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Construit à partir de propositions de Raphaël LECA.

UFRSTAPS Dijon E2 CAPEPS 2015

La crise d’adolescence entraîne souvent un mal être chez l’individu. Comment, d’après vous,
le Professeur d’EPS (Education Physique et Sportive) peut-il intervenir pour gérer cette
crise ? Donnez un exemple précis dans un sport de votre choix.
B. « Ce qui caractérise l’adolescence, c’est le changement. Changements morphologiques, certes,
mais pas uniquement. L’adolescent est en proie à de profonds bouleversements, qui touchent
aussi bien à son identité, à ses structures cognitives qu’à son rapport aux autres. C’est aussi une
période de crise, qui passe par le deuil de l’enfance et la préparation aux responsabilités de l’âge
adulte » (P. Gosling, in L’adolescence, p.11). C’est au cours de l’adolescence que chaque chaque
individu construit une image positive de soi, ainsi que son autonomie.
Mais ce chemin n’est pas linéaire et sans obstacle, l’adolescent peut s’y perdre. Les
transformations corporelles consécutives à la puberté alimentent souvent une certaine fragilité.
A. Si certains adolescents en effet ont très peu confiance en eux, ils se sentent « nuls », ou « bons
à rien ». L’adolescence est donc une période sensible dans la construction d’une image positive
de soi, que nous définirons comme le composant évaluatif et affectif du concept de soi que J.-
P.Famose et al. (2005) définissent comme « le jugement qualitatif et le sentiment attaché à la
description qu’on assigne au soi ». Plus trivialement, disposer d’une image positive de soi, cela
signifie être fier de soi.
H. Nous défendrons l’idée selon laquelle l’adolescence est une période sensible à de nombreux
égards, période qui ouvre de nouveaux possibles. C’est pourquoi l’EPS doit permettre la
valorisation de soi en proposant à chaque élève d’acquérir de nouvelles habiletés motrices, de
connaitre des réussites, chacun à son niveau.

D. Pour construire une image favorable de soi, il est nécessaire de construire les conditions d’une
réussite concrétisée par la maîtrise de nouveaux pouvoirs moteurs. En d’autres termes, il faut
qu’ils se sentent compétents.
E. Pour cela, il est nécessaire que les élèves sachent qu’ils progressent, qu’ils sont plus efficaces,
qu’ils se rapprochent des objectifs visés. Aussi, en concrétisant les critères de réussite,
l’enseignant doit fournir à l’élève des renseignement sur ses résultats et sa performance (Famose,
1998, Apprentissage Moteur et Difficulté de la Tâche). Ces feedback exercent aussi souvent une
fonction « affective » car les encouragements ou les félicitations de l’enseignant sont de nature à
renforcer le sentiment de compétence.
C. Par exemple, au cours d’un cycle natation, nous mettrons en place un tableau permettant à
l’élève de se situer dans ses apprentissages. D’un côté, il pourra chronométrer son temps en
brasse sur 25 mètres (connaissance du résultat), mais également compter le nombre de cycle de
bras et jambes pour réaliser ces 25 mètres. Une nage technique et efficiente étant caractérisée par
un nombre de cycle relativement bas (connaissance de la performance). Ainsi, non seulement
l’élève saura qu’il a progressé, mais il pourra également se fixer de nouveaux défis (travail de
l’autonomie) en fonction de sa progression personnelle.

F. Cette image de soi dépend en partie de ce que le sujet pense être capable de faire, c’est-à-dire
des pouvoirs dont il dispose. Parmi ces pouvoirs, les pouvoirs moteurs correspondent à un
ensemble de ressources motrices qui permettent de produire des effets tangibles dans
l’environnement physique et humain. En EPS, les pouvoirs moteurs renvoient à la construction
d’habiletés motrices (que l’on retrouve au sein des programmes dans la déclinaison en «
capacités » de la compétence attendue) : maîtriser un coup droit au tennis, un salto en
gymnastique sportive, un tir en course au basket-ball, un fosbury en athlétisme, etc.
I. M. Durand souligne l’importance du « petit matériel pédagogique » (Chronomètre et
survêtement, Editions Revue EPS, Paris, 2001), afin de mettre en relief les repères à prendre dans
la situation, et afin de rendre les buts à atteindre les plus concrets possibles, pour « faire parler la
tâche à la place de l’enseignant ».
G. Dans notre réponse, nous avons surtout insisté sur la construction de nouvelles habiletés
motrices, afin de permettre aux adolescents d’agir avec efficacité dans l’environnement. Ce sont
ces nouveaux « pouvoirs moteurs » qui les amènent à penser qu’ils savent « faire des choses », et
en retirer de la fierté. Car ce qui alimente en premier lieu l’estime de soi, c’est le sentiment de
compétence. Ce sentiment se nourrit en EPS de la réussite, laquelle se traduit notamment par la
maitrise de nouvelles habiletés motrices. Réussir est le plus puissant levier de résilience et de
réparation des blessures narcissiques chez les adolescents, et cela assez rapidement, car des
recherches ont montré une variabilité même à court terme de l’estime de soi, celle-ci évoluant
avec les événements de la vie (Delignières, Fortes et Ninot, 2004).

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