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L’Homme est un vivant qui diffère de tous les autres vivants avec lesquels il partage la vie
dans la nature. Car, il est le seul parmi tous qui a ancrée en lui, la Raison, le seul capable de pensée
et de parole, de se penser et de penser son action. Il cherche toujours à connaitre et à comprendre
les phénomènes qui se passent en lui et autour de lui, il cherche leurs origines afin de mieux les
expliquer. C’est le désir de connaissance par lequel tout homme est mu qui le conduit alors jusqu’à
ce niveau. La connaissance traduit en réalité la nature perfectible de l’homme, car par elle,
l’homme domestique le réel, le rend compréhensible, descriptif et prévisible. Ainsi, l’homme fait
usage de la réflexion philosophique lui permettant de chercher à rompre avec la perception occulte
et vulgaire du monde. L’esprit critique qui caractérise le sujet connaissant amène celui-ci à être
prompt et de continuer de chercher à percer le mystère que cachent les connaissances et les activités
humaines qui produisent la science. Il s’agit donc de décrire et d’interpréter les phénomènes
observables selon les scientifiques antiques et médiévaux. Les modernes viendront à leur tour
poser une analyse sur celle-ci, montrant que cette façon de faire est limitée. Voilà pourquoi
Bachelard, Pour poursuive cette entreprise gigantesque, il prend appui sur les erreurs de ces
prétendues connaissances et les qualifie comme des « obstacles épistémologiques », concept qu’il
invente en 1938. Il va le concrétiser à travers la publication d’un ouvrage dans lequel il va montrer
et présenter les origines de ces obstacles et par la suite, proposer des moyens pour les surmonter.
L’ouvrage en question s’intitule : La formation de l’esprit scientifique. Bachelard pense que la
connaissance scientifique ne doit pas avoir des conclusions ou des résultats figés, elle doit opérer
une « rupture épistémologique » avec celles qui l’ont précédée. Pour lui, « accéder à la science,
c’est, spirituellement rajeunir, c’est accepter une mutation brusque qui doit contredire un
passé ».1 C’est dire que la science doit passer par des ruptures épistémologiques sous le triptyque
construction, déconstruction et reconstruction. Dès lors, dans quelle mesure peut-on dire que les
obstacles épistémologiques sont absolument un frein pour la connaissance scientifique ? Si tel est
le cas, Comment peut-on les résoudre et quelles solutions Bachelard propose-t-il pour l’essor de
la science ? Répondre à ces questions nous amène à identifier dans un premier temps, les types
1
Gaston Bachelard, La formation de l’esprit scientifique, Paris, Vrin, 1938. P.17.
1
d’obstacles épistémologiques ainsi que les moyens que donne Bachelard pour les résoudre ;
ensuite, nous montrerons que ces obstacles sont la cause des ruptures épistémologiques dont parle
l’auteur, et enfin, nous actualiserons la pensée bachelardienne aujourd’hui.
2
I- LES OBSTACLES EPISTEMOLOGIQUES CHEZ GASTON
BACHELARD
Avant de faire un débat ou pour mieux se situer sur la même longueur d’onde comme le
pensait Platon, il est préférable d’abord de s’entendre sur les termes du débat. Concrètement, avant
de commencer par analyser le concept bachelardien « d’obstacle épistémologique », nous allons
passer à un toilettage conceptuel de ce concept ; mieux de situer la source de la pensée de
Bachelard et le concept tel que Bachelard l’entend.
G. Bachelard a été influencé par ses prédécesseurs, de qui il s’inspire et reprend certaines
idées. Bien que nous n’ayons choisi que les théories de quelques-uns et aussi de certains qui n’ont
pas été cités plus haut. De Kant, il reprend l’idée selon laquelle « la théorie est antérieure à
l’expérience ». La connaissance objective est ainsi au processus de la réalisation de l’expérience
sensible. Mais, il va critiquer le caractère a priori. Chez Hegel, il va tirer l’idée selon laquelle la
rationalité est scientifiquement dialectique et critique. Le caractère clos de la connaissance se
renferme sur elle-même et propose en occurrence la raison ouverte qui est en permanence
construction de la pensée humaine. Du positivisme d’Auguste Comte, G. Bachelard va s’inspirer
2
Gaston Bachelard, Op.cit, p.14.
3
Idem.
3
de la loi des trois états, 4 afin de mettre sur pied une conception moderniste, méthodique et
historique de la science, remplaçant ainsi cette loi par le réalisme naïf, le rationalisme et le
surrationalisme. Bachelard réinterprète les conceptions de désir, puissance et ascension de
Nietzsche, ceux-ci l’aideront dans ses psychologies de feu et de l’air. Les concepts « d’inconscient,
censure, rêve et libido permettront à Bachelard de mieux constituer sa pensée épistémologique de
la psychanalyse de la raison. »5 Il est clair que ces connaissances antérieures sont des points
stimulant de la pensée objective de Bachelard. Il va sans doute par cette démarche exposer ce qu’il
appelle obstacle épistémologique.
4
Auguste Comte, Cours de philosophie positive, introduction et commentaires par Florence KHODOSS, 1830-1842,
p. 26.
5
Mouchili Soule, Cours de philosophie de connaissance, UY1, 2014, inédit.
6
Gaston Bachelard, Op. cit., p.13.
7
Ibidem., p.74.
4
Il le justifie en disant que les modes de penser, les discours préscientifiques de cette période ont
portés entorses sur les recherches que ceux-ci fondaient sur les intuitions ou sur des observations.
L’auteur pense que tout ce qui précède a causé la stagnation et la régression de la science. Ce qui
va le conduire à passer à une typologie de ces obstacles.
a- L’expérience première
Selon G. Bachelard, « dans la formation de l’esprit scientifique, le premier obstacle, c’est
l’expérience première. »8, il s’agit en outre, d’une science placée avant et au-dessus de la critique
qui est nécessairement un élément intégrant de l’esprit scientifique. Il poursuit en disant
« l’expérience première ne peut en aucun cas être un appui sûr »9 si la critique n’a pas été effective
dès le départ. Pour qu’elle soit un appui sûr, il faut qu’une critique ou un jugement des données
soit fait avant une quelconque expérience. Par ailleurs, Elle empêcherait à la science de se
constituer en tant que connaissance objective. Notons en effet que, ce qu’il y a de plus immédiat
dans l’expérience première sont nos sourds désirs, nos intérêts, nos tendances spontanées de
l’esprit, nos intuitions premières et nos passions qui font que celle-ci soit un obstacle
épistémologique, d’où la nécessité de la formation de l’esprit scientifique basée sur la critique.
Ainsi, l’esprit scientifique doit se former contre la nature, c’est-à-dire contre « ce qui est en nous
et hors de nous, l’impulsion et l’instruction de la nature, contre l’entrainement naturel, contre le
fait coloré et divers. »10 Pour l’auteur en effet, l’esprit scientifique doit se former en se reformant.
Il ne peut s’instruire devant la nature qu’en purifiant les substances brouillées. C’est pour cette
8
Ibidem., p.23.
9
Idem.
10
Idem.
5
raison que Bachelard a pu dire que « On ne doit (…) donc pas s’étonner que la première
connaissance (…) soit une première erreur.» 11 Retenons enfin de compte que « l’esprit
scientifique suit une progression géographique et non pas une progression arithmétique. »12 C’est
donc une progression régulière et non l’inverse. En terminant avec cet obstacle, l’auteur présente
un autre obstacle qui s’origine dans la connaissance générale.
b- La connaissance générale
Les progrès de la connaissance scientifique sont ralentis par la fausse doctrine du général qui
a régné d’Aristote à Bacon et qui reste pour tant d’esprit une doctrine fondamentale du savoir. Elle
ralentie le progrès de la connaissance scientifique car, en généralisant tout dans une recherche ou
étude scientifique, le chercheur, le savant ou le présumé homme de science se prive de la vérité
qui est ou qu’il y a dans le particulier et le singulier. Par exemple, admettons que dans un village,
tous les habitants ne sont que des voleurs, mais une fois qu’on ait mené les enquêtes, on réalise ou
on constate que quelques-uns ne sont pas des voleurs. On dira à ce niveau que cette connaissance
s’appuie sur les données et dans l’examen empirique des phénomènes pour fonder leur vérité. La
connaissance ici ne tient donc pas compte des détails, il s’agit d’une connaissance hâtive et facile
prenant appui sur les sens. Cet obstacle convoque un troisième, l’obstacle verbal.
c- L’obstacle verbal
C’est cette tendance que le « savant » a à prendre l’image portée par un mot pour faire
d’elle, un principe d’explication. Il utilise des métaphores, des comparaisons qu’il admet comme
des explications déjà données. D’après G. Bachelard, une image peut servir d’un exemple pour la
compréhension, ceci à une seule condition, qu’elle procède par une explication théorique. Cette
forme de connaissance conduit et enferme la vérité dans les balises de la connaissance unitaire et
pragmatique.
11
Ibidem, p.54.
12
Ibidem, p.27.
6
Hippias, discutant au sujet de ce qu’est la Beauté. Socrate demande à Hippias ce qu’est le Beau,
celui-ci répond en disant que C’est la Beauté d’une jeune fille. Cet obstacle devient de la sorte, un
blocage, une limite lorsqu’il faut maintenant expliquer une chose dont on ignore l’utilité, mieux
encore, son utilité précisément par rapport à l’homme. Cette forme de penser nous amène au mythe
de la digestion que l’auteur développe dans le chapitre cinquième.
e- Le mythe de la digestion
Il conduit à penser que la science ou la connaissance scientifique procède de la même
manière que le corps humain, par ingestion, par digestion et par sécrétion. Le mythe de la digestion
concrétise, assimile la pensée à ce phénomène de notre organisme qui fonctionne à la façon dont
fonctionne l’Estomac. C’est dans cette optique que Bachelard affirme que « On veut toujours que
le semblable attire le semblable, que le semblable ait besoin du semblable pour s’accroitre .»13
En d’autres termes, dans le mythe de la digestion, on veut montrer l’inconnu à partir de ce qui est
connu, on veut comparer ce qui se passe en science par rapport à ce qui se passe dans le corps
humain, dans l’optique de conclure en disant que cela se passe réellement, sans faire recours à une
expérience quelconque. C’est donc cette transposition du connu sur l’inconnu, qui empêche la
recherche ou la découverte de l’inconnu, qui reste dans son état d’inconnu. Ces difficultés dont
fait face la science dans son progrès se déclencheront dans la libido.
g- L’obstacle substantialiste
Il consiste à rechercher la vérité de la chose dans la substance. Il s’agit dans cette optique,
de chercher à vouloir connaitre l’objet dans son essence, son essentiel. Mais cette façon de
connaitre reste et demeure limitée, nous dit G. Bachelard, dans ce sens qu’on ne saurait connaitre
la véracité d’une chose dans une ou à partir de l’une de ses parties. Il s’exprime en ces termes :
13
Ibidem., p.171.
7
« L’esprit scientifique ne peut se satisfaire en liant simplement et purement les éléments descriptifs
d’un phénomène à une substance sans effort de hiérarchie, sans détermination précise et détaillée
aux autres objets .»14 Un exemple concret peut se voir au niveau des aimants, parfois nous pensons
que l’aimant est doté d’une colle, et que c’est à partir d’elle qu’il attire ou entre en attraction avec
les autres objets. Cela nous conduit à chercher à faire une psychanalyse du réaliste.
i- L’obstacle animiste
Cet obstacle rapporte toutes les choses au corps. Il attribue aux objets inertes, inanimés des
propriétés dont sont dotés les organismes vivants. Cela se laisse voir par exemple sur le fait de
penser ou de dire que la rouille serait la maladie du fer ou que le minéral a une fécondité, donc, on
parle de fécondité minérale. Cette façon de connaitre repose sur le fait qu’on valorise la vie en
l’attribuant aux trois règnes que sont : le règne animal, le règne végétal et le règne minéral.
L’obstacle animiste jette déjà là, les bases de la connaissance quantitative qui en est un autre type
d’obstacle à l’évolution de la science.
Puisque nous venons de passer en revue, les différents types d’obstacles épistémologiques
dont parle et distingue G. Bachelard, il ressort qu’ils sont une dizaine et constituent une entrave à
l’évolution de la connaissance scientifique. Chacun d’entre eux a ses spécificités, et chaque
obstacle est la base ou provoque le surgissement de l’autre. Aussi, il propose des voies et des
14
Ibidem, p.102.
15
Ibidem, p.224.
8
moyens pour les surmonter, ce sera là qu’il va opérer ce qu’il appellera plus tard la « rupture
épistémologique ».
Cependant, nous savons déjà ce que signifie la notion « d’obstacle épistémologique » chez
G. Bachelard. Elle désigne, rappelons-le, l’ensemble des pesanteurs psychologiques, liées à des
séductions premières, à des valorisations primitives. Pour lui, la principale fonction du chercheur
est de les combattre, de les critiquer et surtout de les psychanalyser. Ce n’est que de cette façon
que chacun doit chercher à détruire en soi-même ces convictions non discutées, apprendre à
échapper à la raideur des habitudes, de ces esprits formés au contact des expériences familières.
Dès lors, comment passer de ces obstacles pour une évolution scientifique dynamique ? Bachelard
répond par un autre concept qu’il met sur pied : « La rupture épistémologique ».
9
II- LA RUPTURE EPISTEMOLOGIQUE CHEZ GASTON
BACHELARD
16
Https / fr.Wikipedia.org/ viki/rupture épistémologique à 11h10.
17
Gaston Bachelard, Op.cit., p.270.
18
Idem.
10
sens ».19 Cette façon ne correspond pas encore, selon notre auteur, à l’esprit scientifique car, la
stimulation dont elle fait montre n’a qu’une valeur subjective. Pour passer à l’étape de la
connaissance dite scientifique, il faut une rupture, laquelle consiste à soumettre notre pensée
subjective au contrôle du regard d’autrui sous la formule : Dis-moi ce que tu vois et je te dirais ce
que c’est.20 Ce passage de la subjectivité vers l’objectivité repose sur une évidence rationnelle,
laquelle fait partir de l’esprit scientifique. Cela constitue une forme de rupture entre la connaissable
des sens à celle de l’évidence.
La connaissance scientifique concerne la science dont le savoir est relatif à une méthode
en ce sens que son résultat est le fruit d’une pensée discursive. La connaissance scientifique disons-
nous est de ce fait, un savoir systématisé par les relations générales qui existent entre les
phénomènes, leurs résultats sont appuyés sur les preuves. Elle interprète intelligiblement l’univers
à partir des principes logiques de pensée soutenus par une méthode qui est cet art qui permet de
bien disposer une suite de pensées pour prouver la vérité ou pour la découvrir. On voit à ce niveau
que la vérité scientifique dont il est question ici est construite, et la connaissance scientifique ne
décrit pas l’univers au sens de la science classique, mais elle le reconstruit de façon intelligible, de
la réalité conformément aux exigences de l’esprit scientifique. L’univers est perçu comme cette
machine gouvernée par des lois inflexibles dont l’homme, par son esprit rationnel se chargera de
chercher, de rechercher ou de découvrir par le biais d’un raisonnement. L’homme progresse ainsi
d’une loi à une connaissance par le truchement du raisonnement dont il se sert pour dire la nature
ou l’univers.
19
Idem.
20
Ibidem, p. 271.
11
sensible. Mais chez Platon comme chez Descartes, les sens sont trompeurs et le corps fait obstacle
à la connaissance authentique. La méthode de Platon est le résultat de l’inspiration des muses ou
alors d’une révélation céleste La vérité sur le réel ne se conçoit pas dans une raison autosuffisant
et toute puissance G. Bachelard dira à cet effet « pour confirmer le vrai, il convient de le vérifier
à plusieurs points de vue différent. C’est alors cohérer son pluralisme initial ».21
Par ailleurs, la connaissance vrai et scientifique doit commencer par la critique et le rejet
ou la correction des opinions, des habitudes, des images, des préjugés et de tout ce qui est
susceptible de freiner l’esprit humain dans son processus de quête objective de la vérité dans le
réel empirique.
21
Ibidem., pp 10-11.
22
Ibidem, pp. 2-7.
23
Https / fr.Wikipedia.org/ viki/rupture épistémologique à 11h10.
12
savoir. Certains penseurs prônent que « tout savoir à sa philosophie […] toute philosophie a sa
science à lui. » 24 Ainsi, la philosophie est autonome et ne se réfère qu’à ses principes, voilà
pourquoi trouve-t-on qu’elle a une science qui n’est qu’à elle, la science de la généralité. 25 La
science générale est un arrêt de l’expérience, un échec de l’empirisme inventif comme le souligne
G. Bachelard, un frein à la connaissance scientifique. Connaître le phénomène général, s’en
prévaloir pour tout comprendre, est la base d’une décadence. Ainsi, lorsque se présente une
jouissance intellectuelle dangereuse dans un cas de généralisation facile et hâtive, une urgence
s’impose aussitôt que le besoin de parvenir à une théorie de l’abstraction scientifique saine et
dynamique apparaît ; G. Bachelard nous dit à cet effet qu’« une psychanalyse de la connaissance
objective doit examiner soigneusement les séductions de la facilité. »26
Par ailleurs, pour montrer l’immobilité des résumés trop généraux, G. Bachelard donne un
exemple « bien souvent, afin d’indiquer d’une manière simple comment le raisonnement inductif
fondé sur une collection des faits particuliers, conduit à la loi scientifique générale. Les
professeurs de philosophies décrivent rapidement la chute de divers corps et concluent que tous
les corps tombent. »27 Pour branler ces prétentions, G. Bachelard à la suite d’Aristote dira que « les
corps légers, fumés et vapeurs feu et flamme rejoignaient à l’empyrée leur lieu naturel, tandis que
les gravent cherchaient naturellement la terre. »28
24
Gaston Bachelard, Op.cit, p.54.
25
Ibidem, p.55.
26
Idem.
27
Ibidem., pp 55-56.
28
Ibidem., p.56.
13
contemporaines (relativiste, quantique, ondulatoire). Mais les rudiments ne sont plus suffisants
pour déterminer les caractères philosophiques fondamentaux de la science. Le philosophe doit
prendre conscience des nouveaux caractères de la science nouvelle.29
Par ailleurs, Le seul fait du caractère indirect des déterminations du réel scientifique nous
place dans un règne épistémologique nouveau. Par exemple, tant qu'il s'agissait, dans un esprit
positiviste, de déterminer les poids atomiques, la technique — sans doute très précise — de la
balance suffisait. Mais quand au XXe siècle on trie et pèse les isotopes, il faut une technique
indirecte. Le spectroscope de masse, indispensable pour cette technique, est fondé sur l'action des
champs électriques et magnétiques. C'est un instrument qu'on peut bien qualifier d'indirect si on le
compare à la balance. La science de Lavoisier qui fonde le positivisme de la balance est en liaison
continue avec les aspects immédiats de l'expérience usuelle. Il n'en va plus de même quand on
adjoint un électrisme au matérialisme. Les phénomènes électriques des atomes sont cachés. Il faut
les instrumenter dans un appareillage qui n'a pas de signification directe dans la vie commune.
Dans la chimie de Lavoisier, on pèse le chlorure de sodium comme dans la vie commune
on pèse le sel de cuisine. Les conditions de précision scientifique, dans la chimie positiviste, ne
font qu'accentuer les conditions de précision commerciale. D'une précision à l'autre, on ne change
pas la pensée de la mesure. Même si on lit la position de l'aiguille fixée au fléau de la balance avec
un microscope, on ne quitte pas la pensée d'un équilibre, d'une identité de masse, application très
simple du principe d'identité, si tranquillement fondamental pour la connaissance commune.
29
Http// classique. Uquac.ca consulté le 10/11/2019 à 17h30.
14
l'homme fait dans une technique scientifique [...] n'existe pas dans la nature et n'est même pas une
suite naturelle des phénomènes naturels.30
L’intérêt philosophique que nous pouvons tirer de cette thématique, est d’une grande
nécessité dans le champ de la recherche scientifique et dans l’élaboration des données pouvant
permettre à l’esprit humain de parvenir à la vérité.
Ce travail nous a permis de comprendre, que toute théorie scientifique a pour soucis
d’innover, en d’autres termes, d’enrichir notre horizon intellectuel et de concourir au
perfectionnement des moyens et à l’élimination des pseudos connaissances. Dans ce sens, la
pratique scientifique est une rupture d’avec les attitudes qui bloquent l’intelligence et que Gaston
Bachelard appelle « obstacles épistémologiques ». Ce qui en effet, reste à l’esprit humain est tout
simplement de connaître, c’est-à-dire de sortir de l’ignorance et des fausses sciences afin de
chercher des informations sûres, fiables, crédibles, vraies et certaines.
Par ailleurs, chaque secteur de la connaissance scientifique adopte toujours une démarche
spécialisée et des constructions logiques. Celle que Gaston Bachelard nous propose, nous aide à
nous éloigner des opinions, des préjugés et surtout des rumeurs populaires afin d’avancer de
manière objective et logique vers la vérité.
En outre, la pensée de Bachelard est très actuelle et indispensable. Pour tout esprit
réellement scientifique ou simplement de la vérité objective, elle demeure une source à laquelle
on devrait continuellement s’abreuver, malgré le temps qui nous sépare de lui, il est très pertinent
et un examen de l’histoire de la philosophie nous permet de nous en rendre compte. Toutefois, le
recul vis-à-vis de certaines attitudes ne devrait pas nous amener à critiquer exagérément ou à rejeter
30
Gaston Bachelard, Epistémologie, texte choisis par Dominique Lecourt, Les Presses universitaires de France,
Paris, pp.101-102.
15
tout ce qui a été avant nous comme l’a fait Bachelard. Bachelard en effet, exclut l’opinion,
l’expérience première ou l’observation. Notons néanmoins, qu’elles constituent des points de
départ de la connaissance, malgré leurs faiblesses, elles sont indispensables pour entrer dans une
connaissance réelle. Par ailleurs, pour parvenir à une scientificité de la connaissance, il faut une
démarche objective suivant les canons d’une méthode favorisant la vérification des données
immédiates de la connaissance.
Dans le même ordre d’idée, la connaissance devrait commencer à partir des sens ou de la
sensibilité comme le pense les empiriques. En effet, l’expérience nous permet de finaliser une
connaissance. L’expérience en outre, est un arrangement du savant ; et même si ce n’est pas le cas,
il faut reconnaître le fait que les expériences sont déposables avec le temps et qu’une fois, on fait
recours aux objets palpables et des observations pour pouvoir dépasser ces connaissances
scientifiques démontrables c’est pourquoi, comme le soutiennent les empiristes, la connaissance
passe particulièrement par des sens.
16
CONCLUSION
Il était question pour nous, dans ce travail de chercher la méthode scientifique valable pour
une connaissance objective, passant par une analyse des obstacles et de la rupture épistémologique
que Gaston Bachelard propose dans la formation de l’esprit scientifique. En outres, Ces obstacles
sont comme nous le dit Jacqueline Russ « des entraves à la connaissance scientifique, inhérent au
savoir lui-même, et non point à des difficultés liées à l’objet »31 et que Bachelard présente comme
« des lenteurs et des troubles »32 dans la connaissance et dans la recherche, voire « les causes de
stagnation et même de régression ».33 Ainsi, pour accéder à la connaissance scientifique, il faut
une formation préalable de l’esprit car, l’esprit qui veut atteindre la science doit être dans une
certaine disposition. Puisque le réel n’est pas ce qu’il faut croire et ce qui est donné une fois pour
toute, l’esprit qui recherche une connaissance sérieuse devrait être prêt à la rupture ou au
changement afin d’atteindre ou d’accéder au savoir scientifique. La connaissance étant
l’affirmation de la responsabilité de la conscience, qui se déploie par elle-même pour se définir
comme un inventeur de sens à la fois pour le réel et pour l’homme. Ceci, pour nous faire
comprendre la nécessité pour un esprit scientifique de remettre en question ce qu’il aime et
respecte, ce qu’il cherche et trouve. Ce n’est qu’en le faisant qu’il pourra continuer à chercher et à
découvrir des idées nouvelles nécessaires à l’évolution scientifique. Bachelard nous a montré
comment il est donc possible de poser l’abstraction comme une démarche normale et féconde de
l’esprit scientifique.
31
Jacqueline Russ, les chemins de la pensée philosophique, paris, Armand colin, 1988, p.445.
32
Gaston Bachelard, La formation de l’esprit scientifique, Paris, Vrin, 1938. p.13.
33
Ibid.
17
BIBIOGRAPHIE
Ouvrages de l’auteur
Autres ouvrages
Autres sources
18
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION .............................................................................................................................................. 1
CONCLUSION ................................................................................................................................................. 17
BIBIOGRAPHIE .............................................................................................................................................. 18
19