe sous-jacentes contre l’abrasion lors des pressions
mécaniques de la mastication. C’est le tissu le plus dur de l’organisme car il est
hautement minéralisé.
Il est formé par l’assemblage de milliers d’unités de structures : les
prismes de l’émail. Chaque prisme s’étend de la jonction amélo-dentinaire
jusqu’à la surface de la couronne. Ces prismes sont unis entre eux par une mince
couche de substance inter prismatique.

L’émail est le Seul tissu minéralisé dépourvu de cellules, formé de


cristaux d’hydroxyapatite enrobés de matrice organique et d’eau. Il est élaboré
en totalité pendant l’odontogenèse et ne peut être reconstruit dans la dent adulte.

2. Rappel sur l’Amélogenèse :


L’émail est élaboré en totalité avant l’éruption de la dent. L'amélogenèse
comprend la synthèse et la sécrétion des molécules de la matrice de l'émail, la
minéralisation puis la maturation de l'émail par les améloblastes. Elle débute à
partir du stade de la cloche au niveau de la couche épithéliale interne, et se
poursuit latéralement jusqu’au futur collet de la dent.

2.1. Phase initiale : bourgeon de l’émail


• La portion épithéliale du bourgeon dentaire embryonnaire constitue
l’ébauche de l’organe de l’émail d’où dérivera l’amélogenèse.
• L’épithélium buccal s’épaissit d’abord en « mur plongeant » qui se divise
ensuite en deux lames dentaire et vestibulaire.
• De la lame dentaire naît le bourgeon de l’émail.
• Le bourgeon de l’émail, de forme sphérique, est entouré par un manchon
de tissu conjonctif particulier, l’ectomésenchyme qui est à l’origine du
complexe dentinopulpaire. Il est constitué de cellules épithéliales
périphériques basales cubiques et de cellules polygonales présentant les
attributs des cellules malpighiennes de l’épithélium buccal dont elles
dérivent.

2.2. Deuxième stade : cupule


Le bourgeon épithélial s’aplatit en « cupule », englobant dans sa concavité du
tissu ectomésenchymateux ou papille dentaire.
2.3. Troisième stade : aspect en « cloche »

Au centre les cellules se disjoignent, écartées les unes des autres par les produits
qu’elles synthétisent (glycosaminoglycanes). Elles prennent un aspect étoilé
qu’on dénomme le réticulum stellaire.

En regard de la papille dentaire, quelques cellules se différencient en une couche


appelée stratum intermedium. Celle-ci est douée d’une activité phosphatase
alcaline élevée. Elle constitue avec les cellules de l’épithélium dentaire interne
une unité fonctionnelle dont le rôle est essentiel dans la formation de l’émail.

Avant la sécrétion de dentine, l’organe de l’émail bénéficie des vaisseaux de la


papille.

Dès que la sécrétion initiale de dentine a débuté, une nouvelle induction en sens
inverse (influence des cellules conjonctives sur l’épithélium dentaire interne) se
produit. Les cellules de l’épithélium dentaire interne se différencient en
améloblastes qui vont former l’émail.

La synthèse et la sécrétion de la matrice organique de l’émail se fait par les


améloblastes.

La Minéralisation de l’émail obéit à un mécanisme différent de celui observé


dans les autres tissus minéralisés où des vésicules matricielles précèdent la
formation des cristaux dans la matrice organique préformée puis on assiste
d’emblée à la formation de cristaux dans les protéines récemment sécrétées

Pendant la phase de maturation de l’émail, les minéraux affluent sans cesse et


permettent l’accroissement en longueur et en largeur des cristaux. Cette
augmentation de volume n’est possible que grâce à la mobilisation et à
l’élimination de la trame protéique. Cette trame serait d’abord soumise à une
hyperpression entre les cristaux, puis à une dégradation grâce à la sécrétion par
les améloblastes de protéases dégradant ces protéines en polypeptiques à poids
moléculaire plus faible (TRAP et LRAP) déposés en fin manteau autour des
cristaux.

3. Propriétés de l’émail adulte :

3.1. Propriétés Chimiques :


• L’émail est constitué de 96 % de minéraux, sous forme de cristaux
d’hydroxyapatite, de 4 % de matériel organique et d’eau :
• Les minéraux sont en majeure partie des cristaux d’hydroxyapatite
(Ca10 [PO4] 6 H2O), sels de calcium et de phosphore également
présents dans l’os, le cartilage calcifié, la dentine et le cément. des
ions variés (strontium, magnésium, plomb, fluor) peuvent être
présents.
• L’eau serait soit libre, soit disposée autour des cristaux, soit
incorporée aux protéines.
• La matrice organique est constituée de produits de dégradation
des protéines de l’émail. Il s’agit d’une gamme d’enzymes incluant
des protéases, des métallo-protéinases, des phosphatases et des
traces d’autres protéines non collagènes communes aux autres
tissus minéralisés. Parmi ces protéines, 90 % sont des amélogénines
et 10 % regroupent énaméline, tuftéline, améline.

• Après l’éruption dentaire, une partie de la matrice serait éliminée à


l’extérieur, ce qui augmenterait le taux de minéralisation.

3.2. Propriétés physiques :

• l’émail adulte est translucide, blanc bleuâtre.


• Son épaisseur moyenne est de 1,5 mm. Elle varie en fonction de la
topographie. Plus importante en regard des cuspides et du bord
incisif, elle diminue au niveau du collet en regard de l’attache
gingivale.

4. Structure histologique :
L’émail est constitué par la juxtaposition de structures élémentaires ou prismes.
4.1. En microscope optique :
• Les prismes sont des cordons minéralisés qui parcourent l’émail de la
jonction amélo-dentinaire à la surface de la dent cependant un petit nombre
de prisme n’atteint pas la surface. Ils sont une section en trou de serrure,
présente une partie renflée ou cœur des prismes se prolonge d’une partie
mince ou queue des prismes.
• Les prismes sont imbriqués les uns dans les autres. Leur diamètre est
d’environ 7µm, arrangés entre eux de telle sorte que le cœur d’un prisme est
logé entre les queues de 2 prismes sous-jacents.
• L’espace inter prismatique est occupé par du matériel matriciel c’est la gaine
des prismes entourant le cœur des prismes. Cette gaine constitue un reliquat
matriciel qui persiste dans l’émail mature.

• Les prismes observés en coupe longitudinale présentent des alternances de


constriction et dilatation

• En coupe transversale, les prismes offrent un contour hexagonal, polygonal,


ovalaire, ou en arcade. Ils paraissent imbriqués les uns dans les autres
rappelant la disposition des écailles d’un poisson. Ils ont un trajet sinueux
dans les 2/3 interne de l’émail.

• Dans la portion centrale du tissu, on note une alternance de prismes en


section transversale et d’autres en section longitudinale réalisant l’alternance
d’images claires et sombres ce sont les bandes de Hunter-Schreger.

• Dans le 1/3 externe de l’émail, le trajet des prismes devient progressivement


rectiligne, ils sont alors parallèles entre eux et perpendiculaire à la surface
dentaire.
4.2. En microscope électronique :
• Le prisme est formé de cristaux d’hydroxyapatite. Ces cristaux sont
individuellement entourés d’un espace étroit rempli de substance organique
constituant la gaine du cristal.
• La substance inter prismatique se localise entre les prismes de l’émail. Elle
est moins minéralisée et plus riche en substance organique que les prismes.
Les cristaux d’hydoxyapatite y sont de taille plus réduite et sont disposés
obliquement, faisant un angle de 40° à 60° par rapport à l’axe longitudinal
du prisme.
5. Caractéristiques histologiques de l’email :

Les Stries de Retzius :

- L’examen à la loupe ou même à l’œil nu, de coupes longitudinales de dents,


obtenues après usure, permet de remarquer au niveau de la couronne, un
ensemble de lignes appelées Stries de Retzius .
- Les stries sont des zones de moindre minéralisation.
- Sur coupe longitudinale de la dent, les lignes de Retzius apparaissent parallèles
entre elles, avec la surface de couronne, ainsi qu’avec la limite émail-dentine.
L’espacement entre deux lignes de Retzius consécutives est variable.
- Sur une coupe transversale de la couronne, les stries de Retzius apparaissent
comme des anneaux concentriques.
- Les Stries de Retzius sont dues à l’activité intermittente des améloblastes. En
effet, l’amélogenèse, se fait par dépôt de couches successives d’émail, avec
alternance de période d’activité et de repos des améloblastes.

La « ligne néonatale » de l’émail :


C’est une strie de Retzius plus accentuée que les autres. Elle correspond à
l’émail formé au moment de la naissance, période pendant laquelle interviennent
des perturbations métaboliques importantes.

La membrane de Nasmyth :
En fin de formation de l’émail, les améloblastes forment à la surface de l’émail
une fine membrane de nature glycoprotéique qui dérive de l’organe de l’émail.
Cette cuticule est détruite au moment de l’éruption, elle est remplacée par la
membrane de Nasmyth, substance dure et résistante, riche en sels calcaires.
La membrane de Nasmyth apparait lorsque l’émail entre en contact avec la
salive.

La jonction émail dentine :


La substance organique est plus abondante dans la jonction amélo-dentinaire.
L’émail de cette région est aprismatique ; c’est dans cette zone que se
localisent les aiguilles et les buissons de l’émail.

Aiguilles ou fuseaux de l’émail :


Elles correspondent à des canalicules en continuité avec les canalicules de la
dentine et contiennent parfois des fibres de Tomes. Elles commencent à la
jonction amélo-dentinaire et s’allongent verticalement de quelques microns dans
l’émail.

Les buissons de l’émail :


Ces structures partent de la jonction amélo-dentinaire et s’épanouissent en
branches et rameaux dans la partie profonde de l’émail .Elles sont hypo
minéralisées et riches en substance organique.

Les lamelles de l’émail :


Ce sont des images ayant l’aspect de fissures allant de la surface de l’émail et
s’enfonçant perpendiculairement vers la dentine. Elles sont hypo minéralisées et
riches en substance organique.

6. MODIFICATIONS PATHOLOGIQUES
Du fait de la disparition des améloblastes au terme de l’amélogenèse, tout défaut
agissant durant l’odontogenèse persistera dans la dent adulte.
6.1. Dysplasie génétique (amélogenèse imparfaite ou dysplasie héréditaire
de l’émail)
Elle groupe divers types de défauts héréditaires localisés sur l’émail, à
l’exclusion des autres tissus dentaires d’origine mésenchymateuse.
Le mécanisme variable du défaut permet d’en décrire trois types :
– l’hypoplasie caractérisée par une sécrétion défectueuse de la matrice par
l’améloblaste du fait de perturbations dans la différenciation de cette cellule ;

– l’hypominéralisation, caractérisée par une calcification défectueuse de la


matrice organique qui s’est formée normalement

– l’hypomaturation où les cristaux d’hydroxyapatite restent jeunes, sans


atteindre le volume de cristaux normaux.

Cliniquement, dans les deux dentitions, provisoire et permanente, l’émail est


parsemé de taches brunes ou lacunes, ou peut être absent en certains points.

La radiographie montre l’amincissement, voire l’absence, de la couche d’émail.


L’opacité peut être réduite, devenant analogue à celle de la dentine. Cette
affection héréditaire se transmet selon un mode autosomal dominant.

6.2. Hypoplasies acquises de l’émail


Provoquées par des facteurs extrinsèques, elles peuvent toucher toute la
dentition ou ne porter que sur une ou quelques dents. Elles atteignent à la fois
l’émail et la dentine sous-jacente. De multiples facteurs peuvent les engendrer
(avitaminoses A, C, D, maladies fébriles, hypocalcémie, infection locale ou
traumatisme, ingestion de produits fluorés). Dans les formes frustes, on constate
des cavités et fissures à la surface de l’émail. Dans les atteintes plus sévères, la
surface de l’émail est sillonnée de dépressions horizontales superposées les unes
aux autres. Parmi ces hypoplasies acquises, deux sont particulièrement
intéressantes.

- L’hypoplasie de l’hyper-fluorose : Le fluor est normalement présent dans


l’émail à des taux faibles. Son ingestion à faibles doses est bénéfique, protégeant
l’émail contre les caries. En revanche, s’il est ingéré en trop grande quantité, il
devient nocif et peut déterminer des hypoplasies diffuses. L’émail lésé présente
des taches blanches ou brunes. En microscopie électronique, la substance inter-
prismatique n’est pas minéralisée. Les prismes, pauvres en calcium, se
désagrègent, ce qui crée des lacunes.

- L’intoxication par la tétracycline. Cet antibiotique, s’il est administré pendant


l’odontogenèse, s’incorpore dans les tissus minéralisés. Il crée au niveau de
l’émail des bandes de pigmentation indélébiles.

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