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Cours de Droit Commercial, Licence 2 Et 3
Cours de Droit Commercial, Licence 2 Et 3
Amphi
LMD Amphi
LMD les connaissances
LMD
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1re
qui me sont nécessaires 2019
1re édition 2019-2020
2020
Le contenu du livre le sommaire
Droit
– Le commerçant
Tout y est : les actes de commerce, les professionnels de – Les professionnels non
la vie des affaires, le statut du commerçant, le fonds de commerçants
commerce et les contrats portant sur le fonds de commerce • Le statut du commerçant
et le bail commercial.
Cet ouvrage, conforme au cours magistral de Droit
– Le statut personnel et
professionnel du commerçant
• Le fonds de commerce
commercial
commercial dispensé en Licence 2 et 3 intégre les – Les éléments et la nature
dispositions de la loi PACTE du 22 mai 2019. juridique du fonds de commerce
• Les contrats portant sur
le fonds de commerce
– La cession
Le public – La location-gérance
– Étudiants en Licence et Master Droit – Les opérations de crédit LICENCE 2 et 3
– Étudiants en Licence et Master AES et Sciences économiques garanties par le fonds
de commerce
– Étudiants en Licence et Master Sciences de gestion
Iony Randrianirina
Iony Randrianirina
– Étudiants des IUT et des écoles de commerce et • Le bail commercial
de management – Le domaine d’application du bail
commercial
L’AUTEUR – Les effets du bail commercial
– Les règles applicables à
Iony Randrianirina est Maître de conférences en droit l’expiration du bail commercial
privé à l’Université de Lorraine et membre de l’Institut • Les institutions de régulation
Prix : 26,50 €
ISBN 978-2-297-07634-0
www.gualino.fr
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Iony Randrianirina
est Maître de conférences en droit privé à l’Université de Lorraine et
membre de l’Institut François Gény.
Contactez-nous gualino@lextenso.fr
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COURS DE
Droit
commercial
Iony Randrianirina
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LmD
la collection amphi lmD permet aux étudiants de licence
(l1, l2 et l3), d’acquérir l’ensemble des connaissances d’une
matière en conformité avec le cours dispensé en amphi.
Chaque livre développe des connaissances approfondies sur la
matière juridique traitée et permet une accessibilité immédiate
à une information approfondie.
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Partie 1 : Premières vues sur le droit
commercial
Chapitre 1 : Introduction au droit commercial 23
Section 1 : L’objet du droit commercial ...................................................... 23
I - Définition du droit commercial ........................................................... 23
II - La place du droit commercial au sein du droit privé ......................... 25
Section 2 : Les caractères du droit commercial ........................................... 28
I - La conception subjective du droit commercial..................................... 28
II - La conception objective du droit commercial ..................................... 29
III - La conception mixte consacrée par le droit positif ........................... 30
Section 3 : Distinction avec les notions voisines ......................................... 31
I - Distinction avec le droit de l’entreprise ............................................... 31
II - Distinction avec le droit des affaires................................................... 32
III - Distinction avec le droit économique ................................................ 33
Sommaire
I - Les critères de la qualité d’agriculteur...................................... 142
II - Le régime juridique applicable à l’agriculteur ........................ 143
Section 3 : Le professionnel libéral ................................................... 144
I - Les critères de la qualité de professionnel libéral..................... 144
II - Le régime juridique applicable au professionnel libéral ......... 145
II - La SASU....................................................................................... 177
A - La personnalité morale de la SASU ............................................... 177
B - La commercialité de la SASU ........................................................ 178
Sommaire
C - Les dessins et modèles .............................................................. 201
1 - Les formes protégeables par les dessins et modèles ........................ 201
2 - La procédure d’enregistrement des dessins et modèles .................... 203
3 - Les droits et obligations du titulaire du dessin ou du modèle .......... 203
4 - La protection des dessins et modèles ............................................ 203
Section 3 : Les éléments d’exploitation du fonds de commerce ....... 203
I - Le droit au bail commercial ..................................................... 204
II - Les licences et autorisations .................................................... 204
III - Le matériel et les marchandises ............................................. 204
Sommaire
I - Les effets entre les parties ......................................................... 250
II - Les effets à l’égard des tiers ..................................................... 250
Section 3 : L’extinction du contrat de location-gérance .................. 251
Sommaire
II - Les institutions spécialisées du commerce .............................. 284
A - Les institutions dotées de fonctions quasi juridictionnelles ......... 284
B - Les autres institutions spécialisées ............................................. 285
Section 2 : Les institutions professionnelles ..................................... 285
I - Les chambres de commerce et d’industrie................................ 286
II - Les autres organismes professionnels ..................................... 287
Bibliographie 309
Index 311
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Liste des abréviations
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CCA Commission des clauses abusives
CCI Chambre de commerce internationale
CCRCS Comité de coordination du registre du commerce et des
sociétés
CDAC Commission départementale d’aménagement commercial
CDE Cahiers de droit de l’entreprise
CEE Communauté économique européenne
CEPC Commission d’examen des pratiques commerciales
CESE Conseil économique, social et environnemental
CGET Commissariat général à l’égalité des territoires
CGI Commissariat général à l’investissement
CGI Code général des impôts
CGSP Commissariat général à la stratégie et à la prospective
CIRI Comité interministériel de restructuration industrielle
CJCE Cour de justice des Communautés européennes
CJUE Cour de justice de l’Union européenne
CMA Chambre de métiers et de l’artisanat
CNAC Commission nationale d’aménagement commercial
CNC Conseil national de la consommation
CNGTC Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce
CNI Comité national de l’industrie
CNUDCI Commission des Nations unies pour le droit commercial inter-
national
COB Commission des opérations de Bourse
CODEFI Comité départemental d’examen des problèmes de finance-
ment des entreprises
COJ Code de l’organisation judiciaire
Comm. com. électr. Communication – Commerce électronique
Contrats, conc. Contrats, concurrence, consommation
consom.
CPC Code de procédure civile
CPME Confédération des petites et moyennes entreprises
CSC Commission de la sécurité des consommateurs
D. Recueil Dalloz
D. Décret
DATAR Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régio-
nale
Defrénois Répertoire du notariat Defrénois
DG Trésor Direction générale du Trésor
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DGCCRF Direction générale de la concurrence, de la consommation et
de la répression des fraudes
DGDDI Direction générale des douanes et droits indirects
DGFiP Direction générale des Finances publiques
DH Dalloz hebdomadaire
DP Dalloz périodique
Dr. et procéd. Droit et procédures
Dr. famille Droit de la famille
EARL Exploitation agricole à responsabilité limitée
EIRL Entrepreneur individuel à responsabilité limitée
EPIC Établissement public à caractère industriel et commercial
EURL Entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée
FDES Fonds de développement économique et social
FOB Free on board
GAEC Groupement agricole d’exploitation en commun
Gaz. Pal. Gazette du Palais
GIE Groupement d’intérêt économique
IAE Institut d’administration des entreprises
Incoterms International commercial terms
INPI Institut national de la propriété industrielle
INSEE Institut national de la statistique et des études économiques
IUT Institut universitaire de technologie
JAL Journal d’annonces légales
JCP Semaine Juridique (La)
JCP E Semaine Juridique (La) – Édition Entreprise et affaires
JCP G Semaine Juridique (La) – Édition générale
JO Journal officiel de la République française
JOAN Journal officiel de la République française – Informations par-
lementaires, Assemblée nationale
Journ. sociétés Journal spécial des sociétés
L. Loi
LPA Les Petites Affiches
MEDEF Mouvement des entreprises de France
OEB Office européen des brevets
OMPI Organisation mondiale de la propriété intellectuelle
PACS Pacte civil de solidarité
PACTE Plan d’action pour la croissance et la transformation des
entreprises (loi nº 2019-486 du 22 mai 2019)
PIA Programme d’investissements d’avenir
RCS Registre du commerce et des sociétés
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Rép. civ. Dalloz Répertoire de droit civil Dalloz
Rev. loyers Revues des loyers
RGPD Règlement général sur la protection des données (règlement
[UE] nº 2016/679 du 27 avril 2016)
RJDA Revue de jurisprudence de droit des affaires
RLDA Revue Lamy Droit des Affaires
RTD civ. Revue trimestrielle de droit civil
RTD com. Revue trimestrielle de droit commercial
S. Recueil Sirey
SA Société anonyme
SARL Société à responsabilité limitée
SAS Société par actions simplifiée
SASU Société par actions simplifiée unipersonnelle
SCA Société en commandite par actions
SCM Société civile de moyens
SCP Société civile professionnelle
SCS Société en commandite simple
SDR Société de développement régional
SEL Société d’exercice libéral
SELARL Société d’exercice libéral à responsabilité limitée
SIREN Système d’identification du répertoire des entreprises
SMIC Salaire minimum interprofessionnel de croissance
SNC Société en nom collectif
T. civ. Tribunal civil
TFUE Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne
TGI Tribunal de grande instance
TRACFIN Traitement du renseignement et action contre les circuits
financiers clandestins
TVA Taxe sur la valeur ajoutée
UE Union européenne
UNIDROIT Institut international pour l’unification du droit privé
PARTIE 1
sur le droit
commercial
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Premières vues
22 Partie 1 - Premières vues sur le droit commercial
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de l’économie d’un pays donné. En France, celle-ci est marquée par un
libéralisme empreint d’un interventionnisme étatique fort. Le droit com-
mercial français en fait ressortir les traits saillants en consacrant d’abord le
principe de la liberté du commerce et de l’industrie, mais en le limitant
aussitôt par des règles dérogatoires qui innervent la matière jusqu’à deve-
nir aujourd’hui majoritaires. Ainsi, toute personne est en principe libre
d’exercer le commerce, sans avoir à justifier de compétences ni de qualités
particulières, encore moins d’une autorisation administrative. En revan-
che, tout commerçant se doit de respecter un certain nombre de disposi-
tions légales et réglementaires tenant, d’une part, aux obligations adminis-
tratives et comptables et, d’autre part, à la nationalité, aux déchéances et
interdictions, aux incompatibilités professionnelles, ainsi qu’à la nature de
l’activité commerciale. Certaines activités sont en effet réservées à l’État,
d’autres encore nécessitent une autorisation administrative. Par ailleurs,
tous les contrats commerciaux tels que le bail commercial, la location-
gérance, la cession du fonds de commerce ou les opérations de crédit
garanties par le fonds de commerce ou ses éléments, s’ils obéissent par
principe à la liberté contractuelle, sont néanmoins soumis à des règles
impératives strictes. L’existence de mentions obligatoires ainsi que les for-
malités de publicité prescrites pour certains contrats sont autant de
contraintes qui s’imposent en droit commercial et qui n’existent pas en
droit civil.
2 — Plan de l’introduction générale. La complexité de la matière
nécessite de prime abord de délimiter les contours du droit commercial.
Ce sera l’objet de l’introduction générale (chapitre 1). Cette matière est le
résultat d’une longue et lente évolution historique qui a commencé tôt
dans la période antique. Les règles appliquées entre commerçants se sont
transmises de génération en génération, se sont adaptées aux époques et se
sont affinées. Il est donc important de rappeler cette évolution historique
(chapitre 2). Enfin, il faut savoir que les commerçants ont initialement éla-
boré et développé leur propre corpus de règles – lex mercatoria – au sein
d’un droit coutumier qui est loin d’avoir disparu. Cependant, ces usages et
pratiques sont aujourd’hui complétés par des règles de droit écrit, des
règles jurisprudentielles et des traités internationaux. Il convient dès lors
de connaître les sources du droit commercial (chapitre 3).
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CHAPITRE 1
Introduction au droit
commercial
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sa première année d’études que le mot « commerce » est parfois utilisé
dans un sens singulier en droit civil. Il a entendu dire que certaines choses,
comme les éléments du corps humain, sont « hors du commerce juri-
dique ». Pourtant, le même mot sera usité différemment par le droit com-
mercial. Il s’agira essentiellement de l’échange de biens ou de services en
contrepartie d’une somme d’argent. À ce stade, il apparaît important de
rappeler cette distinction fondamentale.
7 — Distinction avec le commerce au sens civiliste. L’ancien arti-
cle 1128 du Code civil disposait : « Il n’y a que les choses qui sont dans le
commerce qui puissent être l’objet des conventions ». Cet article a depuis
été abrogé. En droit civil, le « commerce juridique » est une notion qui
semble donc avoir disparu avec l’abrogation de l’article 1128 du Code
civil. Le concept de commerce juridique a progressivement été remplacé
par la notion d’extrapatrimonialité. Une chose, ou plus fréquemment un
droit, est extrapatrimoniale lorsqu’il ne peut faire l’objet d’aucun contrat :
il ne peut être ni vendu, ni prêté, ni loué, ni cédé d’une quelconque
manière. Le « commerce juridique » peut dès lors s’entendre comme le
domaine des choses pouvant faire l’objet de conventions.
PAUL F., Les choses qui sont dans le commerce au sens de l’article 1128 du Code
civil, 2002, LGDJ, préf. GHESTIN J.
COUTURIER I., « Remarques sur quelques choses hors du commerce », LPA 6 sept.
1993, nº 107, p. 7, et 13 sept. 1993, nº 110, p. 7.
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merciales. Or, les activités commerciales sont tellement nombreuses et
variées que le droit ne peut qu’être complexe, d’autant que les échanges
économiques, loin de se limiter à l’intérieur des frontières d’un pays, se
font au contraire de plus en plus sur le marché mondial. Dès lors, le légis-
lateur, en dépit de ses efforts de codification, ne peut embrasser toute la
matière. Les usages, les coutumes, les réglementations professionnelles
prennent souvent le dessus spontanément, tantôt pour pallier les silences
de la loi, tantôt pour déroger aux règles légales. Le juge en tient générale-
ment compte pour les intégrer pleinement au droit positif. Ainsi en est-il
du « pas-de-porte » dans le bail commercial : c’est une somme d’argent que
réclame le bailleur, en plus du loyer, à tout locataire commerçant qui
prend possession des locaux pour la première fois. La pratique du « pas-
de-porte » résulte d’un usage qui n’a jamais été interdit par la loi et qui a
été pris en compte par les juges. Ainsi en est-il encore de l’observation
spontanée, mais rendue obligatoire par les usages, de certaines normes
(AFNOR, ISO) ou de certaines clauses (Incoterms). Le droit commercial
est donc aussi un droit utilitariste qui se soucie des besoins de la pratique
– liés notamment à la rapidité et à la sécurité des échanges –, sans pour
autant délaisser une certaine éthique qui doit présider les relations com-
merciales. Par exemple, le commerçant n’a pas le droit d’exercer simulta-
nément une autre profession dont la déontologie interdit toute activité de
spéculation. Par ailleurs, des déchéances et interdictions temporaires figu-
rent parmi les sanctions pénales encourues par un commerçant qui com-
met des délits en matière commerciale.
DEUMIER P., « Les sources de l’éthique des affaires : codes de bonne conduite,
chartes et autres règles éthiques », in Mél. Le Tourneau, 2008, Dalloz, p. 337.
AUBRY H., « Réflexions sur l’évolution récente de la déontologie en droit des affai-
res », D. 2009, p. 2504.
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directives et règlements européens, usages, coutumes, réglementations
professionnelles, etc. Droit capricieux et imprévisible, il est presque péril-
leux de le façonner selon le moule des exigences du Code civil. Très tôt, le
droit commercial s’est construit hors des murs civilistes. La rigueur du
droit civil s’adapte en effet difficilement aux relations commerciales.
Ainsi, les règles de preuve ont dû être réaménagées pour répondre aux
impératifs de rapidité des échanges commerciaux. En droit commercial,
par dérogation à la règle de la preuve littérale des actes juridiques, les com-
merçants peuvent utiliser tous moyens aux fins de prouver les actes com-
merciaux passés entre eux. Pour répondre au même souci de rapidité et
d’efficacité, les règles relatives aux cessions de créances ont été assouplies.
Des instruments de crédit spécifiques ont été créés, comme la lettre de
change, le billet à ordre, le bordereau de cession de créances professionnel-
les Dailly, ou encore la technique de l’affacturage. Ces instruments permet-
tent de céder des créances professionnelles de façon simple et rapide, sans
avoir à subir la lourdeur du formalisme de droit commun. Certains d’entre
eux, comme la lettre de change et le bordereau Dailly, peuvent même ser-
vir simultanément de moyens de paiement entre commerçants. Certains
contrats cependant, à l’instar du bail commercial ou de la cession de
fonds de commerce, ont reçu un formalisme plus strict. L’exigence de
mentions obligatoires et les formalités de publicité en sont les manifesta-
tions.
Par ailleurs, le droit commercial a dû s’adapter aux évolutions économi-
ques. C’est ainsi que sont apparus des mécanismes inconnus du droit civil,
comme :
– le crédit-bail, contrat tripartite permettant à un commerçant de louer
son matériel auprès d’un établissement de crédit qui en fait l’acquisition,
avec une option d’achat à la fin du contrat ;
– la location-gérance, contrat permettant au propriétaire d’un fonds de
commerce de le louer à un tiers qui l’exploite à ses risques et périls ;
– la garantie à première demande, contrat par lequel une banque s’engage
à effectuer, sur la demande d’un donneur d’ordre, le paiement d’une
somme à concurrence d’un montant convenu, sans que l’établissement
bancaire puisse différer le paiement ou soulever une contestation pour
quelque motif que ce soit.
En dépit des nombreuses spécificités que révèle le droit commercial, et
dont nous avons donné un bref aperçu, cette matière puise néanmoins
son inspiration dans son giron qu’est le droit civil.
11 — Le droit commercial, un droit d’inspiration civiliste. Le droit
commercial ne s’est pas complètement affranchi du droit civil, qui conti-
nue de lui fournir des solutions de droit commun en l’absence de
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dispositions spéciales. Ainsi en est-il des conditions de fond imposées pour
tous les contrats commerciaux. Qu’il s’agisse du bail commercial, du
contrat de location-gérance, de la cession d’un fonds de commerce ou
encore du contrat de société, il est exigé de chaque partie qu’elle remplisse
les conditions de fond édictées par le Code civil, notamment la capacité
juridique, un consentement libre et éclairé et un contenu certain de l’obli-
gation. Les sanctions de l’absence d’une de ces conditions sont celles du
droit civil. De même, le régime juridique des artisans, des agriculteurs et
des professionnels libéraux, dont les actes, bien que relevant de leurs acti-
vités professionnelles, demeurent régis par le Code civil.
12 — Le droit commercial, un droit d’exception. Si le droit commercial
s’inspire du droit civil – lequel prévoit notamment les règles de droit com-
mun s’appliquant aux sociétés en général –, il demeure, du fait de la singu-
larité de ses règles, un droit d’exception développant toujours plus de règles
spéciales. Le droit commercial, qui est à l’origine un droit coutumier, puise
également de plus en plus ses sources dans la loi et la jurisprudence ; en cela,
il s’oppose au droit savant qu’est le droit civil.
GERMAIN M., « Le Code civil et le droit commercial », in 1804-2004 Le Code civil,
2004, Dalloz, p. 639.
Règles de preuve
des actes juridiques
Règles Règles
de solidarité entre de cession
co-débiteurs de créances
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La place du droit commercial dans la branche du droit privé
Le commerçant
Le commerçant
de commerce
• Élaboration de règles
• La conclusion d’actes • Le commerçant est propres aux négociants
de commerce à titre de • Naissance du droit
profession habituelle actes de commerce des marchands
à titre de profession • Naissance du jus
habituelle mercatorum
confère à son auteur
la qualité de commerçant Conception subjective
du droit commercial
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La conception objective du droit commercial
Le commerçant
de commerce
Le commerçant
de commerce
• Établissement d’une
• La conclusion d’actes • Le commerçant est liste des actes de
de commerce à titre de commerce pouvant
profession habituelle actes de commerce conférer la qualité de
à titre de profession commerçant
habituelle • Élaboration de règles
spéciales s’imposant
aux commerçants
confère à son auteur
la qualité de commerçant Conception mixte
du droit commercial
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un bien meuble incorporel objet de droit, de la société personne morale,
sujet de droit. Au contraire, les non-juristes envisagent ces deux notions
indistinctement sous le même vocable « entreprise ». L’entreprise est
donc au centre des études de sciences de gestion. Les ouvrages consacrés
au droit de l’entreprise s’attachent moins au commerce et au commerçant
qu’aux activités économiquement viables, qu’elles soient commerciales ou
civiles. On comprend mieux pourquoi le juriste qui lit un manuel de droit
de l’entreprise a l’impression que la notion d’entreprise y est considérée à
la fois comme synonyme de société et de fonds de commerce, ce que les
auteurs de droit commercial se gardent bien de faire.
ARCELIN L., « La conquête du droit du marché par la notion d’entreprise », RTD
com. 2018, p. 575.
MENJUCQ M., « L’Europe et le droit de l’entreprise », JCP E 2007, nº 14-15, p. 34.
ROBÉ J.-P., « L’entreprise au cœur du droit », Cah. just. 3/2010, p. 11.
SCHMIDT D., « La société et l’entreprise », D. 2017, p. 2380.
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Mais le droit commercial ne saurait se borner à une définition purement
technique, car il est le fruit d’une longue évolution historique dont les acci-
dents expliquent ses caractères actuels. En effet, l’originalité du droit com-
mercial découle de la combinaison de divers facteurs.
L’évolution historique
du droit commercial
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verbaux, jugements, etc. Les plus anciens documents qui attestent de l’exis-
tence d’un ensemble de règles régissant le commerce sont les tablettes
de Warka (qui datent de 2000 ans avant notre ère) et le Code d’Hammou-
rabi (–1700). On trouve dans ces documents des éléments de droit ban-
caire – comme le prêt à intérêt ou le dépôt d’espèces –, ainsi qu’une préfi-
guration du droit des sociétés.
25 — Particularités du droit commercial de la Grèce antique. Le
droit commercial de la Grèce antique est beaucoup moins connu, les
Grecs étant alors davantage passionnés par le droit constitutionnel et la
science politique. Par ailleurs, la Grèce était divisée en une multitude de
petites cités dont chacune avait ses institutions et son droit. Cela n’empê-
chait pas l’installation des Métèques, marchands qui s’établissaient dans
des cités dont ils n’étaient pas originaires. Cette situation particulière les
amènera à utiliser un droit international composé de bribes de droits
appliqués dans diverses cités, et à créer des juridictions spéciales qu’ils
géraient eux-mêmes. Ce sont là, déjà, les très lointains ancêtres de nos tri-
bunaux de commerce.
26 — Inspiration romaniste du droit commercial. Le droit romain,
quant à lui, a beaucoup inspiré le droit commercial. La technique juridique
de la vente, ou encore les procédures collectives d’apurement du passif y
puisent leurs racines. D’ailleurs, les fondements mêmes du droit français se
trouvent dans le droit romain. Que l’on pense simplement au droit des
obligations ou au droit des biens. Ce n’est qu’au Moyen Âge que le droit
commercial commencera à se structurer.
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sactions, grâce notamment au crédit. Une nouvelle catégorie de profes-
sionnels s’est ensuite créée, celle des marchands qui, regroupés dans des
corporations et des jurandes, se sont insérés dans une société jusqu’alors
divisée en trois ordres : les travailleurs et les paysans, les gens de guerre
associés à la noblesse, et les religieux. À l’heure où chaque catégorie sociale
était cloisonnée et régie par des règles propres, l’apparition des marchands
est venue quelque peu bouleverser le paysage, et cela malgré le poids de
l’Église interdisant strictement l’usure, mais aussi tout prêt à intérêt. Il
est dès lors apparu logique pour les marchands de revendiquer eux aussi
des règles juridiques propres, d’autant que les échanges se faisaient sur des
lieux spécifiques : les marchés et les foires. Ils ont obtenu du pouvoir royal
de nombreux privilèges et monopoles ; l’édit de Charles IX de 1563 créa
ainsi les juridictions consulaires, qui étaient alors échevinales, c’est-à-dire
qu’elles comprenaient un juge et quatre « consuls » élus. Les croisades puis
la découverte du Nouveau Monde ont représenté autant d’occasions de
tisser des relations commerciales entre l’Orient et l’Occident. Le « droit
des foires », vite assimilé à un « droit des marchands », est devenu un véri-
table jus mercatorum commun à toute la chrétienté, avec pour particularité
de se détacher des coutumes ordinaires et des juridictions royales non
rompues aux exigences du commerce.
L’origine du mot « marchand », de l’ancien français marceant, lui-même prove-
nant du latin populaire mercatans et mercantis, remonte à l’appellation du dieu
romain Mercure, patron des trafiquants internationaux de l’époque antique et
des voleurs. Les Romains appelaient « marchands » les peuples phéniciens et
puniques.
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du droit commercial ; pour la première fois, les règles de ce dernier étaient
en effet rassemblées et exposées dans une perspective logique.
L’influence de Colbert et de Louis XIV a également donné naissance à deux mou-
vements qui marqueront de façon indélébile les mentalités commerciales et
industrielles :
– le premier découlait de la doctrine du colbertisme, selon laquelle le pouvoir
politique devait impulser l’économie, la diriger et la contrôler ;
– le second résultait de la révocation de l’édit de Nantes : à la différence de
l’Église catholique, les Églises réformées appréhendaient de manière positive
profit et enrichissement, perçus comme la récompense divine de l’effort
humain. Les persécutions, qui chassaient les protestants hors de France, ont
fait migrer à l’étranger des commerçants et industriels habiles et dynamiques.
C’est l’une des raisons de l’avance commerciale et technologique prise par l’An-
gleterre ou les Pays-Bas sur la France à partir du XVIIe siècle.
I La période du libéralisme
31 — Le contenu initial du Code de commerce. Le Code de commerce
de 1807 comportait 648 articles. Son livre Ier était consacré au commerce
en général, son livre II au commerce maritime, son livre III à la faillite et
à la banqueroute, et son livre IV à la juridiction commerciale. À ce stade de
son développement, le Code de commerce ne traitait pas encore des
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banques et des sociétés ; et pour cause : il fut écrit et promulgué à la hâte
afin de réprimer certains scandales financiers et de répondre à des crises
économiques. Plus qu’une œuvre d’ambition, il fut davantage une œuvre
de circonstance. Les auteurs ont d’ailleurs notamment regretté qu’il n’ait
jamais eu le prestige du Code civil. Dans son contenu lacunaire, il lui a
notamment été reproché d’avoir simplement recopié un « droit du passé »
et de ne pas avoir prévu la révolution industrielle qui grondait.
32 — Le développement du droit commercial hors du Code de com-
merce. C’est donc hors du Code de commerce de 1807 que s’est construit
le droit de l’économie libérale. De nouveaux instruments juridiques sont
apparus afin de satisfaire de nouveaux besoins. Mais plutôt que de s’atta-
quer à un travail de recodification, qui représente un travail d’ampleur, le
législateur a multiplié les normes et les lois spéciales couvrant plusieurs
secteurs de l’économie : le droit bancaire, le droit des sociétés, la propriété
industrielle, le transport et les assurances. On a ainsi assisté à la promul-
gation d’une kyrielle de lois :
– loi du 25 juin 1841 réglementant la vente aux enchères des marchan-
dises ;
– loi du 5 juillet 1844 sur la protection des brevets d’invention ;
– loi du 23 juin 1857 sur les marques de fabrique ;
– loi du 28 mai 1858 sur les warrants ;
– loi du 24 juin 1865 sur le chèque ;
– loi du 13 juin 1866 sur les usages commerciaux ;
– loi du 24 juillet 1867 sur les sociétés ;
– loi du 17 mars 1909 sur la vente et le nantissement du fonds de com-
merce.
Le pullulement des textes a donc contribué à vider peu à peu le Code de
1807 de sa maigre substance. Avant sa recodification, il ne subsistait ainsi
que 33 articles dans leur rédaction originaire.
II La période contemporaine
33 — Les nécessités d’une recodification. Devant l’éparpillement des
règles du droit commercial, la question d’une recodification du Code de
commerce s’est de plus en plus imposée comme une évidence, d’autant
plus que la fin du XIXe siècle fut marquée par des pénuries, l’inflation, des
crises économiques et le développement des idées socialistes et keynésien-
nes. L’interventionnisme étatique a ainsi innervé une bonne partie du
e
XX siècle, au nom d’un ordre public de protection. Le législateur a res-
treint la liberté contractuelle pour protéger le contractant le plus faible
dans tous les domaines juridiques : en droit du travail, en droit de la
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consommation, dans les contrats de transport terrestre, d’assurance, de
vente de fonds de commerce, de bail commercial ou de société. L’inter-
ventionnisme étatique s’est également manifesté par un ordre public de
direction : contrôle du crédit, des changes, des prix, des salaires, mise
sous tutelle de certaines entreprises (de banque et d’assurances), planifica-
tion, nationalisation... C’est ainsi que se sont développés le droit public de
l’économie, le droit pénal des affaires, le droit fiscal et le droit social. L’on
comprend mieux, dès lors, comment le commerçant a perdu de son aura
au profit du commerce, et comment la vision objective du droit commer-
cial a peu à peu supplanté la vision subjective. Grâce, en partie, à la cons-
truction européenne par l’instauration du traité de Rome du 25 mars 1957,
le droit commercial a retrouvé son libéralisme originaire et son caractère
international. L’État a désormais garanti le jeu de la concurrence saine en
rétablissant la liberté des prix, des changes et du crédit, en renonçant à
certaines tutelles, en privatisant un certain nombre de secteurs d’activité
et en modernisant certaines institutions commerciales.
34 — Une recodification à droit constant. L’idée d’une recodification
du Code de commerce remonte à 1947, avec la constitution d’une com-
mission de réforme. Mais la refonte indispensable de la matière s’est fait
attendre jusqu’à la codification à droit constant – la tâche étant assuré-
ment ardue – par une ordonnance du 18 septembre 2000. Aucune modifi-
cation au fond n’a donc été apportée aux textes préexistants. Les rares
améliorations ont consisté à codifier les arrêts de principe de la Cour de
cassation.
Pour rappel, la codification à droit constant implique une simple transcription,
dans un corpus unique, de textes jusque-là épars, rassemblés et ordonnés
autour d’un plan. Ce type de codification ne modifie pas le fond des règles du
droit commercial, elle les organise.
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tes entreprises ;
– la loi du 31 juillet 2014 créant la notion d’économie sociale et solidaire ;
– la loi Macron du 6 août 2015 promouvant la croissance, l’activité et l’éga-
lité des chances économiques ;
– la loi dite « justice du XXIe siècle » (J21) du 18 novembre 2016 étendant la
compétence des tribunaux de commerce aux litiges relatifs aux artisans ;
– la loi PACTE (plan d’action pour la croissance et la transformation des
entreprises) du 22 mai 2019, enfin, avec pour ambition de donner aux
entreprises les moyens d’innover, de se transformer, de grandir et de
créer des emplois.
ARRIGHI DE CASANOVA C. et DOUVRELEUR O., « La codification par ordonnances. À pro-
pos du Code de commerce », JCP 2001, I, 285.
BUREAU D. et MOLFESSIS N., « Le nouveau Code de commerce ? Une mystification »,
D. 2001, p. 361.
DAIGRE J.-J., « De l’existence et de l’avenir du droit commercial », in Mél. Paillus-
seau, 2003, Dalloz, p. 265.
HILAIRE J., « La codification du droit commercial », D. 2007, p. 928.
PÉTEL P., « Décodification et recodification : un si mauvais code ? », in 1807-2007,
Bicentenaire du Code de commerce : la transformation du droit commercial sous
l’impulsion de la jurisprudence, 2008, Dalloz, p. 23.
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constitutionnalité contient en effet des principes fondamentaux qui inté-
ressent le droit commercial et parmi lesquels on peut citer la propriété
individuelle, droit inviolable et sacré.
Le Conseil constitutionnel a affirmé la valeur constitutionnelle du droit de pro-
priété, et considéré que la liberté d’entreprendre était un principe général du
droit. Il a également érigé le principe de la liberté du commerce et de l’industrie
comme principe à valeur constitutionnelle.
A Les usages
46 — Deux sortes d’usages. À l’origine, le droit commercial s’est fondé
exclusivement sur les usages, lesquels n’ont pas été abrogés par le Code de
commerce de 1807. L’intérêt des usages se trouve dans leur adaptation
constante à l’évolution des besoins dans la vie des affaires, ce que les autres
sources écrites ne pourraient pas satisfaire. Le rôle des usages est aujour-
d’hui à relativiser, compte tenu de l’inflation législative que connaît le droit
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commercial. Des usages, il faut rapprocher les principes généraux du droit,
comme l’adage fraus omnia corrumpit.
ESCARRA J., « Valeur de l’usage en droit commercial », Annales de droit commer-
cial 1910, p. 97.
KASSIS A., Théorie générale des usages du commerce, 1984, LGDJ.
TANAKA K., « Fonction de la coutume en droit commercial », in Mél. F. Gény, t. 3,
1934, Sirey, p. 247.
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Pour aller plus loin
DEUMIER P., « Coutume et usages », Rép. civ. Dalloz, mars 2014.
B La jurisprudence
54 — Rôle de la jurisprudence. Le rôle de la jurisprudence est éminem-
ment important, car à l’occasion de l’application des règles de droit dans
les litiges, les tribunaux interprètent les textes juridiques, voire les complè-
tent et les adaptent aux nécessités de la vie des affaires. La jurisprudence
est parfois créatrice de droit, comme ce fut le cas pour le compte courant,
la concurrence déloyale ou encore l’abus de majorité en droit des sociétés.
Elle répond en effet à la nécessité d’une intervention rapide des juridic-
tions dans les relations commerciales. La spécificité de la jurisprudence
tient pour beaucoup aux privilèges particuliers des tribunaux de com-
merce : contrairement aux juges civils, les juges consulaires sont habilités
à se servir d’un usage dont ils ont une connaissance personnelle.
Cass. req., 22 déc. 1903 : DP 1903, 1, p. 149.
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La jurisprudence résulte aussi de décisions émanant des juridictions admi-
nistratives, de l’Autorité de la concurrence et de la Cour de justice de
l’Union européenne (CJUE), notamment en droit fiscal des affaires ou
lorsque l’État intervient dans le domaine économique.
SCHMIDT D., « À propos de la jurisprudence source du droit des affaires », D. 2004,
p. 2130.
C Le contrat
55 — Force obligatoire du contrat. Chaque étudiant en droit a appris
en première année que les contrats légalement formés tiennent lieu de loi à
ceux qui les ont faits (C. civ., art. 1103). C’est ce que l’on appelle en doc-
trine la force obligatoire du contrat. Il s’agit de la force attachée par la loi
aux conventions légalement formées, en vertu de laquelle ce que les parties
ont voulu dans la convention s’impose à elles, dans les conditions où elles
l’ont voulu. En somme, le contrat fait la loi des parties. Pour renforcer
cette règle, l’article 1104 du Code civil, qui est d’ordre public, dispose que
« les contrats doivent être négociés, formés et exécutés de bonne foi ».
Enfin, l’article 1194 ajoute que les contrats obligent « à ce qui y est
exprimé » et « à toutes les suites que leur donnent l’équité, l’usage ou la
loi ». Au vu de ces différentes dispositions, comment ne pas interpréter le
contrat comme une source du droit à part entière ? En effet, la force obli-
gatoire du contrat implique que les parties soient liées jusqu’à complète
exécution du contrat, qui est dit irrévocable. L’article 1101 du Code civil
définit d’ailleurs le contrat comme « un accord de volontés entre deux ou
plusieurs personnes destiné à créer, modifier, transmettre ou éteindre des
obligations ». Précisant cette définition, l’article 1163 énonce que « l’obliga-
tion a pour objet une prestation présente ou future » et qu’elle « doit être
possible et déterminée ou déterminable ».
56 — Le contrat comme source de droit, même pour le juge. Le juge
lui-même, à l’occasion d’un litige, est tenu de rechercher la volonté des
parties dans leur contrat. Bien qu’il ne soit pas lié par les qualifications
juridiques adoptées par les parties et qui se révéleraient inadéquates eu
égard aux circonstances de la cause, le magistrat n’a aucun pouvoir de
modification des termes du contrat, à moins que ces derniers contrevien-
nent à l’ordre public ou aux bonnes mœurs. Le contrat étant la chose des
parties, l’immixtion du juge dans la sphère contractuelle doit donc être
limitée au strict minimum, sinon elle serait porteuse d’insécurité juridique.
57 — Création de droits et d’obligations. L’accord des parties peut
avoir pour effet de créer des droits réels et des obligations légales. Il en
va ainsi de l’apport en société d’un fonds de commerce, qui entraîne un
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transfert de propriété de l’apporteur vers la société. Par l’acte d’apport,
l’apporteur perd la propriété de son fonds de commerce au profit de la
société qui en devient le nouveau propriétaire. De même, les parties qui
décident de s’engager dans un contrat de bail commercial acceptent taci-
tement d’exécuter les obligations qui découlent du statut des baux com-
merciaux tels qu’ils sont imposés par le Code de commerce. Elles doivent
par exemple stipuler que la durée du contrat est de 9 ans, et que le preneur
à bail dispose d’un droit au renouvellement de son bail, droit qui fait partie
intégrante des éléments du fonds de commerce. Enfin, le fait de signer une
lettre de change engage le signataire à en payer, au bénéficiaire, le montant
indiqué, à l’échéance stipulée sur la traite elle-même, quelles que soient les
exceptions qui pourraient être soulevées des rapports fondamentaux entre
le signataire et son débiteur initial.
58 — Illustrations. Le droit commercial regorge de contrats créateurs de
droits et d’obligations. Ainsi, la fixation du prix est généralement laissée à
la libre appréciation des parties, sauf dans les cas prévus par la loi. Un
autre exemple est fourni par les statuts des sociétés qui stipulent les règles
destinées à régir les relations des associés entre eux, ainsi que les relations
des associés avec le mandataire social. Par ailleurs, le contrat de location-
gérance détermine librement les modalités d’exécution des obligations des
parties, notamment concernant le loyer : il peut être fixé forfaitairement
comme il peut être indexé au chiffre d’affaires réalisé par le locataire-
gérant. Enfin, en droit commercial, les parties sont libres de soumettre
leur litige à une justice étatique ou à une justice privée. En effet, la clause
compromissoire insérée dans un contrat commercial permet aux parties de
désigner d’un commun accord un arbitre ou un tribunal arbitral en vue de
trancher tout litige éventuel qui surviendrait entre elles. En présence d’une
telle clause, le juge qui serait saisi par l’une des parties en violation de la
clause compromissoire a l’obligation de se dessaisir au profit de l’arbitre
ou du tribunal arbitral contractuellement désigné.
59 — Effet relatif du contrat. En vertu de l’article 1203 du Code civil,
« on ne peut s’engager en son propre nom que pour soi-même ». Ainsi,
les obligations créées par le contrat ne peuvent peser que sur les seules
parties, à l’exclusion des tiers. Nul ne peut devenir créancier ou débiteur
en vertu d’un contrat auquel il n’a pas été partie. Dès lors, les tiers ne peu-
vent ni demander l’exécution du contrat ni se voir contraints de l’exécuter.
60 — Exceptions à l’effet relatif des contrats. Ce principe souffre,
comme tous les principes, de quelques exceptions. Il est inutile de revenir
sur les deux principales exceptions étudiées en première année, à savoir la
stipulation pour autrui et la promesse de porte-fort.