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UNIVERSITE AUBE NOUVELLE

UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE

Département : Sciences Juridiques et Politiques (SJP)

OPTION : Droit Public

THEME

LA DEPOLITISATION DE L’ADMINISTRATION PUBLIQUE AU


BURKINA FASO

REDIGE PAR : DIRECTEUR DE MEMOIRE :

COULIBALY Haoua BONKOUNGOU Casimir

ANNEE UNIVERSITAIRE 2021 – 2022


INTRODUCTION GENERALE

L’Administration a vocation à gérer la chose publique, à servir l’intérêt général. Il apparait logique
que des individus ou des groupes d’individus cherchent à l’instrumentaliser pour imposer leur
conception de l’intérêt général dans le meilleur des cas. Au pire, pour servir les intérêts particuliers.
Ce constat n’est pas propre à un pays donné, il transcende les frontières.

Le Burkina Faso (BF) a hérité du modèle de l’administration publique française ancienne puissance
coloniale1. En effet, le système de l’administration publique hérité par le Burkina Faso tire sa source
dans « le merit system ». Ce système repose sur l’égal accès aux emplois publics et sur la sélection
objective des agents (souvent par la voie du concours). Le fonctionnaire est supposé loyal et
impartial vis-à-vis du pouvoir2. Plusieurs arguments plaident en faveur de ce système :

D’abord il offre de meilleures garanties de compétences du fonctionnaire car l’exigence de


l’impartialité rend l’emploi public plus attractif et le système de concours comme mode d’entrée
assure une certaine qualité du recrutement,
- En plus la neutralité favorise la collaboration entre collègues et instaure un climat de travail paisible,
gage de performance au travail,
- Enfin elle permet la continuité du service public en cas d’alternance politique.

Le système du « merit system » s’oppose à celui du « spoil system » ou système des dépouilles qui
repose sur une vieille idée selon laquelle les postes dans les services publics sont distribués selon la
faveur du prince. La littérature3 avance en faveur de ce système les arguments suivants :

- En premier lieu l’administration est un pouvoir concurrent du pouvoir politique et, ce dernier doit
donc se protéger en nommant des affidés
- deuxièmement la politisation de l’administration permet une coopération optimale entre personnels
de l’administration et du monde politique en ce sens qu’elle huile les rouages entre les fonctions
gouvernementale et administrative.

1
Moctar Séidou DIALLO, « Dépolitiser l’administration publique : les pistes pour y parvenir », lobspaalga.com,
2022.
2
Christian De VISSCHER et Gauthier LE BUSSY, « La politisation de la fonction publique : quelques réflexions
d’ordre comparatif », Pyramides, 2001, p. 61-80.
3
Christian De VISSCHER et Gauthier LE BUSSY, « La politisation de la fonction publique : quelques réflexions
d’ordre comparatif », Pyramides, 2001, p 61-80.

1
Pour finir la politisation de l’administration est facteur de dynamisme. Elle instaure un large turn
over, régénère la fonction publique et peut de cette façon contribuer à une plus grande motivation des
fonctionnaires.
-
- Si le merit system a eu la faveur des différents régimes qui se sont succédés au Burkina Faso, de
l’indépendance à nos jours, force est de reconnaitre qu’il a été détourné dans les faits. Le système de
l’administration publique burkinabè semble être un système mixte qui présente à la fois les
caractéristiques des systèmes du mérite et des dépouilles.

De façon plus factuelle, l’administration publique burkinabè repose sur le modèle du « spoil
system »comme l’a souligné le Président du Faso « nous allons procéder à une dépolitisation
systématique, méthodique et progressive de l’Administration publique. Seules doivent prévaloir les
compétences techniques et la probité » 4

De cette affirmation, il se dégage le constat suivant : l’administration publique burkinabè est une
administration politisée par conséquent partisane. Ainsi, s’invite dans le débat public la dépolitisation
de l’administration publique burkinabè. D’où l’intérêt d’un sujet sur « la dépolitisation de
l’administration publique au Burkina Faso »

Au centre de la réflexion se trouvent les notions de dépolitisation, administration publique. Elle vise
à savoir si l’administration publique au Burkina Faso peut-elle être ou pas une administration
impartiale au plan politique.

La dépolitisation pourrait se définir comme l’action d’ôter tout caractère politique à quelque chose
ou de se détourner de la politique. On peut définir l’administration publique comme « l’ensemble des
moyens permettant d’exécuter les décisions du pouvoir politique 5». Ses moyens sont de nature
diverse. Ils peuvent être humains, matériels ou immatériels… Toutefois, de nombreuses personnes
ont une conception organique de l’administration publique. On la confond généralement avec les
agents publics de l’Etat. En d’autres termes, pour ces personnes, administration publique égale
agents publics de l’Etat. On envisagera l’administration publique au sens large dans le cadre du
présent travail. Seront prises en compte l’administration centrale, tout comme l’administration
décentralisée.

4
Paul Henri DAMIBA, « Discours », www.lobspaalga.com , 2022.
5
Martine LOMBART et Gilles DUMONT, « Droit administratif », Dalloz, 2003, p 8.

2
Notre thématique nous amène alors à nous poser la question suivante : est-il réel ou imaginaire que
l’ensemble des moyens permettant d’exécuter les décisions du pouvoir politique peut fonctionner
sans un caractère politique ?

Cette réflexion trouve son intérêt dans la renaissance dans le débat public depuis la chute du régime
du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) des grandes réformes à entreprendre au sein de
l’administration. Au titre de ces réformes, celle qui semble retenir beaucoup l’attention est relative à
la dépolitisation de l’administration. Ce regain d’intérêt se manifeste d’une part, au plan théorique en
ce sens qu’elle contribuera à améliorer la littérature déjà existante dans le domaine. D’autre part, au
plan pratique, elle permettra de faire le choix d’un système administratif (spoil ou merit system) et
d’en assumer les conséquences vis-à-vis des administrés.

Notre méthodologie sera essentiellement basée sur une revue documentaire qui consistera à explorer
la littérature déjà existence sur cette thématique. Aussi, nous allons faire recours à des entretiens avec
des personnes ressources de l’administration. Mais le souci de présenter un document scientifique
nous amène à faire l’économie sur certains détails qui pourraient aussi bien s’accommoder avec la
protection des données à caractère personnel. La démarche adoptée est descriptive.

Pour mieux cerner notre sujet, nous avons choisi de l’aborder dans deux (2) chapitres. En effet, notre
premier chapitre est intitulé la consécration formelle de la dépolitisation de l’administration publique
est une réalité au Burkina Faso (chapitre I) et le second chapitre est intitulé l’effectivité de la
dépolitisation de l’administration publique est un mythe au Burkina Faso (chapitre II).

3
CHAPITRE I / LA CONSECRATION FORMELLE DE LA
DEPOLITISATION DE L’ADMINISTRATION PUBLIQUE AU
BURKINA FASO
De façon formelle, le modèle relationnel entre le politique et l’administration s’inspire de la théorie
de Weber (1919)6 que l’on pourrait bien résumer par ses mots : « le ministre décide, l’administration
exécute  ». En effet, l’administration est considérée comme un appareil subordonné au pouvoir
politique, lequel décide seul des politiques publiques et en confie ensuite l’exécution à
l’administration.

Cette séparation entre politique et administration est garantie par un corpus juridique énonçant un
devoir de neutralité imposé aux agents de l’administration dans l’exercice de leur fonction (section I)
d’une part ; la présence d’institutions chargées de veiller sur l’impartialité politique de
l’administration (section II) d’autre part.

Section I : Le devoir de neutralité de l’agent public


Les agents de l’administration publique au Burkina Faso sont régis par des textes législatifs et
réglementaires qui déterminent entre autres les obligations qui pèsent sur eux dans l’exercice de leur
fonction. Il est important de rappeler l’essentiel des textes qui imposent une neutralité aux agents de
l’administration publique (paragraphe 2) mais bien avant, il sied de préciser la portée du principe de
neutralité (paragraphe 1).

Paragraphe 1 : La portée du principe de neutralité

De nombreux auteurs limitent à trois (3) les principes qui gouvernent les services publics. Ce sont le
principe de continuité, le principe d’adaptabilité et le principe d’égalité. Le principe de neutralité
n’apparait que plus tard (A) et ses implications sont gages de dépolitisation de l’administration (B).

A. Une consécration tardive du principe de neutralité

Le principe de neutralité implique la non-discrimination notamment en fonction de la race, des


opinions ou activités politiques, syndicales, des convictions religieuses, philosophiques de l’agent.
Ce principe a pour corollaire le principe d’égalité devant la loi. En effet, le principe de neutralité est
une construction jurisprudentielle. Il a été consacré par le juge du conseil d’Etat (CE) dans l’arrêt
Demoiselle X (CE, 3 mai 1950). Le juge administratif reconnait l’existence d’un « devoir de stricte

6
WEBER Max, Le savant et la politique, 1919, éd.fr : Paris, Plon.

4
neutralité qui s’impose à tout agent collaborant à un service public » 7, justifié par la participation des
agents publics au bon déroulement du service public.

B. Les implications du principe de la neutralité garantes d’une administration apolitique

Le principe de neutralité implique trois (3) aspects importants à savoir la neutralité dans la prestation
du service public, la neutralité dans l’utilisation de bien du service public et la neutralité des agents
du service public.

En effet, la neutralité dans la prestation du service public signifie que les prestations accordées par le
service public sont a priori neutres parce qu’elles visent l’intérêt général dépassant et transcendant
les particularismes sociaux. La neutralité des agents dans l’utilisation de bien du service public vise à
interdire d’accorder l’utilisation du bien public aux usagers en fonction de considérations politiques
ou religieuses. La neutralité des agents du service public c’est le devoir de stricte neutralité qui
s’impose à tout agent collaborant à un service public. Il signifie d’abord que l’agent public ne doit
pas opérer, pour des raisons politiques, philosophiques ou religieuses, de la discrimination entre
usagers de services publics. Ensuite, que l’agent public, doit s’abstenir, dans les services publics, de
toute prise de position politique, religieuse ou philosophique, il ne doit pas faire du service
l’instrument d’une propagande quelle qu’elle soit.

Cependant, la neutralité de l’agent n’implique pas une privation du droit politique fondamental. En
effet, les agents publics ne sont pas toujours contraints de s’abstenir de toute participation à la vie
politique, mais il leur est interdit simplement d’utiliser leur fonction à des fins politiques et d’en faire
une arme de combat politique.

Paragraphe 2 : La consécration d’un cadre juridique propice à une administration non politisée

Le droit positif burkinabè prévoit un statut général et des statuts particuliers applicables aux agents
de l’administration publique. Au regard de ces statuts, il est fait obligation à l’agent public de garder
une neutralité vis-à-vis des affaires politiques.

L’ensemble de ces textes et principes peuvent être regroupés selon qu’ils ont une portée
internationale (A) ou une portée nationale (B). Le texte de portée internationale à la matière est la
charte de la fonction publique en Afrique 8 et les textes à portée nationale sont constitués de loi 081-
2015/CNT portant statut général de la fonction publique d’Etat et des textes qui régissent des emplois

7
Conseil d’Etat, 3 mai 1950, n°98284, Demoiselle X
8
Charte de la fonction publique en Afrique adoptée à Windhoek (Namibie) le 05 février 2005, pages 12.

5
ou des administrations spécifiques (magistrature, police, eaux et forêts et des emplois dans les
établissements publics de l’Etat).

A. Le principe de la neutralité consacrée par la charte de la fonction publique en Afrique

La charte de la fonction publique en Afrique est un instrument juridique adopté par les ministres des
fonctions publiques en Afrique afin entre autre d’exposer et préciser les principes et les règles de
conduite des services publics et des agents de l’Etat qui doivent favoriser un environnement neutre et
stable susceptible de renforcer les valeurs éthiques et l’image du service public, ainsi que le
professionnalisme de ses agents. En effet, elle consacre un ensemble de règles, de principes et de
valeurs régissant les fonctions publiques africaines en matière de transparence, de professionnalisme
et d’éthique.

Ainsi, au titre des principes fondamentaux du service public, la charte de la fonction publique en
Afrique consacre en son article 5 le principe de neutralité: « L’administration qui est au service de
l’intérêt général ne doit exercer sur ses agents, ni de traitement discriminatoire en raison de
caractéristiques liés à la personne. Le service public dans son ensemble demeure neutre á l’égard de
régime en place. Ce principe fondamental s’impose á toute administration ». En effet, cette
disposition consacre la neutralité de l’administration dans le traitement des agents publics. Les agents
publics ne doivent pas être brimés dans leur carrière du fait de leur neutralité politique d’une part ;
les agents publics doivent se démarquer du régime politique en place.

Aussi, elle consacre en son titre 2, un code de conduite de l’agent public qui est un ensemble de
valeurs de référence et de règles de conduite de l’agent public. Au titre des règles de conduite de
l’agent public, l’article 26 consacre la neutralité politique : « L’agent public ne doit pas user de son
poste, de sa fonction ou de sa responsabilité à des fins politiques ou partisanes susceptibles de nuire à
l’intérêt du service public (…). L’agent public ne doit pas, au regard de son appartenance politique
ou de ses propres croyances idéologiques, influencer ou biaiser les politiques, décisions ou actions
que l’administration a décidé de définir, de prendre ou de mettre en œuvre ».

Par ailleurs, le principe de neutralité de l’administration va au-delà des rapports administration,


agents publics et usagers. Il se retrouve dans les locaux administratifs. En effet, les locaux
administratifs doivent être neutres au plan politique. C’est-à-dire que les locaux administratifs ne
doivent pas servir de lieux de rencontres politiques ou de meeting. Cela avait déjà été posé par le
Conseil d’Etat (CE) français le 08 novembre 1965 en ces termes « Considérant que la circonstance
que des groupements politiques d’élèves soient habilités à organiser des réunions politiques au sein

6
du lycée est de nature, nonobstant les conditions dont cette autorisation est assortie, à porter atteinte
au principe de neutralité auquel doivent se conformer, en la matière, les établissements scolaires ».

B. Le principe de neutralité reconnu dans l’ordre juridique interne

Au plan interne, le principe de neutralité de l’administration est consacré par plusieurs textes. Mais la
loi 081-2015/CNT portant statut général de la fonction publique d’Etat est l’instrument juridique
phare. En effet, cette loi contient des dispositions qui consacrent au plan formel un cadre juridique
favorable à une administration non politisée. Elle prévoit des dispositions qui règlementent
l’organisation et le fonctionnement de l’administration et prévoit généralement d’une part que le
mode d’accès à celle-ci soit le concours, et que d’autre part les agents publics soient soumis à
l’obligation de neutralité et de loyauté.

Ainsi, l’article 18 de la loi suscitée règlemente l’accès à la fonction publique en disposant que « Le
mode commun d’accès aux emplois de la fonction publique est le concours, entendu comme étant le
mode de recrutement par lequel des candidats sélectionnés sont soumis à des épreuves à l’issue
desquelles ceux reconnus aptes sont classés par ordre de mérite par un jury souverain et déclarés
admis, dans la limite des emplois à pourvoir, par l’autorité ayant pouvoir d’organisation des
concours ». 

Quant à l’article 39, il consacre l’obligation de loyauté du fonctionnaire « Le fonctionnaire a


l’obligation fondamentale de servir avec loyauté, probité et patriotisme, les intérêts de la collectivité
nationale, de l’Etat et des administrations et institutions au sein desquelles il est employé… ». Par
cette disposition, défense interactive est faite au fonctionnaire de servir les intérêts d’une personne,
d’un groupuscule ou d’un parti politique. Il a obligation de servir avec loyauté seulement les intérêts
de la collectivité nationale, de l’Etat et des administrations et institutions.

Et l’article 44 impose au fonctionnaire une obligation de neutralité. En effet, cet article dispose que :
« Le fonctionnaire doit, en toutes circonstances, assurer ses fonctions en toute impartialité et se
garder de toutes attitudes discriminatoires à l’égard des usagers du service public ainsi que de tous
les comportements de nature à faire douter de la neutralité du service public.

A ce titre, il est interdit notamment d’organiser des activités politiques ou d’installer dans
l’administration publique, de manière formelle ou informelle, des cellules ou toutes formes de
représentations à caractère politique ».

7
D’autres textes régissant des emplois spécifiques ou des établissements publics imposent à l’agent
public un devoir de neutralité politique. Par exemple, l’article 111 de la loi organique n°
050-2015/CNT portant statut de la magistrature dispose : « Il est interdit au magistrat quelle que soit
sa position, d’être membre d’une formation politique ou d’exercer des activités politiques.

Le magistrat désirant s’engager en politique doit, préalablement, rendre sa démission ».

Aussi, l’article 33 de la loi 033-2008/AN portant régime juridique applicable aux emplois et aux
agents des établissements publics de l’Etat dispose que « les agents doivent, en toutes circonstances,
assurer leurs fonctions en toute impartialité et se garder de toutes attitudes discriminatoires à l’égard
des usagers du service public ainsi que de tous comportements de nature à faire douter de la
neutralité du service public ».

En somme, le principe de neutralité qui défend à l’agent public de s’initier dans les affaires publiques
est consacré par plusieurs textes qui regroupent la charte de la fonction publique en Afrique, la loi
dite 081 et des lois spécifiques.

Au-delà des dispositions, ont été consacrées des garanties d’ordre institutionnel qui justifient
l’existence d’une administration neutre au Burkina Faso.

Section II : L’existence d’institutions garantes de la neutralité de


l’administration publique
Au plan formel, il existe un certain nombre d’institutions dont les rôles consistent à veiller à la
neutralité de l’administration publique. Cette architecture institutionnelle peut être regroupée selon
leur caractère administratif (paragraphe 1), politique ou juridictionnel (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : La contribution des organes administratifs à la neutralité de l’administration

De façon globale, il existe le Médiateur du Faso comme organe administratif pouvant veiller à la
neutralité de l’administration (A). Au plan strict de la fonction publique, comme organe
administratif pouvant contribuer à la neutralité de l’administration, il y a le Conseil consultatif de la
fonction publique (B).

A. Le Médiateur du Faso, organe administratif de veille à la neutralité de l’administration

Le Médiateur du Faso a été institué par la loi organique du 17 mai 1994 modifiée par la loi organique
N°017-2013/AN portant attributions, organisation et fonctionnement du Médiateur du Faso. C’est

8
une autorité indépendante et un organe d’intercesseur gracieux entre l’administration publique et les
administrés. A ce titre, le Médiateur du Faso peut conformément à l’article 11 de la loi précitée,
recevoir les réclamations relatives au fonctionnement des Administrations de l’Etat, des collectivités.
Ainsi, Les agents publics peuvent saisir cette institution au sujet de la politisation de l’administration.
Sujet sensible, évoqué de façon récurrente, l’institution elle-même peut s’auto saisir du thème de la
politisation de l’administration.

C’est en cela, que le Médiateur du Faso pourrait assurer le rôle de superviseur de la neutralité des
agents de l’administration. Mais, malheureusement, le Médiateur du Faso semble n’avoir jamais été
saisi ou ne s’est jamais saisi du sujet. Néanmoins, se trouve consacrer au plan formelle une
institution administrative qui pourrait constituer un organe de contrôle de la neutralité de l’agent et
des locaux administratifs.

B. Le Contrôle consultatif de la fonction publique, organe administratif à compétence générale

L’article 78 de la loi 081 dispose : « il est institué auprès du ministre en charge de la fonction
publique, un cadre de concertation dénommé conseil consultatif de la fonction publique, ayant
compétence pour connaitre de toutes les questions d’ordre général concernant la fonction publique et
toutes autres questions dont il est saisi ». Sa compétence s’étend aux agents publics.

Composé d’acteurs représentants aussi bien l’administration que les agents à nombre égalitaire, Le
conseil consultatif de la fonction publique apparait comme un organe neutre chargé de toutes les
questions générales qui concernent la fonction publique et les agents publics. A ce titre, se trouve
consacré au plan formel, un organe dont les attributs contribuent à maintenir une administration
publique non partisane. C’est dire alors qu’il peut être inscrit à son ordre du jour la question générale
de la politisation de l’administration publique sur initiative du Chef du gouvernement, du Ministre en
charge de la fonction publique ou de 1/3 de ses membres titulaires si cette question devient un sujet
préoccupant qui concerne la fonction publique ou l’agent. En outre, le Conseil peut dans le cadre de
son rapport annuel adressé au Ministre chargé de la fonction publique attirer l’attention de celui-ci
sur le sujet de la politisation de l’administration publique en lui indiquant éventuellement des pistes
de solutions.

Au plan administratif, il se trouve donc consacré des organes chargés de veille en matière de
neutralité de l’administration et de l’agent public.

Paragraphe 2 : Les garanties institutionnelles politiques et juridictionnelles de la neutralité de


l’administration et de l’agent public
9
Dans ce paragraphe, deux (2) institutions politiques sont mentionnées. Il s’agit de l’enquête et
l’interpellation parlementaires (A) qui sont des moyens politiques dont dispose le pouvoir
parlementaire pour contrôler l’action gouvernementale et les moyens juridictionnelles qui sont
principalement le recours pour excès de pouvoir (B).

A. L’enquête et l’interpellation parlementaires, moyens de contrôle de la neutralité


de l’administration et de l’agent public

Les commissions d’enquêtes parlementaires ont pour mission de recueillir des éléments
d’information soit sur des faits déterminés, soit sur la gestion des services publics ou des entreprises
nationales en vue de soumettre leurs conclusions à l’assemblée qui les ont créées. En effet, les
parlementaires ont le droit de mener une enquête parlementaire sur la question de la politisation de
l’administration en vue d’en mesurer l’ampleur, de suggérer des solutions pour l’éradiquer et de
veiller à la mise en œuvre de leurs recommandations.

Quant à l’interpellation parlementaire, c’est une demande d’explication adressée par un


parlementaire au gouvernement sur un aspect de sa politique. En effet, le ministre en charge de la
fonction publique peut être interrogé sur la politisation de l’administration. Si cette pratique n’a pas
encore été effective au Burkina Faso, en droit comparé, on peut citer l’exemple du Bénin où suite aux
propos tenus par un des ministres en affirmant qu’il interdisait l’accès de sa localité d’origine à tout
homme politique qui ne soutiendrait pas le président, le président béninois a été interpellé par un
parlementaire.

B. Le recours pour excès de pouvoir, moyen de contrôle de la neutralité de


l’administration et de l’agent public

Le recours pour excès de pouvoir (REP) est un recours contentieux tendant à l’annulation d’une
décision administrative et fondée sur la violation par cette décision d’une règle de droit.

Il « est ouvert même sans texte et a pour effet d’assurer, conformément aux principes généraux de
droit, le respect de la légalité »9. Le recours pour excès de pouvoir vise à demander au juge
administratif de prononcer l’annulation d’un acte édicté par une personne morale de droit publique
ou par une personne morale de droit privé qui s’est vu conférer des prérogatives de puissance
publique. Aussi, il permet de renforcer l’Etat de droit qui oblige les gouvernants à se conformer à la
loi dans leur prise de décisions.

9
CE Ass. , 17 février 1950, Dame Lamotte, N°86949

10
Le REP est un moyen qui permet de contrôler la neutralité de l’administration et de l’agent public.
Certes, nous n’avons pas connaissance au BF des cas de saisine du juge administratif à la matière.
Cependant, en droit comparé, on peut citer l’affaire Barel 10. En effet, dans cette affaire, suite à un
communiqué faisant état du refus du gouvernement français d’accepter un candidat communiste à
l’Ecole Nationale de l’Administration (ENA), le requérant avait saisi le juge administratif. Le
Conseil d’Etat a alors jugé que l’administration ne pouvait, sans méconnaitre le principe de l’égalité
d’accès de tous les français aux emplois et fonctions publics, écarter un candidat sur la liste en se
fondant exclusivement sur ses opinions politiques.

En somme, au Burkina Faso, la dépolitisation de l’administration est formellement consacrée


doublement. D’une part, il existe des textes comme la charte de la fonction publique en Afrique et la
loi portant statut de la fonction publique qui consacrent des dispositions obligeant l’administration et
l’agent public à une neutralité. D’autre part, la présence d’institutions administratives, politiques et
juridictionnelles qui garantissent à l’administration et à l’agent public une neutralité.

Cependant, si la consécration formelle d’une administration dépolitisée au Burkina Faso ne souffre


d’aucune contestation. Qu’il s’avère que la dépolitisation de l’administration est une réalité au plan
formel, quand en est-il de l’effectivité de cette dépolitisation ?

OBSERVATIONS GENERALES

- La numérotation des pages se fait en chiffes arabes (1, 2, 3,…) ;


- Les développements des paragraphes et sous points s’achèvent toujours par une phrase de
transition ;
- Le contenu des sous points doit être amélioré en volume et avec plus d’illustrations ;
- Les dispositions légales ne doivent pas être superposées. Il faut un enchainement logique
avec un développement pour mieux expliquer leur sens et les illustrer ;
- Supprimer les gras et italique dans le corps du document
- Caractère : times new roman

10
CE, 28 mai 1954, Barel.

11
12

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