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Géophagie et grossesse : état des connaissances et conduite à tenir.

Expérience d’une maternité de Guyane française

Article  in  Journal de Gynécologie, Obstétrique et Biologie de la Reproduction · September 2014

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6 authors, including:

Veronique Lambert Célia Basurko

Centre Hospitalier de l'Ouest Guyanais Centre Hospitalier de CAYENNE Andrée ROSEMON
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Boukhari Rachida Gabriel Carles

Centre Hospitalier franck Joly CH Ouest Guyanais
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JGYN-905; No. of Pages 8 ARTICLE IN PRESS
Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction (2013) xxx, xxx—xxx

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

TRAVAIL ORIGINAL

Géophagie et grossesse : état des connaissances et

conduite à tenir. Expérience d’une maternité de
Guyane française
Geophagy and pregnancy: Current knowledge and management. Clinical
experiences of an obstetrical department in French Guiana

V. Lambert a,∗, K. Pouget a, C. Basurko b, R. Boukhari c, F. Dallah a, G. Carles a

a
Service de gynécologie-obstétrique, centre hospitalier de l’Ouest guyanais, 16, avenue du Général-de-Gaulle, BP 245, 97320
St-Laurent-du-Maroni, Guyane française
b
Centre d’investigation clinique épidémiologie, clinique Antilles Guyane CIC-EC CIE 802, centre hospitalier de Cayenne, rue des
Flamboyants, BP 6006, 97306 Cayenne, Guyane française
c
Laboratoire d’analyse, centre hospitalier de l’Ouest guyanais, 16, avenue du Général-de-Gaulle, BP 245, 97320
St-Laurent-du-Maroni, Guyane française

Reçu le 9 mars 2013 ; avis du comité de lecture le 26 mai 2013 ; définitivement accepté le 3 juin 2013

MOTS CLÉS Résumé

Grossesse ; Objectif. — Faire le point de l’état des connaissances sur les déterminants et les conséquences
Pica ; de la géophagie pendant la grossesse.
Géophagie ; Méthode. — Recherche bibliographique en langues anglaise et française sur la base Scopus et
Anémie ferriprive ; rapport d’expérience sur la prise en charge de femmes enceintes géophages observées à la
Aluminium ; maternité de Saint-Laurent-du-Maroni (Guyane française).
Métaux lourds Résultats. — La géophagie est une pratique souvent méconnue. Initiée par divers stimuli allant
de la nausée à la carence martiale, sa pratique soutenue durant la grossesse a de multiples
conséquences en raison d’interactions ioniques complexes avec le tube digestif. La consom-
mation d’argile est une source de carence martiale qui peut aller jusqu’à la mise en jeu du
pronostic vital maternel par hémorragie du post-partum sur anémie sévère. Sur le versant fœtal,
outre les effets bien connus de l’anémie sur le risque de prématurité, la géophagie entraîne
une surexposition aux métaux lourds et en particulier à l’aluminium qui doit faire considé-
rer cette pratique comme potentiellement nocive pour le neuro-développement de l’enfant.

∗ Auteur correspondant.
Adresses e-mail : v.lambert@ch-ouestguyanais.fr, vlambert2@orange.fr (V. Lambert).

0368-2315/$ – see front matter © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
http://dx.doi.org/10.1016/j.jgyn.2013.06.001

Pour citer cet article : Lambert V, et al. Géophagie et grossesse : état des connaissances et conduite
à tenir. Expérience d’une maternité de Guyane française. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) (2013),
http://dx.doi.org/10.1016/j.jgyn.2013.06.001
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2 V. Lambert et al.

L’évaluation et les corrections des perturbations ioniques provoquées par l’ingestion prolon-
gée d’argile doivent être systématiques en tenant compte de la situation de malabsorption
secondaire qui justifie souvent le recours à la voie parentérale.
© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Summary
KEYWORDS Objective. — To provide an overview of the current state of knowledge concerning the determi-
Pregnancy; nants and consequences of geophagy during pregnancy.
Pica; Method. — Bibliographic searching of articles published in English or French and included in the
Iron-deficiency Scopus database, and reporting of our experience with the management of geophagic pregnant
anemia; women at the maternity unit of Saint-Laurent-du-Maroni (French Guiana).
Geophagia; Results. — Geophagy is a little known practice initiated by various stimuli, including nausea and
Aluminum; iron deficiency. Sustained geophagy during pregnancy has many consequences, due to complex
Heavy metal ionic interactions with the digestive tract. Clay consumption may lead to iron deficiency, which
may even be life-threatening in cases of post-partum haemorrhage in severely anaemic women.
For the foetus, in addition to the known risk of preterm birth associated with maternal anae-
mia, maternal geophagy may lead to overexposure to heavy metals, including aluminium in
particular. This practice should therefore be considered potentially damaging to the neurologi-
cal development of the child. The ionic imbalances caused by the ingestion of clay over a long
period should be systematically evaluated and corrected, given the secondary malabsorption
they may cause, often necessitating parenteral feeding.
© 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Introduction et méthodologie
La géophagie est la consommation régulière de terre.
Les comportements alimentaires consistant en une inges-
tion compulsive de substances non nutritives sont appelés
picas. À l’instar de la pagophagie (ingestion de glaçons) ou
l’amylophagie (ingestion d’amidon), cette curieuse appé-
tence connaît une recrudescence pendant la grossesse, en
particulier chez des patientes non caucasiennes. Peu connue
du corps médical, la géophagie n’est pas recherchée de
façon systématique lors de l’examen prénatal. De leur côté,
les patientes, bien souvent migrantes en situation précaire,
confient rarement s’adonner à cette pratique, parfois par
peur d’une stigmatisation, souvent parce que celle-ci n’est
pas ressentie comme un problème de santé.
Pourtant, dans le tube digestif de la femme enceinte,
l’argile ingérée en quantité parfois massive interagit avec le
bol alimentaire. Ses remarquables propriétés d’échangeuse
d’ions bouleversent l’absorption des ions et des métaux,
provoquant carences et intoxications dont l’installation va
se faire à bas bruit durant la grossesse. La géophagie n’est
donc pas un simple trouble du comportement alimentaire,
c’est une pathologie véritable nutritionnelle qui va pertur-
ber le déroulement de la grossesse et menacer le bien-être
de la mère et de l’enfant.
Ce travail se propose de faire le point de l’état
des connaissances sur la physiopathologie et les consé-
quences obstétricales de cette pratique. Il s’appuie sur
une recherche bibliographique élargie et sur notre expé-
rience de maternité en zone tropicale. Les recherches
documentaires ont été menées sur les bases Pubmed et
Scopus qui balayent un large champ de spécialités scien-
tifiques impliquées à côté de la médecine dans l’étude
des argiles et de leurs interactions avec le vivant : vétéri-
naires, chimistes, pédologues, psychocomportementalistes,
ethnologues. . . Seuls les articles en français et en anglais
ont été retenus. Les mots clés utilisés étaient : geopha-
gia ou geophagy, pica, clay, kaolin, aluminum, pregnancy,
iron-deficiency anemia. Notre expérience de la géophagie
repose sur la confrontation quotidienne avec cette pratique
dans une maternité de niveau II en zone tropicale réali-
sant plus de 2000 accouchements par an (centre hospitalier
de l’Ouest guyanais, Saint-Laurent-du Maroni). La géopha-
gie y concerne plus d’une femme sur quatre. Une étude de
cohorte initiée en 2009 sur un échantillon de 109 femmes
enceintes géophages et anémiées, recrutées selon les moda-
lités décrites par ailleurs, nous a servi pour proposer une
conduite à tenir [1].
Le contexte géophagique
La géophagie n’est pas une spécificité humaine, c’est
un comportement ancestral partagé par de nombreuses
espèces d’oiseaux, de reptiles, de mammifères. Chez
l’animal, sauvage ou d’élevage, les sols consommés sont
quasi exclusivement des argiles. Dans nos sociétés, ces
argiles, de récolte et de conditionnement semi-artisanal,
sont disponibles via les réseaux de distribution de produits
exotiques dans toutes les régions d’Europe [2]. Le choix de
ces terres argileuses, souvent des kaolinites ou des smec-
tites, n’est pas le fruit du simple hasard mais résulte d’une
longue démarche adaptative [3].
L’argile est inscrite dans les pharmacopées occiden-
tales et traditionnelles. À côté d’activités thérapeutiques
certaines, l’argile est parée d’un rôle magique dans de
nombreuses cultures ce qui complexifie d’une dimension
symbolique l’acte géophagique.
La géophagie humaine est retrouvée dans tous les conti-
nents depuis l’antiquité et même la préhistoire ; elle perd
de sa visibilité dans les pays industrialisés où elle est sup-
plantée par d’autres picas (amylophagie, pagophagie) ; elle
semble ne plus y concerner que quelques femmes enceintes,

Pour citer cet article : Lambert V, et al. Géophagie et grossesse : état des connaissances et conduite
à tenir. Expérience d’une maternité de Guyane française. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) (2013),
http://dx.doi.org/10.1016/j.jgyn.2013.06.001
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Géophagie et grossesse : état des connaissances et conduite à tenir
de jeunes enfants, et certains malades (insuffisants rénaux,
malades mentaux) ; elle demeure cependant très pratiquée
par des migrantes non caucasiennes (asiatiques au Royaume
Uni, africaines en France) [2—5]. Sa prévalence reste mal
connue et n’a été étudiée que sur des échantillons res-
treints : elle est très variable selon la composition sociale
et ethnique de la population allant de 71 % des femmes
enceintes Zaïroises à moins de un pour cent de celles du
Danemark [5,6].
Plusieurs types de géophagie se côtoient dans la littéra-
ture scientifique brouillant l’analyse de ses conséquences :
• des consommations maîtrisées, parfois initiées par des
médecins, des tradipraticiens ou des naturopathes avec
un but thérapeutique ou magique ; les quantités absor-
bées sont limitées et l’ingestion ponctuelle ; ce type de
consommation limitée dans le temps semble sans danger ;
• des consommations de disette, l’argile constituant un bal-
last peu coûteux dans les périodes de pénurie ; la faible
qualité nutritionnelle de cette alimentation de fortune
et le contexte épidémique des famines débouchent sans
surprise sur une mortalité cataclysmique dans ce type de
géophagie ;
• des consommations à type de craving, véritables bou-
limies incontrôlables rentrant dans la définition du
Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders
(DSM IV) des picas. Décrites comme une envie irré-
pressible, elles échappent au contrôle de la volonté du
sujet. L’association puissante de ce type de géophagie à
l’anémie ferriprive est connue depuis l’antiquité. Jusqu’à
plusieurs centaines de grammes d’argile sont parfois quo-
tidiennement ingérées. Cette forme de géophagie émerge
souvent pendant la grossesse pour disparaître ou non dans
le post-partum. C’est ce type de consommation que le
professionnel de santé recherchera par un interrogatoire
mené avec tact dès le début de la grossesse.
Étiopathogenie
Dans l’espèce humaine, le besoin manger de la terre appa-
raît dans la petite enfance et au moment de la grossesse
mais le stimulus amorçant ce phénomène n’est pas claire-
ment identifié. Beaucoup d’hypothèses ont été avancées,
souvent basées sur des études transversales où il est impos-
sible de dégager cause et conséquence. Pour faire avancer
la controverse, on ne peut que s’appuyer sur des proto-
coles expérimentaux animaux ou sur quelques observations
humaines d’apparition du phénomène suite à une interven-
tion ciblée.
Les circonstances émétisantes
Lorsqu’on injecte des produits toxiques vomitifs (chlorure de
lithium, cisplatine, apomorphine) à des rats ayant à leur dis-
position de la nourriture et du kaolin, on observe l’abandon
des nutriments habituels au profit d’une géophagie propor-
tionnelle à la dose de toxique injectée [7]. De la même
façon, des comportements d’ingestion compulsive de kaolin
sont provoqués en soumettant des rats à une centrifugation
simulant un mal des transports, ou en les irradiant [8,9].
De Jonghe et al. ont montré que dans ces circonstances
Pour citer cet article : Lambert V, et al. Géophagie et grossesse : état des connaissances et conduite
à tenir. Expérience d’une maternité de Guyane française. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) (2013),
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3
émétisantes, les rats géophages étaient moins malades et
perdaient moins de poids que leurs congénères qui n’avaient
pas accès au kaolin. En définitive, manger de l’argile limite
les conséquences néfastes de ces états nauséeux [10].
Les situations de stress
Reichardt a observé que lorsque des rats étaient placés
sur une grille au dessus du vide au lieu d’un sol plan, ils
consommaient de grandes quantités de kaolin (Reichardt F.
Ingestion spontanée d’argiles chez le rat : rôle dans la phy-
siologie intestinale. Thèse de doctorat (2008), université
Louis-Pasteur). Ayant stressé des rats par différents proces-
sus, Burchfield et al. concluent que la géophagie pouvait
suivre toute altération de l’homéostasie et que cette géo-
phagie était communicative à des rats naïfs cohabitant avec
les rats expérimentalement perturbés, dans une espèce de
dynamique de groupe [11].
La carence martiale
Chez l’animal et chez l’homme, la carence martiale
déclenche une pagophagie comme l’ont montré Woods et
Weisinger en observant des rats anémiés auxquels glaçons
et nutriments étaient proposés [12]. Par extrapolation, il
est admis que la consommation d’argile est également
provoquée par un déficit en fer mais la démonstration expé-
rimentale n’en a pas été faite. L’argument thérapeutique
contribue à étayer cette hypothèse : plusieurs auteurs rap-
portent l’arrêt de la géophagie après injection de fer avant
même que disparaisse l’anémie ; mais on trouve également
des contre-exemples de publications où cette même correc-
tion n’a pas enrayé le phénomène [4,13].
Chirurgie bariatique
Cinq cas de pica ont été décrits entre un mois et cinq
ans après une intervention de dérivation bilio-pancreatique
avec gastrectomie pour obésité. Le pica ne concernait que
l’ingestion de glaçons ; induites par cette chirurgie baria-
tique, une carence martiale était présente chez tous les
patients et une hypocalcémie chez un ; chaque fois, dans
les jours ou semaines suivant la correction des carences,
l’ingestion de glace était significativement réduite [14].
Hypothèse carentielle
Il a été avancé, devant la richesse en sels minéraux
des argiles consommées, que ce sont des carences nutri-
tionnelles, en particulier en calcium ou en zinc, qui
déclencheraient le besoin de manger de la terre [15]. Mais la
composition des argiles ne reflète pas la biodisponibilité de
leur contenu minéral comme on le verra plus loin et aucune
expérience n’a montré que de telles carences initiaient ces
comportements géophages.
L’étiopathogénie de la géophagie est donc complexe
et très certainement multifactorielle : toutes les femmes
nauséeuses, carencées ou angoissées n’ingèrent pas de la
terre. Peut-être s’y ajoute-t-il une prédisposition génétique
comme ont tenté de le démontrer Lee et al. dans leurs
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4 V. Lambert et al.
travaux sur le lien entre pica et mutation de TMPRSS6,
une protéine transmembranaire régulant l’expression de
l’hepcidine qui contrôle l’homéostasie du fer [16].
A priori, plusieurs types de stimuli déclenchent, hors du
champ de la conscience à la manière d’un réflexe archaïque,
peut-être sur un terrain déterminé, une appétence irré-
pressible pour l’argile. Il faut souligner, qu’en dehors de la
nausée, l’ingestion d’argile est incapable de corriger les sti-
muli habituellement cités comme initiateurs : il n’a jamais
été décrit de correction d’une carence martiale chez un
géophage.
En pratique, il y a donc tout intérêt à corriger ces situa-
tions prédisposantes dès le début de la grossesse si on veut
éviter l’entrée en géophagie.
Conséquence sur la grossesse
Anémie par carence martiale
Alors que les besoins en fer croissent pendant la grossesse,
l’ingestion d’argile provoque le piégeage des ions ferreux et
ferriques par la matrice argileuse et conduit inexorablement
à l’épuisement des réserves martiales. Une carence mar-
tiale est presque universellement observée chez les femmes
enceintes géophages, mais selon le type d’argile, cette
captation du fer est plus ou moins complète [17]. Alors
qu’on a longtemps avancé que les stocks martiaux du fœtus
étaient toujours préservés, de nombreux travaux montrent
que les carences maternelles profondes impactent égale-
ment les réserves fœtales. Ces taux de ferritine basse chez
le nouveau-né sont associés à des déficits cognitifs irréver-
sibles dès la petite enfance [18—20].
Lorsque la ferritine sérique chute en dessous de
12 ␮g/L, une anémie s’installe, classiquement microcy-
taire (VGM < 80 ␮) hypochrome arégénérative (réticulo-
cytes < 5 %) ; elle va s’aggraver tant que l’entrée du fer
dans les entérocytes reste bloquée. C’est une authentique
anémie par malabsorption que les mécanismes de régu-
lation de la synthèse d’hepcidine maternelle ne sont pas
capables d’enrayer. Outre l’asthénie, cette anémie consti-
tue un facteur de risque significatif en termes de morbidité
tant maternelle que fœtale. De façon quasi unanime et sur
de nombreuses séries, il est reconnu que l’anémie ferriprive
majore le risque d’accouchement prématuré et celui de
faible poids de naissance. Ainsi, la vaste enquête rétrospec-
tive concernant 153 396 naissances de Levy et al. a montré
que chez les 13 204 femmes dont le taux d’hémoglobine (Hb)
était inférieur à 10 g/100 mL en début de suivi de grossesse,
le nombre d’accouchements avant 37 SA était majoré avec
un odd ratio (OR) de 1,1 [95 % CI 1,1—1,2, p = 0,001] ainsi
que le nombre d’enfants de poids de naissance inférieur à
2500 g OR = 1,2 [95 % CI 1,1—1,2, p < 0,001]. La prématurité
ainsi induite va, à son tour, majorer le risque d’altération
du développement cognitif fœtal [21].
Le tableau peut s’aggraver jusqu’à atteindre des taux
d’Hb extrêmement faibles caractérisant le passage à une
anémie sévère (Hb < 7 g/dL selon l’OMS). Kavle et al. ont
montré que dans les situations d’anémies modérées à
sévères (Hb < 9 g/dL), le volume des pertes sanguines était
majoré lors de l’accouchement, et d’autres ont observé une
nette majoration du risque d’hémorragie du post-partum
Pour citer cet article : Lambert V, et al. Géophagie et grossesse : état des connaissances et conduite
à tenir. Expérience d’une maternité de Guyane française. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) (2013),
http://dx.doi.org/10.1016/j.jgyn.2013.06.001
dans les situations d’anémie maternelle sévère [22,23]. Dans
leur série de 96 femmes avec Hb < 7 g/dL, Rohilla et al. rap-
portent cinq décès maternels par défaillance multiviscérale
dans des tableaux d’atonie hémorragique du post-partum
et un décès par accident transfusionnel [24]. Sur le versant
fœtal, la diminution du transport de l’oxygène dans le sang
maternel induit également des perturbations de l’équilibre
hémodynamique qui se traduisent par une inversion du rap-
port cérébro-placentaire à l’examen vélocimétrique [25].
La prise en charge de cette carence martiale pose des
problèmes spécifiques. En 2009, une étude a été menée
auprès de 109 femmes géophages ayant un taux d’Hb de
moins de 8,5 g/dL et de 75 témoins non géophages ayant
une hémoglobinémie d’au moins 10 g/dL à la maternité du
centre hospitalier de l’Ouest guyanais. Les caractéristiques
socioéconomiques et les données cliniques des patientes
sont résumées dans le Tableau 1, leurs paramètres héma-
tologiques à l’inclusion et à l’accouchement sont résumés
dans le Tableau 2 et ont fait l’objet d’une précédente publi-
cation dont ont été exclus les témoins devenus anémiés
en cours de suivi [1]. Le suivi de cette cohorte nous a
confrontés aux limites du traitement martial oral dans la
correction de ces anémies ferriprives. Même dans les cas où
l’observance n’a pas été altérée par les algies gastriques,
on n’observait aucune « crise réticulocytaire » dans 87 % des
cas. Chez 80 patientes sur 109 (soit 73,39 %), le recours aux
cures martiales par voie intraveineuse a été nécessaire. Pour
21 patientes, la persistance d’une Hb < 9 g/dL dans le dernier
mois de gestation, nous a obligé à réaliser la transfusions
de deux à quatre culots avant l’accouchement. Malgré ces
efforts, le taux d’Hb moyen à l’admission en maternité pour
accouchement n’était que de 9,5 g/dL dans le groupe des
géophages, significativement plus bas que chez nos témoins
(Tableau 2). Cette étude ne nous a pas permis d’observer
de différence significative en termes de morbidité mater-
nelle ou fœtale. Cela n’est pas surprenant car les facteurs
de vraisemblance en matière de prématurité et petits poids
de naissance sont très proches de 1 et nécessitent des effec-
tifs en particulier de témoins beaucoup plus étoffés que ce
qu’il nous était possible de recruter en zone d’endémie géo-
phage. Toutefois, il faut souligner que six femmes géophages
ont présenté une hémorragie du post-partum versus aucune
dans le groupe témoins (p = 0,056).
Intoxication aux métaux lourds
Contrepartie de l’adsorption des ions fer à la surface élec-
triquement négative de la matrice argileuse, une libération
de cations est observée dans la lumière digestive. Parmi
ces cations échangeables, les ions aluminium sont particu-
lièrement abondants puisque résultant de la dégradation
des cristaux de silicate d’aluminium (constituant majori-
taire des argiles) lors du passage dans le milieu acide
gastrique. Reichardt et al. ont montré, chez le rat, que
l’aluminium ainsi libéré était retrouvé dans un premier
temps au sein des entérocytes puis dans les différents
tissus : foie, cerveau, reins, os [26]. Dans notre enquête
de 2009, les taux d’aluminium plasmatiques et urinaires
des femmes géophages étaient très largement supérieurs à
ceux des témoins, avec des taux pathologiques chez 41 %
des géophages versus 9 % des témoins [1]. Les taux plas-
matiques observés chez nos patientes étaient inférieurs
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JGYN-905; No. of Pages 8 ARTICLE IN PRESS
Géophagie et grossesse : état des connaissances et conduite à tenir 5

Tableau 1 Complications de la géophagie — Caractéristiques cliniques des géophages et des témoins — Résultat du suivi de
cohorte de 2009 [1].
Complications of geophagia — Clinical caracteristics of the geophagous and control women — Results from 2009 cohort follow-up
[1].

Groupe géophagie Groupe témoins Signification

n (%) ou moyenne ± DS n (%) ou moyenne ± DS statistique

Effectifs 109 64
Caractéristiques socioéconomiques
Âge (années) 25,17 ± 7,36 25,61 ± 6,05 NS
Parité 2,93 ± 2,80 2,67 ± 2,58 NS
Couverture 73 (67) 62 (96,88) p < 0,001
sociale
Activité 12 (11) 18 (28,1) p = 0,006
professionnelle
Écart au 28,63 (± 25,57) mois 27,67 (± 23,33) mois NS
dernier
accouchement
Grossesses 21 (19,3) 12 (18,8) NS
rapprochées
Complications
MAP 13 9 p = 0,73
RCIU-PE- 16 (15) 8 (12,5) p = 0,65
MFIU-HRP
Hémorragie 6 (5,5) 0 p = 0,056
du post-partum
Impact économique de la santé
Femmes 80 (73,4) 0 p < 0,0001
ayant eu au
moins
1 d’ampoule de
fer i.v.
Nbre moyen 4,38 ± 1,63
d’ampoules de
fer i.v./femme
traitée
Femmes 21 (19,3) 0 p < 0,0002
ayant eu au
moins une
transfusion
Nbre moyen 1,9 ± 0,4
de culot globu-
laire/femme
transfusée
MAP : menace d’accouchement prématuré ; RCIU : retard de croissance intra-utérin ; PE : pré-éclampsie ; MFIU : mort fœtale in utero ;
HRP : hématome retroplacentaire ; i.v. : intraveineuse ; Nbre : nombre.

au seuil neurotoxique de 500 ␮g/L, mais dépassaient pour
certaines les 100 ␮g/L, seuil d’hémotoxicité et pourraient
ainsi expliquer le caractère paradoxalement « refractaire »
de l’anémie aux cures martiales [27—29]. Il faut souligner
que des troubles neurocognitifs discrets et des perturba-
tions subtiles de l’électroencéphalogramme ont été décrits
chez les travailleurs de l’aluminium dès le seuil plasma-
tique de 41 ␮g/L, taux atteint par au moins un tiers de nos
patientes [30,31]. Enfin, le passage placentaire et la toxi-
cité de l’aluminium chez le fœtus animal sont autant de
facteurs inquiétants quant aux potentielles répercussions de
l’intoxication aluminique sur le cerveau du fœtus humain en
développement, malheureusement non étudiées à ce jour
[32]. Ce risque neurotoxique s’ajoute à son tour à ceux de
la carence martiale, de la prématurité, de l’hypoxie des
anémies sévères faisant de la géophagie une pratique poten-
tiellement dangereuse pour le développement neurologique
fœtal.
Enfin, plusieurs auteurs ont montré que les argiles
contenaient parfois, selon l’endroit où elles étaient confec-
tionnées, des niveaux préoccupants de métaux lourds :
arsenic, plomb, mercure, cadmium et même de terres

Pour citer cet article : Lambert V, et al. Géophagie et grossesse : état des connaissances et conduite
à tenir. Expérience d’une maternité de Guyane française. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) (2013),
http://dx.doi.org/10.1016/j.jgyn.2013.06.001
Modele +
JGYN-905; No. of Pages 8 ARTICLE IN PRESS
6 V. Lambert et al.

Tableau 2 Complications de la géophagie — Caractéristiques hématologiques des géophages et des témoins — Résultat du suivi
de cohorte de 2009 [1].
Complications of geophagia — Biological caracteristics of the geophagous and control women — Results from 2009 cohort
follow-up [1].

Groupe géophagie Groupe témoins Signification statistique

moyenne ± DS moyenne ± DS

Hb g/dL à l’inclusion 6,97 ± 1,03 11,10 ± 0,74 p < 0,001

VGM ␮m3 66,83 ± 9,87 82,33 ± 5,33 p < 0,001
Ferritinémie ␮g/L 9,78 ± 12,54 18,22 ± 26,22 p < 0,001
Vitamine B12 pmol/L 163,38 ± 76,25 184,35 ± 88,56 NS
Érythrocyte folate concentration nmol/L 724,35 ± 372,74 677,63 ± 525,37 NS
Hb g/dL admission accouchement 9,53 ± 1,45 11,25 ± 1,5 p = 0,01
Plasma aluminium ␮g/L 13,92 ± 14,09 4,95 ± 7,11 p < 0,0001
Urine aluminium ␮g/L 92,93 ± 251,21 12,11 ± 23 p < 0,0001

radioactives [33]. Comme pour l’aluminium, ces cations
peuvent traverser la muqueuse intestinale lorsque les condi-
tions de pH sont adéquates. Ainsi, un cas de saturnisme
néonatal a été rapporté chez l’enfant d’une femme qui se
nourrissait de terre à poterie [34]. Il faut souligner que les
comportements de pica sont classiquement retenus comme
facteur de risque de saturnisme mais il est plus souvent fait
référence à la consommation d’écailles de peinture qu’à
l’ingestion de terre dont l’implication dans cette pathologie
est parfois sous-estimée.
Perturbations ioniques
Plusieurs publications rapportent des syndromes neuro-
logiques allant de la myopathie à la quadriplégie sur
des hypokaliémies profondes chez des femmes géo-
phages [35,36]. Favorisée par les vomissements gravidiques,
l’hypokaliémie provoque une vasoconstriction de la micro-
circulation musculaire qui débouche sur un tableau clinique
et biologique de rhabdomyolyse, plus fréquente pendant
la grossesse qu’en temps normal. Le tableau de paralysie
flasque avec douleurs musculaires s’accompagne de pertur-
bations paracliniques qui peuvent faire errer le diagnostic :
élévation des transaminases, des LDH, des CPK, anomalies
ECG. La consommation d’argile pourra également partici-
per à l’aggravation d’une hypokaliémie préexistante sur
un terrain de canalopathie familiale. Les symptômes sont
réversibles avec la correction de l’hypokaliémie.
Quelques rares cas d’hyperkaliémie ont également été
rapporté chez des géophages mais ils ne concernaient que
des insuffisants rénaux et semblent donc plus improbables
chez la femme enceinte. Toutefois, ils démontrent que
l’introduction d’argile dans le tube digestif provoque des
mouvements ioniques complexes difficiles à anticiper.
Amélioration des troubles digestifs
et d’aponectine interférant ainsi avec les phénomènes
d’appétit et de satiété dont on connaît les variations en
début de grossesse [37]. Comme on l’a vu plus haut, elle
permet d’atténuer les phénomènes nauséeux de début de
grossesse et c’est souvent à la recherche de cet effet béné-
fique que la géophagie est débutée [38].
Contamination par les géohelminthes
La contamination des sols par les excréments humains est
le mode de transmission courant des vers intestinaux dans
les pays en développement dont sont issus nombre de maté-
riaux prisés par les géophages. Mais en général, les terres
sont récoltées dans des sites dédiés à cet usage et sont pré-
parées selon un protocole assez complexe de filtration et de
séchage. L’association infestation helminthique-géophagie
est donc plus le fait d’une géophagie rurale de proximité
que des géophagies d’importation pratiquées dans les pays
industrialisés et dont les substrats semblent contenir peu
d’œuf de géohelminthes [33].
Recommandations pour la grossesse
Identification précoce de la géophagie
Lors de l’entretien prénatal, il faut interroger systématique-
ment les femmes enceintes sur d’éventuelles pratiques de
pica et ce, d’autant plus qu’il existe une carence martiale
ou un terrain psychiatrique obsessionnel compulsif voire
l’appartenance à une minorité ethnique. La consommation
devient inquiétante si elle est décrite comme une envie que
la patiente n’arrive plus à réprimer. La quantité et la nature
du matériel ingéré seront renseignées ainsi que les moda-
lités et les horaires des prises, ces éléments pouvant être
modulés pour limiter l’interaction argile-bol alimentaire. Le
dialogue recherchera d’éventuelles autres addictions.

L’argile, outre son effet de tampon de l’acidité gastrique,
renforce en l’épaississant le mucus et possède une activité
antibactérienne propre. S’y ajoute une activité détoxifiante
qui permet la neutralisation de tanins et d’entérotoxines
bactériennes [4]. Entre outre, elle modifie la morpholo-
gie des entérocytes et module la sécrétion de leptine
Recherche et lutte contre les facteurs
prédisposants
Troubles dyspeptiques ou nausées prolongées, carences en
fer, zinc ou calcium, situations de stress devront être iden-
tifiés et réduits.

Pour citer cet article : Lambert V, et al. Géophagie et grossesse : état des connaissances et conduite
à tenir. Expérience d’une maternité de Guyane française. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) (2013),
http://dx.doi.org/10.1016/j.jgyn.2013.06.001
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JGYN-905; No. of Pages 8 ARTICLE IN PRESS
Géophagie et grossesse : état des connaissances et conduite à tenir
Recherche des conséquences
Les complications mécaniques de la consommation pro-
longée d’argile sont recherchées par l’interrogatoire. La
constipation opiniâtre sera traitée par des lubrifiants locaux
voire une irrigation recto-colique. En général, ce ralentisse-
ment du transit en reste à un stade d’inconfort ; toutefois,
de rares décès par péritonite sur perforation sigmoïdienne
et une exceptionnelle dystocie ont été recensés dans la lit-
térature [39,40].
L’anémie par carence martiale demeure la principale
complication de la géophagie. Un traitement martial per os à
dose curative sera dans un premier temps mis en place. Mais
les cas de géophagie intense, il est illusoire d’espérer cor-
riger le déficit tant que l’ingestion d’argile est poursuivie.
L’efficacité du traitement martial doit donc être vérifiée.
En cas d’échec, on utilise le fer par voie veineuse ou, si la
proximité du terme l’exige, la transfusion maternelle.
L’ionogramme doit être contrôlé, en particulier le niveau
de la kaliémie.
Les métaux lourds sont dosés (Pb, Al, Hg, Cd). Seule la
découverte du saturnisme débouche sur des mesures préven-
tives bien codifiées afin de préserver la santé de l’enfant
à venir : corriger carences en fer et en calcium, informer
la patiente pour qu’elle arrête son intoxication, discuter
un traitement chélateur lorsque le seuil de 350 ␮g/L est
atteint, surveiller la plombémie de l’enfant à la naissance.
Pour les autres métaux, l’avis d’un toxicologue devra être
sollicité.
Soutien au sevrage
Par le dialogue, il faut tenter de limiter l’interférence
de la géophagie avec l’état de santé en expliquant
l’interaction de l’argile avec tous les aliments et médica-
ments consommés.
Mais ce dialogue reste souvent inefficace. On peut dans
les situations difficiles proposer, au moins pour le temps de
la grossesse, le soutien d’équipes spécialisées en addicto-
logie ; une stratégie comportementaliste peut en effet être
payante.
Le suivi du taux d’Hb est dans notre expérience un bon
indice du respect de l’abstinence.
Dans les cas où l’arrêt est impossible, il faut éviter la
co-ingestion avec des aliments ou des boissons riches en
acide citrique (plats citronnés, jus et nectar de fruits, sodas)
qui favorisent l’absorption des métaux lourds et en par-
ticulier de l’aluminium. Les phénomènes de piégeage des
nutriments ou médicaments dans la gangue argileuse seront
limités en écartant les horaires des prises.
En dernier recours, faute de mieux, on conseillera un
autre pica (amidon ou glaçon) de façon à éviter au moins
le volet toxique de la géophagie.
Conclusion
Les cliniciens doivent connaître les particularités de la
géophagie et savoir la repérer pendant la période de vul-
nérabilité de la grossesse. Sous le masque d’une folklorique
coutume alimentaire se cache une situation à risque dont
il est difficile à la patiente de se soustraire sans une aide
Pour citer cet article : Lambert V, et al. Géophagie et grossesse : état des connaissances et conduite
à tenir. Expérience d’une maternité de Guyane française. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) (2013),
http://dx.doi.org/10.1016/j.jgyn.2013.06.001
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médicale. La géophagie peut conférer dans des conditions
hygièno-alimentaires très précaires un avantage adapta-
tif passager grâce aux vertus détoxifiantes des argiles
qui protègent la maman des maladies infectieuses gastro-
intestinales. Mais le pendant à toute géophagie prolongée
est l’installation à bas bruit d’une anémie ferriprive qui
majore les risques maternels, et l’accumulation de fac-
teurs perturbant le neuro-développement fœtal (carence
martiale, prématurité, anémie maternelle sévère, intoxica-
tion aux métaux lourds). Plus que d’une stigmatisation ou
d’une défense militante, c’est d’une évaluation individuelle
dépassionnée de la balance bénéfice-risque que la géopha-
gie a besoin afin de guider les patientes vers les attitudes
les plus pertinentes pendant leur grossesse.
Déclaration d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en
relation avec cet article.
Remerciements
Nous souhaitons remercier les femmes enceintes qui ont
accepté de participer à nos travaux sur la géophagie. Les
auteurs remercient tout particulièrement les investigateurs
cliniques de l’enquête 2009 : Aurélie Renaud, Sandrine Petit-
jean, Audrey Floch-Raynal, Dominique Gaquière, Sandrine
Estrabeaud, Betty Masure, Sandrine Reymond, Nathalie
Picolo, Béatrice Fougère, Aristide Odoulami, le personnel de
la maternité du CHOG et du service départemental de pro-
tection maternelle et infantile de Saint-Laurent du Maroni.
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