Vous êtes sur la page 1sur 2

MÉMO La théorie du design 

: la diffusion industrielle - 2 


1. Le standing L’innovation esthétique sert donc à renouveler le style personnel, l’identité moderne du
consommateur. Elle ne se confond pas avec la mode, c’est le style qui définit l’époque
Le terme « standing » (angl.) signifie « se tenir » et veut dire que la société est en mouvement et présente, mais aussi ce qui fait que l’on va racheter un même objet, sans qu’il soit obsolète
que l’on ne s’y définit que par la façon dont on y tient une place, c’est-à-dire par nos choix de techniquement.
consommation, notre mode de vie.
Chacun a sa conception propre du standing et privilégie certains types de dépenses sur 4. L’innovation technique
d’autres. Pour le consommateur, il y a donc essentiellement deux types d’achats : les achats
La modernité du style de vie est directement dépendante de l’innovation technique, qui
contraints, et les achats volontaires.
consiste à diversifier le marché des objets techniques, soit en améliorant l’efficacité des précé-
Le rôle des designers, de la mercatique, des publicitaires et des vendeurs consiste à faire dépen- dents, soit en offrant de nouvelles fonctionnalités. Cette diversification de la diffusion indus-
ser le consommateur pour écouler la production industrielle. Ils ont pour fonction de créer trielle s’appelle la technologie. La technologie est l’innovation technique hissée au rang d’ar-
de la demande. Ils doivent donc transformer les achats contraints en achats volontaires, et les gument de vente. Elle est nécessaire pour faire partie de la société mais aussi nécessaire pour
achats volontaires en achats nécessaires. Ils transforment les besoins essentiels en désirs et les maintenir un certain statut social.
désirs en besoins individuels et sociaux.
La modernité, qu’elle soit celle de l’individu ou de l’époque, est toujours esthétique. Mais la

2. Le style
technologie est la substance de la modernité.
Sans style pour l’intégrer à la vie sociale, l’innovation technique est vide de sens ; et réciproque-
La somme des objets qu’une personne possède ne définit pas seulement une place sociale, ment, sans innovation technique, le style se résume à la mode, c’est-à-dire à un changement
mais une ambition personnelle, une image, une personnalité. Le style personnel (« style » signi- arbitraire de tendances qui ne sert que de distinction sociale.
fie initialement « colonne »), est justement la façon dont l’individu se tient dans son époque, en La technologie est, comme le style, paradoxale.
fait partie, et la surplombe. C’est l’équivalent esthétique du standing.
Elle est indissociable d’une certaine vanité. Si elle élimine les pénibilités physiques, elle en crée
Il s’agit de la modernité propre à l’individu. Le style définit un rapport de l’individu à l’époque d’autres, psychologiques, et il est difficile de déterminer si elle est effectivement la source d’un
présente, à la modernité ambiante : il fait partie de l’époque présente sans en être l’exact reflet. mieux-être ou d’une plus grande liberté de conscience. Mais elle est également révolution-
Le style personnel est donc une définition profonde, métaphysique, de l’individu consomma- naire, parce qu’elle change radicalement notre façon de percevoir et de comprendre le monde.
teur. C’est sa modernité propre dans un monde qui n’est que modernité.
L’appareil technique entraîne une fascination de son usager. Mais il revient à la technolo-
La référence implicite est celle de l’artisanat. Les marques, en proposant un style d’objet ou gie de devancer la critique qui permet de prendre la distance suffisante pour dominer cette
de vêtement, veulent faire croire à l’acheteur potentiel que l’objet a été conçu pour lui. D’où fascination.
les innombrables propositions de personnalisation des produits.
La technologie en vient donc à imposer une fascination permanente, qui rétablit une distinc-
tion de classe entre le public qui sait se concentrer et le public captif qui se disperse, happé par
3. L’innovation esthétique un divertissement permanent.
Le style relève toujours du paradoxe. Le consommateur, éduqué dès l’enfance à se définir par
les biens qu’il possède, cherche à faire partie de la modernité tout en s’en démarquant. Ceci
entraîne une certaine lassitude, qui fait que le consommateur, au fur et à mesure qu’il vieillit,
préfère des produits fiables et durables, sans égard pour la mode ou les innovations tech-
niques. Or, cette lassitude est nocive à l’incrément de la production industrielle.
Pour qu’un objet soit vendu, les achats contraints doivent être transformés en achats volontaires, et les achats
volontaires en achats nécessaires.

Vous aimerez peut-être aussi