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Sujet et corrigé (terminales technologiques) : A quoi sert la culture ?

L’homme n’est pas un animal ordinaire. La preuve en est qu’il a des modes de
vie très divers. On parle alors de différentes cultures. Tout se passe comme si
chaque culture permettait aux hommes de vivre. Toutefois, si l’on fait
abstraction de la culture particulière de chaque société, on peut considérer que
par la culture l’homme fait peut-être plus que vivre, il vise à vivre
humainement. On peut donc se poser la question : À quoi sert la culture ? Est-
elle simplement ce qui sert à l’homme à vivre ou bien sert-elle à l’homme à
être humain et en quel sens ?

La culture est le terme abstrait qui désigne les différentes modalités non
naturelles qui permettent aux hommes de vivre. En effet, que ce soit pour
satisfaire les besoins qu’il a en commun avec les autres êtres vivants comme se
nourrir, se protéger des intempéries ou pour satisfaire d’autres besoins, créés,
l’homme procède de différentes manières. Il doit d’abord fabriquer ses outils et
la technique varie avec la culture. Il consomme ou échange ce qu’il a fabriqué
selon certaines règles. Dès la préhistoire, on trouve des œuvres d’art qui ne
servent à rien comme la peinture dans des grottes où les hommes ne vivaient
pas. Bref, il y a différentes façons humaines de vivre et l’on peut avec
Montaigne dans ses Essais dire que toutes se valent et qu’aucune n’est sauvage
ou barbare à proprement parler.

Or, sans culture, l’homme ne peut pas vivre car il n’a pas d’instincts à
proprement parler ni d’organes naturels pour vivre (ni fourrures, ni crocs, etc.).
Aussi la culture est-elle indispensable à sa vie. Elle lui donne à la fois les
connaissances, les objets et les règles qui lui permettent de vivre à la fois face à
la nature et face et avec les autres.

Toutefois, les cultures ne restent pas figées de sorte qu’on ne peut pas
considérer simplement qu’elles permettent de vivre. N’ont-elles pas une tout
autre fonction ?

C’est qu’en effet, plus une culture est développée et plus il y a de différences
voire d’inégalités entre les hommes qui la partagent. On peut donc appeler
sauvages les cultures où la technique est telle que chaque homme est
relativement indépendant de tous les autres comme Rousseau dans, le
Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes l’a fait.
La culture y est un moyen pour chacun d’être libre et heureux. Par contre, dans
les civilisations, la technique rend chacun dépendant des autres. Dès lors,
certains réduisent les autres en esclavage. Les inégalités s’accroissent et
pendant que certains jouissent des douceurs de la culture, c’est une sorte
d’enfer pour les autres. Bref, la culture est un instrument d’oppression.

En effet, comme Rousseau l’a montré, elle accroit les différences entre les
hommes. Et c’est à l’intérieur d’une même culture qu’on distingue les hommes
cultivés des autres. Or, si certains sont cultivés, c’est-à-dire ont acquis les
connaissances qui leur permettent de vivre avec aisance dans une société et
que d’autres ne le sont pas, c’est parce que la culture sépare les hommes les
uns des autres.

Cependant, sans culture ou avec une culture frustre, les hommes ne


développent pas toutes leurs capacité. Dès lors, on peut penser que la culture
permet de faire des hommes. Reste à savoir comment ?

En effet, on peut et on doit distinguer la culture entendue simplement comme


ce que les hommes font et se transmettent de la culture entendue comme
éducation. Par là il faut comprendre l’acquisition des règles qui permettent à
chacun de s’humaniser, ce qui passe par le respect des autres. L’éducation est
essentielle pour faire l’homme comme Kant l’a soutenu dans ses Réflexions sur
l’éducation. Même le prince selon lui doit être éduqué, c’est-à-dire doit
apprendre à respecter les hommes.

Dès lors, si la culture crée des inégalités et du malheur entre les hommes, elle
donne aussi les instruments de la réflexion qui permet de les analyser et donc
de les modifier. Bref, elle fournit une sorte d’expérience à l’homme qui peut
ainsi modifier ce qu’il y a de négatif dans la culture en vue de mieux
s’humaniser. Dès lors, c’est la culture acquise qui permet de penser une
transformation d’elle-même en vue d’en dégager les principes universels de
toute culture, c’est-à-dire le respect de la dignité humaine. C’est pour cela qu’il
est légitime de condamner au nom de la culture entendue comme processus
d’humanisation les cultures qui bafouent la dignité humaine.

On a donc vu que la culture semble en première analyse l’outil qui permet à


l’homme de vivre. Toutefois, il est apparu que certaines cultures permettaient
à certains hommes d’abuser des autres. Dès lors, la culture entendue comme
éducation individuelle et collective a bien plutôt pour sens de permettre à
l’humanité d’accéder à elle-même.

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