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Chapitre 3 La dynamique du réseau cristallin

Les vibrations des atomes sont essentielles dans la détermination des propriétés d'un solide
en particulier pour comprendre la capacité calorifique, la conductivité thermique, la dilatation
thermique des solides, la fusion…
Les vibrations du réseau participent au transport de l'énergie dans un solide (conductivité
thermique des isolants, propagation des ondes acoustiques…)

1. Les hypothèses fondamentales



La position r j d'un atome j de la base dans la cellule primitive spécifiée par 𝑅⃗ est donnée,
sans vibrations, par : 𝑟⃗ 𝑗 = 𝑅 ⃗ 𝑗. 𝑅
⃗⃗ + 𝑑 ⃗⃗ vecteur du réseau de Bravais, 𝑑𝑗 vecteur pour repérer la
position des atomes de la base à l’intérieur de la maille primitive.
Nous ferons l'hypothèse que la position d'équilibre moyenne d’un atome est donnée par 𝑟𝑗 .
En présence des vibrations, on pourra donc écrire 𝑟′𝑗 = 𝑟𝑗 + 𝑢 ⃗𝑗 ; 𝑢
⃗ 𝑗 représente le déplacement de
l'atome j par rapport à la position d'équilibre. L’amplitude de déplacement 𝑢 ⃗ 𝑗 est supposé faible,
ceci permet de faire l'approximation harmonique.
L’énergie potentielle U peut être développée autour de sa valeur d’équilibre, en utilisant le
théorème de Taylor :
1 1
𝑈(𝑟 + 𝑎) = 𝑈(𝑟) + 𝑎𝛻𝑈(𝑟) + (𝑎𝛻)2 𝑈(𝑟) + (𝑎𝛻)3 𝑈(𝑟)+. ..
2 3!
avec r = R - R’ et a = u(R) - u(R’)
Prenons le cas d'un cristal avec une base monoatomique, dans lequel on peut décrire
l'énergie potentielle d'interaction entre les atomes comme une somme d'interactions de paires.
Notons 𝜑(𝑥) le potentiel d'interaction entre 2 atomes séparés par x, ce qui implique que l'énergie
potentielle totale s'écrit,
1
𝑈= ∑ 𝜑[𝑅⃗ − 𝑅⃗ ′ + 𝑢
⃗ (𝑅⃗ ) − 𝑢
⃗ (𝑅⃗ ′)]
2
𝑅,𝑅′ 𝑅≠𝑅′

⃗ (𝑅⃗ ) sont faibles, on peut développer 𝜑(𝑅⃗ ) autour


Dans l'hypothèse où les déplacements 𝑢
⃗⃗ − ⃗⃗𝑅′), on obtient avec ; = x; y; z
de (𝑅

1 𝜕𝜑
𝑈= ∑ {𝜑(𝑅⃗ − 𝑅⃗ ′ ) + ∑[𝑢
⃗ 𝛼 (𝑅⃗ ) − 𝑢
⃗ 𝛼 (𝑅⃗ ′ )] ( )
2 ′ ′
𝜕𝑥𝛼 𝑅⃗−𝑅⃗′
𝑅,𝑅  𝑅≠𝑅 𝛼
1 2𝜕 𝜑
+2∑ ⃗ 𝛼 (𝑅⃗ ) − 𝑢
[𝑢 ⃗ 𝛼 (𝑅⃗ ′)]  [𝑢
⃗ 𝛽 (𝑅⃗ ) − 𝑢
⃗ 𝛽 (𝑅⃗ ′ )]. (𝜕𝑥 𝜕𝑥 ) + ...}
𝛼,𝛽 𝛼 𝛽 ⃗ −𝑅
⃗′
𝑅

Le 1er terme de U correspond au potentiel sans tenir compte des vibrations (réseau à
l’équilibre) :
1 𝑁
𝑈𝑒𝑞𝑢𝑖𝑙 = ∑ 𝜑(𝑅⃗ − 𝑅⃗ ′) = ∑ 𝜑(𝑅). 𝑅≠0
2 𝑅,𝑅′; 𝑅≠𝑅′ 2

Le terme linéaire s'annule car le coefficient de 𝑢 ⃗ 𝛼 (𝑅⃗ ) correspond au signe près à la somme
des forces qui s'exercent sur l’atome R à l'équilibre, il est donné par :
1 𝜕𝜑 𝜕𝑈𝑒𝑞𝑢𝑖𝑙
∑ | = =0
2 𝜕𝑥𝛼 𝜕𝑅𝛼
𝑅′ 𝑅−𝑅′

1
L'approximation harmonique revient à négliger dans le développement tous les termes
d'ordre supérieur à deux, on a donc :
U=Uequil+Uharm
Le potentiel harmonique peut s'écrire :
1 2
𝜕 𝜑
𝑈ℎ𝑎𝑟𝑚 = 4 ∑ ∑ ⃗ 𝛼 (𝑅⃗ ) − 𝑢
[𝑢 ⃗ 𝛼 (𝑅⃗ ′)] 𝜕𝑥 𝜕𝑥 |𝑅⃗−𝑅⃗′ [𝑢
⃗ 𝛽 (𝑅⃗ ) − 𝑢
⃗ 𝛽 (𝑅⃗ ′)]
𝛼,𝛽 𝛼 𝛽
𝑅,𝑅′; 𝑅≠𝑅′
1
𝑈ℎ𝑎𝑟𝑚 = 4 ∑ ∑ ⃗ 𝛼 (𝑅⃗ ) − 𝑢
[𝑢 ⃗ 𝛼 (𝑅⃗ ′)] 𝜑𝛼𝛽 (𝑅⃗ − 𝑅⃗ ′)[𝑢
⃗ 𝛽 (𝑅⃗ ) − 𝑢
⃗ 𝛽 (𝑅⃗ ′)]
𝛼,𝛽
𝑅,𝑅′; 𝑅≠𝑅′
𝜕 𝜑 2
𝑎𝑣𝑒𝑐 𝜑𝛼𝛽 (𝑅⃗ − 𝑅⃗ ′) = 𝜕𝑥 𝜕𝑥 |𝑅⃗−𝑅⃗′
𝛼 𝛽
On peut vérifier que Uharm s'exprime sous la forme générale
1
𝑈ℎ𝑎𝑟𝑚 = 2 ∑ ∑ ⃗ 𝛼 (𝑅⃗ )𝐷𝛼𝛽 (𝑅⃗ − 𝑅⃗ ′) 𝑢
𝑢 ⃗ 𝛽 (𝑅⃗ ′)
𝛼𝛽
𝑅,𝑅′
Avec 𝐷𝛼𝛽 (𝑅⃗ − 𝑅⃗ ′) = 𝛿𝑅⃗,𝑅⃗′ ∑𝑅′′ 𝜑𝛼𝛽 (𝑅⃗ − 𝑅⃗ ′′ ) − 𝜑𝛼𝛽 (𝑅⃗ − 𝑅⃗ ′)

L’approximation adiabatique
Dans le cas des cristaux covalents et dans le cas des métaux il faut explicitement tenir
compte de l’effet des électrons de valence sur le potentiel d'interaction entre les atomes.
L’approximation adiabatique repose sur le fait que la vitesse des électrons est de l'ordre de la
vitesse de Fermi (𝑣𝐹 = 108 𝑐𝑚/𝑠) et que la vitesse thermique (quadratique moyenne) des atomes est
plus faible (𝑣𝑖𝑜𝑛 = 105 𝑐𝑚/𝑠)
On peut alors admettre que les électrons suivent instantanément le mouvement des atomes.

2. Modes normaux d'un réseau de Bravais monoatomique à une dimension


Pour expliquer la variation de la capacité calorifique en fonction de la température, il est
essentiel de décrire les vibrations du réseau en utilisant la mécanique quantique. Les résultats
obtenus dans le cadre d'une description classique, en particulier la décomposition en modes
normaux des vibrations, pourra être transposée sans difficulté au cas quantique.
Pour illustrer les idées de base nous avons choisi le cas simple d'une chaine linéaire
d'atomes, tous identiques, équidistants à l'équilibre. Ce cas correspond aussi à la description des
vibrations (longitudinales ou transverses) associées à une onde élastique se propageant selon l'une
des directions principales [100], [110] ou [111] d'un cristal cubique, car dans ces cas des plans
entiers d'atomes se déplacent en phase.

Remarque : La chaleur spécifique cv est relié à la capacité calorifique par la relation : cv=CV/V, ou
V est le volume du cristal.

2.1 Energie potentielle de la chaine linéaire.


Soit un ensemble d'atomes, de masse m, sépares à l'équilibre par une distance a, le vecteur

R du réseau de Bravais est donné par 𝑅⃗⃗ = 𝑛𝑎
⃗.
Nous considérons la réponse élastique d’un cristal dans l’approximation des petites
perturbations. Cette réponse peut alors être supposée une fonction linéaire des forces appliquées.
Soit un le déplacement du nième atome par rapport à sa position d’équilibre au point de coordonnées
xn=na.

2
Dans un réseau monoatomique, le motif de la maille primitive de la structure est constitué
d’un seul atome de masse m. En notant C la constante de proportionnalité entre la force et le
déplacement relatif entre deux atomes successifs (les forces d’interaction peuvent être considérées
comme élastique)

Figure 1 : Chaine linéaire, correspond à la position d’équilibre x=na des atomes, u(na)
représente l’écart par rapport à cette position.

Pour simplifier on suppose que seules les interactions entre premiers voisins sont non
négligeables, le potentiel harmonique peut s’écrire sous la forme :

1 2
𝑈ℎ𝑎𝑟𝑚 = 2 ∑𝑛 𝐶(𝑢𝑛 − 𝑢𝑛−1 )

Les forces d’interactions entre le nième atome et ses voisins n-1 et n+1 est donnée par :

𝜕𝑈ℎ𝑎𝑟𝑚
𝐹𝑛 = − = −𝐶(𝑢𝑛 − 𝑢𝑛−1 ) + 𝐶(𝑢𝑛+1 − 𝑢𝑛 ) = 𝐶(𝑢𝑛+1 − 2𝑢𝑛 + 𝑢𝑛−1 )
𝜕𝑢𝑛

L’équation du mouvement des atomes peut s’écrire :

𝑑2 𝑢𝑛
𝑚 = 𝐶(𝑢𝑛+1 − 2𝑢𝑛 + 𝑢𝑛−1 )
𝑑𝑡 2

(Cette équation est équivalente à l’équation d’un point matériel de masse m liés par des
ressorts élastiques de constante C.)
Cette équation étant linéaire en déplacements, elle admet comme solution générale un
déplacement de la forme d’une onde un=u0ei(kna−t) où u0 est l’amplitude, a la distance entre les
atomes, n et k le vecteur d’onde. En introduisant cette solution dans l’équation précédente, on
obtient la relation suivante entre la pulsation de vibration  et le vecteur d’onde k, dite relation de
dispersion :
𝐶 2𝐶 4𝐶 2 𝑘𝑎
𝜔2 = (2 − 𝑒 𝑖𝑘𝑎 − 𝑒 −𝑖𝑘𝑎 ) = (1 − cos𝑘𝑎) = sin
𝑚 𝑚 𝑚 2

A chaque valeur du nombre d’onde k correspond une valeur définie de , de plus 2est une
fonction paire de k
2(k)=2(-k).
𝐶 𝑘𝑎 𝐶 𝑘𝑎
𝜔 = ±2√𝑚 sin = 2√𝑚 ‖sin ‖,
2 2

 est positif, le signe (–) dans la première expression correspond aux valeurs négatives de k.
On constate sur cette équation que l’évolution de  en fonction de k est périodique, de
période 2/a.

3
On remarque que, si on ajoute ou soustrait 2a aux k, le déplacement un(t) n'est pas modifié.
Nous choisirons dans ce qui suit les valeurs de k comprises entre −/a et +/a., qui correspondent
pour une chaine linéaire aux valeurs de k comprises dans la 1ère zone de Brillouin (k peut prendre
les valeurs positives et négatives).
La figure 3 donne l’évolution de  sur une période, pour un vecteur d’onde k compris entre
−/a et +/a.

Figure 3 : Courbe de dispersion pour une chaine linéaire en tenant compte uniquement des
plus proches voisins. La ligne en trait discontinu correspond à un milieu continu

La vitesse de groupe (vitesse d’un paquet d’onde) vg de cette onde est obtenue
𝑑𝜔 𝐶 𝑘𝑎
classiquement par la relation suivante : 𝑣𝑔 = = √𝑚 𝑎cos .
𝑑𝑘 2
𝜔 sin𝑘𝑎⁄2
La vitesse de phase vph : 𝑣𝑝ℎ = = 𝑣𝑠 | 𝑘𝑎⁄ |
𝑘 2
Pour un vecteur d’onde très faible (k<</a) , vg=vph=vs c’est-à-dire pour des longueurs
d’onde très grandes (>>a),  est proportionnelle à ce vecteur d’onde. En effet, l’expression
𝐶
précédente donnant  peut être développée pour obtenir 𝜔 = (√𝑚 𝑎) 𝑘 = 𝑣𝑠 𝑘 Nous sommes dans
ce cas dans l’approximation de la mécanique des milieux continus (approximation du continuum
élastique).
𝐶
Le facteur de proportionnalité√𝑚 𝑎, vitesse de groupe de l’onde, correspond à la vitesse du
son dans ce milieu, cette vitesse est celle de la théorie des ondes élastiques.
Pour un vecteur d’onde proche de ±/a, la solution un=u0ei(kna−t) s’écrit :
un =u0.e±ine-it u0.(−1)n e-it.
Il n’y a plus de déplacement de l’onde dans l’espace (la vitesse de groupe est nulle), mais
simplement une vibration en temps due au terme un contenant la pulsation eit : c’est une onde
stationnaire.

Figure 2 : Vibration un= u0(−1)n des atomes dans le cas où k=/a.

4
Les atomes successifs vibrent en opposition de phase, du fait du terme (−1)n. Enfin, il est
important de remarquer que le vecteur d’onde k est dans ce cas situé sur la première zone de
Brillouin du cristal. En effet, en balayant les différents plans cristallographiques (et donc pour
différentes valeurs de a), choisir k = ±/a revient à prendre les plans médiateurs entre l’origine et le
point correspondant du réseau réciproque.

2.2 Conditions aux limites


Les conditions aux limites permettent d’établir le domaine de variation du nombre d’onde et
le nombre de valeurs possibles de k dans ce domaine. Jusque-là nous parlons de chaine infinie, dans
une chaine ayant un nombre d’atomes N, il est important de préciser les conditions des deux atomes
aux deux extrémités de la chaine. On peut considérer qu’ils n’interagissent qu’avec leurs voisins de
la chaine, mais ceci complique les calculs sans réel intérêt pour le résultat final. Dans le cas ou N est
grand et qu’on ne s’intéresse pas aux extrémités de la chaine, cette difficulté peut être levée si on
admet que les atomes forment un grand anneau de façon que le dernier atome (n=N) se trouve de
nouveau à la distance a du premier (n=1). Si N est grand, les propriétés d’un tel anneau diffèrent
peu des propriétés d’une chaine linéaire (conditions périodique de Born-Von Karman).

Figure 4 : Les conditions aux bords de Born-Von Karman représentées par un anneau
circulaire les atomes n=1 et n=N de la chaine sont reliées.

Il est donc commode de choisir comme conditions aux limites les conditions périodiques de
Born-Von Karman les atomes n=1 et n=N de la chaine sont reliées par un ressort de constante C.
Dans ce cas on interprète un+N comme un. (un+N= un)

2𝜋
ei(kNa) un=un donc ei(kNa)=1 d’où kNa=2p, 𝑘𝑝 = 𝑝 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝐿 = 𝑁𝑎
𝐿
2𝜋 4𝜋 6𝜋
(𝑝 = 0,  ± 1,  ± 2,  ± 3, . . . ) 𝑘𝑝 = 0,  ± ,  ± ,  ± , . ..
𝐿 𝐿 𝐿

k ne prend que des valeurs discrètes elle est quantifiable. Noter que si on ajoute à k un
multiple entier de 2/a, un ne change pas, la variation de k peut être limité à la première zone de
Brillouin. Le nombre de valeurs possible de k dans la première zone de Brillouin est N.
En résumé, il y a N valeurs k non équivalentes, chacune avec une pulsation unique donnée
par la relation de dispersion.

3. Modes normaux d’un réseau à une dimension avec une base (𝑚1 = 𝑚2 = 𝑚).
Pour introduire cette nouvelle situation, nous prenons le cas d’un réseau de Bravais à une
dimension, formé d’atomes identiques de masse m, mais ayant deux atomes par cellule primitive.
Pour simplifier les notations, nous supposons que chaque atome n'interagit qu'avec ses plus
proches voisins et nous notons K et G les constantes de force correspondant respectivement aux

5
interactions entre les 2 atomes d'une même cellule (séparés par la distance d) et de 2 cellules
voisines (séparés par ad)

Figure 5 : Chaine linéaire à l'équilibre formée de deux atomes par cellule primitive. Le
paramètre du réseau de Bravais est a, d est la distance entre les deux atomes de la base. d<a/2.

Comme dans le cas d'une base monoatomique, on choisit des conditions aux bords
périodiques, correspondant à une chaine fermée sur elle-même. L'énergie potentielle harmonique
s'écrit dans ce cas où nous avons noté respectivement un et vn les déplacements des atomes qui
oscillent autour du site na et (na + d), en accord avec l'hypothèse d<a/2; K>G.

Figure 6 : chaine linéaire formée par des atomes identique. Deux atomes par maille
primitive, les atomes sont reliés alternativement par des ressort de raideur K et G.

L’énergie potentielle harmonique s’écrit sous la forme :

𝐾 2 𝐺 2
𝑈ℎ𝑎𝑟𝑚 = ∑(𝑢𝑛 − 𝑣𝑛 ) + ∑(𝑣𝑛 − 𝑢𝑛+1 )
2 2
𝑛 𝑛

Dans le cas où les deux atomes sont identiques, les équations du mouvement s'écrivent,

𝑑2 𝑢𝑛 𝜕𝑈ℎ𝑎𝑟𝑚
𝑚 2
=− = −𝐾(𝑢𝑛 − 𝑣𝑛 ) − 𝐺(𝑢𝑛 − 𝑣𝑛−1 ) 
𝑑𝑡 𝜕𝑢𝑛
𝑑 2 𝑣𝑛 𝜕𝑈ℎ𝑎𝑟𝑚
𝑚 = − = −𝐾(𝑣𝑛 − 𝑢𝑛 ) − 𝐺(𝑣𝑛 − 𝑢𝑛+1 )
𝑑𝑡 2 𝜕𝑣𝑛

Nous cherchons à nouveau des solutions du type

𝑢𝑛 = 𝑎0 exp(𝑖𝑘𝑛𝑎 − 𝑖𝜔𝑡) et 𝑣𝑛 = 𝑏0 exp(𝑖𝑘𝑛𝑎 − 𝑖𝜔𝑡)

Où a0 et b0 sont des constantes qui déterminent les amplitudes relatives de déplacement des
2 atomes de la base.
Les conditions aux limites périodiques impose que exp(ikNa)=1, soit que :
2𝜋 𝑚 2𝜋
𝑘𝑚 = 𝑎 𝑁
= 𝑚  𝐿
𝑚 = 0,  ± 1,  ± 2,  ± 3, . . . ,  ± 𝑁/2 ; L=Na, longueur de la chaine
atomique.

6
Comme dans le cas d'une base monoatomique, on choisit les valeurs de k situées dans la 1ere
zone de Brillouin. Les conditions aux limites périodiques de Born-Von-Karman conduisent à N
valeurs possibles de k dans la première zone de Brillouin (N nombre de maille primitive).
En remplaçant les expressions dans les équations du mouvement on obtient le système
d'équations linaires.

(𝑚𝜔2 − (𝐾 + 𝐺)) 𝑎0 + (𝐾 + 𝐺𝑒 −𝑖𝑘𝑎 ) 𝑏0 = 0


(𝐾   +   𝐺𝑒 𝑖𝑘𝑎 ) 𝑎0 + (𝑚𝜔2 − (𝐾 + 𝐺)) 𝑏0 = 0

Les solutions non triviales correspondent aux fréquences propres (k) qui annulent le
déterminant,

𝐾+𝐺 1 𝐾+𝐺 1 𝑘𝑎
𝜔2 = ± 𝑚 √𝐾 2 + 𝐺 2 + 2𝐾𝐺cos𝑘𝑎 = ± 𝑚 √(𝐾 + 𝐺)2 − 4𝐾𝐺sin2
𝑚 𝑚 2

𝑏0 𝐾+𝐺exp(𝑖𝑘𝑎)
Avec =∓
𝑎0 |𝐾+𝐺exp(𝑖𝑘𝑎)|

Ainsi pour chacune des N valeurs de k il y a 2 solutions, ce qui correspond à 2N modes


normaux de vibration, en accord avec ce problème où l'on a 2 atomes dans chacune des N cellules
primitives.
Les 2 solutions (k) sont les 2 branches de la relation de dispersion, elles sont représentées
dans la figure suivante

Figure 7 : courbe de dispersion pour une chaine linéaire diatomique. La branche inferieure
est dite acoustique, la branche supérieure optique.

La branche inferieure, dite acoustique, a la même structure que celle obtenue dans le cas
d'une base monoatomique. La relation entre  et k est linéaire pour des faibles valeurs de k, sa
vitesse de groupe s'annule en bord de zone. La branche supérieure est dite optique car les modes
optiques dans les cristaux ioniques peuvent interagir avec les ondes électromagnétiques, ce qui

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déterminé le comportement optique de ces cristaux. Pour comprendre le comportement différent des
modes optique et acoustique,
Etudions séparément les cas où k ≈ 0 et k≈ /a.

Cas où k <</a (k ≈ 0 ) Dans ce cas les solutions sont données par :


2(𝐾+𝐺) 𝐾𝐺
𝜔+ ≈ √ et 𝜔− ≈ √2𝑚(𝐾+𝐺) (𝑘𝑎)
𝑚

La solution  correspond au mode acoustique, elle est telle que a0= +b0, ce qui signifie
que les 2 atomes d'une même cellule sont en phase. La solution , qui correspond au mode
optique, est telle que a0= -b0, ainsi pour le mode optique les deux atomes d'une même cellule
vibrent en opposition de phase, ce mouvement est schématisé ci-dessous.

Figure 8 : Modes de grande longueur d’onde dans une chaine linéaire de base diatomique.
Acoustique (a) et optique (b). Dans les deux cas, le mouvement de chaque maille primitive est
identique, mais, dans le mode acoustique les ions à l’intérieur d’une maille se déplacent ensemble,
alors que, dans le mode optique, ils se déplacent avec un déphasage de.

Cas ou k = /a Dans ce cas les fréquences sont données par:

2𝐾 2𝐺
𝜔+ = √   𝜔− = √  
𝑚 𝑚

Correspondant respectivement à a0b0 et a0=+b0. Dans le cas où k=/a les mouvements


dans 2 cellules voisines sont en opposition de phase [exp(ikna)=(-1)n], et les mouvements des
atomes correspondants sont décrits dans la figure suivante :

Figure 9 : Mode acoustique (a) et optique (b) avec k =/a pour une chaine linéaire de base
diatomique. Le mouvement change de 180° d’une maille à l’autre, mais comme sur la figure 8, les
atomes à l’intérieur de chaque maille se déplacent en phase dans le mode acoustique, et avec un
déphasage de 180° dans le mode optique.

8
Dans chaque cas, seul une distance d ou (a-d) est modifiée, ce qui explique que les
fréquences dépendent uniquement de K ou G.
Dans le cas acoustique les atomes d'une cellule primitive se déplacent essentiellement en
phase, la dynamique est dominée par l'interaction entre les cellules ;
Dans le cas optique les atomes d'une même cellule vibrent l'un par rapport à l'autre, la
fréquence de vibration est élargie en une bande de fréquence par l'interaction entre les cellules.
Il existe une bande de fréquence, pour laquelle il n'y a aucun mode vibratoire, située entre
les branches acoustique et optique.

Si K>>G
2𝐾 𝐺
𝜔+ = √ [1 + 0( )] ;  𝑎0 ≈ −𝑏0
𝑚 𝐾

2𝐺 𝑘𝑎 𝐺
𝜔− = √  |sin |[1 + 0( )] ;  𝑎0 ≈ 𝑏0
𝑚 2 𝐾

La branche optique a maintenant une pulsation indépendante du vecteur d’onde𝑘 ⃗ , les


vibrations sont équivalentes à celle d’une molécule de deux atomes de masse m reliés par un ressort
de constante de raideur K, dans chaque maille primitive les deux atomes vibrent en opposition de
phase. On dit que le cristal est faiblement couplé.
La branche acoustique est identique à celle d’une chaine d’atomes identiques de masse 2m
couplé par des ressort de constante G. Dans chaque maille les atomes vibrent en phase et le ressort
de constante K est peu déformé.
Le cas K=G est identique à une chaine monoatomique de paramètre a/2.

4. Cas à 3 dimensions
Nous avons 3N équations du mouvement (une pour chacune des trois composantes des
déplacements des N atomes).
⃗ à l’intérieur
Pour un réseau monoatomique, comme dans le cas unidimensionnel, seuls les 𝑘
d’une maille primitive du réseau réciproque (1ère zone de Brillouin) donnent des solutions
⃗ , les déplacements de tous les atomes
différentes. Si l’on ajoute un vecteur du réseau réciproque au𝑘
restent complètement invariants, à cause de la propriété des vecteurs du réseau réciproque
⃗.
exp(𝑖𝐺 𝑅⃗ ) = 1. En conséquence, il y aura N valeurs non équivalentes de 𝑘
À trois dimensions, il est important de considérer non seulement le comportement des
⃗ ) (s : indice de bande s = 1, 2 ou 3), mais aussi les relations entre les directions des
fréquences s(𝑘
⃗ ) et la direction de propagation 𝑘
vecteurs de polarisation 𝑎𝑠 (𝑘 ⃗ . Dans un milieu isotrope, on peut

toujours choisir les trois solutions, pour un k donné, de telle sorte qu’une branche (la branche
⃗ ), et les deux autres (les
longitudinale) soit polarisée le long de la direction de propagation(𝑎𝑠 //𝑘
⃗ ).
branches transverses) soient polarisées perpendiculairement à la direction de propagation(𝑎𝑠 ⊥ 𝑘
Les trois solutions pour chacune des N valeurs permises de 𝑘 ⃗ nous donnent 3N modes
normaux.

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Comme à une dimension, l’effet principal de l’introduction d’un motif polyatomique est de
produire des branches optiques. Pour chaque valeur de ⃗𝑘, il existe 3p modes normaux, où p est le
nombre d’atomes du motif. Les fréquences s(𝑘⃗ ) (s = 1,…,3p) sont toutes des fonctions de k, avec
la périodicité du réseau réciproque, ce qui correspond au fait que les fonctions d’onde dont les
vecteurs d’onde 𝑘⃗ diffèrent par des vecteurs 𝐺 du réseau réciproque décrivent des ondes de réseau
identiques. Trois des 3p branches sont acoustiques, proportionnelles à k à la limite de grande
longueur d’onde (petits k), les autres 3(p - 1) branches sont optiques : leurs fréquences ne s’annulent
pas à grande longueur d’onde. On peut voir ces modes comme des généralisations au cas cristallin
des trois degrés de liberté de translation et des 3(p-1) degrés de liberté de vibration d’une molécule
de p atomes. Des courbes de dispersion typiques, pour le cas p=2, sont représentées sur la figure 10.

En résumé, dans le cas à 3 dimensions, pour une cellule primitive avec une base de p
atomes, il apparait 3N modes acoustiques et (3p-3)N modes optiques de vibration. Le comportement
qualitatif est le même que celui calculé dans le cas à une dimension.

Figure 10 : Relation de dispersion Les trois courbes inférieures (branches acoustiques) sont
linéaires en k pour des k petits. Les trois courbes supérieures (branches optiques) sont assez plates
si les interactions à l’intérieur des mailles sont beaucoup plus fortes que celles entre les mailles

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Complément
Vibration de réseaux diatomiques (m1  m2 )
Lorsque la structure cristalline est constituée d’un réseau et d’un motif contenant plus d’un
atome par maille primitive (c’est le cas par exemple de la structure diamant, des structures de type
NaCl et CsCl,…), le spectre de vibration et la relation de dispersion n’ont plus la même forme.
Nous allons généraliser la relation de dispersion au cas de deux atomes de masses m1 et m2
dans le motif élémentaire de la structure. Pour simplifier les calculs, nous ne tenons compte que des
interactions uniques des atomes les plus proches.
Nous considérons une direction cristallographique dans laquelle les mailles du réseau sont
séparés d’une distance a. Nous supposons que, dans cette direction, nous rencontrons
successivement deux types d’atomes. La distance a est celle séparant deux atomes de même type et
se trouvant à des positions équivalentes. Nous notons un le déplacement d’un type d’atomes (masse
m1), et vn le déplacement de l’autre type d’atomes (masse m2), les deux atomes appartiennent à la
même maille. En notant C la constante de proportionnalité entre la force de réaction et le
déplacement entre atomes adjacents (donc de types différents), le système d’équations à résoudre
est :
𝑑 2 𝑢𝑛
𝑚1 = 𝐶(𝑣𝑛−1 + 𝑣𝑛 − 2𝑢𝑛 ) ;  
𝑑𝑡 2
𝑑 2 𝑣𝑛
𝑚2 = 𝐶(𝑢𝑛+1 + 𝑢𝑛 − 2𝑣𝑛 )
𝑑𝑡 2

Figure 1 : structure cristalline diatomique de masses m1 et m2 reliées par la constante de force C.

En cherchant des solutions ayant la forme d’ondes de propagation d’amplitudes u et v, soit


un = uei(nka−t) et vn = vei(nka−t), on aboutit au système linéaire suivant en u et v :
(2𝐶 − 𝑚1 𝜔2 )𝑢 − 𝐶(1 + 𝑒 −𝑖𝑘𝑎 )𝑣 = 0
−𝐶(1 + 𝑒 𝑖𝑘𝑎 )𝑢 + (2𝐶 − 𝑚2 𝜔2 )𝑣 = 0
Ce système d’équations aura une solution non triviale (non nulle en u et v) si son
déterminant est nul. Cette condition fournit l’équation du second degré que doit satisfaire le carré de
la fréquence de l’onde. On obtient ainsi les deux solutions suivantes :
2𝐶 − 𝑚1 𝜔2 −𝐶(1 + 𝑒 𝑖𝑘𝑎 )
| |=0
−𝐶(1 + 𝑒 𝑖𝑘𝑎 ) 2𝐶 − 𝑚2 𝜔2
 𝑚1 𝑚2 𝜔4 − 2𝐶(𝑚1 + 𝑚2 )𝜔2 + 2𝐶 2 (1 − cos𝑘𝑎) = 0
1 1 1 1 2 4 𝑘𝑎
𝜔2 = 𝐶( + ) ± 𝐶√( + ) − sin2 ( )
𝑚1 𝑚2 𝑚1 𝑚2 𝑚1 𝑚2 2
Le domaine de la première zone de Brillouin est /a  k</a où a est la période du réseau
direct.
La représentation graphique de la relation de dispersion est donnée par :

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La figure donne l’allure des deux solutions obtenues dans le cas où m1>m2 (structure NaCl
par exemple) et dans le cas où m1=m2 (structure de Si par exemple). On remarque sur ces figures
deux branches. La branche dite acoustique a une forme analogue à celle obtenue dans un réseau
monoatomique, et une branche dite optique s’ajoute à la relation de dispersion. Lorsque les deux
types d’atomes sont différents (m1  m2), il apparaît une bande de fréquence interdite. Si on cherche
une solution de vibration en fréquence dans cette bande, le vecteur d’onde obtenu sera complexe, ce
qui conduit à une onde amortie dans l’espace.

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