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INTRODUCTION

Le domaine de l’endodontie aborde tous les aspects qui


concernent la pulpe dentaire et les tissus avoisinants.
L’importance clinique de cette discipline résulte du fait
que le principal objectif d’un traitement endodontique
est de préserver une dent atteinte d’une affection pulpaire
ou péri radiculaire. Ainsi, le traitement endodontique,
aussi appelé traitement de canal mérite d’être exécuté
avec soin et précision, d’autant plus que les résultats
du traitement sont très sensibles à la technique. C’est
pourquoi cet abrégé clinique a été conçu afin d’organiser
et de résumer les étapes cliniques d’un traitement de
canal. Inspiré par les cours théoriques et les standards
de pratique « Abrégé d’endodontie » regroupe les
techniques endodontiques utilisées à la Faculté de
médecine dentaire de l’Université de Montréal.

Nous tenons à remercier les professeurs et cliniciens


du département d’endodontie dont la collaboration fut
primordiale à la confection de ce document.

2

INSTRUMENTATION5
1. INSTRUMENTATION SPÉCIFIQUE  5
2. INSTRUMENTATION MANUELLE  6
3. DIGUE 7
4. PLATEAU D‘EXAMEN 10
5. PLATEAU DE TRAITEMENT 11
TABLE DES MATIÈRES

EXAMEN ENDODONTIQUE 12
1. HISTOIRE MÉDICALE 12
2. PLAINTE PRINCIPALE 12
3. HISTOIRE DENTAIRE 13
4. EXAMEN EXTRAORAL 13
5. EXAMEN INTRA-ORAL 13
6. EXAMEN RADIOLOGIQUE 17
7. CONSULTATIONS 18

DIAGNOSTIC 19
1. DIAGNOSTIC PULPAIRE 19
2. DIAGNOSTIC PÉRIAPICAL 23
3. ÉVALUATION DE LA DIFFICULTÉ 26

CAVITÉS D’ACCÈS ET
CONFIGURATIONS CANALAIRES  27
1. CAVITÉ D‘ACCÈS 27
2. CLASSIFICATION DES CONFIGURATIONS CANALAIRES 28
3. ANATOMIE CANALAIRE 30
4. CARACTÉRISTIQUES DE CHAQUE DENT 30


3
PRÉPARATION CANALAIRE 37
1. PRINCIPES DE PRÉPARATION CANALAIRE 37
2. PRÉPARATION AVEC INSTRUMENTS MANUELS 39
3. PRÉPARATION AVEC INSTRUMENTS ROTATIFS 41

OBTURATION CANALAIRE 44

TABLE DES MATIÈRES


1. PRINCIPES D‘OBTURATION 44
2. COMPACTAGE LATÉRAL À FROID 47
3. COMPACTAGE VERTICAL À CHAUD 48
4. COMPACTAGE HYDRAULIQUE À FROID 51
5. OBTURATION CORONAIRE TEMPORAIRE 52

LONGUEUR DE TRAVAIL 53
1. LONGUEUR DE TRAVAIL IDÉALE 53
2. ANATOMIE DU FORAMEN APICAL 53
3. RADIOGRAPHIES 54
4. LOCALISATEUR D‘APEX 55

GESTION DE LA DOULEUR ET MÉDICAMENTS 57


1. ANESTHÉSIE LOCALE 57
2. ANALGÉSIQUES  61
3. ANTIBIOTIQUES  62

BIBLIOGRAPHIE 64

4
INSTRUMENTATION
1. Instrumentation spécifique
2. Instrumentation manuelle
3. Digue
4. Plateau d’examen
5. Plateau de traitement
*L’instrumentation rotative sera discutée dans le chapitre sur la
préparation avec instruments rotatifs
Les instruments, la stérilisation, l’asepsie et l’organisation de ceux-ci sont
cruciaux au succès endodontique. Il est donc essentiel que l’opérateur
prépare adéquatement son champ de travail. Vous trouverez plus loin
une liste de recommandation d’instrument en fonction de la procédure
clinique à exécuter. Gardez toutefois en tête que chaque cas est un cas
d’espèce et que souvent le champ de travail doit être ajusté en fonction
des différents cas et contextes cliniques.

 1. INSTRUMENTATION SPÉCIFIQUE
PORTE-LIME ENDORING®

L’Endoring® permet à l’opérateur de


positionner, ranger, mesurer et nettoyer
les instruments canalaires de façon
ergonomique et sécuritaire. Il se place
sur la main non dominante.

L’Endoring® est muni de 3 tailles de


bague interchangeable en fonction
des besoins de l’opérateur. Une éponge
triangulaire s’installe au centre et permet
d’organiser les instruments canalaires
tout en les nettoyant. L’Endoring® est
également muni d’une règle qui permet
de facilement mesurer et ajuster le
cran d’arrêt des instruments canalaires.
Bien évidemment, l’Endoring® est
stérilisable entre chaque utilisation.

En ce qui concerne l’organisation des instruments sur l’Endoring®, il vous


est suggéré de placer les instruments en rang selon leur type et en ordre
croissant de diamètre (ex. : trois rangées, une pour les limes, une pour les
alésoirs et une pour les limes rotatives). Aux extrémités des éponges, il vous
est possible de placer d’un bord les fraises GG et de l’autre les FP.
5
BLOC DE MESURE FILEMATE ™
Le bloc FileMate™ est très utile et est
fortement recommandé en clinique. Tout
comme l’Endoring®, il permet de mesurer
et ajuster le cran d’arrêt des instruments.
Toutefois, il est plus simple d’utiliser le
bloc FileMate™ puisqu’il est muni d’orifice
dont les mesures sont calibrées. Il permet
également de mesure des longueurs
intermédiaires avec précision (ex.: 18,5 mm).
Finalement, on retrouve sur le dessus du bloc un rond concave qui permet
de précourber les limes sans avoir à les manipuler avec nos mains, réduisant
ainsi le risque de blessure et de contamination.

 2. INSTRUMENTATION MANUELLE
LIMES K-FILES □

Fonction Technique

Adoucir les parois en Insérer la lime dans le


éliminant les irrégularités canal, faire un mouvement
du canal quart de tour et la retirer

Conicité: 2%
Matériau: acier inoxydable
Longueur travaillante: 16 mm
Les normes ISO sont utilisées pour établir des critères de qualité,
d’uniformité et de sécurité pour les limes endodontiques. Elles garantissent
des mesures précises, une interopérabilité entre les différents fabricants, et
fournissent des références pour la recherche et le développement dans le
domaine de l’endodontie. Le tableau suivant présente les normes ISO avec
les tailles des instruments avec la couleur et la mesure à D1.

Instrument 08 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60

Couleur
• • • • • • • • • • • •
Mesure à D1 0.08 0.10 0.15 0.20 0.25 0.30 0.35 0.40 0.45 0.50 0.55 0.60

Afin de mesurer le diamètre de la lime à une distance donnée, il faut connaitre la


taille de l’instrument ainsi que sa conicité. Le calcul va ensuite comme suit:

Diamètre à distance X = Mesure à D1 + (Conicité x Distance)

Par exemple, pour une lime de taille 25, le calcul de la mesure du diamètre à 4 mm
avec une conicité de 2% va comme suit:

Diamètre à D4 = 0.25 mm + (0.02 x 4 mm) = 0.33 mm


À noter qu’il est important de vérifier l’état de la lime avant d’instrumenter
le canal afin d’éviter des bris d’instruments dans le canal.

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LIME HEDSTROM ●
Fonction Technique
Adoucir les parois de
Insérer la lime H dans le
façon plus agressive que
canal et la retirer avec un
la lime, donc l’utiliser
mouvement de traction,
dans les canaux droits
sans rotation
Retirer les débris
Éviter les mouvements
canalaires, les morceaux
de torsion avec la lime
de cotons égarés ou des
hedstrom, car elle peut
morceaux de gutta
fracturer plus facilement
Très tranchante

ALÉSOIRS ▲

Fonction Technique

Retirer les débris Insérer l’alésoir dans le


canalaires et élargir le canal, faire un mouvement
canal quart de tour et le retirer

 3. DIGUE
La pose de la digue est essentielle dans un traitement de canal. Le taux de
succès d’un traitement de canal est fortement influencé par la pose de la
digue.

AVANTAGES DE LA DIGUE

• Procure un champ de travail propre et sec


• Augmente la visibilité du champ opératoire et l’accessibilité à la zone de travail
• Protège les lèvres, la langue et les joues du patient
• Diminue les risques de contamination en isolant la zone de travail
• Empêche les instruments de tomber dans la gorge du patient
• Augmente l’efficacité du traitement

CONTRE-INDICATIONS DE LA DIGUE*
*Contre-indications relatives
• Patients asthmatiques
• Patients avec allergie au latex (le cas échéant, utiliser une digue sans latex)
• Patients qui respirent uniquement par la bouche (ex.: congestion nasale, sinusite)
• Dent trop mal positionnée
• Troisième molaire (dans certains cas)

7
INSTRUMENTATION POUR LA POSE DE LA DIGUE

01 - Digue en latex beige 04 - Cadre à digue en plastique


02 - Pince à crampon 05 - Crampons
03 - Poinçon à digue 2, 2A, 9, 12 A, 13 A, 14A, 212

Dents antérieures Ivory 9, 212


Prémolaires Ivory 9, 2
Molaires Ivory 12A, 13A, 14A, W8A

INSTALLATION DE LA DIGUE
Avant de placer la digue il est important de:
• Vérifier que les dents soient propres
• Vérifier les contacts interproximaux en passant la soie dentaire
• Anesthésier la/les dents concernées
• Rincer et sécher les dents
Différentes méthodes existent pour poser la digue. Le choix de la technique
varie en fonction des préférences du praticien et du contexte clinique. Deux
méthodes seront présentées: l’installation du crampon avant la digue et
l’installation de la digue avec le crampon.

8
INSTALLATION DU CRAMPON AVANT LA DIGUE
1. Attacher une soie dentaire sur le crampon choisi
2. Percer la digue au niveau de la dent concernée. Puisque le crampon est
placé sur la dent avant la digue dans cette méthode, un trou plus grand est
nécessaire pour faire passer la digue par-dessus le crampon sans qu’elle
déchire. Dans ce cas, on peut aligner plusieurs trous avec le poinçon à
digue pour en créer un plus gros.
3. Étirer la digue par-dessus le crampon et installer la digue
4. Dégager les ailettes du crampon avec un explorateur ou une sonde
5. Mettre le cadre à digue en plastique sur la digue

INSTALLATION DE LA DIGUE AVEC LE CRAMPON


1. Attacher une soie dentaire sur le crampon choisi
2. Percer la digue au niveau de la dent concernée
3. Utiliser la pince à crampon pour placer les ailettes du crampon à
l’intérieur du trou de la digue
4. Avec la pince à crampon, prendre l’ensemble du crampon avec la digue
et étirer le crampon pour l’insérer sur la dent concernée
5. Une fois le crampon stabilisé sur la dent, dégager les ailettes du
crampon avec un explorateur ou une sonde

Si la digue se troue en cours de traitement , on peut sceller le trou en


utilisant du Cavit, de la digue liquide (photopolymérisable) ou le Oraseal.

Si le trou n’est pas réparable, il faut remplacer la digue par une nouvelle
ou en superposer une autre par-dessus l’ancienne.

À noter qu’il est important de s’assurer dans la mesure du possible


que le crampon ne s’assoit pas sur une restauration (ex.: couronne,
composite, amalgame, etc.) au risque de causer un descellement ou
une fracture de la restauration. Le crampon devrait idéalement s’assoir
sur la dent naturelle uniquement.

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 4. PLATEAU D‘EXAMEN

01 - Miroir buccal 08 - Porte-capteur radiologique*


02 - Sonde PSR 09 - Embout air-eau
03 - Explorateur de DO 10 - Rouleaux de coton
04 - Explorateur endodontique DG16 11 - 2X2
05 - Précelle hémostatique 12 - Vaporisateur de froid (Endo-Ice™)
06 - Précelle de service avec embout et boulette de coton
07 - Tooth Slooth 13 - Gel électrique
14 - Vitalomètre

*2 types de porte-capteurs existent, le choix se fait


en fonction du quadrant

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 5. PLATEAU DE TRAITEMENT
01 - Seringue d’anesthésie
02 - Curettes endodontiques
03 - Précelle hémostatique
04 - Précelle de service
05 - Miroir buccal
06 - Explorateur endodontique
07 - Fouloir SAKS (1-2-3)
08 - Spatule à Cavit PFIW36
09 - Ciseaux Goldman Fox
10 - Crans d’arrêt
11 - Porte-lime Endoring et
éponge
12 - Bloc à mesurer File-Mate
13 - Pompe à salive
14 - Succion rapide
15 - Succion endodontique
16 - Turbine
17 - Tour lent latch
18 - Bloc de fraises
endodontiques
19 - Seringue d’irrigation
20 - Verre contenant du NaOCl
21 - Spatule à malaxer
22 - Plaque de verre
23 - Porte-capteur
endodontique
24 - Pinces hémostatiques
25 - 2X2 secs
26 - 2X2 alcool
27 - Boîte de limes
28 - Localisateur d’apex avec
embouts
29 - Pince pour papier
d’occlusion et papier
d’occlusion
30 - Hydroxyde de calcium
31 - Pointes de papier
32 - Boulettes de coton

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EXAMEN ENDODONTIQUE

1. Histoire Médicale
2. Plainte Principale
3. Histoire Dentaire
4. Examen Extraoral
5. Examen Intraoral
6. Examen Radiologique
7. Consultations

 1. HISTOIRE MÉDICALE
BUTS

• Détecter les conditions médicales ou médicaments qui nécessitent une


modification des soins à prodiguer

Ex. Un patient souffrant d’asthme ou d’insuffisance respiratoire aura une


certaine limitation à l’usage de la digue.

• Détecter les conditions médicales qui pourront avoir des manifestations


orales semblables à des pathologies d’origines dentaires.

 2. PLAINTE PRINCIPALE
LOCALISATION DE LA DOULEUR

 • Identifier la dent ou la région causale


• Identifier s’il y a présence d’enflure à la gencive ou de douleur
à la palpation

TYPE DE DOULEUR

 • Diffuse, localisée ou irradiante


• Élancements, pulsative, continue ou intermittente
TEMPORALITÉ DE LA DOULEUR
• Début des épisodes de douleur

 • Facteurs déclenchants (spontanée, stimulée) - Froid, chaud,


sucre, mastication
• Est-ce que la douleur réveille la nuit?
• Durée de la douleur : minutes, heures, crises, constante
INTENSITÉ DE LA DOULEUR

 • Sur une échelle de 1 à 10


• Qu’est-ce qui atténue la douleur

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 3. HISTOIRE DENTAIRE
VÉRIFIER LA PRÉSENCE DES SIGNES SUIVANTS
• Bruxisme • Traitements parodontaux
• Plaque occlusale • Sinusites, otites (peuvent
• Restaurations récentes ressembler à une pulpite)
• Traitements orthodontiques • Trauma récent
• Traitements endodontiques initiés • Changement de couleur
Ils pourraient déjà donner un indice sur le diagnostic.
Par exemple, on pourrait suspecter une fêlure chez un patient bruxeur.

 4. EXAMEN EXTRAORAL
EXAMEN DU VISAGE DE FACE ET DE PROFIL
• Enflure et asymétrie
• Fistule extraorale (rare)
• Cicatrices (indice de trauma)
PALPATION
• Des ganglions sous-mandibulaires
• Des ATM

 5. EXAMEN INTRA-ORAL
ENFLURE
FISTULE INTRA-ORALE
SONDAGE ET ÉTAT PARODONTAL
ÉTAT DE LA COURONNE CLINIQUE
• Fêlures cuspidiennes
• Surfaces d’usure
• Caries
• Restauration défectueuse
TESTS ENDODONTIQUES
1. Test de percussion
2. Test de palpation
3. Test au froid
4. Test de chaud
5. Vitalométrie
6. Test de morsure
7. Mobilité
8. Transillumination et inspection visuelle
9. Examen parodontal
10. Autres tests (Test d’anesthésie sélective, test de fraisage, test de
coloration)

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1. TEST DE PERCUSSION
BUTS:
Indique la présence et le degré d’inflammation au périapex.
Peut permettre d’identifier la dent causale
Peut permettre d’identifier la dent causale
ÉTAPES :
1. Bien expliquer le test au patient
2. Identifier la dent causale
3. Commencer par tester les dents témoins en premier
4. Faire une percussion verticale et horizontale avec le miroir sur le
bord incisif ou à l’occlusal de la dent
5. Répéter sur chaque cuspide des dents postérieures
RÉSULTATS:
• Une dent sensible à la percussion indique la présence et le degré d’inflammation au
périapex.
• Attention, le test de percussion donne une indication sur l’état du parodonte, mais
pas sur la vitalité pulpaire.
• Une lésion chronique peut présenter une réponse réduite ou négative.
• Avec de l’expérience, on peut identifier la dent causale avec la différence de son.

2. TEST DE PALPATION
BUTS:
Indique la présence d’inflammation dans la région périapicale
ÉTAPES :
1. Bien expliquer le test au patient
2. Appliquer une pression avec l’index sur les muqueuses au niveau
apical
3. Comparer la sensibilité de la dent avec les dents adjacentes et
contralatérales

RÉSULTATS:
• Une sensibilité, une enflure de la gencive ou une expansion de la corticale buccale
peuvent indiquer une inflammation dans la région périapicale

3. TEST AU FROID
BUTS:
Évaluer la vitalité de la dent
ÉTAPES :
1. Expliquer le test au patient
2. Assécher les dents avec de l’air ou une compresse 2X2
3. Isoler la région à l’aide d’un rouleau de coton placé dans le vestibule
4. Appliquer le réfrigérant sur une boulette de coton ou une tige
montée
5. Commencer par tester les dents témoins
6. Appliquer le gel sur le tiers gingival de la dent une dent à la fois.
Attention, il ne faut pas toucher la gencive ni les dents avoisinantes.
RÉSULTATS:
• Une réponse positive qui persiste peut signifier que la dent est en pulpite irréversible
• Une réponse positive qui s’atténue rapidement peut signifier que la dent est
normale ou qu’elle est en pulpite réversible
• Une réponse négative peut signifier que la dent est non vitale

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4. TEST AU CHAUD
BUTS:
Évaluer la vitalité de la dent
ÉTAPES :
1. Expliquer le test au patient
2. Assécher les dents avec de l’air ou une compresse 2X2
3. Isoler la région à l’aide d’un rouleau de coton placé dans le vestibule
4. Appliquer un séparateur (vaseline) sur toutes les dents à tester
5. Commencer par tester les dents témoins
6. Chauffer et ramollir de la gutta-percha blanche
7. Appliquer la gutta sur le tiers gingival de la dent.
RÉSULTATS:
• Une réponse positive qui persiste peut signifier que la dent est en pulpite irréversible
• Une réponse positive qui s’atténue rapidement peut signifier que la dent est normale
ou qu’elle est en pulpite réversible
• Une réponse négative peut signifier que la dent est non vitale

5. VITALOMÉTRIE
BUTS:
Évaluer la vitalité de la dent
ÉTAPES :
1. Expliquer le test au patient
2. Assécher les dents avec de l’air ou une compresse 2X2
3. Isoler la région à l’aide d’un rouleau de coton placé dans le vestibule
4. Humidifier le crochet avec de l’eau ou de la salive et l’installer sur la
joue contralatérale
5. Commencer par tester les dents témoins
6. Appliquer un gel conducteur sur toutes les dents à tester de
préférence sur l’embout du vitalomètre
7. Appliquer la sonde sur le tiers gingival de la couronne clinique des
dents postérieures et sur le bord incisif des dents antérieures.
RÉSULTATS:
• Seule une réponse négative à toutes les intensités indique que la dent est non vitale.
UNE FAUSSE RÉPONSE NÉGATIVE PEUT UNE FAUSSE RÉPONSE POSITIVE PEUT
ÊTRE DUE À: ÊTRE DUE À:
-Calcifications canalaires -Nécrose partielle
-Trauma récent -Anxiété
-Apex ouvert -Mauvaise isolation
-Prise de médicaments -Restaurations métalliques
-Traitement orthodontique -Molaires (avec des canaux à différents
degrés de vitalité)

6. TEST DE MORSURE
BUTS:
Identifier la présence d’inflammation dans la région périapicale
ÉTAPES :
1. Expliquer le test au patient
2. Utiliser les bâtons Tooth Slooth
3. Commencer par tester les dents témoins
4. Demander au patient de mordre progressivement sur chaque
cuspide pour quelques secondes et de relâcher soudainement
5. Répéter le test s’il y a une réponse positive pour s’assurer que la
réponse est valable.
RÉSULTATS:
• Il peut y avoir une réponse positive dans 2 situations :
• Parodontite apicale symptomatique : douleur à la morsure et à la fermeture

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7. MOBILITÉ
BUTS:
Identifier si la dent est mobile, ce qui peut être un signe d’un
problème endodontique ou peut fausser les réponses du test de
vitalité
ÉTAPES :
1. Expliquer le test au patient
2. Commencer par tester les dents témoins
3. Exercer une pression bucco-lingualement avec 2 manches à miroir
4. Évaluer la mobilité
RÉSULTATS:
• On peut classer la mobilité de la dent en 4 catégories
M0 La dent n’est pas mobile
M1 Légère mobilité qui dépasse la normale
M2 Mouvement horizontal de moins de 1 mm
M3 Mouvement horizontal de plus de 1 mm ou mouvement vertical
Le son à la percussion peut donner une idée de la mobilité de la dent, puisque les
dents mobiles ont souvent un son plus creux à la percussion

8. TRANSILLUMINATION ET INSPECTION VISUELLE


BUTS:
Détecter des fêlures coronaires, des changements de couleur, des
caries et des calcifications canalaires
ÉTAPES :
1. Utiliser une source de lumière concentrée
2. Retirer les obturations existantes et faire l’ablation complète de la
carie avant de mettre la lumière
3. Placer la lumière au buccal ou au lingual de la dent

9. EXAMEN PARODONTAL
BUTS:
Évaluer l’état du parodonte, évaluer la présence de fractures
radiculaires verticales, évaluer l’état des furcations.
ÉTAPES :
1. À l’aide d’une sonde parodontale, mesurer la profondeur des poches
tout autour de la dent
RÉSULTATS:
• Résultats:
• Une poche profonde et étroite peut indiquer la présence d’une fêlure verticale.
• La présence d’un traitement de canal de très longue durée, de pivots larges et
multiples, de cuspides isolées, de manque de couverture cuspidienne, de surfaces
d’usures et de bruxisme sont des causes probables d’une fêlure verticale.
• On peut également évaluer la présence de furcations à l’aide de la sonde Nabers.

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 6. EXAMEN RADIOLOGIQUE
Certaines informations sont nécessaires pour une bonne évaluation, un bon
diagnostic et une bonne planification du traitement. Il est de l’obligation légale
du dentiste de prendre ses propres radiographies s’il s’agit d’un cas transféré.

RADIOGRAPHIES NÉCESSAIRES POUR UN TRAITEMENT DE CANAL

DENT POSTÉRIEURE DENT ANTÉRIEURE


- 1 PA en vue droite - 1 PA en vue droite
- 1 BW verticale - 1 PA en vue angulée (mésiale ou distale)
- 1 PA en vue mésiale pour les dents pour les dents antérieures inférieures
inférieures
- 1 PA en vue distale pour les dents Les radiographies préopératoires se font avec les
supérieures porte-capteurs Rinn (bleu, jaune, rouge)

RADIOGRAPHIE PANORAMIQUE

Une vue panoramique peut être nécessaire. Il est également important


d’examiner les anciennes radiographies panoramiques si disponibles.

ELLES PERMETTENT DE DÉTERMINER :


• La position et l’inclinaison d’une dent sur l’arcade
• La présence de dents manquantes
• La proximité avec les structures anatomiques (i.e.: nerf dentaire inférieur,
nerf mentonnier, sinus, etc.)
*Un CBCT pourrait également être nécessaire dans certains cas

OBSERVATIONS RADIOLOGIQUES

ON PEUT DIVISER LA DENT EN 3 RÉGIONS


COURONNE proximité pulpaire et coiffage
• Carie • Qualité des restaurations :
• Fêlure coronaire adéquate, fracturée, mauvaise
• Dimension de la chambre adaptation, couronne
pulpaire défectueuse, surplus, etc.
• Hauteur des cornes pulpaires • Épaisseur du plancher pulpaire
• Profondeur des restaurations, • Résorption cervicale
RACINE • Traitement de canal déjà
• Largeur des racines amorcé ou complété
• Courbures des racines • Instruments séparés
• Longueur des racines • Canal obstrué (calcifications ou
• Nombre et forme des racines matériaux d’obturation)
• Largeur des canaux et • Tenons, types
calcifications canalaires • Déviations, perforations
• Nombre des canaux • Apex ouvert ou fermé
• Divisions (canal bifurqué) et • Fracture radiculaire et niveau de
anatomie canalaire la fracture
• Résorption interne • Hypercémentose
PARODONTE lamina dura)
• Hauteur de l’os alvéolaire et • Ostéite condensante ou
défauts osseux raréfiante
• Atteintes de furcations • Source de l’infection indiquée
• Lésions périapicales et latérales par une tige de gutta-percha
• État du ligament parodontal insérée dans une fistule
(largeur et continuité de la
17
 7. CONSULTATIONS
Il est important de se rappeler que vous traitez un patient et non seulement
une dent. Il est donc important de prendre en compte la globalité du plan
de traitement incluant le pronostic parodontal et restauratif, la fonction de
la dent causale et les besoins propres à chaque patient.

Est-ce que la dent est restaurable ? Servira-t-elle de pilier ou d’appui pour


une prothèse ? Y a-t-il des forces occlusales importantes qui risquent de
compromettre le pronostic de la dent ? Y a-t-il des traitements plus urgents
qui précéderont le traitement de canal ?
Ainsi, il sera souvent nécessaire de prévoir des consultations dans d’autres
DÉPARTEMENTS :
• Dentisterie opératoire (DO)
• Prosthodontie partielle fixe (PPF)
• Prosthodontie partielle amovible (PPA)
• Chirurgie

À l’aide des examens menés et de l’étude de la restaurabilité


de la dent, il sera possible de poser un diagnostic sur l’état
endodontique de la dent et de proposer au patient un plan de
traitement conséquent.

Il est important de présenter un plan de traitement suggéré et un/des plans


de traitement alternatifs. Il est de la responsabilité du praticien d’informer
le patient sur les risques et bénéfices de chaque traitement. On peut ainsi
s’assurer du consentement libre et éclairé du patient. Des formulaires
spécifiques sont prévus pour le consentement en endodontique à
l’Université de Montréal.

18
DIAGNOSTIC
1. Diagnostic pulpaire
2. Diagnostic périapical
3. Évaluation de la difficulté
Afin d’offrir au patient le traitement qui lui convient, il est primordial
de poser un diagnostic basé sur les données recueillies à l’examen. On
sépare généralement le diagnostic endodontique en deux catégories: le
diagnostic pulpaire et le diagnostic périapical.

 1. DIAGNOSTIC PULPAIRE
1. Pulpe normale
2. Pulpite réversible
3. Pulpite irréversible symptomatique
4. Pulpite irréversible asymptomatique
5. Nécrose pulpaire
6. Pulpe traitée préalablement
7. Traitement déjà initié

1. PULPE NORMALE

DOULEUR RADIOGRAPHIES
Dent asymptomatique, Aucun changement radiologique
aucune douleur spontanée
RÉPONSE AU FROID
VITALOMÉTRIE Réponse positive de courte durée
Réponse comparable aux dents (2-3 s) après le retrait du stimulus
témoins
TRAITEMENT
RÉPONSE AU CHAUD Aucun
Réponse positive de courte durée
(2-3 s) après le retrait du stimulus

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2. PULPITE RÉVERSIBLE

DOULEUR RADIOGRAPHIES
Douleur provoquée par Aucun changement radiologique
l’application du froid et du sucre
qui disparait quelques secondes RÉPONSE AU FROID
après le retrait du stimulus. Réponse positive de courte durée
(2-3 s) après le retrait du stimulus
VITALOMÉTRIE
Réponse comparable aux dents
PARODONTE
témoins Répond normalement à la
percussion et à la palpation
RÉPONSE AU CHAUD
Réponse positive de courte durée TRAITEMENT
(2-3 s) après le retrait du stimulus Aucun traitement endodontique
n’est requis. L’ablation de la carie,
CAUSE la protection dentinaire et la
Habituellement, causée par restauration adéquate permettront
une carie ou une restauration un retour à la normale qui peut
profonde récente prendre jusqu’à cinq mois.

3. PULPITE IRRÉVERSIBLE SYMPTOMATIQUE

DOULEUR RADIOGRAPHIES
Douleur intense spontanée Aucun changement radiologique.
intermittente ou provoquée Épaississement du ligament à
qui persiste après le retrait du une phase avancée de la pulpite
stimulus. Crises de douleur de
longue durée. Douleur aiguë RÉPONSE AU FROID
pulsative, localisée ou diffuse et Exacerbe la douleur et persiste.
sourde. Empêche de dormir ou Peut également être calmée par
réveille la nuit. Plus intense en le froid (à une phase avancée de la
position inclinée. pulpite irréversible).
PARODONTE
VITALOMÉTRIE Répond normalement à la
Réponse comparable aux dents percussion et à la palpation
témoins
TRAITEMENT
RÉPONSE AU CHAUD
Traitement endodontique indiqué
Exacerbe la douleur et persiste
après le retrait du stimulus

CAUSE
Habituellement causée par
une carie ou une restauration
profonde récente avec proximité
ou exposition pulpaire. Peut
être aussi être causée par une
fracture coronaire.

20
4. PULPITE IRRÉVERSIBLE ASYMPTOMATIQUE

DOULEUR RADIOGRAPHIES
Dent asymptomatique Aucun changement radiologique.
Épaississement du ligament à
VITALOMÉTRIE une phase avancée de la pulpite
Réponse comparable aux dents
témoins RÉPONSE AU FROID
RÉPONSE AU CHAUD Réponse normale
Réponse normale PARODONTE
Répond normalement à la
CAUSE percussion et à la palpation
Habituellement causée par
une carie ou une restauration TRAITEMENT
profonde récente avec proximité Traitement endodontique indiqué.
ou exposition pulpaire. Peut Il est important d’effectuer le
être aussi être causée par une traitement rapidement avant que
fracture coronaire la dent devienne symptomatique.

5. NÉCROSE PULPAIRE

DOULEUR RADIOGRAPHIES
Dent asymptomatique jusqu’à Ligament épaissi ou apparence
ce que l’infection se propage aux d’une lésion périapicale
tissus périradiculaires. RÉPONSE AU FROID
VITALOMÉTRIE Réponse négative
Réponse négative PARODONTE
Douleur ou sensibilité si la douleur
RÉPONSE AU CHAUD
se propage au périapex
Réponse négative ou réponse
causée par expansion vers le TRAITEMENT
périapex (soulagée par le froid) Traitement endodontique indiqué

 Une nécrose partielle d’une dent pluriradiculée peut engendrer des


résultats non concluants.

6. PULPE TRAITÉE PRÉALABLEMENT

Diagnostic clinique d’une dent lorsqu’elle a déjà reçu un traitement


endodontique qui inclut une obturation avec des matériaux autre qu’un
médicament intracanalaire.

7. TRAITEMENT ENDODONTIQUE INITIÉ

Diagnostic clinique d’une dent qui a subi un traitement endodontique


partiel. Ce diagnostic s’applique le souvent dans les traitements d’urgence
comme la pulpotomie ou la pulpectomie.

21
ALGORITHME DE DIAGNOSTIC PULPAIRE

22
 2. DIAGNOSTIC PÉRIAPICAL
1. Tissus apicaux normaux
2. Parodontite apicale symptomatique
3. Parodontite apicale asymptomatique
4. Abcès apical aigu
5. Abcès apical chronique

1. TISSUS APICAUX NORMAUX

DOULEUR RADIOGRAPHIES
Dent asymptomatique, sans Image radiographique normale
manifestation clinique (ligament parodontal et lamina
dura inchangés)

2. PARODONTITE APICALE SYMPTOMATIQUE

DOULEUR RADIOGRAPHIES
Douleur constante ou provoquée Avec ou sans changements
radiologiques possibles (lamina
VITALOMÉTRIE dura interrompue, ligament
Réponse négative (car c’est la parodontal épaissi, lésion apicale)
suite d’une nécrose pulpaire)
RÉPONSE AU FROID
RÉPONSE AU CHAUD
Réponse négative
Réponse négative ou réponse
causée par expansion vers le PALPATION
périapex (soulagée par le froid). Douleur locale possible
SONDAGE
Dans la normale
PERCUSSION
Réponse positive

3. PARODONTITE APICALE ASYMPTOMATIQUE

DOULEUR RADIOGRAPHIES
Dent asymptomatique Avec ou sans changements
radiologiques possibles (lamina
VITALOMÉTRIE dura interrompue, ligament
Réponse négative (car c’est la parodontal épaissi, lésion apicale)
suite d’une nécrose pulpaire)
RÉPONSE AU FROID
RÉPONSE AU CHAUD
Réponse négative
Réponse négative ou réponse
causée par expansion vers le PALPATION
périapex (soulagée par le froid). Douleur locale possible
SONDAGE
Dans la normale
PERCUSSION
Pas de douleur ou très légèrement
sensible

23
4. ABCÈS APICAL AIGU

DOULEUR RADIOGRAPHIES
Douleur spontanée aiguë Avec ou sans changements
radiologiques possibles (lamina
SIGNES CLINIQUES dura interrompue, ligament
Possibilité de fièvre et/ou parodontal épaissi, lésion apicale)
lymphadenopathie
RÉPONSE AU FROID
VITALOMÉTRIE
Réponse négative
Réponse négative (car c’est la
suite d’une nécrose pulpaire) PALPATION
RÉPONSE AU CHAUD Douleur intense et enflure
Réponse négative ou réponse
PERCUSSION
causée par expansion vers le
Douleur intense
périapex (soulagée par le froid).
PARODONTE
La mobilité est possible

5. ABCÈS APICAL CHRONIQUE

DOULEUR RADIOGRAPHIES
Dent légèrement inconfortable Avec ou sans changements
radiologiques possibles (lamina
SIGNES CLINIQUES dura interrompue, ligament
Fistule dont on peut retracer parodontal épaissi, lésion apicale)
l’origine avec une gutta et 1 PA
RÉPONSE AU FROID
VITALOMÉTRIE
Réponse négative
Réponse négative (car c’est la
suite d’une nécrose pulpaire) PALPATION
RÉPONSE AU CHAUD Sensibilité
Réponse négative ou réponse
PERCUSSION
causée par expansion vers le
Sensibilité
périapex (soulagée par le froid).

24
ALGORITHME DE DIAGNOSTIC PÉRIAPICAL

25
 3. ÉVALUATION DE LA DIFFICULTÉ
Une fois le diagnostic posé et qu’un traitement de canal est indiqué. Il est
impératif d’évaluer la difficulté et de risque de complication intraopératoire
afin de guider le patient dans le traitement qui lui convient le mieux avec
un praticien habilité. La complétion de la grille de classification des cas
selon les degrés de difficulté et de risques (disponible au B-120) est donc la
dernière étape avant de pouvoir élaborer un plan de traitement.

CLASSE 1
Risque moyen
(15-17 unités)

Indique un degré de
complexité moyen ou de
routine de la condition
préopératoire. Un
praticien expérimenté
devrait obtenir des
résultats de traitement
prévisibles.

CLASSE 2
Risque élevé
(18-25 unités)

Indique que l’évaluation


préopératoire démontre
un cas plus complexe.
L’obtention de résultats
prévisibles avec ce cas
sera difficile pour un
praticien expérimenté.

CLASSE 3
Risque très élevé
(plus de 25 unités)

Indique que la condition préopératoire est très complexe. L’obtention de


résultats prévisibles sera un défi même pour un praticien très habile.

26
CAVITÉS D’ACCÈS ET

CONFIGURATIONS CANALAIRES

1. Cavité d’accès
2. Classification des configurations canalaires
3. Anatomie canalaire
4. Caractéristiques de chaque dent
Avant d’entamer le traitement, il est important de recueillir les informations
nécessaires concernant la dent en question telles la forme de la cavité
d’accès, la configuration canalaire, la longueur moyenne de la racine, la
présence de courbures apicales, la forme du canal, etc.

 1. CAVITÉ D‘ACCÈS
RÔLES DE LA CAVITÉ D‘ACCÈS

Donner un accès direct à


01 02 S’assurer qu’on ait enlevé la
l’endodonte pour l’éliminer et totalité de la carie avant même de
l’assainir la pulpe infectée s’engager dans l’endodonte

OBJECTIFS DE LA CAVITÉ D‘ACCÈS

01 Enlever la carie et les restaurations 02 Conserver au maximum la


défectueuses structure dentaire saine

03 Enlever le plafond de la chambre 04 Éliminer la pulpe camérale


pulpaire

05 Permettre de localiser tous les 06 Permettre un accès direct au canal


orifices canalaires

PRINCIPES ANATOMIQUES DE LA CHAMBRE PULPAIRE

Centralité Concentricité
01 Le plancher de la chambre pulpaire 02 Les murs de la chambre pulpaire
est situé habituellement au centre sont concentriques à l’anatomie
de la dent au niveau de la JEC externe de la dent à la JEC

Couleur Localisation de la JEC


03 Le plancher de la chambre 04 La distance entre la surface
pulpaire est plus foncé que les externe la couronne et le mur de
murs la chambre pulpaire est constante
autour de la dent au niveau de la
Localisation des orifices JEC.
05 Les orifices sont situés à la jonction
des murs et du plancher pulpaire

La radiographie (BW) préopératoire peut également permettre de mesurer la


distance nécessaire pour atteindre le plafond de la chambre pulpaire

27
ÉTAPES DE LA CAVITÉ D‘ACCÈS
1. Visualiser la cavité d’accès. La structure canalaire de la dent permet d’établir la
forme de la cavité d’accès. Pour ce faire, il faut se fier à l’examen radiologique et
à l’anatomie de la dent. Une palpation au niveau de la gencive peut également à
déterminer la position et l’angulation des racines. Les principes d’anatomie de la
chambre pulpaire présentés à la page précédente permettent également de visualiser
la forme de la cavité d’accès.
2. Procéder à l’installation de la digue (se référer à la section Digue).
3. Enlever les restaurations défectueuses et les caries avant de rentrer dans la chambre
pulpaire.*
4. Enlever l’émail non supporté de la dent pour éviter la fracture de la dent.
5. Assurer un passage direct des instruments au foramen apical ou la courbure initiale
du canal.
6. Inspecter le plancher et les murs de la chambre pulpaire. Cela permet de déterminer
la localisation et l’état des canaux (calcifiés, courbes, etc.) et de la dent (présence de
carie, de fracture, etc.)
7. Assurer une cavité d’accès avec des murs légèrement divergents.

*Il est souvent nécessaire de procéder à l’ablation de la carie et des restaurations


défectueuses et de la reconstruction de la dent avant d’entamer la cavité d’accès au
risque de compromettre les chances de succès du traitement.

 2. CLASSIFICATION DES CONFIGURATIONS CANALAIRES

CLASSIFICATION DE WEINE

Franklin S. Weine a décrit et classifié les configurations canalaires possibles.


D’autres types de configurations ont été découvertes subséquemment,
mais les 4 configurations décrites par Weine restent les plus communes.

I II III IV
Type I Type III
Un canal unique partant de la chambre Deux canaux distincts partant séparément
pulpaire pour se rendre jusqu’au foramen de la chambre pulpaire pour se rendre
apical. respectivement jusqu’à l’apex.

Type II Type IV
Deux canaux séparés partant de la Un seul canal partant de la chambre
chambre pulpaire pour se rejoindre pulpaire, mais qui se divise en deux canaux
ensemble au tiers apical et ne former distincts peu avant l’apex.
qu’un seul canal qui se rend jusqu’à l’apex.

28
CLASSIFICATION DE VERTUCCI

En 1984, Vertucci entreprit des travaux similaires et décrit une classification


plus précise et détaillée qui inclut 8 configurations possibles.

I II III IV

V VI VII VIII
Type I Type V
Un canal unique partant de la chambre un canal unique qui se divise en deux juste
pulpaire pour se rendre jusqu’au foramen avant l’apex.
apical.
Type II Type VI
Deux canaux séparés partant de la Deux canaux qui s’unissent dans la racine,
chambre pulpaire pour se rejoindre puis se divisent avant l’apex
ensemble et ne former qu’un seul canal
qui se rend jusqu’à l’apex. Type VII
Un canal qui quitte la chambre pulpaire, se
Type III divise, se rejoint à nouveau et finit par se
Un canal qui quitte la chambre pulpaire et séparer en 2 canaux distincts avant l’apex.
se divise en 2 dans la racine pour fusionner
et se rendre dans un foramen unique. Type VIII
Trois canaux séparés dans une seule racine
Type IV
Deux canaux distincts partant séparément
de la chambre pulpaire pour se rendre
respectivement jusqu’à l’apex.

29
 3. ANATOMIE CANALAIRE

 4. CARACTÉRISTIQUES DE CHAQUE DENT

Plusieurs variations anatomiques subsistent entre les dents et entre les


individus. En effet, les données varient énormément en fonction de l’âge
des patients, de leur origine ethnique et de plusieurs autres facteurs.

Les caractéristiques présentées dans cette section représentent le fruit de


plusieurs études notamment celles de Vertucci, de Seelig & Gillis, de Wiene,
etc. tel que présenté dans le Cohen’s Pathway to the Pulp et dans le Patel’s
Endodontic Diagnosis, Pathology, and Treatment Planning.

La classification canalaire utilisée pour décrire les configurations canalaires


ci-dessous est celle de Vertucci.

30
INCISIVE CENTRALE SUPÉRIEURE

Longueur Courbure radiculaire (de


Configuration
moyenne la plus commune à la Commentaires
canalaire
de la dent moins commune)

• Cavité d’accès de forme


1 racine triangulaire
1 canal 22.5 mm Droite > Labiale > Distale
Type I • Conserver les crêtes
marginales et le cingulum

INCISIVE LATÉRALE SUPÉRIEURE

Longueur Courbure radiculaire (de


Configuration
moyenne la plus commune à la Commentaires
canalaire
de la dent moins commune)

• Cavité d’accès de forme


1 racine triangulaire
1 canal 22.0 mm Distale > Droite
Type I • Conserver les crêtes
marginales et le cingulum

CANINE SUPÉRIEURE

Longueur Courbure radiculaire (de


Configuration
moyenne la plus commune à la Commentaires
canalaire
de la dent moins commune)
• La plus longue de toutes
1 racine les dents
1 canal 26.5 mm Distale > Droite > Labiale • Cavité d’accès de forme
Type I ovale au-dessus du
cingulum

31
PREMIÈRE PRÉMOLAIRE SUPÉRIEURE

Longueur Courbure radiculaire (de la


Configuration
moyenne plus commune à la moins Commentaires
canalaire
de la dent commune)
1 RACINE:
1 racine (26%)
Droite > Distale > Buccale
2 racines (65%) • Racine plus large
3 racines (3-6%) bucco-lingualement
2 RACINES:
• Cavité d’accès aplatie
1 canal (26%) 21.6 mm M-D et large B-L
Racine buccale
2 canaux (57%) • Séparation des
Linguale > Droite > Buccale
3 canaux (6%) racines au tiers
cervical ou moyen
Racine palatine
Type I, II ou IV
Droite > Buccale > Distale

DEUXIÈME PRÉMOLAIRE SUPÉRIEURE

Longueur Courbure radiculaire (de la


Configuration canalaire moyenne plus commune à la moins Commentaires
de la dent commune)
• Racine plus
grande B-L
1 racine (48%)
• Cavité d’accès
2 racines (51%)
aplatie M-D et
3 racines (1%)
large B-L
• Présence d’une
1 canal, 1 foramen (48%)
22.3 mm Distale > en S > Droite concavité au
2 canaux, 1 foramen (27%)
mésial qui peut
2 canaux, 2 foramens (24%)
augmenter
3 canaux, 1 foramen (1%)
le risque de
perforation et de
Type I, II, IV
fracture

32
PREMIÈRE MOLAIRE SUPÉRIEURE

Longueur Courbure radiculaire


Configuration canalaire moyenne (de la plus commune à Commentaires
de la dent la moins commune)
1 racine (rare)
2 racines (4%) • 3 racines (2 B + 1L)
3 racines (95%) Racine mésio-buccale : • MB2 à 1-2mm du
Distale > Droite premier en direction
Racine mésio-buccale palatine
1 canal, 1 foramen (45%) Racine disto-buccale : • Chercher de routine
2 canaux, 1 foramen (37%) 20.8 mm Droite > Mésiale > MB2
Distale • Orifice du canal palatin
Racine distobuccale et + large : souvent au-
racine palatine: Racine palatine : dessous de la ½ distale
1 canal, 1 foramen Buccale > Droite de la cuspide ML, de
forme ovale ou rubanée
Type I, II ou III (racine MB)

DEUXIÈME MOLAIRE SUPÉRIEURE

Longueur Courbure radiculaire


Configuration canalaire moyenne (de la plus commune à Commentaires
de la dent la moins commune)

1 racine (4%) • 3 racines (2 B + 1L)


2 racines (9%)
• MB2 à 1-2mm du
3 racines (86%) Racine mésio-buccale : premier en direction
4 racines (1%) Distale > Droite palatine
• Chercher de routine
Racine mésiobuccale Racine disto-buccale : MB2, mais fréquence
1 canal, 1 foramen (63%) 20.0 mm Droite > Mésiale > moins élevée que 1re
2 canaux, 1 foramen (13%) Distale molaire
2 canaux, 2 foramens (24%) • Ressemble beaucoup à
Racine palatine : la 1re molaire supérieure,
Racine distobuccale et Droite > Buccale mais canaux MB et DB
racine palatine: plus rapprochés et accès
1 canal, 1 foramen plus difficile

33
INCISIVES INFÉRIEURES

Longueur Courbure radiculaire (de


Configuration canalaire moyenne la plus commune à la Commentaires
de la dent moins commune)

• Dépression
1 racine (60-80%) anatomique aux
2 racines (20-40%) faces proximales
réduit diamètre et
1 canal, 1 foramen (92%) limite l’élargissement
20.7 mm Droite > Distale > Labiale
2 canaux, 1 foramen (13%) canalaire
2 canaux 2 foramen (3%) • Forme de la cavité
d’ accès ovale ou
Type I, II, III, IV triangle étroit et
allongé

CANINES INFÉRIEURES

Longueur Courbure radiculaire (de


Configuration canalaire moyenne la plus commune à la Commentaires
de la dent moins commune)

1 racine (94%)
2 racines (6%)
• Cavité accès de
forme ovale
1 canal, 1 foramen (80%)
25.6 Mm Droite > Distale > Labiale • Si 2 canaux, on
2 canaux, 1 foramen (14%)
positionne la cavité
2 canaux, 2 foramens (6%)
plus lingualement
Type I, II, III, IV

34
PREMIÈRE PRÉMOLAIRE INFÉRIEURE

Longueur Courbure radiculaire (de


Configuration canalaire moyenne la plus commune à la Commentaires
de la dent moins commune)

1 racine (74%)
2 racines (25%) • Préparation de
3 racines (1%) forme ovale
• Extension de la
1 canal, 1 foramen (74%) Droite > Distale > Buccale préparation au buccal
21 mm et au lingual
1 canal, 2 foramens (24%)
2 canaux, 2 foramens • Une concavité
mésiale peut mener
(1.5%) à des perforations ou
des fractures
Type I, III, IV, V, VIII

DEUXIÈME PRÉMOLAIRE INFÉRIEURE

Longueur Courbure radiculaire


Configuration canalaire moyenne (de la plus commune à Commentaires
de la dent la moins commune)

1 racine (99%)
2 racines (0.3%) • Préparation de forme
3 racines (0.1%) ovale avec une extension
buccale et linguale
Droite > Distale >
1 canal, 1 foramen (91%) 19.8 mm • Une concavité mésiale
Buccale
2 canaux, 1 foramen (6%) peut mener à des
1 canal, 2 foramens (2.5%) perfora-tions ou des
fractures
Type I, II, IV

35
PREMIÈRE MOLAIRE INFÉRIEURE

Longueur Courbure radiculaire


Configuration canalaire moyenne (de la plus commune Commentaires
de la dent à la moins commune)

Racine mésiale:
• Bi-radiculée (M+D)
1 canal, 1 foramen (12%)
• Racine D plus petite
1 canal, 2 foramens (8%)
que M, mais les 2 ont la
2 canaux, 1 foramen (28%)
même dimension MD
2 canaux, 2 foramens Racine mésiale
• Racine D a 1 canal ovale
(53%) Distale > Droite
aplati MD et au distal
21 mm
sillon B proche de la
Racine distale: Racine distale
paroi vestibulaire
1 canal, 1 foramen (70%) Droite > Distale
• Racine M a plus souvent
1 canal, 2 foramens (8%)
2 canaux (MB, ML)
2 canaux, 1 foramen (15%)
avec des petits orifices
2 canaux, 2 foramens (7%)
difficiles à localier

DEUXIÈME MOLAIRE INFÉRIEURE

Longueur Courbure radiculaire


Configuration canalaire moyenne (de la plus commune Commentaires
de la dent à la moins commune)

Racine mésiale:
1 canal, 1 foramen (27%)
1 RACINE:
1 canal, 2 foramens (9%)
Droite > Distale > En S
2 canaux, 1 foramen (38%)
> Linguale
2 canaux, 2 foramens • Semblable à la 1re
(26%) molaire inférieure avec
2 RACINES:
19.8 mm plus de variations de
Racine mésiale
Racine distale: configurations
Distale > Droite
1 canal, 1 foramen (92%)
1 canal, 2 foramens (1%)
Racine distale
2 canaux, 1 foramen (3%)
Droite > Distale
2 canaux, 2 foramens (4%)

36
PRÉPARATION CANALAIRE

1. Principes de préparation canalaire


2. Préparation avec instruments manuels
3. Préparation avec instruments rotatifs

 1. PRINCIPES DE PRÉPARATION CANALAIRE


Bien qu’il existe différentes techniques de mise en forme, nous vous
présenterons que les techniques préconisées à l’Université de Montréal
pour les étudiants de 1er cycle. Peu importe la technique de mise en forme,
les objectifs cliniques demeurent les mêmes.

DÉSINFECTION DU CANAL

Le but du traitement de canal non chirurgical est de guérir ou de prévenir


la parodontie périradiculaire. Il faut diminuer ou maintenir la charge
microbienne à un taux acceptable. Il est donc essentiel de désinfecter le
canal sur toute sa longueur. La désinfection se fait par l’irrigation d’une
solution de NaOCl et le retrait de la dentine infectée. La désinfection est
donc secondaire à la mise en forme.

MISE EN FORME CANALAIRE

Le traitement de canal vise également à maintenir l’intégrité radiculaire


en évitant les fractures et perforations radiculaires, le zipping, le stripping,
les ledges, etc. Il faut également tenir compte de la dentine cervicale, soit
celle qui se trouve 4 mm au-dessus de la JEC et 6 mm en dessous. Cette
dentine est d’une grande importance puisqu’elle est irremplaçable. Il est
donc primordial d’éviter l’ablation inutile de dentine à cet endroit.

PERMÉABILITÉ CANALAIRE

Tout au long de l’étape de la mise en forme et de la désinfection du système


endocanalaire, l’opérateur doit vérifier la perméabilité canalaire (patency)
afin d’éviter de créer un bouchon apical de débris. Elle se fait en dépassant
légèrement le foramen apical à l’aide d’une lime 10 alors que le canal est
rempli d’une solution de NaOCl.

37
IRRIGATION : DÉSINFECTION DU SYSTÈME CANALAIRE

La seringue et l’aiguille d’irrigation occupent une place importante dans


le traitement de canal puisqu’ils permettent de désinfecter le système
canalaire à l’aide de la solution de NaOCl.

L’irrigation en endodontie permet de :


• Éliminer les débris hors du système canalaire
• Lubrifier le canal;
• Dissoudre les tissus organiques et inorganiques
• Prévenir ou dissoudre la smear layer
• Désinfecter le système canalaire

La solution d’irrigation est du NaOCl (hypochlorite de sodium), soit de l’eau


de javel. Le NaOCl a la particularité d’agir à la fois comme un solvant et
comme un désinfectant. Pour pouvoir être efficace clinique, elle devrait
avoir une concentration avoisinante 5,25%.

La littérature considère que la solution d’irrigation ne se rend pas plus


loin que 1 mm à partir de l’extrémité de l’aiguille. Il est donc primordial
d’effectuer une bonne mise en forme afin de s’assurer que l’aiguille
d’irrigation se rende suffisamment profondément pour irriguer et
désinfecter le système canalaire. La profondeur d’insertion de l’aiguille
d’irrigation dépend de la largeur du canal. Sachant que l’aiguille d’irrigation
à l’Université de Montréal correspond à une 30G, on peut supposer que
la DIA devra être d’au minimum 30 ou 35 pour garantir une irrigation
adéquate.

Lors de l’irrigation, il est important de


précourber l’aiguille à 1 cm de l’embout
avec un angle d’environ 135°. Afin d’éviter
un accident d’hypochlorite de sodium,
l’irrigation doit se faire dans le canal avec un
mouvement d’oscillation apico-coronaire,
une pression constante adéquate et en se
rendant à une longueur plus courte que la LT.
L’aiguille doit également pouvoir s’insérer et
se retirer passivement du canal.

Pour faciliter l’irrigation, il vaut mieux retirer


l’aiguille de la seringue avant de charger
la seringue de solution de NaOCl. Une fois remise l’aiguille en place,
décharger l’aiguille des bulles d’air afin d’éviter les écoulements de goutte
de la seringue.

38
LONGUEUR DE TRAVAIL (LT)

Lors de la mise en forme, il sera nécessaire d’établir la LT dans un premier


temps. Or, avant même d’établir la LT, il faut ajuster la table occlusale
de telle sorte que la dent soit en sous-occlusion et qu’une des cuspides
puisse convenablement servir de repère pour la LT et le cran d’arrêt. Il est
recommandé d’établir une LT de 0,5 à 1,0 mm court de l’apex radiographique
en cas de nécrose et de 1,0 à 2,0 mm court de l’apex radiographique en cas
de pulpite irréversible.

TECHNIQUE DE FORCE BALANCÉE

Peu importe la méthode d’instrumentation choisie, l’opérateur sera amené


à utiliser des limes manuelles. À ce titre, la littérature offre une technique
d’instrumentation qui démontre un risque plus faible d’aberration
canalaire : le balanced force technique:

La lime manuelle est insérée passivement dans le canal. Une rotation de


90° dans le sens horaire est effectuée. Une pression axiale adéquate est
appliquée et une rotation de 90° dans le sens antihoraire est effectuée. La
lime est ensuite retirée du canal en effectuant un mouvement de rotation
horaire.

 2. PRÉPARATION AVEC INSTRUMENTS MANUELS


La technique présentée ci-dessous pour la préparation avec instruments
manuels est la technique step-back. Celle-ci consiste à instrumenter le
canal apico-coronaire avec des limes manuelles après avoir établi la DIA.
L’instrumentation se fait en réduisant incrémentalement la LT à chaque
lime et en augmentant le diamètre de la lime à chaque instrumentation.

Le step-back se fait généralement à séquence de 1,0 mm.


ÉTAPES DE LA PRÉPARATION STEP-BACK AVEC INSTRUMENTS MANUELS
A. Vérifications et ajustements
B. Voie de glissement
C. Établissement de la perméabilité canalaire
D. Établissement de la PIA
E. Établissement de la DIA
F. Mise en forme canalaire par Step-back
G. Élargissement du tiers cervical (facultatif)

A. VÉRIFIER LA PERMÉABILITÉ APICALE


1. S’assurer que la chambre pulpaire est complètement ouverte;
2. S’assurer que la chambre pulpaire offre un accès direct à l’orifice canalaire;
3. S’assurer que les parois de la chambre pulpaire sont légèrement divergentes;
4. Éliminer l’émail non supporté;
5. Réduire l’occlusion adéquatement;

39
B. VOIE DE GLISSEMENT
6. Déposer de la solution de NaOCl dans la chambre pulpaire;
7. Établir une voie de glissement avec une lime 08 ■ une lime 10 ■ précourbée dont le
cran d’arrêt est préajusté à la LT estimée radiographiquement ;
8. Explorer le canal doucement en faisant des mouvements quarts de tour. Noter l’état
pulpaire et tenter d’évaluer le système endo-canalaire avec votre tactilité;
9. Irriguer le canal et assécher légèrement;
10. Confirmer la LT avec le localisateur d’apex;
11. Confirmer la LT radiographiquement (1 PA ). Ajuster si nécessaire;

C. ÉTABLISSEMENT DE LA PERMÉABILITÉ CANALAIRE


12. Remplir le canal jusqu’à ras-bord avec la solution de NaOCl;
13. À l’aide d’une lime 10 ■ ajustée à la bonne LT, dépasser légèrement le foramen apical
d’environ 0,5 à 1 mm afin de vérifier qu’il n’y a pas de bouchon apical;

D. ÉTABLISSEMENT DE LA PIA
14. À l’aide d’une lime d’au moins 15 ■ précourbée et ajustée à la LT, établir la PIA en
introduisant la lime doucement dans le canal en faisant des mouvements quarts de
tour. Si la lime semble flotter et qu’elle ne présente pas une légère résistance, alors
augmenter la taille de la lime graduellement;
15. Confirmer la PIA à la LT radiographiquement (1 PA ). Ajuster si nécessaire;

E. ÉTABLISSEMENT DE LA DIA
16. À partir de la PIA, élargir le canal à la LT d’au moins 3 limes supérieures (ex. : PIA=
15; DIA= 30). Ajuster le cran d’arrêt de chaque lime, précourber chaque lime et irriguer
régulièrement. Alterner entre lime et alésoir correspondant. Irriguer entre chaque
instrument;
17. Confirmer la DIA radiographiquement (1 PA ). Ajuster si nécessaire;

F. MISE EN FORME CANALAIRE PAR STEP-BACK


18. Vérifier la perméabilité canalaire
19. Ajuster une lime 1 fois plus grande que la DIA à 1 mm court de la LT et précourber.
Faire de même avec un alésoir correspondant;
20. Instrumenter le canal selon la technique de la force balancée;
21. Récapituler avec la DIA à la LT pour éviter de laisser une marche;
22. Répéter les étapes 19, 20 et 21 en réduisant la longueur des limes et alésoir de 1 mm à
chaque fois et en augmentant graduellement le diamètre des instruments à chaque fois ;
23. Arrêter lorsque les limes ne présentent plus de résistance dans le canal;

G. ÉLARGISSEMENT DU TIERS CERVICAL (FACULTATIF)


Élargir lorsque la conicité du canal n’est pas suffisante au tiers cervical ou
lorsque l’accès au canal n’est pas direct. Cette étape peut être fait avant ou après
l’instrumentation du canal dépendamment du contexte clinique.
24. Ajuster le terminal MX2 aux paramètres d’endodontie (500 RPM, 2 Ncm; voir
protocole de préparation rotative). Déposer une fraise GG 1 dans le canal jusqu’à l’arrêt.
Lever la fraise de 1 mm à partir de l’arrêt de la fraise. Élargir le canal délicatement le
canal. Irriguer abondamment.
25. Vérifier la perméabilité canalaire.
40
 3. PRÉPARATION AVEC INSTRUMENTS ROTATIFS
Les limes conventionnelles en acier de type K-File sont beaucoup trop
rigides à partir d’un diamètre de 25 et plus pour pouvoir négocier des
courbures importantes. C’est pour cela que les limes rotatives en NiTi sont
tout indiquées lorsque les canaux présentent des courbures importantes
afin d’éviter de créer des ledges, du stripping ou du zipping.

Les limes rotatives peuvent avoir différentes conicités dépendamment


des fabricants. À l’Université de Montréal, nous utilisons les limes rotatives
de finition EndoSequence® Scout Files qui ont une conicité de 0.04. Ces
limes sont travaillantes sur une longueur de 12 mm.

Elles comportent
deux bandes de
couleur respectant
les standards ISO.
La première bande
mince indique la
conicité, soit rouge
pour une conicité de .04, et la deuxième bande large indique le diamètre,
soit 20, 25 et 30, donc jaune, rouge et bleu respectivement.

Ce système est utilisé en conjonction avec l’ouvre orifice ESX 20/08 afin
d’éliminer les triangles dentinaires et d’élargir le tiers coronaire. Les fraises
GG peuvent également être utilisées pour l’élargissement du tier coronaire.

Pour éviter des complications comme


l’effet de vissage ou le taperlock, il est
essentiel de paramétrer le moteur
électrique correctement. L’Université de
Montréal dispose des terminaux Optima
MX2 pour régler les paramètres du moteur
électrique. Il faut simplement appuyer
sur le bouton ESC jusqu’à ce que le mode
ENDO s’affiche. Il faut ensuite sélectionner
le mode ENDO. Il est également possible de modifier manuellement le
rapport selon la pièce à main, la vitesse (recommandé : 500 RPM) et le
couple (recommandé : 2.0 Ncm).

Lorsqu’on travaille avec des limes manuelles, on ne force jamais sur


l’instrument. On ne fait que guider la lime par intermittence de 2-3
secondes tout en s’assurant de la perméabilité apicale et de l’irrigation du
canal. Il faut également éviter des forces apicales ou d’exercer des forces
contre la furcation.

Au moment de l’obturation canalaire d’un canal instrumenté par des limes


rotatives de .04, il est conseillé d’utiliser des GP standardisées puisque la
conicité de la préparation est relativement constante.

41
ÉTAPES DE LA PRÉPARATION AVEC INSTRUMENTS ROTATIFS
A. Vérifications et ajustements
B. Voie de glissement
C. Établissement de la perméabilité canalaire
D. Établissement de la PIA
E. Établissement de la DIA
F. Mise en forme canalaire par Step-back
G. Élargissement du tiers cervical (facultatif)

A. VÉRIFIER LA PERMÉABILITÉ APICALE


1. S’assurer que la chambre pulpaire est complètement ouverte;
2. S’assurer que la chambre pulpaire offre un accès direct à l’orifice canalaire;
3. S’assurer que les parois de la chambre pulpaire sont légèrement divergentes;
4. Éliminer l’émail non supporté;
5. Réduire l’occlusion adéquatement;

B. VOIE DE GLISSEMENT
6. Déposer de la solution de NaOCl dans la chambre pulpaire;
7. Établir une voie de glissement avec une lime 08 ■ une lime 10 ■ précourbée dont le
cran d’arrêt est préajusté à la LT estimée radiographiquement ;
8. Explorer le canal doucement en faisant des mouvements quarts de tour. Noter l’état
pulpaire et tentez d’évaluer le système endo-canalaire avec votre tactilité;
9. Irriguer le canal et assécher légèrement;
10. Confirmer la LT avec le localisateur d’apex;
11. Confirmer la LT radiographiquement (1 PA ). Ajuster si nécessaire;

C. ÉTABLISSEMENT DE LA PERMÉABILITÉ CANALAIRE


12. Remplir le canal jusqu’à ras-bord avec la solution de NaOCl;
13. À l’aide d’une lime 10 ■ ajustée à la bonne LT, dépasser légèrement le foramen apical
d’environ 0,5 à 1 mm afin de vérifier qu’il n’y a pas de bouchon apical;

D. ÉTABLISSEMENT DE LA PIA
14. À l’aide d’une lime d’au moins 15 ■ précourbée et ajustée à la LT, établir la PIA en
introduisant la lime doucement dans le canal en faisant des mouvements quarts de
tour. Si la lime semble flotter et qu’elle ne présente pas une légère résistance, alors
augmenter la taille de la lime graduellement;
15. Confirmer la PIA à la LT radiographiquement (1 PA ). Ajuster si nécessaire;
16. Ouvrir la PIA avec une lime 20 ■ si nécessaire. Irriguer;

E. ÉVASEMENT DU TIERS CORONAIRE


17. Ajuster les paramètres du moteur à l’aide du terminal Optima MX2 (RPM : 500;
Couple : 2,0 Ncm);
18. Installer l’ouvre orifice ESX sur la pièce à main;
19. Remplir le canal et la chambre pulpaire de solution de NaOCl;
20. Appuyer sur la pédale;
21. Introduire l’ouvre orifice ESX dans le canal rempli de solution de NaOCl;

42
22. Travailler le tiers coronaire 2-3 secondes à la fois. Désinfecter l’ouvre orifice avec une
lingette d’alcool et irriguer entre chaque réinstrumentation;
23. Éliminer les triangles dentinaires;
24. Irriguer au NaOCl;
25. Vérifier la perméabilité apicale en récapitulant avec une lime 10 ■;

F. MISE EN FORME AVEC LES LIMES ROTATIVES


26. Remplir le canal de solution de NaOCl;
27. Ajuster le cran d’arrêt de la lime rotative 20/04 à 1 mm court de la LT. Enduire
l’embout de la lime avec du gel EDTA si disponible;
28. Ajuster les paramètres du moteur à l’aide du terminal Optima MX2 (RPM : 500;
Couple : 2,0 Ncm);
29. Activer la pièce à main avec la pédale et introduire doucement et passivement dans
le canal jusqu’à 1 mm court de la LT. Procéder par intermittence 2-3 secondes à la fois.
Retirer fréquemment la lime pour l’essuyer avec une lingette d’alcool;
30. Si un blocage empêche la lime rotative de se rendre à la longueur désirée, ne pas
forcer. Retirer la lime et irriguer abondamment le canal. Revérifier la perméabilité
apicale avec une lime 10 ■ puis repasser la lime rotative.
31. Répéter l’étape précédente avec les limes rotatives 25/04 et 30/04. Irriguer le canal
et nettoyer les limes fréquemment. Vérifier la perméabilité canalaire entre chaque lime
rotative;

G. ÉTABLISSEMENT DE LA DIA
32. Avec une lime manuelle dont le diamètre est au moins 3 niveaux supérieurs à celui
de la PIA, se rendre à la LT. Prendre une radiographie pour confirmer (1 PA ). Ajuster si
nécessaire;
33. Procéder à un step-back de 1 mm à partir de la LT jusqu’à 1 mm court de la LT avec
la DIA;
34. Irriguer abondamment le canal et vérifier la perméabilité apicale.

43
OBTURATION CANALAIRE

1. Principes d’obturation
2. Compactage latéral à froid
3. Compactage vertical à chaud
4. Compactage hydraulique
5. Obturation coronaire temporaire

 1. PRINCIPES D‘OBTURATION
L’obturation dépend intrinsèquement de la préparation canalaire. Il est
donc impératif d’exécuter préalablement une bonne préparation canalaire
pour garantir les chances de succès d’une obturation canalaire réussie.

OBJECTIFS DE L‘OBTURATION CANALAIRE

01 Scellement du foramen apical et 02 Comblement tridimensionnel de


des canaux accessoires avec un l’espace endodontique préparé.
matériau biocompatible

CONDITIONS POUR L‘OBTURATION

01 La dent soit asymptomatique. Il 02 La préparation canalaire ait été


sera par exemple contre-indiqué complétée et que le canal soit
de procéder à l’obturation si propre et sec.
le patient présente encore de
l’enflure ou que le canal est
purulent ou saignant.

Il existe différentes méthodes d’obturation. Nous présenterons la méthode


d’obturation de compactage latéral à froid, compactage latéral à chaud
et une méthode d’obturation à condensation hydraulique.

44
L‘ EFFET BOUCHON

Dans presque tous les cas, il sera nécessaire d’adapter un cône principal
de gutta-percha (GP) pour obtenir un effet bouchon à la bonne longueur
de travail. En général, on commence avec un cône de taille équivalente
à la DIA. Toutefois, le cône principal n’est pas réellement standardisé. En
effet, les normes ISO ont une tolérance et l’industrie, selon des marques,
peuvent générer des GP ISO 40 qui sont en réalité des GP ISO 45. De plus,
la DIA initiale n’est plus bonne puisqu’elle a été agrandie pendant la mise
en forme. Il va donc falloir choisir une GP plus grande que la DIA initiale ou
couper une GP pour l’adapter.

Il faut obtenir un effet bouchon à l’apex et non coronairement. Il est donc


préférable d’ajuster une GP par sectionnement incrémental de 0,5 mm
que de choisir une GP trop large qui procurerait un effet bouchon trop
coronaire.

Le diagramme ci-dessous schématise le chemin de pensée nécessaire


pour adapter adéquatement le cône principal et obtenir un effet bouchon.:

SCHÉMA D‘ADAPTATION DU CÔNE PRINCIPAL

Cône principal
= DIA

Bon effet bouchon Pas d’effet bouchon Bon effet bouchon


LT courte Bonne LT Bonne LT

Adapter le cône
principal en coupant Choisir un cône
des morceaux de principal plus petit
0,5 mm

Bon effet bouchon Bon effet bouchon


Bonne LT Bonne LT

Procéder à
l’obturation

45
CIMENT ENDODONTIQUE: PULPDENT® ROOT CANAL SEALER

Le ciment endodontique Root Canal Sealer est disponible à l’Université de


Montréal. C’est un ciment endodontique à base d’oxyde de zinc et eugénol.
Il est radioopaque.

Pour le malaxage, le ratio recommandé est de 2 cuillères pour 4 gouttes. La


consistance désirée est celle d’une mayonnaise crémeuse étirable.

Une fois malaxé, le Root Canal Sealer offre un temps de travail d’au moins
30 minutes. Le temps de prise varie de 2 à 3 heures.

Le Root Canal Sealer peut être appliqué dans le canal avec un alésoir en
faisant des mouvements de rotations antihoraires, directement avec la GP
ou encore avec une fraise de type Lentulo.

Lors de l’obturation, les excès légers de ciment Root Canal Sealer se


résorbent souvent au bout de 10 à 12 mois.

46
 2. COMPACTAGE LATÉRAL À FROID
La technique de compactage latéral à froid est une technique qui est
indiquée pour la plupart des situations cliniques. Elle a également
l’avantage d’offrir une longueur d’obturation prédictible. Toutefois, cette
technique ne pourrait pas obturer les irrégularités canalaires aussi bien
que la technique de compactage vertical à chaud ou les autres techniques
thermoplastiques. La compaction latérale à froid peut se faire avec la
plupart des ciments endodontiques.
ÉTAPES DU COMPACTAGE LATÉRAL À FROID
A. Perméabilité apicale
B. Adaptation du cône principal de GP
C. Cimentation du cône principal
D. Cimentation des cônes accessoires
A. VÉRIFIER LA PERMÉABILITÉ APICALE
1. Remplir le canal jusqu’à ras bord avec la solution de NaOCl
2. À l’aide d’une lime 10 ■ ajustée à la bonne LT, dépasser légèrement le foramen apical
d’environ 0,5 à 1 mm afin de vérifier qu’il n’y a pas de bouchon apical

B. ADAPTATION DU CÔNE PRINCIPAL DE GP


3. Irriguer le canal
4. Choisir un cône standardiser équivalent à la DIA
5. Tremper le cône dans la solution d’irrigation pendant 1 min
6. Insérer le cône principal dans le canal encore rempli de solution d’irrigation.
Appliquer une légère pression
7. Vérifier l’effet bouchon à la LT avec une précelle. Ajuster si nécessaire.
8. Confirmer la sélection du cône principal radiographiquement (1 PA ). Ajuster le
cône principal si nécessaire.

C. CIMENTATION DU CÔNE PRINCIPAL DE GP


9. Retirer le cône principal
10. Choisir le FP qui permet de se rendre librement à 1 ou 2 mm de la LT. Ajuster le cran
d’arrêt du FP à 2-3 mm de la LT.
11. Irriguer puis assécher le canal avec les pointes de papier (PP). Mesurer les PP à la LT
avant d’assécher
12. Malaxer le ciment endodontique et en appliquer sur les parois du canal à l’aide d’un
alésoir ajusté à la LT en faisant des mouvements antihoraires
13. Choisir les cônes accessoires standardisés qui correspondent au FP choisi
14. Insérer délicatement le cône principal enduit de ciment dans le canal. Appliquer une
légère pression. Éviter de pomper
15. Compacter le cône principal verticalement avec le FP
16. Compacter le cône principal latéralement pour pouvoir créer l’espace de délogement
du FP
17. Retirer lentement le FP en faisant de légers mouvements de rotation horaire et
antihoraire

47
D. CIMENTATION DES CÔNES ACCESSOIRES

18. Insérer promptement un cône accessoire


enduit de ciment. Le cône accessoire doit
avoir un diamètre inférieur au FP La force de compaction
19. Compacter latéralement le cône
accessoire avec le FP
 pour la technique latérale
à froid est de: 800 g
20. Retirer lentement le FP en faisant de Une force de 1500 g est
légers mouvements de rotation horaire et suffisante pour engendrer
antihoraire une fracture radiculaire.
21. Répéter les étapes 18 à 20 jusqu’à avoir 2
ou 3 cônes accessoires aient été cimentés
22. Confirmer l’obturation de la 1re vague radiographiquement (1 PA )
23. Répéter les étapes 18 à 20 jusqu’à ce que le FP ne se rendent pas plus loin que le tier
coronaire du canal
24. Retirer l’excédent de GP à l’aide d’un porte-chaleur paramétré à 180°C
25. Compacter la GP du canal à l’aide du fouloir SAKS approprié. La GP devrait se rendre
à la JEC lorsqu’il n’y a pas de considérations esthétiques. Lorsqu’il y a des considérations
esthétiques, la GP devrait se rendre au niveau gingival. La cavité d’accès peut être
nettoyé avec une boulette de coton enduit d’alcool
26. Confirmer l’obturation de la 2e vague radiographiquement (1 PA )
27. Obturer la cavité d’accès selon le contexte clinique puis prendre une radiographie de
contrôle postopératoire sans digue ni crampon (1 PA )

 3. COMPACTAGE VERTICAL À CHAUD


Cette technique consiste à compacter verticalement un cône de GP non
standardisé adapté de 0,5 à 2 mm court de la LT.

Le compactage se fait avec les fouloirs SAKS. Le compactage vertical


génère une force hydraulique sur le cône adapté qui ultimement épouse
et scelle les parois du système canalaire préalablement préparé.

Le cône principal utilisé pour cette technique est un cône non standardisé.
Les cônes non standardisés ont l’avantage d’avoir une conicité plus
représentative de la préparation canalaire. Ainsi, lors du compactage, la
force hydraulique sera davantage uniforme. La sélection du cône de GP
dépend de la taille de la préparation.
ÉTAPES DU COMPACTAGE VERTICAL À CHAUD
A. Préajustement du fouloir SAKS
B. Verifier la perméabilité apicale
C. Adaptation du cône principal
D. Cimentation du cône principal
E. Compactage vertical à chaud du cône principal
F. Obturation de la 2e vague

48
A. PRÉAJUSTEMENT DES FOULOIRS SAKS
1. Placer des crans d’arrêt sur les fouloirs SAKS
2. Préajuster le fouloir jaune au tiers cervical radiculaire avec le cran d’arrêt en
s’assurant que le fouloir n’exerce pas de pression sur les parois radiculaires
3. Préajuster le fouloir rouge au tiers moyen radiculaire avec le cran d’arrêt en
s’assurant que le fouloir n’exerce pas de pression sur les parois radiculaires
4. Préajuster le fouloir bleu à 5-6 mm court de la LT avec le cran d’arrêt en s’assurant
que le fouloir n’exerce pas de pression sur les parois radiculaires

Si le fouloir bleu ne se rend pas à 5-6 mm de la LT, il serait


possible d’élargir le canal en faisant un step-back de 0,5 mm
ou bien d’élargir la conicité du canal à l’aide des fraises GG en
évitant d’élargir le diamètre à l’apex.

B. VÉRIFIER LA PERMÉABILITÉ APICALE


5. Remplir le canal jusqu’à ras-bord avec la solution de NaOCl
6. À l’aide d’une lime 10 ■ ajustée à la bonne LT, dépasser légèrement le foramen apical
d’environ 0,5 à 1 mm afin de vérifier qu’il n’y a pas de bouchon apical

C. ADAPTATION DU CÔNE PRINCIPAL DE GP


7. Irriguer le canal
8. Choisir un cône non standardisé équivalent à la DIA
9. Tremper le cône dans la solution d’irrigation pendant 1 min
10. Insérer le cône principal dans le canal encore rempli de solution d’irrigation.
Appliquer une légère pression
11. Vérifier l’effet bouchon à la LT avec une précelle. Ajuster si nécessaire
12. Confirmer la sélection du cône principal radiographiquement (1 PA ). Ajuster le
cône principal si nécessaire
13. Retirer le cône principal, adapter et couper le cône principal de 0,5 mm

D. CIMENTATION DU CÔNE PRINCIPAL DE GP


14. Irriguer, puis assécher le canal avec les pointes de papier. Mesurer les PP à la LT avant
d’assécher
15. Malaxer le ciment endodontique
16. Enduire le cône principal de ciment endodontique
17. Insérer délicatement le cône principal enduit de ciment dans le canal. Éviter de
pomper
18. Répéter une 2e fois les étapes 16 et 17


Il est également possible d’introduire le ciment endodontique
dans le canal avec un alésoir en faisant un mouvement
antihoraire comme dans la technique d’obturation latérale à

49
E. COMPACTAGE VERTICAL À CHAUD DU CÔNE PRINCIPAL
19. Insérer le cône principal dans le canal
20. À l’aide du porte-chaleur (180 °C, max. 4 sec.), couper l’excédent de GP au collet
anatomique de la dent
21. À l’aide du porte-chaleur (180 °C, max. 4 sec.), couper l’excédent de GP au tiers
cervical radiculaire de la dent
22. Compacter verticalement et délicatement la GP avec le fouloir jaune adapté au tiers
cervical. Éviter de compacter les parois du canal
23. À l’aide du porte-chaleur (180 °C, max. 4 sec.), couper l’excédent de GP au tiers
moyen radiculaire de la dent
24. Compacter verticalement et délicatement la GP avec le fouloir rouge adapté au tiers
moyen. Éviter de compacter les parois du canal
25. À l’aide du porte-chaleur (180 °C, max. 4 sec.), couper l’excédent de GP à 5-6 mm de
la LT
26. Compacter verticalement et délicatement la GP avec le fouloir bleu adapté à 5-6 mm
de la LT. Éviter de compacter les parois du canal
27. Nettoyer les parois
28. Confirmer l’obturation de la 1re vague radiographiquement (1 PA )

F. OBTURATION DE LA 2E VAGUE

Si un pivot est envisagé, il n’est pas nécessaire d’obturer la 2e vague.


29. Préparer le fusil gutta à 180°C . Ajuster le cran d’arrêt de l’embout pour que l’embout
puisse se rendre à 5 mm de la LT, soit au moins jusqu’à la GP de la 1re vague
30. Enduire les parois du canal avec du ciment endodontique à l’aide d’un alésoir en
faisant des mouvements antihoraires.
31. Insérer l’embout jusqu’à atteindre la GP de la 1re vague tout en respectant la position
du cran d’arrêt
32. Attendre 10 secondes afin que l’embout du fusil gutta puisse ramollir la GP de la 1re
vague afin de créer une symbiose des vagues
33. Injecter lentement en relevant l’embout à la même vitesse que l’injection jusqu’à
atteindre le niveau de la JEC. Il est également possible de segmenter l’obturation de la
2e vague en injectant des couches de 3-4 mm à la fois et en compactant entre chaque
couche.
34. Attendre quelque seconde afin que la GP injectable durcisse légèrement. Compacter
verticalement et délicatement la GP. Enlever les excès si nécessaire. La GP doit se
rendre au même niveau que la JEC habituellement. La cavité d’accès peut être nettoyée
avec une boulette de coton enduit d’alcool.
35. Confirmer l’obturation de la 2e vague radiographiquement (1 PA )
36. Obturer la cavité d’accès selon le contexte clinique puis prendre une radiographie de
contrôle postopératoire sans digue et crampon (1 PA )

50
 4. COMPACTAGE HYDRAULIQUE À FROID
Le principe du compactage hydraulique en endodontie repose sur l’utilisation de la
condensation de ciment à base de silicate de calcium (biocéramique) en combinaison
avec la gutta-percha. Dans la technique de compactage hydraulique, la gutta-percha
est utilisée comme support pour transporter le ciment biocéramique dans le canal
radiculaire. La gutta utilisée dans cette technique doit également être enduite et
incrustée de particules de biocéramiques pour pouvoir s’unir avec le ciment afin
d’augmenter la force d’adhésion.
La technique de compactage hydraulique est possible grâce aux propriétés idéales du
ciment à base de silicate de calcium dont :
-Une adhérence forte aux parois du canal
-La très faible contraction de prise
-La faible solubilité dans les liquides biologiques
-La biocompatibilité
-Les propriétés bactériostatiques
ÉTAPES DU COMPACTAGE HYDRAULIQUE À FROID
A. Perméabilité apicale
B. Adaptation du cône principal de GP
C. Cimentation du cône principal
D. Cimentation des cônes accessoires
A. VÉRIFIER LA PERMÉABILITÉ APICALE
1. Remplir le canal jusqu’à ras-bord avec la solution de NaOCl
2. À l’aide d’une lime 10 ■ ajustée à la bonne LT, dépasser légèrement le foramen apical
d’environ 0,5 à 1 mm afin de vérifier qu’il n’y a pas de bouchon apical

B. ADAPTATION DU CÔNE PRINCIPAL DE GP


3. Irriguer le canal
4. Choisir un cône standardiser équivalent à la DIA
5. Tremper le cône dans la solution d’irrigation pendant 1 min
6. Insérer le cône principal dans le canal encore rempli de solution d’irrigation.
Appliquer une légère pression
7. Vérifier l’effet bouchon à la LT avec une précelle. Ajuster si nécessaire.
8. Confirmer la sélection du cône principal radiographiquement (1 PA ). Ajuster le
cône principal si nécessaire

C. CIMENTATION DU CÔNE PRINCIPAL DE GP


9. Retirer le cône principal
10. Choisir le FP qui permet de se rendre librement à 1 ou 2 mm de la LT. Ajuster le cran
d’arrêt du FP à 2-3 mm de la LT.
11. Irriguer puis assécher le canal avec les pointes de papier (PP). Mesurer les PP à la LT
avant d’assécher
12. Malaxer le ciment endodontique et en appliquer sur les parois du canal à l’aide d’un
alésoir ajusté à la LT en faisant des mouvements antihoraires
13. Choisir les cônes accessoires standardisés qui correspondent au FP choisi
14. Insérer délicatement le cône principal enduit de ciment dans le canal. Appliquer une
légère pression. Éviter de pomper
15. Compacter le cône principal verticalement avec le FP
51
 5. OBTURATION CORONAIRE TEMPORAIRE
Il existe plusieurs méthodes d’obturation coronaire. Le but de toute
obturation coronaire est de maintenir le scellement coronaire et le
scellement de l’orifice coronaire en attendant le traitement de restauration
définitif. De façon générale, la dent en cours de traitement endodontique
ou en attente d’une restauration définitive est toujours mis en sous-
occlusion afin d’éviter la fracture coronaire, la fracture de la restauration
et la sensibilité postopératoire. Il est donc important de vérifier et d’ajuster
l’occlusion le cas échéant lors de la mise en place de l’obturation.

OBTURATION EN CAVIT

Le Cavit (3M ESPE) est une restauration temporaire utilisée couramment


en endodontie.
Épaisseur minimale de Cavit 3 mm
Durée maximale en bouche 3 semaines

L’insertion du Cavit se fait généralement à l’aide de l’instrument Hu-Friedy


PFIW36 qui dispose d’une spatule à l’une des extrémités et d’un fouloir à
l’autre extrémité. Également, dans la plupart des situations cliniques, on
recouvre l’orifice des canaux avec un morceau coton avant de procéder
à l’obturation complète de la cavité d’accès.

Le Cavit polymérise grâce à l’humidité. Il est donc important de garder les


parois de la cavité humide après un rinçage au NaOCl. Une fois polymériser,
le Cavit subit une légère expansion, ce qui améliore le scellement marginal.

OBTURATION EN VERRE IONOMÈRE

Différents types de verres ionomères (VI) existent afin d’obturer une cavité
d’accès. On privilégie généralement l’obturation en VI lorsque le délai
anticipé entre le traitement de canal et la restauration finale dépasse 3
mois.

Les verres ionomères sont offerts sous différentes modalités et couleur:


Type Modalité Couleur
Fuji II LC Photopolymérisable Blanchâtre
Equia Forte Autopolymérisable Blanchâtre
Fuji Triage Pink Autopolymérisable Rose/orange

En endodontie, on privilégie généralement le Fuji Triage Pink puisque la


couleur contrastante du matériau d’obturation coronaire facilitera la tâche
du prochain opérateur lors de l’ablation de la restauration provisoire. Les
conditionneurs des VI sont généralement facultatifs.

52
LONGUEUR DE TRAVAIL

1. Longueur de travail idéale


2. Anatomie du foramen apical
3. Radiographies
4. Localisateur d’apex

 1. LONGUEUR DE TRAVAIL IDÉALE


La longueur de travail représente la mesure de la partie du canal qui
nécessite un nettoyage et une obturation. Déterminer la bonne longueur
de travail a une importance cruciale sur le succès d’un traitement de canal.
En effet, une bonne longueur de travail permet de nettoyer et sceller
adéquatement le canal. La longueur de travail idéale dépend entre autres
de la présence d’une pathologie à l’apex, comme il est présenté dans le
tableau ci-dessous.
Présence de pathologie Succès
Apex normal Meilleur pronostic : 0,5 à 1,5 mm
Apex avec lésion périapicale Meilleur pronostic : 0 à 0,5 mm

On comprend ainsi que le meilleur pronostic survient lorsqu’on nettoie


adéquatement le canal tout en restant confiné à l’intérieur du système
endo-canalaire afin d’induire une réponse biologique favorable. Ainsi, un
consensus pour terminer à une longueur de travail de 0,5 mm plus court
de l’apex a été établi.

 2. ANATOMIE DU FORAMEN APICAL


Il est essentiel de comprendre l’anatomie du système endo-canalaire pour
déterminer avec précision la longueur de travail lors d’un traitement de
canal.

53
La constriction apicale (CA) est la partie la plus étroite du canal est. Le canal
s’élargit progressivement à partir de ce point jusqu’au foramen apical.

Histologiquement, la pulpe se termine à la jonction cémento-dentinaire


(JCD) et c’est également à ce point que le ligament parodontal (LP)
commence. La position la JCD coïncide souvent avec celle de la CA, mais sa
position peut être irrégulière.

La longueur de travail (LT) correspond à la distance entre un repère sur la


couronne et la fin de la préparation. Idéalement, la CA correspondrait avec
la fin de la préparation.

 3. RADIOGRAPHIES
Les radiographies peuvent aider à
déterminer la longueur de travail d’un
traitement de canal. En effet, on estime que
la constriction apicale se situe de 0,5 à 1 mm
court de l’apex radiologique. Cependant, la
localisation de la constriction apicale peut
être très variable, en fonction de plusieurs
facteurs et la LT fournie par les radiographies
ne permet que d’estimer ou de confirmer
cette mesure. Il est donc primordial d’utiliser
les radiographies en combinaison avec
d’autres techniques de mesure plus précises
pour obtenir une évaluation complète et
précise de la LT.

54
 4. LOCALISATEUR D‘APEX
Le localisateur est un instrument
qui permet de déterminer avec
précision la longueur de travail
lors d’un traitement de canal en
se basant sur une technologie
de conductivité électrique. En
effet, un côté du localisateur
d’apex est connecté à la
muqueuse orale via une pince
sur la lèvre et de l’autre côté le
localisateur est branché à une
lime endodontique. Lorsque
la lime entre en contact avec
la JCD, le circuit électrique est
complété.

PRÉCAUTIONS D‘UTILISATION DU LOCALISATEUR D‘APEX

-NE PAS UTILISER L’APPAREIL SUR DES PATIENTS AVEC


UN PACEMAKER

-Éliminer les gros débris qui peuvent bloquer le passage


de la lime et les grandes quantités de liquides (mais la
présence de petites quantités de sang ou de débris dans
le canal n’aura pas d’influence majeure sur la mesure)

-Le canal ne devrait pas être excessivement sec. Il est


possible d’humidifier le canal avec un lubrifiant ou du NaOCl.

-La lime utilisée est généralement de taille 8 à 10, mais elle doit présenter
une certaine résistance dans le canal pour être contact avec les parois de
la constriction apicale

-Il ne faut pas mettre la lime en contact avec les restaurations métalliques

-La lecture du graphique sur le localisateur d’apex devrait graduellement


monter. Des mesures qui changent soudainement dans le graphique
peuvent être dues à :
• Une mauvaise LT
• Une perforation
• Un canal apical large
• La présence d’un canal accessoire

-L’utilisation du apex locator n’est pas recommandé pour une dent primaire
ou une dent avec un apex ouvert.

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PROTOCOLE D‘UTILISATION DU LOCALISATEUR D‘APEX

1. Allumer l’appareil
2. S’assurer que l’appareil est fonctionnel en mettant en contact le crochet à lèvre et la
partie métallique du porte-lime. Une lecture positive devrait être lue.
3. Accrocher le crochet à lèvre sur le coin de la lèvre du patient
4. Fixez le porte-lime sur le haut de la tige métallique de la lime. Le porte-lime devrait
être placé perpendiculairement sur la partie non tranchante de la lime pour éviter des
dommages au porte-lime.
5. Insérez la lime (généralement de taille 10) jusqu’à ce que le compteur indique 0,5 (ce
point peut être reconnu par le changement de son d’alarme).
6. Faites avancer la lime en effectuant de lents mouvements dans le sens des aiguilles
d’une montre jusqu’à ce que le mot «APEX» commence à clignoter.
7. Lorsque vous atteignez l’apex, faites tourner la lime lentement dans le sens inverse
des aiguilles d’une montre jusqu’à ce que le compteur indique à nouveau 0,5. Étant
donné que certains canaux présentent plusieurs constrictions, il est essentiel que la
lime soit amenée jusqu’à l’apex, puis ramenée à la constriction apicale (lecture 0,5).
8. Placez le bouchon en caoutchouc sur la surface de la dent comme point de
référence pour déterminer la longueur de travail du canal radiculaire.
9. Mesurer la longueur de la lime. Cette longueur représente la longueur de travail.
10. Replacer la lime à cette longueur de travail et prendre une radiographie pour
confirmer la mesure.

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GESTION DE LA DOULEUR
ET MÉDICAMENTS

1. Anesthésie locale
2. Analgésiques
3. Antibiotiques

1. ANESTHÉSIE LOCALE
L’anesthésie profonde et adéquate est l’un des piliers de l’endodontie
moderne. Sans anesthésie adéquate, le traitement ainsi la gestion du
patient sont difficiles, voire impossibles.

AGENTS ANESTHÉSIANTS TOPIQUES

Alors que certaines études démontrent l’efficacité des agents anesthésiants


topiques, d’autres études démontrent plutôt leur inefficacité. Dans tous
les cas, une étude a prouvé que les anesthésiants topiques ont un effet
psychologique et les patients ressentent ainsi moins de douleur au moment
de l’anesthésie locale. Le gel anesthésiant habituellement utilisé contient
des agents esters comme de la benzocaïne et de la tétracaïne.

AGENTS ANESTHÉSIANTS LOCAUX

1. LIDOCAÏNE 2% AVEC ÉPINÉPHRINE 1:100 000


La lidocaïne est un anesthésiant local de type amide largement utilisé
dans le milieu dentaire. La lidocaïne est un choix fréquent en raison de
sa sécurité, de son efficacité et de sa longue histoire d’utilisation clinique.

2. L’ARTICAÏNE 4% AVEC ÉPINÉPHRINE 1 :100 000


L’articaïne est un anesthésiant local de type amide. II est reconnu comme
étant un anesthésiant sécuritaire lorsqu’il est utilisé adéquatement.
L’articaïne est contre-indiqué pour les anesthésies tronculaires puisque
qu’un plus grand risque de paresthésie est associé à cette substance.

57
3. LES ANESTHÉSIANTS LONGUE DURÉE (BUPIVACAINE)
La bupivacaïne est un anesthésiant longue durée qui est indiqué lorsque
des douleurs postopératoires sont anticipées. Ce ne sont toutefois pas
tous les patients qui désirent être anesthésiés pendant une longue
période. Il est donc important de tenir compte des préférences du
patient. La bupivacaine prend parfois plus de temps à faire effet que la
lidocaïne. Toutefois, sa durée d’action est environ 2 fois plus longue, soit
à peu près 4 heures.

PRÉCAUTIONS

1. LES EFFETS SECONDAIRES DES ANESTHÉSIANTS LOCAUX


On considère généralement 6 catégories d’effets secondaires pouvant
être induits par les anesthésiants : les réactions cardiovasculaires, les
effets systémiques, la méthémoglobinémie, la paresthésie nerveuse
périphérique, les réactions allergiques à l’anesthésiant et/ou au latex et
l’allergie aux sulfites.

2. ANESTHÉSIES, MALADIES ET CONDITIONS SYSTÉMIQUES


Les patients prenant des antidépresseurs, des agents bêtabloqueurs
non sélectifs, des médicaments pour le Parkinson et de la cocaïne
peuvent présenter des contre-indications à l’épinéphrine. Dans ce cas,
la mepivacaïne 3% sans épinéphrine pourra être utilisés. Évidemment,
d’autres maladies et conditions systémiques peuvent être une contre-
indication aux anesthésiants ou aux vasoconstricteurs.
3. ANXIÉTÉ DES PATIENTS
Il est essentiel de gérer l’anxiété des patients avant l’anesthésie locale
pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, l’anxiété peut aggraver la perception de la douleur chez le


patient, ce qui rendra l’expérience de l’anesthésie plus inconfortable. En
réduisant l’anxiété, on peut aider à minimiser cette perception négative
de la douleur et à rendre l’expérience plus supportable pour le patient.

De plus, l’anxiété peut entraîner une augmentation du stress et de


l’appréhension, ce qui peut compliquer la coopération du patient
pendant la procédure d’anesthésie locale. Une bonne gestion de l’anxiété
peut favoriser une attitude plus calme et coopérative chez le patient.

Afin de réduire l’anxiété du patient, il est important de :


• Rester calme et inspirer confiance
• Expliquer et rassurer le patient
• Usage de topique
• Prendre le temps nécessaire et confirmer le confort
• Rajouter de l’anesthésie au besoin

58
TECHNIQUES D‘ANESTHÉSIE MAXILLAIRE

En général, une infiltration buccale au niveau buccal est suffisante. Lorsqu’on


veut anesthésier plusieurs dents au maxillaire, on peut avoir recours à un
bloc maxillaire (PSA, MSA, ASA).
INFILTRATION BUCCALE
Nerf anesthésié - Branches terminales du plexus dentaire V2
Structure
-Pulpe, périoste et muqueuse buccale de la dent visée
anesthésiée
Repères -Couronne de la dent
anatomiques -Replis muqueux buccal
- Tirer la muqueuse
Insertion - Fond du repli muqueux
- Biseau vers l’os, aiguille parallèle à l’axe long de la dent
Aiguille -27G courte

PSA
Nerf anesthésié -Nerf alvéolaire postéro-supérieur et ses branches
-Pulpe, périoste et muqueuse buccale des 3e, 2e et 1re molaires
Structure
-La racine mésio-buccale de la 1re molaire’est pas anesthésiée dans
anesthésiée
28% des cas et le bloc MSA est nécessaire
-Repli muqueux de la 2e molaire
Repères
-Tubérosité du maxillaire
anatomiques
-Procès zygomatique
-Dans le repli muqueux de la 2e molaire
Insertion
-Biseau vers l’os
Aiguille -27G courte

MSA
Nerf anesthésié - Nerf alvéolaire supérieur moyen (présent chez 28% des patients)
Structure - Racine MB 1re molaire
anesthésiée - 1re et 2e prémolaires
Repères
- Repli muqueux au niveau de la 2e prémolaire supérieure
anatomiques
-Parallèle à l’axe long de la dent
Insertion
-Biseau vers l’os
Aiguille -25G courte

ASA
Nerf anesthésié - Nerf alvéolaire antérosupérieur ET nerf sous-orbitaire
- Incisives à canine,
Structure - Prémolaires et racine mésio-buccale de la 1re molaire chez 72% des
anesthésiée patients
- Tissus mous, paupière inférieure, aile latérale du nez, lèvre supérieure
- Échancrure sous-orbitaire
Repères
- Foramen sous-orbitaire
anatomiques
- Repli muqueux buccale en haut de la 1re prémolaire supérieure
- Parallèle à l’axe long de la dent
Insertion - Biseau vers l’os
- Déposer l’AL plus haut que l’apex
Aiguille - 25 ou 27G longue

59
TECHNIQUES D‘ANESTHÉSIE MANDIBULAIRE

Le Spix est un des blocs en anesthésie locale les plus couramment utilisés.
Il présente plusieurs avantages notamment son efficacité relative, sa
simplicité, sa durée d’action prolongée et son large champ d’action. La
littérature ne supporte pas la thèse selon laquelle la technique Vazirani-
Akinosi serait plus efficace qu’un Spix conventionnel, mais elle peut être
utile pour un patient présentant un trismus. L’anesthésie mandibulaire
tronculaire pour une première molaire asymptomatique présente une
durée assez bonne. Habituellement, l’anesthésie mandibulaire persiste
pendant 2 ½ heures.

SPIX (BLOC DU NAI)


- Nerf alvéolaire inférieur (incisif, mentonnier)
Nerf anesthésié
- Nerf lingual, car à proximité
- Dents mandibulaires d’un quadrant
- Corps de la mandibule
Structure -Muqueuse et périoste buccal antérieur au foramen mentonnier. (n.
anesthésiée mentonnier)
- 2/3 antérieur de la langue, tissus mous linguaux, plancher de la
bouche (n. lingual)
- Concavité du bord ant. de la mandibule
Repères
- Portion verticale du raphé ptérygomandibulaire
anatomiques
- Plan occlusal
- Patient en ouverture maximale
Insertion - Repérer le point d’insertion
-Seringue v-à-v prémolaires du quadrant opposé
Aiguille - 25 ou 27G longue

VAZIRANI-AKINOSI
- Nerf alvéolaire inférieur (incisif, mentonnier)
Nerf anesthésié - Lingual
- Mylohyoidien
- Dents mandibulaires du Q
- Corps de la mandibule
Structure - Muqueuse et périoste au B antérieur au foramen
anesthésiée (nerf mentonnier)
- 2/3 antérieur de la langue (tissus mous linguaux au plancher de la
bouche (nerf lingual)
- Jonction mucogingivale de la 2e ou 3e molaire sup.
Repères
- Tubérosité maxillaire
anatomiques
- Échancrure coronoïde
- Bouche fermée
- Muqueuse au médial du ramus (adjacent à la tubérosité)
Insertion -Hauteur de la jonction mucogingivale de la 3e mol sup
- Biseau vers ligne médiane
- Seringue parallèle au plan occlusal
Aiguille - 25 ou 27G longue

60
TECHNIQUES D‘ANESTHÉSIE ALTERNATIVES

Il arrive fréquemment que l’anesthésie mandibulaire, ou même parfois


maxillaire ne procure pas l’effet escompté. Il existe toutefois des techniques
alternatives qui sont souvent très utiles pour atteindre le niveau d’anesthésie
pulpaire. Pour la mandibule, il est recommandé de d’abord vérifier les signes
des tissus mous après le bloc mandibulaire. Si le patient ne présente pas
d’engourdissement de la lèvre, la langue et la muqueuse buccale, il faudrait
recommencer le bloc. Si le patient présente les signes des tissus mous, vous
pourriez alors avoir recours à une technique alternative d’anesthésie.

INFILTRATION BUCCALE

L’infiltration buccale, spécialement pour les 1res molaires, les prémolaires et les
incisives mandibulaires, peut souvent permettre d’atteindre l’anesthésie pulpaire s’il
est combiné à un bloc. L’articaïne 4% avec épinéphrine est recommandé dans ces cas
puisque cet anesthésique diffuse mieux à travers l’os. Les 2e molaires mandibulaires
pourraient davantage nécessiter une infiltration intraligamentaire ou intrapulpaire.

INJECTION INTRALIGAMENTAIRE

L’injection intraligamentaire est une forme d’injection


intraosseuse. Sa durée d’action est courte, soit environ 23
minutes, tandis que l’effet est pratiquement instantané.
Elle présente un très haut taux de succès pour les dents
postérieures, mais un taux de succès faible pour les dents
antérieures. Le facteur le plus déterminant pour la réussite
de l’anesthésie intraligamentaire est la contre-pression (back-
pressure). La lidocaïne 2% ou l’articaïne 4% pourraient être
utilisés pour autant qu’il y ait de l’épinéphrine.

Avec une aiguille courte de calibre 27 ou 30, une injection est


réalisée au mésial et au distal de la dent en question. Chaque
injection délivre environ 0,2 mL d’anesthésique. Une seringue
standard pourrait être utilisée, bien que la seringue à pression
soit plus simple et sécuritaire à utiliser.

INJECTION INTRAPULPAIRE

L’injection intrapulpaire est indiquée uniquement en dernier recours puisqu’elle


provoque des douleurs modérées à sévères au moment de l’injection et également
en raison du fait que la pulpe doit être exposée préalablement. Cette technique
d’anesthésie repose sur l’anesthésie par pression. Il en va de soi que la contre-pression
(back-pressure) est essentielle à la réussite de cette technique. La durée d’anesthésie
est d’environ 15 à 20 minutes tandis que l’effet est pratiquement instantané. Puisque
cette technique repose sur l’anesthésie par pression, le type d’anesthésique utilisé
importe peu pour autant qu’il y a de la pression lors de l’injection.

Il faut tout d’abord exposer aussi peu que possible la pulpe, mais suffisamment pour
pouvoir y insérer une aiguille courte de calibre 27 ou 30. Cette étape sera forcément
douloureuse pour le patient puisque la pulpe n’est pas encore anesthésie. Une fois la
pulpe exposée, insérer l’aiguille dans la chambre pulpaire ou le canal. Injecter avec
une très grande pression l’anesthésique en mettant une force ferme sur l’aiguille.
Une contre-pression (back-pressure) devrait être ressentie par l’opérateur pendant
l’injection.

61
2. ANALGÉSIQUES
Les analgésiques peuvent être prescrits ou recommandés pour contrôler
une douleur endodontique. Il est important toujours de confirmer avec
l’histoire médicale et la liste des médicaments si des contre-indications
existent.

ANALGÉSIQUES NON NARCOTIQUES

Les analgésiques non narcotiques comprennent les anti-inflammatoires


non stéroïdiens (AINS) et l’acétaminophène.

L’ibuprofène est généralement considéré comme un médicament de


choix avec une efficacité et une sécurité bien documentée.

L’acétaminophène a l’avantage d’être un analgésique et un antipyrétique.


Pris seul, l’acétaminophène n’est pas aussi efficace que l’ibuprofène pour
soulager des douleurs modérées à sévères.

Toutefois, une combinaison d’ibuprofène et d’acétaminophène peut


offrir un soulagement plus important que la prise de chaque médicament
séparément.
IBUPROFÈNE (ADVIL, MOTRIN) ACÉTAMINOPHÈNE (TYLENOL)
Dose 400 mg Dose 500-1000 mg
Fréquence q 4-6h Fréquence q 4-6h

ANALGÉSIQUES NARCOTIQUES

Les opioïdes sont des analgésiques puissants et sont souvent utilisés en


dentisterie en association avec de l’acétaminophène, de l’aspirine ou de
l’ibuprofène.

Bien que les opioïdes soient efficaces comme analgésiques pour les
douleurs modérées à sévères, leur utilisation est généralement limitée
par leurs effets indésirables, qui peuvent inclure des nausées, des
vomissements, des vertiges, une somnolence et un risque de dépression
respiratoire et de constipation. Leur utilisation chronique est associée à
une tolérance et à une dépendance.

Étant donné que la posologie est limitée par les effets indésirables, ces
médicaments sont presque toujours utilisés sous forme de combinaisons
pour la gestion de la douleur dentaire. Une formulation combinée est
préférée, car elle permet une dose plus faible d’opioïde, réduisant ainsi les
effets indésirables.
OXYCODONE ACÉTAMINOPHÈNE-CODÉINE
(OXYCONTIN, PERCOCET) (TYLENOL NO.3)
Acétaminophène 325 mg Acétaminophène 300 mg
Dose Dose
+ oxycodone 5 mg + codéine 30 mg
Fréquence 1 co q 6h Fréquence 2 co q 4h

62
3. ANTIBIOTIQUES
Les infections d’origine endodontique peuvent entraîner des symptômes
douloureux et potentiellement graves pour les patients. Dans la majorité
des infections endodontiques, la désinfection du système canalaire
sera suffisante pour contrôler l’infection. Cependant, dans certains cas,
l’utilisation de l’antibiothérapie peut devenir une approche nécessaire
pour le traitement des infections dentaires.

INDICATIONS POUR L‘ANTIBIOTHÉRAPIE

Dans certains cas, le traitement endodontique conventionnel peut ne


pas être suffisant pour contrôler l’infection, et l’adjonction d’antibiotiques
peut être nécessaire pour éliminer efficacement les agents pathogènes
bactériens et réduire le risque de complications graves.

Les indications pour l’antibiothérapie incluent :


• Une enflure diffuse et une difficulté à obtenir un drainage adéquat
• La présence de fièvre et de malaise systémique
• Une enflure qui continue d’augmenter malgré les traitements locaux
• Les patients médicalement compromis : Les patients ayant
des conditions médicales préexistantes, telles que des troubles
immunitaires ou des maladies systémiques, peuvent présenter un
risque plus élevé de complications infectieuses.

ANTIBIOTIQUE RECOMMANDATION POSOLOGIE


Pénicilline VK Antibiotique de choix pour les D.I 1 000 mg, suivie
B. facultatives et anaérobies patients non allergiques, car faible de 300-600 mg QID
strictes toxicité et efficace. x 4 jours
Peut être utile pour les infections
plus sévères. Demi-vie plus longue
D.I 1 000 mg, suivie
Amoxicilline et niveaux sériques plus élevés.
de 500 mg TID x 4-7
Spectre élargi, Gram +, Gram - Large spectre, augmentation
jours
risque de troubles gastro-
intestinaux.
Peut être utile pour les infections
Amoxicilline avec acide D.I 1 000 mg, suivie
plus sévères. Large spectre,
clavulanique de 500 mg TID (ou
augmentation risque de troubles
Large spectre, Gram +, Gram - 875 mg BID)
gastro-intestinaux.
Clindamycine
Antibiotique de deuxième choix si D.I 600 mg, suivie
B. facultatives et strictement
allergie à la pénicilline. de 300 mg QID
anaérobies
Clarithromycine
D.I 500 mg, suivie
B. facultatives et certaines
Alternative de 250 mg toutes
anaérobies
les 12 heures
Azithromycine
D.I 500 mg, suivie
B. facultatives et certaines
Alternative de 250 mg/ jour x
anaérobies
4 jours
Métronidazole Efficace en association avec la D.I 1 000 mg, suivie
Anaérobies stricts uniquement pénicilline ou la clindamycine. de 250-500 mg QID
Alternative lorsque les autres AB
Doxycycline
sont contre-indiqués.

63
HOSPITALISATION

Il est important de référer en milieu hospitalier si l’état du patient se


dégrade davantage en ayant:
• Une fièvre très élevée
• Confusion mentale
• Obstruction de voies respiratoires ou difficulté à avaler
• L’enflure ne cesse d’augmenter malgré la prise des antibiotiques

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BIBLIOGRAPHIE
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