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Mazet et P. Guilhem La
modélisation physique d’ouvrages d’assainissement, source intéressante de gains technico-économiques
RESUME
Les dysfonctionnements hydrauliques d’un ouvrage d’assainissement engendrent généralement des
surcoûts importants d’investissement et d’exploitation. Malgré une connaissance importante de ce type
d’ouvrage, chaque projet est le plus souvent unique et doit bénéficier d’une attention particulière lors
de sa conception.
Le présent article montre comment les études sur modèles physiques peuvent venir en aide à
l’ingénieur-concepteur d’ouvrages d’assainissement afin d’éliminer ces dysfonctionnements. La
démonstration du gain économiques est également appréhendée de façon générale.
Enfin, deux exemples d’études récentes sur modèles physiques réalisées au laboratoire de la CNR
permettent d’étayer la démonstration sur des cas concrets.
ABSTRACT
Hydraulic misoperations in a sewer system generate generally an increase of investing and operating
costs. In spite of an important knowledge of these works, each project is most of the time unique and
must be studied carefully.
This paper show how scale model studies could help sewer works designers to avoid misoperations and
get substantial savings in construction cost and/or operating cost of the scheme.
Finally, two examples of recent scale model studied in the CNR laboratory are described and saving
costs are evaluated.
I. INTRODUCTION
Dans le domaine de l’assainissement urbain, la conception générale d’un aménagement (avant projet)
est le plus souvent effectuée en se basant d’une part sur des ouvrages analogues existants ayant prouvé
leur efficacité, et d’autre part sur des formules théoriques ou empiriques de l’hydraulique classique.
Si cette méthode est généralement suffisante dans la conception initiale de l’ouvrage, elle ne permet pas
de déterminer son dimensionnement au stade de « projet détaillé » sans risquer de voir apparaître des
problèmes techniques lors de son exploitation (existence d’entraînement d’air par vortex, cavitation,
surpressions..).
En effet, dans le domaine de l’assainissement, comme dans de nombreux autres domaines, chaque étude
de cas reste unique. Chaque ouvrage comporte ses propres caractéristiques hydrauliques (débits de
projet), ses contraintes de fonctionnement, ses contraintes géométriques (emprise disponible) ainsi que
ses contraintes de coût de réalisation.
De l’unicité de ces ouvrages et de la complexité des écoulements, naît naturellement l’idée de voir « en
petit » sur un modèle réduit (ou physique) ce qui se passe « en grand », dans la réalité.
L’objet de cet article est de préciser dans une première partie les domaines d’application des études sur
modèles physique et les gains technico-économiques que l’on peut en tirer.
Dans une seconde partie, deux cas concrets d’études récentes sur modèles physiques sont présentés,
l’étude du bassin de Carreire et l’étude de la station de pompage Louis Fargue à Bordeaux.
A l’instar des principaux ouvrages d’assainissement pluvial réalisés à ce jour par la Communauté
Urbaine de Bordeaux, la phase conception a bien souvent intégré un dimensionnement hydraulique
affiné par les résultats d’une modélisation physique.
On peut considérer aujourd’hui que les optimisations d’ouvrages obtenues ont amélioré le niveau de
protection (quelques décimètres gagnés sur la ligne piézométrique du bassin versant dont la topographie
plane et la situation de l’exutoire du réseau sous l’influence de l’estuaire sont particulièrement
préjudiciables) et les conditions de maintenance et de pérennité de ces équipements.
II.3 Conséquences
Les problèmes techniques mentionnés ci-dessus ont des conséquences directes sur l’exploitation et la
pérennité de l’ouvrage :
¾ Vibrations et impact sonore importants ;
¾ Faible rendement des équipements ;
¾ Colmatage des équipements.
¾ Durée de vie des équipements raccourcie par usure prématurée ;
Dans certains cas extrêmes, l’ouvrage ne pourra pas répondre au cahier des charges techniques qui lui
avait été imposé, par exemple :
¾ Impossibilité de pomper le débit maximal de projet (station de pompage);
¾ Impossibilité de stocker le volume maximal de projet (bassin d’orage) ;
Dans d’autres cas, le mauvais fonctionnement d’un ouvrage pourra induire des dysfonctionnements sur
le réseau auquel il est couplé (transmission d’ondes de disjonction trop importantes, transmission de
fortes dépression ou surpression pouvant conduire à la destruction d’un tronçon de conduite, …).
L’ensemble de ces dysfonctionnements pourrait conduire, en outre, à une mauvaise image de marque de
la société d’exploitation.
Canal
Alimentation 2
Ø 2200 du
Peugue
Puits de
chute
Qprojet = 17 m3/s
Bassin de
Entonnement récupération
Évacuation
Support
vers circuit
fermé
Alimentation 1
Ø 2200 du
Peugue
Alimentation 3
Ø 1800 projeté Qprojet = 6.4 m3/s
L'ensemble du modèle a été construit en hauteur de manière à ce que les écoulements puissent être
visualisés et les différentes mesures de vitesses ou de courantologie puissent être réalisées par le dessus
sans difficulté.
Le modèle a été entièrement construit en Plexiglas pour permettre une parfaite visualisation des
écoulements.
Bassin Bâche de
Vannes réglage
d'alimentation pompage
Du plexiglas a été utilisé pour les corps de pompe et les chambres d'aspiration des pompes car il permet
une excellente visibilité des écoulements, ce point étant capital pour l’observation des vortex, des
prérotations et la mise en évidence des risques d’entraînement d’air.
Chaque pompe contient un vortomètre situé à la place de la machine tournante dont l'observation par
transparence permettra de quantifier les prérotations.
Les formes complexes telles que les corps de pompes ont été usinés sur tour et polies.
Des systèmes de pompage indépendants permettent de reproduire le fonctionnement des pompes. Le
choix des pompes en fonctionnement simultané couvre toutes les configurations possibles.
VI. CONCLUSION
Le modèle réduit physique est un outil irremplaçable pour traiter les problèmes complexes
d’écoulements tridimensionnels dans les ouvrages d’assainissement. Il permet la définition technique
détaillée d’un projet et garanti au maître d’ouvrage un fonctionnement optimal des ouvrages.
Les études sur modèles physiques sont, au final, économiquement rentables. Leurs coûts sont très
inférieurs aux économies générées par la suppression des dysfonctionnements hydrauliques couramment
observés dans les ouvrages d’assainissement.
Enfin, l’évolution croissante des techniques de mesures et d’observations des phénomènes hydrauliques
sur modèle physique fait que cet outil sera de plus en plus précis et compétitif dans l’avenir.