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TEXTE 5 : La Peste, Albert Camus – 1947

– de « Les curieux événements qui font le sujet... »


– à « on est bien obligé de s'aimer sans le savoir »
→ ( pages 8 → 10)

AUTEUR :

Il est né en 1913 en Algérie et mort en 1960.


Autre œuvre célèbre : L'étranger
Le but de son œuvre est de dénoncer les génocides commis par les nazis ainsi que de
montrer les conséquences de l'enfermement et la souffrance des populations.
C'est un romancier qui s'interroge sur la Mal.

LIVRE :

Citation de Daniel Defoe* : La Peste possède 3 significations symboliques


→ chronique d’une épidémie
→ allégorie de l’occupation de la France par l’armée allemande dès 1940
→ métaphore de la condition humaine sur laquelle plane la menace du malheur, de la
maladie, du vieillissement de de la mort

Comment l'Humanité peut survivre/résister à la maladie et au dictature ?


→ question de l’auteur

INTRODUCTION :

Albert Camus, est un écrivain et un philosophe. Né en Algérie en 1913, il a passé son


enfance dans un quartier pauvre d’Alger. Il se rend à Paris en 1939 puis il publiera
L’Étranger en 1942. Il sera un résistant très actif durant la seconde Guerre mondiale.
Avec Sartre, il fut l’un des plus grands philosophes de l’après-guerre.
Camus écrit La Peste en 1947, après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Nombre
de ses œuvres seront marquées par cette guerre et par le sentiments nés de l’absurdité du
monde et du besoin de révolte face aux crimes commis par l’humanité. La Peste, avec Les
Justes et L’Homme révolté, fait partie de ce que Camus appelle « le cycle de la révolte »,
faisant suite au cycle de l’absurde.
Après avoir montré que seuls la fatalité et le hasard guident nos pas, Camus s’attache à
dire la nécessité de la révolte comme prise de conscience de cette absurdité.
Lucides et solidaires, les héros du cycle de l’absurde se réalisent dans l’action, individuelle
et collective, seul rempart à l’absurdité du monde.
Dans cet incipit de La Peste, un narrateur (encore anonyme) décrit Oran, récit dans
lequel surviendront des « événements curieux » (à savoir, l’épidémie de peste).
● En quoi la description inaugurale d'Oran est chargée d'une valeur symbolique  ?

I- La mise en place du décor


A) La description de la ville
B) Des habitants sans relief
C) Le quotidien des habitants et le rythme de la ville

II- Un narrateur mystérieux et critique


A) Un narrateur anonyme
B) Une vision en apparence objective
C) L'ironie du narrateur

III- La valeur symbolique de la ville


A) Un incipit qui intrigue
B) Une ville comme les autres
C) Une réflexion sur la condition humaine

I- La mise en place du décor

A) La description de la ville

– Ville définie par beaucoup de négations et de restrictions


- Négation
→ « ne … pas » ; « ne...plus »
- Restriction
→ préposition « sans »

– Oran se définit par l'absence, le manque


→ « absent » ; « rien de plus qu'une ... »

B) Des habitants sans relief

– Habitants évoqués
→ « concitoyens »
→ 5x « on »
→ pronom indéfini → ensemble indifférencié

– Volonté de « s'enrichir »
→ « commerce » ; « faire des affaires » ; « gagner beaucoup d'argent »

=> Habitants n'ont aucune caractéristique propre

C) La quotidien des habitants et le rythme de la ville

– Rythme très codé de la ville et de ses habitants


→ force de l’habitude
→ « le changement des saisons » ; « le samedi soir et le dimanche » ; « matin au
soir » ; « à heure fixe »

– Routine devient l’ennuie caractéristique de la ville


→ impression de banalité
→ « ordinaire » ; « tranquille » ; « neutre »

– Narrateur souligne la faculté à « perdre le temps qui leur reste à vivre »


→ le propre d’une ville « tout à fait moderne » pour lui

II- Un narrateur mystérieux et critique

A) Un narrateur anonyme

– Présentation d’Oran par un des habitants qui reste anonyme


→ pas de titre individuel et personnel
→ pronom indéfini « on » et verbes à l’infinitif

– Récurrence de la 1ère personne du pluriel


→ narrateur témoin/acteur des événements

B) Une vision en apparence objective

– Narrateur adopte une distance à son propos


→ dimension objective
→ présent de vérité générale
→ formules impersonnelles et pronom indéfini «  on »
– Procède de manière organisée
1→ présentation de la ville
2→ présentation des habitants

– Fidélité avec la citation « selon leur expression »


→ admet les nuances qu’on pourrait lui opposer
→ « On dira sans doute que cela n'est pas particulier à notre ville et qu'en
somme
tous nos contemporains sont ainsi »

C) L'ironie du narrateur

– Narrateur prétend l’objectivité


→ PDV apparaît pourtant à plusieurs reprises
→ ville dépréciée
→ « rien de plus qu’une préfecture »
→ ironie plus forte : « travaillent beaucoup mais toujours pour s’enrichir »

– « mais » → réprobation
« naturellement » ; « très raisonnable » → fausse aprobation
→ discrédit des goûts des Oranais par le narrateur
→ lecteurs considèrent que « les joies simples » et les « plaisirs simples »
devraient avoir plus d’importance

– Se rapproche du sarcasme
→ « les désirs des jeunes violents et brefs » ; « les vices »
→ contexte peu approprié

– Amalgame du travail, de l’amour, et de la mort


→ « tout cela » : résumé de la vie des Oranais

– Choix de certains termes


→ distance feinte et superficialité
→ « commode »
III- La valeur symbolique de la ville

A) Un incipit qui intrigue

– Lecteur frappé d’emblée par le mystère


→ « les curieux évènements »
→ « ils n’y étaient pas à leur place, sortant un peu de l’ordinaire »

– Narrateur annonce « le sujet de cette chronique »


→ écho avec le titre du roman

– Contradiction entre les 2 premières phrases


→ « chroniques »
→ « en 194. » → portée générale
→ 2ww, camps de concentration, idéologie nazie

– Épigraphe de Robinson Crusoé (2ème partie de la phrase)


→ encourage à penser à cette période
→ Années 40 vont être abordées de manière détournée  ?

B) Une ville comme les autres

– Cadre très précisément situé


→ « Oran » 4x + détails géographiques
→ respecte l’image que chacun se fait d’Oran

– Détails restent assez généraux


→ représentatifs d’autres villes

– Narrateur insiste sur l’aspect banal de la ville qui peut être confondue
→ « neutre » ; « une ville » ; « une ville ordinaire » ; « une préfecture française » ;
« à Oran comme ailleurs »

=> Oran a une dimension symbolique

C) Une réflexion sur la condition humaine

– Habitants incarnent une humanité plus générale


→ « on » ; les « plus jeunes » ou les « plus âgés »
→ comportement partagé par tous les Oranais
– Début du 4ème § : « cela n’est pas particulier[…] contemporains sont ainsi »
→ orientation symbolique (retrouvée à la fin du §)

– Ironie du narrateur
→ s’adresse aux hommes qui privilégient l’argent aux plaisirs simples
→ ceux qui perdent « le temps qui leur reste à vivre »

– A travers phrases du narrateur, idées de Camus


→ résume l’existence humaine qu’il méprise
→ « comment on y travaille, comment on y aime et comment on y meurt. »
→ celle qui s’enferme dans une routine sans réflexion et privilégient l’argent au
bonheur de se sentir exister

– Présentation des Oranais amène chaque lecteur à s’interroger sur la manière dont il
vie sa propre vie

CONCLUSION :

Ce début du roman La Peste remplit donc effectivement une fonction d’incipit, en


plantant le décor dans lequel va se dérouler l’action (valeur informative). Plus encore,
Camus décrit une ville où règnent la torpeur et la routine, ce qui nous amène à pressentir
que la rupture sera d’autant plus forte et attisant ainsi notre curiosité (valeur incitative).
En se plaçant à la fois en marge du récit et en son cœur, le narrateur brouille les pistes et
nous convie à voir dans cet incipit un commentaire sur la situation politique contemporaine.
Pour Camus, le seul moyen de donner un sens à la vie est d’agir, de lutter contre l’absurdité
du monde, plus particulièrement contre les dérives fascistes et l’horreur meurtrière (dont
la peste est une métaphore) que connaît alors l’Europe, en prenant conscience de cette
fatalité et en choisissant sciemment de l’affronter.

Matin Brun → montre la montée du totalitarisme et l'inertie des gens

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