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République algérienne démocratique et populaire

Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche


Scientifique

Université de constantine3
Faculté de médecine
Département de chirurgie dentaire

Cinétique de la lésion carieuse dentinaire

Cours d’Odontologie Conservatrice/E à l’usage des étudiants de 2° année

Plan :
Introduction
I- PARTICULARITÉS DE LA CARIE DE LA DENTINE
II-Aspect macroscopique
III-Aspect microscopique
IV-MODES DE PROGRESSION DE LA CARIE DENTINAIRE

Conclusion
Bibliographie
Présenté par :Dr. Nouri .S
assistante en OC/E

Année universitaire :2022/2023

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Introduction :
Alors que l’émail est un tissu fortement minéralisé et acellulaire, la dentine est un tissu conjonctif
minéralisé mais avasculaire. La dentine constitue donc un tissu vivant ; elle est traversée sur toute
son épaisseur par des tubuli renfermant des prolongements cellulaires dont le corps est situé en
périphérie du mésenchyme pulpaire. On parle souvent du « complexe pulpo-dentinaire ».
Du fait de ces particularités anatomiques, toute atteinte de la dentine a très vite une répercussion sur le
mésenchyme pulpaire.

I- PARTICULARITÉS DE LA CARIE DE LA DENTINE :


- Si la progression de la carie est relativement lente dans l’email, elle est beaucoup plus rapide dans
la dentine. Ceci s’explique par :
*Les différences dans la morphologie et le degré de minéralisation (l’émail contient 96 % de sels
minéraux et seulement 0,4 % de matière organique, alors que la dentine en contient respectivement
environ 70 et 20 %).
*De plus, à la surface amélaire, les acides produits par la plaque dentaire peuvent être partiellement
neutralisés par les tampons salivaires, et ainsi l’émail se dissout-il plus lentement. Au contraire, dans
la carie dentinaire après cavitation, le pH de la plaque est beaucoup plus bas, entraînant une
modification de la flore bactérienne qui devient plus acidogène et principalement constituée de
lactobacilles.
- La lésion carieuse de l’émail est asymptomatique pour le patient, alors que dès la dentine est
atteinte, une sensibilité plus ou moins importante intervient du fait de la présence, dans les tubules,
du fluide dentinaire, du prolongement odontoblastique et de fibres nerveuses.

II-Aspect macroscopique de la lésion carieuse de la dentine :


 La lésion carieuse s’étend latéralement le long de la jonction amélo-dentinaire aboutissant à une
lésion plus étendue.
 Elle progresse également en profondeur en direction de la pulpe en suivant l’axe des tubulis
dentinaires
 Ces lésions de la dentine sont « extrêmement » polymorphes, elles peuvent être de simples
orifices grisâtres ou noirâtres pouvant passer inaperçues, ou parfois d’importantes cavités
anfractueuses avec des destructions coronaires partielles voire totales.

III-Aspect microscopique de la lésion carieuse de la dentine :


 La lésion prend la forme d’un cône dont la base suit la jonction amélo-dentinaire et le sommet est
tourné vers la pulpe.
 Plusieurs zones sont schématiquement distinguées dans la lésion carieuse de la dentine partant de
la zone superficielle vers la dentine saine.

Zone 1 : zones nécrotique : couche superficielle ou couche décomposée


 Elle consiste en une destruction du tissu dentinaire et de son réseau tubulaire.
 On y trouve un mélange de plaque bactérienne et de matrice collagénique désintégrée par
l’activité bactérienne protéolytique
 C’est cette partie de la lésion qui est facilement enlevée manuellement à l’aide de curettes en
clinique.

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Zone 2 : zones infectée : couche d’invasion bactérienne (dentine infectée)
 Elle est caractérisée par une atteinte de la dentine péritubulaire
 La présence de nombreuses bactéries dans les tubulis qui peuvent être isolées ou sous forme
d’agrégats.

Zone 3 : zones affectée : couche de déminéralisation (dentine affectée)


 Les sels minéraux sont partiellement dissous, mais avec préservation de la morphologie péri- et
intertubulaire
 Il existe des bactéries dans les tubules, mais de plus en plus rares en direction de la pulpe.

Zone 4 : zones sclérotique : dentine réactionnelle ou tertiaire de structure amorphe


 Elle est caractérisée par une réduction progressive du diamètre de la lumière tubulaire, pouvant
même aboutir à l’obturation complète du tubule et constituant ainsi une barrière à l’invasion
microbienne.
 Cette zone est parfois appelée dentine translucide ou transparente car les tubules acquièrent un
indice de réfraction similaire à la dentine avoisinante.

Zone 5 : zone de dentine saine : Elle présent une architecture conservée

Remarque :
Il faut souligner que la transition entre ces différentes zones ne se fait pas de façon franche mais au
contraire progressivement, la limite entre les zones n’étant pas nette, surtout dans le cas de lésion
carieuse à progression rapide.

IV- Modes de progression de la carie dentinaire : Cliniquement on peut observer 3 types


de lésion carieuse de la dentine en fonction de la rapidité d’évolution du processus carieux :

1-La carie à évolution rapide ( aigüe ou active) :


- On la rencontre fréquemment sur des dents jeunes immatures et chez les adolescents
-Dans ce cas la cavité de carie présente une petite ouverture à travers l’émail alors qu’elle s’étend en
profondeur vers la jonction amélo-dentinaire.
-C’est une véritable plaie, de fond mou avec une grande quantité de dentine ramollie de couleur
jaune claire
-Elle progresse rapidement mettant à nu une grande quantité de fibre de tomes d’où une sensibilité
plus importante aux irritations extrêmes.
- Lors de cette attaque virulente ; et devant la rapidité du processus cariogénique, la pulpe n’a pas le
temps de se défendre par la formation de barrière de protection (Il y a arrêt de la dentinogénèse).

2- La carie à évolution lente (chronique ou passive):


- On la rencontre chez l’adulte.
- Dans ce cas l’ouverture de la cavité de carie est plus large
- La dentine ramollie est en petite quantité et de couleur brune, de consistance dure
- La sensibilité dentinaire est réduite ou nulle
- La dentinogénèse s’effectue normalement (la formation de dentine tertiaire de couleur foncée, dure
plus au moins épaisse qui protège et isole la pulpe)

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Carie arrêtée ou séche (stabilisée):
- C’est une lésion qui reste stationnaire, peu fréquente
- Absence de dentine ramollie
- Le fond est dur, brun foncé / noirâtre, lisse et brillant.
- La sensibilité est nulle
- La lésion évolue vers un mode cicatricielle

Conclusion :
- La cinétique de la lésion dentinaire est fortement active.
- La dégradation de la structure dentinaire qui représente la 2 éme barrière de protection de la
pulpe aboutira inévitablement à une inflammation pulpaire (pulpite)qui se traduit par le passage
des toxines bactérien au parenchyme pulpaire.

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Bibliographie :
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- Riethe P, Günter R. Atlas de médecine dentaire: prophylaxie et traitement conservateur des
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