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Objectifs du cours :
- Le Genou est une articulation superficielle et portante. C’est le 2ème site de la pathologie
dégénérative et le siège électif de certains rhumatismes inflammatoires. Il est Exposé à
l’infection et au traumatisme.
- L’examen clinique est facile, mais le diagnostic d’une douleur du genou n’est pas souvent
évident.
Rappel anatomique et biomécanique :
- L’appareil extenseur est formé par le tendon quadricipital, la patella et tendon rotulien.
- Les moteurs du genou sont :
• les extenseurs sont les muscles du quadriceps innervés par le crural
• les muscles fléchisseurs :
▪ les muscles fléchisseurs puissants
◦ Semi-membraneux en dedans
◦ Biceps en dehors
▪ Les muscles fléchisseurs plus faibles : jumeaux, couturier, droit interne, demi-
tendineux, poplité
- Les muscles rotateurs
▪ Rotateurs internes : patte d’oie, Poplité, semi-membraneux
▪ Rotateur externe: biceps
Cas cliniques :
Vignette 1 :
Madame L est âgée de 59 ans, obèse et femme au foyer. Elle habite au 4ème étage d’un
immeuble sans ascenseur. Depuis 2 ans, Madame L se plaint d’une douleur à la face
antérieure des 2 genoux d’apparition progressive surtout au cours de la journée. Cette
douleur apparait lors de la marche pour faire les courses à l’extérieur ou après une station
assise prolongée sur chaise et s’aggrave à la monté et à la descente des escaliers. Elle n’a pas
eu de traumatisme ni de fièvre.
L’examen des 2 membres inférieurs montre un genu varum bilatéral. Pas de chaleur ni
rougeur ni œdème des deux genoux. Le choc rotulien est négatif. Le signe de rabot est
positif en bilatéral. La palpation des facettes rotuliennes et de l’interligne fémoro-tibial
médial est douloureuse. L’examen de la mobilité des 2 genoux montre un flessum de 10° et
une limitation douloureuse de la flexion à droite.
Terrain :
- Age > 50 ans
- Facteurs favorisants : trouble statique (genu varum/valgum), obésité
Signe fonctionnel = douleur
- Apparition progressive de douleurs
- Horaire mécanique des douleurs : à la marche, aggravés par la montée/descente des
escaliers, améliorés par le repos
- Retentissement fonctionnel avec limitation du périmètre de marche
- Souvent sensation de gonflement associé, parfois provoqué par l’exercice
- Siège :
• Si arthrose fémoro-patellaire : siège antérieur, parfois postérieur, douleurs surtout
provoquée par la montée/descente des escaliers.
• Si arthrose fémoro-tibiale interne : douleur de la face médiale du genou
• Si arthrose fémoro-patellaire externe : douleur de la face latérale du genou.
Quels sont les autres éléments à rechercher dans l’interrogatoire ?
Anamnèse :
C’est l’histoire de la maladie qui fait préciser :
- Date de début des troubles,
- Évolution dans le temps (aggravation, amélioration),
- Traitement(s) déjà instauré(s) et leur(s) résultat(s)
- Facteurs déclenchant éventuels (traumatisme, grossesse…)
Terrain :
On recherche :
- Antécédents personnels et familiaux, médicaux et chirurgicaux
- Traitement médicaux en cours
- Profession
- Loisirs (sports…)
Signes Généraux :
- Fièvre (maladie infectieuse ou rhumatismale)
- Asthénie (symptômes dépressifs, contexte d’accident de travail…)
- Amaigrissement
Signes Fonctionnels :
Pour le genou, les signes fonctionnels sont la douleur, l’impotence fonctionnelle, l’instabilité
et le blocage.
On peut aussi rapprocher des signes fonctionnels la sensation de genou qui gonfle,
l’impression de dérangements internes et les bruits ou les craquements perçus.
a) Douleur :
On doit en préciser les différentes caractéristiques qui permettent de les rattacher à leur cause
- Siège :
- Antérieure (niveau rotulien)
- Versant latéral ou médial du genou sur le trajet d’un ligament collatéral
- Niveau de l’interligne (médial ou latéral)
- Postérieur : Creux poplité
- Irradiations : jambe antéro-externe, face postérieure…
- Intensité
- Type (mécanique ou inflammatoire) et leur horaire (parfois nocturne liée à des
inflammations ou des tumeurs) :
• Douleur mécanique => origine dégénérative (arthrose)
• Douleur inflammatoire => arthrite septique/aseptique
- Facteurs aggravant et déclenchant
- Prise d’antalgiques (efficacité ?)
- Montée-descente des escaliers ou position assise prolongée (signe du cinéma) en
faveur d’une douleur d’origine fémoro-patellaire
b) Impotence fonctionnelle :
- Le retentissement fonctionnel sur les activités quotidiennes, professionnelles et de loisirs
est évalué par :
• Gêne à la marche : périmètre de marche, sensation de dérobement, d’instabilité, de
blocage, boiterie, utilisation de canne(s)
• Gêne dans les gestes quotidiens : escaliers, accroupissement, …
c) Instabilité :
L'instabilité est faite d'épisodes de dérobements vrais du genou (sensation du genou qui
lâche), ou simplement de sensations d'appréhension d'insécurité.
L'instabilité peut être secondaire à de multiples causes (ligamentaire++).
d) Blocage:
C’est la limitation de l'amplitude d'extension, alors que la flexion est respectée
=> Déchirure en anse de seau du ménisque ou présence d’un corps étranger
* pseudo-blocages : sensation d'un mouvement interrompu inopinément, soit au passage de
la flexion vers l'extension, soit l'inverse => Rotuliens
Quels sont les signes physiques qui orientent vers une cause dégénérative ?
- Si arthrose fémoro-patellaire :
- Douleurs à la palpation des facettes rotuliennes :
- Crépitations de rotules
- Manœuvre de Zohlen + : genou en extension
complète, la rotule est maintenue fermement
vers le bas tandis que l’on demande au patient
de contracter le quadriceps. Le test est positif
et signe une souffrance fémoro-patellaire en
cas de douleur
- Si arthrose fémoro-tibiale interne : douleur provoquée à la palpation de l’interligne
fémoro-tibial médial
c) Palpation :
La palpation soigneuse et systématique recherche des points douloureux :
- Appareil extenseur : tubérosité tibiale antérieure, ligament patellaire, patella (et
notamment la pointe de patella), tendon quadricipital et quadriceps
- Facettes de la patella
- Reliefs osseux (condyles fémoraux, plateaux tibiaux, tête de la fibula, tubercule de
Gerdy…)
- Palpation des interlignes articulaires et plus particulièrement des ménisques au
- niveau de l’interligne fémoro-tibial : médial et latéral
=> Douleur ponctuelle : ménisque/ douleur diffuse : arthrose
- Sites d’insertions ligamentaires (ligaments collatéraux) et tendineux (patte d’oie) et
trajets des ligaments et des tendons
- Palpation du creux poplité (en décubitus ventral)
d) Percussion – Choc rotulien
e) Recherche d’une atteinte de l’articulation fémoro-patellaire :
Par des manœuvres spécifiques:
- « Signe du rabot »
- Toucher rotulien : Palpation des facettes rotuliennes médiale et latérale
- « Signe de Zohlen »
Vignette 2 :
Monsieur M âgé de 65 ans, diabétique, consulte aux urgences pour une douleur de
l’ensemble du genou gauche avec augmentation de son volume survenue il y a vingt-quatre
heures. Cette douleur est permanente, insomniante et non soulagée par le repos et les
antalgiques. Elle est associée à une impotence fonctionnelle totale.
A l’examen, Le pouls est à 120/min. La TA est à 17/8 et la température à 39,5 °C.
Le genou gauche est globuleux, rouge et chaud. Il y a un choc rotulien et un discret flessum
réductible. Toute tentative de mobilisation du genou est hyperalgique. L’examen cutané
retrouve un angle incarné infecté. Le reste de l’examen est normal.
La ponction articulaire en urgence trouve un liquide trouble avec une formule inflammatoire
à la biologie (>50 000 éléments / à prédominance de polynucléaires neutrophiles altérés).
Quels sont les éléments de l’interrogatoire qui oriente vers une arthrite
septique ?
Circonstances d’apparition
- Début brutal
- Porte d’entrée : cutanée, digestive, …
- Comorbidités fréquentes : patient immunodéprimé, âgé, alcoolique,
- Toxicomane, diabétique,…
- Notion d’infiltration ou de geste invasif au niveau du genou
Signes généraux
- Fièvre, frissons
- Altération de l’état général
- Parfois choc septique
Signes fonctionnels : douleur
- Horaire inflammatoire : permanente, insomniante, non soulagée par le repos
- Siège : l’ensemble du genou
- Impotence fonctionnelle +++
Quels sont les signes physiques qui orientent vers une arthrite septique?
Vignette 3 :
Mr K de 62 ans, aux ATCD d’insuffisance rénale, consulte aux urgences pour une douleur
du genou droit inaugurale, d’apparition brutale, sans facteur déclenchant. La douleur est
apparue en pleine nuit après la fête d’Aïd. La douleur est insomniante.
A l’examen, la température était de 37,6°. L’examen met en évidence une raideur et un
gonflement du genou droit. Le choc rotulien est positif. Il y a un discret flessum réductible.
Il y a des tuméfactions sous-cutanées visibles et palpables, de taille variable, de consistance
dure, siégeant au niveau du dos des pieds, dos des mains et dans la région olécrânienne des
coudes.
Le bilan biologique est le suivant : HB : 14,9 g/100 ml ; GB : 5 000/mm3 ; plaquettes :
178 000/mm3 ; créatinine : 110 µmol/l ; uricémie : 460 µm/l L’uricémie est à 535 µmol/l
(normal : 235 à 385 µmol/l)
Quels sont les éléments de l’interrogatoire qui oriente vers une arthrite
aseptique ?
Antécédents +++
- Rhumatologiques : rhumatisme inflammatoire, épisodes de gonflement articulaire, de
douleurs rachidiennes
- Non rhumatologiques : pathologie dermatologique, digestive, ophtalmologique, rénale,
etc…
- Familiaux : notion de rhumatismes inflammatoires familiaux
Terrain
- Age
- Sexe
Circonstances d’apparition
- Variables selon la nature de l’arthrite inflammatoire : début brutal ou progressif
- Recherche d’un écart de régime, introduction d’un nouveau traitement
- Orientation vers la goute : Absorption d’alcool, période post-opératoire, Insuffisance
rénale, Ingestion excessive de purines, perte de poids rapide (diète)
Signes généraux
- Souvent absents ou atténués
Signes fonctionnels : douleur
- D’horaire inflammatoire
- Siège sur l’ensemble de l’articulation
- Impotence fonctionnelle variable
Quels sont les signes physiques qui orientent vers une arthrite aseptique?
Quels sont les signes qui orientent vers une lésion méniscale ?
Interrogatoire :
- Sport et profession pratiqués ++
- Epanchement à répétition
- Blocage et pseudo blocage
- Douleur de l’interligne interne ou externe (ME ou MI)
Signes physiques :
- Douleur à la palpation de l’interligne articulaire externe ou interne
- Choc rotulien positif
- Cri méniscal: Palper l’interligne fémoro-tibial médial sur tout son pourtour et
rechercher une douleur caractéristique à la pression, surtout vive à la partie antérieure
(même si la lésion est postérieure). On palpe les ménisques au niveau de l’interligne
fémoro-tibial médial (genou fléchi à 90°) et de l’interligne fémoro-tibial latéral.
Quels sont les signes qui orientent vers une pathologie fémoro-patellaire?
Syndrome rotulien :
Circonstances d’apparition des symptômes :
- Le syndrome rotulien posttraumatique survient à la suite d'un choc direct sur la partie
antérieure de la rotule.
Signes fonctionnels :
- Douleurs essentiellement à la fatigue mais surtout pour la position assise prolongée,
parfois pour la position debout prolongée et pour la montée et la descente des
escaliers.
- Très souvent des pseudo-blocages
- Impotence souvent majeure (activités sportives)
Signes physiques :
- Douleur à la percussion de la rotule
- Signe de Zohlen, ± signe du rabot
- Douleur palpation facettes rotuliennes
- Le plus souvent sans instabilité vraie, avec un centrage fémoro-patellaire souvent
correct
- Parfois instabilité vraie avec subluxation rotulienne (signe de Smilie + : chercher à
luxer la rotule vers le dehors avec une main, en fléchissant le genou avec l’autre main
(de l’extension vers 30° => appréhension)
- La gonalgie est la douleur du genou ressentie par le malade pouvant cadrer avec une
pathologie locale ou générale.
- La douleur peut être de type mécanique ou inflammatoire.
- La gonalgie peut être isolée ou associée à un épanchement articulaire.
- En présence d’un épanchement articulaire inflammatoire, il peut s’agir le plus souvent
d’une arthrite qui peut être inflammatoire, rhumatismale ou infectieuse.
- En présence d’un épanchement mécanique, les étiologies sont dominées chez les sujets
âgés par la gonarthrose et la chondrocalcinose et chez les sujets jeunes par les lésions
ligamentaires, méniscales, les chondropathies et le syndrome fémoro-patellaire.
- Un examen clinique minutieux, un bilan radiologique standard et une analyse du liquide
articulaire permettent le plus souvent de connaitre l’étiologie de la gonalgie.
- Diagnostic différentiel : devant une douleur du genou, il faudra rechercher surtout des
douleurs projetées de la hanche et du rachis et des douleurs neurologiques.