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École des Annales 37 langues

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Début L'École des Annales est un courant historique français fondé par Lucien Febvre (1878-1956) et
Première génération Marc Bloch (1886-1944) à la fin des années 1920. Il succède à l'École méthodique de la Revue École des Annales
historique fondée en 1876 par Gabriel Monod, et met en avant une histoire globale, holiste, à la fois
Seconde Guerre mondiale et
Histoire
Occupation dans le temps (longue durée) et dans l'espace (prise en compte des faits de société dans leur
ensemble). Caractérisées dès leurs débuts par une volonté de transdisciplinarité au sein des Fondation Années 1920
Deuxième génération
sciences sociales, les Annales renouvellent en profondeur l'historiographie française du XXe siècle, Cadre
Troisième génération
qu'elles dominent durant plus de quarante ans à travers plusieurs « générations » d'historiens.
Type École de pensée, courant
Quatrième génération
historiographique
Notes et références Première génération [ modifier | modifier le code ] Pays  France
Voir aussi Organisation
Cette section ne cite pas suffisamment ses sources (mai 2017). [afficher]
Bibliographie Fondateurs Marc Bloch, Lucien Febvre
Début 1929, Lucien Febvre et Marc Bloch fondent une revue dont la postérité sera sans précédent Publication Revue des Annales
Articles connexes
e
en France au XX  siècle : les Annales d'histoire économique et sociale. Cette revue, tout comme
Liens externes modifier - modifier le code - modifier Wikidata
l'École, essaie d'écrire une histoire complète, une histoire « totale », en ne se limitant plus aux seuls
aspects politiques, militaires ou diplomatiques. Mais l'École des Annales, comme l'a montré Robert
1
Leroux , trouve ses origines dans les travaux de Henri Berr et de l'école durkheimienne, notamment
2
François Simiand, et aussi, ainsi que le rappelle Jacques Le Goff , dans la communication d'Henri
3
Pirenne, en 1923, sur la méthode comparative en histoire , de sorte que la date de 1929 peut
apparaître davantage comme un aboutissement qu'un commencement absolu.

On retrouve les expressions les plus vives de ces diverses influences dans le livre phare de Lucien
Febvre, Combats pour l'histoire, qui veut secouer l'apathie et la paresse intellectuelle des historiens en
s'opposant à l'histoire « traditionnelle », celle de Seignobos et de Lavisse. Dans la revue tout comme
dans Combats pour l'histoire, le « social » est hissé comme bannière, afin de couvrir tout un champ
encore inconnu, celui des profondeurs de l'histoire, de ses souterrains, que ce soit sur les plans Marc Bloch Lucien Febvre
économique et social ou sur le plan balbutiant des mentalités. Les fondateurs de l'École des Annales.

La naissance de l'École des Annales s'inscrit dans le contexte de l'entre-deux-guerres (1918-1939), où


l'Occident est en proie à une grave crise de l'historicité, le sentiment du Progrès et de la continuité ayant perdu leur évidence, et la Première Guerre
mondiale ayant secoué les certitudes d'une Europe triomphante. Le rôle de l'historien ne peut plus, dès lors, se réduire à l'accumulation laborieuse de
petites histoires désincarnées. L'historien doit, selon l'un des fondateurs Lucien Febvre, plonger dans son présent afin d'écrire une histoire vivante, qui
palpite avec son époque et qui est engagée dans ses enjeux :

« Entre l’action et la pensée, il n’est pas de cloison. Il n’est pas de barrière. Il faut que l’histoire cesse de vous apparaître comme
une nécropole endormie, où passent seules des ombres dépouillées de substance. Il faut que, dans le vieux palais silencieux où
elle sommeille, vous pénétriez, tout animés de la lutte, tout couverts de la poussière du combat, du sang coagulé du monstre
vaincu – et qu’ouvrant les fenêtres toutes grandes, ranimant les lumières et rappelant le bruit, vous réveilliez de votre vie à vous,
de votre vie chaude et jeune, la vie glacée de la Princesse endormie … »

— Combats.

L'histoire doit devenir une « histoire-problème », qui questionne le passé et remet constamment en question ses propres postulats et méthodes, afin de ne
pas être en reste sur les autres sciences et sur l'histoire du monde. Cette obligation implique de sortir l'histoire de son « immobilisme académique » en
diversifiant et surtout en croisant ses sources, au-delà des seules références écrites traditionnelles. Il s'agit de s'ouvrir aux autres sciences humaines, de
les combiner entre elles afin de pouvoir stimuler la curiosité de l'historien. Pour citer Marc Bloch, l'autre fondateur : « Le bon historien ressemble à l’ogre
de la légende. Là où il flaire la chair humaine, il sait que là est son gibier » (Apologie pour l'histoire ou Métier d'historien).

L'École des Annales, qu'on la considère comme un mouvement d'historiens ayant des préoccupations communes, ou comme un paradigme ayant produit
des cohortes d'historiens, trouva dans la première génération une source inépuisable d'inspiration et d'actualisation. Ayant rédigé près de 50 % de tous les
écrits de la Revue jusqu'en 1940, Lucien Febvre et Marc Bloch ont laissé une marque indélébile sur le mouvement des Annales, faisant même parfois
l'objet d'un véritable culte dans les années 1960 et 1970. Dénoncé ou non, ce « culte » a permis aux générations suivantes des Annales de prôner la
fidélité aux origines du mouvement tout en adaptant et actualisant les écrits et les projets des fondateurs en fonction de leur propre expérience du temps.

Seconde Guerre mondiale et Occupation [ modifier | modifier le code ]

En 1939, le capitaine Marc Bloch, âgé de 53 ans, reprend du service dans l'armée française. Il se voit cantonné loin du feu, au service des carburants. Une
fois démobilisé, il enseigne à l'Université de Clermont-Ferrand puis à l'Université de Montpellier. Afin de mettre sa famille à l'abri, il tente de gagner les
États-Unis. Il n'y parvient pas et s'engage dans la Résistance clandestine. Marc Bloch est arrêté en mars 1944 et torturé. Il est exécuté le 16 juin 1944, dix
jours après que les Alliés ont pris pied en Normandie.

Deuxième génération [ modifier | modifier le code ]

À partir de la Libération, les héritiers de cette école sont, notamment, Fernand Braudel, Pierre Goubert et Ernest Labrousse qui produisent une histoire très
économique et s'intéressent davantage encore au temps long, qui permet d'apprécier l'évolution des sociétés, plutôt qu'au temps court, celui de
l'événement, trop instable pour être significatif. Georges Duby écrivait dans l'avant-propos de son ouvrage Le Dimanche de Bouvines que l'histoire que lui
et ses collègues historiens faisaient « rejetait sur les marges l'événementiel, répugnait au récit, s'attachait au contraire à poser, à résoudre des problèmes
et, négligeant les trépidations de surface, entendait observer dans la longue et la moyenne durée, l'évolution de l'économie, de la société, de la
civilisation ». Georges Duby, héritier des travaux de Marc Bloch et Lucien Febvre, appartient à la seconde génération de l'École des Annales, et
révolutionne le genre en écrivant Le dimanche de Bouvines en 1973. Il y réintroduit l'événement dans l'historiographie, idées en rupture avec l'esprit initial
des Annales. De vingt ans le cadet de Braudel, Pierre Chaunu doit beaucoup à l'école des Annales ; il fonde le centre de recherche d'histoire quantitative
4
et est considéré comme l'un des pères de l'histoire quantitative et sérielle . De 1959 à 1963, Robert Philippe, médiéviste spécialiste des techniques qui
développe une approche globale de l'énergie, est chargé par son maître à penser Fernand Braudel de la direction du Centre de Recherches historiques de
l’École Pratique des Hautes Études et de la coordination de la Division d’Histoire.

Troisième génération [ modifier | modifier le code ]

Profitant du repli du structuralisme et de son rejet de la dimension temporelle, l’École des Annales évolue à la fin des années 1960 d’une histoire
économique et démographique, très productive dans les années 1950 et 1960, vers une histoire culturelle et ethnographique qui prend le nom de
5, 6
« Nouvelle Histoire » . En 1969, la revue des Annales passe d'une direction unique, fortement marquée par la personnalité de Braudel, à un directoire
7
composé d'André Burguière, Emmanuel Leroy Ladurie, Jacques Le Goff, Marc Ferro et Jacques Revel .

Avec en 1971, un numéro spécial de la revue intitulé « Histoire et Structure », les Annales s'inspirent de l'anthropologie structurale de Claude Lévi-Strauss
et s'intéressent au sens caché des pratiques collectives, sans s'enfermer pour autant dans des modélisations trop rigides. André Burguière va plus loin que
l'histoire braudélienne de la longue durée et trace les lignes d'un programme d'anthropologie historique, aux croisements des méthodes de l'histoire, de la
sociologie, de l'ethnologie et de la démographie. Reprenant notamment, conjointement avec le groupe d'histoire sociale de l'Université de Cambridge
(Peter Laslett), la filiation leplaysienne des méthodes quantitatives, du droit coutumier et des modalités d'héritage, ce programme pose les fondations
d'une histoire de la famille d'ambition transdisciplinaire et internationale.

Cet élargissement au pluriel de l'horizon historique, qui s'étend jusqu'à l'archéologie (Jean-Marie Pesez), est particulièrement illustré avec la fondation en
1971 par Pierre Nora de la collection « Bibliothèque des histoires » (chez Gallimard), marquée par l'épistémologie de Michel Foucault. En 1974, Pierre
8
Nora et Jacques Le Goff publient dans cette collection la trilogie Faire de l'Histoire, charte pour la Nouvelle Histoire . « Nouvelle Histoire » sera également
9
le titre, en 1978, d'un ouvrage collectif à caractère encyclopédique récapitulant cinquante années de recherches .

L'autre grand courant de cette Nouvelle Histoire est, à côté de l'anthropologie historique, l'histoire des mentalités qui reprend le terme utilisé par Lucien
Lévy-Bruhl au début du XXe siècle pour le déplacer vers l'exploration de la « psyché » humaine à travers les comportements, sensibilités et représentations
exprimés collectivement. Cette histoire des mentalités, menée par Philippe Ariès, Georges Duby, Michel Vovelle, Robert Mandrou et Jacques Le Goff, va
10
connaître un succès considérable et offre à l'Ecole des Annales son rayonnement national et international le plus spectaculaire .

Quatrième génération [ modifier | modifier le code ]

Alors que l'histoire semble éclater en disciplines et en courants historiographiques toujours plus nombreux, l'École des Annales tente de répondre à
l'emballement par la mise en œuvre d'un tournant critique, initié à la fin des années 1980 par le comité de rédaction de la revue, à l'instigation notamment
de Bernard Lepetit [réf. souhaitée].

Notes et références [ modifier | modifier le code ]

1. ↑ Histoire et sociologie en France : de l'histoire-science à la sociologie durkheimienne, Paris, Presses universitaires de France, 1998.
2. ↑ Jacques Le Goff la Nouvelle Histoire, page 40, rééd., Ed. Complexe 1988, Retz CPEL, Paris 1978.
3. ↑ Ve Congrès international des sciences historiques, 9 avril 1923.
4. ↑ L'historien Pierre Chaunu est mort  [archive]
5. ↑ Poirrier 2004.
6. ↑ Delacroix, Dosse, Garcia 2007, p. 392, chap.5: Expansion et fragmentation: la « Nouvelle Histoire ».
7. ↑ Delacroix, Dosse, Garcia 2007, p. 395.
8. ↑ Delacroix, Dosse, Garcia 2007, p. 404-405.
9. ↑ Le Goff (dir), Nouvelle Histoire, Ed.Retz, 1978
10. ↑ Delacroix, Dosse, Garcia 2007, p. 411.

Voir aussi [ modifier | modifier le code ]

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Guy Bourdé et Hervé Martin (en collaboration avec Pascal Balmand), Les écoles historiques, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points. Histoire »
(no H67), 1997 (1re éd. 1982, Rennes, Université de Haute-Bretagne), 416 p. (ISBN 978-2-02-030022-3, présentation en ligne  [archive]), [présentation en

ligne  [archive]].

André Burguière, « Les Annales, 1929-1979 », Annales. Économies, sociétés, civilisations, Paris, Armand Colin, no 6 (34e année),
novembre-décembre 1979, p. 1344-1346 (lire en ligne  [archive]).

André Burguière, « Histoire d'une histoire : la naissance des Annales », Annales. Économies, sociétés, civilisations, Paris, Armand Colin, no 6 (34e
année), novembre-décembre 1979, p. 1347-1359 (lire en ligne  [archive]).

André Burguière, L'École des Annales. Une histoire intellectuelle, Paris, Odile Jacob, 2006.
Burke Peter, The French Historical Revolution. The Annales School 1929-89, Polity Press, Key Contemporary Thinkers, Stanford University Press,
March 1991. (ISBN 0-8047-1837-7)
Giuliano Crifò, Scuola delle Annales e storia del diritto: la situazione italiana, in Mélanges de l'école française de Rome : antiquité, 93, 1981, 483-494.
Christian Delacroix, François Dosse et Patrick Garcia, Les courants historiques en France, XIXe-XXe siècle, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Folio.
Histoire » (no 158), 2007 (1re éd. 1999, Armand Colin, coll. « U. Histoire »), 724 p. (ISBN 978-2-07-034336-2, présentation en ligne  [archive]), [présentation en

ligne  [archive]].

François Dosse, L'Histoire en miettes : des Annales à la "nouvelle histoire", La Découverte, 1987.
Leroux Robert, Histoire et sociologie en France : de l'histoire-science à la sociologie durkheimienne, Paris, Presses universitaires de France, 1998.
Poirrier Philippe, Aborder l'histoire, Paris, Seuil, 2000.
Philippe Poirrier, Les enjeux de l'histoire culturelle, Paris, Éditions du Seuil, 2004
"L'art, l'écriture et l'histoire. Entretien avec Georges Duby", Le Débat, histoire, politique, société, novembre-décembre 1996, no 92, pp. 174-191.
Jacques Revel, « Histoire et sciences sociales : les paradigmes des Annales », Annales. Économies, sociétés, civilisations, Paris, Armand Colin, no 6
(34e année), novembre-décembre 1979, p. 1360-1376 (lire en ligne  [archive]).

Articles connexes [ modifier | modifier le code ]

Annales. Histoire, Sciences sociales (Revue des annales, depuis 1929)


Nouvelle Histoire
Anthropologie historique
Histoire des mentalités
Histoire comparée

Liens externes [ modifier | modifier le code ]

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