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Thierry Chaussadent
Jean-Luc Clément
Mars 2006
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Les résultats présentés dans ce document ont été obtenus dans le cadre de deux opérations
de recherche du LCPC sur la période 2000-2004 :
• Réparation et renforcement des structures de génie civil par l'emploi de matériaux composites
(11B001), dirigée par Jean-Luc Clément ;
• Collage en génie civil (11B002), dirigée par Thierry Chaussadent.
En couverture :
- Photo : rupture statique d'une poutre en béton armé pré-fissurée, sans renforcement d'effort
tranchant, après deux millions de cycles de fatigue sous charge de service.
- Insert : montage expérimental d'essai de poteaux en béton armé et renforcés par composites,
en flexion composée.
Prix : 30 Euros HT
SOMMAIRE
Sommaire …………………………………………………………………………….. 3
Vieillissement des assemblages collés : état de l’art et suivi sur ouvrage …….. 86
3
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Frettage d’éléments en béton armé soumis à une pression localisée …………. 201
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
RÉSUMÉ
Ce document reprend un certain nombre d’études réalisées dans le cadre de deux
opérations de recherches du LCPC entre 2000 et 2004 :
- le collage en génie civil, et
- la réparation et le renforcement des structures de génie civil par l’emploi de
matériaux composites.
Dans une première partie, sont présentées les recherches sur le collage qui
constituent un préalable à l’utilisation de la technique d’assemblage par collage dans
le génie civil. Cette partie du document rassemble une synthèse sur les recherches
réalisées, une analyse bibliographique qui présente les adhésifs utilisables, leurs
conditions d’utilisation ainsi que les tests mécaniques disponibles pour tester les
assemblages collés, une approche par modélisation des interactions colle/matériau
cimentaire, une étude des interactions entre les composants d’une résine époxyde
et les pâtes de ciment par chromatographie en phase gazeuse inverse et
spectroscopie ESCA et une étude des caractéristiques résine époxyde/pâte de
ciment par microscopie AFM couplée à la micro-analyse thermique. Cette première
partie se termine par deux articles qui portent, pour le premier, sur les problèmes de
durabilité des assemblages collés avec la mise en place d’un suivi d’un
renforcement par tissu collé sur un ouvrage en béton armé et, pour le second, par
une étude visant à introduire dans les modélisations mécaniques des aspects
physico-chimiques permettant de prendre en compte l’aspect durabilité.
Dans une seconde partie, sont présentées les recherches entreprises dans le cadre
de l’opération sur la réparation et le renforcement des ouvrages par des matériaux
composites. En premier lieu, une synthèse sur l’ensemble des recherches conduites
au cours de cette opération de recherche est présentée. Les sujets majeurs sont
ensuite développés. Il s’agit de la mise au point d’un essai de cisaillement
d’interface béton/composite collé et de l’exploitation des premiers résultats obtenus,
de l’analyse du comportement à la rupture des matériaux composites en
sollicitations multiaxiales, de la tenue à la fatigue de matériaux composites sur béton
ou sur poutres en béton fissurées. Cette deuxième partie traite ensuite du frettage
d’éléments en béton armé avec une prise en compte du vieillissement, d’essais sur
poteaux en béton armé renforcés par composites collés et d’un méthode de
dimensionnement pour ce type d’application et se termine par une étude
expérimentale et théorique sur le comportement de dalles en béton armé renforcées
par des matériaux composites.
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
ABSTRACT
In a second part, are presented the results undertaken within the framework of the
research program on the repair and the reinforcement of the civil engineering
structures by the use of composite materials. A synthesis on the whole of the
undertaken research is first presented. The major research subjects are then
developed. It deals with the development of a shear test to study the
concrete/composite interface and the exploitation of the first results, the analysis of
the breakdown behaviour of composite materials in multiaxial requests, the
behaviour of composite on concrete or on fissured concrete beams subjected to
fatigue tests. This second part treats then of retrofitted reinforced concrete elements
taking into account ageing, of mechanical tests on reinforced concrete columns
reinforced by adhesive bonded composites and of a dimensioning method for this
type of application. It ends by an experimental and theoretical study on the
behaviour of concrete slabs reinforced by composite materials.
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
CHAUSSADENT Th.
Service Physico-chimie des matériaux, Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, Paris
Résumé
Cet article synthétise les principaux résultats scientifiques obtenus dans le cadre de
l’opération de recherche "Collage en génie civil" du LCPC. Il recense également les
documents et produits issus de cette opération de recherche. Le contenu des
travaux et l'ensemble des résultats ne sont pas explicités ici. Pour plus de détails, on
se référera aux documents cités et aux autres articles de ce recueil.
Après le rappel des objectifs et de la démarche adoptée, sont décrits les apports
scientifiques de cette opération de recherche qui s’est déroulée entre 2000 et 2004.
L’opération de recherche "Collage en génie civil" a été lancée en 2000, pour une
durée de 4 ans. On notera qu’une autre opération de recherche intitulée "Réparation
et renforcement des structures de génie civil par l’emploi de matériaux composites"
a été lancée simultanément pour une même durée.
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
En dehors de l’état des lieux réalisé sur l’utilisation du collage en génie civil (sujet 1
de l’opération), l'approche adoptée, basée sur les aspects physico-chimiques et
physico-mécaniques des interfaces (ou des interphases) entre un adhésif et un
support (béton ou acier), comporte deux points fondamentaux :
- l'analyse et la compréhension des mécanismes physico-chimiques intervenant
dans la formation de ces interfaces (ou de ces interphases) (sujet n° 2 de
l’opération) et dans leur durabilité en fonction de sollicitations environnementales de
natures physico-chimiques (sujet n° 4),
- l'évaluation des notions précédentes, dans le cadre plus ouvert de l’utilisation d’un
assemblage par collage avec des contraintes physico-chimiques mais aussi
mécaniques (sujet n° 3).
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Un premier rapport bibliographique a été rédigé en 2000 sur les bases théoriques du
collage et sur les mécanismes de l’adhésion [1]. Ce rapport précise les aspects
physique et chimique de l’adhésion et les moyens pour accéder expérimentalement
aux forces d’adhérence qui gouvernent la résistance à la rupture d’une interface
collée. Les aspects mécaniques de l’adhérence (porosité et rugosité de surface)
sont également précisés. Enfin, les diverses théories (de la mouillabilité,
électrostatique, de la diffusion, de la liaison chimique, des couches interfaciales de
faible cohésion et mécanique) sont explicitées. Il ressort de ce rapport la complexité
pour réussir un assemblage par collage, réussite qui nécessite, certes de la rigueur,
mais aussi la définition de méthodologies s’appuyant sur une approche
pluridisciplinaire. Cette synthèse bibliographique a permis de définir les axes de
recherche qui ont été développés dans cette opération de recherche (qu’est ce
qu’un bon adhésif ?, quelles sont les propriétés de l’interface ? quelles sont les
conséquences de l’environnement sur la durabilité de cette interface ?, …).
Le deuxième aspect du collage qui a été traité d’un point de vue bibliographique
concerne la durabilité des familles d’adhésifs structuraux utilisés en génie civil [2].
Ce rapport fait le point sur les principaux adhésifs (époxydes, polyimides, acryliques,
cyanoacrylates, polyuréthannes,…) en donnant leurs principales propriétés
mécaniques, leurs techniques de mise en œuvre et leurs avantages et
inconvénients, notamment vis-à-vis de leur vieillissement et de leur dégradation.
Cette synthèse constitue une base pour un élargissement des études du LCPC à
d’autres types d’adhésifs que les époxydes qui ont été traités dans cette opération
de recherche. Ce choix d’étudier seulement les adhésifs époxydes a été effectué,
d’une part, en considérant que cette famille d’adhésifs était la plus couramment
utilisée en génie civil et, d’autre part, pour des questions organisationnelles compte
tenu qu’il était impossible de tout traiter pendant quatre ans et qu’il était préférable
de se focaliser sur l’ensemble des aspects d’une même famille d’adhésifs.
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Enfin, un état des lieux sur les applications du collage en génie civil a été réalisé. Un
premier document [3] fait le point sur trois activités utilisant le collage (réparation
des ouvrages d’art, signalisation horizontale de chaussées et instrumentation). Un
second document [4] porte uniquement sur le renforcement des ouvrages d’art.
Pour cette étude, huit ouvrages renforcés par tôles collées ou réparés par collage de
béton frais entre 1976 et 1995 ont été sélectionnés. Pour chacun de ces ouvrages,
on a cherché à déterminer les raisons qui ont conduit à utiliser la technique de
collage, les matériaux employés (tôles, mortiers et adhésifs), la nature des
préparations de surface du support béton. Les essais et contrôles réalisés lors des
inspections d’ouvrages ont également été répertoriés, ainsi que les principales
observations concernant la durabilité des collages. On constate tout d’abord que
dans tous les cas une résine époxyde bi-composants a été employée. Les
observations dans le temps mettent également en évidence trois facteurs essentiels
impactant la durabilité des réparations : la préparation du support béton, la présence
d’eau et la fragilité aux chocs. Dans le cadre de l’opération de recherche, nous
avons considéré les deux premiers aspects. La tenue aux chocs mériterait toutefois
d’être étudiée dans le cadre d’une poursuite des recherches.
Afin de se familiariser avec les résines susceptibles d’être utilisées en génie civil,
une collaboration a été engagée avec RESCOLL-ENSCP Bordeaux en 2001 pour
appréhender le rôle de chacun des constituants des résines époxydes sur leur mise
en œuvre. Cette première étape [5] a permis de définir une stratégie pour définir un
protocole d’étude visant à analyser l’influence de chacun de ces constituants.
Les recherches sur ce sujet dirigées par K. Benzarti au LCPC avec le soutien de
stagiaires pour la partie expérimentale [6-9] ont permis :
- d’évaluer l’influence d’additifs sur la viscosité et le mouillage des colles époxydes
qui sont les paramètres essentiels pour la mise en œuvre. En effet, les propriétés de
la résine doivent être adaptées au type d’application envisagée en génie civil : ainsi,
l’injection de fissure nécessite l’utilisation de résines fluides ayant une capacité de
mouillage élevée du substrat, tandis que les opérations de scellement ou de collage
requièrent des résines à consistance visqueuse voire thixotrope. Ces propriétés
peuvent être ajustées par l’utilisation de diluants (pour réduire la viscosité et
améliorer le mouillage) ou de charges minérales (pour augmenter la viscosité et le
caractère thixotrope). Un seuil critique en charge a été mis en évidence, au-delà
duquel la viscosité du mélange augmente de façon très importante. Ce seuil
dépendrait d’un facteur de forme des charges défini à la fois par la distribution
granulométrique et la forme des particules ;
- de mieux connaître les processus de polymérisation des résines époxydes à
température ambiante. Il apparaît que la réaction de polymérisation n’arrive jamais à
son terme lorsqu’elle est réalisée à l’ambiante, et que le système tend vers un état
d’équilibre caractérisé par une sous réticulation du réseau polymère. Dans ces
conditions, des monomères qui n’ont pas réagi restent piégés au sein du réseau
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Dans ce contexte, une collaboration a été engagée fin 2000 avec le laboratoire
« Interfaces, Traitements, Organisation et Dynamique des Systèmes », (ITODYS,
UMR 7086) de l’Université Paris 7. Elle visait à étudier les mécanismes d’interaction
à l’échelle moléculaire entre les bétons et les résines de collage époxyde, par les
techniques de chromatographie en phase gazeuse inverse (IGC) et de
spectroscopie ESCA.
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Ces résultats ont fait l’objet de quatre publications dans des revues internationales
>10-13] et de plusieurs communications [14-16@
Les travaux réalisés ont donné lieu à des communications dans des congrès
internationaux [19, 20].
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
différences de comportement entre les adhésifs massiques et les joints de colle, qui
peuvent être attribuées à des effets d’interface et à des répartitions de contraintes
spécifiques dans le polymère confiné au sein des joints. Des modèles
phénoménologiques issus de la littérature ont permis de dégager des lois de
comportement visant à prédire l’évolution des propriétés de ces adhésifs au cours
du temps. Une grande partie du travail a été réalisé dans le cadre de la thèse de M.-
A. Bruneaux [21] (cf 3.5).
Un outil de modélisation mécanique basé sur la théorie de Frémond a ainsi été mis
au point. Il permet de décrire l’état de l’interface dans les assemblages collés à
travers une variable d’endommagement. Son originalité réside dans le fait que les
équations d’évolution de l’interface font intervenir cinq coefficients caractéristiques
du comportement physico-chimique de l’adhésif [23-25]. Ce modèle a été confronté
à l’expérience dans une configuration simplifiée de traction homogène, avec un
adhésif n’ayant pas subi de vieillissement particulier. Les expérimentations ont mis
en évidence des phénomènes de raidissement du joint en début d’essai puis de
fluage aux temps longs, qui n’étaient pas prévus par le modèle initial. Les équations
d’évolution ont donc été modifiées pour tenir compte de la nature viscoélastique du
polymère, ce qui a permis de valider le modèle dans les conditions de chargement
et de déchargement des assemblages collés. On a ainsi pu identifier quatre des cinq
coefficients du modèle relatifs au comportement de l’adhésif non vieilli. Dans un
second temps, une configuration expérimentale non homogène a été proposée afin
de valider le modèle pour un problème avec gradient d’endommagement, et ainsi
identifier le dernier coefficient théorique.
Des études ultérieures pourront se baser sur ce modèle optimisé pour dégager les
lois d’évolution des coefficients théoriques rendant compte des phénomènes de
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Une étude a été entreprise par E. Le Bris [26-28] dans le cadre de sa thèse sur la
modélisation de la pénétration d’un adhésif à base de solvant dans un matériau
cimentaire. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’intérêt d’utiliser d’autres types
de colles que celles à base époxyde, notamment en ce qui concerne leur potentiel à
mieux pénétrer au sein des matériaux cimentaires et à améliorer ainsi la qualité de
l’accrochage. Le travail a porté sur les points suivants :
- définir les différents phénomènes physiques associés au processus de pénétration,
- établir le système d’équations différentielles permettant de décrire analytiquement
ces phénomènes,
- définir les caractéristiques nécessaires à la résolution des équations à partir de la
bibliographie et d’expériences.
Les recherches ont été entreprises sur des pâtes de ciment durcies gâchées avec
un ciment CEM II et un rapport E/C de 0,33. La colle à solvant étudiée est une base
polybutadiène avec du tétrahydrofuranne (THF) comme solvant. Le choix de cette
colle visait plus à avoir des composés parfaitement identifiés et modélisables qu’à
analyser une colle susceptible d’être utilisée en génie civil.
Les études ont montré que les résultats numériques s’écartaient quantitativement
des résultats expérimentaux mais que les phénomènes pouvaient être décrits
qualitativement et permettaient de rendre compte de l’importance de chaque
paramètre. Il a également été observé une pénétration de la colle sur près de 5 mm
au lieu d’une dizaine de Pm pour un adhésif de type époxyde, ce qui montre
l’importance des colles à solvant pour favoriser la surface d’interaction colle/béton et
améliorer ainsi les propriétés mécaniques de l’interface.
L’objectif final étant une utilisation de ce type de colle à solvant sur le béton, il sera
également nécessaire de trouver une colle dont la base et le solvant satisferont à la
fois les exigences mécaniques et environnementales.
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
d’essais sur cet ouvrage en vue de suivre l’évolution des propriétés physico-
chimiques et mécaniques de l’adhésif et du collage. La mise en place de planches
d’essais a fait l’objet d’un premier rapport en août 2002 [29] et d’un second en
décembre 2002 [30]. Préalablement à l’application des produits (juin-juillet 2002)
une caractérisation de la surface de béton du point de vue de la rugosité a été
réalisée, après préparation par un décapage à l’abrasif plus ou moins prononcé.
La première étape du suivi en octobre 2002 a consisté, d’une part, à faire des
prélèvements de matériaux en vue de leur identification en laboratoire et, d’autre
part, à réaliser des essais de traction. Il a été constaté à cette échéance que dans
tous les cas les ruptures intervenaient au niveau du béton. Les étapes à venir seront
définies à partir des observations visuelles de dégradation (par exemple
décollement) et viseront à mieux évaluer l’état de l’adhésion à partir des évolutions
de l’adhésif. Par ailleurs, cette étude doit permettre d’avoir une base comparative
entre le comportement d’un collage in situ et celui mis en évidence en laboratoire
dans le cadre d’essais de vieillissement accélérés.
Il est également utile de préciser que ces recherches, souvent très en amont des
applications, ont bénéficié des échanges avec les chercheurs impliqués dans
l’opération de recherche "Réparation et renforcement des structures de génie civil
par l’emploi de matériaux composites" qui s’est déroulée sur la même période sous
la direction de J.-L. Clément. L’intérêt de ce partenariat a permis de définir une
stratégie pour la poursuite à partir de 2005 d’une collaboration dans le cadre d’une
nouvelle opération de recherche qui porte sur la durabilité des renforcements par
composites collés.
On notera enfin que les travaux réalisés ont été reconnus et nous ont permis :
- de faire partie du comité scientifique du congrès international ICPIC 2004 à Berlin ;
- de participer au GDRE franco-italien Lagrange sur les grands problèmes du génie
civil [31-33] avec notamment la thèse de M.-A. Bruneaux [21] sous la double
direction de l’ENPC et de l’Université Tor Vergata à Rome ;
- de bénéficier d’un financement DRAST [34-35] ;
- d’être invité pour une communication aux JADH 2003 à l’Ile d’Oléron [24].
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Références bibliographiques
[1] HUYNH H. T., Le collage en génie civil : étude bibliographique sur les bases
théoriques de l’adhésion, Rapport de travail LCPC, 117 p., janvier 2000.
[2] MOSER S., Etude de la durabilité des familles d’adhésifs structuraux utilisées
en génie civil, Rapport de stage LCPC, 79 p., août 2002.
[3] JOLY L., Application du collage en génie civil. Etat de l’art, Rapport de travail
du LRPC de Nancy, 18 p., janvier 2002.
[4] SUDRET J.P., Les applications du collage en génie civil : état de l’art sur les
tôles collées, Rapport d’étude du LRPC d’Autun, 8 p., mai 2002.
[5] DALET P. Formulation de résine époxyde modèle pour collage en génie civil,
rapport de contrat LCPC-RESCOLL, 23 p., février 2002.
[6] GRATTON M., Etude des propriétés de mouillage des pâtes de ciment,
Rapport de stage LCPC, 37 p., avril 2000.
[7] LEMAIRE S., Etude de la polymérisation de résines époxydes utilisées en
génie civil, Rapport de stage ENTPE, 46 p., août 2001.
[8] LEGRAND S., Etude de résines époxydes modèles, Rapport de stage LCPC,
71 p., juillet 2002.
[9] LEGRAND S., Comportement de résines époxydes modèles : influence de
quelques constituants (diluants, charges), Rapport de stage LCPC, 80 p., juillet
2003.
[10] OLIVA V., MRABET B., BAETA NEVES M.I., CHEHIMI M, BENZARTI K.,
Characterisation of cement pastes by inverse gas chromatography, Journal of
Chromatography A, vol 969, p. 261-272, 2002.
[11] BAETA NEVES M.I., OLIVA V., CHEHIMI M., BENZARTI K., Surface chemistry
of cement pastes : a study by X-ray photoelectron spectroscopy, Surface and
Interface Analysis, vol. 33 n°10-11, p. 834-841, 2002.
[12] BAETA NEVES I., CHABUT M., PERRUCHOT C., CHEHIMI M.M., BENZARTI
K., Interfacial interactions of structural adhesive components with cement
pastes. Studies by inverse gas chromatography, Applied Surface Science, Vol.
238, pp. 367-385, 2004.
[13] PERRUCHOT C., CHEHIMI M.M., VAULAY M.J., BENZARTI K.,
Characterisation of the surface thermodynamic properties of cement
components by inverse gas chromatography at infinite dilution, Cement and
Concrete Research, à paraître en 2005.
[14] CHEHIMI M.M., OLIVA V., BENZARTI K., Characterization of cement pastes by
inverse gaz chromatography, 1st International Conference on Inverse Gas
Chromatography, Londres 17-19 Septembre 2001, 4 p.
[15] CHEHIMI M.M., BAETA NEVES I., CHABUT M., PERRUCHOT C., BENZARTI
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Résumé
Cette étude bibliographique décrit dans un premier temps, les principaux adhésifs
utilisés en génie civil, ainsi que les techniques de mise en œuvre qui permettent de
réaliser un collage dans les conditions de chantier (préparation des supports,
application de l’adhésif).
La seconde partie présente de manière critique, les principaux tests mécaniques qui
permettent de caractériser l’adhérence dans les assemblages collés.
1 - Introduction
Le collage est une technique d’assemblage très répandue dans les applications
industrielles et tend à se développer en génie civil. Cette technique offre en effet de
nombreux avantages par rapport à d’autres modes de connexion mécanique comme
le boulonnage ou le rivetage :
c’est une technique économique et rapide. Il est possible de remplacer plusieurs
connexions mécaniques par un seul joint adhésif,
il existe de nombreux types d’adhésifs, ce qui permet d’adapter les
caractéristiques du collage en fonction de l’application et du procédé de mise en
oeuvre envisagés,
la distribution des contraintes est uniforme sur la surface du joint de colle, ce qui
permet d’éviter les concentrations de contraintes locales,
le collage conduit généralement à un gain de poids de l’assemblage,
les risques de corrosion sont réduits.
Dans cette étude, nous présenterons les quelques familles d’adhésifs qui permettent
de couvrir la plupart des besoins du génie civil. Nous aborderons les spécificités
concernant les conditions de mise en œuvre et les propriétés physico-chimiques de
ces matériaux.
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Les adhésifs, quel que soit leur état (liquide, pâte ou bien film), sont des matériaux
polymères et appartiennent à l'une des trois catégories suivantes :
les thermodurcissables, dont le réseau possède une structure
tridimensionnelle. Ils présentent une rigidité élevée et de bonnes propriétés
mécaniques,
les thermoplastiques, constitués de chaînes linéaires. Ils sont en général moins
rigides, mais présentent de bonnes propriétés aux chocs,
les élastomères, souples et peu résistants, présentent une très forte adhésivité.
Une étude récente sur le collage [1] a montré que le secteur de la construction était
le deuxième consommateur d'adhésifs en 2002 et représentait à lui seul 17% du
marché mondial (3,6 milliards d'euros). En France, la part de ce secteur était encore
plus élevée (27% du marché des adhésifs pour un montant de 400 millions d'euros).
Les époxydes et les polyuréthannes constituent la grande majorité des
adhésifs utilisés en construction (90 % en 1999).
La formulation des systèmes époxydes destinés au génie civil peut être très
différentes des compositions utilisées dans d’autres secteurs industriels
(aéronautique, électronique…). En effet, elle doit répondre à un cahier des charges
précis [2-3], dicté par les conditions de chantier et par le type d'application auquel
est destinée la résine. Ce cahier des charges concerne :
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
DGEBA diamine
nœud de
réseau polymère réticulation
tridimensionnel
Ces paramètres peuvent être ajustés par l’introduction d’additifs spécifiques (cf. par
exemple la figure 2), tels que :
Des charges
Il s’agit généralement de charges inertes, de nature inorganique (sable, calcite, talc,
ciment Portland, …) ou organique. Elles permettent d’augmenter la viscosité de
l’adhésif ou d’induire une dépendance à la contrainte de cisaillement (= thixotropie).
Accessoirement, elles permettent également d’abaisser le coût de revient de
l’adhésif, et permettent de conférer des propriétés spécifiques (réduction de
l’exotherme de réticulation, diminution du fluage et augmentation de la rigidité du
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Des diluants
Ces additifs permettent au contraire d’abaisser la viscosité, pour des applications
nécessitant un grand pouvoir de pénétration ou de mouillage (résines d’injection, ou
primaires d’adhésion, par exemple). Il peut s’agir de diluants non réactifs
(dibutylphtalate, huile de ricin), qui restent sous forme liquide dans le réseau
polymère, ou de diluants réactifs (monoamines, polysulfures,…) qui participent aux
réactions de polymérisation.
Les diluants peuvent avoir un impact sur d’autres propriétés de l’adhésif (D.P.U.,
flexibilité, température de transition vitreuse). L’utilisation de diluants non réactifs
conduit en général à une perte de propriétés mécaniques.
Des flexibilisants
Il s’agit de molécules constituées de longues chaînes, qui permettent d’améliorer la
flexibilité de la résine, soit en exerçant un effet de plastification
« mécanique » (lubrification moléculaire), soit en neutralisant certains sites
fonctionnels. Ils induisent aussi une amélioration de la tenue au choc ou au pelage,
mais peuvent affecter la résistance mécanique en traction et la température de
transition vitreuse.
Revêtement Scellements
(0,2 à 2,5 Pa.s) (5 à 450 Pa.s)
VISCOSITE
Primaires Injection collages
(0,3 à 6 Pa.s) (250 à 450 Pa.s)
Lorsqu'ils sont réactifs, sans solvant ou à très haut extrait sec, les polyuréthannes
constituent d'excellents adhésifs structuraux, avec une bonne tenue au pelage et à
la déchirure. Ils sont obtenus par polyaddition entre un isocyanate et des polyesters
ou des polyéthers branchés comprenant plusieurs groupements hydroxyles (figure
3). La réticulation est catalysée par l'humidité ambiante, les polyuréthannes passant
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Le décapage par projection d’abrasif : il se fait par projection d’une poudre abrasive
(oxydes durs, corindon) à grande vitesse sur la surface à encoller. On recouvre
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
ensuite la surface traitée par un film protecteur (papier ou polyéthylène) ou par les
premières enductions de colle pour éviter qu'elle ne soit souillée.
Pour le collage de renforts composites (lamelles pultrudées ou procédé TFC) il est
généralement recommandé d’effectuer un décapage léger par projection d’abrasif.
Le lavage haute pression : consiste à laver les surfaces au moyen d’un jet à haute
pression (30 à 50 MPa). Ce procédé élimine les couches de faible cohésion et
permet d’ouvrir les pores du béton.
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Les primaires d’adhérence sont souvent constitués d’une solution à 10% de l’adhésif
utilisé pour le collage. Des additifs spécifiques peuvent être ajoutés pour contrôler le
mouillage, la pénétration, la cinétique de polymérisation ou inhiber la corrosion
(supports métalliques).
Lorsque les substrats ont été correctement préparés, le collage peut être réalisé. Il a
souvent lieu en deux étapes :
une étape d’encollage, rendue plus ou moins délicate par la viscosité de la colle
et par la nécessité de doser le mélange résine/durcisseur dans le cas des bi-
composants,
une étape d’assemblage et de durcissement, pendant laquelle le maintien des
éléments à assembler doit être assuré. Il peut également être nécessaire
d'exercer un contrôle de la pression, de la température et de l’épaisseur du joint
pendant cette phase.
Le collage avec évaporation des solvants : il s’agit d’une variante dans laquelle,
après enduction des deux surfaces à assembler, on attend l’évaporation de la plus
grande partie des solvants avant de procéder à la mise en contact des substrats.
Le collage par contact : il est identique au collage par évaporation de solvant, à ceci
près qu’on exercera une pression sur toute la longueur du joint afin que ce dernier
développe plus rapidement ses performances optimales.
Pour les adhésifs thermodurcissables bi-composants utilisés en génie civil, tels que
les systèmes époxydes, la mise en œuvre comporte plusieurs étapes :
la réalisation du mélange des constituants liquides (résine et durcisseur) dans les
25
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
L’adhésif, initialement solide, est ramolli par chauffage pour pouvoir être déposé sur
l’une des surfaces à assembler, préalablement chauffée elle aussi. Après avoir
réalisé le collage, on laisse refroidir le joint qui se solidifie progressivement.
Dans tous les cas, quels que soient l’adhésif et la technique de mise en œuvre
utilisés, il est nécessaire d’attendre un temps suffisant avant de soumettre le joint de
colle à des efforts. Dans de nombreux cas, il faut également mettre en place des
systèmes permettant le maintien en position des pièces à assembler.
26
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
3 U R T
E (1)
Mc
E U
T T
Tg Tg
tan G
Relaxation D
relaxations
secondaires
T
Tg
Fig. 6 - Variation du facteur
d'amortissement avec la température.
27
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
U E
q=-10°C/mn
f=1Hz f=10Hz
q=-1°C/mn
T T
Tg Tg Tg Tg
v f T v f Tg D f T Tg avec D f E f E g (2)
où : Df est la différence entre les coefficients d'expansion thermique de l'état
caoutchoutique Ef et celui de l'état vitreux Eg, c'est-à-dire le coefficient d'expansion
thermique du volume libre.
28
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
1/U
Ef
Eg
volume
libre
T
Tg
§f · § W · c 10 T T0
log a T / T0 log ¨ 0 ¸ log ¨¨ ¸¸ (3)
© f ¹ © W0 ¹ c 02 T T0
où : c 10 et c 02 sont des constantes caractéristiques du matériau.
29
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
F
Casque métallique
Prisme de béton
L=160 mm
Joint époxy
Prisme de béton
D= 80 mm
Grandeurs obtenues
- contraintes et déformation à la rupture,
- observation du mode de rupture (plein béton, mixte, cohésive dans l’adhésif ou
adhésive-décollement).
Avantages
- facilité de préparation des éprouvettes,
- maîtrise de l’épaisseur du joint de collage.
Inconvénients
- forte dispersion des résultats,
- en général, si le collage est réalisé sur béton sec, la rupture est cohésive dans le
béton en raison de la faible résistance en traction du béton. Les valeurs de
contraintes à rupture sont alors celles du béton.
30
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Principe
Ce test est en général utilisé pour quantifier l’adhérence de peintures ou de
revêtements sur un substrat, en particulier sur le béton >7-8@.
Grandeur mesurée
La force à la rupture, qui permet d’évaluer une contrainte à la rupture en traction.
Avantages
- test facile à réaliser en laboratoire comme sur chantier,
- permet de mettre en évidence des défauts d’adhérence d’un revêtement.
Inconvénients
- la contrainte à rupture mesurée est souvent celle du béton qui est le maillon faible
dans une configuration de traction,
- forte dispersion des valeurs mesurées,
- difficulté d’alignement du vérin dans l’axe du plot.
31
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
5.3 - Test de cisaillement indirect par compression sur éprouvette avec plan
de collage incliné (Slant indirect shear) >9-11@
Déroulement de l’essai
Grandeurs mesurées
- la force nécessaire pour rompre l’éprouvette
- un calcul fondé sur l’équilibre des efforts horizontaux et verticaux sur le joint, et sur
une répartition uniforme des contraintes permet d’accéder aux contraintes normales
et tangentielles sur le plan du joint.
32
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
P P
D=30°
P P
Fig. 12 - Géométries d’éprouvettes utilisables
pour le test de cisaillement indirect.
Avantages
- le béton n’est pas sollicité en traction,
- test relativement simple à réaliser.
Inconvénients
- au niveau du joint, mode de sollicitation mixte,
- profil de contrainte longitudinal complexe le long de l’interface,
- influence de l’angle du joint sur les résultats.
Déroulement de l’essai
Les éprouvettes sont testées en flexion 3 points ou 4 points jusqu’à rupture totale ou
jusqu’à décohésion de l’interface en fonction du type de géométrie choisi.
Grandeurs mesurées
Courbe charge/déflexion permettant d’accéder à la force de rupture de l’éprouvette
ou à la force de décohésion de l’interface (figure 14),
33
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
(a) P (b) P P
F o rc e
D é c o h é s io n
D e fle c tio n
34
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Principe de l’essai
Cet essai permet de déterminer la résistance au pelage d’un élément souple (renfort
composite, tissus) collé sur un substrat rigide tel qu’un prisme de béton.
Le test consiste à tirer sur l’élément souple avec une machine d’essai, afin de
l’arracher (figure 15). L’angle D entre la direction de traction et le substrat rigide
reste fixe.
angle D
Grandeurs mesurées
- la force moyenne de pelage P (figure 16).
Force
Force moyenne
de pelage
Déplacement du substrat
Fig. 16 - Courbe caractéristique force/déplacement du substrat
enregistrée au cours d’un essai de pelage.
35
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
souple).
Avantages
- test assez simple,
- rupture adhésive à vitesse contrôlée.
Inconvénients
- mode de rupture complexe. La modélisation et l’exploitation de l’essai sont
difficiles,
- une partie de l’énergie de rupture est utilisée pour déformer l’échantillon,
- influence de nombreux paramètres : angle D, vitesse de pelage.
5.6 - Test de clivage par introduction d’une cale (splitting wedge test) >14-17@
Déroulement de l’essai
Des pièces métalliques de transmission sont insérées dans la gorge de l’éprouvette.
Ces pièces comportent des roulements, qui permettent à la cale de se déplacer
verticalement et sans frottement (figure 18),
36
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Prismes de béton
entaille
Plan de collage
Cale
Pièces de
transmission
Eprouvette
FM
FH FH
37
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
L’énergie élastique Ge est donnée par l’aire sous la courbe jusqu’à FMAX. L’énergie
totale de rupture Gf correspond à l’aire totale sous la courbe, et serait représentative
de la résistance mécanique de l’assemblage collé, ou plus particulièrement de
l’adhérence support/adhésif en cas de rupture interfaciale.
FH FMAX
Ouverture
de fissure G
Fig. 20 - Allure des courbes FH versus G.
Avantages du test
- test adapté aux matériaux fragiles, propagation stable de la fissure,
- accès à différentes informations (FMAX, énergies élastique et totale de rupture).
Inconvénients
- positionnement délicat des capteurs de déplacement LVDT sur l’éprouvette,
- les critères géométriques (éprouvettes, angle de la cale) doivent être optimisés en
38
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
6 - Conclusions
Dans la deuxième partie, nous avons passé en revue les principaux tests
mécaniques permettant de caractériser les assemblages collés ou les interfaces. Il
apparaît que :
le test d’arrachement (ou pull-off test) est le seul essai réalisable sur chantier, au
moyen d’un équipement réduit et peu onéreux,
de manière générale, les méthodes faisant intervenir une sollicitation de traction
ou de cisaillement conduisent à une rupture dans le béton plutôt qu’à l’interface,
en raison de la faible résistance du béton en traction et cisaillement. Les
propriétés mesurées sont alors plutôt représentatives de la résistance
superficielle du béton.
les tests réalisés sur éprouvettes entaillées, en particulier les tests de clivage,
présentent l’avantage de forcer l’initiation de fissure au niveau de l’interface
béton/adhésif. Parmi ces tests, le « splitting wedge test » semble le plus adapté
pour les matériaux de type fragile (béton, céramiques).
Références bibliographiques
>1@ CARLAC'H D., HEMERY Y., Etude prospective sur le collage en France,
Digitp/Simap, décembre 2002, 237 p. http://www.industrie.gouv.fr/pdf/collage.pdf
>2@ MOSS P.J., BATCHELAR M.L., Structural bonding using epoxy resin
adhesives, New Zealand Engineering, 1975, 15 février 1975, pp. 45-52.
>3@ MAYS G.C., HUTCHINSON A.R., Adhesives in civil Engineering, Editions
Cambridge University press, 1992, 331 p.
39
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
>4@ WILLIAMS M.L., LANDEL R.F., FERRY J.D., The temperature dependence of
relaxation mechanisms in amorphous polymers and other glass-forming liquids,
Journal of the American Chemical Society, 1955, 77, 14, pp. 3701-3707.
>5@ GIBBS J.H., DI MARZIO E.A., Nature of the glass transition and the glassy
state, Journal of Chemical Physics, 1958, 28, pp. 373-383.
>6@ PAILLERE A.M., SERRANO J.J., AGUIAR J.L., LAMOURI R., Influence de la
nature et de la granularité de la charge sur l’adhérence des résines époxydes
au béton durci sec et humide, Congrès ISAP, Aix en Provence 16-19
septembre, 1986, pp. 484-485.
>7@ STEELE J., Testing adhesion of coatings applied to concrete, Coating and
Linings, November 1994, pp. 33-36.
>8@ SARASWATHY V., RENGASWAMY N.S., Adhesion of an acrylic coating to a
concrete substrate – some observations, J. Adhesion Sci. Tech., 1998, Vol. 12,
pp. 681-694.
>9@ SWAMY R.N., JONES R., CHARIF A., Shear adhesion properties of epoxy
resin adhesives, Congrès ISAP 1986, Aix en Provence 16-19 septembre, pp.
741-755.
[10] GODARD B., LAFUENTE R., Etude expérimentale de l’adhesion entre un
béton et une résine époxydique lors de l’assemblage par collage de voussoir
préfabriqués dans les ponts en béton précontraints, Congrès ISAP, 1986, Aix
en Provence, 16-19 septembre, pp. 474-475.
>11@ AUSTIN S., ROBINS P., PAN Y., Shear bond testing of concrete repairs,
Cement and Concrete Research, 1999, vol. 29, pp. 1067-1076.
[12] XIE M., KARBHARI V.M., Peel test for characterization of polymer
composite/concrete interface, J. Composite Materials, 1997, vol. 31, pp. 1806-
1825.
>13@ KARBHARI V.M., ENGINEER M., Investigation of the bond between concrete
and composites: use of a peel test, J. Reinforced Plastics & Composites,
1996, vol. 15, pp. 208-227.
>14@ TSCHEGG E.K., New equipments for fracture tests on concrete,
Materialprüfung, 1991, vol. 33, pp. 338-343.
>15@ HARMUTH H., Investigation of the adherence and the fracture behavior of
polymer cement concrete, Cem. & Concr. Res., 1995, vol. 25, pp. 497-502.
>16@ HARMUTH H., Stability of crack propagation associated with fracture energy
determined by wedge splitting specimen, Theoretical and Applied Fracture
Mechanics, 1995, vol. 23, pp. 103-108.
>17@ TSCHEGG E.K., TAN D.M., KIRCHNER H.O.K., STANZL S.E., Interfacial and
sub-interfacial fracture in concrete, Acta Metall. Mater., 1993, vol. 41, pp. 569-
576.
40
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Résumé
1 - Introduction
Pour renforcer ou réparer des structures en béton, les concepteurs ont de plus en
plus recours à la fixation d'éléments rigidifiants en surface. On emploie par exemple
des tissus de fibres de carbone ou des plaques métalliques. Une partie des efforts
de traction préjudiciables pour le béton sont ainsi avantageusement repris par le
matériau renforçant. Le transfert de ces efforts se fait par l'intermédiaire d'un
cisaillement au niveau de l'interface béton/colle et au niveau de l'interface
colle/matériau renforçant. L'expérience montre qu'un type de rupture est
prépondérant pour ce mécanisme : des contraintes de cisaillement trop importantes
pour l'interface béton/colle conduisent à un arrachage de la colle (rupture de type
« peeling-off »). Les colles utilisées actuellement sont principalement des colles de
type bi-composants époxyde qui présentent une bonne résistance mécanique. Ces
colles ne pénètrent cependant pas profondément dans le béton, ce qui conduit
localement à une concentration de contraintes. Nous nous sommes interrogés sur
l'avantage qu'il y aurait à utiliser une colle moins résistante en terme de contraintes
maximales, mais plus fluide. Cette colle pourrait alors compenser sa plus faible
résistance mécanique par une plus grande surface de contact et donc une meilleure
répartition des contraintes. Les colles solvantées qui sont des colles parmi les plus
fluides ont été choisies pour cette étude.
41
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Dans un milieu tel que celui-ci où trois phases (squelette solide, colle liquide et gaz
constitué de vapeur de solvant et d'air) sont continuellement en contact, le
phénomène prépondérant dans le processus de pénétration est la capillarité. Pour le
cas du béton, cela est d'autant plus vrai que la taille des pores est très petite avec
des rayons variant de moins de 20 Å jusqu'à quelques ȝm. La relation de Laplace
(équation 1) rend compte de la valeur de la pression capillaire Pcap , différence de
pression entre le gaz et le liquide à l'interface entre ces deux phases dans un pore
cylindrique de rayon r.
2J l cos Tl
Pcap Pg Pl (1)
r
Les pores de rayon inférieur à rm sont entièrement remplis de liquide alors que les
pores de plus grande taille ne contiennent que du gaz. En déposant la colle en
surface, on impose le remplissage d'une partie des pores. On introduit donc une
variation de rm près de la surface, et par suite (par la relation de Laplace) des
gradients de pression de liquide. Ces gradients entraînent l'apparition de flux de
masse de liquide que l'on choisit de décrire par la relation de Darcy.
La pénétration progressive de la colle dans le milieu poreux va induire des
modifications de la pression du gaz (air et vapeur de solvant) et donc l'apparition de
gradients de pression du gaz. Ces gradients vont à leur tour induire des flux de
masse de vapeur de solvant et d'air que l'on décrit par la même relation de Darcy.
Dans cette étude, le solvant est sujet à l'évaporation qui se traduit par un flux de
masse de solvant E entre la phase liquide et la phase gazeuse. Kawamura et al. [1]
s
proposent par exemple de relier E à la pression de vapeur saturante du solvant Psat
en faisant intervenir k, coefficient de transfert de masse qui dépend des conditions
au niveau de la surface (température, présence de courant d'air, etc).
M s
E k Psat (2)
RT
42
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
On calcule les flux de masse à partir des vitesses vij pour chaque espèce i par
l'intermédiaire des relations suivantes (3) où intervient la saturation locale du milieu
poreux Sl .
Kl
° Fl p U lp
Kl
grad Pl g l Dl grad U lp
°
Kl
°
°
Fl s U ls
Kl
grad Pl g l Dl grad U ls
°
® s ªKg § Pa · § P s ·º ( 4)
° Fg U gs « grad Pg ¨¨1 ¸¸ g g D g grad ¨ g ¸ »
«¬ K g Ps ¨ Pg ¸ »
° © ¹ © ¹¼
° ªKg § P ·º
a
§ Ps ·
°F a U ga « grad Pg ¨¨1 ¸¸ g g D g grad ¨ g ¸»
° g ¨ Pg ¸»
¯ ¬« K g © Pa ¹ © ¹¼
Les bilans de masse s'écrivent sous la forme du système d'équations (équations 5).
43
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
w
wt
U ga I 1 S l div F ga
w
wt
U gp I S l div Fl p (5)
w
wt
U gs I 1 S l U ls I S l
div F gs Fl s
3 - Caractérisation de la colle et du milieu poreux
Les colles employées dans l'industrie ont une composition très complexe faisant
intervenir plusieurs solvants, plusieurs polymères ainsi que des charges. Dans notre
étude, nous nous sommes limités à une colle simplifiée composée d'un polymère et
d'un solvant. Plusieurs caractéristiques de la colle interviennent dans la formulation
des équations précédentes.
La détermination de ces différentes caractéristiques a été faite selon des modèles
propres aux mélanges solvants/polymères. Les conditions d'emploi de la colle
restent relativement classiques : pression et température ambiantes. Un grand
nombre de travaux ont été réalisés sur les mélanges polymères/solvants dans ces
conditions. La plupart des caractéristiques nécessaires à notre modèle ont donc pu
être trouvées dans la littérature. Nous avons choisi les modèles suivants :
On utilise le modèle de Vrentas et Duda [2] pour déterminer le coefficient de
diffusion mutuelle D l dans le liquide.
D g Pg a été pris constant dans le domaine de variation de pression du problème.
On peut utiliser la relation de Fuhler et al. (dans Poling) [3] valable pour un
mélange gazeux binaire sous une faible pression P.
Plusieurs régimes de dilution sont donc à distinguer (dilué, semi-dilué, concentré
et enchevétré) et des modèles existent pour calculer la viscosité Kl dans chacun
de ces régimes [4]. Dans notre cas, nous avons choisi d'utiliser dans le domaine
semi-dilué une relation semi-empirique due à Lyons et Tobolsky (dans Van
Krevelen) [5] extrapolée dans le domaine enchevêtré.
La valeur de la viscosité dynamique D g du mélange gazeux et son évolution
avec la concentration en solvant peuvent être approchées par la méthode semi-
empirique de Reichenberg (dans Poling) [3].
L'évaluation de la pression de vapeur de solvant en équilibre avec la solution de
polymère peut être faite par la théorie de Flory [6].
Le calcul de la tension de surface de la colle en fonction de la concentration en
solvant peut se faire par le calcul des tensions de surface de chacun des
composants (solvant et polymère) et par une loi de mélange de Huggill et
Welsenes [5].
Dans les pores du milieu poreux, la mise en traction de la phase liquide entraîne une
44
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Pl Patm
Vm
s RT
Pg Psat e (6)
2J
§ 1
J·
°K g k abs 1 Sl ¨1 Sl ¸
° © ¹
° J 2
§ 1 ·
°K k
® l ¨ §
abs Sl ¨1 ¨1 Sl ¸ ¸
J· ¸
(7)
° © © ¹ ¹
° 10
°g g I 1 Sl 3
43
°g IS W
¯ l l
Ces relations font intervenir des constantes propres au milieu poreux cimentaire
comme la tortuosité, le coefficient de perméabilité absolue k abs et W .
On doit pouvoir également apporter une description de la distribution des pores en
fonction de la saturation. Cela permet en effet de connaître la valeur de r intervenant
dans la relation (équation 1). Nous avons choisi une description de la porosité basée
sur des études expérimentales de sorption et de désorption faites par Baroghel-
Bouny [8].
Les équations à résoudre ainsi que les variations des constantes du problème avec
la composition de la colle constituent un système d'équations différentielles
fortement non-linéaires.
Il est donc nécessaire d'utiliser une approche numérique pour le résoudre. Cette
approche a été réalisée par la méthode des volumes finis. Il a été procédé ensuite à
une résolution de type implicite du système d'équations différentielles traduisant le
bilan de masse et l'équilibre liquide - vapeur. Il a été envisagé un cas simple
unidirectionnel pour lequel une colle est déposée sur un milieu poreux de type béton
45
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
On peut constater une progression de plus en plus lente du mélange dans le milieu
poreux comme le montre la figure 2 au fur et à mesure que la fraction de solvant
diminue et donc que la viscosité augmente. Une surpression initiale de la phase
gazeuse au niveau de l'interface couche de dépôt/milieu poreux apparaît à cause du
dépôt de colle en surface et des flux gazeux de diffusion en phase gazeuse. Cette
surpression s'atténue progressivement pour retrouver la valeur d'équilibre de la
pression atmosphérique. Les calculs indiquent également une évaporation de
solvant en amont du front de colle correspondant à une condensation de solvant en
aval. Sur la figure 2, après un temps de l'ordre de quelques minutes, on peut voir
l'effet de l'évaporation en surface sur la composition de la colle. La plus forte
concentration en polymère en surface se répercute par diffusion sur la composition
dans le milieu poreux.
46
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
5 - Conclusions
47
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Références bibliographiques
[1] KAWAMURA P.I., MACKAY D., The evaporation of volatile liquids, Journal of
Hazardous Materials 15, 343-364, 1987.
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Polymer Science (polymer physics edition) 15, 403-439, 1977.
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and liquids (5th edition), McGRAW-HILL international editions, 2001.
[4] FERRY D.F., Viscoelastic properties of polymers (3rd edition), John Wiley &
Sons, 1980.
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[6] FLORY P.J., Principles of polymer chemistry, Cornell University press, 1953.
[7] MAINGUY M., COUSSY O., EYMARD R., Modélisation des transferts
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Laboratoires des Ponts et Chaussées, OA 32, 1999
[8] BAROGHEL-BOUNY V., Microstructure and moisture characterization of
ordinary and very high performance cement pastes and concretes, PhD, Ecole
Nationale des Ponts et Chaussées, 1994.
48
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
BENZARTI K.
Service Physico-Chimie des Matériaux, Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, Paris
CHEHIMI M.M., PERRUCHOT C.
Laboratoire ITODYS, Université Paris 7, Paris
Résumé
Cet article rassemble les résultats d’une étude fondamentale sur les aspects
physico-chimiques du collage.
L’utilisation de deux techniques complémentaires d’analyse de surface, la
spectroscopie ESCA et la chromatographie en phase gazeuse inverse (IGC), a
permis dans un premier temps de caractériser les propriétés dispersives de surface
et le comportement acido-basique de matériaux cimentaires (pâtes de ciment
durcies et produits d’hydratation modèles), en relation avec la composition chimique
de surface de ces substrats.
Dans un second temps, ces techniques ont permis d’étudier à l’échelle moléculaire,
le mouillage des substrats cimentaires par les constituants d’un adhésif époxyde
(résine et durcisseur aminé). L’influence du rapport E/C et de la texture des pâtes de
ciment sur le mécanisme d’adsorption des monomères a été abordée. Les analyses
ESCA ont également fourni des informations sur la nature des interactions physico-
chimiques entre les substrats et les monomères organiques.
1 - Introduction
La littérature ne fournissant que très peu d’information sur le sujet, une collaboration
49
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Cet article synthétise les principaux résultats obtenus dans le cadre de cette
collaboration, et ayant déjà fait l’objet de plusieurs publications dans des revues
scientifiques >7-11@. Il est structuré en plusieurs chapitres :
la première partie présente les techniques d’IGC et de spectroscopie ESCA
(principes et conditions expérimentales),
une deuxième partie décrit les matériaux étudiés et leurs méthodes de
préparation,
la dernière partie regroupe les résultats et discussions se rapportant aux
différents axes de recherche abordés, à savoir :
- la caractérisation des propriétés thermodynamiques de surface des pâtes de
ciment durcies (influence de la composition minérale, du rapport E/C),
- la caractérisation de surface des principaux produits d’hydratation constitutifs d’une
pâte de ciment (portlandite, C-S-H, ettringite),
- l’étude des interactions physico-chimiques entre les pâtes de ciment durcies et les
deux composants individuels d’un système époxyde, le prépolymère et le durcisseur
aminé.
L’IGC est une technique très utilisée depuis les années 1980 pour déterminer les
propriétés thermodynamiques de surface liées au travail réversible d’adhésion de
polymères, fibres et additifs variés >12@. Ses fondements théoriques sont les mêmes
que ceux de la chromatographie gazeuse, et elle ne diffère de cette dernière que
dans le sens où c’est la phase stationnaire qui est caractérisée par des sondes
moléculaires de propriétés connues, d’où le terme « inverse ». La phase stationnaire
est ainsi constituée de l’échantillon à analyser (polymère, particules minérales,
fibres, etc…) qui est tassé dans une colonne chromatographique (Figure 1). Les
sondes moléculaires sont injectées une par une dans la colonne, et leurs temps de
rétention sont caractéristiques de l’intensité des interactions entre ces sondes et la
phase stationnaire. La technique d’IGC ne vise donc pas à séparer ou à identifier les
constituants du mélange injecté dans la colonne, mais bien à déterminer les
propriétés thermodynamiques de surface de la phase stationnaire.
50
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Les analyses IGC s’effectuent à concentration finie ou à dilution infinie. C’est cette
dernière approche qui est le plus souvent utilisée. On injecte alors des sondes à des
concentrations extrêmement faibles (10-3 ppm) afin de minimiser les interactions
sonde-sonde et ne favoriser que les interactions sonde-phase stationnaire.
Le temps de rétention mesuré est corrigé afin de tenir compte du temps mort de la
colonne (mesuré avec un gaz qui n’interagit pas avec la phase stationnaire), et on
parle alors de temps de rétention net (tN). Ce dernier est la pierre angulaire de l’IGC
car il est directement lié aux interactions moléculaires entre la sonde injectée et la
phase stationnaire et permet de déterminer de nombreuses grandeurs
thermodynamiques.
Le volume de rétention (VN) est le volume de gaz vecteur inerte (ex. hélium ou
azote) nécessaire à la désorption d’une sonde injectée. En désignant par F le débit
du gaz vecteur, VN est alors donné par la relation :
VN = j.F.tN (1)
51
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Des valeurs de 'Ga, ou plus simplement de RTln(VN), vont alors découler des
constantes physico-chimiques qui permettent de caractériser les propriétés
dispersives, polaires et acido-basiques du matériau analysé.
2
d § 1 · § 'G CH 2 ·
J s
¨¨ ¸¸.¨¨ ¸¸ (3)
© 4.J CH 2 ¹ © N .a CH 2 ¹
52
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Lorsqu’une sonde polaire interagit avec la phase stationnaire par des interactions
acido-basiques ou des liaisons hydrogène, l’énergie libre d’adsorption 'Ga devient la
somme d’une composante dispersive (d) et d’une composante acido-basique (AB),
de telle sorte que :
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Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Pour les sondes spécifiques, qui interagissent avec la phase stationnaire à la fois
par des forces de London et par des forces acido-basiques, les valeurs de RTln(VN)
se situent nettement au dessus de la droite de référence des alcanes. L’écart par
rapport à cette droite constitue une mesure quantitative de 'GaAB, ou paramètre
d’interaction spécifique Isp. Concrètement, ce paramètre est obtenu en faisant la
différence entre la valeur de RTln(VN) obtenue expérimentalement pour la sonde
spécifique considérée, et la valeur déterminée pour un alcane hypothétique qui
aurait la même température d’ébullition que cette sonde spécifique (cf. schéma de la
figure 3).
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Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Rôle des gaz : Air et hydrogène servent à obtenir une flamme au niveau du
détecteur à ionisation de flamme. L’hélium, quant à lui, sert de gaz vecteur pour le
transport des sondes moléculaires.
Fig. 4 - Chromatogramme montrant les pics d’élution après injection d’un mélange
de n-alcanes dans une colonne remplie de pâte de ciment durcie (en poudre).
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Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
I A /sA
%A x 100%
6( In / sn ) (6)
Etant donné que l’analyse ESCA s’opère sous ultravide (10-11 à 10-8 mbar), seuls les
matériaux solides peuvent être caractérisés par cette technique (ils peuvent être
plans, en poudre ou sous forme de fibres) La spectroscopie ESCA est une
technique parfaitement complémentaire à l’IGC, car elle permet d’interpréter les
données thermodynamiques en fonction de la composition de surface effective du
matériau.
Les analyses ESCA ont été effectuées au moyen d’un spectromètre VG Scientific
ESCALAB 250, équipé d’une source monochromatique de rayons-X Al KD (1486,6
eV) et d’une lentille magnétique permettant d’augmenter la sensibilité de l’appareil.
Sur cet appareil, la compensation de charge est assurée par un canon à électrons
combiné avec un canon à ions d’argon.
Les analyses sont réalisées avec un faisceau de rayons X d’un diamètre de 650 Pm,
avec des énergies passantes de 150 et 40 eV, respectivement, pour l’acquisition
des spectres à large balayage et des raies spécifiques. Dans le cas des raies du
carbone C1s et de l’azote N1s, une très haute résolution spectrale a été obtenue en
utilisant une énergie passante de 15 eV. Le logiciel Avantage software, version 1.85,
a été utilisé pour l’acquisition et le traitement des spectres.
Des pâtes de ciment ont été préparées à partir de deux ciments commerciaux :
- un ciment Portland artificiel CEM I 52,5 PMES, qui sera noté OPC dans la suite
de l’article (i.e. Ordinary Portland Cement),
- un ciment gris CEM II B 32,5 R, constitué de 71% de clinker et 23 % d’ajouts
calcaires, noté BC par la suite (i.e. Blended Cement).
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Lors du gâchage, deux rapports eau sur ciment ont été utilisés pour la réalisation
des pâtes de ciment OPC, de manière à faire varier la structure poreuse et la texture
des matériaux durcis : E/C=0,5 et E/C=0,3. En revanche, un seul rapport E/C de 0,5
a été considéré pour la fabrication des pâtes de ciment BC. Après gâchage, les
différentes pâtes de ciment fraîches ont été coulées dans des moules cylindriques
en PVC. Une fois démoulées, les pâtes de ciment durcies (Pcd) ont été stockées
pendant un mois à l’ambiante afin d’achever le processus d'hydratation.
Ces échantillons ont été réduits en poudres fines à l’aide d’une broyeuse
automatique. Les particules obtenues étant très friables, un protocole a été mis au
point pour obtenir des grains plus compacts, mieux adaptés au remplissage des
colonnes IGC :
pastillage de la poudre pour obtenir une pastille compacte (épaisseur |1 mm)
broyage des pastilles au mortier en agate pour obtenir des particules très solides
mécaniquement,
tamisage de ces particules pour conserver les granulométries comprises entre
250 et 400 µm (dimensions optimales garantissant un flux régulier du gaz
vecteur à travers la phase stationnaire lors des analyses IGC).
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Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
à savoir :
les surfaces spécifiques mesurées par la méthode BET (adsorption d’azote gaz)
à l’aide d’un analyseur Micromeritics ASAP 2010,
la porosité totale déterminée à l’aide d’un porosimètre à mercure Micromeritics
Autopore 9220.
SURFACE Porosité
COMPOSES SPECIFIQUE totale (%)
(M2.G-1)
OPC 0,3 24 16
OPC 0,5 70 28
BC 0,5 77 31
Il est bien connu que les pâtes de ciment durcies (Pcd) sont entre autres constituées
de trois composés qui sont formés au cours des réactions d’hydratation, à savoir :
- le silicate de calcium hydraté (CaO.SiO2.H2O, abrégé C-S-H), qui représente en
général entre 50 et 70 % en masse de la Pcd,
- la portlandite (Ca(OH)2) qui représente de 25 à 27 % en masse de la Pcd
- l’ettringite (3CaO.Al2O3.3CaSO4.32H2O), à hauteur de quelques %.
L’un des axes de recherche avait donc pour objectif de caractériser les propriétés de
surfaces de ces trois composés modèles, puis de comparer leurs caractéristiques
individuelles à celles des pâtes de ciments durcies décrites dans le paragraphe 3.1.
Les trois composés modèles ont été synthétisés au LCPC sous forme de poudres
très fines. Le protocole de tamisage et de pastillage décrit précédemment a permis
une fois de plus d’obtenir des poudres constituées de particules compactes et
solides, avec une granulométrie comprise entre 250 et 400 microns.
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
SURFACE SPECIFIQUE
COMPOSES
(M2.G-1)
C-S-H 180,7
portlandite 7,9
ettringite 20,8
3.3 - Les pâtes de ciments revêtues par la résine époxyde (R) ou par le
durcisseur aminé (H)
Afin de caractériser des interactions entre les pâtes de ciment durcies et un adhésif
époxydique, nous avons sélectionné un système époxy bi-composant constitué :
d’un prépolymère à base de diglycidyléther du bisphénol A ou DGEBA, qui sera
noté R par la suite,
d'un agent durcisseur à base de triéthylène tétramine, qui sera noté H par la
suite.
Certains échantillons de poudre de Pcd décrits dans la partie 3.1. ont été enduits par
un dépôt contrôlé de résine R ou de durcisseur H, avec des pourcentages
massiques fixés à 1, 5 ou 10%.
La méthode d’imprégnation utilisée est celle préconisée par Al-Saïgh et Munk [16].
C’est une procédure simple et précise (l’erreur associée est inférieure à 1%) qui
permet de déposer une quantité fixée de matière organique sur un substrat
quelconque, par l’intermédiaire d’un solvant. Pour nos échantillons, les étapes de
préparation ont été les suivantes :
- la quantité exacte de résine (ou du durcisseur) correspondant à la masse de dépôt
souhaitée est dissoute dans 50 ml d'acétone,
- la poudre de Pcd (compactée et tamisée) à enduire est placée sur une lentille de
verre de manière à former un monticule. Le dessus du monticule est lentement
imbibé par quelques gouttes de la solution acétone/résine (ou acétone/durcisseur).
Le liquide ne doit pas toucher la paroi de la lentille en verre, car cela entraînerait une
perte importante de résine (ou de durcisseur),
- après évaporation du solvant, la poudre est mélangée soigneusement,
- le processus est répété (dépôt de goutte + évaporation + mélange de la poudre)
jusqu’à ce que toute la solution ait été utilisée.
Cette méthode est longue mais très précise, et il n’est pas nécessaire de contrôler a
posteriori la masse du dépôt par analyse thermo-gravimétrique.
Des échantillons témoins ont également été préparés, en imprégnant des poudres
de pâte de ciment OPC et BC par un volume de 50 ml d’acétone pure (imprégnation
goutte à goutte), sans adjonction de résine ou de durcisseur. L’acétone s’évapore
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
61
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
4 - Résultats et discussions
Les différentes pâtes de ciments OPC et BC ont été analysées par spectroscopie
ESCA. La figure 6.a montre un exemple de spectre ESCA global obtenu pour le
matériau OPC 0,5. Des spectres similaires ont été obtenus pour les autres Pcd. Les
principaux éléments de surface détectés sont le calcium, le silicium, l’oxygène et le
carbone. Leurs photo-pics correspondants Ca2p, Si2p, O1s et C1s, sont centrés
respectivement à 347, 103, 531 et 285 eV. La figure 6.b présente les compositions
élémentaires de surface de ces Pcd (restreintes aux % atomiques des principaux
éléments). Cette composition est très voisine pour les différentes Pcd, et semble
peu sensible aux variations du rapport E/C ou de la composition cimentaire (OPC ou
BC).
Fig. 6 -
a) Allure du spectre ESCA pour le matériau OPC 0,5.
b) Compositions de surface des différentes Pcd.
Par ailleurs, on peut noter une importante teneur en carbone à la surface des Pcd
62
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
(entre 14 et 26 % at.), qui n’était a priori pas attendue. Pour identifier son origine,
nous avons enregistré le signal haute résolution du carbone C1s pour chacun des
échantillons. La figure 7 montre le signal C1s obtenu pour le matériau OPC 0,5. Des
signaux comparables ont été obtenus pour les autres Pcd.
Le signal C1s présente une structure complexe avec deux pics apparents centrés à
285 et 290 eV. Le premier est attribué à des atomes de carbone provenant de
groupements organiques aliphatiques ou aromatiques, tandis que le second est
attribué à des groupes carbonatés présents sur la surface minérale.
Intensité (cps)
Fig. 7 - Signal haute résolution du carbone C1s pour le matériau OPC 0,5.
Les composantes dispersives de l’énergie de surface (Jsd) des Pcd ont été
déterminées par IGC-ID, selon la méthode de Dorris et Gray décrite dans le
paragraphe 2.1.2. Les analyses ont été réalisées sur les pâtes de ciment brutes
(OPC 0,3 ; OPC 0,5 et BC 0,5), mais aussi sur les échantillons de contrôle rincés à
l’acétone présentés dans le paragraphe 3.1.3 (OPC 0,3-AC ; OPC 0,5-AC et BC 0,5-
AC)
63
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
La figure 8 regroupe les valeurs de Jsd obtenues pour ces différents matériaux.
Pour les Pcd brutes, on peut constater que la valeur de Jҏ sd reste comprise entre 42
et 43 mJ/m2, et ne semble pas dépendre du rapport E/C ou de la nature du ciment
utilisé. En revanche pour les Pcd rincées à l’acétone, on observe une augmentation
globale de Jsd par rapport aux Pcd brutes, et l’apparition de différences significatives
en fonction de la formulation (rapport E/C et nature du ciment). La valeur
relativement faible de Jsd obtenue pour les Pcd brutes semble cohérente avec la
contamination organique de surface mise en évidence par ESCA. En effet, cette
dernière minimiserait l’énergie de surface du substrat et bornerait la valeur deJsd.
Le traitement de rinçage des Pcd par l’acétone permettrait quant à lui, d’éliminer tout
ou partie de cette contamination organique. Les valeurs de Jsd mesurées pour les
échantillons rincés à l’acétone seraient alors vraiment caractéristiques des
propriétés de surface du substrat minéral, d’où les différences observées en fonction
du rapport E/C ou de la nature du ciment.
Afin de mieux apprécier l’influence du rapport E/C sur les propriétés de surface des
Pcd, nous avons déterminé les volumes spécifiques de rétention Vg (volume net de
rétention par gramme de matériau de la phase stationnaire) d’une série de n-
alcanes adsorbés sur les matériaux OPC 0,5-AC et OPC 0,3-AC. La figure 9 montre
les valeurs de Vg obtenues pour des sondes n-alcanes C5 à C7 adsorbées sur ces
deux matériaux.
Il apparaît clairement que les valeurs de Vg sont plus élevées pour le matériau ayant
le rapport E/C le plus grand (et donc la surface spécifique et la porosité les plus
grandes). En réalité, cela signifie que le nombre de sites superficiels capables
d’interagir avec les sondes moléculaires dépend fortement de la texture de la
64
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
La figure 10 permet de comparer les valeurs des Isp relatives à l’adsorption des
sondes sur les pâtes de ciment brutes ou rincées à l’acétone. Les résultats obtenus
conduisent aux observations suivantes :
- les valeurs des Isp sont élevées dans l’ensemble, aussi bien avec la sonde acide
de Lewis (CHCl3), qu’avec la base de Lewis (Bz) ou avec les sondes aromatiques
(Pi6 et Pi7, qui sont des bases faibles). Ceci montre clairement que les pâtes de
ciment peuvent interagir fortement avec des acides et des bases de Lewis, et
présentent donc un caractère amphotère marqué. Néanmoins, les valeurs d’Isp les
plus élevées sont obtenues avec le chloroforme (CHCl3), ce qui indiquerait une
basicité prédominante de ces matériaux (au sens de Lewis).
- en comparant les paramètres Isp obtenus pour les échantillons bruts avec ceux des
échantillons rincés à l’acétone, on note une influence significative du rinçage sur le
comportement acido-basique des Pcd. En effet, le rinçage conduit à une
augmentation globale des valeurs d’Isp pour l’ensemble des sondes moléculaires, ce
qui correspond à une accentuation du caractère acide et du caractère basique (au
65
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
sens de Lewis) de la surface des Pcd. Ce résultat est cohérent avec l’hypothèse
selon laquelle le rinçage à l’acétone élimine en partie la pollution d’origine
organique, et active ainsi la surface minérale.
- l’influence du rapport E/C sur les propriétés acido-basiques de la surface des Pcd
est également notable. En effet, les valeurs d’Isp sont globalement plus élevées pour
les matériaux OPC 0,5 que pour les OPC 0,3 ce qui traduit des caractéristiques
acide et basique plus marquées. Par son impact sur la texture du matériau, le
rapport E/C affecterait donc bien le nombre de sites capables d’interagir avec les
sondes moléculaires.
Fig. 10 - Comparaison des paramètres Isp obtenus pour les sondes spécifiques
adsorbées sur les différentes pâtes de ciment brutes ou rincées à l’acétone.
66
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Comme pour les pâtes de ciment durcies, les signaux ESCA du carbone C1s ont
révélé la présence de carbonates, suggérant une légère carbonatation de la surface
des composés.
67
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Il est intéressant de voir que les valeurs de Jsd obtenues dans le chapitre 4.1. pour
les pâtes de ciment durcies OPC et BC (brutes ou rincées à l’acétone), sont
globalement inférieures à celles décrites ici pour les deux composés individuels C-S-
H et portlandite, mais sont plus proches de la valeur correspondant à l’ettringite.
Ceci semble surprenant, sachant que le C-S-H et la portlandite sont les constituants
majoritaires des Pcd (environ 70 et 20% en masse, respectivement) alors que
l’ettringite est minoritaire. L’explication la plus plausible est que les composés
individuels synthétisés en laboratoire ne sont pas parfaitement représentatifs des
produits d’hydratation naturels constituant les Pcd, bien que leurs compositions
chimiques de surface soient conformes.
Toutes les sondes moléculaires spécifiques (les acides comme les bases de Lewis)
interagissent fortement avec les phases stationnaires, comme le montrent les
valeurs élevées des Isp. Ceci révèle à nouveau le caractère amphotère des
composés modèles, comme c’était déjà le cas précédemment pour les pâtes de
ciment durcies.
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Pour les sondes acides de Lewis (CH2Cl2 et CHCl3), les valeurs des Isp décroissent
dans l’ordre suivant : CSH > Ettringite > Portlandite.
En ce qui concerne les sondes aromatiques (bases faibles 1-alkenes), les valeurs
des Isp décroissent également selon cet ordre: CSH > Ettringite > Portlandite.
Il est intéressant de voir que les produits hydratés (comportant des molécules H2O
dans leur structure) sont ceux qui présentent les valeurs d’Isp les plus élevées, aussi
bien avec les sondes acides qu’avec les sondes aromatiques. Il semble donc que la
teneur en eau (liée ou non liée) joue un rôle important le comportement acide-base
des constituants, ce qui peut être attribué au caractère fortement amphotère de
l’eau.
Cette partie aborde les propriétés de surface des pâtes de ciment durcies,
69
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Les figures 15.a et 15.b présentent respectivement, un signal ESCA haute résolution
typique du carbone C1s pour un échantillon revêtu de résine, et un signal typique de
l’azote N1s pour un substrat revêtu de durcisseur.
Le spectre C1s présente une structure complexe avec deux pics apparents, comme
nous l’avons déjà vu dans le paragraphe 4.1.1. Le pic C1s285 centré à 285 eV
correspond aux carbones provenant de composés organiques, tandis que le pic
C1s290 centré à 290 eV est lié aux carbonates. On observe une augmentation du
70
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
rapport d’intensité des pics (C1s285 / C1s290 ) lorsque la quantité de dépôt organique
augmente sur les substrat Pcd.
Le spectre N1s présente une forme très asymétrique, qui suggère l’existence de
différents types d’amines à la surface des échantillons. Une analyse par
déconvolution du signal a ainsi révélé la présence de 3 composantes (figure 15.b) :
- une composante principale centrée à 399,8 eV, est attribuée aux groupements
amines libres (pic A sur la figure),
- la seconde contribution centrée à 401,5 eV est attribuée à des amines qui
interagissent par liaison H avec la surface du substrat (pic B),
- la dernière composante (pic C) pourrait être liée à un phénomène de protonation
qui est encore mal identifié.
Il existe donc clairement des interactions spécifiques entre le durcisseur et la
surface amphotère des pâtes de ciment.
Fig. 15 -
a) Signal C1s haute résolution du matériau OPC 0,3-R1 %.
b) Déconvolution du signal N1s pour le matériau OPC 0,3-H1 %.
Les propriétés dispersives des pâtes de ciment OPC et BC revêtues par R ou H ont
été déterminées par IGC-ID en utilisant la méthode de Dorris et Gray.
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
En ce qui concerne les Pcd revêtues de résine, nous pouvons faire les remarques
suivantes :
- la surface des pâtes de ciment OPC semble saturée à partir de 8 à 10% en masse
de résine, car on obtient alors un palier de Jsd. A saturation, l’apport de matière
organique supplémentaire n’améliore plus le recouvrement de la surface minérale,
- il est intéressant de voir que les valeurs de Jsd des échantillons OPC 0,5 saturés
restent supérieures au niveau de Jsd de la résine seule sur support chromosorb
(matérialisé par une droite sur la figure 16.a). Ce résultat montre qu’à saturation, la
surface de ces Pcd n’est pas uniformément recouverte par la résine, et que les
monomères sont adsorbés sur des sites préférentiels,
- des différences peuvent être notées en fonction du rapport E/C pour les
échantillons OPC. En effet, la diminution initiale de Jsd est plus prononcée pour les
échantillons OPC 0,5 revêtus que pour les échantillons OPC 0,3 revêtus. Ceci
suggère un meilleur mouillage du matériau ayant le plus grand rapport E/C, dans le
domaine des faibles teneurs en résine. Ce phénomène rejoint les observations faites
dans le paragraphe 4.1.2., concernant l’influence du rapport E/C sur le nombre de
sites d’adsorption.
En revanche la valeur Jsd à saturation est plus faible pour le matériau OPC 0,3 que
pour le matériau OPC 0,5, ce qui traduirait un meilleur mouillage du matériau ayant
le plus faible rapport E/C, dans le domaine des fortes teneurs en résines. L’inversion
de tendance lors du passage entre les faibles et les fortes teneurs en résine n’est
pas clairement expliquée pour le moment, mais pourrait être liée à une compétition
entre les processus d’adsorption de surface et de remplissage des microporosités.
De la même façon, en ce qui concerne les échantillons revêtus par le durcisseur
(Figure 16.b), nous pouvons voir que :
Jsd diminue lorsque la quantité de durcisseur déposée sur la surface augmente.
Cela montre à nouveau que le durcisseur mouille la surface des substrats
cimentaires, et que le recouvrement augmente avec le taux de H,
- les valeurs de Jsd sont plus faibles pour les matériaux OPC 0,5 revêtus de H que
pour les OPC 0,3 revêtus de H, et ceci quelle que soit la teneur en durcisseur. Ce
résultat traduit un meilleur mouillage du matériau OPC 0,5 par le durcisseur et nous
renvoie encore à l’influence du rapport E/C sur le nombre de sites d’adsorption,
- les valeurs de Jsd des échantillons revêtus de H restent toujours plus élevées que
le niveau de Jsd du durcisseur sur support chromosorb. Ceci montre que le
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Dans une dernière étape, les propriétés acide-base des Pcd revêtues par R ou H,
ont également été déterminées par IGC-ID, en utilisant l’approche de Brookman et
Sawyer. Contrairement à ce qui a été vu précédemment pour les propriétés
dispersives, nous n’avons pas obtenu de variations claires des Isp en fonction de la
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
teneur en matière organique (R ou H). Cette partie ne sera donc pas détaillée ici.
5 - Conclusions
Cet article regroupe les principaux résultats de l’étude menée en collaboration entre
le LCPC et le Laboratoire Itodys (UMR CNRS, Université Paris 7) et consacrée :
- aux propriétés thermodynamiques de surface de substrats cimentaires (pâtes de
ciments durcies et produits d’hydratation modèles),
- aux interactions à l’échelle moléculaire, entre des pâtes de ciment durcies et les
constituants d’un adhésif époxyde (résine et durcisseur).
Dans une dernière partie, les analyses ESCA et IGC ont été réalisées sur des
poudres de Pcd revêtues par les constituants d’un adhésif époxyde (résine R ou
74
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
durcisseur aminé H), avec des pourcentages massiques de dépôts compris entre 1
et 10%.
Les spectres ESCA ont fourni des évidences directes de l’existence d’interactions
spécifiques (liaisons hydrogène, protonation) entre les groupements amines du
durcisseur et les surfaces minérales. Ces interactions sont susceptibles de jouer un
rôle important dans le mécanisme d’adhésion à l’interface.
Les expériences IGC ont montré que le dépôt de monomères R ou H sur les Pcd
entraîne une diminution de la composante dispersive de l’énergie de surface Jsd,
traduisant un mouillage substantiel de la surface minérale par les molécules
organiques. Cependant, les valeurs de Jsd des Pcd revêtues restent généralement
supérieures au niveau de Jsd des monomères seuls. Ceci montre que les
monomères R ou H ne mouillent pas uniformément la surface des Pcd, et qu’il sont
adsorbés sur des sites préférentiels de la surface minérale. Par ailleurs, le rapport
E/C des Pcd affecte significativement le nombre de sites d’adsorption présents à la
surface des substrats.
Références bibliographiques
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
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[16] AL-SAIGH Z., MUNK P., Macromolecules, 17, 803, 1984
76
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Résumé
Une nouvelle technique de microscopie à champ proche, basée sur l’utilisation d’un
microscope à force atomique (AFM) a été appliquée à l’étude de matériaux
complexes polyphasés. Ainsi, la micro-analyse thermique (µTA) combine
l’imagerie par microscopie et la caractérisation par analyse thermique locale. Cet
article se propose tout d’abord de décrire le principe de fonctionnement de cette
technique, en dégageant les possibilités et les limites actuelles de l’appareil. Par
ailleurs, les résultats d’une étude portant sur l’analyse µTA d’interfaces modèles
pâtes de ciment/résines époxydes sont ensuite présentés. Ils illustrent l’intérêt que
revêt cette nouvelle technique pour l’étude des matériaux du génie civil.
1 - Introduction
Si l’on veut accéder à ces informations fines, il faut détecter les composantes non
radiatives au voisinage immédiat de l’objet, à l’aide d’une sonde. On travaille alors
en « champ proche » et la microscopie devient à « sonde locale », ce qui est le cas
de la microscopie à effet tunnel (STM, Binnig et Rohrer [1-2]) et à force atomique
(AFM).
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
faisceau laser
Laser Beam photodétecteur
miroir
Mirror Photodetector
Cantilever
Y
échantillon
Sample
Z
sonde
Probe X
trajet de la
Path of Tip
sonde
3 - La micro-analyse thermique
3.1 - Principe
78
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Tube d’argent
Fil de platine
Par ailleurs, Hammiche et al. [4] ont récemment développé une technique de
modulation de température. L’application d’un signal oscillatoire permet :
- d’augmenter le rapport signal/bruit,
- de confiner le signal thermique près de la pointe réduisant ainsi la diffusion
thermique,
- de contrôler la profondeur de diffusion de l’onde thermique.
79
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Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
80
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
y (µm)
x (µm)
x0+0.6, y0+150
x0+0.4, y0+100
x0+0.2, y0+50
Pâte x0, y0
de ciment Résine époxyde
81
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Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
(a) (b)
polymère
ciment
ciment
polymère interphase
L’image topographique montre également une différence de niveau entre les deux
phases qui est consécutive à l’opération de polissage, la dureté du polymère étant
différente de celle de la pâte de ciment. La ligne d’interface est donc bien délimitée.
82
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Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
173°C
143°C
100 150
35
30
25
' Tr (°C)
20
15
10
0
0 20 40 60 80 100 120
Distance à l'interface (µm)
83
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
5 - Conclusion
La microscopie thermique à balayage est une technique de choix pour l’étude des
matériaux polyphasés. Elle permet en premier lieu de réaliser des cartographies
avec les profils de topographie ou de conductivité thermique de la surface d’un
échantillon à l’échelle sub-micronique, et de mettre ainsi en évidence la répartition
des phases au sein du matériau. En plus de ce mode d’imagerie, cette technologie
permet également d’effectuer des analyses thermiques locales en des points précis
de la surface de l’échantillon et de déterminer localement des températures de
changement de phase du matériau.
La microanalyse thermique a déjà été utilisée avec succès pour l’étude de nombreux
matériaux industriels (mélanges de polymères, composites, produits
pharmaceutiques, etc…), et semble également avoir des applications potentielles
84
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Références bibliographiques
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sept. 2000. Le Vide, 54 (296), 497-500, 2000.
85
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Résumé
Le risque de rupture d’un assemblage collé est toujours très difficile à évaluer. Dans
le domaine du génie civil, un certain nombre d’ouvrages en béton armé renforcés
par collage ont fait l’objet d’observations qui ne permettent pas a priori de définir la
durée de vie du collage. Dans cet article, les mécanismes de vieillissements des
adhésifs utilisés pour renforcer des ouvrages en béton sont présentés, en particulier
les effets de l’humidité et de la température. Des suivis de planches d’essais sur
ouvrage, complétés par des déterminations physico-chimiques en laboratoire, ont
été mis en place afin de définir les vitesses de vieillissement des adhésifs. Cette
étude, toujours en cours, devrait permettre, à terme, de définir des essais pertinents
pour caractériser la susceptibilité d’un adhésif à vieillir.
1 - Introduction
La durabilité d’un assemblage collé dépend, non seulement des efforts mécaniques
auxquels il est soumis, mais également de l’évolution physico-chimique de l’adhésif
liée aux facteurs environnementaux (température, humidité, UV, etc.). Il est
parfaitement connu que la température de transition vitreuse Tg, qui constitue une
frontière entre les états vitreux et caoutchoutique, est un paramètre primordial pour
les polymères. Un autre facteur de vieillissement est la pénétration d’eau au sein du
réseau de l’adhésif qui peut modifier les caractéristiques physico-chimiques et
mécaniques de l’assemblage collé. Les connaissances dans ce domaine sont
importantes, notamment grâce à de nombreuses études de laboratoire. Il est
toutefois fondamental d’évaluer in situ l’évolution des caractéristiques des adhésifs,
ne serait-ce que pour corréler les cinétiques de vieillissement obtenues en
laboratoire et en conditions réelles. Dans cet article nous allons présenter une étude
réalisée en collaboration avec la Société des Autoroutes Paris Rhin Rhône (APRR)
pour suivre sur ouvrages le vieillissement de la liaison béton-adhésif. Avant de
présenter le contexte et les premiers résultats de l’étude, nous rappellerons, à
travers un bref état des lieux sur les ouvrages en béton renforcés et une étude
bibliographique, les différents mécanismes de vieillissement des adhésifs
structuraux et leurs conséquences. Pour plus d’information, on se réfèrera au
mémoire de doctorat de M.A. Bruneaux [1] qui aborde également les modèles
théoriques permettant d’évaluer les cinétiques de vieillissement.
86
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Un état des lieux a été réalisé [2] sur le renforcement des ouvrages d’art. Dans le
cadre de cette étude, huit ouvrages renforcés par tôles collées entre 1976 et 1995
ont été sélectionnés. Pour chacun de ces ouvrages, on a cherché à déterminer les
raisons qui ont conduit à utiliser la technique de collage, la nature des matériaux
employés (tôles, mortiers et adhésifs) et des préparations de surface du support
béton. Les essais et contrôles réalisés lors des inspections d’ouvrages ont
également été répertoriés, ainsi que les principales observations concernant la
durabilité des collages. On constate tout d’abord que dans tous les cas une résine
époxyde bi-composants a été employée. On note ensuite la présence de plaques
décollées sur certains ouvrages, quelquefois moins de dix ans après leur mise en
place, et pour d’autres ouvrages aucune dégradation n’est mise en évidence même
après vingt ans. Ces observations conduisent à définir trois facteurs essentiels
susceptibles d’impacter la durabilité des réparations : la mise en œuvre et
notamment la préparation du support béton, la présence d’humidité et la sensibilité
aux chocs. Dans le cadre de nos recherches, nous avons considéré les deux
premiers aspects. La tenue aux chocs mériterait toutefois d’être analysée dans le
cadre d’une étude ultérieure.
Les adhésifs structuraux sont utilisés depuis une période relativement récente dans
le génie civil, mais ils le sont depuis beaucoup plus longtemps dans d'autres
domaines industriels comme celui des transports (aéronautique, automobile). Les
paramètres qui gouvernent le vieillissement de ces adhésifs ont donc largement été
étudiés en raison des contraintes sécuritaires sévères qui peuvent exister dans ces
domaines industriels. De ce fait, la littérature consacrée à la durabilité des
polymères est relativement abondante.
87
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
substrat
eau libre ( ) occupant les
microcavités (volume libre eau pénétrant par capillarité dans le
eau liée ( ) occupant les sites joint: condensation des molécules
non mobilisé par les hydrophiles et provoquant le
mouvements moléculaires) d'eau, coalescence et formation de
gonflement et la plastification cloques, amorce de rupture
entre les chaînes de du réseau
polymère interfaciale
90
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
la chaleur peut catalyser des réactions chimiques internes qui vont rompre le
squelette carboné, avec les mêmes conséquences que les réactions d'oxydation,
le rayonnement ultraviolet, par son apport énergétique, aura les mêmes effets.
Cependant, dans le cas des assemblages collés, seuls les bords libres sont exposés
à la lumière, et ceux-ci sont de faible épaisseur. L’effet du rayonnement ultraviolet
est donc considéré comme négligeable. De plus, les phénomènes de dégradation
thermiques et de thermo-oxydation dans les thermodurcissables n'interviennent qu'à
haute température et sont donc négligeables à température ambiante.
3.2.1 Fluage des polymères sous charge constante ou relaxation sous déformation
imposée
Nous avons noté précédemment que les adhésifs structuraux présentent des
propriétés viscoélastiques. Ainsi, sous charge constante (respectivement à
déformation constante), le phénomène de fluage (de relaxation) se produit par
glissement et désenchevêtrement des chaînes les unes par rapport aux autres.
Cette réorganisation des chaînes s’accompagne de variations des propriétés
physiques et mécaniques du joint. Toutefois, l’aptitude au fluage dépend de la
densité de réticulation du réseau. La mobilité moléculaire des réseaux les plus
denses est réduite.
Dans des conditions normales d'utilisation, le joint de colle peut être soumis à des
sollicitations de type cyclique, telles que celles qui sont produites par le passage de
véhicules sur un ouvrage. Dans ce cas, l'adhésif va se dégrader par fatigue, même
si la charge supportée lors de chacun des cycles est inférieure au seuil de tolérance.
En effet, chacun des chargements va induire des dégradations microscopiques qui
vont se propager jusqu’à la ruine totale du matériau. Ce phénomène peut être
exacerbé par le milieu environnant : humidité, gel, présence de solvants ou
d'hydrocarbures sont autant de facteurs qui vont fragiliser la zone en tête de fissure
et faciliter la progression de l’endommagement au sein du matériau. On parle alors
de « stress-cracking ».
91
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Dans une première étape, les processus mis en jeu lors du vieillissement des
adhésifs massiques en milieu standard (20°C, 50% HR) ou en milieu aqueux
(immersion dans l'eau distillée ou dans une solution alcaline représentative du milieu
béton) ont été décrits. Il en est ressorti que :
la réticulation lente du polymère et le vieillissement physique sont les deux
principaux mécanismes susceptibles de faire évoluer la microstructure de
l'adhésif dans les conditions standard. Une approche expérimentale associée à
des modélisations phénoménologiques simples ont permis de décrire la cinétique
de vieillissement physique, ainsi que l'évolution des propriétés mécaniques et
viscoélastiques des adhésifs massiques en fonction du temps,
lors du vieillissement en milieu aqueux, la cinétique d'absorption dépend
fortement de la composition des adhésifs (nature des charges et des plastifiants),
mais également de la nature de la solution dans laquelle sont immergés les
échantillons. Dans tous les cas, cette cinétique peut être décrite par un modèle
basé sur un couplage des théories d'absorption par diffusion fickienne et par
relaxation des chaînes macromoléculaires.
92
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Dans une seconde étape, nous avons comparé les cinétiques de vieillissement des
adhésifs massiques à celles des joints de colle dans des assemblages collés
modèles. L'étude expérimentale a montré que les cinétiques de vieillissement
physique ou de vieillissement humide peuvent être modifiées dans les joints
adhésifs, en raison de répartitions de contraintes particulières ou d'effets d'interface.
Néanmoins, les approches théoriques développées pour les adhésifs massiques
semblent rester valides à condition d'ajuster les variables des modèles.
Cette partie est consacrée à une étude de terrain sur ouvrage renforcé par collage
de tissus fibre de carbone (procédé TFC). Dans le contexte du confortement d’un
ouvrage autoroutier, la société APRR nous a autorisé à suivre la mise en œuvre et à
réaliser des planches d’essais sur la palée et l’intrados de l’ouvrage. L’objectif
consistait à évaluer la durabilité de ce type de réparation dans un environnement
réel. De ce fait, l’évolution de l’adhérence béton /composite et celle des propriétés
physico-chimiques de l’adhésif ont été suivies dans le temps et continueront de l’être
jusqu’à une échéance d’au moins 5 ans.
Les zones tests (palée et intrados, cf. figure 2) ont été décapées avec un abrasif
0,5/2 mm. Deux types de décapage ont été réalisés afin de modifier la rugosité
superficielle du béton :
"Léger" : buse de sablage à 50 cm du support.
"Fort" : buse de sablage à 20 cm du support.
Par ailleurs, une zone témoin sans décapage a également été considérée.
93
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Des essais d’adhérence (norme NF EN 1542) ont été réalisés par traction directe
sur plots métalliques (de surface moyenne 19,3 cm2) collés au moyen d’un adhésif
méthacrylate. Les tableaux 1 à 3 donnent les conditions climatiques lors des essais
et les premiers résultats d’adhérence au niveau de la palée et de l’intrados (trois
campagnes d’essais réalisés sur une période de 30 mois après la mise en oeuvre).
L’analyse des tableaux 2 et 3 permet de constater que les résultats sont assez
dispersés, ce qui est souvent le cas pour ce type d’essai sur béton.
En ce qui concerne l’intrados, les valeurs n’évoluent que très peu dans le temps et
les ruptures, pour la quasi totalité au niveau du béton, conduisent à penser que
94
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Pour la palée, le béton présente une résistance beaucoup plus grande (supérieure à
5 MPa) et l’on peut observer au cours du temps un changement du mode de
rupture, avec un nombre important de ruptures mixtes (béton + résine + TFC). Dans
ces conditions, les tests d’adhérences conduisent à des valeurs de résistance en
traction autour de 4 MPa, ce qui peut signifier une tendance à la diminution de
l’adhérence au cours du temps (l’adhérence résine/béton initiale étant supérieure à
la résistance du béton proche de 5 MPa).
Il est également très difficile de tirer en l’état actuel des conclusions sur l’effet
bénéfique ou non de la rugosité de surface des bétons.
Ces tests d’adhérence seront poursuivis dans les années à venir pour valider ou non
ces premières tendances.
Parallèlement aux essais d’adhérence, nous avons également suivi l’évolution des
propriétés physico-chimiques de l’adhésif utilisé pour le procédé de renforcement.
Pour cela, des échantillons ont été prélevés aux différentes échéances (5, 18 et 30
mois) et analysés par calorimétrie différentielle à balayage (DSC). Par ailleurs un
échantillon de cet adhésif prélevé sur un autre site 7 ans après sa mise en œuvre a
également été analysé.
Les caractéristiques données par le fabricant pour l’adhésif utilisé dans le procédé
TFC sont les suivantes :
système bi-composant (résine/durcisseur),
la résine est chargée, de couleur blanchâtre et relativement visqueuse,
le durcisseur n’est pas chargé, il est très visqueux, jaune translucide et contient
des alkylétheramines et des triéthylènetétramines (TETA),
le rapport d’emploi préconisé résine/durcisseur, en masse, est de 100 pour 40.
95
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
a) Principe de la technique
Pour le 1er mode, les échantillons sont soumis à une rampe de température linéaire
entre -10 et 200°C avec une vitesse de chauffe de 10°C/min. Deux passages
successifs sont réalisés pour chaque échantillon. La figure 3 présente l’allure
typique des thermogrammes obtenus pour des adhésifs époxydes.
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
1 er passage
2 ème passage
T gf
Les échantillons d’adhésifs prélevés lors des campagnes d’essai sur l’ouvrage ont
été analysés en mode classique et en modulation de température. Ces échantillons
ont été conservés à 4°C et sous emballage hermétique entre les dates de
prélèvement et d’analyse, afin d’éviter toute évolution physico-chimique lors du
stockage. On considère donc que l’état physico-chimique des échantillons au
moment de l’analyse DSC est identique à celui de la date de prélèvement. A titre de
comparaison, nous présenterons également les résultats obtenus pour un
échantillon d’adhésif provenant d’un autre ouvrage renforcé par le même procédé et
qui a été soumis à des conditions climatiques naturelles pendant près de 7 ans.
97
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Ces résultats permettent déjà de voir une augmentation légère, mais significative de
Tg en fonction de la durée de vieillissement sur site des échantillons. Ceci semble
montrer que le processus de réticulation de l’adhésif se poursuit au cours du temps,
la cinétique de polymérisation étant très lente aux températures ambiantes.
0.0
––––––– TFC St Cyr pallée 5 23-10-02
–––– TFC St CYR pallée G 06-11-03
––––– · TFC ouvrage EDF
5 mois
(W/g)
-0.1
Heat Flow(W
Flux de chaleur /g)
61.10°C
-0.2
7 ans 62.88°C
64.66°C
-0.3
20 70 120
Exo Up Temperature (°C) Universal V3.8B TA Instruments
Température (°C)
98
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
-0.02
––––––– TFC St-Cyr palée 5 du 23-10-02
––––– · TFC St Cyr palee G du 06-11-03
–––– ouvrage EDF
(W/g)
54.84°C(I)
-0.03
Heat Flow (W
Flux deRevchaleur /g)
5 mois
55.67°C(I)
-0.04
18 mois
56.91°C(I)
7 ans
-0.05
20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140 150
Exo Up Temperature (°C) Universal V3.8B TA Instruments
Température (°C)
99
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
5 mois
18 mois
7 ans
Température (°C)
5 - Conclusion
La deuxième partie de cette étude a porté sur le suivi des caractéristiques d’un
adhésif utilisé pour le renforcement par tissu de fibres de carbone sur un ouvrage en
béton armé. Les premiers résultats concernant les caractéristiques de l’adhésif et
l’adhérence résine/béton permettent de noter une légère augmentation de la Tg
vraisemblablement liée à une poursuite lente de la réticulation. Après 30 mois, les
tests d’adhérence conduisent à penser à une légère diminution de l’adhérence
résine/béton (qui reste toutefois proche de 4 MPa). Le suivi des planches d’essai sur
cet ouvrage sera poursuivi dans les années à venir et permettra de mieux définir les
évolutions de la résine et leurs implications sur le comportement de l’interface
résine/béton.
Remerciements
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Références bibliographiques
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Résumé
1 - Introduction
De nombreuses études ont montré que les propriétés des matériaux polymères se
dégradaient dans l'environnement d'utilisation (vieillissement physique, humidité,
atmosphère saline, etc.). Si les effets de ces différents facteurs sont prouvés,
l'évolution de la résistance d'un joint collé dans le milieu ambiant reste à quantifier
[2]. L'aspect physico-chimique du collage (c'est-à-dire le vieillissement de l'adhésif)
n'est donc pas pris en compte dans les modélisations existantes. Ceci explique que,
bien que l'on arrive actuellement à décrire le comportement à la rupture des joints
collés, on ne puisse pas encore prédire la durée de vie d'un assemblage.
Une nouvelle approche a donc été développée lors d’une thèse [3] au Laboratoire
Central des Ponts et Chaussées dans le cadre de l’Opération de recherche "Le
collage en Génie Civil". Elle vise à introduire dans la théorie du contact, un modèle
d'endommagement de l'interface qui puisse prendre en compte des paramètres
d'ordre physico-chimique. C'est cette approche qui sera décrite ici, ainsi que la mise
103
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Le modèle mécanique utilisé pour décrire l'interface du joint collé se base sur la
théorie du premier gradient de l'endommagement, appliquée à un phénomène de
contact avec adhérence. D'abord développée par Frémond et Tien [4-5], cette
théorie a depuis été couplée avec un modèle de frottement, et a déjà permis de
modéliser avec succès des essais de micro-indentation sur matériaux composites
[6].
La théorie est basée sur une description particulière de l’interface entre deux
supports collés (Figure 1). On considère un assemblage constitué de deux solides
:1 et :2, dont les frontières sont respectivement notées w:1 et w:2, et les normales
& & &
sortantes aux frontières n1 et n 2 . Sur l’interface commune * = w:1 w:2, on a n1 = -
&
n2 .
Ces solides sont reliés par les chaînes macromoléculaires de l’adhésif le long de
& &
l'interface *. L'assemblage est soumis à des forces volumiques f1 et f 2 , ainsi qu’à
& &
des forces surfaciques F1 et F2 .
104
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Pour décrire le joint adhésif, on introduit deux variables d'état qui dépendent de la
position le long de l'interface x * et du temps t :
&
- u x&, t , l'écartement
& &
entre deux points situés en vis-à-vis sur :1 et :2, défini
par u x, t = u1 - u 2
- E(x,t), le champ scalaire représentant la proportion de liens adhésifs
encore intacts (E varie entre 1 et 0, E=1 pour un joint intact et E=0 pour un
joint rompu).
On se place dans le domaine des petites perturbations, avec les hypothèses
suivantes :
- l'interpénétration des deux solides est impossible ( u . n1 u . n 2 d 0 ),
dE
- le recollement des zones décollées n’est pas possible ( d 0)
dt
- les propriétés viscoélastiques de l’adhésif permettent d’avoir simultanément
&
les conditions z 0 et u z 0 (i.e., le phénomène de fluage lié au glissement
des chaînes macromoléculaires peut engendrer un certain écartement des
&
deux solides, sans que le joint adhésif soit totalement rompu). On appelle v ,
& & &
la vitesse à laquelle les deux solides collés s'écartent: v v 1 v 2 .
Dans ces conditions, l'expression la plus simple pour l'énergie libre \ de l'interface
& C coe kˆ &
est : \ * u , E , E Z 1 - E E 2
E u 2
(1)
2 2
où Z représente l'énergie d'adhésion entre les solides et l’adhésif.
105
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
& &
dv i
f i div V i Ui . sur w* (2)
dt
avec Ui la densité volumique dans :i
& &
V i ni Fi sur w: i * (3)
& &
V 1 n1 kˆ E u sur w:1 * (4)
& &
V 2 n2 kˆ E u sur w: 2 * (5)
dE kˆ & 2
C vit C coe 'E u AZ sur * (6)
dt 2
Les équations (2) à (5) sont des équations d'équilibre, alors que l'équation (6) est
une équation d'évolution le long de l'interface *.
Pour déterminer les valeurs des différents coefficients (et éventuellement leurs
évolutions avec le temps au cours d’un vieillissement), il est nécessaire de caler le
modèle sur des résultats expérimentaux. Les paragraphes suivants proposent une
méthodologie simple, qui permet d’identifier 4 coefficients du modèle à partir d’un
essai expérimental en conditions de sollicitation homogène.
106
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
dE k &2
C vit E u Z (7)
dt 2
108
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Fig. 3 - Modélisation des résultats d'un essai de traction homogène à force imposée
constante F=5,5kN. Les courbes théoriques sont obtenues en prenant:
Cvit = 3,6.107 J.s/m2, Z = 0,02 J/m2, k = 1,1.1011 N/m3.
4 - Raffinement du modèle
Des expériences complémentaires ont été ensuite réalisées afin de mieux identifier
le comportement particulier de l’adhésif.
109
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
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Fig. 6 - Evolution de l'écart moyen par rapport à l’épaisseur initiale du joint de colle
au cours du temps après arrêt de la sollicitation
112
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
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2 2
& dE C vit § dE · N § du ·
On pose donc : I §¨ u , E , ·¸ .¨ ¸ E ¨ ¸ (8)
© dt ¹ 2 © dt ¹ 2 © dt ¹
113
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
les unes par rapport aux autres, alors que Cvit caractérise l'énergie dissipée
par rupture des chaînes.
L'étude de la recouvrance nous permet d'obtenir une relation (9) entre les
paramètres k et N, ce qui revient à n'avoir qu'un paramètre inconnu au lieu de deux.
Le nombre de paramètres à déterminer reste identique à celui du modèle initial.
N
W (9)
k
avec W, le temps caractéristique de la recouvrance (Cf. paragraphe
4.1).
& &
V i ni Fi sur w: i * (3)
& & wu
V 1 n1 k E 2 u - N .E . sur w:1 * (4’)
wt
& & wu
V 2 n2 k E 2 u N .E . sur w: 2 * (5’)
wt
wE k &2
C vit C coe 'E E u A Z sur * (6)
wt 2
Après avoir résolu numériquement les équations pour les conditions de traction
homogène, il nous reste à déterminer les coefficients théoriques par comparaison
entre la courbe expérimentale et la courbe modélisée. A l’aide d’un programme sous
le logiciel Matlab, on détermine les valeurs des coefficients théoriques pour les
différentes expériences réalisées. Les résultats sont regroupés sur la figure 7.
114
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
a)
b)
115
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
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5 - Conclusions et perspectives
Ce travail a permis de proposer un modèle mécanique, dérivé du modèle du premier
gradient de l’endommagement, capable de décrire le comportement des
assemblages collés dans des conditions de sollicitation homogènes.
Une configuration expérimentale particulière a été mise en place afin de simplifier
les équations du problème et de travailler avec une solution analytique. Une série
d’expériences de traction homogène sur tubes en acier collés a été réalisée, mettant
en évidence les comportements suivants:
- existence d’un phénomène de fluage non négligeable lors de la recouvrance,
- raidissement du joint de colle avant dégradation de l’interface,
- mise en évidence d’une valeur seuil de la variable d’endommagement E en
dessous de laquelle des fissurations apparaissent au niveau de l’interface collée.
Ces phénomènes n’étant pas pris en compte par le modèle initial du premier
gradient de l’endommagement, des raffinements ont alors été introduits. Un modèle
optimisé prenant en compte des phénomènes de dissipation par glissement des
chaînes macromoléculaires les unes par rapport aux autres a permis de modéliser
l’ensemble de ces comportements. Par comparaison avec la solution numérique, 4
des 5 coefficients théoriques ont pu être calculés.
De plus, une première série d’expériences de traction sur des joints à double
recouvrement en conditions non homogènes a permis d’obtenir des résultats avec
gradient de cisaillement non nul le long des interfaces collées. En présence de ce
gradient d’endommagement, les comportements identifiés restent les mêmes:
existence de phénomènes de relaxation et raidissement des interfaces en début
d’essai, suivis d’une dégradation progressive du joint.
Même si des expériences complémentaires restent à réaliser afin de confirmer ces
observations, il semblerait donc que le modèle optimisé puisse également
s’appliquer aux cas de sollicitations non homogènes.
Des études ultérieures pourront s'appuyer sur ce modèle optimisé pour décrire le
comportement mécanique des assemblages collés soumis aux phénomènes de
vieillissement mis en évidence par ailleurs [3]. Il faudra alors intégrer dans le modèle
des lois d'évolution des coefficients théoriques Cvit, k, Ccoe, Z et A en fonction de la
durée de vieillissement.
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[1] KARBHARI V.M., ZHAO L. (2000) Use of composites for 21st century civil
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[2] KARBHARI V.M., CHIN J.W., REYNAUD D. (2000) Gap analysis for durability
of fiber reinforced polymer composites in civil infrastructure. Proc. of the 45th
Int. SAMPE Symposium and Exhibition, Science of Advanced Materials and
Process Engineering Series, Long Beach (Ca - USA), 549-563.
116
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
117
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
CLÉMENT J.-L.
Division Bétons et Composites Cimentaires, Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, Paris
Résumé
119
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Par ailleurs, des industriels (Freyssinet International, GTM, VSL et Sika) ont été
sollicités pour la fourniture de matériaux composites et la réalisation de la mise en
œuvre de leurs produits dans le cadre de certaines études.
Cette opération a été financée par le Laboratoire Central des Ponts et Chaussées et
en partie par la DRAST [1-2].
Les principaux apports de l’opération de recherche sont déclinés par sujet dans la
suite de cet article.
Le sujet initial portait sur l’état des connaissances des matériaux composites et des
techniques, le recensement des codes existants et la définition d’applications
potentielles. Des études bibliographiques nous ont conduit à ne considérer que les
tissus à fibres de carbone ou les lamelles en carbone collés avec des résines
époxydiques qui sont les matériaux les plus employés aujourd’hui en France [3].
Un recensement partiel des codes existants a été effectué par B. Fouré du CEBTP,
dans le cadre d’un contrat financé par le LCPC, avec un bilan qui reste modeste [4].
Par ailleurs, en relation avec le sujet 4, un groupe de travail AFGC, piloté par P.
120
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Dans le cadre de ce sujet où il s’agissait de suivre les travaux réalisés par ailleurs, le
LCPC a été représenté dans trois jurys de thèse, deux à l’Université de Lyon [7-8] et
un à l’ENPC [9].
De plus, nous avons eu accès aux travaux menés par Freyssinet, dans le cadre
d’une convention de confidentialité, avec des visites à l’usine PPC de Chalon-sur-
Saône [10] et par SIKA lors d’une visite de chantier à Zurich [11]. Nous avons
également assisté à la réalisation d’essais de renforcement de poteaux EDF (RTE,
station d’essais de Sens).
Enfin, différents contacts ont été pris avec le SEPTEN, sans réelles retombées, et
avec l’IRSN, qui envisage le renforcement de portiques soumis aux séismes.
En résumé, c’est l’implication du LCPC dans le tissu industriel qui nous a permis de
connaître les études et recherches effectuées en France dans le domaine des
réparations par composites et ainsi d’être au courant des principaux problèmes
rencontrés [12].
Ce sujet a été de fait celui qui a conduit aux études les plus avancées compte tenu
des domaines de compétence des intervenants dans l’opération et des moyens dont
ils ont disposé. Il a été décomposé en quatre parties qui font l’objet des sous-
chapitres qui suivent.
121
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
la raideur K exp
f exprimée en >N @ qui est disponible, sachant que ces matériaux ont
des lois de comportement de type élastique fragile : F fexp K exp exp
f .H f
F fexp
La valeur qui caractérise le tissu encollé est ainsi le produit V f .e nm >N / m@ et
b exp
f
Vf
le module doit vérifier la relation E f .
H exp
f
A effort de rupture et largeur identiques, deux produits définis par les couples
>500 MPa ; 1,0 mm@ et >1000 MPa ; 0,5 mm@ sont équivalents. Cette analyse répond à
des interrogations parfois posées (cas réels) de choix entre produits.
Frettage d’éprouvettes
Une étude du frettage d’éprouvettes de béton par composites a débuté lors de
l’année préparatoire de l’opération en 1999, par le biais de l’accueil d’un étudiant de
l’Université Technique de Budapest (UTB, Hongrie), dans le cadre d’un projet
TEMPUS ENPC-UTB [14-15]. Cette étude s’est poursuivie dans le cadre des
travaux de thèse de cet étudiant, K. VEROK, financé par une bourse du Ministère
des Affaires Etrangères (2000-2003) et par une bourse AUF [16].
Cette étape sur le frettage était l’une des première à réaliser en vue d’envisager le
122
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
renforcement de poteaux. Une étude du frettage sur béton jeune et sur béton âgé a
donc été réalisée avec l’élaboration d’un modèle qui permet de représenter à la fois
l’effet de frettage sur bétons de laboratoire et sur bétons âgés, ce qui sera le cas
pour le renforcement d’éléments réels [17-20].
Un effet de seuil a été mis en évidence, qui ne conduit à aucun effet du composite
sous charge de service : il ne suffit pas d’enrober du béton pour augmenter ses
capacités en service.
Longueur de transfert
Un problème récurrent est la définition du comportement à l’interface entre le
composite et le béton [21], l’AFGC propose par exemple un essai de traction à
double recouvrement [6]. Il existait une machine d’essai au LRPC d’Autun ayant
servi à tester des tôles collées sur béton. Le financement du LCPC a permis, d’une
part, la réhabilitation de cette machine et, d’autre part, la réalisation d’essai croisés
entre le LRPC d’Autun et l’Université Lyon I [22]. La machine de traction du LRPC
d’Autun est aujourd’hui opérationnelle. Trois industriels sont venus au LRPC d’Autun
coller des composites sur des blocs de béton et des essais ont ensuite été réalisés.
Pontage de fissures
Une autre question concernait le taux de travail des composites placés au droit de
fissures non injectées sous chargement statique puis de fatigue.
Une étude a été menée par Z.Y. WU dans le cadre dune thèse LCPC [24]. Il s’agit
ici d’un tissu de carbone collé avec de la résine époxydique. Les résultats et les
analyses par éléments finis indiquent qu’il n’y a pas de surcontrainte rédhibitoire au
droit de la fissure et donc pas de risque de rupture prématurée si les règles de
dimensionnement AFGC sont respectées [25].
123
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Les dalles ne peuvent pas, a priori, être renforcées à l’effort tranchant. C’est là
encore la limite de cisaillement du béton à l’interface qui est prépondérant pour le
dimensionnement, et le taux de travail des lamelles est ainsi considérablement
réduit [31-32].
Fluage en flexion
Ce sujet, initialement programmé, n’a pu être mené à bien compte tenu du taux
d’occupation des appareillages.
Les interrogations liées à l’emploi des matériaux composites en génie civil sont
relatives à leur durabilité « mécanique ». Nous avons abordé quelques thèmes et
apporté quelques réponses.
Ces résultats ont été complétés par une étude effectuée à l’Université Lyon 1 [36],
où il s’est agit d’effectuer des essais d’interface à double recouvrement en fatigue :
solliciter l’interface en fatigue conduit à une valeur de rupture statique (après cycles)
réduite par rapport à la référence. D’où la nécessité d’imposer des niveaux de
124
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Les études envisagées initialement l’ont été dans le cadre d’un sujet commun entre
les opérations de recherche « Réparation et renforcement des structures de génie
civil par l’emploi de matériaux composites » et « Collage en génie civil » qui se sont
déroulées sur la même période.
Contrôle du collage
Une méthodologie de contrôle du collage existe dans les recommandations
125
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Les objectifs affichés dans le cahier des charges de l’opération de recherche étaient
l’aide à la conception d’essai, le développement de modèles de calculs,
l’identification des paramètres relatifs aux modèles et la réalisation
d’expérimentation numériques afin d’aider à l’établissement de règles de calculs.
Il s’est agit essentiellement, au cours de l’étude, d’effectuer des calculs par éléments
finis (CESAR-LCPC) pour modéliser certains essais, comme les poutres pré-
fissurées par utilisation d’un modèle élastoplastique. Cette étude a permis de
justifier a posteriori le comportement observé expérimentalement [37, 42].
Dans le projet initial étaient envisagés des essais sur poutres, poteaux, dalles sous
chargement statique.
Une campagne d’essais sur poteaux béton armé a été effectivement réalisée sur la
dalle d’essai du LCPC. Elle a nécessité une phase de préparation importante et dont
126
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
la réalisation s’est étalée sur plus de temps que prévu [45]. La plus grande part des
essais a eu lieu entre l’automne 2002 et le printemps 2004 [46-48]. Il s’est agit de
réaliser 20 poteaux BA, armés par des ferraillages longitudinaux et transversaux
différents, d’en renforcer certains (Freyssinet International, GTM, SIKA, VSL) et de
les tester en flexion composée avec un excentricité initiale [49-50].
L’ensemble des résultats n’est pas encore totalement analysé [51-52]. Certaines
données ont été employées dans le cadre de la thèse de K. Verok [16], qui
développe un logiciel de calcul de poteaux en flexion composée. Les premières
informations concernent la relation entre les performances des tissus ou lamelles
vis-à-vis du comportement ultime des poteaux. Un tissu « lourd » est plus efficace
qu’un tissu « léger », la présence de lamelles modifie légèrement la raideur initiale
des poteaux, mais influe peu sur la charge de rupture. Il est nécessaire de ne
considérer qu’une part de frettage pour pouvoir calculer le poteau.
Le suivi d’un ouvrage renforcé il y a 6 ans a été effectué par le LRPC de Toulouse,
par le biais de pastillages réguliers et d’analyse de jauges collées à l’époque de la
construction [53-54]. Les enseignements tirés de ce suivi sont que les contraintes
dans le composite sont en service très basses et que les pastillages effectués
permettent uniquement de tester le béton en traction. Aucune rupture au niveau du
plan de collage n’est observée.
Dans ce sujet était envisagé le bilan de toutes les activités développées dans
l’opération : établissement de procédure de qualification des procédés, définition
d’essais standards sur matériau, définition d’essais type sur éprouvettes, définition
d’essais sur éléments de structure, définition d’essais de contrôle sur chantier,
établissement de règles de calcul.
Comme nous l’avons déjà évoqué dans le bilan relatif au sujet 1, la participation du
LCPC a été prépondérante dans l’établissement des recommandations AFGC [6].
Ces recommandations ont été établies « en partie » à partir des informations
obtenues lors des études menées dans l’opération de recherche [23].
Aujourd’hui, certains points abordés lors de ces quatre années de recherche n’y
127
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
sont pas intégrés, comme le cas des poteaux renforcés par exemple, et certaines
règles ont été établies par défaut, où la sécurité intègre de fait la méconnaissance
actuelle.
L’objectif premier était l’établissement de règles de calcul et cet objectif est atteint.
Néanmoins, il conviendra de valoriser l’ensemble des travaux menés, par exemple
par le biais de la participation du LCPC à un futur groupe de travail AFGC.
Les recherches que nous avons menées ont été appréciées par la communauté
scientifique ce qui nous a permis de participer à l’organisation d’un colloque
(Orgagec’02 à Poitiers) et à des jurys de thèses [7, 8, 9]. Entre 2002 et 2005, nous
sommes également intervenu en tant que formateur au stage de formation continue
de l’ENPC « Entretenir, réparer et renforcer les ouvrages en béton » pour présenter
les aspects du renforcement des structures de génie civil par matériaux composites.
Il est enfin utile de préciser que les travaux que nous avons entrepris et ceux de
l’opération de recherche sur le collage en génie civil constitueront la base d’une
nouvelle opération de recherche du LCPC sur la durabilité des renforcements par
composites collés qui a débuté en 2005.
Références bibliographiques
128
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
129
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
[19] VEROK K., CLEMENT J.L., LE MAOU F., BOULAY C., Monotonically
increasing compressive and creep tests on concrete cylinders retroffitted by
carbon cloth, International conference on high performance structures and
composite materials HPSC 2002, 11-13 mars 2002 – pp.289-297, Seville,
Spain
[20] CLEMENT J.L., Strengthening of RC elements using CFRP : the French
studies and the main results, 2nd International Conference of FRP Composites
in Civil Engineering CICE 2004, Adelaide, Australie, (8-10 décembre 2004)
[21] CLEMENT J.L., Les problèmes de cisaillement aux interfaces
composites/béton : études de cas et mise en évidence, Actes des Journées
Nationales avec actes AMAC sur le délaminage, ENPC/LAMI, Mai 2000
[22] HAMELIN P., FERRIER E., Essais comparatifs d’interface, Rapport, 2004
[23] CLEMENT J.L., Renforcement des structures par matériaux composites :
Guide AFGC, recherches en cours et prévues, Journées Ouvrages d’Art des
LRPC, 2002, Millau
[24] WU Z. Y., Etude expérimentale du comportement de poutres courtes en béton
pré-fissurées et renforcées par matériaux composites sous chargements
statique et de fatigue en fatigue, Doctorat de l’ENPC, 26 novembre 2004.
[25] WU Z.Y., Rapport d’essai sur la tenue en fatigue de poutres pré-fissurées
renforcées » rapport interne LCPC, 2001.
[26] LIMAN O., Dalle en béton armé renforcées à l’aide de matériaux composites :
Approche de type calcul à la rupture et étude expérimentale, Doctorat de
l’ENPC, 27 janvier 2003
[27] LIMAM O., FORET G., EHRLACHER A., Strenghtening of reinforced concrete
one-way slabs with composite material: theoretical and experimental study, 9th
International Conference on Fibre Reinforced Composites, 26-28 March 2002,
Plastics, Rubber and Composites, 2003, Vol.32, N°2 1,Newcastle (UK).
[28] LIMAM O., FORET G., EHRLACHER A., Beams Strengthened with Composite
Material: A Limit Analysis Approach and Experimental Study, Composite
Structures, Vol. 59, 2003, pp 467-472
[29] LIMAM O., FORET G., EHRLACHER A., RC Two-Way Slabs Strengthened
with CFRP Strips: Experimental Study and a limit Analysis Approach,
Composite Structures, Vol. 60, 2003, pp. 467-471.
[30] LIMAM O., FORET G., EHRLACHER A., Dalles en béton armé renforcées à
l’aide de matériaux composites : Etude théorique et expérimentale , JNC13,
Strasbourg (France), 12-14 mars 2003.
[31] FORET G., LIMAM O., EHRLACHER A., RC two-way slabs strengthened with
composites materials, Creation of the safety and confortable space with
composite wraps, PENTON HERMES Publishing Ltd, London, 2002.
[32] FORET G., LIMAM O., EHRLACHER A., Limit analysis applied to multi-layered
130
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
131
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
132
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
SUDRET J.P., METAIS G., CLÉMENT B., BLIGNY P., VITEL F., FLETY A.,
DESSERTENNE J.P., WENDLING L.
Laboratoire Régional des Ponts et Chaussées, Autun
Résumé
Une machine de traction fabriquée dans le cadre d’une étude antérieure sur le
fonctionnement des tôles collées a été adaptée de manière à pouvoir développer un
essai de cisaillement d’interface collé (composite/colle/béton).
Une série de 21 essais a été réalisée sur différents types de composites (tissus,
lamelles pulltrudées et tissus avec mèches) fournis et mis en œuvre par chaque
fabricant. Ces essais ont pour but d’étudier la longueur de transfert, c’est-à-dire la
longueur de collage d’un assemblage nécessaire pour pouvoir mobiliser le
composite à sa capacité maximale.
Cet article présente cet essai et l’étude réalisée. L’analyse des résultats est traitée
dans l’article suivant de ce recueil.
1 - Présentation de l’essai
L’effort de traction est appliqué par l’intermédiaire de la machine mise au point dans
le cadre d’une étude de tôles collées sur béton [1-2]. Elle est représentée sur la
figure 2 et se compose :
- d’un vérin annulaire qui transmet l’effort de traction au composite par
l’intermédiaire d’une tige à l’extrémité de laquelle est fixé un système de mors
autobloquants,
- d’un socle d’appui solidaire du montage et d’un bâti d’appui en contact direct avec
la dalle en béton. Pour respecter la différence d’épaisseur entre les tôles et les
composites le bâti d’appui a été modifié ; seule sa partie verticale a été conservée
pour pouvoir abaisser le centre de gravité de la machine.
133
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Le mode opératoire de l’essai a été mis au point par des séries d’essais tests
préalables. Le protocole d’essai est le suivant :
- calage des capteurs de déplacement,
- mise en place de la machine de traction par une montée en pression permettant
d’atteindre une force d’environ 300 daN,
- recalage des capteurs de déplacement,
- lancement de l’essai jusqu’à rupture de l’assemblage.
134
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Le système n’est pas asservi, ce qui n’a pas permis d’assurer une montée régulière
et constante de la force de traction. A titre indicatif, le gradient de force, calculé sur
chaque essai entre 500 daN et la force de rupture, a varié de 27 (moyenne des
valeurs minimum) à 40 daN/s (moyenne des valeurs maximum), la moyenne globale
étant de 34 daN/s.
Les essais décrits dans ce chapitre ont été élaborés en liaison avec le LCPC.
2.1 - Le béton
La résistance à la traction directe du béton a été déterminée par six essais réalisés
sur la face sablée des dalles sur laquelle ont été collés les composites par la suite
(Tableau 1).
Plusieurs types de composites, fournis et mis en œuvre par les différents fabricants
ont été testés. Le tableau 2 en fait le récapitulatif.
135
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
En ce qui concerne les colles, elles ont été également fournies avec les composites
par les fabricants.
Tableau 2 : Types de composites testés
Fabricants Tissus (T) Lamelles pultrudées (L) Mèches (M)
Trois essais, pour chaque composite fourni et mis en œuvre par chaque fournisseur,
ont été réalisés dans le cadre de cette étude (Tableau 4).
Pour tous les essais, les déformations du composite ont été suivies par des jauges
136
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Le tableau 5 fournit les distances exactes mesurées en mm des milieux des jauges
par rapport au bord libre du béton de la dalle.
210
163
Distance d’implantation des 5 jauges
114
Axe de jauge / bord béton
66
16
137
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
2.5 - L’échéancier
Un planning d’essai a été défini en liaison avec les fournisseurs de composites pour
réaliser les applications. L’ensemble des essais a été réalisé sur une période de six
mois entre novembre 2003 et mai 2004.
Les figures 4 à 7 présentent les différentes étapes et certains aspects des essais
138
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
139
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
L’ensemble des résultats a été fourni au LCPC qui s’est chargé de leur analyse (cf.
article suivant).
- Dans le cas des lamelles, les ruptures se situent soit dans le béton de la dalle
entre la surface et quelques mm de profondeur, soit à l’interface colle/lamelle
(Figure 9).
140
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
- Dans le cas des tissus avec mèches, la rupture par traction du tissu a été obtenue
expérimentalement (Figure 10).
4 - Conclusion
Références bibliographiques
141
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
CLÉMENT J.-L.
Division Bétons et Composites Cimentaires, Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, Paris
Résumé
142
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
700
SL1
F = 38,3 kN
600
500
F = 30,0 kN
contrainte calculée [MPa]
400
F = 20,0 kN
300
200
F = 10,0 kN
100
F = 3,6 kN
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25
distance du bord chargé [m]
Le déficit d’effort équilibré par le composite est repris par l’interface, soumis à la
contrainte de cisaillement W f réparti uniformément, par hypothèse, sur la surface de
collage b f .dx . L’estimation de la contrainte locale de cisaillement s’effectue alors par
l’expression :
V f x V f x dx dV f
Wf .e f .b f ef
b f .dx dx
moy
V max
f
W f ef
Lt
143
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
SL1
6,0
5,0 F = 38,3 kN
contrainte de cisaillement [MPa]
4,0
F = 30,0 kN
3,0
F = 20,0 kN
2,0
1,0
0,0
0 0,05 0,1 0,15 0,2
-1,0
distance au bord chargé [m]
Pour une charge extérieure donnée, les contraintes normales (proportionnelles aux
déformations mesurées) décroissent d’une valeur maximale (bord chargé) jusqu’à
zéro, à une certaine distance.
144
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
800
700
600
contrainte normale [MPa
500
400
300
200
100
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25
distance au bord chargé [m]
900
800
augmentation de la charge
700
contrainte normale [MPa]
600
500
400
300
200
100
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25
distance au bord chargé [m]
145
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
900
800
contrainte normale [MPa
700
600
500
400
300
200
100
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25
distance au bord chargé [m]
Essai FT1
800
700 5,17 kN
12,07 kN
600 18,01 kN
contrainte calculée [MPa]
22,10 kN
500 24,91 kN
400
300
200
100
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25
distance au bord chargé [m]
146
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Pour les tissus GT, l’épaisseur nominale est de 1 mm, la largeur prise en compte est
de 80 mm, le module d’élasticité longitudinale de 65 GPa et la contrainte garantie à
rupture de 620 MPa.
400
350
augmentation de la charge
300
contrainte normale [MPa]
250
200
150
100
50
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25
distance au bord chargé [m]
350
300
contrainte normale [MPa
250
200
150
100
50
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25
distance au bord chargé [m]
147
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
essai GT3
Evolution de la distribution des contraintes normales
dans le composite
450
400
augmentation de l'effort de traction
350
contrainte normale [MPa]
300
250
200
150
100
50
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25
distance au bord chargé [m]
Pour les tissus ST, l’épaisseur nominale est de 1 mm, la largeur prise en compte est
de 80 mm, le module d’élasticité longitudinale de 62 GPa et la contrainte garantie à
rupture de 620 MPa. Les figures 10 à 12 présentent les distributions de contrainte.
L’épaisseur des lamelles FL est de 1,2 mm, leur largeur de 50 mm, leur module
d’élasticité de 180 GPa. Les figures 13 à 15 donnent l’allure des distributions de
contrainte.
148
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
350
contrainte normale [MPa
300
250
200
150
100
50
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25
distance au bord chargé [m]
300
250
contrainte normale [MPa
200
150
100
50
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25
distance au bord chargé [m]
149
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
300
contrainte normale [MPa
250
200
150
100
50
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25
distance au bord chargé [m]
500
450
400
contrainte normale [MPa]
350
300
250
200
150
100
50
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25
distance au bord chargé [m]
150
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
500
450
400
contrainte normale [MPa]
350
300
250
200
150
100
50
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25
distance au bord chargé [m]
500
450
400
contrainte normale [MPa]
350
300
250
200
150
100
50
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25
distance au bord chargé [m]
L’épaisseur des lamelles SL est de 1,2 mm, leur largeur de 50 mm, leur module
d’élasticité de 165 GPa. Les distributions de contraintes sont présentées sur les
figures 16 à 18.
151
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
600
500
augmentation de la charge
contrainte normale [MPa]
400
300
200
100
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25
distance au bord chargé [m]
700
600
contrainte normale [MPa
500
400
300
200
100
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25
distance au bord chargé {m]
152
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
700
600
contrainte normale [MPa
500
400
300
200
100
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25
distance au bord chargé [m]
Pour les lamelles carbone SL, la longueur de transfert est également de l’ordre de
10 cm.
4 - Analyse des résultats pour les tissus ancrés avec mèches FTM
1600
1400
contrainte normale [MPa]
1200
1000
800
600
400
200
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25
distance au bord chargé [m]
153
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
La distribution des contraintes normales est largement modifiée par rapport aux
résultats FT1 à 3 (figures 3 à 5).
- l’effort de traction appliqué à l’extrémité du composite est transmis au béton par
l’intermédiaire des mèches,
- la contrainte maximale de traction est égale à la contrainte à rupture garantie :
c’est le composite qui se rompt (figure 20) et non l’interface.
Le seul cas où le composite est rompu en traction est celui où il est ancré (dans
cette étude par mèche).
154
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Pour chacun des procédés testés (hors essais avec mèches), la contrainte de
rupture calculée à partir des résultats d’essais est nettement inférieure aux
contraintes normales de dimensionnement. C’est donc le cisaillement potentiel au
niveau de l’interface composite/béton qui est dimensionnant.
155
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Le cas qui pose problème est celui relatif au procédé ST, mais les tracés des
valeurs de contrainte ont nécessité d’introduire un coefficient correctif de facteur de
jauge. Il est probable qu’il y ait eu un problème expérimental.
Ainsi, sans considérer les résultats ST (et ce même si les allures des courbes sont
similaires aux autres) une longueur d’ancrage de 10 cm permet de justifier de
l’emploi de contraintes de cisaillement de dimensionnement, avec un coefficient de
sécurité de 1,04 à l’ELU et de 1,10 à l’ELS.
Références Bibliographiques
156
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Résumé
1 - Introduction
Les premiers critères de rupture appliqués aux matériaux composites ont été des
adaptations directes des critères les plus simples initialement développés pour les
matériaux isotropes : critère de la contrainte normale maximale de Rankine et celui
de la déformation principale maximale de Saint-Venant. Les contraintes et les
déformations sont exprimées dans les directions d’orthotropie du matériau.
157
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
La figure 1 illustre les enveloppes de rupture correspondant à ces deux critères pour
un composite donné dans le plan { V 1 , V 2 }.
158
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
cisaillement par celle de la matrice. L’expression du critère est alors la suivante [4] :
½
Max ® ı1 ; ı2 ; IJ12 ¾ =1 (3)
¯ xf ym sm ¿
Dans le même but, Prager a utilisé des approximations des résistances du pli par
des fonctions des résistances de la matrice, c’est-à-dire [4] :
° ½°
Max ® ı1 ; ı2 ; IJ12
¾ =1 (5)
°̄ xf f1(ym,sm) f 2(ym,sm) °¿
X
2
ı1 §¨ 1 1 1 ·¸
¨ 2
©X Y 2 2
Z ¹
¸ ı1 ı 2
Y
2
ı 2 IJ12
S
2
1 (6)
159
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Cette théorie considère que les directions de chargement coïncident avec les axes
d’orthotropie, elle ne tient donc pas compte de la contrainte de cisaillement W12. De
même, n’intervient pas la résistance en compression transversale yc puisque la
matrice atteint rarement la rupture en compression. La figure 2 illustre l’enveloppe
de rupture correspondante au critère de Tsai-Hill pour un composite unidirectionnel
dans le plan { ı1, ı2 }.
En 1965, Gol’denblat et Kopnov ont été les premiers à proposer une formulation de
critère de rupture indépendante du système d’axes dans lequel il est exprimé.
f 1ı1 f 2 ı 2 f 11ı12 2 f 12 ı1ı 2 f 22 ı 22 f 66 IJ12
2 1 (8)
Où
§ · § ·
f 1 12 ¨ 1t 1c ¸ ; f 2 12 ¨¨ 1t 1c ¸¸ (9)
©X X ¹ ©Y Y ¹
f 12
8 ® X t Xc
¯
Yt Y
c
2
1 1 1 1 1 1 1 ½
2
2
S45 S45 ¾¿
1 1 2 1 1 2
f 11 14 t c ; f 22 14 t c ; f 66
X X Y Y
S1 2
S 45 et S 45 sont les résistances en cisaillement à ±45° par rapport aux axes de
symétrie du matériau et doivent être déterminées expérimentalement. Cette théorie
tient compte de l’interaction entre les contraintes et elle considère les différentes
résistances en tension et en compression ainsi que le signe du cisaillement.
160
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
suivante [7] :
Fiıi Fijıiı j Fijk ıiı jık 1 (10)
Pour déterminer F12 , Malmeister a proposé un test où le chargement se fait selon les
directions principales ( IJ12 = 0) et tel que les contraintes ultimes se réduisent à du
cisaillement pur par une rotation du système d’axes de 45°, c’est-à-dire
ı1 ı2 S45 et F12 peut être calculé par la relation suivante [7] :
2 F12 F1 F2 F11 F22 1 2 (13)
S45 S 45
Cette forme du critère est similaire à celle de Malmeister sans toutefois nécessiter
des essais biaxiaux pour déterminer le coefficient d’interaction.
Le critère tensoriel le plus utilisé est sans doute celui de Tsai et Wu [8] qui est le
même que celui de Malmeister, proposé en 1966. En effet, l’expression du critère de
Tsai-Wu ainsi que les coefficients F11, F1, F22 et F66 sont les mêmes que ceux de
Malmeister (équations 13 et 14). Cependant, Tsai et Wu ont proposé de déterminer
le coefficient d’interaction F12 par des essais biaxiaux. Dans l’absence de données
expérimentales, une évaluation empirique [8] de F12 correspond à :
F12 = 12 F11F22 (15)
161
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Les essais sont effectués sur la machine biaxiale développée au laboratoire L2MS
(figure 4). Cette machine est constituée de quatre vérins indépendants montés
horizontalement sur deux axes perpendiculaires. Les forces sont mesurées à l’aide
de deux capteurs de force montés sur les deux axes. Il est possible d’effectuer des
essais contrôlés en force ou contrôlés en déplacement avec une vitesse maximale
de 2 mm/s.
Xt = Xc , 1
Tsai-Hill
2x2
Yc = Yt
Xt z Xc , 1
Hoffman 2xt xc
Yc z Yt
Xt z Xc , f *xy
Von
Mises Yc z Yt c t c
xt x y y
Xt z Xc ,
Tsai-Wu Yc z Yt 1 F11F22
2
162
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
moteu
pas à pas
cellule
de force
réducteur
centrale
conditionneur
Pour la partie numérique de ce travail, le code d’éléments finis ANSYS a été utilisé.
L’élément choisi pour modéliser l’éprouvette est l’élément quadratique à 8 nœuds
163
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
PLAN82. Le maillage et les conditions aux limites utilisées sont illustrés sur la figure
5.
Une telle configuration d’éprouvette cruciforme est loin d’être optimale comme le
montre les résultats de calculs par éléments finis. En effet, la concentration des
contraintes dans les jonctions entre les bras conduit à une rupture prématurée en
dehors de la zone d’essai comme le confirme la figure 5.
Maillage et condition aux limites utilisés pour Concentration de contraintes dans la jonction
le calcul par EF entre les bras
Fig. 5 - Modélisation des éprouvettes
164
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
3 45 60 60 1480 830
4 50 50 50 1440 814
5 50 50 40 1430 650
165
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Eprouvette 1 Eprouvette 2
Fig. 6 - Distribution des contraintes sous tension équibiaxiale
Eprouvette 3 Eprouvette 4
Fig. 7 - Distribution des contraintes sous tension équibiaxiale
166
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Les figures 10 et 11 illustrent un résultat type des essais à faible charge. La figure
10 représente les déformations au centre de la zone d’essai (point A) et la figure 11
représente les déformations au niveau de la jonction entre les bras de l’éprouvette
(point D).
167
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
168
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
169
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
L’enveloppe de rupture décrite par le critère de Tsai-Wu est celle qui suit au mieux
les résultats expérimentaux dans le domaine couvert par ces données (Figure 16).
Toutefois, le niveau de déformation estimé par le critère est inférieur à celui mesuré
sous chargement équibiaxial. La variation de cette déformation peut être attribuée à
la variabilité des propriétés des composites en général et surtout à la sensibilité du
critère de Tsai-Wu par rapport au paramètre d’interaction F12 pris égal à –0,5 dans
cette étude.
170
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
4 - Conclusion
Après avoir établi une procédure expérimental rigoureuse pour recaler les différents
critères de rupture formulés pour les composites carbone-époxy (orthotropes ou
quasi-isotropes), la poursuite des recherches devra se faire avec la prise en
considération de ces données pour l’estimation des moments ultimes des dalles
béton-armé fissurées renforcées par matériaux composites ou pour l’estimation des
charges critiques de tenue au poinçonnement.
Références bibliographiques
[1] HAMELIN P., BIGAUD D., Critères de rupture des renforts composites sous
sollicitations bi-axiales, Rapport L2MS/LCPC, juillet 2002
171
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
172
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Résumé
1 - Introduction
Le composite retenu pour cette étude est un composite carbone-époxy stratifié in-
situ (moulage au contact). Les fibres (17 K) de carbone sont unidirectionnelles de
haute résistance avec un grammage par unité de surface de 600 g/m2. La résine est
une époxy bi-composant de viscosité et de température de transition vitreuse 45 °C.
173
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Par la suite, un ensemble de dix éprouvettes a été testé en traction cyclique avec
des niveaux de contraintes définis par le tableau 2.
2.1 - Résultats
174
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
300
Contrainte (MPa)
250
200
150
100
50
0
0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000 4500 5000
Déformation (Pm/m)
1,20
1,00
Hf / Hf0
0,80
Eprouvette 7
0,60 Eprouvette 4
0,40
0,20
0,00
1 10 100 1000 10000 100000
Nombre de cycles (N)
175
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
176
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
A partir des 10 essais de fatigue, nous proposons d’établir cette variation suivant
une loi de Wöhler de la forme f f ,u ( N rup ) m ln( N ) n . Les constantes (m,n) sont
obtenues par régression linéaire à partir des dix résultats expérimentaux.
0,9
0,8
0,7
ff,u(N) / ff,u
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
1 10 100 1000 10000 100000 1000000
Nombre de cycle à rupture (N)
177
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Df ff
f f ,d vis-à-vis du comportement instantané Df = 1 (3)
Jf
ELS Jf = 1,4 Pultrudé carbone époxy
ELU Jf = 1,25
ELS Jf = 2 Stratifié in situ carbone-epoxy
ELU Jf = 1,4
ELS Jf = 2,5 Stratifié in situ verre-epoxy
ELU Jf = 1,6
A partir des résultats expérimentaux nous allons évaluer la durée de vie en fatigue
du renfort composite pour la résistance pondérée. La relation empirique de
Goodman (relation 4) permet à partir des conditions de chargement d’évaluer la
résistance à la fatigue du renfort composite.
Va Vm
1 (4)
Sa Su
Dans le cas d’une sollicitation en flexion de poutre BA, la contrainte de traction dans
le renfort est limitée par la plastification des aciers (voir recommandation AFGC [1]),
soit pour un acier fe500 correspondant à une limite en déformation de 0,24 %. En
considérant le même niveau de déformation du renfort et un module de composite
de 70 000 MPa, une contrainte limite de 165 MPa est calculée. Cette valeur
178
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Deux blocs de béton sont assemblés par deux bandes de composite de largeur 25
mm, un espace de 20 mm séparant les deux blocs. Pour assurer une sollicitation du
joint de collage par un effort de cisaillement, les deux bandes de composite sont
collées symétriquement sur deux faces opposées (figure 5). Les blocs de béton sont
réalisés deux par deux dans le même moule. Le parfait alignement des surfaces de
collage permet de limiter les effets de flexion dus à une éventuelle dissymétrie. La
longueur d’ancrage du renfort (Ladh) est fixée par les recommandations de l’AFGC à
une valeur de 200 mm. Cette longueur a été établie pour obtenir une rupture de
l’interface avec un taux de travail du composite significatif. Les efforts sont appliqués
sans flexion en utilisant des rotules aux points d’application des efforts de traction.
3.1.2 Instrumentation
179
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
F
140 mm 140 mm Tige filetée
'L
220 m m
'L 1 20 mm
' L2
Ladh = 200 m m
béton
badh=25 mm 140 m m
Le béton est de type B30, avec une résistance à la traction minimale de 2 MPa. Le
mode de traitement de surface du béton retenu est le ponçage mécanique par
disque abrasif. Une cure de 7 jours à 20 °C est assurée avant toute manipulation de
l’éprouvette.
3.1.4 Exploitation
F Ff
W adh (7)
S adh 2 Ladh badh
Les essais sous chargement quasi statique sont pilotés en déplacement avec une
montée en charge de 1 mm/min. Les résultats obtenus (figure 6) permettent
d’obtenir la contrainte de cisaillement moyenne maximale à l’interface (1,2 ± 0,04
MPa) et l’écartement maximal (0,4 ± 0,04 mm) des blocs de béton (traduisant
l’allongement du composite, le cisaillement à l’interface et le décollement du renfort).
Ces valeurs sont données dans le tableau 5. Le mode de rupture est une rupture
180
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
1,4
1,2
1
Contrainte (MPa)
0,8 Eprouvette 1
Eprouvette 2
Eprouvette 3
0,6
0,4
0,2
0
0,000 0,100 0,200 0,300 0,400 0,500
Ecartement des blocs (mm)
181
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Après les essais de fatigue, les éprouvettes sont testées à rupture. La contrainte
moyenne de cisaillement obtenue lors de ces essais est de 0,69 MPa.
Les modes de ruptures de l’interface composite béton après l’essai de fatigue sont
sensiblement différents de ceux obtenus sous chargement quasi-statique
(cisaillement du béton sur l’ensemble du plan de collage). En effet deux zones de
rupture peuvent être identifiées lors des essais de fatigue. La rupture dans le béton
se localise à la fois dans les extrémités du joint de colle (zone I, III sur la figure 7),
et, en partie centrale la rupture se produit à l’interface. Dans ce cas, l’évolution des
propriétés mécaniques de l’adhésif est suffisamment importante pour provoquer une
rupture prématurée de l’assemblage par décollement du renfort. Le changement de
mode de rupture illustre parfaitement la fatigue du joint de colle. La rupture locale
dans le béton aux extrémités du joint de colle s’explique essentiellement par la
présence de sur-contrainte locale dans les zones de transfert de charge. La fatigue
du matériau béton sous ces sollicitations conduit à cette rupture.
N
Nf
N2
I II III
N1
Ff Ladh
182
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
A partir des trois résultats d’essais une première estimation de la courbe de wölher
est faite (figure 8). Cette évaluation permet de déterminer pour une durée de vie en
fatigue fixée la contrainte de cisaillement à rupture du plan de collage. Les valeurs
des coefficents (m,n) sont conformes à des valeurs déjà établies dans des études
similaires par P. Hamelin et E. Ferrier [3-4] et D. Bizindawi [5] A titre d’exemple,
pour une durée de vie de 10.107 cycles celle-ci est de 0,40 MPa.
1,4
1,2
W,u(N)
Joint de colle
1
0,8
0,6
0,4
0,2
0
1 10 100 1000 10000 100000 1000000
Nombre de cycles à rupture (N)
183
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
ELU Jadh = 1,4 Dad = 0,8 si TG > 50°C (température de transition vitreuse)
Comme pour le composite, nous allons évaluer la durée de vie en fatigue du renfort
composite pour la résistance pondérée. La relation empirique de Goodman permet à
partir des conditions de chargement d’évaluer la résistance à la fatigue du renfort
composite.
Va Vm
1 (11)
Sa Su
184
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
4 - Conclusion
Références bibliographiques
185
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Résumé
1 - Introduction
Dans le cadre de l’opération de recherche sur les composites, des travaux ont été
menés en ce sens au LCPC Paris [1]. La principale question est de savoir si le
composite peut se rompre ou non prématurément au droit d’une fissure non injectée.
Nous présentons ici les principaux résultats de cette étude, avec les conséquences
au niveau du dimensionnement des poutres vis-à-vis de la fatigue.
2 - Campagne expérimentale
Les éprouvettes testées sont des poutres courtes. Elles sont longues de 70 cm,
avec une section de 15 cm de largeur et de 20 cm de hauteur (cf. Figure 1). La
portée est de 60 cm. Afin d’étudier l’influence des taux de renforcement des
armatures tendues sur l’efficacité du renforcement par composite, deux types de
ferraillages en partie tendue ont été utilisés : 2HA8 et 2HA10 (le taux de
renforcement est respectivement de 0,39% et de 0,62%). Dans la zone comprimée,
toutes les poutres sont armées par deux armatures HA6. Les cadres sont des HA6
disposés avec un espacement de 12 cm.
186
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
HA6
5x12 HA6
20
HA8
HA8
15
60
5 5
En utilisant le règlement BAEL91 [2], sans tenir compte des coefficients de sécurité,
la résistance ultime au moment fléchissant et celle à l’effort tranchant correspondant
aux essais ont été calculées. Quel que soit le type de ferraillage (HA8 ou HA10), la
résistance à l’effort tranchant des éprouvettes sans renforcement est supérieure à
celle du moment fléchissant : la rupture statique de poutres témoins sera due au
moment fléchissant.
2.2 - Pré-fissuration
Avant renforcement, les poutres sont sablées sur les faces qui recevront un renfort
composite. Le renfort choisi pour cette étude exploratoire est le TFC de Freyssinet
International.
D’après l’Eurocode 2 [3], pour des structures en béton armé exposées à l’air, une
des conditions concernant l’ouverture de fissure de l’état limite de service est que
cette ouverture maximale soit au plus de 0,3 mm. Compte tenu de la présence des
cadres, deux macro-fissures symétriques par rapport au centre de la poutre sont
systématiquement apparues (Figures 2 et 3). En tenant compte de la différence
d’ouverture de ces deux fissures, la somme des ouvertures des deux fissures doit
être au plus égale à une valeur que nous avons fixée à 0,7 mm.
700
Cadres
200
Deux fissures
Fig. 2 - Schématisation des deux fissures symétriques au niveau des cadres.
187
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Après pré-fissuration, certaines poutres sont renforcées par TFC (figure 4).
Bande de TFC en
forme de ‘‘U’’
pour la reprise
d'effort tranchant
Quatre modes de renforcement sont utilisés dans nos études (Figure 5) : il s’agit
d’un renforcement sur la face tendue et de renforcements sur les faces latérales.
Pour ces derniers, les bandes latérales en forme de ‘‘U’’ sont de différentes hauteurs
et différentes largeurs. Le composite en face tendue a toujours une largeur de 150
mm et une longueur de 550 mm, avec une distance de 25 mm entre l’extrémité du
tissu et l’appui.
2.4 - Instrumentation
Toutes les poutres (renforcées ou non) sont testées en flexion trois points (figure 6).
Lors des essais statiques et de fatigue, la flèche à mi-portée et l’ouverture des
fissures sont mesurées au moyen de capteurs de déplacement, et les déformations
des armatures au milieu de poutre le sont à l’aide de jauges de déformation. Pour
188
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
les éprouvettes renforcées, trois déformations du composite (au droit des deux
fissures et à mi-portée de la poutre) sont également mesurées. L’instrumentation
des essais est illustrée par les figures 6 à 8.
75 75
150
b
a
75 75 210 210
150
c d
300 300
Bâti de flexion
Vérin
189
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Deux types de jauges sont utilisés. Après une préparation spéciale afin d’obtenir une
surface d’armature la plus plane possible, une jauge (KYOWA) de 20 mm de
longueur a été collée sur une armature tendue pour mesurer la déformation de
l’acier (section centrale). Les mesures des déformations du composite sont réalisées
à l’aide de jauges (KYOWA) de 30 mm de longueur. Des capteurs de déplacement
(type Schlumberger AR5.0) sont utilisés pour mesurer la flèche à mi-portée et
l’ouverture des fissures. Ces capteurs ont une course de 10 mm (-5 ~ + 5). Pour
effectuer les mesures, le capteur de flèche est attaché sur un cadre fixé sur le corps
de poutre, et les capteurs d’ouverture des fissures sont reliés à la poutre par deux
supports collés.
700
120
150
support Capteur
120
Fig. 7 - Capteurs de mesure d’ouverture de fissures (vue de haut).
La charge maximale fournie par le vérin est de 500 kN. Du fait des limitations
imposées par le bâti de flexion, la charge maximale appliquée est limitée à 200 kN
pendant les essais. Les essais statiques sont pilotés par la flèche, et les essais de
fatigue sont pilotés en force.
190
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
3 - Chargement de fatigue
Les essais de fatigue débutent par une rampe jusqu’à une force égale à la moyenne
(Fm) de la charge maximale (Fmax) et de la charge minimum (Fmin). Puis, on effectue
les cycles de fatigue entre Fmin et Fmax jusqu’à la ruine des éprouvettes, ou jusqu’à
deux millions de cycles. Cette procédure de chargement de fatigue est illustrée sur
la Figure 9. La fréquence des cycles, qui dépend de la presse utilisée et de la
raideur des éprouvettes, est fixée à 4 Hz.
force
cycles
Fmax
Fm
Fmin
rampe
temps
Les acquisitions pendant les essais de fatigue sont les suivantes : la flèche à la mi-
portée, la déformation de l’armature au milieu de la poutre, l’ouverture des deux
fissures et les déformations du composite au milieu de poutre et au droit des deux
fissures.
Au cours de l’essai, les points de mesures sont sauvegardés tous les 0,5 kN
pendant l’application de la rampe (jusqu’à la moyenne de Fmin et Fmax), lors des
premiers cycles et lors des derniers cycles. Pour les cycles intermédiaires, on
n’enregistre que les pics et les vallées (valeur maximale et valeur minimale) des
différents paramètres à intervalles de cycles réguliers.
191
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Un exemple de procédure est présenté par la courbe effort / flèche sur la figure 10.
90
Cycle 2500
80
70
60 Cycle 1
Force en kN
50
40
30 prefissuration
rampe
20 premiers cycles
pics
10 vallées
derniers cycles
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4
Flèche en mm
Les charges de fatigue appliquées sur les éprouvettes et les résultats d’essais de
fatigue sont détaillés dans le Tableau 1. Comme nous ne mesurons que les
déformations d’armatures à mi-portée des poutres, les contraintes des armatures au
niveau des fissures sont calculées en utilisant la méthode analytique.
Les résultats des essais de fatigue sont également illustrés par les courbes flèche /
cycles, déformation de l’acier / cycles et l’ouverture de fissure / cycles (Figures 11 à
13). La rupture de fatigue de ce type de poutre est due à la rupture des armatures
au niveau de la fissure la plus ouverte. C’est une rupture brutale.
Les valeurs de pics et de vallées sont enregistrées à partir de 2500 cycles. La flèche
augmente rapidement pendant les premiers 2500 cycles. L’évolution de la flèche au
cours des cycles de fatigue peut être décomposée en trois phases : une phase de
croissance rapide, pendant environ 20% de la durée de vie, puis une phase de
croissance faible jusqu’à la ruine de structure, et finalement, une rupture brutale
L’ouverture des deux fissures est différente, mais les tendances d’évolution sont
semblables, avec des phases similaires à celles relevées pour la flèche.
La rupture en fatigue des armatures tendues se situe au niveau de la fissure la plus
ouverte.
192
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Autrement dit, il n’y a que deux phases : un palier constant et la phase de rupture.
Pour la poutre courte HA10 n° 20 (taux de renforcement des armatures tendues égal
à 0,62 %), lorsque la force maximale (Fmax ) du chargement de fatigue est égale à
environ 60% de la résistance ultime, il existe un risque de rupture en fatigue due à
l’effort tranchant (figure 14).
Tableau 1 : Résultats des essais de fatigue pour les poutres non renforcées.
poutre Charge de fatigue amplitude de Cycles à la Mode de rupture
(Fmin – Fmax: kN) contrainte d’armature rupture
(MPa)
fissure milieu
(calcul) (mesure)
poutres HA8
n012 (40 % -100 %) F0.7 244 160 511000 Un acier cassé,
= 21.6 - 54 autre en striction
n013 (40 % -100 %) F0.7 235 150 528000 Un acier cassé,
= 20.8 - 52 autre en striction
0
n 21 (5 % -100 %) F0.7 409 320 128997 Un acier cassé,
= 2.9 - 57 autre en striction
poutres HA10
n04 (40 % -100 %) F0.7 203 149 1257130 Deux aciers
= 27.8 – 69.5 cassés
n020 (40 % -100 %) F0.7 221 166 >1000000 Fissures d’effort
= 30.2 – 75.5 tranchant
n05 (5 % -100 %) F0.7 364 247 175000 Deux armatures
= 3.9 – 78.5 cassés
1,4
1,3
1,2 2 3
1
1,1
Flèche en mm
1
0,9
0,8
0,7
0,6 pic
0,5 vallée
0,4
0 100000 200000 300000 400000 500000 600000
Cycles
193
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
0,7
0,5
0,4
0,3
pic fissure 1
0,2 vallée fissure 1
pic fissure 2.
vallée fisure 2
0,1
0 100000 200000 300000 400000 500000 600000
Cycles
3500
3000
Déformation d'armature en
2500
2000
µm/m
1500
1000
vallée
500
pic
0
0 100000 200000 300000 400000 500000 600000
Cycles
La fatigue est caractérisée par des évolutions de fissures qui sont irréversibles. Sur
les figures précédentes, nous constatons que la réduction de raideur structurale
(croissance de flèche) suit l’augmentation d’ouverture de fissures. En revanche,
l’évolution des déformations de l’armature tendue à mi-portée ne correspond pas à
l’évolution d’ouverture de fissures. Lorsque l’ouverture des fissures s’accroît, la
déformation de l’armature au droit de la fissure augmente sans doute, mais, du fait
de la liaison entre béton et acier, ceci n’induit pas une augmentation de celle des
armatures en section médiane.
194
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Sous une charge de fatigue à l’état de service (40 % - 100 % F0,7) correspondant à
une amplitude de contrainte au niveau des fissures égale à au moins 200 MPa, la
rupture de fatigue de l’armature est atteinte au bout d’environ 520000 cycles pour
les poutres HA8 et au bout d’environ 1200000 cycles pour les poutres HA10. Le
nombre de cycles à la rupture de ces poutres non renforcées est déterminé par
l’amplitude de contrainte au niveau de la fissure : plus l’amplitude de contrainte de
l’armatures est importante, plus le nombre de cycles à la rupture de fatigue est
faible.
Afin d’étudier les comportements des poutres courtes fissurées et renforcées par
matériaux composites à l’état de service, les essais de fatigue sont tout d’abord
effectués avec le même niveau du chargement de fatigue (40 % - 100 %F0,7) que
celui appliqué sur les poutres non renforcées.
La procédure des essais de fatigue sur les poutres renforcées par le TFC est
identique à celle des poutres non renforcées. Nous fixons au préalable l'amplitude
des cycles 'F = Fmax – Fmin ainsi que l'effort maximal Fmin appliqués à la poutre de
sorte que l'état de contrainte dans les aciers reste dans le domaine élastique. La
charge F0,7 de pré-fissuration correspond approximativement à la charge de service
maximale applicable à la poutre, elle est alors prise ici comme référence pour la
borne supérieure des cycles de chargement. La poutre étant renforcée par
composite, la contrainte dans les armatures reste alors dans le domaine élastique,
même si Fmax dépasse F0,7 (un test à Fmax = 1,5x F0,7 a été réalisé).
Un chargement de fatigue à l’état de service (40 % - 100 %F0,7) est appliqué sur
trois poutres dont une armée par deux HA8 (poutre n°8) et deux armées par des
HA10 (poutres n°10 et n°19). Les chargements appliqués et les résultats des essais
de fatigue sont présentés dans le Tableau 2 et sont également illustrés par les
courbes flèche/cycles, déformation de l’armature/cycles, déformation du
195
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Les poutres renforcées, quel que soit leur mode de renforcement (mode a, b, c, d),
avant une charge produisant la fissuration d’effort tranchant (environ 140 kN), se
comportent quasiment de manière identique. Comme l’effort maximal du
chargement de fatigue dans les essais présentés est inférieur à cette charge, nous
ne distinguons pas le mode de renforcement pour les poutres renforcées sous
chargement de fatigue pour un niveau de service.
196
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
La comparaison entre les résultats d’essai de fatigue des poutres renforcées et ceux
de poutres témoins (non renforcées) conduit aux remarques suivantes :
- Sous un chargement de fatigue à l’état de service, l’évolution de la flèche des
poutres renforcées en fonction du nombre de cycles est considérablement plus
faible que celle des poutres non renforcées. De plus, la flèche maximale des poutres
renforcées atteint environ 40% de celle des poutres non renforcées.
1,4
vallée
1,2 pic
pic (témoin)
1
Flèche en mm
vallée (témoin)
0,8
0,6
0,4
0,2
0
0 500000 1000000 1500000 2000000
Cycles
1,4
Somme d'ouvrture des fissures en mm
1,2 vallée
pic
vallée (témoin)
1 pic (témoin)
0,8
0,6
0,4
0,2
0
0 500000 1000000 1500000 2000000
Cycles
197
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
- Pour les poutres renforcées ou non, les déformations dans l’armature au milieu de
la poutre restent constantes pendant l’essai de la fatigue. Par ailleurs, la déformation
(contrainte) maximale correspondante est égale à environ 45% de celle de poutres
non renforcées. Quant à elle, l’amplitude de déformations (contraintes) des
armatures des poutres renforcées est égale à environ 60% de celle des poutres
témoins.
3500
Déformation d'acier en µm/m
3000 vallée
pic
2500 vallée (témoin)
pic (témoin)
2000
1500
1000
500
0
0 500000 1000000 1500000 2000000
Cycles
Quel que soit le lieu de mesure (au niveau des fissures ou au milieu de la poutre),
l’évolution des déformations du TFC en fonction des cycles de fatigue (figure 18) se
décompose en deux phases : Une phase de croissance rapide et une phase de
croissance faible.
1200
Déformation dans TFC en µm/m
1000
800
600
400
vallée (fissure 1)
200 pic (fissure 1)
vallée (fissure 2)
pic (fissure 2)
vallée (milieu)
0 pic (milieu)
0 500000 1000000 1500000 2000000
cycles
198
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
1200
1000
Déformation en µm/m
800
600
400
199
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
4 - Conclusion
Que la poutre soit renforcée ou non, lorsque l’amplitude de contrainte dans les
armatures est supérieure à 200 MPa, la rupture en fatigue est probable à 2 millions
de cycles.
Références Bibliographiques
200
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
VERÓK K.
Université des Sciences Techniques et Economiques, Budapest, Hongrie
BOULAY C., TAILHAN J-L., CLÉMENT J-L.
Division Bétons et Composites Cimentaires, Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, Paris
Résumé
2,25
2,00
1,75
1,50
1,25
1,00
0,75
0,50
0 50 100 150 200 250
fc28 [MPa]
Détection par capteur Détection visuelle
Cette comparaison est effectuée en considérant que l’état limite ultime des prismes
est atteint lorsque des fissures apparaissent, ce qui correspond à l’apparition d’un
mécanisme de bloc et marque le début d’une zone d’instabilité due à la rupture de
l’enrobage. Pour les bétons seuls, l’apparition des premières fissures témoigne de la
formation d’une pyramide due à un frettage localisé sous le poinçon de chargement
201
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
La géométrie des prismes est la même que celle citée en [1] afin qu’une
comparaison soit possible entre les résultats. Les dimensions des prismes sont
200x200x600 mm. De cette manière, les mêmes moules sont utilisés et le ferraillage
béton armé, quand il existe, est identique. Au total, 8 prismes 200x200x600 mm ont
202
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
été coulés en 2001 : 2 prismes en béton non armé, 2 prismes en béton armé, 2
prismes en béton non armé renforcés par composite et 2 prismes en béton armé
renforcés par composite (Figure 2).
La géométrie détaillée d’un prisme armé est présentée sur la Figure 3 avec
l’emplacement des cadres et des aciers longitudinaux, la position des jauges sur le
deuxième cadre (en partant du haut) et le poinçon métallique de chargement.
Լ 100
4 x 38 = 152 24
HA 8
134
Լ 200
600
580
132
jauge
134
HA 10
24
20 160 20
200
Les références des échantillons testés sont données dans le Tableau 1. Elles ont
été choisies en fonction des présences ou non de renforcement (Nue ou TFC) et de
ferraillage (AA : avec armatures, SA : sans armatures). Le matériau de renfort
composite est le TFC de Freyssinet International.
Les éprouvettes ont été démoulées 2 jours après le coulage et ont été stockées
dans une salle climatisée à 20°C sous une humidité relative constante de 50%. Les
203
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
cages d’armatures ont été préparées plusieurs mois avant le coulage du béton du
fait de la longue durée de la procédure de préparation des armatures (collage des
jauges sur les cadres, assemblage du ferraillage et mise en place dans les moules
métalliques).
Après le durcissement, les prismes de béton ont été préparés pour les essais. Leurs
faces d’extrémité ont tout d’abord été rodées afin d’obtenir des faces d’appuis
parallèles et perpendiculaires à l’axe longitudinal des prismes. Puis les arrêtes des
prismes destinés à être renforcés ont été rognées par rodage, pour éviter les
concentrations locales de contraintes dans le renfort composite entre deux faces à
90° [5-7]. Enfin, ces prismes ont été sablés sur leur moitié supérieure pour assurer
un meilleur collage entre le tissu composite et le béton.
Après cette phase de préparation, le tissu de fibres de carbone a été mis en place
par une équipe de Freyssinet International. Le tissu sec de fibres de carbone
(TORAYCA T 700SC 12 50C) employé comme renfort collé à l’aide d’une résine
époxy (DURCISSEUR XEP 3935A) constitue le TFC® [8]. Les caractéristiques du
TFC annoncées par Freyssinet sont des caractéristiques minimales garanties :
résistance en traction de 1400 MPa et module d’Young de 105 GPa.
La surface du béton est enduite de résine après mélange des constituants, la bande
est positionnée puis imprégnée par une couche de fermeture. Pour compléter la
polymérisation de la résine, les prismes renforcés ont été stockés durant une
période de 10 jours.
Avant essais, des jauges de déformation ont été collées horizontalement en vis-à-vis
de celles du cadre instrumenté, sur le composite et sur les quatre faces. Deux
jauges verticales ont également été placées au milieu de deux faces opposées sur
l’un des prismes.
Les essais ont été effectués à l’aide d’une presse d’une capacité maximale de 5000
kN (MFL) dotée de plateaux circulaires de 320 mm de diamètre.
En plus des jauges de déformation, l’instrumentation des éprouvettes comprend 4
capteurs longitudinaux et 4 capteurs transversaux.
4 capteurs de déplacement (LVDT) longitudinaux (Gréel), d’une course de
r5 mm et calibrés 1 V/mm, sont fixés sur 4 tiges vissées autour du plateau inférieur
de la presse. Leur moyenne est utilisée pour piloter l’essai au début du chargement,
Cette mesure inclue donc les déplacements élastiques de l’éprouvette, du poinçon
et du plateau inférieur, auxquels vient s’ajouter le déplacement anélastique de
l’éprouvette.
Les 4 capteurs de déplacement (LVDT) transversaux sont du même type que les
capteurs longitudinaux. Ils sont fixés sur un cadre spécial positionné à l’aide de
ressorts sur des appuis aluminium collés sur le tissu au niveau du deuxième cadre,
sur les arrêtes verticales du prisme. Leur moyenne est utilisée pour piloter l’essai à
la fin du chargement.
Pour les éprouvettes non renforcées, les mesures sont complétées par un relevé de
fissures effectué sur des transparents maintenus sur les quatre faces des
204
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
éprouvettes.
L’instrumentation complète d’un prisme non renforcé en place est présentée sur la
Figure 4.
Tous les capteurs et jauges de déformation sont connectés à une centrale
d’acquisition (HP3852) et à un ordinateur, qui enregistre également l’effort appliqué
à l’éprouvette d’essai.
Capteur transversal
(Gt)
Enfin, tous les essais sont doublés (indices 1 ou 2 après la référence des prismes
par la suite), afin de pouvoir estimer leur dispersion et pouvoir ainsi justifier des
conclusions de notre étude. Il est à noter que l’épaisseur du poinçon de chargement
est de 10 mm, ce qui constitue une limite à nos essais en terme d’enfoncement.
205
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
1400
1200
1000
Effort [kN]
800
1500
600 1000
500
400
0
200 0 5 10
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Déplacement [mm]
NueSA1 TFCSA1 NueAA1 TFCAA1
NueSA2 TFCSA2 NueAA2 TFCAA2
206
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
comportement est linéaire jusqu’à environ 600 kN. La charge croit ensuite de
manière non linéaire jusqu’à 851 kN en moyenne. La rupture est brutale, l’effort
chute brusquement, l’éprouvette ne supporte plus de charge. Les relevés des
fissures sur les quatre façes indiquent une fissuration visible à la surface juste
quelques kN avant la rupture, cohérente avec le comportement d’ensemble fragile
obtenu.
Le comportement des prismes en béton non armé fretté (TFCSA1 et TFCSA2) est
similaire au précédent, avec une partie linéaire jusqu’à environ 800 kN et un pic
d’effort mesuré de 1032 kN en moyenne. L’augmentation de la charge ultime est de
20%. Par contre, après le pic d’effort, ces prismes ne sont pas rompus, et ils sont
encore capables de supporter 620 kN en moyenne, jusqu’à 10 mm d’enfoncement
du poinçon. La fissuration du béton, si elle existe, est située derrière le composite
collé et n’est pas accessible.
Les prismes en béton armé (NueAA1 et NueAA2) non frettés sont plus résistants
que les précédents. Leur comportement est différent. La présence des armatures
(armatures longitudinales et cadres) influe sur le comportement des prismes. Un
comportement linéaire a également été observé jusqu’à environ 600 kN, et la
fissuration visible sur les faces débute à partir de 716 kN en moyenne. Les fissures
se propagent relativement vite dans la partie croissante non linéaire des courbes de
comportement. Le pic d’effort est enregistré à 1143 kN quand la zone d’enrobage de
la cage d’armature est presque totalement désolidarisée du noyau du béton, dans la
partie haute des prismes. Le noyau de béton est fretté par les armatures. Après
atteinte de l’effort maximal, il y a une branche adoucissante jusqu’à la fin des
mesures. Au cours de ces essais, on ne maîtrise pas le moment où l’enrobage de
béton va tomber.
Enfin, les prismes les plus résistants sont les prismes en béton armé fretté (TFCAA1
et TFCAA2). Au début du chargement, leur comportement est identique à celui des
prismes en béton armé non fretté, ce qui indique qu’il n’y a pas encore d’effet de
frettage. La phase non linéaire croissante est plus longue, grâce à l’effet du frettage
207
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
du tissu. Le pic d’effort est enregistré à 1274 kN. Comme l’enrobage est stabilisé par
la présence du tissu, la branche adoucissante est moins raide et beaucoup plus
longue. Aucune fissure visible n’a été détectée (présence du tissu).
Pour mieux comprendre le comportement des prismes, une analyse des évolutions
des déformations/contraintes dans les armatures métalliques et le composite, en
liaison avec le comportement global observé, est nécessaire.
D’après les mesures, tous les prismes ont le même comportement dans la zone
élastique, jusqu’à environ 500 kN (Figure 5). Après ce niveau de charge, l’effet des
armatures dans les prismes (frettés ou non par composite) apparaît. La raideur des
prismes armés (frettés ou non) semble plus faible que celle des prismes non armés
(frettés on non), ce qui peut paraître a priori étonnant.
Une explication de ce phénomène peut être la suivante : les valeurs de charge
correspondant aux premières fissures observées (tableau 2) indiquent que les
prismes armés se fissurent plus tôt que les prismes non armés.
Dès que l’effort augmente et que l’effort localisé se diffuse dans le noyau du béton,
la cage d’armature essaye de bloquer les déformations du béton dans la direction
transversale. Par contre rien n’empêche la déformation transversale du béton
d’enrobage qui tend à se séparer du noyau de béton, avec vraisemblablement des
déformations d’extension localement élevées à la jonction entre ces deux zones.
Vers 500 kN, la contrainte dans les cadres est toujours faible, autour de 30 MPa
environ, quel que soit le type de renforcement (Figure 6).
700 1400
Contrainte des cadres [Mpa]
600 1200
500 1000
Effort [kN]
400 800
300 600
200 400
Contraintes des cadres dans les prismes armés
Contraintes des cadres dans les prismes armés frettés
100 Prismes armés
200
Prismes armés frettés
0 0
0 2 4 6 8 10 12
Déplacement vérin [mm]
Fig. 6 - Comparaison des contraintes dans le cadre instrumenté.
208
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
1400 1400
1200 1200
Contrainte du TFC [Mpa]
1000 1000
Effort [kN]
800 800
600 600
400 400
Contraintes du TFC dans les prismes frettés
Contraintes du TFC dans les prismes armés frettés
200 200
Prismes frettés
Prismes armés frettés
0 0
0 2 4 6 8 10 12
Déplacement vérin [mm]
Fig. 7 - Comparaison des contraintes dans le composite.
209
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Tableau 3 : Les angles des pyramides de frettage pour l’ensemble des prismes
Prismes Angle de la pyramide de frettage
Prismes non armés, non frettés 30°
Prismes non armés, frettés 36°
Prismes armés, non frettés 37°
Prismes armés, frettés 42°
5 - Calculs numériques
5.1 - Introduction
210
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
sans être obligé d’effectuer des essais coûteux. Ceci n’est possible que si les
modélisations ont été validées par comparaison avec des résultats expérimentaux.
Les quelques calculs numériques écrits ici, sont présentés afin de mettre en
évidence la difficulté du traitement numérique d’un problème a priori simple.
Exercer une pression localisée sur un poteau en béton (armé ou non, renforcé ou
non) est en soit un problème mécanique fortement tridimensionnel. Sa modélisation
numérique « rigoureuse » par la méthode des éléments finis va donc être sujette
aux difficultés inhérentes d’une approche tridimensionnelle : lourdeur du calcul, elle-
même conditionnée par un nombre d’éléments plus élevé que dans une approche
bidimensionnelle simplifiée par exemple.
En outre, l’observation expérimentale a montré que les modes de rupture sont de
nature très fortement localisée, et qui plus est, intimement liés aux conditions aux
limites (le frottement entre le poinçon et la surface supérieure du prisme doit jouer
un rôle non négligeable sur l’orientation des facettes du « cône » de frettage).
La modélisation numérique de ce type de problème doit parvenir à prendre en
compte au mieux ce genre de caractéristiques. En ce qui concerne la modélisation
d’une rupture localisée, comme par exemple la fissuration du béton, différentes
méthodes existent actuellement [10-11]. De façon très schématique, on peut
considérer qu’elles se regroupent en deux familles basées soit sur une approche
continue (description de zones à forts gradients), soit sur une approche discrète
(prise en compte explicite de la discontinuité matérielle).
Quelle que soit la méthode utilisée, la fissuration du béton reste un problème de
localisation qui se traduit par une rupture locale du matériau souvent par traction
excessive. Le béton a, par contre, un comportement adoucissant en traction qui
pose certains problèmes dans la modélisation de ce type de comportement. Par
exemple, ce comportement modifie, à l’échelle du matériau, la nature des équations
d’équilibre alors que les conditions aux frontières restent inchangées ou, à l’échelle
de la structure, les pertes d’unicité de la solution et de la stabilité du système
d’équations décrivant l’équilibre global.
La traduction numérique de ces phénomènes souffre d’une forte dépendance de la
finesse du maillage ainsi que de son orientation.
Ainsi, des modélisations bidimensionnelles et tridimensionnelles ont été réalisées.
L’intérêt des calculs 2D est qu’ils sont plus simples et plus rapides, donc moins
coûteux. Cependant, il faut établir des hypothèses permettant d’approcher au mieux
la réalité (l’effet de frettage induit par la présence du tissu composite est pris en
compte par exemple par des éléments de type « ressort »). Ensuite, en 2D, il faut
choisir entre les calculs en contraintes planes et les calculs en déformations planes.
Les calculs élastiques en 3D et les tentatives de calculs non linéaires en 3D ont été
réalisés, mais ils sont longs et n’ont pas encore donné de résultats satisfaisants.
L’intérêt des calculs 3D en élasticité est qu’ils fournissent certaines informations
comme l’endroit probable d’apparition de la première fissuration, grâce à la
visualisation de la contrainte principale majeure.
Les calculs non linéaires 2D permettent d’avoir des informations complémentaires
par rapport à des calculs 3D en élasticité. Dans cette approche, l’effet de frettage du
tissu composite est pris en compte à l’aide de ressorts élastiques entre les deux
211
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
lignes extérieures du maillage, mais l’effet du frettage dans l’autre direction ne peut
être pris en compte qu’en 3D.
Les calculs 2D ont été réalisés en contraintes planes et en déformations planes. Les
prismes en béton et en béton armé sont modélisés par des éléments massifs
quadratiques à 8 nœuds MBQ8, et les armatures par des éléments barres BB2.
L’effet de frettage induit par la présence du tissu est pris en compte par des
éléments de type « ressort » qui connectent les nœuds en vis-à-vis des faces
latérales, et permettent d’appliquer ainsi des efforts de rappel, fonctions du
chargement appliqué (enfoncement du poinçon).
Le comportement du béton est supposé être, en compression, élasto-plastique avec
écrouissage [12] et est implanté dans le module MCNL de CESAR-LCPC [13],
dédié aux calculs non linéaires en mécanique statique. Le critère utilisé, dit de
William & Warnke [14] à trois paramètres, est un critère de type Drucker-Prager.
Les armatures métalliques sont supposées rester élastiques.
Le tissu de renforcement présente expérimentalement un comportement de type
élastique fragile.
Malgré les limites des calculs 2D, les modélisations bidimensionnelles permettent de
mettre en évidence :
- l’effet de la présence des renforcements internes ou externes sur le comportement
local,
- les zones plastifiées qui représentent globalement les constatations
expérimentales
- la présence de la forte concentration de plasticité près des extrémités du poinçon,
- l’augmentation de la charge maximale obtenue en cas de frettage, et le gain
notable de ductilité, et même si les ordres de grandeurs ne sont pas ceux de
l’expérience, les tendances sont globalement conservées et vont dans le même
sens, et
- que les mêmes constatations peuvent être faites sur les modélisations relatives au
béton armé et béton armé renforcé, mais dans des amplitudes nettement plus
faibles.
Une comparaison entre les calculs 2D et 3D pour les prismes en béton seul montre
le fait que la modélisation 3D permet de s’approcher un peu mieux du résultat
expérimental, notamment en terme de raideur. L’effort maximal obtenu dans le
calcul 3D est également légèrement plus faible que celui obtenu en 2D. Ces deux
212
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
6 - Conclusions
Une application potentielle des composites en génie civil a été étudiée dans cette
étude, qui concerne le renforcement d’about de piles de ponts en béton armé par
l’emploi d’un tissu composite à base de fibres de carbone. Dans ce cas précis, la
charge extérieure est appliquée sur une surface plus petite que la section
transversale de l’élément, ce qui induit une pression localisée dans la pile.
Constitués de béton armé, de tels éléments ont un comportement relativement
fragile, avec une fissuration importante du béton d’enrobage qu’il est difficile de
maîtriser. Il est montré, qu’avec la présence d’un renforcement extérieur composite,
la charge ultime des prismes renforcés (TFCSA) augmente d’environ 10% par
rapport à celle de prismes en béton (NueSA). Cette augmentation est d’environ 20%
pour un prisme armé et renforcé (TFCAA) par rapport au même prisme seulement
armé (NueAA). Les raideurs initiales ne sont pas modifiées.
L’efficacité du renforcement à l’aide du tissu à fibre de carbone est manifeste dans
la capacité de déformation des éléments. Dans les cas de renforcement par
composite, on a mesuré des déplacements très importants : les prismes renforcés
ont une grande capacité de déformation, et au cours de nos essais, limités en
déplacement, leur rupture n’a jamais été obtenu, même vers 10 mm d’enfoncement
du poinçon de chargement.
Le résultat essentiel de cette étude est que l’on a réussi à modifier le type de
rupture, de brutale et fragile à ductile.
Les analyses numériques effectuées sont qualitatives. Elles mériteraient d’être
approfondie.
Références Bibliographiques
[1] BOULAY C., CLEMENT J.L., TOUTLEMONDE F., FAKHRI P., VEROK K.,
Etude du dimensionnement des éléments de structure en BTHP soumis à des
forces de compression localisées, BHP 2000, Projet National: Béton à Hautes
Performances, LCPC, Paris, France, novembre 2000.
[2] CUSSON D, PAULTRE P., High-strength concrete columns confined by
rectangular ties, Journal of Structural Engineering, ASCE 120(3), pp. 783-804,
1994.
[3] Règles BAEL 91, « Règles technique de conception et de calcul des ouvrage et
constructions en béton précontraint, suivant la méthode des états-limites »,
Troisième Edition, Edition Eyrolles, p. 333, 2000.
[4] VERÓK K., Renforcement des structures en béton armé à l’Aide de matériaux
213
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
214
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
VERÓK K.
Université des Sciences Techniques et Economiques, Budapest, Hongrie
CLÉMENT J-L., BOULAY C., Le MAOU F.
Division Bétons et Composites Cimentaires, Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, Paris
Résumé
215
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Les éprouvettes ont été démoulées au bout de 2 jours et ont été recouvertes d’une
feuille de papier d'aluminium pour qu’elles gardent leur humidité. Après le
durcissement des éprouvettes de béton stockées à 20°C et à humidité constante,
les cylindres ont été renforcés.
Un tissu sec de fibres de carbone (TORAYCA T 700SC 12 50C) a été employé
comme renfort collé à l’aide d’une résine époxy (DURCISSEUR XEP 3935A). Cette
structure composite est le TFC® [2]. Les caractéristiques du TFC annoncées par
Freyssinet sont des caractéristiques minimales garanties dont la résistance en
traction vaut 1400 MPa et le Module d’Young 105 GPa.
En général, une préparation de la surface est recommandée avant l’application du
tissu sur le béton : nos éprouvettes fabriquées en conditions de laboratoire n’en ont
pas eu besoin.
La surface est enduite avec la résine époxydique préalablement préparée par
mélange des composants, la mise en place du tissu imprégnée par la résine en
fonction du type d’enroulement choisi est réalisée. Ensuite, pour assurer une
adhésion suffisante aux extrémités de la bande de renfort, deux bandes parallèles
216
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
supplémentaires en tissus ont été appliquées sur les parties inférieure et supérieure
des éprouvettes. Enfin, en répétant les étapes précédentes, les différentes
éprouvettes ont été fabriquées en variant le type d'enroulement mais uniquement
avec une épaisseur toujours fixée à deux couches de tissu, obtenue par un
recouvrement d’une demi-largeur de bande. La fin de la pose consiste à appliquer
une couche de fermeture de résine sur l’ensemble du composite.
Pour compléter la polymérisation de la résine, les éprouvettes renforcées ont été
stockées durant une période de 10 jours à 20°C et 50% d’humidité relative.
Les essais ont été effectués avec une presse d’une capacité maximale de 5000 kN
(MFL), dotée de plateaux circulaires de 320 mm de diamètre.
L’instrumentation des éprouvettes consiste en 2 fois 3 capteurs longitudinaux et
3 capteurs transversaux (Figure 2).
Vérin
(Gv)
Extensomètre
Capteur transversal (3 pièces)
L’éprouvette (Gt)
Tous ces instruments ont été connectés à une centrale d’acquisition (HP3852) et à
un ordinateur qui a enregistré les signaux issus des capteurs et de la presse (effort).
Avant de tracer les courbes « déformations - contraintes », les mesures ont été
corrigées pour que les perturbations (faux déplacement quand le vérin touche
l’éprouvette par exemple) au début des mesures soient évitées [3]. Les mesures
effectuées sont présentées sur la Figure 3.
Les courbes « contrainte axiale - déformations » des éprouvettes confinées sont
quasiment bilinéaires en présence du frettage. La première branche correspond au
comportement du béton non confiné alors que la seconde branche se rapproche
d’un comportement plastique et quasi linéaire.
Au début du chargement, il n’y a pas de différence significative entre le
217
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
120
Contrainte axiale [MPa]
100
80
Contrainte axiale [MPa]
120
100
6080
60 Eprouvettes frettées
40
40
20
0 Eprouvettes non frettées
20 -15 -10 -5 0 5 10 15
N1 N2 N3 N4 N5 N2 N6
218
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
f c' V c k1 f "k2 ,
où
Vc V 1 , si V 1 f c'0
et (2)
Vc f c 0 , si V 1 t f c'0 ,
'
où f c' est la contrainte axiale du béton fretté sous sollicitation triaxiale, V c est la
contrainte axiale du béton fretté et V 1 est calculée à l’aide des équations de la loi
de comportement adoptées par CEB-FIB [4].
Après identification, le modèle est prêt à être utilisé. Pour calculer l’évolution de la
contrainte axiale du béton fretté sans utiliser les déformations mesurées, un
processus de calcul permet d’obtenir, à partir des paramètres de départ, toutes les
propriétés nécessaires. La contrainte dans le composite (ensemble du tissu sec de
fibres de carbone et de l’époxy) évolue entre 0 MPa et 1400 MPa (résistance ultime
219
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
120
Contrainte axiale [Mpa]
100
80
60
40
20
220
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
La comparaison avec les résultats précédents est possible car il s’agit du même
béton, coulé le même jour, renforcé avec le même tissu, mais qui n’a pas le même
âge et la même histoire de chargement.
A l’issue des essais de fluage, après une phase de recouvrance, quatre éprouvettes
de 160/1000 mm ont été réutilisées. Elles ont été tronçonnées d’après le chéma
présenté sur la Figure 5. Les références des éprouvettes sont TFC0 pour
l’éprouvette non renforcée et initialement chargée à un taux de 30% puis rechargée
à 60%, TFC1 pour l’éprouvette renforcée et chargée de même, TFC2 pour
l’éprouvette renforcée et chargée initialement à 60% et SC pour celle qui n’a jamais
été chargée (il s’agit de l’éprouvette de référence).
16/50 16/50
Les essais de frettage ont été effectués sur la même presse MFL que
précédemment et avec la même instrumentation.
221
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
L’effort maximal atteint est plus faible que celui des essais initiaux : ce qui s’explique
par le mode de renforcement. En effet, pour ces essais, le tissu sec a été positionné
en spirale sur les éprouvettes 160/1000 mm, avec un recouvrement réduit, de
l’ordre de 1 cm. Par contre, dans les essais initiaux, qu’il s’agisse de bandes
parallèles ou d’une spirale, le recouvrement a été à chaque fois d’une demie-largeur
de bande. On a donc une épaisseur de renfort double pour les essais de jeune âge
par rapport à ceux présentés ici. Les déformations maximales atteintes dans le cas
du frettage sont également supérieures à celles du béton non fretté, mais moins que
dans les cas des éprouvettes « jeunes ».
Par contre, de fortes dispersions des résultats sont obtenus pour les bétons frettés
ou non. Une question se pose : D’où vient cette dispersion de mesure ?
Une première idée consiste à imputer cette dispersion à la différence de hauteur des
éprouvettes, 320 mm et 500 mm, mais ces dispersions sont similaires dans tous les
cas, ce qui signifie que la solution est ailleurs.
222
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
La conclusion de cette campagne d’essais est que les écarts de résistance entre
une éprouvette de 320 mm de haut prélevée en partie haute ou basse d’une
éprouvette de 1 mètre de hauteur (diamètre 160 mm) atteint de 21 à 26%.
a) Eprouvettes de 320 mm
100
Contrainte axiale [MPa]
80
60
100
80
Eprouvettes frettées 60 Eprouvettes non frettées
40 40
20
0
-15 35
20
b) Eprouvettes de 500 mm
100
Contrainte axiale [MPa]
80
60 100
80
Eprouvettes frettées Eprouvettes non frettées
60
40 40
20
0
20
-15 -5 5 15
Déformation longitudinale Déformation transversale
0
-15 -10 -5 0 5 10 15
Déformations [mm/m]
Sc50 TFC0150 TFC2150 TFC2250
Fig. 6 - Les mesures sur les éprouvettes 160/320-500 mm, béton « âgé ».
223
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
L’objectif n’est pas, par la suite, d’utiliser des courbes corrigées, mais simplement de
visualiser le fait qu’on parvient à retrouver, grâce à une investigation antérieure, les
mêmes courbes expérimentales (la dispersion obtenue est beaucoup plus faible
qu’initialement).
La dispersion expérimentale est donc expliquée par le fait que les valeurs
enregistrées dépendent de la zone de prélèvement des éprouvettes. On a donc
affaire à deux types de béton, dont les caractéristiques sont données dans le
Tableau 2.
120
100
Contrainte axiale [MPa]
80
60
éprouvettes frettées
40
éprouvettes non frettées
20
224
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
La raideur obtenue lors de la seconde phase de comportement est plus faible pour
les éprouvettes en béton âgé. Ce phénomène provient du nombre de couches
appliquées sur les éprouvettes, deux couches pour le béton « jeune » et une seule
pour le béton « âgé » : la valeur potentielle de pression de confinement n’est pas
identique.
Les valeurs de déformations transversales maximales mesurées sur chaque
éprouvette renforcée sont différentes. La rupture des éprouvettes « âgées » survient
avant d’atteindre la déformation ultime mesurée du TFC dans le cas du béton
« jeune ». Les valeurs de déformations transversales de toutes les éprouvettes sont
reportées dans le Tableau 3.
Dans le tableau 3 sont indiquées deux mesures pour chaque type de béton. Si on
prend la moyenne des déformations transversales Ҟ(HW, moyenne) et le module d’Young
du TFC donné par le fournisseur, les contraintes maximales pendant les essais
peuvent être calculées. La dernière colonne dans le tableau indique une baisse de
contrainte de 26% par rapport à celle obtenue lors des essais au « jeune âge ».
Cette constatation est en cohérente avec les recommandations de l’Association
Française de Génie Civil [6] ; dans ce document, la résistance à la traction du
composite est donnée par l’expression :
Df ff
f f ,d , (4)
J f ,u
Dans notre cas, après deux ans, les éprouvettes renforcées ont perdu entre 22% et
225
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
26% de contrainte, valeurs inférieures à celle des recommandations AFGC, mais sur
une durée limitée.
Une dernière remarque concerne le fait que la déformation transversale ultime des
éprouvettes les plus élancées, 160/500 mm (TFC2150, TFC2250), est moins
élevée que celle des éprouvette 160/320 mm : le mode de rupture (en zone
centrale) est identique quelle que soit la taille de l’éprouvette et ne peut pas
expliquer cela. Une raison est peut être à rechercher du côté de l’hétérogénéité du
béton : il y a plus de chance de trouver une zone de béton moins résistante sur une
éprouvette de 500 mm que pour une hauteur de 320 mm. Néanmoins, ces deux
essais ne permettent pas de conclure, il serait nécessaire d’en réaliser de
complémentaires.
226
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
a) Béton « jeune »
120
Contrainte axiale [Mpa]
100
80
60
40
20
100
80
60
40
20
Le coefficient AFGC de 0,65 a été choisi. Les mêmes calculs avec le coefficient
« expérimental » de 0,74 en moyenne conduisent à une charge ultime de 82,8 MPa
par rapport aux valeurs expérimentales de 77,4 MPa et 81,4 MPa, et à une
déformation transversale de 9,9 mm/m par rapport aux valeurs expérimentales de
9,3 mm/m et 7,9 mm/m. Comme la pente de la phase pseudo plastique est
relativement faible, le choix du coefficient de réduction ne joue que peu sur la
227
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
3 - Conclusions
228
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Références Bibliographiques
[1] VERÓK K., Renforcement des structures en béton armé à l’Aide de matériaux
composites : étude du frettage et applications, Doctorat de l’ENPC, 18 mars
2005.
[2] “Cahier des Causes Techniques” du FREYSSINET, Enquête technique
SOCOTEC n° FX3671 d’Octobre 1998.
[3] BOULAY C., Le MAOU F., RENWEZ S., Quelques pièges à éviter lors de la
détermination de la résistance et du module en compression sur cylindres de
béton, Bulletin de Liaison des Ponts et Chaussées, pp. 63-74, n° 220., 1999.
[4] CEB-FIB Model Code 1990 : “Design code”, Comité Euro-International du
Béton, Thomas TELFORD, London, UK, 1993.
[5] CLEMENT J-L., Le MAOU F., Comportement incertain et amélioration de la
prédiction du fluage en compression des bétons de structures, Actes de la
3ème conférence nationale JN Fiab 3, Bordeaux, 1 et 2 février, 2002.
[6] Association Française de Génie Civil, Réparation et renforcement des structure
en béton au moyen des matériaux composites, Document scientifique et
technique, p. 148, décembre 2003.
229
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
QUIERTANT M.
Division Fonctionnement et Durabilité des Ouvrages d'Art, Laboratoire Central des Ponts et
Chaussées, Paris
Résumé
230
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
2 - Programme expérimental
Pour chaque type de poteau ont été testées quatre méthodes de renforcement,
jugées représentatives de l'offre actuellement proposée sur le marché national. Les
résultats de ces essais devant être confrontés à ceux obtenus sur des poteaux
témoins (non renforcés par composites collés). Chaque essai a été doublé afin
d’assurer la représentativité du résultat obtenu. Ainsi 21 poteaux ont été testés :
1 premier poteau pour essai et validation du montage expérimental et de
l'instrumentation (dont les résultats ne seront pas présentés dans ce document),
10 poteaux type « bâtiment », référencés par la suite comme « de type B. »,
10 poteaux de type « ouvrage d'art » (type OA).
3 - Corps d'épreuve
231
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Fig. 1 - Coulage du premier poteau (dit poteau de calage) à partir d'une gâchée
préparée par la section Formulation et Mise en œuvre des Bétons.
Les plans de ferraillage des poteaux sont donnés sur les figures 3 et 4.
6080
HA
HA 6
160
6 160
20 r=30
20 r=30
HAHA1212
160
160
70
70
252 252
2500
2500
Fig. 3 - Plan de ferraillage des poteaux B.
232
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
60
80
HAHA88
160
20
20 160
r=30r=30
HA 16
HA 16
160
70
70 155
155
160
2500
2500
Les corps d'épreuve sont des poteaux en béton armé de dimension 2,5 x 0,2 x 0,2
m3 (figure 6) dont les angles sont biseautés afin de ne pas présenter d'angle saillant
susceptible de couper les tissus du renforcement externe (figure 5). Ce biseau est
en fait réalisé dès le coulage grâce à la forme spécifique des coffrages.
2 cm
2 cm
20 cm
2 cm
20 cm
233
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Les moyennes des résultats des essais de caractérisation par série de corps
d’épreuve sont présentées dans les tableaux 1 et 2.
234
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Renforcement à la flexion
Recouvrement transverse
Fig. 8 - Lamelles (1er photo) ou tissus (2eme photo) pour le renforcement latéral.
235
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Le cadre fermé, permettant d'exercer les efforts sur le corps d'épreuve est fixé à
quatre poteaux de stabilisation par l'intermédiaire de la plaque médiane (figure 9).
Celle-ci se trouve donc immobile, alors que l'effort exercé par les vérins entraîne un
mouvement vertical vers le bas de la plaque inférieure. La sollicitation est engendrée
par un ensemble de quatre vérins (effort max. de 4400 kN). Cet effort est transmis
par l'intermédiaire des tirants à la plaque supérieure qui se déplace ainsi vers le bas
et comprime donc le poteau.
L'effort est transmis au poteau béton par l'intermédiaire de casques métalliques
(figure 9). Ces casques permettent d'excentrer la résultante de l'effort de 2 cm
(excentrement dans une seule direction) et grâce à leur rotule d'appuis, d'assurer un
fonctionnement mécanique bi-articulé contrôlé.
236
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Plaque supérieure
Casque haut
Rotule
Casque
haut
Casque bas
Axe du Axe de chargement Plaque médiane
poteau 200 mm
Vérins hydrauliques
Excentricité : 20 mm Plaque inférieure
5 - Instrumentation
Un important programme de mesures a été mis en œuvre lors des essais (de 51 à
60 voies selon les essais), comprenant notamment les capteurs liés à
l'asservissement et à la vérification du fonctionnement du montage (capteurs de
force, manomètre de pression d'huile, capteur de déplacement du multiplicateur de
pression d'huile utilisé pour l’asservissement de la phase post-pic, capteur de
mesure du basculement nord / sud du montage).
Cependant, en dehors de cette instrumentation de « pilotage » de l’essai, il était
attendu une mesure du comportement de la structure composite lors de son
chargement. Pour cela, une instrumentation voulue complète a permis d’enregistrer
le déplacement vertical relatif à la déformation longitudinale du corps d'épreuve
(tassement), sa flexion, les rotations des casques (dans et hors plan) et certaines
déformations locales des aciers, du béton ou du matériau composite. On propose
sur la figure 10 un schéma partiel de cette instrumentation.
237
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Face la plus
- SUD comprimée - sud
face comprimé
Face ouest Face nord
24 26 28
25 27 29
29 29
2500 15 16
17
20
9
21
17 20 23
15 16 18 19 21 22
475 775
2
1
2 10
3
Ouest
OUEST
30
31 3
26
475 775
26
Est
EST
14
32 29 29 8 12 13
33
11
La ruine des corps d'épreuve béton armé non renforcés par composites collés a été
obtenue par rupture en compression du béton situé au milieu de la face la plus
comprimée, conformément aux calculs de pré-dimensionnement. De plus, l’effort
maximum enregistré lors des essais menés sur ces poteaux dans la série OA
correspond là encore aux prévisions réglementaires. Cependant les corps d’épreuve
de référence (non renforcés par composites collés) de la série B. ont démontré une
résistance supérieure à celle estimée par le calcul. Il en résulte donc une faible
différence entre les efforts de rupture des poteaux de référence des deux séries.
Pour les poteaux renforcés par composites collés, la rupture survient après
déchirure du tissu de fibres de carbone. Cette déchirure se propage sur une dizaine
de centimètres, perpendiculairement aux fibres assurant le confinement. Elle est
immédiatement suivie par le flambement des aciers longitudinaux jusqu’ici retenus.
Le lieu de rupture est identique à celui des poteaux de référence. La déchirure
238
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
révèle une zone dans laquelle le béton largement écrasé à perdu sa cohérence.
Le gain de renforcement obtenu par les différentes techniques est à peu près
constant pour la série OA et se situe autour de 30% si on se réfère à l’effort
maximum (voir tableau 6). Pour la série B, une forte dispersion des résultats a été
observée (tableau 7) et un dépouillement critique et scrupuleux des résultats doit
être effectué pour ne pas conduire à une interprétation erronée. Ce travail
actuellement en cours ne peut donc faire l’objet d’une présentation dans ce
document.
6.2 - Ductilité
L’un des points habituellement jugés critiques lors d’une opération de renforcement
concerne la nécessité d’obtenir, non seulement un gain sensible de résistance
structurelle, mais aussi, l’assurance d’un mode de ruine non fragile lorsque la
239
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
2000 2000
1800 1800
1600 1600
Effort total (KN)
2000 2000
1800 1800
1600 1600
Effort total (KN)
1400 1400
1200 1200
1000 1000
800 800
600 600
400 OA1 OA2 400 OA1 OA2
200 OA7 OA8 200 OA9 OA10
0 0
0 20 40 60 0 20 40 60
Flexion (mm) Flexion (mm)
240
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
1800 1800
1600 B1 B2 1600 B1 B2
1400 B3 B4 1400 B5 B6
1200 1200
Effort total (KN)
1800 1800
1600 B1 B2 1600
1400 B7 B8 1400
Effort total (KN)
1200 1200
1000 1000
800 800
600 600
400 400 B1 B2
200 200 B9 B10
0 0
0 20 40 60 0 20 40 60
Flexion (mm) Flexion (mm)
Signalons que les résultats obtenus pour les poteaux OA7 et B8 ne sont pas
représentatifs du comportement post-pic des corps d’épreuve. En effet, suite à un
incident au cours de l’essai, le chargement « en déplacement » n’a pas été mis en
œuvre pour ces poteaux, contrairement au protocole de mise en charge
scrupuleusement suivi lors des autres d’essai.
7 - Conclusion
Une importante campagne d'essais sur poteaux renforcés par matériaux composites
collés a été réalisée au LCPC afin de mesurer et mieux comprendre l'apport du
241
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Références bibliographiques
[1] ACI Committee 440. (1999), Guidelines for the Selection, Design, and
Installation of Fiber Reinforced Polymer (FRP) Systems for Externally
Strengthening Concrete Structures, ACI.
[2] ACI Committee 440. (2000), Guide for the Design and Construction of
Externally Bonded Systems for Strengthening Concrete Structures, Draft
Septembre 2001 (document under review), American Concrete Institute,
Michigan, U.S.A.
[3] FIB (2001) Design and Use of Externally Bonded Reinforcement (FRP EBR) for
Reinforced Concrete Structures, Final Draft, Progress Report of fib Task Group
9.3, EBR group, International Federation for Structural Concrete, Lausanne,
Switzerland.
[4] AFGC, Réparation et renforcement des structures en béton au moyen des
matériaux composites – Recommandations provisoires (Décembre 2003),
Bulletin scientifique et technique de l’AFGC.
242
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
CLEMENT J-L.
Division Bétons et Composites Cimentaires, Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, Paris
VEROK K.
Université des Sciences Techniques et Economiques, Budapest, Hongrie
Résumé
243
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
en avoir tiré certaines conclusions, la méthode est validée avec les résultats
d’essais de poteaux BA soumis à de la flexion composée [7]. Cette étude permet de
justifier l’ordre de grandeur de l’excentricité additionnelle pour laquelle les valeurs de
charges ultimes expérimentales sont retrouvées.
Dans le cadre de l’opération de recherche du LCPC « Réparation et renforcement
des structures de génie civil par l’emploi de matériaux composites » à laquelle nos
travaux sont rattachés, ont été effectués des essais de poteaux BA et BA renforcés
par composite, en flexion composée, au cours de l’année 2003, sur la Plate Forme
d’Essais des Structures (PFES) de la division Fonctionnement et Durabilité des
Ouvrages d’Art (FDOA) du LCPC [8].
Un des objectifs de cette campagne d’essais était d’examiner l’effet de frettage de
poteaux renforcés soumis à de la flexion composée, avec une excentricité initiale de
20 mm, qui provient des liaisons particulières développées. Le programme d’essais
a porté sur 21 poteaux en béton armé : un premier poteau pour le test du montage
et de l’instrumentation, 10 poteaux de type « bâtiment » et 10 poteaux de type
« ouvrage d’art », qui diffèrent par leurs ferraillages longitudinaux et transversaux.
Quatre techniques de renforcement par composite ont été employées. Pour chaque
type de poteaux, chaque essai a été doublé.
On dispose alors de poteaux BA de référence, dont les résultats feront l’objet de
l’utilisation de notre logiciel.
Il restera, dans une dernière phase, à définir les hypothèses relatives aux rôles des
composites longitudinaux et transversaux dans le cas des essais sur poteaux
renforcés, afin d’aboutir à l’objectif initial, qui est la proposition d’une méthode de
calcul.
í 20 millimètres ou
"
í , où " désignant la longueur de l’élément.
200
244
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Comme l’illustre ces relations, un des problème sera de déterminer le défaut moyen
initial probable d’un poteau testé expérimentalement si on veut obtenir une bonne
estimation de la charge ultime.
Les déformations sont évaluées à partir des hypothèses classiques du béton armé :
les sections droites restent planes, le béton tendu est négligé, les effets du retrait du
béton sont négligés, le diagramme de comportement de l’acier d’armature est
élasto-plastique, le diagramme de comportement du béton est parabole-rectangle.
Par hypothèse, on admet que la déformée d’un poteau BA est sinusoïdale, et que
l’effort normal a la même excentricité aux extrémités du poteau.
Pour vérifier la capacité portante d’un poteau soumis à de la flexion composée, on
détermine l’ensemble des points (N, M) traduisant l’équilibre de la section, lorsque la
droite de déformation varie. C’est le diagramme d’interaction de la section,
représentatif de l’ELU de résistance.
Par contre, pour déterminer la totalité du trajet de chargement d’un poteau
(ensemble des couples (Ni, Mi) au cours de l’augmentation du chargement), il faut
suivre une méthode itérative qui permet de déterminer des états d’équilibres
successifs jusqu’au point de divergence d’équilibre.
La méthode est simple : il faut choisir par exemple une valeur de courbure de la
section droite, puis chercher la déformation de son axe neutre, pour laquelle les
efforts internes correspondent à un état d’équilibre stable [9]. Par répétition de ce
calcul en changeant la courbure jusqu’à N i , max (qui correspond à la divergence
d’équilibre), on obtient les points (Ni, Mi) désirés.
Pour l’instant ne sont traités que les cas de poteaux encastrés à leurs deux
extrémités, et celui de poteaux bi-articulés. On peut choisir une loi de comportement
élasto-plastique parfait ou élasto-plastique avec écrouissage pour les aciers
d’armatures, et différentes formes de diagrammes « déformations – contraintes »
pour le béton : -élastique- linéaire (avec ou sans traction), élasto-plastique (avec ou
sans traction), parabole, parabole-rectangle ou rectangle. L’utilisateur peut choisir
tous les types de béton prédéfinis dans l’Eurocode 2 [10], ou encore définir son
propre béton. Les coefficients de sécurité des matériaux et les coefficients de
combinaisons d’actions sont choisis librement.
Les caractéristiques des armatures françaises et hongroises sont prédéfinies, mais
l’utilisateur peut également définir son propre type d’armature. Le nombre, diamètre
et position des armatures sont des données du calcul, avec la possibilité de prendre
en compte l’effet de frettage apporté par les armatures transversales (si les
conditions nécessaires sont satisfaites). Les sollicitations extérieures sont entrées
sous la forme d’un couple (effort normal, moment fléchissant) ou (effort normal,
excentricité).
Un paramètre ajustable (valeur par défaut de 0,85) permet de modéliser l’effet d’une
rupture d’enrobage de la cage d’armature, qui conduit à une chute prématurée
d’effort normal.
Enfin, l’excentricité totale (excentricité du chargement et excentricité additionnelle)
peut être modifié en jouant sur les différentes valeurs initiales.
Après calcul, on a la possibilité de traiter les résultats en utilisant les outils du logiciel
qui comporte des interfaces graphiques et des tableaux exportables (Excel) :
245
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
L’objectif est de valider le logiciel en comparant les réponses obtenues par rapport
aux 18 résultats d’essais publiés dans le cadre de la thèse de Christina Claeson [6].
Il s’agit ici de poteaux courts de 120x120-500 mm et 200x200-800 mm soumis à de
la compression centrée.
Les critères de la fib de prise en compte éventuelle de l’effet de frettage des cadres,
sont intégrés dans le logiciel développé. Deux réponses différentes du logiciel ont
été étudiées. La première est obtenue en utilisant la diagramme d’interaction selon
les recommandations de l’Eurocode 2 : la déformation maximale du béton comprimé
est limitée à 2 mm/m. La deuxième est l’effort maximal obtenu par la méthode
itérative qui permet de déterminer les états d’équilibres successifs jusqu’au point de
divergence d’équilibre.
Jusqu’à 2000 kN, tous les points sont proches des mesures et à partir de 3500 kN,
les points s’en éloignent.
Pour approcher au mieux les efforts maximaux expérimentaux, la valeur de
l’excentricité totale a été déterminée par itérations successives pour chaque poteau.
Les valeurs d’excentricité ainsi déterminées varient entre 0 et 9 mm, et permettent
un bon ajustement des résultats de calculs aux mesures. Ces valeurs proviennent
de défauts géométriques initiaux des poteaux (forme initiale, etc.), de frottements
aux niveaux des liaisons.
La conclusion de cette première validation est, qu’en utilisant une approche ELUSF,
il faut prendre une excentricité initiale inférieure à la valeur limite de 20 mm du
BAEL/BPEL, qui est donc une borne supérieure des défauts réels.
246
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
l’excentricité initiale de 20 mm, il s’en suit que la correction à apporter varie entre –2
mm et +10mm, du même ordre de grandeur que précédemment, et toujours
inférieure aux 20 mm du BAEL.
La méthode de calcul de calcul ELUSF, intégrée dans notre logiciel, permet
effectivement de déterminer les charges ultimes de poteaux béton armé, en
compression centrée ou excentrée. Il s’agit maintenant de l’utiliser pour les essais
réalisés au LCPC.
Les propriétés des lamelles et des tissus de fibres de carbone appliqués comme des
bétons (qui dépendent de la série considérée de poteaux) sont disponibles dans [4].
Le renforcement externe des poteaux a été effectué sur la plate forme d’essais du
LCPC par les entreprises qui ont fourni les matériaux composites. Tous les essais
ont été doublés. L’instrumentation de chaque corps d’épreuve comprend 11 jauges
collées sur les armatures métalliques, 3 rosettes et une jauge collées sur le
composite extérieur, et 8 capteurs de déplacement pour la mesure des flèches à
différentes positions au cours d’un essai. L’effort de compression provient de 4
vérins de 1100 kN (effort de compression maximal de 4400 kN). Théoriquement,
pour un poteau de géométrie parfaite, et une liaison parfaite (sans frottement),
l’excentricité totale de la charge appliquée est donc de 20 mm.
247
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Ces poteaux sont supposés bi-articulés, avec une excentricité initiale égale à 20
mm, due aux liaisons (supposées parfaites), et une excentricité additionnelle prise
initialement à 20 mm (excentricité totale 40 mm). Les premiers résultats des calculs
ont été comparés aux courbes expérimentales. Cette comparaison amène les
remarques suivantes : le niveau maximal de charge est relativement bien obtenu,
mais la raideur globale du poteau, même pour des charges peu élevées, n’est pas
satisfaisante ; d’où l’idée de modifier quelques données initiales, à savoir la position
des aciers longitudinaux ou la résistance ultime du béton, qui ont a priori une
influence sur la raideur initiale : c’est en fait la valeur de l’excentricité totale qui a le
plus d’influence sur cette raideur.
Avec des excentricités totales choisies égales à 30 mm et 33 mm L(OA,30mm),
L(OA,33mm) sur la Figure 1, au lieu des 40 mm initiaux, les raideurs des courbes de
comportement global des poteaux « OA1 » et « OA2 » sont les mêmes que celles
enregistrées, mais le pic d’effort est atteint pour une valeur supérieure.
Une explication provient du comportement de certains poteaux en béton armé
soumis à de la flexion composée : avec l’augmentation de la charge normale, le
béton d’enrobage de la cage d’armature se désolidarise du poteau, ce qui induit une
chute brutale d’effort : c’est ce phénomène qui a été observé au cours des essais.
D’après la littérature, ce phénomène (« spalling ») survient environ à 72% de la
contrainte de compression uni axiale maximale obtenue sur cylindre. Si les poteaux
sont soumis à de la flexion composée, ce coefficient est au moins égal à 0,85 selon
Foster [12], d’après des travaux basés sur ceux de Ibrahim et al. [13].
Cette limite expérimentale a été intégrée dans le logiciel, ce qui permet d’obtenir
exactement les courbes mesurées : courbes L(OA,33mm,sp) et L(OA,30mm,sp) sur
la Figure 1.
La réponse du comportement local issue du logiciel est comparée avec les résultats
expérimentaux des jauges collées sur les armatures métalliques et sur les faces de
béton à mi hauteur du poteau.
Dans notre approche, une excentricité initiale constante est prise en compte dès le
début du chargement. Cette hypothèse conduit à une surestimation des
déformations du béton comprimé et le béton le moins comprimé est rapidement
tendu. Cela est amplifié par le fait de négliger le béton en traction. Les allures
globales sont néanmoins correctes.
248
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
1600
1400
1200
Effort [kN]
1000
800
600
400
200
0
0 5 10 15 20 25 30
Flèche au milieu [mm]
OA1 OA2 L(OA,30mm)
L(OA,30mm,sp) L(OA,33mm) L(OA,33mm,sp)
Cette deuxième série d’essais concerne des poteaux moins ferraillés, avec un béton
moins résistant, avec les mêmes liaisons (excentricité théorique du chargement
égale à 20 mm). Les courbes expérimentales effort-flèche sont tracées sur la Figure
2, avec les résultats relatifs aux poteaux « OA » : la raideur des poteaux de type
« B » est plus élevée que celle des poteaux « OA », et le pic d’effort du même ordre
de grandeur.
Comme le taux d’armatures longitudinales est plus faible, l’espacement des cadres
plus important et le béton moins résistant en moyenne, les raisons doivent être
trouvées ailleurs. Vues nos études de validation précédentes, il doit être possible de
décrire ces comportements expérimentaux en choisissant des excentricités totales
plus faibles que les 30 à 33 mm précédents.
Ainsi, différentes courbes ont été calculées avec des excentricités variant entre de 0
à 35 mm. Finalement, des valeurs d’excentricité totale de 10 et 15 mm, avec la prise
en compte de la rupture d’enrobage (« spalling »), permet d’obtenir une description
correcte des courbes expérimentales (Figure 3). Ces écarts d’excentricités peuvent
provenir de la géométrie initiale non rectiligne de ces deux poteaux, et d’un
frottement important au niveau des liaisons.
249
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
1400
1200
1000
Effort [kN]
800
600
400
200
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Flèche au milieu [mm]
OA1 OA2 B1 B2
1400
1200
1000
Effort [kN]
800
600
400
200
0
0 5 10 15 20 25 30
Flèche au milieu [mm]
B1 B2 L(B,10mm)
L(B,10mm,sp) L(B,15mm) L(B,15mm,sp)
Fig. 3 - Résultats après choix des excentricités totales pour les poteaux « B ».
250
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Il s’agit maintenant de mettre en place des hypothèses de calcul dont l’utilisation doit
permettre d’estimer un niveau de charge ultime correct des poteaux renforcés par
composites et de décrire correctement la courbe de comportement global ou les
courbes de comportements locaux. Ces hypothèses et principes de calcul seront
intégrés dans le logiciel développé.
Cinq hypothèses sont donc posées et prises en compte dans le logiciel développé :
- L’excentricité totale d’un poteau soumis de la flexion composée est la somme de
l’excentricité initiale (e0) due au chargement extérieur et d’une excentricité
additionnelle (ea) de ±10 mm, à adapter en fonction des courbes expérimentales
obtenues.
- Deux coefficients sont insérés dans le modèle de frettage :
x le coefficient de forme k e dépendant de la géométrie de la section droite du
poteau, et
x le coefficient de correction de flexion composée k c 0,50 , prenant en compte
l’effet de l’excentricité sur la distribution de la pression de confinement dans la
section droite (non uniforme).
- Le module d’élasticité des lamelles carbone en compression est réduit de 50% par
251
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
La raideur initiale de calcul est correcte au moins pour un poteau de chaque type
(ES1-b, ES2-b, ES3-a, ES3-b et ES4-a) : les poteaux OA1 et OA2 peuvent être
utilisés comme poteaux de référence.
L’estimation du pic d’effort est satisfaisante, sauf pour les poteaux ES1 où la courbe
calculée suit bien ES1-b mais monte trop haut, jusqu’au niveau de ES1-a, qui a une
raideur initiale plus élevée. Le comportement du poteau ES2-b est bien obtenu par
calcul. La raideur de ES2-a est également plus faible, alors, avec 30 mm
d’excentricité totale, on ne peut pas obtenir de résultats satisfaisants. Il en est de
même pour les poteaux ES4. La raideur calculée des poteaux ES3 est légèrement
plus faible que celles des essais, mais l’estimation du pic d’effort de ES3-b est
correcte. C’est le seul type de poteaux où les deux mesures expérimentales sont les
moins dispersées.
Quant au comportement post-pic juste après la chute d’effort, les courbes calculées
ont les mêmes tendances que celles enregistrées expérimentalement, sauf dans les
cas de ES3 où des problèmes de pilotages sont survenus pendant les essais : les
mesures s’arrêtent juste après le pic d’effort.
252
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Effort [kN]
1200 1200
1000 1000
800 800
600 600
400 400
200 200
0 0
0 20 40 60 0 20 40 60
Flèche au milieu [mm] Flèche au milieu [mm]
ES1-a ES1-b L(ES1,30mm) ES2-a ES2-b L(ES2,30mm)
Effort [kN]
1200 1200
1000 1000
800 800
600 600
400 400
200 200
0 0
0 20 40 60 0 20 40 60
Flèche au milieu [mm] Flèche au milieu [mm]
ES3-a ES3-b L(ES3,30mm) ES4-a ES4-b L(ES4,30mm)
Dans une deuxième phase de calcul, les poteaux de raideur initiale différente ont été
recalculés en faisant varier la valeur d’excentricité totale. Les courbes après
modification de l’excentricité sont présentées sur la Figure 5.
253
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Effort [kN]
1200 1200
1000 1000
800 800
600 600
400 400
200 200
0 0
0 20 40 60 0 20 40 60
Flèche au milieu [mm] Flèche au milieu [mm]
ES1-a L(OA,10mm) ES2-a L(ES2,21mm)
2000 2000
1800 1800
1600 1600
1400 1400
Effort [kN]
Effort [kN]
1200 1200
1000 1000
800 800
600 600
400 400
200 200
0 0
0 20 40 60 0 20 40 60
Flèche au milieu [mm] Flèche au milieu [mm]
ES3-a L(ES3,26mm) ES4-b L(ES4,20mm)
254
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
excentricité totale de valeur fixe, prise en compte dès le début de chargement. Mais
c’est le seul cas (sur huit) où cela se produit.
Dans le cas du poteau ES2-a, la loi de comportement du béton a été modifiée pour
faire chuter l’effort, en limitant la déformation en compression à 2 mm/m.
Sur la figure 5, la courbe expérimentale ES3-a est située exactement sous
L(ES3,26mm). Un bilan des paramètres identifiés est effectué dans le Tableau 2
L’étude des poteaux témoins (B1, et B2) a montré que ces poteaux ne peuvent pas
être utilisés comme poteaux de référence des poteaux renforcés de type « B ».
Néanmoins, notre méthode de calcul sera appliquée à partir des comportements
globaux et locaux expérimentaux.
Pour chaque type de poteaux deux courbes ont été calculées, correspondant aux
deux courbes mesurées (sauf pour les poteaux type ES4 où les deux mesures sont
identiques). Les paramètres utilisés sont reportés dans le Tableau 3.
255
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Dans les cas de présence de lamelles longitudinales (poteaux ES1 et ES3), l’écart
entre les efforts obtenus est de ±6%. Pour les poteaux seulement renforcés avec du
tissu (poteaux ES2 et ES4), cet écart est encore plus faible.
Effort [kN]
1000 1000
800 800
600 600
400 400
200 200
0 0
0 20 40 60 0 20 40 60
Flèche au milieu [mm] Flèche au milieu [mm]
ES1-a ES1-b ES2-a ES2-b
L(ES1,15mm) L(ES1,20mm) L(ES2,24mm) L(ES2,30mm)
Effort [kN]
1000 1000
800 800
600 600
400 400
200 200
0 0
0 20 40 60 0 20 40 60
Flèche au milieu [mm] Flèche au milieu [mm]
ES3-a ES3-b
ES4-a ES4-b L(ES4,20mm)
L(ES3,20mm) L(ES3,27mm)
256
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Pour le poteau ES3, où le logiciel donne une courbe de comportement global proche
de celle enregistrée expérimentalement (Figure 6-c), les comportements locaux au
droit de la section médiane du poteau sont bien représentés, toujours jusqu’au pic.
257
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Tous les résultats obtenus sont reportés dans le Tableau 5. Ce tableau est séparé
en trois colonnes principales, qui correspondent aux poteaux BA, aux poteaux
renforcés par composite puis à la comparaison des différents résultats.
Pour les poteaux en béton armé, l’effort maximal mesuré est noté N exp , l’effort
réglementaire est noté N dim .
Pour les poteaux renforcés, l’effort maximal enregistré expérimentalement est noté
renf renf
N exp et l’effort réglementaire (proposé) N dim .
Le quotient des pics d’effort de dimensionnement entre poteaux renforcés et béton
renf renf
armé est appelé N dim / N dim , et celui des valeurs expérimentales est N exp / N exp ,
calculé en fonction du choix du poteau de référence BA.
Pour les poteaux « OA » non renforcés, la moyenne des deux mesures a été
ajoutée comme valeur possible d’effort de référence. Pour les poteaux « B » non
renforcés, du fait de leur excentricité initiale différente, la moyenne n’a pas
réellement de sens et la valeur estimée a été ajoutée aux valeurs individuelles. Elle
correspond à un poteau de référence de même excentricité que les poteaux
renforcés « B ».
258
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
259
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
6 - Conclusions
Sur la base des calculs ELUSF à effectuer pour le dimensionnement des poteaux en
béton armé soumis à de la flexion composée, nous avons proposé une méthode de
calculs de poteaux renforcés par composites.
La méthode intègre un modèle de frettage du béton par tissus latéral, la présence de
lamelles comprimées (à contrainte axiale limitée) ou tendues, celle de tissus tendus
(les tissus comprimés sont négligés).
Nous avons montré par calcul inverse que l’excentricité additionnelle à introduire
dans un logiciel spécifiquement développé pour cette étude est toujours inférieure à
l’excentricité additionnelle réglementaire de 20 mm, et que les comportements
globaux et locaux sont bien représentés, au moins jusqu’au point de divergence
260
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
d’équilibre.
Nous proposons ainsi de garder la valeur réglementaire de 20 mm, et d’intégrer le
coefficient des recommandations provisoire AFGC D 0,65 dans les calculs de
poteaux renforcés.
Notre méthode doit maintenant être validée sur la base d’autres résultats
expérimentaux.
Références Bibliographiques
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constructions en béton précontraint, suivant la méthode des états-limites,
Troisième Edition, Edition Eyrolles, p. 333, 2000.
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confined with composites, Journal of composites for construction, Vol. 4(3), pp.
129-136, August 2000.
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Borland Software Corporation, http://www.borland.com, 2001.
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Concrete Research, 2/96, pp.1-20., 1996.
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subjected to eccentric loading, Journal of structural engineering, ASCE 124(3),
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[8] QUIERTANT M., TOUTLEMONDE F., CLÉMENT J-L., Combined flexure-
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and transverse CFRP retrofitting, fib Symposium, Avignon, France, April 26-28
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[11] Association Française de Génie Civil, Réparation et renforcement des structure
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technique, p. 148, décembre 2003.
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Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
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1431-1337, December 1998.
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January-February 1997.
262
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Résumé
L’étude réalisée porte sur des dalles en béton armé renforcées par des bandes en
fibres de carbone collées sur la face tendue. La dalle renforcée peut être considérée
comme un tri-couche, la couche inférieure représentant les bandes en matériaux
composites, la couche intermédiaire les aciers et la couche supérieure le béton en
compression. Un modèle membranaire simple est utilisé pour décrire les
mécanismes possibles de ruine dans le cas d’une dalle appuyée sur ses quatre
cotés avec un chargement central. Une approche par l’extérieur par les vitesses est
réalisée en considérant des discontinuités de vitesse dans les couches et aux
interfaces. Enfin, une comparaison entre les résultats théoriques et expérimentaux a
été effectuée.
1 - Introduction
2 - Modélisation
Nous considérons une dalle en béton armé réparée par collage de bandes en fibres
de carbone dans les directions x et y. Cette dalle est rectangulaire et appuyée
simplement sur ses quatre cotés. La dalle renforcée peut être modélisée par une
plaque membranaire tri-couche: une couche de matériaux composites, une couche
en acier de renforcement et une couche en béton armé (figure 1). Le travail du béton
en traction est négligé devant le travail des autres matériaux. La plaque est
263
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
(Acier)
(Matériaux composites)
Dans le cas de notre exemple les conditions aux limites se traduisent par :
U13 ( x , y) 0 si x = -L, U 32 ( x , y) 0 si x = -l et W3 ( x , y) 0 sur le contour Z
i
Le critère au niveau de la couche i, avec i ^1,2,3` s’écrit sous la forme N G iN et le
i ,i 1
critère à l’interface i, i+1 s’écrit sous la forme W G iW,i1 , où G iN et G iW,i1 sont des
domaines de résistance supposés convexes.
264
Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Béton Composite
l
Z
ey
-L L
ex
Q
-l
3
2 Acier
1
3 - Mécanismes de ruine
Dans le cas de l’approche par l’extérieur par les vitesses nous considérons des
mécanismes de ruine qui se traduisent par une discontinuité de vitesse dans les
couches et aux interfaces. Comme indiqué sur la figure 3 le domaine : est divisé en
4 domaines :1, :2, :1’ et :2’, qui sont supposés ouverts, dans lesquels le champ
cinématique est constant. Les limites entre ces domaines définissent les charnières
qui apparaissent lors de la rupture de la dalle. Ces charnières représentent les
discontinuités de vitesse relatives aux taux de déplacements généralisés. Le
chargement est à un seul paramètre Q et la vitesse de chargement est
q ( U ) W3 (0) . Un mécanisme de ruine correspond à une vitesse q ( U ) W3 (0) non
nulle.
Mécanismes de couches :
D1, 2 0 et D 2 ,3 0.
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
2 ªA º 2 ª A º ª0 º ª0 º
U « 2 » Sur :1 , U « 2 » sur :1’, U 2 «A' » sur :2 et U
2
« A' » sur :2’
«¬0 »¼ «¬0 »¼ «¬ 2 »¼ «¬ 2 »¼
1 ªB º 1 ª B º ª0 º ª0 º
U « 2 » Sur :1 , U « 2 » sur :1’, U1 «B' » Sur :1 et U
1
« B' » sur :1’
¬«0 ¼» ¬«0 ¼» ¬« 2 ¼» ¬« 2 ¼»
:2 n
D
y0
:1 ' :1
:2 '
On écrit alors une condition suffisante pour la ruine c’est-à-dire que Q.q ( U) t Pd ( U) .
Pd ( U) est la puissance maximale dissipée selon le mécanisme U.
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
(e 2 e 3 ) 2 L 2 2 L L
Qt ( [ N112 t sin D N12 cos D N12 sin D N 222 t cos D
L cos D l y0 l y0
e1 e 2 1 e1 e 2 1 e1 e 2 L
N111t sin D(1 2 3
) N 12 cos D (1
2 3
) N 12 sin D (1
2 3
)
e e e e e e l y0
e1 e 2 L e1 e 2
N122 t cos D(1 ) ] 2 y 0
[ N 2
11 t
N 1
11 t
(1 )])
e 2 e3 l y 0 e 2 e3
Mécanismes d’interfaces :
1, 2 ªc º 1, 2 ª cº 1, 2 ª0 º 1, 2 ª0 º
D «0» Sur :1 , D «0 » sur :1’, D «c'» sur :2 et D « c'» sur :2’
¬ ¼ ¬ ¼ ¬ ¼ ¬ ¼
2,3 ªe º 2,3 ª eº 2,3 ª0 º 2, 3 ª0 º
D «0» Sur :1 , D «0 » sur :1’, D «e'» sur :2 et D « e'» sur :2’
¬ ¼ ¬ ¼ ¬ ¼ ¬ ¼
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Mécanismes mixtes :
Dans le cas d’un mécanisme mixte, la rupture se produit dans une couche et au
niveau d’une interface. Nous exposons l’exemple de la couche 1 et de l’interface
(2,3). Le champ de vitesse est défini par :
3
U 0 sur :1, :2, :1’ et :2’.
2
U 0 sur :1, :2, :1’ et :2’.
1 ªA º 1 ª A º ª0 º ª0 º
U « 2 » Sur :1 , U « 2 » sur :1’, U1 «A' » sur :2 et U
1
« A' » sur :2’
«¬0 »¼ «¬0 »¼ «¬ 2 »¼ «¬ 2 »¼
D1, 2 0
Nous retrouvons une condition suffisante pour la ruine donnée par :
e1 e 2 2L 1 1 L L
Qt ( [ N111t sin D N12 cos D N12 sin D N122 t cos D ]
L cos D l y0 l y0
e 2 e3 e 2 e 3 2 2 ,3
2 y 0 [ N111t ] ( 2 Ll ( l y 0
) L ) W 2,3
1c
L W2c )
e1 e 2 e1 e 2
Les autres mécanismes de ruine mixtes nous permettent d’aboutir à trois autres
conditions suffisantes pour la ruine.
Deux dalles de longueur 1,7 m, de largeur 1,3 m et d’épaisseur 7 cm ont été testées.
Les dalles sont renforcées par un treillis en acier de diamètre 6 mm, les aciers étant
espacés de 20 cm dans les directions x et y. L’épaisseur du béton d’enrobage est de
17 mm. Une dalle est renforcée par des bandes en fibres de carbone, la deuxième
n’étant pas renforcée. Le béton présente une résistance à la compression à 28 jours
de 30 MPa. Les aciers présentent une limite de plastification de 540 MPa. Un
capteur de déplacement est placé au centre de la dalle. Des bandes ayant une
épaisseur de 1,4 mm, une largeur de 5 cm et une longueur de 150 cm sont collées
dans la direction y et des bandes ayant une épaisseur de 1,4 mm et une largeur de
5 cm et une longueur de 100 cm sont collées dans la direction x. Les bandes sont
espacées de 15 cm. La résistance en traction des bandes en fibres de carbone est
de 2800 MPa.
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
Nous observons dans un premier temps lors de l’essai sur la dalle non renforcée la
présence de charnière à 45°. D’autre part, la courbe force/déplacement présente un
caractère ductile (figure 4).
Si nous considérons que D 45q , nous avons huit mécanismes de ruine possibles
qui incluent trois mécanismes de couches, un mécanisme d’interface et quatre
mécanismes mixtes.
Pour la dalle renforcée, les charges ultimes sont données dans le tableau 1. Ainsi,
lors de l’essai sur la dalle renforcée nous observons que la rupture est obtenue par
décollement des bandes. Selon le présent modèle la rupture se fait par décollement
des bandes et plastification des aciers.
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Renforcement des ouvrages en béton par collage de composites
Bilan de deux opérations de recherche du LCPC
5 - Conclusion
Références bibliographiques
[1] CALGARO J., LACROIX R., Maintenance et réparation des ponts, Presse de
l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, 1997.
[2] DAVID E, Comportement mécanique de poutres en béton armé renforcées ou
réparées par collage de matériaux composite, Etude expérimentale et
modélisation, thèse de doctorat 1998.
[3] HAMELIN P., VARASTEHPOUR H., Characterisation of concrete-composite
plate adhesion, Mechanical Behaviour of Adhesive Joints, Testing, pp 167-179.
PLURALIS 1997.
[4] CLEMENT J.L. A, Etude expérimentale et numérique du renforcement de
poutres en béton armé par collage de tissus à fibre de carbone TFC, XVIèmes
rencontres universitaires de génie civil, Reims, p 164-171, 1998.
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Document publié par le LCPC sous le N° C1502453
Impression JOUVE
Dépôt légal 1er trimestre 2006