La dentine

A-Définition :
La dentine est un tissu calcifié qui entoure le parenchyme pulpaire sauf au niveau de
l’orifice des apex, sa face externe est recouverte dans sa partie coronaire par l’émail, et
dans sa partie radiculaire par le cément.

C’est le résultat de la minéralisation du substrat matriciel élaboré par les odontoblastes.

B-Dentinogenèse :
La dentinogénèse passe par des étapes successives depuis la différenciation des
odontoblastes jusqu'à la minéralisation du substrat matriciel.

B-1-Différenciation des odontoblastes :

Cellule périphérique de la papille ectomésenchymateuse située à courte distance de la

membrane basale :

-non polarisée

-noyau ovalaire et central

-organites cellulaires réparties de manière uniforme dans le cytoplasme.

-ce sont des cellules qui vont se différencier dans le cytoplasme :

B-1-1)-formation des pré-odontoblastes :

-arrêt de la prolifération cellulaire

-augmentation de la taille de la cellule

-les cellules s’accrochent aux fibrilles d’encrage de la membrane basale, elles sont
appelées les pré-odontoblastes.

B-1-2)-différenciation des odontoblastes :

Polarisation de la cellule : on distingue un pole apical ou sécrétoire proche de la

membrane basale et un pole nucléaire proche de la future pulpe dentaire.

-REG parallèle au grand axe de la cellule

-appareil de golgi plus central

-le corps cellulaire s’allonge pour atteindre une hauteur d’environ 50µm.

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-formation d’un prolongement cellulaire au pole apical et son allongement entraine le
recule des corps cellulaires odontoblastiques en direction du centre de la papille
ectomésenchymateuse, cette dernière prendra le nom de pulpe dentaire dés l’apparition
des premiers odontoblastes.

-le prolongement se ramifie pour donner plusieurs branches qui vont s s’étendre
latéralement Par rapport au tronc principal. ;

-formation d’une toile terminale qui sépare le prolongement du corps cellulaire (filament
d’actine et de vimentine) laissant passage uniquement aux vésicules d’exocytose.

B-2-libération de la matrice dentinaire :

Les odontoblastes synthétisent et sécrètent de la prédentine entre les fibrilles d’encrage

de la membrane basale, plus tard, autours des prolongements odontoblastiques, ensuite
maturation de cette matrice et minéralisation.

La première couche de dentine est appelée le manteau dentinaire.

-La minéralisation commence lorsque la prédentine atteint une épaisseur de 20 à 30 µm au

niveau coronaire et quelques micros au niveau radiculaire.

La minéralisation est le résultat de l’imprégnation du substrat matriciel par les sels de

phosphate de calcium qui cristallisent sous forme d’hydroxyapatite Ca10(PO4)6OH2 et le
passage de la phase ionique à la phase cristalline suppose un enrichissement préalable en
Ca et PO4.

La formation de la dentine se fait par couches successives avec des périodes de repos,
laissant des traces sous formes de stries ou lignes de VON EBNER dont les plus accentuées
portent le non du contour d’OWEN.

-L’interface entre la dentine minéralisée et non minéralisé est appelé front de

minéralisation ou metadentine.

Le dépôt continue de prédentine repousse le corps cellulaire de l’odontoblaste vers le

centre de la pulpe dentaire, ce phénomène accroit progressivement la taille du
prolongement qui se trouve inclus dans un petit tube de dentine, appelé tubule dentinaire,
qui s’allonge au même temps que lui.

Ce tube très fin, fait environ 2.5 µm de diamètre.

Durant toute la vie de la dent, les odontoblastes sont en relation étroite avec les cellules
de la région odontoblastique : fibroblastes pulpaires, les cellules endothéliales des
capillaires (apport d’oxygène et de nutriments), cellules immunitaires pulpaires (défense),
fibres nerveuses pulpaires dont certains pénètrent dans les odontoblastes et même dans
les tubules dentinaires pour une courte distance.

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C-Composition :
Schématiquement la dentine est composée d’un compartiment cellulaire et d’une matrice
extracellulaire.

C-1/Le compartiment cellulaire :

Il est constitué d’odontoblastes dont les corps cellulaires sont situés à la périphérie de la pulpe et
dont les prolongements traversent une grande partie de la dentine dans des fins canalicules (les
tubules dentinaires)

Le corps cellulaire est le siège de toutes les biosynthèses, alors que le prolongement cellulaire est
impliqué dans les phénomènes d’exocytose et d’endocytose.

C-2/La matrice extracellulaire :

Elle est constituée d’une phase minérale (70%), la matrice organique (20%) et d’une phase aqueuse
(10%)

C-2-1 : la matrice organique : elle est riche en protéines matricielles, elle est composée
de protéines et de lipides.

C2-1-1 Les protéines :

C-2-1-1-1-les protéines collagéniques: les fibrilles de collagène sont synthétisées et

sécrétées par les odontoblastes, elles constituent l’armature de la matrice dentinaire (90%), et
elles ont un rôle de support du minéral dentinaire constitué essentiellement de cristaux
d’hydroxyapatite carbonaté.

C-2-1-1-2 : les protéines non collagéniques :

a) Les SIBLINGs (Small Integrin-bending Ligand N-linked Glycoprotéines)

Elles sont présentes principalement dans l’os et la dentine, elles sont en nombre de 5 :

a-1: DSPP ou la sialo-phosphoprotéine dentinaire:

protéine précurseur de 1031 acides amines immédiatement clivée après sa sécrétion par BMP1 et
MM20 en 2 produits: la DSP, la DPPet la DGP.

a-1-1-DSP ou sialoprotéine dentinaire (95 kda):

sécrétée dans la prédentine, localisée dans la prédentine et au niveau des parois des tubules
dentinaires; elle régule la formation de la matrice, en effet à faible concentration elle active la
formation de l'hydroxyapatite et à forte concentration elle inhibe la formation de l'hydroxyapatite.

a-1-2-DPP ou phosphoprotéine dentinaire(140 kda):

sécrétée au front de minéralisation, spécifique de l'orthodontine.

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Elle se lie au calcium, à l'hydroxyapatite et collagène type1.

Elle initie la minéralisation inter fibrillaire.

a-1-3-DGP ou glycoprotéine dentinaire dont le rôle est inconnu.

a-2: La BSP ou la sialoprotéine osseuse( 60 à 80 kda):

elle provoque une augmentation de la fibrillation du collagène.

stimule la formation d'hydroxyapatite( nucléation et croissance cristalline).

a-3: protéine acide de la matrice dentinaire1 (53 à 61 kda):

-hautement phosphorylé, rôle potentiel de régulateur de la transcription du gène DSPP;

-localisée au niveau du front de minéralisation.

-rôle dans la nucléation.

a-4: MEPE ou phosphoglycoprotéine extracellulaire matricielle:

rôle potentiel dans la minéralisation phosphorylé, elle stimule la minéralisation .

a-5: l'ostéopontine (glycoprotéine phosphorylée de 44 kda):

-sa synthèse est stimulée par la vitamine D et le TGFB1;

-liaison à l'hydroxyapatite.

-inhibiteur de la minéralisation selon son état de phosphorylation.

b) L'Ostéonèctine:

-protéine de 43 kda riche en acides aminés.

-liaisons au collagène de type 1.

-présente dans la prédentine.

-inhibiteur de croissance des cristaux d'hydroxyapatite.

C-2-1-2-les lipides (1.75%) :

Riche en cholestérol, mono-di-et triglycérides, acides gras libres et phospholipides.

Certains phospholipides pourraient être impliqués dans la bio-minéralisation dentinaire.

C-2-2/la matrice minérale

Elle est riche en cristaux d’hydroxyapatite, et quelques ions de minéraux sous forme de traces.

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D-HISTOLOGIE
Selon la localisation on décrit deux types de dentine :

-la dentine périphérique, la plus externe.

-la dentine Circumpulpaire, la plus interne.

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 D-1-La Dentine périphérique

Elle comprend 3 couches différentes, de la plus superficielle à la plus profonde :

-au niveau coronaire: c'est le manteau dentinaire

-au niveau radiculaire: la couche hyaline de Hopewell-Smith en périphérie et la couche granulaire

de Tomes.

1-1-Le manteau dentinaire : c’est la première à se déposer au niveau coronaire au contact de

l’émail et du cément.

Son épaisseur est comprise entre 7 et 30 µm (GOLDBERG), elle est dépourvu de canalicules et ne
contient pas de phosphoprotéines (PIETT et GOLDBERG 2001).

1-2-La couche hyaline de HOPEWELL-SMITH :

Située entre la couche granulaire de Tomes et le cément acellulaire; elle contiendrait des protéines
amélaires, elle est hautement calcifiée, non collagéniques surlignant la dentine radiculaire.

C’est une couche étroite de 7 à 15 µm d'épaisseur et est également dépourvu de canalicules

dentinaires.

qualifiée auparavant de cément intermédiaire dont l'origine est controversé.

1-3-La couche granulaire de TOMES :

Située entre la couche de Hopewell-Smith et la dentine Circumpulpaire

Elle est hypo-minéralisée et épaisse de 8 à 15 µm, elle contient de fins canalicules (GOLDBERG
1989), caractérisée par la présence d'espaces inter globulaires persistant entre les calcosphérites
au moment de la minéralisation dentinaire qui ne fusionnent pas de façon uniforme, donnant un
aspect granuleux à cette couche.

1-4Les rapports email dentine :

La jonction entre l’émail et la dentine présente un trajet festonné dont les concavités sont
tournées vers l’émail.

L’émail et la dentine sont accolés, les deux tissus présentent entre eux une cohésion remarquable.

1-5-La jonction dentine-cément

Au niveau des racines, la limite externe de la dentine périphérique et sa jonction avec le cément
sont mal définies.

-La minéralisation, par suite de non fusion des calcosphérites à ce niveau, semble hétérogène,
cette zone porte le nom de couche granulaire de TOMES.

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D-2) La Dentine Circumpulpaire :

D-2-a- Structure histologique :

Elle est caractérisée par la présence de tubules dentinaires qui la parcourent de la jonction amélo-
dentinaire à la pulpe.

Les tubules entourent les prolongements cytoplasmiques des odontoblastes, ces prolongements
s’allongent au fur et à mesure que les corps cellulaires reculent au cours de la dentinogenèse et
que s’apposent les couches successives de dentine.

- le tubule, le contenu cytoplasmique et le matériel péri-cytoplasmique, la zone péri-tubulaire

forment une unité métabolique dentinaire.

-entre 2 unités voisines se trouve la dentine inter-tubulaire.

a-1-Les tubules dentinaires

-les tubules dentinaires sont parallèles entre eux, au niveau coronaire, ils ont un trajet en S
allongé ; au niveau des racines ils ont un trajet rectiligne, ils sont reliés entre eux par des tubules
secondaires ; leur nombre varie entre 20000 et 65000/mm2. Leur diamètre diminue
progressivement de la pulpe à la jonction amélo-dentinaire (2,5 à 0,5 µm), au niveau de la JAD, les
tubules se terminent par des -bi-ou des tri- furcations.

a-2-Les prolongements cytoplasmiques

Ils sont issus du corps cellulaire des odontoblastes qui se trouvent à la périphérie de la pulpe.

Le contenu cytoplasmique diminue au fur et à mesure que l’on s’éloigne du corps cellulaire et
l’ergastoplasme et les mitochondries se font plus rares.

Les prolongements cytoplasmiques peuvent présenter des expansions latérales, (incluses dans les
tubules secondaires) notamment dans la dentine interne.

a-3-L’espace péri-cytoplasmique :

L’espace péri-cytoplasmique, situé entre le prolongement cellulaire et la paroi des tubules est
comblé par des complexes polysaccharidiques et des protéines non collagéniques.

Ce matériel péri-cytoplasmique intra-tubulaire constitue une réserve matricielle potentielle

minéralisable qui sert de support à la formation de la dentine péri-tubulaire.

C’est dans l’espace péri-cytoplasmique que cheminent les terminaisons nerveuses issues de
l’innervation pulpaire.

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a-4-La dentine inter-tubulaire :

La dentine inter tubulaire occupe l’espace situé entre deux unités dentinaires voisines.

Elle est constituée d'une trame minérale organisée en petites paillettes longues de 60 µm et larges
de 3 à 4 nm.

Sa matrice organique est composée de 85 à 90% de collagène type I, et de nombreuses protéines

non collagéniques.

Elle présente une certaine résilience et se prête facilement à l'abrasion (Piette et Goldberg)

a-5-La dentine péri-tubulaire :

Elle forme une gaine dense et homogène, fortement minéralisée, elle décrit un anneau de dentine
autour des prolongements cellulaires, conférant la résistance au tissu.

Elle a une épaisseur allant de 0.5 à 1.5 nm, elle résiste mieux aux pressions exercées sur la dent
comme l'abrasion, sa matrice organique ne contient pas du collagène fibrillaire et elle est plus
minéralisée que la dentine inter tubulaire.

D-2-b-Les différents types de dentine Circumpulpaire:

On peut distinguer 3 types selon leur chronologie de formation: la dentine primaire, la dentine
secondaire et la dentine tertiaire.

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b-1-La dentine primaire:

Elle est sécrété par les odontoblastes de première génération, sa synthèse débute lors de la vie
intra-utérine et se poursuit jusqu'a la mise en fonction de la dent sur l'arcade, elle a une épaisseur
de 150 µm.

b-2-La dentine secondaire:

Elle est sécrétée tout au long de la vie, en l'absence de processus pathologique, elle apparait
lorsque la racine a fini son édification. Elle est en continuité avec la dentine primaire.

Elle se situe en périphérie de la chambre pulpaire et s'accumule principalement sur tout le toit et le
plancher pulpaire.

b-3-La dentine tertiaire:

C’est une dentine formée au cours d'un processus pathologique, elle n'est retrouvée que sur des
dents qui ont été sujets à un traumatisme ou à une irritation.

Elle est moins perméable que les autres, et en fonction de l'intensité du stimulus exercé sur la
dent, la dentine tertiaire va être appelée dentine réactionnelle ou dentine réparatrice.

b-3-1-L a dentine réactionnelle:

Elle est élaborée en présence d'un processus carieux à évolution lente ou alors d'un processus
d'usure.

Elle est sécrétée par les odontoblastes post-mitotiques de première génération survivant à
l'inflammation (Cooper et col 2010), elle se forme au dépend de la lumière des tubules dentinaires
et au niveau de l'interface dentine-pulpe.

elle se dépose plus rapidement que la dentine secondaire et le début de sa sécrétion est marquée
par l'apparition d'une ligne calcio-traumatique. Elle ressemble par son aspect à la dentine
secondaire et physiologique, avec laquelle elle est en continuité. cette sécrétion serait surtout due
à la solubilisation de facteurs de croissance présents dans la dentine saine par le processus
carieux. Les facteurs de croissance atteignent les corps odontoblastiques par une diffusion dans les
tubulés dentinaires et stimuleraient ainsi l'augmentation de la formation dentinaire.

La dentine réactionnelle est une protection efficace pour la pulpe en cas de lésion carieuse
chronique.

b-3-2-La dentine réparatrice:

Elle est sécrétée par les odontoblastes de deuxième génération ou odontoblastes de

remplacement, ces odontoblastes en contact de la zone de nécrose vont sécréter une matrice
extracellulaire riche en collagène type I et III et fibronèctine, cette matrice est appelé fibro dentine
ou ostéo dentine, lorsqu'elle se minéralise elle est appelée ortho dentine (Piette et Goldberg 2001).

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