Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Pr Gérard BEJANI
Texte lu lors d’une réunion autour de Farjallah Haïk, à Beit Chabeb
La vertu consiste, oui, à porter sa pierre. Sa pierre ou sa croix, car aussi bien Haïk que
Camus ont leurs nuits de Gethsémani et leurs matins de rédemption. Même si Albert
Camus est agnostique et Haïk anticlérical, même si Meursault regarde indifféremment le
prêtre venu lui « pardonner ses fautes » dans sa cellule et si Basile a horreur des leçons
de catéchisme à l’Orphelinat, même si donc les deux auteurs n’ont jamais eu de la
sympathie pour les hommes de religion ou les « sœurs à l’haleine fétide » qui veulent
nous faire « vivre en grappes », nous conduire comme un troupeau. Il n’en demeure pas
moins que Camus comme Haïk « portent » au monde, dans la pierre ou la croix, leur
demande d’amour insatiable, et avec elle, une leçon de foi, de bonheur et d’espoir : « Il
faut imaginer Sisyphe heureux », bien sûr, car, répond Haïk comme en écho, « l’homme
fataliste est plus ouvert à l’espoir qu’on ne le pense ». Et lui certainement plus ouvert à
Dieu qu’il ne le pense, surtout quand il écrit : « Le royaume de Dieu est à tous. Nous y
pénètrerons tous nus comme au jour de notre naissance. »