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COURS INTEGRAL
Où l’on voit que la perspective envisagée entend mettre en forme et en œuvre une analyse
ainsi qu’une herméneutique relevant de l’économie politique internationale, pour
apprécier dans quelles conditions et configurations la question du développement ou de ses
succédanés et avatars se trouve posée à différentes formations sociales, comprise de manière
volontaire ou involontaire dans un système-monde de la globalisation procapitaliste et
ultra-capitaliste.
Le développement sera ainsi examiné à partir d’une perspective capable de le questionner sur
la base d’une étude de ses paradigmes et régimes. Il est alors question d’examiner les
configurations et formations à partir desquelles cet enjeu peut-être appréhendé. Cela conduit
alors à devoir interroger les cadres de problématiques aux moyens desquels, l’enjeu ou les
enjeux du développement sont posés à partir de l’économie politique internationale.
Par ces termes, il s’agit d’indiquer que le développement se présente d’abord comme une
forme au sens de ce que la psychologie classique appelait une Gestalt. Cela signifie que le
développement apparaît comme une structure de perception et de représentation de la vie
politico-économique, anthropologico économique, socio-économique, stratégico-
économique et systémico-économique, en tant que réalité constituée, structurée et construite.
Le développement correspond alors à une forme imaginale et imaginaire, c’est-à-dire à une
structure politique orientant et organisant le rapport au monde des acteurs sociologiques et
dans une logique prométhéenne d’intervention transformatrice des conditions et
configurations économiques dans lesquelles se trouvent ses acteurs. De ce point de vue, le
développement apparaît largement comme une « croyance occidentale » (Gilbert Rist). Cela
veut dire que le développement est envisagé à partir du respect psychologique et
mythologique qui sont en lien avec une dynamique d’ « ’omni-marchandisation du monde »
(Gilbert Rist), essentiellement conduite par des forces et des puissances basées dans les
centres dominants de « l’économie monde » (Fernand Braudel) du capitalisme globalisé.
Ainsi, le développement est bien en lien avec un imaginaire qui concerne la manière dont les
êtres humains en tant qu’acteurs sociaux sont tenus de prendre en charge leur implication et
leur intégration dans les milieux matériels et pratiques où ils sont inscrits.
Harry Truman mobilise cette catégorie pour justifier et légitimer un nouveau mécanisme
d’action et de mobilisation internationale commodément désigné sous le nom d’« aide au
développement ». Où l’on voit que le développement est une croyance destinée à régulariser
un ordre international en cours de mondialisation qui est précisément marqué par des
inégalités ou tout au moins des inhomogénéités en matière de développement.
Par ces termes, on veut indiquer que la définition du développement n’entend pas cantonner
celui-ci à la sphère de la croyance, mais envisager d’en faire une structuration capable de
créer de façon importante de la valeur ajoutée, c’est-à-dire de la richesse. Ainsi, le
développement doit se traduire en manifestation concrète c’est dans cette perspective qu’il
convient d’envisager la croissance. Celle-ci renvoie à la consolidation permanente et
récurrente d’une tendance d’augmentation de la production qui correspond concrètement
à un enrichissement supplémentaire. La croissance se présente alors comme la dynamique
systématique qui exprime l’enrichissement constant et consistant, résultant de l’activité
économique en tant qu’activité de production et d’échange de biens, de services,
d’informations ou de symboles génératrice de valeur. Cette croissance correspond à une
mécanique simultanément éco-systémique et économico-systémique, qui assure
l’intensification progressive de l’activité économique, qui consiste à élever toujours plus haut
les niveaux de création de la valeur ajoutée. C’est à travers la croissance que s’opère la
« richesse des Nations » (Adam Smith).
4) La marche vers la mobilité industrielle fondée sur la propagation des progrès techniques et
technologies à l’ensemble des secteurs de l’économie et de la diversification.
Autrement dit, Rostow considère que l’ensemble des sociétés suit le cheminement en matière
de développement et que la croissance est l’élément qui débloque les trajectoires de
développement. Cette conception sera au cœur des stratégies et politiques.
Par ces termes, on veut éviter que les conditions concrètes d’organisation et d’orientation
économique des pays dits en voie de développement ou en développement viennent à
montrer le caractère discutable d’une conception mécanique et linéaire du
développement telle que celle exprimée par le schéma rostowéen des cinq étapes de la
croissance. La réalité économico-politique à travers la dynamique concrète du système-
monde va montrer que l’accès des pays dits en développement ou développés n’est pas
chose aisée. C’est que ces pays en voie de développement ne se trouvent pas dans une
situation comparable à celles des pays développés, lorsque ceux-ci se trouvaient encore à des
périodes antérieures à l’ébranlement de leurs systèmes économiques. La dynamique
concrète du système-monde va révéler qu’il n’existe pas un chemin unique qui mènerait au
développement en passant de manière stricte par les mêmes Etats. Cela signifie que les
relations entre les pays développés et les pays en développement qui se sont construites
entre les années 1940 et les années 1970 sont affectées par les relations dialectiques existant
entre pays dits développés et pays en développement. Dans cette optique critique, il apparaît
que la production de dynamiques de développement caractérisant les formations sociales
situées au centre du système-monde interagit avec la production concomitante des situations
qui relèvent structurellement d’un état de sous-développement. Celui-ci a historiquement et
systémiquement partie liée avec les relations de domination et d’exploitation qui ont eu cours
entre nombre de pays développés d’une part et bien de pays sous-développés d’autre part.
Cela montre que le sous-développement n’est pas un retard de croissance, mais est le produit
d’une situation qui renvoie à la colonisation et à la condition de la naissance du capitalisme
industriel en Europe puis en Amérique du Nord.
Les analyses vont mettre en avant la dialectique inégalitaire du centre (payas industrialisés,
avancés, développés) et de la périphérie (pays pauvres, sous-développés, en développement).
Cela va entraîner une compétition à la fois doctrinale et instrumentale entre les approches
développementalistes orthodoxes et les approches structuralistes et critiques évoquées
plus haut, au sujet de la manière d’appréhender le développement et l’économie du
développement.
Par ces termes, on veut indiquer que les conceptions et les pratiques en matière de
développement seront remises en question par les tenants d’une économie politique
néolibérale et globalo-libérale qui veulent contester la spécificité structurelle et
situationnelle des formations sociales confinées et cantonnées dans le sous-développement.
Les tenants du néo-libéralisme global se placent sous le signe d’un mouvement à la fois
politique et économique de réaction néoconservatrice contre l’économie politique
d’intervention sous sa forme Keyneso fordiste ou sous la forme développementaliste .
C’est particulièrement autour de l’école de Chicago conduite par Milton Friedmann que sera
menée cette offensive à la fois intellectuelle académique, scientifique, idéologique contre
l’économie du développement. Il s’agit pour les néolibéraux de réaffirmer l’universalité
des lois du marché, dès lors posées en lois du développement. Pour les tenants de l’analyse
néo-classique, il convient de mettre en question les cadres forgés par les différentes écoles
structuralistes en vue d’expliquer et ou de résoudre les problèmes de développement qui se
posent à nombre de pays.
Les tenants du néo-libéralisme qui s’appuient sur le courant néo-classique et le paradigme
technique du néo-marginaliste walrasienne vont développer une pensée théorique,
analytique autant qu’idéologique qui s’avère incompatible avec les orientations des écoles
structuralistes, attentives aux structures et aux éléments d’hétérogénéité et de
discontinuité, aux rapports de coordination et aux dynamiques de conflit.
C’est dans ces conditions que les défenseurs du néo-libéralisme global évoquent la non-
spécificité du champ sectoriel de l’économie du développement considérant qu’on peut y
appliquer le modèle de croissance où les schémas d’équilibre sont prévus dans le savoir
universel de la science économique. Cette montée en puissance de l’analytique néolibérale
va aussi tirer parti de l’affaiblissement des tensions Est-Ouest et du déclassement
significatif du modèle marxiste-léniniste d’économie politique planiste et collectiviste.
Milton Friedman et ses associés ont aussi profité de la désaffection pour l’Etat-Providence.
liée aux crises pétrolières de 1970 et de la diversification du statut économique des pays
autrefois identifiés du tiers-monde. Si la nouvelle axiomatique (science des actions en tant
que science appliquée) néolibérale et globalo-libérale se développe à partir de la fin des
années 1970 et du début des années 1980 sur la base de la critique des conceptions
développementalistes et des conceptions-structuralistes du sous-développement, elle va
proposer en réalité une nouvelle conception du développement basée sur la mise en exergue
de la marchandisation du monde comme condition décisive du développement. C’est que
le néo-libéralisme global véhicule en fait un cachet. Il s’agit en effet d’un crypto-
développementalisme marchand qui fonde les chances du développement sur la mise en
place d’une ingénierie de politique économique résolument tournée vers l’institution du
marché comme paradigme incontournable de développement économique. Il conviendra
d’examiner avec distanciation ce crypto-développementalisme.
INTRODUCTION
Par ces termes, on veut rendre compte de manière aussi bien historique que théorique de la
formation et de la transformation du domaine de connaissance et de recherche de
l’économie du développement, compte tenu de l’évolution des contextes politiques et
économiques qui servent d’arrière-plan à l’ordre mondial contemporain. Il s’agit alors
d’interroger aussi bien la légitimité et la crédibilité créées, l’opérativité et la productivité
de l’économie de développement comme corpus scientifico-théorique, scientifico-
technique, scientifico-pratique et scientifico-pragmatique. En effet, l’économie politique
du développement et le développement comme objet ont donné lieu à de nombreuses
controverses, de facture non seulement théorico-scientifique et théorico-axiologique . Dès
lors, s’interroger sur l’économie du développement et le développement du point de vue
d’une analytique et d’une herméneutique d’économie politique internationale revient à
mettre aussi en lumière les controverses pratiques qui se déroulent à propos de ce savoir et de
son objet ou même de sa démarche. Il convient d’analyser le développement et l’économie du
développement de manière à soulever et à souligner des questionnements permettant de
rendre compte de cette spécialité et des matières qu’elle recouvre. Cela signifie que l’on
s’interroge d’abord sur les cadres épistémologiques de l’économie du développement à l’âge
global libéral (Section I), avant de s’appesantir sur les cadres métrologiques de l’économie du
développement à l’âge global libéral (Section II).
Par ces termes,on veut indiquer que l’économie du développement envisagée comme
domaine de connaissance, ne peut être scientifiquement fondée que dans la mesure où elle se
montre capable d’accueillir une problématisation théorique et épistémique du
développement en tant que processus. Il s’agit donc d’apprécier les conditions et les
configurations dans lesquelles le questionnement du développement et de l’économie du
développement est appréhendé à partir d’une grammaire conceptuelle et doctrinale
ressortissant de l’économie politique internationale. Cela veut dire que le développement
et l’économie du développement seront questionnés à partir de l’économie politique
internationale comme spécialité de la science politique qui étudie les rapports entre
économie et politique tels qu’ils s’opèrent dans les sphères internationales, tels qu’envisagés
par les économistes. Il convient d’abord de procéder à un repérage historique (Paragraphe 1),
puis à un repérage théorique (Paragraphe 2) afin de mieux cerner le champ de pertinence de
l’économie du développement examiné à l’âge global dans une optique d’économie politique
internationale (paragraphe 3).
Paragraphe 1 : Le repérage historique de l’économie du développement et de sa
matière : Contextualisation
Par ces termes, on veut évoquer les conditions initiales dans lesquelles l’économie du
développement est apparue. En effet, ce domaine de connaissance et de recherche est né
après la deuxième guerre mondiale. Cet état de choses n’est pas fortuit car après la deuxième
guerre mondiale il va s’instituer un nouvel ordre international aussi bien politique
qu’économique.Entre les années 1940 et 1960, le monde est marqué par de nombreuses
mobilisations nationalistes et indépendantistes qui voit bien des pays colonisés contester
l’emprise des puissances coloniales et revendiquer l’accession au statut d’Etat-Nation
souverain ou d’Etat Westphalien. Les mouvements conduiront à l’indépendance de
nombreux de ces territoires colonisés. Dès lors confrontés à la nécessité de prendre en charge
les problèmes économiques qui se posent à ces sociétés. C’est dans ce contexte qu’apparaît
l’économie du développement laquelle se donne pour objet d’élaborer des perspectives
d’évolution pour ces collectivités sociales et historiques qui accèdent à l’indépendance
nationale. On examinera d’abord le lien de la genèse de l’économie du développement avec
les luttes d’émancipation nationale (A), on étudiera ensuite l’économie du développement
comme optique d’orientation et d’évolution de l’économie politique de nouvelles
indépendances (B). Avant de s’interroger sur la remise en cause de l’économie de
développement et de son ontologie (C).
Par ces termes, on veut montrer que le savoir énoncé puis appliqué en matière d’économie
de développement sera évidemment destiné aux collectivités historiques et sociales
particulières que sont la formation sociale décolonisée , c’est-à-dire les sociétés qui vont
accéder à l’indépendance . Il s’agissait pour les pays centraux de l’économie-monde liés au
bloc capitaliste de fournir des recettes pertinentes et utiles d’actions de mobilisation et
d’organisation économiques pour les nouvellement indépendants.L’économie du
développement va alors devenir un des dispositifs d’application de la nouvelle structure
paradigmatique mise en place par Harry Truman autour de la croyance au développement.
Dès lors, on ne sera pas étonné que le développement entendu par le développementalisme
va nous donner une part importante de la doctrine et des institutions internationales autant que
les circuits bilatéraux ou multilatéraux des relations extérieures entre Etats ou entre
Etats et organisations internationales. Cet attrait pour le développement et sa fondation
économique sera influencée pour l’action en contrepoids ou en contrepoint des opérateurs
du tiers-mondisme et du non-alignement, courant constitué puis abandonné en 1955. La
présence de ce courant tiers-mondiste va complexifier le champ de l’économie du
développement qui ne se limitera pas à sa formation développementaliste de facture
structuro-fonctionnaliste mais qui s’étendra aussi à la prise en compte des conceptions
structuralistes déjà évoquées. Dès lors, il existera une tension dialectique entre le proto-
libéralisme des développementalistes renvoyant en une forme de Keynésianisme du
pauvre, le structuralisme normal et le structuralisme radical souvent en phase avec
l’analyse néo marxiste de la dépendance ou celle toujours marxiste ou néo-marxiste du
système-monde.
Où l’on voit qu’une compétition doctrinale et instrumentale allait exister dans les années
1950-1970 entre ces éléments courants au sujet de la manière d’orienter et d’organiser les
bases et les ressorts du développement. Malgré leurs divergences compétitives, ce courant
s’inscrivait toujours dans le registre de la croyance prométhéenne en la capacité de
l’homme à tirer parti de l’appropriation de la nature. Où l’on voit qu’il y avait un fond
productiviste commun à ces courants concurrents.
Par ces termes, on veut rendre compte des conditions dans lesquelles la problématique du
développement qui est au cœur de l’économie du même nom ( développement) à commencer
à être mise en question dans les années 1980. Cette remise en question intervient dans un
contexte de nombre de pays en développement ou sous-développés sont confrontés à la
crise de leur dette qui les soumet à un véritable étranglement économico-financier. Dans ces
conditions nombre de ces pays seront plongés dans une véritable trappe récessive. Dès lors,
il apparaît que ces pays ne peuvent pas atteindre le développement.
La remise en cause de l’économie du développement intervienne aussi à un moment où les
institutions financières internationales les grands Etats industrialisé et les créanciers
marchands des pays en développement impose à ceux-ci les stratégies et politiques dites
d’ajustement structurel. Lesquelles démarches viennent sanctionner l’avortement du
processus de développement, dans la plupart des pays en développement cette remise en
question de l’économie de développement et de sa référence centrale (développement) est
aussi lié au fait que nombre des pays en développement vont entrer en conflit sur le terrain
propre de l’économie, comme le montre la tension entre les pays exportateurs de pétrole et
les autres pays pauvres, qui vont voir leur facture pétrolière s’alourdir. Par ailleurs, la
diversification catégorielle des pays en développement va mettre en évidence de
l’hétérogénéité voire la divergence de leurs intérêts. Cet état de choses contribuera à fragiliser
la perception commune des pays en développement, comme des pays ayant des problèmes
identiques ou analogues, qui appelleraient de solution du même type. L’hétérogénéité
croissante du cheminement économique de ce pays en développement, mettra en question
la notion de Tiers-monde qui était apparu dans les années 1950 à l’initiative d’Alfred Sauvy
et de Pierre Moussa. Dans ces conditions, la pensée aussi bien intellectuelle que scientifique
ou appliquée du développement, va être remise en question. C’est cela que Gilbert Rist
appelle « le grand retournement » : c’est-à-dire une dynamique de remise en question des
référentiels et modèles qui fondaient et gouvernaient le développement.
Par ces termes, on veut faire référence aux conditions dans lesquelles l’économie du
développement va être élaborée comme domaine d’analyse, d’étude, de pensée et de
recherche , voué à l’examen des conditions permissives ou restructurées de production
du développement comme processus de transformation sociale, résultant de la constitution
d’une capacité aussi bien analytique de pragmatique, à perpétuer et à diffuser un effort et un
courant de croissance économique. L’économie du développement va comme on l’a déjà
signalé, mettre en œuvre une démarche qui exprime une tendance récurrente dans l’histoire
aussi bien intellectuelle que matérielle de formations sociale d’Occident , marquée par le
référentiel aristotélicien de la phusis qui renvoie précisément à l’idée de croissance et de
développement. Ce référentiel aristotélicien peut être associé au modèle platonicien du
cycle, c’est-à-dire de la récurrence des choses de la nature autant que des événements de
l’histoire. En fait ces références platoniciennes et Aristotéliciennes sont héritières « des
maisons de vie » (Perou-Aukh) Kamites.
Le développement est aussi lié à une perspective qui se montre attentive à l’enchaînement
entre les périodes de croissance et de décroissance dans une articulation cyclique mais
aussi dialectique. Il convient d’examiner les conditions dans lesquelles le développement a
été problématisé. Dans cette perspective on étudiera d’abord l’émergence pionnière des
modèles néo-évolutionnistes du développement par étapes (A), avant d’examiner les
corrections hétérodoxe structuraliste des modèles de développement et de croissance (B),
puis de souligner l’attention pour l’analyse de spécificités du sous-développement et des
conditions de sortie de cet état.
Par ces termes, on veut souligner que le paradigme du développement mis en lumière par le
Président Harry Truman en 1947, est fondé sur une conception déterministe et linéaire du
fonctionnement économique des sociétés. Cette conception a partie lié avec les conditions
intellectuelles de réception ou de ratification de l’ordre économique des choses qui s’est
construit avec la montée en puissance matérielle et structurelle des pays occidentaux entre
le 17èmes et le 20èmes. En d’autres termes , cela signifie que ces conceptions intellectuelles
vont mettre en exergue une perspective d’accélération de l’histoire et du temps fondée sur
la référence aux problèmes aussi bien philosophiques, scientifiques que techniques, comme
idéal de société soumise à l’imperium croissant du référentiel cartésien de la possession
capitalistique de la nature, laquelle possession est conditionnée par un accroissement
significatif des capacités matérielles, fonctionnelles et processuelles en lien avec un niveau
croissant de « division du travail » (Adam Smith). En clair, les formations sociales
occidentales traversées et travaillées par la puissance de l’accumulation pro-industrielle,
industrielle et ultra-industrielle vont développer des orientations économiques faisant
confiance à l’idée qu’il existe un horizon pertinent d’enrichissement consistant et constant
des sociétés humaines en lien avec une évolution basée sur une différenciation croissante
des fonctions socio-économiques. Il est clair que cette conception fait de la dynamique des
sociétés, un parcours orienté vers une évolution toujours plus capacitance et enrichissante.Ce
n’est pas Walt Rostow qui de manière stricte, a inventé une conception du monde mettant
en exigence des lois d’évolution fondées sur différents états traduisant des niveaux plus ou
moins importants d’épanouissement matériel des hommes. Bien avant lui, on trouve chez
Giambattista Vico et sa loi des « trois états » ou Auguste Comte et sa loi des « trois âges »
ou encore Karl Marx et Engel et leur loi du « développement historique », une conception
postulant que les sociétés humaines sont gouvernées par des lois d’évolution qui s’expriment
aussi sur le terrain de l’économie. Même la pensée d’Adam Smith qui fait de la « main
invisible », le mécanisme essentiel d’organisation et d’orientation de la loi du marché,
relève de ce mode de pensée évolutionniste qui est largement homologue de l’impérium des
structures du rationalisme industrialiste sur la vie des sociétés occidentales. C’est ce
modèle de fond qui apparaît dans les théories des étapes de croissance de Watt Rostow, dont
certains ont dit qu’il était l’équivalent non communiste de Karl Marx et Engels, rédacteur du
manifeste du parti communiste. Ces théories des étapes de la croissance considéraient que le
développement est une dynamique linéaire qui serait alors simplement lié à l’avènement de
l’homogenèse capitalistique dans les différences sociales comprises dans le « système monde
moderne » (Wallenstein). Ainsi, la théorie rostowienne de la croissance et du
développement postule-elle que les sociétés suivent un cheminement universel pour atteindre
le stade final de l’évolution que serait la société de consommation de masse. C’est une telle
optique qui va orienter les conceptions simultanément politiques, stratégiques et économiques
du développement et de la mondialisation. Formulées par les universitaires et experts
américains (Walt Rostow, Harold Lasswell, Daniel Lerner, Lucian Pye, Gabriel Almond),
ces conceptions linéaires feront l’objet de fortes critiques par d’autres analystes et spécialistes
des questions de développement qui vont en souligner les limites évolutionnistes et
positivistes héritées des penseurs du 19ème s tels que Auguste Comte, Karl Marx et
Friedrich Engels.
Par ces termes, il s’agit de viser les penseurs et chercheurs qui vont mettre en question
l’orthodoxie développementaliste en tant que régime de valeurs, de normes et de
pratiques sur le terrain de l’organisation et de la mobilisation économiques . Il est ici
question d’évoquer les courants qui mettent en question le caractère mécaniciste des
approches développementaliste faisant croire que les nouvelles nations indépendantes
issues de territoires jadis colonisés pouvaient construire leur autonomie économico-
politique en reproduisant les trajectoires de développement des grands Etats
industrialisés ou développés dont certains avaient été leurs maîtres coloniaux. Les analyses
hétérodoxes vont mettre en cause la mécanique déterministe et fonctionnaliste utilisée par
les théoriciens du développement et de la modernisation. Pour ce faire, les différents
courants hétérodoxes vont souligner le fait que la croissance ne conduit pas nécessairement
au développement. Il s’agit pour eux à l’instar de François Perroux de montrer que le
surplus des richesses ne suffit pas à obtenir le développement. L’on voit qu’il est question
ici de proposer la « philosophie d’un nouveau développement » (François Perroux). Dans
cette perspective, le développement n’est pas envisagé sur une base exclusivement
quantitative et fonctionnelle. Au contraire, le développement suppose pour les collectivités
sociétales qui veulent y accéder de prendre également en compte les éléments qualitatifs et
structurels. Dans cette perspective le sous-développement interagit en réalité avec le
développement. On ne peut le considérer, ni l’apprécier comme étant l’expression d’un
simple retard de croissance. Où l’on voit comment les hétérodoxes structuralistes
remettent en question l’idée que le sous-développement serait un état naturel. Il souligne
qu’il y a un lien entre le sous-développement et la domination ou l’exploitation qui profite
aux sociétés parvenues au développement. Les penseurs hétérodoxes comme ceux de
l’école de Grenoble vont attirer l’attention sur le fait que le sous-développement est un état
structurel, dont l’examen ne peut se limiter à la prise en compte des données fonctionnelles.
Ce faisant, les structuralistes de l’école de Grenoble conduit par F. Perroux, mettent en
question une interprétation strictement naturaliste et matérialiste du développement et d
la croissance, interprétation présente dans les analyses de Walt Rostow, mais aussi de
William Arthur Lewis. Le structuralisme va attirer l’attention sur l’importance d’une
organisation économique coordonnée essayant de faciliter l’articulation et l’intégration
entre les secteurs, car le sous-développement leur semble lié au fait que l’économie des
nouveaux pays en développement ou indépendants, alias pays en développement, alias
pays sous-développés, leur apparaît comme fortement articulé et segmenté, ce qui n’est pas
favorable au développement. Les hétérodoxes structuralistes vont donc accorder une attention
à la « dialectique de structures » (Stéphane Paquin) ; laquelle dialectique souligne la
persistance de la dualité entre secteur formel et secteur informel, entre secteur moderne
et secteur traditionnel. Cette dualité exprime la persistance d’une structuration d’origine
coloniale qui jouait précisément un grand rôle dans la perpétuation du sous-développement.
L’analyse structuraliste s’intéresse aussi à la relation qui existe entre l’économie des pays
développés et les économies des pays sous-développés, des relations qui sont fortement
marquées par un niveau significatif d’inégalité conduisant à des configurations clairement
asymétriques. En d’autres termes, cela signifie que les chances de développement des pays en
développement sont largement capturées par les relations « d’échange inégal » qui les lient
avec les pays développés (Samir Amin). Dès lors, on ne peut étudier le sous-développement
sans avoir de lien avec « l’impérialisme » (John Hobson). Il convient alors, de prendre la
mesure des effets de dynamique impérialiste sur le développement des pays en
développement. Samir Amin montre combien l’impérialisme contribue à perpétuer le sous-
développement en Afrique. Parce que, les pays centraux ou pays développés sont capables
d’imposer de manière unilatérale aux pays périphériques ou sous-développés les conditions
qui réglementent l’échange des biens, de service, d’information ou de connaissance. Où l’on
voit comment les pays périphériques sont coincés par les formes de « dépendance » qui
compromettent leur capacité de développement. L’école structuraliste de sa version tempérée
(François Perroux, René Sandretto, etc.) ou dans sa version radicale (Samir Amin, André
Gunder Franck, Celso Paletto) souligne comment le chemin vers le développement est
bloqué pour les pays en développement. Parce que l’existence de foyers de croissance dans
ceux-ci ne débouche pas automatiquement sur la mise en place effective des pôles de
développement.
Par ces termes, on veut indiquer que les approches qui ont imposé le développement comme
référence devant permettre de programmer ou de planifier la modernisation, la mobilisation
et la valorisation économiques des pays en développement veulent s’intéresser aux
conditions qui entretiennent l’état du sous-développement et veut également rechercher les
démarches aussi bien théoriquement que pratique qui peuvent aider à résoudre les problèmes
liés à l’état de sous-développement. Bien entendu, il y aura un débat entre les défenseurs
d’une vision linéaire du développement basée sur une évaluation multistadiale des
résultats de développement d’une part et les partisans d’une approche structurelle des
questions de développement.Entre les années 1960 et 1970, les conceptions
développementalistes vont être confrontées avec les conceptions structuralistes au sujet de
l’analyse des caractères et critères du sous-développement et du développement . Au
final, il va apparaître à partir des années 1960, des lignes d’analyses et d’évaluation
convergent vers l’idée que le sous-développement est une situation historico-organique
spécifique. C’est-à-dire une situation structurelle et qualitative en lien avec les conditions
contextuelles qu’on ne saurait éluder. Dès lors, l’analyse du sous-développement ne peut
pertinemment envisager celui-ci comme un retard de croissance, mais doit l’appréhender
comme un état de choses qui n’a rien à voir avec des conditions organiques et historiques
de dépendance. Dès lors, l’analyse du sous-développement est effectuée en tenant compte
des coordonnées singulières des pays en développement. Ainsi, une telle démarche met en
question aussi bien « les étapes de la croissance » chère à W. Rostow, que les phases de
différents « modes de production » qui se succèdent de manière mécanique dans les « lois du
développement » chères à Karl Marx et à Friedrich Engels. Cette orientation structuraliste
va amener de nombreux courants d’analyse à souligner les caractéristiques structurantes et
structurelles spécifiques du sous-développement et à envisager celui-ci comme une réalité
présentant de singularités, mais également comprise dans des relations économiques
internationales qui sont hiérarchisées. Ainsi, ces perspectives conduisent à un examen
articulé des processus de développement et de sous-développement en lien avec les
expressions différenciées de « la loi de la valeur » (Samir Amin).
Par ces termes, on veut indiquer que l’appréhension du développement en tant que
référence donne lieu à la mise en forme et en pratique d’orientations théoriques qui sont
destinées à assurer l’objectivation des processus et phénomènes correspondant. Il s’agit alors
de mettre en lumière les démarches qui peuvent permettre d’appréhender avec pertinence la
question du développement, de sa présence où de son absence. De cette manière, il est
question de déterminer les approches permettant de saisir cet objet au-delà de sa définition et
à travers ses manifestations plus ou moins pertinentes, plus ou moins satisfaisantes. Dans cette
perspective, il s’agit de voir comment l’on est à mesure d’analyse la question du
développement en se munissant de modèles théoriques et analytiques autant que
d’instruments techniques pouvant aider à cerner les conditions et les configurations
empiriques de ce processus en objectivant. Dans cette optique, il convient d’être attentif à la
modélisation théorique et paradigmatique des processus de développement (Paragraphe
1), puis de s’intéresser à l’instrumentation technique mobilisée pour l’étude des
phénomènes de développement (Paragraphe 2).
Par ces termes , on veut indiquer que l’économie du développement requiert de forger des
modèles destinés à analyser puis interpréter, comprendre et expliquer les phénomènes
observés et objectivés en référence au développement comme processus économique.
Autrement dit, il s’agit de préciser les cadres théoriques qui seront utilisés et mobilisés pour
rendre compte des phénomènes subsistant sous le concept de développement. Ainsi,
l’examen du développement comme processus exige de recouvrir à des formes conceptuelles
et intellectuelles qui soient capables de rendre compte avec une certaine consistance logique,
analytique et herméneutique des phénomènes observés, en référence au développement. On
appréhendera ainsi le développement comme dynamique économique à partir du
référentiel théorique du développementalisme en lien avec le comportementalisme et le
structuro-fonctionnalisme (A), on examinera ainsi le développement comme point de vue
théorique, en s’intéressant au référentiel structuraliste institutionnaliste (B) en fait étudier du
point de vue de référentiel ultra-structuraliste et dépendantiste d’orientation radicale et
en s’intéressant aussi bien aux conceptions poststructuralistes (C).
A.Le référentiel développementaliste et ses compléments comportementalistes et
structuro-fonctionnalistes
Par ces termes, on veut désigner une orientation théorique qui va occuper une position
pionnière dans les analyses théoriques constitutives de l’économie du développement .
Comme cela a déjà été indiqué, il s’agit du développementalisme présenté de manière
originelle et originale par le ¨Président Harry Truman en 1947. Celui-ci se fait l’écho d’un
mouvement politico-intellectuel, politico-idéologique et politico-scientifique dont les USA
à travers leurs universités, instituts et centres de recherches, seront la plaque tournante à la
fin des années 1940 et celle des années 1960. Le développementalisme considère qu’il existe
une mécanique convergente dans le fonctionnement des sociétés mécaniques qui opère aussi
pour ce qui a trait aux phénomènes économiques. Les développementalistes considèrent que
cette mécanique correspond à une évolution qui serait même caractérisée par des l ois
substantielles ou tendancielles. Dans cette optique, les sociétés industrialisées et
capitalisées seraient les étapes ultimes du processus de transformation consistant que serait le
développement, processus enclenché de manière irréversible par la mise en place matérielle et
fonctionnelle des structures économiques relevant de la « société industrielle » (Raymond
Aron, Bell Daniel).
Par ces termes, on veut indiquer comment l’économie du développement sera reformulée par
une mise en place d’orientations théoriques et paradigmatiques mettant en question la
mécanique évolutionniste liée au développementalisme , autant que l’axiomatique pro-
libérale qui s’y rattache. En effet, de nombreux analystes et spécialistes vont souligner que le
processus de développement ne saurait être acquis sur la seule base des performances en
termes de croissance. Autrement dit, les dynamiques de croissance ne seraient pas
suffisantes pour assurer le passage structurel vers l’état de développement. Cette manière
de voir correspond à e que l’on appelle le courant structuraliste. Pour les auteurs se situant
dans ce courant il convient d’avoir une représentation englobant des processus de
développement qui met l’accent sur le rôle décisif de l’articulation des différents secteurs et
branches à un système considéré comme ensemble coordonné. Pour le structuralisme, le
développement suppose la construction de bouclage-système , c’est-à-dire la mise en
place du processus d’interaction et de rétroaction entre les secteurs de l’économie. Dans
ce courant structuraliste développé par exemple par François Perroux et René Sandretto, on
considère que la croissance n’a de pertinence en termes de développement que si elle
s’inscrit dans un système d’action, de réaction, d’interaction et de rétroaction entre les
secteurs de l’économie. Dans cette perspective, il faut faire attention aux institutions et aux
structures parce que celles-ci se présentent comme les cadres sous la base desquelles et à
travers lesquelles la croissance s’organise et s’oriente. Une telle manière de voir met en
évidence le fait que le sous-développement correspond à des configurations structurelles
spécifiques. Dès lors, le sous-développement ne peut être simplement analysé comme un
retard de croissance des pays qui en sont affectés par rapport aux pays développés. Ce sous-
développement est le produit d’une construction historique en lien avec les rapports de
domination de subordination et d’exploitation.
Par ces termes, on veut indiquer que la charge critique associée aux conceptions ultra-
sociales structurales (néo-marxiste et dépendantiste) ne se limitera pas à celle-ci. En effet,
d’autres formulations théoriques vont apparaître qui mettront également en cause le
développement comme référence centrale de l’économie du même nom, de l’économie
éponyme. Entre les années 1960 et les années 1980, la catégorie de développement va
commencer à faire l’objet de réserves analytiques et théoriques de plus en plus importante.
Bien entendu cette situation a été initiée par les analystes critiques mobilisant à nouveau frais
le paradigme de Karl Max (Emmanuel Wallenstein, Samir Amin, Henri Cardoso, Algoir
Emmanuel, Bernard Founou Tchuigoua). Ces analystes ont souligné la récurrence des
dynamiques inégalitaires ou gouvernant l’économie politique des relations
centre/périphérie au niveau national, puis international et de plus en plus transnational. Dès
lors, l’analytique radicale associée à l’économie politique critique du néo-marxisme,
associée à l’économie politique critique du néo-marxiste dépendantiste, a mis en question
plus encore que le structuralisme institutionnaliste, la possibilité d’une mécanique
unilinéaire et uniforme en matière de développement. Un tel état de choses a été facilité
par l’évolution de l’économie internationale et mondiale à partir du milieu des années
1970. C’est précisément à ce moment que le poststructuralisme va commencer à s’affirmer
en matière d’économie du développement. On peut déjà cerner des éléments de ce
poststructuralisme dans la pensée critique des chercheurs rattachés aux courants de
l’écologie politique et économique tels qu’André Gorze ou René Dumont. Ce post-
structuralisme va notamment prendre la forme d’une théorie de la décroissance qui met en
question des orientations productivistes et quantitativistes, sous-tendant la pensée proto-
libérale et pro-libérale du développementalisme. C’est dans cette perspective qu’il convient
de situer le célèbre rapport du Club de Rome qui va critiquer les conceptions canalisant la
croissance en attirant l’attention sur les contraintes écologiques qui créent le culte de la
croissance pour l’ensemble de la planète terre. Il s’agit alors d’œuvrer pour la mise en place
d’une économie politique de la croissance zéro.
A l’analyse, il apparaît que l’économie du développement a été traversée par une compétition
paradigmatique entre : des chercheurs favorables à son orthodoxie fondatrice (le
développementalisme) et au courant associé à celui-ci comme le courant de la modernisation
(Daniel Bell, Daniel Lerner) ou le courant behaviouriste (Charles Merriam, Harold
Lasswell) et le courant structuro-fonctionaliste (Talcott Parsons, Gabriel Almond, Lucian
Pye etc…) d’un côté, et les chercheurs favorables à l’hétérodoxie tempérée (Joseph
Schumpeter, François Perroux, René Sandretto, Joseph Tchuindjang Pouemi, George
Ngango) ou de l’hétérodoxie affirmée (Lénine, Nicolas Boukharine, Mao Zedong, Kwamé
Nkrumah, Cheick Anta Diop, Castor Ossend Afana, Samir Amin, Enrique Cardoso,
Celso Furtado).Ce débat conduira même à l’explosion définitive de l’économie du
développement dans les années 1990.
Par ces termes, on veut souligner le fait que l’analyse du développement effectuée depuis
l’économie du même nom va mobiliser un outillage destiné à mettre à l’épreuve de manière
empirique les modèles théorico-paradigmatiques disponibles. Il convient d’emblée de noter
que cet outillage sera varié et variera en fonction des positionnements théorico-
paradigmatiques des différents courants existants dans les sous-disciplines. Cela dit, il
convient de mettre en lumière les outils permettant de valider empiriquement les différents
modèles en matière de développement. Dans cette perspective, on évoquera d’abord le
recours à un outillage positiviste, objectiviste et quantitativiste (A), avant de souligner la
mobilisation semi-positiviste et transpositiviste (B) puis, évoquer la mobilisation d’un
outillage constructiviste, réflexiviste et poststructuraliste (C).
A.Le recours à un outillage positiviste, objectiviste et quantitativiste
Par ces termes, on veut indiquer la mobilisation de l’ensemble des techniques de recherche et
d’instruments d’investigation qui se fondent de manière globale sur l’appel à la quantification
des données. Autrement dit, il s’agit de mobiliser des techniques mathématiques et
statistiques devant permettre de construire des indicateurs et des indices expressifs des
niveaux de performance en matière de croissance ou de développement. Cet outillage a été
mise en place par la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International, s’appuyant sur
l’expertise d’économistes convertis aux exigences de l’économétrie. Ainsi, le
développementalisme classique puis son succédané néolibéral recourent-ils de manière
abondante à des modernisations basées sur la mécanique néo-marginaliste d’analyse à la
néo-Walras ou à la Vilfredo Pareto, c’est-à-dire au modèle d’équilibre général calculables.
Cet outillage s’appuie aussi sur la construction d’indicateurs quantitatifs et monétaires
comme ceux qui classent les économies selon les produits nationaux bruts ou les produits
intérieurs bruts. Ces indicateurs permettent ainsi de hiérarchiser les économies à partir de
leur niveau général de production (produit intérieur brut, produit national brut), puis des
niveaux de revenus par tête. Bien entendu, le recours aux techniques quantitatives peut
permettre de mesurer aussi d’autres variables et données comme le niveau d’inflation, la
niveau d’épargne ou le niveau consommation. C’est à partir de cette batterie d’indicateurs que
les spécialistes de l’orthodoxie développementaliste entendaient évaluer la capacité des
pays en développement ou pays sous-développés de se rapprocher des standards quantitatifs
associés à des changements qualitatifs des seuils les menant vers le développement. Bien
entendu, l’orthodoxie développementaliste peut compléter le recours aux indicateurs
quantitatifs ou aux modèles mathématiques par la collecte d’informations descriptives sur le
niveau de croissance des différentes économies.
Par ces termes, on veut indiquer la manière dont les tenants et les défenseurs des approches
structuralistes ont imaginés des techniques de recherche et d’investigation permettant une
analyse attentive au fait que la croissance n’était pas le seul mécanisme permettant de
déclencher le développement. Les structuralistes font ainsi appel à des techniques de collecte
historique de données par le recours à des éléments d’archive par la mobilisation
d’observations situées, pouvant participer de l’utilisation de méthodes et de techniques
d’ethnographie (entretien individuel collectif, observation participante). Ici, les analystes sans
exclure par principe les techniques quantitatives et statistiques, en font plutôt un usage
prioritairement historique plutôt que déductif. Si les structuralistes peuvent aussi recourir
à la modélisation mathématique, ils préfèrent en user plutôt de manière inductive plutôt
que de manière déductive. Cela signifie que les structuralistes-institutionnalistes ou les
structuralistes-dépendantistes préfèrent mobiliser des indicateurs descriptifs dans le cadre
d’une lecture principalement historico-descriptive plutôt que logico-spéculative. C’est de
cette manière qu’ils utilisent ces instruments de recherche afin de montrer que l’économie
du développement n’est pas une science physique mais, se pose essentiellement en science
sociale.
Par ces termes, on veut indiquer les approches , techniques et méthodes qui ont été mises en
place par les tenants d’une vision désacralisatrice du développement. Pour ceux-ci, la
critériologie des aspects matériels et naturels du développement importait d’aller plus loin
que la collecte quantitative de données sur les indicateurs matériels de développement.
Pour les constructivistes, l’analyse du développement comme référence et comme référentiel
ne pouvait se faire sans que l’on procède à une analyse critique du discours sur le
développement, une analyse critique de « récits de politique publique » en termes de
développement( Philippe Zitouni).Pour les constructivistes de l’école de Copenhague ou d’
Oslo, le développement remet en compte des références et des composantes ayant trait non
seulement au développement matériel, au développement structurel , au développement
humain, mais aussi au développement sociétal et au développement environnemental.
C’est pour cela que les constructivistes accordent une attention particulière à l’analyse sociale,
culturelle et politique des normes et des valeurs qui modèlent les politiques énoncées et
pratiquées en matière de développement. Ici, il s’agit de prolonger la démarche de méthodes
des structuralistes qui se montrent attentifs aux aspects qualitatifs du développement.
C’est pourquoi les analyses constructivistes en matière d’économie de développement,
mobilisent de manière importante l’analyse qualitative du discours ainsi que le recours aux
entretiens et aux discussions par focus-group. Les constructivistes comme les
structuralistes peuvent aussi recourir à l’observation participante.
Les réflexivistes considèrent quant à eux qu’il n’y a pas de base objective dans la
formulation et l’opérationnalisation des politiques de développement. Pour eux celles-ci
sont essentiellement définies à partir d’orientations normatives et idéologiques qui restent
présentes dans la construction technique et empirique d’indicateurs même quantitatifs.
C’est pour cela que les réflexivistes se préoccupent essentiellement d’utiliser des techniques
relevant de l’herméneutique critique, c’est-à-dire de l’interprétation deconstructionniste
des discours véhiculés par les acteurs impliqués dans les politiques de développement.
Dans la perspective du présent cours, même s’il s’agit de toujours faire état des différentes
approches théoriques et méthodologiques existantes , on ne saurait perdre de vue que ce
cours déploie lui-même une orientation épistémologique et méthodologique précise qui
balance entre structuralisme et constructivisme en mobilisant l’orientation critique du
réflexivisme pour gérer la dialectique entre les dispositions phénoménologiques du
constructivisme et les propensions topologiques du structuralisme. Il s’agit ainsi de rendre
compte et rendre raison en même temps des fortunes diverses de l’économie du
développement dans sa structuration et son évolution.
Par ces termes, on peut souligner que le développement est devenu une problématique
dominante dans les arènes internationales, au point de paraître comme « l’horizon
indépassable » de notre temps (Jean Paul Sartre). Cela veut dire en d’autres termes que cette
question du développement a été construite socialement, politiquement, stratégiquement et
techniquement comme une exigence incontournable à laquelle l’ensemble des collectivités
souveraines comprises dans l’ordre international post-deuxième guerre mondiale, devait
s’inscrire. Ainsi, le développement a été posé comme une problématique contraignante à
laquelle les différentes formations sociales configurées comme entités étatiques devaient
prendre en compte et prendre en charge en tant que dynamique fondée sur la nécessité.
Pourtant, si le développement s’est imposé comme une exigence incontournable, cela ne veut
pas dire que l’ensemble des analystes et spécialistes voués en analysent les pré-conditions,
conditions, configurations et conséquences d’une évaluation identique quant à sa
constitution et à sa construction économiques. Il convient d’étudier les régimes orthodoxes et
conformistes d’orientation et d’organisation de développement (Section 1), avant d’examiner
le régime hétérodoxe et révisionniste des références du développement (Section 2).
Par ces termes, on veut évoquer l’ensemble des configurations aussi bien matérielles
qu’immatérielles qui ont présidées à la mise en forme et à la mise en place d’une
problématique particulière d’économie politique visant à faire de l’intensification de la loi de
la valeur et de la mécanique du profit des éléments centraux dans les processus
d’élargissement et d’approfondissement de l’accumulation du capital envisagé à l’échelle
mondiale. Lequel processus était censé conduire à l’enrichissement soutenu et généralisé du
monde et de ses différentes composantes étatiques. Ainsi, le développement apparaît comme
une référence censée orienter et organiser l’activité économique de toutes les formations
sociales de plus en plus intégrées au système monde moderne via l’accès quasi universel au
système westphalien (système international des Etats). Il convient de cerner les raisons
fondatrices de nouvel ordre développementaliste comme structure dominante de l’économie
politique internationale (Paragraphe 1), avant d’étudier la mobilisation du développement
comme dynamique formatrice d’un ordre économique international pro-libéral et proto-global
(Paragraphe 2).
Par ces termes, on veut indiquer que le développement n’est pas apparu au hasard des
économies politiques internationales devant gérer l’après-deuxième guerre mondiale. En
effet, l’ordre politique et économique international était en train de subir des
bouleversements et basculements résultant évidemment puissant choc administré à travers le
terrible conflit qu’a été la deuxième guerre mondiale (1939-1945). La défaite des puissances
de l’axe (Allemagne, Italie, Japon) occasionnée par une coalition hétéroclite formée par les
alliés (Etats-Unis, URSS, Grande-Bretagne, France) imposait de redéfinir les cadres de
formation et d’exercice de l’hégémonie et de la puissance dans les rapports
internationaux, ceci d’autant plus que la deuxième guerre mondiale n’a pas seulement
ébranlé les bases du système des Etats mais aussi fait trembler les fondements des structures
coloniales persistantes. Il convient d’abord d’examiner l’invention du développement comme
modèle international d’orientation de l’économie politique (A), puis d’étudier l’énonciation
du développement comme mécanique d’institutionnalisation d’un nouvel ordre économique
international (B), avant d’analyser le développement comme une technologie internationale
d’organisation politico-économique (C).
Par ces termes, on veut indiquer que la référence du développement a été construite et
consacrée comme norme directrice de la coopération économique internationale par
l’économiste Peter Bardan-Rosen. Ainsi, le président Henry Truman a contribué à définir une
nouvelle ligne d’action internationale devant l’échelle du monde. Le discours du président
Truman a lancé « l’ère du développement » (Gilbert Rist). De manière absolue, ce n’est pas
Harry Truman dans son célèbre discours où figure le fameux point 4 énoncé lors de son
investiture le 20 janvier 1949, que se trouve la stricte origine du mot développement. Celui-ci
avait déjà été formulé par Vladimir Jlich (Lénine) dans un livre intitulé le développement au
capitalisme en Russie (1899).
Par ces termes, on veut dire que la constitution du développement comme norme
hégémonique nouvelle devant gouverner l’économie politique internationale n’est pas
simplement une affaire de sémantique. En effet, il ne s’est pas seulement agit d’adopter un
nouveau mot d’ordre ou un simple leit-motiv mais, il a aussi été question d’utiliser cette
référence pour construire un nouveau cadre constitutionnel à l’échelle mondiale devant
permettre de réguler l’économie politique internationale . Ainsi, la référence au
développement doit être comprise comme un élément structurant, indiquant l’orientation des
nouvelles institutions économiques et financières internationales (ONU, F.M.I, B.M etc.).
Le développement va devenir la norme paradigmatique chargée de réguler les rapports
aussi bien institutionnels que conventionnels et transactionnels à travers lesquels
l’économie politique internationale va se construire. Ce n’est pas un hasard si la référence au
terme développement est parfois comprise dans la domination de certaines organisations ou
organismes, faisant partie du nouveau système mondial d’action, en termes d’économie
politique, comme on peut le voir avec la mise en place de l’organisation pour la coopération
et le développement économique (OCDE) ou la Banque Internationale pour la reconstruction
et le développement (CNUCD), programme des nations-unies pour le développement
(PNUD). Où l’on voit que la référence au développement va permettre à la métropole
américaine qui domine l’économie du monde capitaliste de disposer d’une référence lui
permettant de contrôler les orientations prioritaires de la gouvernance économique et politique
internationale de l’après 2ème guerre mondiale. Ainsi, les USA, chef de file du bloc capitaliste,
centré autour de la coalition atlantique (OTAN, OCDE), va user de la référence de
développement et de la référence au développement comme moyen d’assurer la prévalence
simultanément idéologique, hégémonique et système du « libéralisme centrisme » dans
« l’économie monde capitaliste » (Emmanuel Wallenstein). C’est ainsi que le nouvel ordre
économique international post-deuxième guerre mondiale sera subitement modelé pour
assurer la persistance de la prédominance du libéralisme dans un espace international
marqué par la compétition hégémonique entre le bloc capitaliste et atlantique conduite par
les USA, et le bloc communiste et soviétique mené par l’URSS. C’est cette structure
hégémonique qui marquera les cadres d’institutionnalisation de l’économie politique
internationale entre le milieu des années 1940 et la fin des années 1980.
Par ces termes, on veut montrer que le développement est devenu une référence aussi bien
instituant dans la configuration de l’économie politique internationale aussi bien aux plans
institutionnels, conventionnels et organisationnels qu’aux plans opérationnels,
transactionnels et décisionnels. Dans cette perspective, le développement apparaît comme
un mot d’ordre qui se rapporte substantiellement à une nouvelle téléologie politico-
diplomatique et stratégico-diplomatique tournée vers la promotion du développement.
C’est dans ce cadre que seront conçues des institutions diverses chargées de construire des
capacités et possibilités de développement pour les anciennes collectivités colonisées,
converties en pays nouvellement indépendants dont l’intégration à l’économie mondiale
devait être assurée. C’est ainsi que la technologie de l’aide e au développement comme
mécanique d’action et de transactions internationales va apparaître entre la fin des
années 1940 et celles des années 1960. Dès lors, l’aide au développement va devenir un
mécanisme décisif pour la coopération au développement qui s’organisera selon des voies
multilatérales. La mise en place de cette technologie de l’aide au développement sera
largement modelée par les conceptions positivistes et instrumentalistes des défenseurs de la
perspective analytique de la modernisation et du développementalisme. C’est pourquoi la
technologie initiale de l’aide au développement conçue dans le cadre onusien à travers les
institutions respectives que sont : le Conseil économique et social de l’ONU, le Comité
permanent de l’assistance technique de l’ONU (1949), le Fonds spécial de l’ONU pour le
développement économique (1955) et enfin le Programme des Nations-Unies pour le
Développement (1965). D’autres mécanismes comme la Société Financière Internationale
(1956) créée pour soutenir les investissements privés, et l’Association Internationale pour le
Développement créée pour octroyer des prêts à des conditions favorables par rapport à celle
du marché aux pays pauvres, rendent compte de la mise en place d’un outillage international
en matière d’aide au développement qui a d’abord été forgée à travers des mécanismes
multilatéraux, même si les mécanismes bilatéraux seront eux aussi fortement sollicités.
L’outillage en matière de partenariat au développement sera également influencé par la
mise en place des cadres interrégionaux de concertation remettant parfois en cause
l’orientation centro-libérale des instances mondiales centrales, directement liées ou
indirectement rattachées au système onusien. C’est dans cette perspective qu’il convient
d’envisager que la Conférence de Bandung tenue en 1955 qui a rassemblée des Etats
indépendants ou territoires coloniaux en situation d’autonomie provenant des continents
ou sous-continents asiatiques, africains et latino-américains.
C’est à Bandung que sera insufflé l’esprit du tiers-mondisme qui exprime la volonté des
groupes politiques, économiques et même sociaux des pays nouvellement décolonisés ou
en cours de décolonisation de mettre en question des rapports de domination qui les lient
aux grandes puissances capitalistes qui sont aussi le plus souvent des hégémonies
colonialistes ou impérialistes ayant capturé à leur profit exclusif les chances internationales
de développement. C’est dans ce contexte que l’économie du développement va se mettre en
place, s’instituant largement à travers le développementalisme comme orientation largement
évolutionniste qui va dominer le champ des interventions et d’actions internationales en
matière de partenariat pour le développement. La technologie développementaliste qui
domine l’outillage en matière d’aide au développement sera essentiellement commandée par
le quantitativisme et le mathématisme qui pensent que la prise en charge du développement
passe par la capacité à assurer des performances objectivement mesurables sur le terrain de la
croissance de la production.
Par ces termes, on veut souligner le fait que la référence de développement est devenue
centrale dans la construction post-deuxième guerre mondiale du concert planétaire en
matière économico-politique. En d’autre terme, cela signifie que le développement est
devenu une catégorie structurante et opérante de la coopération internationale , en
matière économico-politique. Cela signifie que le développement a contribué à modeler les
formes et les forces se déployant dans les arènes internationales au sujet des conditions et
configurations à organiser, de l’avancement économique dans un ordre international hérité
des inégalités produites du fait du colonialisme et de l’impérialisme. Le développement
prendre alors des contours paradigmatiques qui vont définir les manières de voir et de faire en
matière d’actions internationales pour le développement. Cette mobilisation de la référence au
développement doit être examinée d’abord en tant que configuration topologique (A) puis en
tant que configuration archéologique (B) et enfin, en tant que configuration nomologique (C).
Par ces termes, on veut souligner le paradigme du développement institutif des acteurs et
des opérateurs qui sont différemment situés et dotés dans le champ du développement
international. La référence au développement construite comme norme paradigmatique
par les leaders des pays centraux de l’économie-monde, souligne le fait que le champ du
développement est un champ clivé entre des collectivités pleinement dotées de chance
d’avancement économique (pays riches, pays développés, pays industrialisés, pays centraux ),
qui sont distinctes d’autres collectivités dépourvues et diminuées en ce qui concerne les
chances d’avancement économiques (pays pauvres, pays sous-développés, pays
périphériques). Où l’on voit que la référence au développement renvoie en réalité à une
hiérarchie en termes de capacité et de puissance économiques. Dans cette perspective, les
pays dits développés ou avancés sont posés en chefs de file dans la structuration de
l’économie politique internationale, parce qu’ils sont structurellement et fonctionnellement
organisés pour atteindre des niveaux importants et consistants de concentration d’activités
et de pouvoir économiques. Par contre, il existe des pays qui de manière structurelle et
fonctionnelle sont peu ou pas capables d’atteindre des niveaux performants et persistants
autant que récurrents d’enrichissement qui seraient révélateurs de l’intensité de leurs
activités économiques. Ces derniers pays sont précisément ceux qui se trouvent en situation
de sous-développement. Où l’on voit que la problématique du développement s’énonce
dans un contexte de polarisation complète de l’économie politique internationale entre des
nations ou des sous régions fortement pourvues en capacités de développement et d’autres
nations ou sous régions bien diminuées en la matière.
Par ces termes, on veut montrer que la référence au développement ne demeure pas
seulement un signe abstrait dans l’économie politique internationale de l’après 2 ème Guere
Mondiale.En effet, cette référence s’inscrit dans une dynamique structurante et
organisatrice qui va modeler la division du travail au sein de l’économie monde. Cela
signifie que l’économie du monde capitaliste a mis en place de nouvelles hiérarchies
organisationnelles après la 2e Guerre Mondiale. Des hiérarchies qui se configurent autour de
la capacité des différentes Nations à s’intégrer dans « la division générale du travail »
(Immanuel Wallenstein), qui s’institue à l’échelle mondiale. Dans cette perspective, les pays
qui sont capables d’atteindre un niveau significatif de croissance de la production accèdent
pleinement aux opportunités , utilités et félicités du développement. De cette manière, ces
pays montrent la maturation de leur capacité à maîtriser les exigences organisationnelles de
la division du travail et de l’avancement économique. Il n’est pas alors étonnant que ces
pays dits développés soient intégrés de manière favorable dans l’économie monde
capitaliste en cours de convergence pro-libérale.
Par contre, d’autres pays même engagés dans les sentiers de croissance ne seront pas en
mesure d’atteindre de manière durable des niveaux d’activités leur permettant de maîtriser
définitivement les circuits systémiques de l’enrichissement consistants et récurrents qui
résulte de la croissance intensifié de la production. En effet, lesdits pays souvent dénommés
pays en développement ou pays sous-développés, ne se montrent pas à mesure de
pérenniser des niveaux intensifs d’accumulation capables de leur permettre de franchir la
frontière technologique, c’est-à-dire la frontière industrielle, le point de passage
irréversible au développement. La structure de l’économie politique internationale
marquée par l’institutionnalisme pro-libérale ou crypto-développementaliste sera dominée
par des pays développés qui sont en majorité issus du bloc capitaliste ou bloc occidentalo-
Atlantique (USA, Japon, Allemagne, France, Grande Bretagne, Italie, Espagne etc.).
Dans cette structuration organisationnelle, les pays regroupés dans le bloc socialiste sont
des pays à peine développés. Alors que les pays du tiers-monde restaient emprisonnés dans le
courant du sous-développement. Où l’on voit que derrière le signe et la référence au
développement, il y a un « Arkhé » occidentalo-centrique. C’est-à-dire une source
structurante qui établit la priorité et la primauté économiques des sociétés ressortissantes
de l’aire indo-européenne ; lesquelles sociétés ont subordonné et subalternisé les autres
formations du fait de leur montée en puissance capitaliste. Cela veut dire en d’autres termes
que derrière le développementalisme, il y a le libéralisme occidentalo-centrique à travers
ses expressions politico-économiques et socio-économiques.
Société traditionnelle
Phase de la maternité
Où l’on voit comment Rostow recourt dans une logique intellectuelle reprenant les figures
comtiennes, spencériennes, marxiennes et durkheimiennes de l’évolutionnisme pour
expliquer le cheminement économique des sociétés. Il s’agit là d’un schéma intellectuel,
scientifique et technique qui se base sur une interprétation naturaliste, organiciste et
évolutionniste de la vie économique des sociétés qui débouche sur la formulation d’une
matrice analytique formulant des lois du développement économique des sociétés ; lequel
développement économique s’opère à travers les étapes de la croissance économique.
Par ces termes, on veut indiquer qu’il s’est constitué des courants d’économie politique
mettant en question l’orthodoxie développementaliste liée à un credo pro-libéral ou
crypto-libérale. Ces courants vont mettre en question les bases analytiques et
herméneutiques de l’économie politique développementaliste, contestant la pertinence
d’une conception uniforme et unidimensionnelle du développement . Les visions
hétérodoxes vont forger une appréhension concurrente des processus de développement de
manière à mettre en cause le corpus développementaliste d’économie politique. Il convient
de s’appesantir sur les différentes formulations de ses analyses qui mettent en question
l’axiomatique libérale essentiellement néo-classique mais aussi partiellement
keynésienne de l’approche développementaliste des exigences nécessaires à l’avancement
économique. Dans une perspective, on examinera d’abord la source institutionnaliste
classique de la critique du développementaliste économique (A), avant de s’intéresser à la
formulation médio-structuraliste de la critique du développementalisme économique
(B), puis de s’intéresser à l’énonciation radicalo-structuraliste de la critique du
développementalisme économique (C).
Par ces termes, on veut indiquer que la critique de l’orthodoxie développementaliste a été
inspirée par certains premiers pionniers analysant les régimes économiques de manière
heuristique, c’est-à-dire de façon essentiellement hétérodoxe et non conformiste. C’est chez
les institutionnalistes que se trouvent les penseurs et les chercheurs qui vont initier des
analyses attentives aux contradictions et tensions structurelles autant qu’aux structures
institutionnelles et organisationnelles (populations, techniques, institutions, cultures). Les
institutionnalistes se démarquent de l’orthodoxie libérale de facture smithienne ou
keynésienne parce qu’ils mettent l’accent sur les structures et les systèmes de l’économie et
ne se cantonnent pas à une approche fonctionnelle de l’économie en général et de
l’économie du développement en particulier ; cette attention pour les structures va conduire
les institutionnalistes à mettre e question l’économicisme venue de la tradition smithienne ou
tradition néoclassique et encore présente dans l’approche keynésienne. Schumpeter est un
exemple emblématique d’une pensée économique qui s’efforce de lier l’analyse économique
au structuralisme, à institutionnaliser au jeu des structures. On peut donc comprendre que ce
penseur se soit montré plus que prudent face au légicentrisme des économistes néo-classiques
qui ne considèrent que l’économie est gouvernée par des lois naturelles. Schumpeter va
initier une analyse qui se présente sous une forme systématique ; laquelle analyse mettra en
question la vision orthodoxe du sous-développement formulée implicitement dans la pensée
néo-classique pré-rostowienne et exprimer clairement dans le prolongement du néo-
classicisme économique qu’est le développementalisme rostowien. Pour Schumpeter, le
sous-développement est le produit d’une dynamique systémique et holistique (totalisante)
de mise en dépendance (politique, dépendance économique, socio-culturelle, dépendance
culturelle et stratégie) de certaines formations sociales par d’autres. Sans partager de façon
substantielle les analyses des courants marxistes, Schumpeter considère que la dynamique
d’impérialisme thématisée par John Hobson puis, par Lénine avant lui, contribue à la mise
en place des états de sous-développement caractérisant certaines sociétés. Dans cette vision
institutionnaliste et proto-structuraliste, le sous-développement n’est pas simplement un
état d’aliénation pouvant être compensé de manière mécanique. Il s’agit bel et bien pour
Schumpeter d’une dynamique structurelle strictement irréductible ou un retard de
croissance.
Par ces termes, on veut souligner la formulation d’une analyse mettant en question la vision
unilinéaire à la fois déterministe et fonctionnaliste, développée par l’évolutionnisme puis le
développementalisme. En effet, il se constitue une conception de la problématique du
développement fort critique de l’approche en termes de modernisation et de
développementalisme. Cette approche va souligner le fait que la question du développement
est envisagée sur la base d’une analyse structurale ou structurelle. Dans cette perspective,
le rapport entre développement est envisagé à partir d’une analyse attentive au phénomène
de dépendance. Ainsi, le sous-développement serait le produit des rapports de domination et
de subordination engendrés par les formes coloniales et impérialistes ou néo-impériales de
dépendance. Dans cette perspective, il importe alors de mettre en lumière le fait que le sous-
développement trouve son origine dans la constitution de rapports entre des sociétés ayant
des structures non seulement différentes mais attentives aux configurations sociales et
historiques à travers lesquelles s’organisent et se reproduisent les situations de sous-
développement. En procédant de la sorte, l’analyse entend mettre en lumière les conditions
et configurations de dépendance politique, socioculturelle et économique à travers
lesquelles le sous-développement se structure. François Perroux a bien mis en lumière le jeu
de ces inégalités structurelles qui instaurent une fracture ouverte entre les sociétés fondées
sur des niveaux consistants de développement d’une part et des sociétés caractérisées par
des niveaux évidents de sous-développement d’autre part. Dans l’optique de l’analyse
médio-structuraliste, le sous-développement est en lien avec des effets de domination,
d’exploitation et de subordination. L’analyse du sous-développement opérée par les
structuralistes se montre fort attentive à l’influence ou à l’incidence des rapports de pouvoir
dans la structuration de cet état économique.
L’analyse structuraliste met en lumière le fait que les économies caractéristiques des
sociétés sous-développées sont marquées par un niveau significatif de désarticulation de
leur structure ; cela signifie que ces économies sous-développées correspondent à une
organisation dans laquelle le niveau d’interdépendance entre les structures économiques
est limité voire inconsistant. Cette configuration souligne nettement la différence qu’il y a
entre les économies des sociétés développées et les économies des sociétés sous-
développées car dans les premiers (sociétés développées), il existe un niveau soutenu
d’interdépendance qui est expressif de l’articulation entre les structures et les secteurs de
l’activité économique. Un tel état de chose est révélateur du rôle important de l’articulation
des structures et des secteurs dans l’organisation d’une économie développée. Cette
articulation se présente de manière défaillante ou déficitaire dans l’économie des pays
sous-développés alias pays en développement. C’est que les économies de ce type ont un
niveau médiocre de coordination ; laquelle médiocrité a partie liée avec la dualité
substantielle des économies toujours divisées entre un secteur formel et un secteur
informel. Le caractère désarticulé et segmenté de ces économies sous-développées est lié
au fait qu’elles ont été mises en contact avec d’autres économies ayant cohérence différente.
La désarticulation des économies sous-développées joue de manière importante dans la
construction de leur spécificité car, elle vient accentuer au sein de ces économies sous-
développées , les configurations de domination et de subordination qui y freinent ou
inhibent la croissance. Par ailleurs, la désarticulation des économies sous-développées
exprime leurs difficultés à construire une cohérence coordinatrice qui est nécessaire si l’on
veut y débloquer la croissance. Voilà présentée la situation simultanément phénoménale et
structurelle du sous-développement tel qu’envisagée par les tenants de l’approche médio-
structuraliste comme Marc Penouil ; François Perroux ou René Sandretto.
Par ces termes, on veut évoquer l’ensemble des approches du sous-développement qui
souligne avec force critique le poids imminent des inégalités structurelles existant entre
l’économie des pays développés et l’économie des pays sous-développés. Si les
structuralistes radicaux partagent avec les structuralistes modérés l’idée que le sous-
développement consiste en une situation structurelle spécifique, ils mettent l’accent sur la
dynamique inégale des rapports existants entre pays développés et pays sous-développés .
Pour les structuralistes radicaux, l’économie politique caractéristique des relations
internationales économiques est gouvernée par l’inégalité des structures, laquelle inégalité
rend purement idyllique la conception libérale de l’avantage comparatif ou avantage
compétitif selon laquelle, chaque nation trouverait un intérêt lui commandant de prendre part
aux échanges internationaux sur une base d’égalité. Les structuralistes radicaux à partir
des analystes de la CEPAL vont souligner le fait que les relations entre économies sous-
développées et économies développées sont basées sur des rapports particuliers qu’ils
dénomment « rapport centre-périphérie » (Raoul, Prebish).Ce sont ces rapports centre-
périphérie qui configureraient l’économie internationale de manière principale et
détermineraient les positions hiérarchiques occupées par les uns et par les autres dans la
division internationale du travail. Dans cette optique, les rapports centre-périphérie entrent
dans l’explication des inégalités structurelles caractérisant les régimes d’économies
respectifs des pays développés et des pays sous-développés. Ainsi, le modèle centre-
périphérie façonnerait-il l’économie politique internationale entre les années 1940 et les
années 1980. La logique des rapports centre-périphérie permet au structuralisme radical
de montrer que les asymétries économiques sont fortement liées aux inégalités
d’incorporation puis de propagation du progrès technique dans les différentes
économies, selon qu’elles sont développées ou sous-développées. Alors que les économies
développées absorberaient et diffuseraient aisément le progrès technique dans leurs sphères
productives ; cela ne serait pas le cas pour les pays à économie sous-développée. Ici, la sous-
articulation des économies sous-développées, contribuerait à ralentir l’incorporation puis, la
propagation du progrès technique dans leur sphère productive. Dès lors, l’économie des pays
sous-développés va se concentrer dans la production des produits primaires se privant
alors de disposer de moyens de créer de la valeur ajoutée.
Par ces termes, on veut indiquer que les analyses critiques du développementalisme
économique ne sont pas cantonnées à des approches spéculatives ou contemplatives. En
effet, les défenseurs de l’hétérodoxie en matière d’économie du développement ont
formulés des approches destinées à corriger ou à réviser de manière radicale les théories des
sociétés politiques économiques développées par les partisans proches pro-libéraux du
développementalisme. Cela montre qu’il y a une ingénierie hétérodoxe de politique
économique qui s’est développée pour faire pièce à celle de l’orthodoxie
développementaliste. Il convient d’examiner les approches appliquées par les courants
hétérodoxes pour formuler de nouvelles voies en matière d’opérationnalisation de l’économie
politique du développement. Dans cette perspective, on examine d’abord les modèles proto-
structuralistes à la schumpetérienne (A) avant de s’intéresser aux stratégies structuralistes de
l’orientation du développement (B) puis, de s’appesantir sur les modèles radicaux de rupture
comme celui de la déconnection (C).
Par ces termes, on veut évoquer les formes appliquées de l’analyse hétérodoxe du
développement inspiré par les hétérodoxies telles que Joseph Schumpeter. Comme on l’a
noté plus haut, les hétérodoxes de type schumpetérien ont forgé une vision institutionnaliste
des rapports économiques qui correspondent à la situation de sous-développement. Dans cette
optique, le sous-développement correspond à des conditions et à des configurations
institutionnelles particulières. Ces conditions et ces configurations sont celles
d’économies ne disposant que d’institutions fiables pour prendre en charge une réalité
fortement caractérisée par la qualité des structures. Pour y remédier, il convient de mettre en
place des transformations institutionnelles permettant de réduire la différence entre les
structures économiques. Dans cette optique, mettre en œuvre des stratégies de
développement ne devient possible que si l’on est capable de construire des constitutions
robustes capables ou à même de ressortir la dualité entre le formel et l’informel . Dans une
telle approche, les stratégies de politiques économiques ne peuvent simplement se limiter à
la construction du marché mais, appellent aussi à mettre en œuvre des politiques capables
de construire des Etats consistants et puissants pouvant se substituer à des Etats
inconsistants et défaillants. Il est ici question de remettre en cause les structures sociales,
politiques et économiques qui ont favorisé l’institutionnalisation d’« Etat mou » (Gunnar
Myrdal). Où l’on voit que la mise en place de stratégies et politiques appropriées de
développement nécessite de construire des Etats performants car ceux-ci sont seuls
capables de s’attaquer aux problèmes structurels spécifiques que pose la situation de sous-
développement. Dans la perspective proto-structuraliste à la schumpetérienne, il convient
d’accorder une place importante à la gestion des relations de pouvoir parce que celles-ci
peuvent avoir un impact sur le fonctionnement et l’évolution des processus économiques en
particulier. C’est pour cela que l’approche proto-structuraliste nécessite de mettre en place
un Etat disposant de capacités de coordination lui permettant d’assurer le pilotage
systémique de l’économie. Où l’on voit que l’analyse hétérodoxe proto-structuraliste ne
fait pas reposer les stratégies et politiques de développement sur un marché qui est bien
inconsistant voire inexistant dans les pays placés dans les pays en position de sous-
développement. Une telle approche requiert un « Etat développemental » (Peter Evans)
capable de s’attaquer à la dualité structurelle ou sectorielle . Où l’on voit que seul un Etat
développemental peut liquider les formes et les structures dualistes des économies sous-
développées gouvernées par le paradigme de Tanga, « dualité structurelle d’origine
coloniale entre Tanga Nord et Tanga Sud »(Mathias Eric Owona Nguini). Il est ici question de
construire des institutions capables de donner aux économies sous-développées la
cohérence institutionnelle coordinatrice qui est nécessaire pour engager des politiques de
sortie du sous-développement.
Par ces termes, on veut évoquer les approches structuralistes qui visent à forger des
solutions originales de mise en œuvre et en place du développement dans les pays sous-
développés. Dans cette perspective, les stratégies de sortie du sous-développement
entendaient prendre en charge les spécificités des pays sous-développés alias pays de la
périphérie .Ainsi, les modèles à opérationnaliser visent à mettre en question la
désarticulation caractéristiques des pays en développement alias pays sous-développés
alias pays de la périphérie. Il s’agit ainsi, de mettre en place une stratégie pouvant aider à
résoudre les problèmes chroniques qui sont liés à la désarticulation et à la segmentation des
économies sous-développées. De manière pratique, les modèles de développement à mettre
en place dans les pays en développement ne peuvent correspondre pour les structuraliser, au
modèle appliqué dans les pays développés parce que les structures ne sont pas identiques. Il
faut donc tenir compte des spécificités structurelles des pays sous-développés. Cela
nécessite de forger des modèles de croissance qui le sont pour s’adapter à la situation
singulière des pays en développement. Les modèles de croissance et de développement à
utiliser dans les pays sous-développés seront aussi orientés vers un appel important à l’aide
financière extérieure compte tenu des déficits internes en matière de formation du capital. Les
modèles seront aussi mises en œuvre dans un cadre multisectoriel, en raison de stratégies
ciblées d’investissement. Toujours est-il que la mise en œuvre des modèles de croissance et
de développement dans les pays sous-développés va rencontrer beaucoup de difficultés liées
au dualisme économique caractéristique des pays sous-développés. Car cette organisation
dualiste ne se résoud pas de manière automatique par le jeu du marché. Par ailleurs, le
dualisme économique caractérisant les structures des pays sous-développés y fait apparaître
un niveau important et excédentaire de main d’œuvre qui est en réalité expressive d’un
chômage déguisé. De manière concrète la mise en œuvre de ces modèles va révéler
l’existence de cercles vicieux pesant du sous-développement des pays sous-développés. En
effet, ceux-ci sont pris dans une véritable trappe de sous-développement dont il leur est
difficile de sortir. Cette trappe conduit à une dynamique cumulative de fragilité « pauvreté,
faiblesse de revenue faiblesse de l’épargne, le conformisme de l’accumulation du capital,
faible productivité une absence d’augmentation du revenu ; la faiblesse du revenu, le
problème de mal nutrition, les problèmes de santé, les problèmes de mortalité, la faiblesse de
la productivité, la stagnation et la fragilité du revenu ».
Pour les structuralistes, il est important de mettre en place des politiques capables de rompre
ces cercles vicieux et de renforcer une capacité économique en vue de sortir de la trappe du
sous-développement ou de la « trappe de pauvreté » (Paul Collier). Dans ces conditions, il
importe pour les structuralistes que les Etats sous-développés développent des stratégies
volontaristes qui leur apparaissent comme seules capable de rompre le cercle vicieux du sous-
développement.C’est dans le cadre de stratégies volontaristes qu’il convient d’envisager la
mise en place de stratégies en termes de pôle de croissance formulé par Francois Perroux qui
renvoi à « des modèles de croissance déséquilibrée ». C’est également dans cette logique des
pôles de croissance ou développement qu’il convient de situer la stratégie de
développement suggérée par Albert Hirchman. Ces stratégies s'opposent aux stratégies de
croissance équilibrées défendues par exemple par Paul Rosenstein-Rodan, qui affirme qu’il
est nécessaire de jouer simultanément sur l’offre et sur la demande si l’on veut mettre en
question le cercle vicieux du sous-développement. Les analystes structuralistes vont à la
manière de démarches institutionnalistes, déboucher sur la formation et l’application de
solutions volontaristes. Ces politiques volontaristes confèrent une place active aux Etats dans
les politiques de sortie du sous-développement. C’est par exemple dans cette optique qu’elles
encouragent les Etats à intervenir de manière importante dans les politiques
d’industrialisation. C’est ainsi qu’il faut comprendre la stratégie dite des « industries
industrialisantes » énoncé par Destannes de Bernis.
Par ces termes, on veut évoquer les démarches radicales économiques et politiques
préconisant une rupture complète avec les démarches de l’orthodoxie développementaliste.
Pour ces approches, le développement n’est pas matériellement envisageable du fait d’une
structure fondamentalement inégalitaire de l’économie-monde. Comme cela a déjà été
relevé l’analytique radicale liée à l’économie politique néo-marxiste considère que
développement et sous-développement sont deux faces indissociables quoique différentes
du système-monde capitaliste. Ainsi, le sous-développement ne serait qu’une expression de
l’articulation centre-périphérie et correspondant à la manifestation structurelle de
l’échange inégal. Dans cette optique, sous-développement et développement sont liés aux
conditions et configurations de « l’accumulation à l’échelle mondiale » (André Gunder
Frank, Samir Amin). C’est pour ces raisons qu’il convient de formuler des stratégies et
politiques de développement qui se mettraient à distance des rapports d’accumulation et
des relations de production liés à l’économie-monde capitaliste. Ainsi, les analystes néo-
marxistes vont-ils critiquer le réformisme politico-économique des analystes de la CEPAL
en soulignant les limites des stratégies d’industrialisation, par substitution des importations ;
Car, celles-ci demeurent énoncées dans des termes qui correspondent encore à l’économie
politique orthodoxe et pro-libérale du développementalisme. Pour les théoriciens de la
dépendance, il convenait de forger des stratégies radicales de rupture mettant en question les
rapports centre-périphéries.
Pour subvertir les mécanismes de l’échange inégal, les tenants de l’analyse dépendantiste
vont suggérer de nouvelles formules opérationnelles censées déboucher sur des politiques
concrètes de développement. C’est dans cette optique qu’il convient d’invoquer la démarche
dite « du développement autocentré » que vise à mettre en place et en œuvre des stratégies et
politiques de développement résolument opposées à la reproduction des rapports de
domination, d’exploitation de subordination, de subalternisation et d’aliénation associés aux
relations centre-périphérie. Il s’agit alors de tirer des leçons de l’analyse implacable
développée par Lénine dans son ouvrage L’impérialisme, stade suprême du capitalisme .
Cette analyse de Lénine soutient en effet que le développement et l’extension du
capitalisme empêchent les pays de la périphérie de pouvoir accéder à un niveau de
développement comparable à celui des pays du centre. Dès lors, les pays de la périphérie
ne peuvent envisager un développement que dans une démarche de rupture avec le marché
mondial.
Pour Samir Amin, les pays de la périphérie ne peuvent entreprendre une politique
consistante et concluante de développement qu’en rompant avec les centres qui dominent le
capitalisme mondial ; c’est cela la démarche dite de la « déconnection » (S. Amin). Ceci veut
dire en d’autre terme que la mise en forme et en œuvre d’un mode de développement
consistant, concluant et cohérent dans les pays de la périphérie n’est possible que dans un tel
cadre de déconnexion. Pour Samir et d’autres analystes dépendantistes, la déconnexion se
présente comme l’approche idoine pour faire face aux effets du « développement inégal »
(Samir). C’est pour cela que les analystes dépendantistes vont plaider en faveur du
développement autocentré, seul capable de mettre en question les dynamiques du
« développement, du sous-développement » (André Gunder Frank théorie Dos Santos).
Cette logique visant à formuler et à articuler de nouveaux capitaux des économies nationales
des pays sous-développés en rapport avec le marché mondial et avec les flux mondiaux de
capitaux. Dans cette perspective en question, les rigueurs réelles de l’économie politique
ricardienne du commerce basée sur le principe d’avantages comparatifs qui se révèlent
concrètement défavorables aux pays sous-développés en raison de leur statut « reproduit » de
pays périphériques dans l’économie monde capitaliste.
CONCLUSION
Dès lors, l’économie du développement sera exposée à la faillite qui deviendra non
seulement plausible mais sensible avec les politiques néolibérales d’ajustement qui
donneront l’occasion aux centres dominants du système-monde capitaliste, d’engager la
liquidation idéologique, théorique, technique et scientifique de l’économie du
développement et de son référent éponyme de manière à concentrer l’hégémonie du néo-
libéralisme global.
Chapitre II : LES REGIMES INTEGRES DU GLOBALISME ET LES RAPPORTS
CONSENSUELS AU NEOLIBERALISME VERS LE POST-
DEVELOPPEMENTALISME
Par ces termes, on veut dire qu’il va se mettre en place une nouvelle économie politique du
développement qui est paradoxale parce qu’elle est largement fondée sur une critique
sceptique et même cynique de la référence au développement. C’est que le néo-libéralisme
global va mettre en forme et en acte une démarche qui récuse la construction du
développement comme dynamique éco systémique globale et institue en fait l’hégémonie
du libéralisme global comme forme darwinienne du développement inégal. C’est
pourquoi la nouvelle économie politique du développement est non seulement post-
développementale mais surtout pseudo-développementale. Il convient de rendre compte de
la dynamique systémique et historique qui a rendue possible cet état de chose. Les régimes
néo-orthodoxes et non-conformistes de minimisation du développement seront ainsi
énoncés et appliqués, entraînant un mouvement d’opposition à ces conceptions néolibérales et
libido-libérales. C’est pour cela qu’il convient d’analyser d’abord les régimes orthodoxes, les
régimes néo-orthodoxes et non-conformistes d’inhibition du développement (Section 1) avant
d’examiner les régimes semi-hétérodoxe et post-orthodoxe de reformulation de
développement (Section 2).
Par ces termes, on veut indiquer que la problématique du développement fera l’objet d’un
déclassement qui va intervenir entre la fin des années 1980, déclassement lié aux manœuvres
intéressées des lobbies systémiques et stratégiques favorables à l’institutionnalisation
hégémonique du néo-libéralisme comme lecture légitime et dominante de l’économie
politique internationale. Dans cette optique, les puissances sociales et historiques
favorables à ce nouveau paradigme économico-politique vont travailler à disqualifier le
référentiel de développement, en lui substituant le référentiel du marché mondial qui sera
désormais posé comme l’horizon ultime de la rationalité économique en général et
économico-politique en particulier. Cette évolution va se faire au cours de deux temps
décisifs : l’ajustement structurel et la consécration hégémonique de la mondialisation
néolibérale. C’est pour cela qu’il convient d’étudier d’abord la rationalité anti-
développementaliste de l’ajustement structurel néolibéral (Paragraphe 1), avant d’examiner
la disposition sub-développementaliste et infra-développementaliste de la mondialisation
libérale (Paragraphe 2).
Par ces termes, on veut indiquer que les forces d’influences favorables à l’idéologie
néolibérale et ultralibérale ont profité de la crise substantielle des politiques de
développement dans les pays en développement pour engager une politique globalisée de
dévaluation et de dévalorisation du référent de développement comme concept
mobilisateur dans l’économie politique internationale en voie de mondialisation. Pour
comprendre ce processus, il convient d’en étudier les fondements à la fois historique et
paradigmatique (A) puis, d’en examiner les instruments techniques, logistiques et organiques
(B) avant d’en évaluer les développements politiques, stratégiques et systémiques (C).
Par ces termes, on veut souligner le fait que l’ajustement structurel ou ajustement
néolibéral est un dispositif d’économie dont il convient de bien cerner les origines. C’est en
saisissant de manière pertinente les origines de ce processus que l’on va comprendre
pourquoi et comment la mise en forme et la mise en œuvre de cette démarche économico-
politique seront établies. L’ajustement structurel ne serait simplement être examiner comme
une politique d’imposition de l’austérité gestionnaire d’orientation néolibérale aux pays en
développement. Bien sûr que cette politique d’ajustement structurel relève du ressort de
l’austérité gestionnaire néolibérale imposée comme discipline aux pays sous-développés
(Alias pays en développement, alias pays pauvres, pays du sud). Il faut toutefois aller plus
loin pour identifier les fondements de l’ajustement néolibéral. Ceux-ci se trouvent
historiquement liés à l’épuisement du mode de régulation et des modèles d’accumulation
associés dans le cadre de l’Etat Providence qui a prévalu de 1945-1975. Ce système assurait
la prédominance des formations sociales occidentales sur une économie-monde
hégémoniquement capitaliste reposant sur le compromis politico-économique et socio-
économique du keynesio-fordistme. C’est ce système caractérisé par l’importance de l’Etat
interventionniste au cœur des économies occidentales en tant que formation centrale du
système-monde qui sera remise en question du fait de plusieurs événements : « découplage de
l’or et du dollar » ; Avènement du régime fluctuant d’échange ; crises pétrolières de 1973 et
de 1979 ; essoufflement de l’Etat providence dans les pays occidentaux ; décernement de
l’antagonisme Est/Ouest et avènement de la révolution conservatrice ou révolution
néolibérale avec accession au pouvoir de Ronald REAGAN aux USA et de Margaret
THATCHER en Grande Bretagne en 1979. C’est dans cette dynamique événementielle que
s’est dessinée un retournement paradigmatique conduisant au déclassement des politiques
keynésiennes de libéralisme interventionniste remplacées par des politiques néolibérales
de libéralisme débridé et décomplexé, liées à la montée en puissance des approches venues
de l’école de Chicago dominée par la figure de Milton Friedman. Les politiques
néolibérales d’austérité qui vont conduire à l’ajustement structurel dans les pays en
développement, trouvent leur origine dans les politiques de rigueur qui seront mises en œuvre
à travers les pays du centre, c’est-à-dire, les pays occidentaux qui constituent les lieux
principaux de l’économie politique internationale en voie de mondialisation.
Par ces termes, on veut faire référence à l’ensemble de l’outillage de politique économique
qui sera mobilisé pour appliquer les mesures conjoncturelles puis structurelles destinées à
reformer les économies en crise des pays en développement. Il s’agit de l’ensemble des
instruments préconisés comme moyens d’action par les institutions financières
internationales. De manière configurationnelle, ces instruments se présentent comme des
outils de décision :
Instrument de déréglementation
Tous ces outils visent à démanteler des structures dirigistes, étatistes, interventionnistes et
commandistees d’économie politique. Il s’agit ainsi pour le Fonds Monétaire International,
la Banque Mondiale, les gouvernements des grands Etats industrialisés, capitalistes et les
bailleurs de fonds publics ou privés, réunis dans les clubs de Paris ou de Londres, de mettre en
place une nouvelle orientation économique des pays en développement. Cette nouvelle
orientation économique correspond à une norme néolibérale de régulation et de
coordination économiques. Cela veut dire en d’autres termes que les instruments politico-
économiques d’ajustement structurel ont été forgés pour démanteler les économies
politiques développementalistes ou pro-développementalistes qui avaient été mis en place
entre les années 1950 et 1980.
Par ces termes, on veut indiquer que l’ajustement structurel néolibéral aura des
implications concrètes lorsque les mesures qui en ressortissent seront mises en œuvre. Il
importe de souligner qu’une évaluation même élémentaire de la mise en œuvre de ces
mesures ne peut manquer de cerner que, les solutions d’ajustement structurelles ont été
formulées et implantées pour hypothéquer toute perspective de mise en place de politique
autonome de développement économique dans les pays sous-développés alias pays en
développement. En vérité, il s’est agi d’une reprise en main de la configuration des régimes
économiques des pays en développement par les centres de pouvoir et d’influence des
pays développés essentiellement basés dans les pays d’Amérique du Nord et d’Europe de
l’Ouest. La logique stratégique de l’action des grands lobbies internationaux du capitalisme
visaient à interrompre toutes les stratégies d’autonomisation économique mises en place et
en œuvre dans les pays du Sud, quelles que soient leurs formes d’institutionnalisation,
d’organisation et de légitimation. Voilà pourquoi l’ingénierie de l’ajustement structurel
ou ajustement néolibéral a été appliquée à la quasi-totalité des pays en développement, que
ceux-ci se présentent comme étant d’orientation capitaliste, d’orientation socialiste,
d’orientation nationaliste ou d’orientation développementaliste. Il s’est alors agit pour les
forces de pouvoir favorable à la consolidation du marché mondial, d’y insérer de manière
contraignante, les pays en développement.
Pour assurer cette intégration forcée des pays en développement à une division
internationale du travail commandée par les pays du centre, les groupes dominants et
dirigeants autant qu’influent ont pesé de tout leur poids sur la définition des orientations de
l’ajustement structurel et d leurs mécanismes d’application et d’exécution. Les pays du centre
constitués en métropoles du capitalisme mondialisé ont aussi exploité l’évolution
économico-politique qui a conduit au fractionnement des pays du Sud, autrefois désignés sous
les termes commodes de pays du Tiers-monde au début des années 1980. C’est que, certains
pays en développement sont parvenus à réduire les contraintes hiérarchiques de la
division basées sur la promotion des exportations plutôt que sur la substitution des
importations (Corée du Sud, Singapour, Malaisie, Indonésie, Thaïlande et après Hong
Kong). La capacité de ces pays à engager des stratégies les faisant advenir au statut de
nouveaux pays industriels, puis ultérieurement de pays émergents , a été instrumentalisée
par les centres hégémoniques de l’économie-monde capitaliste pour liquider les
revendications tiers-mondistes d’un nouvel ordre économique international basé sur
l’équilibre, l’équité et la solidarité. Ainsi, les métropoles de l’économie-monde capitaliste
ont commencé à déconstruire le consensus développementaliste révisé dont la conférence
des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCD) était devenue le lieu
emblématique. Il s’est agi alors d’instituer et de consolider sur un plan simultanément
politique, stratégique et économique, la prédominance mondiale du néo-libéralisme
Par ces termes, on veut attirer l’attention sur la mise en place d’un processus organisé et
orienté de renforcement de l’intégration économique internationale . Ce processus va
mettre en place des interdépendances consolidant l’inscription et l’insertion des
différentes régions du monde dans le système-monde moderne, comprenant l’économie
monde capitaliste. C’est ce processus qui depuis Théodore Levitt est appelé « globalisation
ou mondialisation » (Théodore Levitt). La mondialisation correspond à la structuration
économique consolidée des liens entre les différentes régions du monde. Elle permet
l’institution d’un nouveau système-monde chargé d’organiser l’accumulation à l’échelle
mondiale. Ce système-monde est celui qui vient assurer la consécration hégémonique du néo-
libéralisme comme régime économique légitime et dominant du monde. Avec la
mondialisation, advient une nouvelle avancée du marché mondial. Afin de l’examiner, il
convient d’en appréhender successivement les configurations productives (A), puis les
configurations commerciales (B) et enfin les configurations financières (C).
Par ces termes, on veut rendre compte des processus montants et croissants
d’interdépendance qui veulent se constituer à travers les sphères productives. Il s’agit là de
souligner comment il va se constituer une économie productive dotée d’un degré important
d’internationalisation. Cette économie productive sera concrètement construite à travers la
concentration renforcée d’investissement productif intégrant les pays de la « triade
capitaliste » (Masaho Aoki). La triade, c’est la constellation que forme l’Amérique du Nord
conduite par les USA, l’Europe de l’Ouest menée par le duo Allemagne-France et le Japon.
Cete triade abrite en effet les lieux de production les plus significatifs des économies mondes
capitalistes. Ainsi, il va s’effectuer un mouvement soutenu d’investissement croisé entre « les
pôles de la triade » (Jacques Cardoso). C’est ainsi que se mette en place les dynamiques
productives construisant la mondialisation réelle. Ou l’on voit comment de puissants réseaux
d’investissement productif seront configurés entre les trois pôles de la triade, contribuant alors
à la construction planétarisée d’une « économie d’archipel » (VELTZ PIERRE). C’est dans
les megas-villes de cette économie globalisée d’archipel que se concentrent les pôles les
plus importants de compétitivité. Au cœur de ces stratégies de concentration opèrent des
firmes multinationales transnationales dont l’activité va créer de nouveaux espaces et
territoires distincts de ceux des Etats. Ces Firmes multinationales en tant qu’entreprises
giga-capitalistes vont jouer un rôle important dans la stimulation de la concurrence
mondialisée en ce qui concerne les procès de production. Elles contribueront ainsi au
développement de méga-villes et de giga-villes en tant que formations cosmo-
métropolitaines qui hébergent des réseaux mondialisés de production.
La mise en place de la mondialisation productive va s’opérer aussi à travers la stratégie de
la délocalisation renvoie à une démarche à travers laquelle les firmes transnationales et
multinationales vont transférer de plus en plus certains compartiments de leurs activités
productives vers des pays en développement, parce que ceux-ci leurs permettent de faire des
économies en raison de politiques salariales et sociales moins contraignantes ou politiques
fiscales plus incitatives. Ainsi, les multinationales pouvant développer de nouvelles marges
de manœuvre à travers ces transferts d’activités productives. Ainsi, il va se constituer des
dynamiques productives mettant en relation des régions du monde bien éloignés entre elles.
La mise en place de telles dynamiques s’explique par exemple entre les Etats-Unis et le
Mexique. En effet, nombre d’entreprises américaines vont profiter des nouvelles règles de
l’accord de libre-échange Nord-américain (ALENA)(North American Free Trade
Agreement NAFCA) pour installer de nouvelle Maquiladoras (usines de sous-traitance) au
Mexique, tout en tirant partie de l’amélioration de la qualité de main d’œuvre chez le voisin
aux USA. C’est la même logique qui conduit des entreprises américaines ou européennes à
s’installer dans les nouveaux pays industrialisés d’Asie du sud-est connu sous le nom de
dragon (Indonésie, Philippine, Malaisie, Thaïlande). La mondialisation productive va faire
advenir de nouvelles formes d’intégration et de concentration industrielle relevant
l’importance structurelle des multifonctionnelles dans l’économie globalisée.
2) La transparence commerciale : qui impose à tous pays de notifier aux autres les
mesures commerciales par lui adoptées.
3) La consolidation : qui signifie qu’un droit de douane qui a été baissé ne peut plus
augmenter. ‘est à travers le GATT que certaines mesures commerciales ont permis de
remettre en cause des pratiques discutables telles que les mesures du dumping
(pratique qui consiste à baisser les prix par rapport aux concurrents). Les quotas
(mesure de contingentement) et les restrictions aux exportations.
Par ces termes, on veut souligner le fait que l’une des sphères significatives de la
mondialisation est la sphère financière qui sera marquée par un puissant mot de
libéralisation. C’est d’ailleurs l’une des caractéristiques originales du processus de
globalisation qui va permettre le décroissement au radical du marché du capital. Dès lors, il va
se former un circuit planétaire virtuel reliant les grandes places financières du monde. New
York, Francfort, Paris, Londres, Tokyo, Shanghai). C’est à travers ce réseau que va s’affirmer
la « finance virtuelle » (Bourguinatr Henry). Ce circuit met en relation de manière quasi
instantanée, les grandes places financières du monde, occasionnant alors une accélération
des opérations entre différentes places. Ce mouvement renforcé de fluidité et mobilité des
capitaux s’est engagé entre début et la fin des années 1980. Il a été rendu possible par la levée
des mécanismes de contrôle étatique des capitaux, comme l’une des conséquences concrète
de l’effondrement du régime monétaire international de Bretton-Woods. La mobilisation
globalisation-financière va permettre aux Firmes multinationales et transnationales de
pouvoir disposer d’importantes réserves de capital pouvant leur permettre de bénéficier ou
d’effectuer des investissements directs étrangers. Ce mouvement de globalisation financière a
été rendu possible par la combinaison de trois évolutions que sont :
Par ces termes, on veut désigner l’ensemble des approches qui vont entreprendre de
reformuler et de relégitimer une référence en terme de développement après que l’ordre
globalo-libéral, néolibéral et libido-libéral des choses associé à la mondialisation capitaliste
se soit montré incapable de produire une nouvelle norme pertinente de développement en lien
avec sa défense paradigmatique du marché de la « démocratie de marché » (Zakaria Fared,
américain d’origine marocaine), Zaki Laïdi) ou de la « société de marché » (Robert
COOPER). Cet échec de la nouvelle orthodoxie mondiale qu’est le néo-libéralisme global
va conduire à un renouvellement du débat sur le développement, consécutif au constat des
limites d’une approche essentiellement catallactique (marchande) ou chrématistique
(vénale) de la valeur. C’est dans cette optique qu’on va étudier la problématique montante du
développement durable (Paragraphe 1) avant de s’interroger sur les chances d’émergence
d’une convergence et d’un consensus sur le développement (Paragraphe 2).
Par ces termes, on veut indiquer que l’incapacité du néo-libéralisme global et libidinal a
produit une norme pertinente de développement complètement gouverné par le marché va
susciter un nouveau questionnement orienté vers la recherche de solution légitime et efficaces
de recherche d’un nouveau modèle de développement. C’est dans cette configuration qui
émerge au début des années 1990 que la catégorie de développement durable va apparaître.
Cette catégorie est le produit de la rencontre entre les exigences du marché et les exigences de
sauvegarde de la nature. Il convient d’élucider cette catégorie de développement durable. Pour
ce fait, on procèdera d’abord à une généalogie critique du développement durable (A), avant
d’envisager une archéologie paradigmatique (B), puis d’effectuer une évaluation
phénoménologique de la durabilité comme fondement développementale (C).
Par ces termes, on veut indiquer que la notion de développement durable est nouvel comme
formulation mais ne l’est pas nécessairement comme question fondamentale. En effet, de
ombreux théoriciens philosophes et chercheurs en économie ont réfléchis sur les contraintes
que la nature fait pesée sur l’activité économique. Dans ce registre, nombre de classiques, se
sont inscrits depuis Aristote jusqu’à Karl Marx, en passant par David Ricardo, Thomas
Malthus et John Maynard Keynes. Pourtant c’est dans les années 1960 et 1970 que va se
mettre en place la configuration permettant l’ébauche du concept de développement durable.
La perspective qui va se dessiner alors le sera à partir du célébré rapport du club de Rome sur
les « limites de la croissance ».(Limits to Growth). Ce rapport attire l’attention sur les
contraintes grandissantes que le mouvement techno-industriel de croissance et de
développement fait peser sur les ressources naturelles.
Le rapport du Club de Rome attaque ainsi l’ensemble des moyens et des méthodes qui
confèrent au développement des contours productivistes ; lesquels contours révèlent une
pression de plus en plus forte que l’activité de développement économique fait subir aux
capacités naturelles de la planète Terre. Le rapport de Rome pose alors le problème de la
compatibilité entre la poursuite vertigineuse du développement et les exigences de
sauvegarde des équilibres écologiques capables de garantir la survie de la planète Terre.
Cette façon de voir, met alors en opposition l’optique productiviste et quantitativiste du
développementalisme industrialiste d’une part et l’optique de régulation financière des
ressources de la planète. Le rapport Meadows produit en 1972 par le Club de Rome a été
techniquement rédigé de chercheurs appartenant au célèbre Massachussetts Institute of
Technology (MIT). Ce rapport pose les limites de la croissance et formule une critique du
consumérisme pan-capitalistique qui est en fait dépendant du productivisme. L’une des
originalités au rapport Meadows 1972 eou Rapport du Club de Rome est d’éviter la
nécessité d’évoluer vers une croissance zéro. C’est-à-dire vers un état d’équilibre qui amène
à maintenir de façon symétrique le niveau de croissance démographique. L’analyse du Club
de Rome est une reformulation de l’analyse malthusienne qui s’est toujours montrée très
attentive aux contraintes que pouvaient susciter pour la nature, une augmentation importante
de la population ainsi que de l’activité économique.
Le rapport du Club de Rome va susciter une stimulation de la réflexion collective sur les
relations entre environnement et développement. C’est dans cette perspective que va
apparaître la notion d’ « économie du développement » qui est le produit combiné de deux
démarches parallèles correspondant au « brain storming » d’experts de la CNUCED d’une
part, et du travail collectif conduit par l’économiste Ignacy Sachs en collaboration avec des
chercheurs français. Cette notion d’ « économie de développement » peut donc être considérée
comme une invention de Maurice Strong (Président de la CNUCED) et d’Ignacy Sachs,
autour de la nécessité de mettre en cohérence théorie économique et technique écologique ;
c’est à partir de ces repères que vont se produire un mouvement hétérodoxe de
réorientation du développement. Ce mouvement va être fortement animé par l’ONU en
général, par la CNUCED et le PNUE. Cela conduira à la mise en place au début des années
1950, d’une commission pour le développement et l’environnement, dont la présidence sera
confiée à Madame Gro Bruntlandt qui fut Premier ministre de Norvège. Cette commission
va faire émerger la notion de développement durable.
(… Suite)
Par ces termes, on veut attirer l’attention sur la nécessité de mettre en lumière les structures
intellectuelles et opérationnelles qui modèlent puis modulent le développement durable
pour en faire une forme paradigmatique valable et valide à l’échelle du monde. En d’autres
termes, cela signifie qu’il est nécessaire de montrer et de démontrer comment le référentiel
de développement durable a été institué en tant que bonne forme devant être mise en place
par l’ensemble des pays constitués en communauté internationale. Ainsi, cette notion forgée
par la Commission Bruntlandt va devenir au moins pour le système onusien, une norme de
référence en matière de développement qui sera au centre du processus international de
discussion et de gestion sur les questions environnementales, en liens avec le développement.
Avec la notion de développement durable, les Nations Unies vont mettre en place un cycle de
négociation et de codification qui va de la Conférence de Rio des relations internationales
(1972) à celle de Paris (2017). C’est en s’appuyant sur cette notion que les différents acteurs
internationaux vont s’efforcer de gérer l’aspect méta-national du péril écologique (Edgar
Morin). C’est que la planète Terre est menacée dans son intégrité écologique du fait de la
poussée industrialiste. Pour cette raison en s’appuyant sur le concept référencé de
développement durable, les opérateurs de la communauté internationale (Etats surpuissants
(USA, Chine, Russie) Etats puissants (Allemagne, Japon, Grande-Bretagne, France, Italie
etc.), Etats émergents, autres Etats, compagnies multinationales, Organisations non
gouvernementale internationales, individus internationaux puissants).
Cela en vue de résoudre (la crise du développement) (Edgar Marin). Il s’agit ainsi de donner
une nouvelle configuration paradigmatique à la problématique du développement en la
délivrant de l’obsession de la croissance (Gilbert KISSINGER) ; c’est sur cette base que le
débat international va évoluer avec des enjeux déterminants à prendre en change comme celui
du changement climatique ou de la protection de la biodiversité.
Par ces termes, on veut indiquer qu’un regard concret sur la mise en œuvre des orientations en
terme de développement durable montre que les attentes en la matière n’ont pas toujours été
suivies, malgré l’émergence des mécanismes internationaux destinés à valoriser un approche
en terme de « biens communs et de common pools » (Elinor Ostrom), il va demeurer de
nombreux résistances à la construction d’un ordre international non seulement pertinent,
mais aussi contraignant en matière de développement durable. C’est que les pays
économiquement les plus puissants généralement situés au Nord et abritant les Firmes
multinationales les plus pertinents vont favoriser les conceptions en termes de soutenabilité
faible. Parce que, ces conceptions ne mettent pas fondamentalement en question les intérêts
stratégiques des centres dominants et hégémoniques de la mondialisation capitaliste. Ces
pays à travers leurs entreprises multinationales qui y sont constituées en lobbies puissants
pesant sur les Etats, rependent leur capacité de pollution en externalisant par la délocalisation
vers les pays du Sud. En effet, les formes multinationales peuvent profiter du dumping
environnemental qui comme le dumping social est pratiqué par nombre des pays du Sud qui
sont devenus des paradis pour leur pollueur, comme on peut le voir au Mexique avec
maquiladoras, les usines installées au Mexique par les entreprises multinationales
généralement américaines. La mise en place d’un ordre international orienté vers le
développement ne peut qu’être fragilisée par ce genre de stratégies qui consistent pour les
pays du Nord à travers leurs acteurs économiques les plus puissants, à transférer les risques
écologiques vers les pays du Sud. On se trouve ainsi, dans une situation où les pays qui
figurent parmi les formations centrales de l’économie-monde capitaliste vont refuser de
payer leur dette écologique envers les pays situés dans les régions périphériques ou semi-
périphériques de cette économie-monde capitaliste globalisée. Ce faisant, les pays
centraux industrialisés et développés agissant de manière à confisquer le droit au
développement des pays périphériques pauvres et sous-développés. Dans ces conditions, il
apparaît que la conduite des politiques internationales en matière de protection de
l’environnement est faussée par le refus des centres de l’économie-monde globalisée à
institutionnaliser et à organiser des modèles d’allocation des ressources capables de lier
avec légitimité et efficacité les exigences de durabilité et d’équité intergénérationnelles en
matière de développement. Où l’on voit que malgré l’émergence d’un courant international
tourné vers la sauvegarde cosmo-communautaire de l’équilibre écologique de la terre,
depuis la Conférence de Rio jusqu’à celle de Paris, on est encore confronté à la persistance
hégémonique d’un ordre international néolibéral et libido-libéral qui demeure
foncièrement inégalitaire et suicidaire, entraînant même des fractures simultanément
économiques et écologiques qui condamnent l’hyper majorité de l’humanité à demeurer
dans la pauvreté de masse.
Par ces termes, on veut évoquer les conditions qui conduisent à la formation d’éléments
d’accords sur les orientations à donner à la problématique du développement aussi bien
en termes définitionnels qu’en termes opérationnels.La réorientation et la reformulation des
questionnements et raisonnements ayant trait au développement dans le cadre du monde
confronté aux défis que lui pose l’intégration par la machinerie du capitalisme globalisé qui
entend planétariser de manière encore plus avancée et poussée, la planétarisation de
« l’homogenèse capitaliste »(Gilles Deleuze et Félix Guattari). Il s’agit de voir si ces
discussions et interrogations ont conduit à faire émerger de nouvelles orientations ou options
relatives à la construction paradigmatique du développement. Bien entendu, cela va poser
le problème de savoir si l’on peut déboucher sur l’identification d’une dynamique de
convergence en matière de développement ou alors si le développement va demeurer
introuvable. Cette réflexion va s’organiser précisément à travers l’émergence d’une nouvelle
canonique du développement comme base dont il convient d’analyser les atouts, autant que
les limites (A) . Il importe aussi dans cette perspective de réexaminer les propositions
hétérodoxes concernant la possibilité d’inventer et d’institutionnaliser un développement
alternatif suivant des chemins de traverse (B), pour évaluer enfin les stratégies recomposées
du développement à l’ère de la globalisation (C).
Par ces termes, on veut rendre compte de la manière dont le débat international sur le
développement a été reformulé et orienté en raison de l’application peu concluante du
dispositif global-libéral et néolibéral de gouvernance économico-politique qu’a été le
Consensus de Washington. En d’autres termes, cela signifie qu’il s’agit de voir comment la
doctrine et la pratique en matière d’économie politique ont dû évoluer du fait des résultats
mitigés de la mise en œuvre des préceptes du Consensus de Washington. Celui-ci est apparu
peu capable de ramener la plupart des pays en développement alias pays sous-développés sur
les chemins d’une croissance substantielle non seulement capable de les rentabiliser, mais
aussi à même de les convertir ou reconvertir en économies développées. En effet,
l’ajustement structurel, variante tropicalisée de l’austérité néolibérale appliquée comme
recette magique censée restaurer la viabilité économique des pays pauvres, n’a fait que les
affronter davantage dans la marginalisation, la subordination et la subalternisation
économiques. Ces pays ont même connus pour beaucoup d’entre eux un processus de
« développement du sous-développement » attestant leur coopération substantielle. Une telle
évolution a souligné la pertinence discutable des thérapies néolibérales de chocs qui ont été
administrés à ces pays du sud contraints de pratiquer l’ajustement structurel. Dès lors, les
spécialistes hétérodoxes de l’économie technique ou de l’économie politique sont réapparus
pour faire pièce au discours hégémonique des défenseurs savants et intellectuels de
l’idéologie et de la politique économique de facture néolibérale. Pour les hétérodoxes
Keynésiens, institutionnalistes, relationnistes, structuralistes, post structuralistes et
radicaux, l’échec politique de l’ajustement social (ajustement structurel ; dimension sociale
de l’ajustement ; réductionnel de la pauvreté) était consommé au début des années 2000.
Après 15 à 20 années d’expérimentation, ces politiques d’ajustement social envisagées dans
le cadre du Consensus de Washington ne sont pas parvenues à enclencher une dynamique
durable et soutenue de croissance dans les pays ayant subi cette cure néolibérale
d’amaigrissement .C’est pour cela que les hétérodoxes allaient proposer d’autres
formulations du développement.
C’est ainsi qu’il convient de noter la manière dont les structuralistes ont formulés une
conception alternative capable de recréer les conditions d’un développement après ajustement.
C’est cela qu’on peut appeler avec Hakim Ben Hammouda, « l’économie politique du post-
ajustement » qui consiste à mettre en place des actions de reconfiguration des programmes
d’ajustement destinés à créer la stabilisation des moyens et des ressources assurant la relance
économique. C’est dans une optique voisine que le néo-keynésien Joseph Stieglitz propose
d’aller vers un nouveau paradigme pour le développement qui nécessite d’associer la
libéralisation du marché gouvernée par les motivations de la productivité et de la rentabilité
avec la construction de structures institutionnelles étatiques et para étatiques qui peuvent
aider à rationnaliser la mise en place d’une dynamique concurrentielle du marché. Dans
cette perspective, on ne se préoccupe pas seulement de visées marchandes de profitabilité et
de rentabilité mais on prend aussi en compte les exigences de régulation sociale et
environnementale et la nécessité de disposer d’un appareillage étatique pouvant corriger les
imperfections et les incomplétudes du marché. Cette orientation regroupera largement le
paradigme institutionnaliste, celui lié à la nouvelle économie institutionnelle (Olivier
Williamson). Celle-ci propose une conception remaniée et remodelée de la politique
économique ainsi que l’Etat en tant qu’opérateur économique. Cette démarche montre
l’importance décisive des normes et des règles qui configurent les institutions dans la mise
en place de formes de régulation et de coordination économiques pouvant générer des
montages économiques producteurs de valeur ajoutée , c’est-à-dire d’enrichissement.
Autrement dit, la réussite économique telle que envisagée par les néo-institutionnalistes ne
peut être acquise si l’on néglige la contribution importante des institutions dans la création du
progrès économique socialisé. C’est-à-dire distribué à l’ensemble des secteurs et des
segments d’une formation sociale. C’est toujours dans une perspective de renouvellement
qu’il convient de cerner la vision en terme de « développement humain » (Amartya Sen),
développé par ce prix Nobel qui va proposer une conception multidimensionnelle de la
croissance économique qui ne se limite pas à ses aspects matériels, mais s’élargit en prenant
en compte les mutations sociales et culturelles suscitées par le processus de croissance. Le
développement humain envisagé par Armathia Sen, met l’accent sur les conditions
qualitatives de vie et sur l’intérêt de développer les capacités des agents sociaux. Il y a
chez Armathia Sen, une éthique politique et économique soucieuse de construire le
développement comme une démarche aidant à l’épanouissement et à l’avancement des
individus et des personnes par l’accroissement de leur liberté qui résulte du développement
dont il bénéficia. Pourtant ces perspectives qui questionnent l’orthodoxie néolibérale ne seront
pas à mesure de sortir du cadre hégémonique lié à la prédominance persistante du
Mainstream néolibéral et libido-libéral. Dès lors, ce renouvellement sera neutralisé.
Par ces termes, on veut évoquer l’ensemble des orientations critiques qui soutiennent qu’il n’y
a pas d’issue en matière de développement par les approches fondées sur le néolibéralisme
et le libido-libéralisme dominants,car le cadre structurant de la globalisation capitaliste
compromet la possibilité de construire une dynamique universelle de développement dans
l’ensemble des régions du monde. Pour faire face à cette situation, certaines approches ont
été formulées qui mettent en question le cadre orthodoxe néolibéral du développement.
C’est par exemple dans cette perspective qu’il faut comprendre la thèse d’Hernando De
Sotto qui mise sur la généralisation des mécanismes de l’informel en vue de constituer une
voie alternative de développement. Autrement dit, De Sotto considère que le « secteur
informel » (Keith Hart) constitue ce qu’il appelle « l’autre sentier » c’est-à-dire le chemin du
développement par la construction populaire de ces dynamiques de progrès et de
transformation économiques qui se substitueront à des stratégies étatiques ayant échoué.
Dans cette perspective, le développement est fondé sur l’action des couches populaires qui
vont s’approprier la capacité à construire des voies économiques performantes . On peut
relativiser l’optimisme populiste de la démarche libérale de De Sotto.
C’est aussi dans une perspective alternative qu’il convient d’évoquer l’approche par la
microfinance qui résulte d’initiatives pratiques comme celles menées par l’entrepreneur et
activiste Bangladeshi Mohamed Yunus. Cette approche par le microcrédit est destinée à
donner aux groupes populaires , les moyens de capital qui leur permettra de financer à bon
prix leurs projets individuels ou surtout collectifs ; de telle façon que ces acteurs
populaires marginalisés par les circuits officiels de financement , puissent renforcer leur
pouvoir et leur capacité économique. Yunus a expérimenté ce modèle avec la célèbre Banque
Populaire « CRAMIN ». Pourtant là aussi, il ne faut pas surestimer les capacités de cette
démarche sur le terrain de la construction macro-économique du développement.
Gilbert Rist ou Serge Latouche sont les défenseurs de cette conception tournée vers la
valorisation de la décroissance. Si cette démarche met bien en lumière les dérives
bureaucratiques qui interviennent dans les politiques de développement ayant été
pratiquées au sein des pays du Sud, elle n’en souffre pas moins d’une vision idéalisée et
fétichisée des rapports sociaux traditionnels ou néo-traditionnels existant dans les sociétés
du Sud, surtout en Afrique et en Océanie. Cette vision sous-estime par ailleurs l’engouement
que la promesse du développement a créé dans les formations sociales périphériques dont
les ressortissants veulent aussi accéder au fruit de la croissance et au produit du
développement.
Par ces termes, on veut indiquer la question du développement demeure une question
controversée dans le monde globalisé. Les centres dominants de la globalisation ne sont
pas parvenus à imposer de manière concluante un modèle néolibéral où le marché serait
parvenu à remplacer définitivement le développement comme référent légitime et
pertinent. La visée de développement résiste malgré la récurrence des critiques adressés au
développementalisme et à ses avatars. Cette visée persiste en déclinant des ambiguïtés et
ambivalences liées à la notion de développement. Même la vision technocratique en termes
de lutte contre la pauvreté n’a pas empêché que l’on revienne à l’horizon du développement
avec l’adoption des Objectifs pour le millénaire du développement. Cela montre que la
problématique du développement reste un questionnement important dans le système -
monde actuel même si celui-ci n’a pas fait montre d’une capacité décisive et effective de
résolution substantielle des problèmes de développement qui continuent à se poser dans le
monde. C’est en vérité que ce système monde ultra-moderne lié au capitalisme globalisé
reste modelé par l’évolutionnisme inégalitaire de type darwinien ou pseudo-darwinien qui
est exprimé dans le néo-libéralisme hégémonique.
Dans une certaine mesure on peut conserver des attentes légitimes concernant la perspective
du développement quand l’on voit la réussite significative quoique non absolue de certaines
trajectoires historico-économiques telles que celle du Japon entre les années 1870 et 1930 ou
celle de la Corée du Sud entre les années 1960 et 1990. Ces deux pays ont relativement
maîtrisé le processus commode du rattrapage des pays développés, même si la Corée du
Sud n’a pas encore résorbé toutes les poches de sous-développement existantes à l’intérieur
de son territoire. La trajectoire du Brésil ou de l’Inde et bien évidemment surtout de la Chine
, montre que dans une certaine mesure les formations socio-périphériques peuvent engager
des stratégies de développement qui les orientent vers l’émergence sans que cela suffise à y
supprimer toutes les contraintes liées à une division internationale inégalitaire du travail.
Par ailleurs, un constat que nombre de ces pays ont engagé un processus de montée ou de
remontée économique en s’appuyant souvent sur des institutions coercitives et autoritaires,
quoique non arbitraires. Cela vient nuancer les visions théorico-politiques et théorico-
économiques liant de manière mécanique développement et démocratie. En vérité, les
choses ne sont pas si linéaires. S’il peut avoir à certain moment une concurrence entre
démocratie et développement, il n’est pas sûr que la démocratie instaurée et instituée dans
nombre des pays du Sud , suffirait à elle seule à conduire au développement, surtout aussi
longtemps que contrairement à ce que disent les défenseurs du libéralisme global, l’échange
et le développement inégaux ont persistés. En fait, les voies du développement ne peuvent
pas être significativement débraillées et dégagées tant que l’ordre international
hégémonique est gouverné par des dynamiques d’unilatéralisme et de minilatéralisme à la
fois géopolitique, géoéconomique et géoculturel. En clair, l’universalisation tendancielle et
relative du développement n’est pas possible dans un monde encore dominé par la
« colonialité du pouvoir » (Anibal Quijano, Santiago Castro Gomez).
CONCLUSION
CONCLUSION GENERALE
FIN DU COURS
Bonne Lecture