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Autel d'Athéna

L'autel d'Athéna est un lieu de culte dédié à


Athéna qui se trouvait sur l'Acropole d'Athènes, Autel d'Athéna
près de l'autel dédié à Zeus, entre le Parthénon et
l'Érechthéion.

L'autel d'Athéna, de plus ou moins 15 mètres de


large, est originellement placé à l'est du temple
d'Athéna Polias, de façon classique. Après la
destruction de celui-ci, l'autel est entouré d'un
espace vide assez vaste pour pouvoir y déambuler.

L'autel d'Athéna est à la fois un territoire sacré, lien


entre les hommes et la déesse qui protège ceux qui
s'y réfugient, et le lieu de sacrifices majeurs, Géographie
notamment lors de la fête des Panathénées, pendant
laquelle de très nombreux bœufs sont égorgés, sur Pays  Grèce
l'autel. Dème dème des Athéniens
Périphérie Attique
Localisation Ville Athènes
Coordonnées 37° 58′ 19″ N, 23° 43′ 37″ E

Entre le Parthénon et l'Érechthéion

Cet autel, dédié à Athéna Polias (protectrice de la


cité d'Athènes), est aujourd'hui entièrement détruit.
Il est peut-être totalement arasé quand l'Acropole
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devient un sanctuaire chrétien au début du
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vii   siècle . En effet, si les premiers chrétiens
laissent subsister les temples et détruisent les autels,
comme celui d'Athéna, c'est parce que le temple ne
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définit pas le sanctuaire . Dans la religion grecque,
l'autel, le bômos, est nécessaire et suffisant à lui seul
pour ériger un sanctuaire et son implantation en
général ne varie pas, parce qu'il est le lieu du
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contact entre la divinité et ses fidèles .

Les spécialistes s'accordent pour situer l'autel


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d'Athéna Polias entre le Parthénon et l'Érechthéion . Néanmoins, son emplacement exact n'est pas
clairement établi. Sa limite sud est peut-être localisée grâce à un arasement du rocher, mais on ne peut la
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déterminer au nord. On suppose qu'il fait plus ou moins 15 mètres de large .

Un grand espace
L'autel d'Athéna est d'abord situé sur une terrasse située à l'est du temple d'Athéna Polias, ensuite appelé le
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Vieux Temple . Il est donc positionné de la façon classique dans la religion grecque : en plein air, devant la
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façade est du temple .

Après la destruction de ce temple au ve siècle av. J.-C., l'autel d'Athéna est entouré d'un vaste espace libre,
nécessaire pour les sacrifices lors des grandes fêtes, comme les Panathénées. C'est pour ménager ce grand
espace libre que l'Érechthéion est construit un peu plus loin, sur le rebord nord de la terrasse, en dénivelé de
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plus de 3 mètres, ce qui est une prouesse architecturale .

1. Parthénon 8. Brauronéion 16. Stoa d'Eumène de Cardia


2. Ancien temple d'Athéna 9. Chalcothèque 17. Asclépiéion
3. Érechthéion 10. Pandroséion 18. Théâtre de Dionysos
4. Statue d'Athéna 11. Maison des Arrhéphores 19. Odéon de Périclès
Promachos 12. Autel d'Athéna 20. Téménos de Dionysos
5. Propylées 13. Autel de Zeus Eleuthéreus
6. Temple d'Athéna Nikè 14. Hérôon de Pandion 21. Aglauréion
7. Éleusinion 15. Odéon d'Hérode Atticus

À l'époque de l'empire romain, plus précisément sous le principat d'Auguste, l'autel d'Athéna est peut-être
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restauré en employant une frise décorative figurant une palmette, une chouette, un serpent et un
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olivier .

Espace sacré et sacrificiel

Espace sacré

Le premier événement politique connu de l'histoire d'Athènes concerne l'autel d'Athéna Polias et en montre
la sacralité. Vers 640-620 avant J.-C., l'Eupatride Cylon, célèbre vainqueur des jeux olympiques, tente de
prendre le pouvoir par la force pour établir une tyrannie. Il échoue dans cette entreprise et s'enfuit pendant
que ses partisans sont assiégés sur l'Acropole. Ils se placent sous la protection d'Athéna Polias en s'asseyant
sur son autel et près de sa statue. Pour éviter toute profanation, les négociations s'engagent. Afin de
conserver cette protection hors du sanctuaire, les conjurés nouent un fil à la statue de la déesse, mais il casse
quand ils s'éloignent de l'Acropole, ce qui est compris comme la fin de la protection de la déesse et les
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rebelles sont alors tués .

Le grand autel d'Athéna est donc un lieu d'asile, où peuvent par exemple se réfugier les esclaves fugitifs.
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Pour empêcher cela, les Athéniens interdisent l'accès de l'Acropole aux esclaves .

Le sacrifice des Panathénées

La procession de la fête des Panathénées sur termine par un grand sacrifice sur l'autel d'Athéna, juste après
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la remise du nouveau péplos à la déesse , sans doute en présence de la grande prêtresse d'Athéna . Plus
précisément, les Panathénées sont l'occasion d'un sacrifice pluriel  : on fait d'abord un premier sacrifice à
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Athéna Hygieia —  sur un autel situé près des Propylées   — et à Athéna Polias. Le plus beau bœuf est
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ensuite sacrifié à Athéna Niké —  sur l'autel du temple d'Athéna Niké à l'entrée de l'Acropole   — avant
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l'hécatombe sur le grand autel d'Athéna .
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Ce sacrifice est le moment clé de la cérémonie . Tout d'abord, le feu est allumé sur le grand autel, près
duquel sont disposés des vases pour recueillir le sang. Victimes et sacrificateurs tournent autour de l'autel en
silence. Les bœufs sont aspergés d'eau, assommés et saignés au couteau sur l'autel, gorge tournée vers le
ciel. Le sang doit couler en abondance sur l'autel et le sol. Ce sacrifice est une hécatombe : une centaine de
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bovins sont égorgées, l'autel et son espace environnant ruissellent de sang .

Ensuite, la part de viande réservée à Athéna est brûlée sur l'autel, tandis que sont découpées les parts
destinées à la grande prêtresse d'Athéna et aux autres personnages importants qui sont les seuls présents
autour de l'autel sur l'Acropole. Le reste de la viande est transportée au Céramique, dans la ville basse, pour
le distribuer à l'ensemble de la population, qui a ainsi l'occasion — rare — de banqueter en consommant de
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la viande .

D'autres sacrifices

Comme il n'y a pas d'autel devant le Parthénon, certains spécialistes supposent que le grand autel d'Athéna
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Polias sert aussi au culte plus proprement politique d'Athéna Promachos et de Pallas ou d'Athéna
Parthénos. Toutefois, l'helléniste Bernard Holtzmann fait observer que ce culte ne se retrouve pas dans le
règlement des sacrifices des Panathénées, qui précise pourtant les parts à réserver à Athéna Hygieia et à
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Athéna Niké .

Références
Bernard Holtzmann, L'Acropole d'Athènes : Monuments, cultes et histoire du sanctuaire
d'Athéna Polias, Paris, Picard, coll. « Antiqua », 2003, 303 p. (ISBN 2-7084-0687-6).
1. Holtzmann 2003, p. 176.
2. Holtzmann 2003, p. 219.
3. Holtzmann 2003, p. 40-41.
4. Holtzmann 2003, p. 166.
5. Holtzmann 2003, p. 216-217.
6. Holtzmann 2003, p. 240.

Autres références
1. Olivier Picard, « Sanctuaire et prière dans la cité grecque classique », Comptes rendus de
l'Académie des inscriptions et belles-lettres, vol. 160, no 4,‎2016, p. 1529–1537
(DOI 10.3406/crai.2016.96042 (https://dx.doi.org/10.3406/crai.2016.96042), lire en ligne (http
s://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_2016_num_160_4_96042), consulté le
8 octobre 2022).
2. Charles Picard, « Autour des édifices majeurs de l'acropole d'Athènes (deuxième et dernier
article) », Journal des savants, no 4,‎1942, p. 173-187 (lire en ligne (https://www.persee.fr/do
c/jds_0021-8103_1942_num_4_1_2619)).
3. Vassilis Lambrinoudakis, « Le mur de l'enceinte classique de l'Acropole d'Athènes et son
rôle de péribole », Comptes rendus de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, vol. 143,
no 2,‎1999, p. 551–561
(DOI 10.3406/crai.1999.16019 (https://dx.doi.org/10.3406/crai.1999.16019), lire en ligne (http
s://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1999_num_143_2_16019), consulté le
8 octobre 2022).
4. Claude Vial, Lexique de la Grèce ancienne, Paris, Armand Colin, 2008, 240 p.
(ISBN 978-2-200-35432-9 et 978-2-200-25673-9,
DOI 10.14375/np.9782200354329 (https://dx.doi.org/10.14375/np.9782200354329), lire en
ligne (http://www.numeriquepremium.com/content/books/9782200354329)), p. 39-40.
5. Guillaume Biard, « Ralf Krumeich & Christian Witschel (Ed.), Die Akropolis von Athen im
Hellenismus und in der römischen Kaiserzeit. Wiesbaden, L. Reichert, 2010 », L'Antiquité
classique, vol. 81, no 1,‎2012, p. 560–563 (lire en ligne (https://www.persee.fr/doc/antiq_0770
-2817_2012_num_81_1_3821_t13_0560_0000_2), consulté le 8 octobre 2022).
6. Paul-François Foucart, « Décret athénien du Vème siècle », Bulletin de correspondance
hellénique, vol. 14, no 1,‎1890, p. 177–180
(DOI 10.3406/bch.1890.3855 (https://dx.doi.org/10.3406/bch.1890.3855), lire en ligne (https://
www.persee.fr/doc/bch_0007-4217_1890_num_14_1_3855), consulté le 8 octobre 2022).
7. Stella Georgoudi, « Lysimachè, la prêtresse », dans Nicole Loraux (dir.), La Grèce au féminin,
Paris, Les Belles Lettres, coll. « Histoire », 2003, 297 p. (ISBN 2-251-38048-5), p. 167-213.
8. Pierre Brulé, « Chapitre XI. La cité en ses composantes : remarques sur les sacrifices et la
procession des Panathénées », dans La Grèce d'à côté : Réel et imaginaire en miroir en
Grèce antique, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », 2007, 544 p.
(ISBN 978-2-7535-3010-2,
DOI 10.4000/books.pur.6232 (https://dx.doi.org/10.4000/books.pur.6232), lire en ligne (http://b
ooks.openedition.org/pur/6232)), p. 231–254.
9. Denis Knoepfler, « Le décret d’Athènes sur la kréanomia des Petites Panathénées : un
modèle politique pour la distribution des viandes entre les dèmes attiques », Journal des
savants, vol. 2, no 1,‎2016, p. 147–211 (lire en ligne (https://www.persee.fr/doc/jds_0021-810
3_2016_num_2_1_6378), consulté le 8 octobre 2022).
10. Pierre Brulé, La fille d'Athènes : La religion des filles à Athènes à l'époque classique. Mythes,
cultes et société, Paris, Les Belles-Lettres, coll. « Annales littéraires de l'Université de
Besançon / Centre de recherches d'histoire ancienne » (no 363), 1987, 464 p. (lire en ligne (h
ttps://www.persee.fr/doc/ista_0000-0000_1987_mon_363_1)), p. 36-37.
11. Pauline Schmitt-Pantel, La cité au banquet : Histoire des repas publics dans les cités
grecques, Rome, École française de Rome, coll. « Collection de l'École française de Rome »
(no 157), 1992, 585 p. (lire en ligne (https://www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1992_ths_157
_1)), p. 126-130.
12. Bernard Holtzmann, « Gabriele Nick, Die Athena Parthenos : Studien zum griechischen
Kultbild und seiner Rezeption, 2002 », Topoi. Orient-Occident, vol. 12, no 2,‎2005, p. 539–
544 (lire en ligne (https://www.persee.fr/doc/topoi_1161-9473_2005_num_12_2_2034),
consulté le 8 octobre 2022).

Bibliographie
Bernard Holtzmann, L'Acropole d'Athènes : Monuments, cultes et histoire du sanctuaire
d'Athéna Polias, Paris, Picard, coll. « Antiqua », 2003, 303 p. (ISBN 2-7084-0687-6).

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